
COMMUNICATION INFIRMIÈRE - N° 113 - DÉCEMBRE 2011
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Augmentation de l’IFD à 2,50€, mais aussi,
évolution historique de la nomenclature
(cf. dossier pp. 13-16) : conclu en juin, mais
signé officiellement le 24 septembre 2011, l’avenant
n°3 à la convention nationale des infirmières fera date.
Avec, enfin !, une vraie reconnaissance par l’Uncam
de certains pans de l’activité infirmière libérale.
Et la valorisation qui va avec…
Ainsi, la réalisation d’acte isolé et la coordination
des soins ont désormais toute leur place au sein
de la nomenclature. Qui accueillera deux nouvelles
majorations : MAU (pour Majoration Acte Unique) qui
s’appliquera aux prélèvements sanguins ou injections
effectués en cabinet ou à domicile ; et MCI (pour
Majoration de Coordination Infirmière), réservée pour
l’heure au travail de coordination effectué auprès
des seuls patients en soins palliatifs ou nécessitant
des pansements lourds et complexes. Mais ce n’est
pas fini ! Car l’avenant n°3 prévoit aussi de réviser
la nomenclature en ce qui concerne les perfusions.
Et de développer de nouveaux rôles infirmiers :
accompagnement du retour à domicile en chirurgie-
orthopédique ; accompagnement et suivi à domicile
des insuffisants cardiaques… Enfin, un groupe de
travail sera bientôt mis en place, chargé d’examiner les
« conditions de prise en charge des patients atteints
de pathologies psychiatriques ».
En contrepartie de ces avancées, portées notamment
par le Sniil (cf. Communication Infirmière n°112),
l’Uncam a, évidemment, négocié ce qui lui tenait à
cœur : la pérennisation pour une durée de cinq ans de
la régulation démographique infirmière. Avec extension
non-négligeable de son périmètre d’application : ainsi,
304 des 3043 zones géographiques du territoire
métropolitain (soit 10% au lieu de 5% dans l’avenant
n°1) seront qualifiées de « très sous-dotées » ; tandis
que la liberté d’installation sera largement restreinte
dans 464 zones dites « sur-dotées » (soit 15% des
zones géographiques métropolitaines contre 7% dans
l’avenant n°1).
Sur le terrain, quelles en seront les répercussions ?
Diverses évidemment car dépendantes de l’offre de
soins infirmiers déjà existante. Il sera, par exemple,
Avenant n°3 :
De belles avancées applicables au… 27 mai 2012 !
Reconnaissance du travail de coordination et meilleure valorisation de l’acte isolé
contre pérennisation et extension pour cinq ans de la régulation démographique
infirmière : l’heure est au donnant-donnant ! Seul problème : le délai de mise en
application sera bien long…
i n f o s s y n d i c a l e s & p r o f e s s i o n n e l l e s
sans doute facile d’obtenir des aides incitatives à
l’installation en Limousin, Poitou-Charentes, Auvergne
et Champagne-Ardenne (comptant respectivement
29,6%, 25,6%, 24,3% et 20,2% de zones géogra-
phiques « très sous-dotées ») ; alors que s’installer
sera désormais très difficile en Languedoc-Roussillon
(dont 59,8% des zones géographiques devraient être
classées « sur-dotées ») ; PACA (41%) ; Midi-Pyrénées
(32,8%) ; et Rhône-Alpes (24,2%).
Reste que dans ces régions-là, les infirmières libérales
ne seront pas les seules visées puisque le même
principe sera appliqué aux SSIAD. Ou plutôt, prévoit
l’avenant n°3, « dans le cas où aurait lieu dans une
zone sur-dotée la création d’un SSIAD ou l’extension
d’un SSIAD existant »… « le dispositif de régulation
ne s’appliquerait plus dans la zone concernée ».
Face à cette mesure, les organismes gestionnaires de
SSIAD ont donc protesté… tout comme d’ailleurs la
FNEHAD (Fédération Nationale des Etablissements
d’Hospitalisation à Domicile). Qui, elle, a rugi contre
la décision, inscrite également dans l’avenant n°3, de
rendre cohérent le développement des HAD « avec le
dispositif de régulation des Idels ».
