
6Dossier de presse CHARLY 9 7Dossier de presse CHARLY 9
À la lecture de votre roman
Charly 9
, on peut
facilement projeter l’intrigue, la trame et les
personnages sur les planches d’une scène de
théâtre. Partagez-vous ce point de vue ?
Oui, tout peut être adapté au théâtre, mais là il y a
des scènes qui sont délibérément théâtrales et qui
l’étaient déjà dans le livre, c’est le cas de la première
scène. Ce n’est pas un
road movie
, beaucoup de
choses se passent dans le château, donc ce sont
des discussions, des engueulades, des scènes
facilement adaptables au théâtre. J’ai lu l’adaptation
qui en a été faite et elle est très fidèle au livre, même
si quelques scènes ont été supprimées. La plupart
de mes œuvres deviennent des films, des pièces
et même des bandes dessinées, mais je n’y pense
jamais lorsque j’écris. Les gens ont cette impression,
mais cela vient de mon passé de dessinateur de
bandes dessinées, car je privilégie l’aspect visuel de
la narration. Je n’écris pas sans m’imaginer la scène.
La psychologie, ça me gonfle. J’ai besoin qu’on
visualise les scènes, donc, assez naturellement, ça
devient des films, des pièces de théâtre.
Pourquoi avoir choisi comme héros de votre
roman le roi Charles IX et qu’est-ce qui vous
touche chez lui ?
Le sujet du livre est d’actualité et je trouve ça
désolant. Quand j’étais enfant, je ne pensais pas
qu’au XXIe siècle nous aurions encore des guerres de
religions : or avec l’Islam poussé à son paroxysme,
les catholiques, les protestants... cela n’a pas évolué.
Je pensais que le monde allait devenir plus adulte, et
pas du tout. En ce qui concerne Charles IX, il me touche
parce qu’il est responsable – la Saint-Barthélemy ne
se serait pas faite sans son ordre – mais il ne voulait
pas. À la fin, quand il a craqué en disant : “Tuez-les
tous !”, il a ajouté : “Un jour on me reprochera ce que
j’ai fait”. Et finalement, c’est lui qui se reproche le
plus ce qu’il a fait, au point d’en devenir fou et d’en
mourir. Il avait 22 ans quand il a commandé la Saint-
Barthélemy, il en est mort de chagrin à 23 ans. Il me
touche de ce point de vue-là.
Pensez-vous qu’il existe encore un Charles IX
en 2013 ?
Il dépareillerait en 2013 parce qu’il n’y a pas un
monstre sur terre, un dictateur, qui ordonne des
choses ou qui en a ordonnées et qui en est désespéré.
C’est en ça que Charles IX était un personnage spécial.
Il s’est retrouvé à une place trop importante pour lui.
S’il est devenu roi, c’est parce que son père et son
frère aîné sont morts trop tôt. Il s’est retrouvé à cette
place, à devoir ordonner un truc démentiel qu’il ne
voulait pas. Ce qui est fou, c’est qu’il a ordonné le
massacre des protestants alors que les personnes
dont il était le plus proche, et qu’il aimait le plus,
étaient protestantes. Le chirurgien Ambroise Paré, sa
nourrice, son véritable amour Marie Touchet. Ces trois
protestants qu’il a sauvés sont restés proches de lui
avec une véritable amitié et même amour, comme
s’ils avaient compris qu’il y était obligé pour contenter
sa mère Catherine de Médicis qui l’avait menacé de
quitter la France en lui disant : "Tu te débrouilleras
tout seul avec la France". Il s’est donc retrouvé en
mauvaise position et au mauvais moment.
Rencontre avec Jean Teulé
Quelle a été votre réaction quand l’adaptation de
Charly 9
a été sollicitée par l’Opéra-Théâtre de
Metz Métropole ?
Je ne veux pas avoir mon mot à dire. Je veux être
juste spectateur et j’attends avec impatience le jour
de la première pour assister à la représentation. Ça va
être touchant pour moi parce que je vais reconnaître
des phrases que j’ai écrites, dans une salle avec le
rideau qui s’ouvre, les acteurs qui arrivent sur scène.
Je prends ça pour un honneur. L’Opéra-Théâtre de
Metz Métropole, ce n’est pas un tout petit théâtre de
banlieue, de province, et c’est un grand honneur d’y
voir adapter
Charly 9
.
J’ai déjà refusé l’adaptation de mes romans. Je dois
choisir, et des fois, je me trompe. Je marche à
l’instinct. Quand j’ai rencontré Paul-Émile Fourny,
il m’a plu. J’ai besoin que les gens me plaisent
pour leur faire confiance. Quoi qu’ils fassent, ils ne
changeront pas une virgule de mon livre. Si j’écrivais
un scénario ou une pièce de théâtre et que je voyais
le texte dénaturé ou modifié, ça ne me plairait pas.
Je n’ai pas encore vu l’acteur principal, mais si ça se
trouve il n’a pas du tout le visage que j’imaginais pour
Charles IX. Je laisse les gens tranquilles parce que je
ne veux pas qu’ils aient sur eux le poids de l’écrivain.
Jean Teulé est l’auteur de quatorze romans, parmi lesquels
Je, François Villon,
qui a reçu le Prix du récit biographique,
et
Le Magasin des suicides,
qui a été traduit en dix-neuf langues.
Son adaptation en film d’animation par Patrice Leconte est sor-
tie sur les écrans en 2012, comptabilisant plus de 250 000
entrées.
Darling
a été adapté au cinéma par Christine Carrière
avec, dans les rôles principaux, Marina Foïs et Guillaume Canet ;
Les Lois de la gravité,
déjà transposé au théâtre par la compa-
gnie du Brasier, a aussi été adapté par le réalisateur Jean-Paul
Lilienfeld sous le titre
Arrêtez-moi
!, avec Miou-Miou et Sophie
Marceau (sortie en février 2013).
Le Montespan,
prix Maison
de la Presse et Grand Prix Palatine du roman historique, sera le
prochain film d’Olivier Marchal.
Charly 9,
roman paru en 2011, a reçu un accueil unanime dans
la presse, comme auprès des lecteurs. La totalité de l’œuvre
romanesque de Jean Teulé est publiée aux Éditions Julliard.
Jean Teulé © Ulf AndersenSolo16