Parfaitement équilibré, l’avenant n°3 ne devrait,
pourtant, pas être appliqué dans le meilleur des cas
avant… le 27 mai 2012 (cf. encadré). Le Sniil, premier
syndicat infirmier libéral, le regrette. Mais trouve
encore plus désolant le manque de considération des
autres syndicats vis-à-vis de la profession infirmière
libérale pendant toutes ces négociations. Avec, par
exemple, une Fni qui s’est déclarée prête à signer
avant même d’avoir obtenu des avancées concrètes1
et une Onsil qui n’a jamais rien proposé…
(1) Cf. Les Echos du jeudi 23 juin 2011 : « La Fédération Nationale des
Infirmiers est prête à signer « à condition que l’assurance maladie corrige
certains dysfonctionnements de l’accord précédent » précise son président,
Philippe Tisserand. Le Sniil est plus réservé. « Tout dépendra de la contrepartie
qui nous est proposée pour améliorer une grille des tarifs totalement obsolète »
explique sa présidente, Annick Touba ».
INCITATIONS ET RESTRICTIONS
À L’INSTALLATION :
CE QUI A ÉTÉ SIGNÉ
Dans les zones « très sous-dotées », les infirmières
libérales se verront proposer le « contrat incitatif
infirmier », option conventionnelle facultative
à adhésion individuelle d’une durée de 3 ans.
Conditions à remplir : exercer en groupe ou
exercer en individuel avec recours à une infirmière
remplaçante ; réaliser 2/3 de son activité auprès de
patients résidant dans la zone ; télétransmettre
à 80% de son activité ; réaliser la vaccination anti-
grippale. Avantages alors possibles : participation
de l’Assurance Maladie à des investissements
professionnels à hauteur de 3000€/an pendant
3 ans ; ainsi qu’aux cotisations Urssaf.
En zone sur-dotée, les mesures de restriction
concerneront uniquement les futures installa-
tions. Pour y parvenir, une condition devra être
remplie : qu’une infirmière de la même zone cesse
définitivement son activité. A ce moment-là,
l’infirmière postulante devra adresser sa demande
de conventionnement à la CPAM qui, après avis
de la Commission Paritaire Départementale,
acceptera ou non. En cas de désaccord entre
CPAM et CPD, puis entre CPAM et Commission
Paritaire Nationale, la décision finale appartiendra
au seul directeur général de l’UNCAM.
UNE APPLICATION PRÉVUE…
AU 27 MAI 2012 SEULEMENT !
L’avenant n°3, dont le protocole d’accord a été
signé le 24 juin 2011, ne s’appliquera, dans le
meilleur des cas, qu’à partir du 27 mai 2012. En
cause : un processus de mise en œuvre très lourd…
Ainsi, trois mois se sont déjà écoulés entre la
signature du protocole d’accord et celle de
l’avenant n°3, effective au 24 septembre 2011.
Pourquoi ? Parce que deux conditions devaient
être remplies : obtenir les approbations de Xavier
Bertrand, ministre de la Santé, ET de Roselyne
Bachelot, pour la solidarité et la cohésion sociale ;
puis définir par arrêté ministériel les zones
géographiques concernées par les nouvelles mesures
de régulation démographique infirmière.
Puis vinrent les autres étapes. D’abord, attendre
le délai légal de rétractation des signataires
(un mois). Puis, patienter trois semaines pour
récupérer les signatures officielles des deux
Ministres Xavier Bertrand (pour la Santé) et
Valérie Pécresse (pour le Budget), ; enfin, attendre
de nouveau jusqu’à ce que les deux textes parais-
sent au Journal Officiel. Ce qui nous a mené au 26
novembre 2011…
De là, s’enchaîne la troisième étape, dite de mise
en place des « stabilisateurs économiques ».
De quoi s’agit-il ? D’attendre encore six mois.
Soit, donc, le 27 mai 2012. En espérant que
pendant cette période, le seuil d’alerte de la
Sécurité Sociale ne soit pas franchi ! Sinon,
nouvelle galère… car report au 1er janvier suivant
pour la mise en application de l’avenant n°3 !
La conjoncture actuelle avec croissance de l’Objectif
National de Dépenses d’Assurance Maladie en
soins de ville ramenée à +2%, risque de dévalori-
sation de la note financière de la France et péren-
nisation de la crise permettra-t-elle de franchir ce
pas ? L’avenir le dira. En tout cas, du côté de
l’Assurance Maladie on l’assure…
Zone sur dotées
Zones très dotées
Zones présentant une offre de soins intermédiaire
Zones sous dotées
Zones très sous dotées
Zone sans aucun infirmier libéral
Niveau de dotation des bassins de vie
ou pseudo-cantons en infirmiers libéraux
et SSIAD en 2010.
Carte encore en cours d’évolution