ESSAI
GÉOLOGIQUE
SUR
LE
DEPARTEMENT DE LA MANCHE
Par M. BOftISSEST,
Membre
de la Société géologique de France; de la Société des Sciences oaturslle-s
deCherbourg;
Membre
correspondant delà Société des Sciences et
Arts
d'Avrancbes;
de l'Académie des sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen ; de
ta Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne ; de l.i
Société des Amiss Sciences de Rouen ; de la Société
Unnéeiuie de Bordeaux ; de la Société paléon-
tologïque de Londres, etc.
Extrait des
Mémoires
de la
Société
des
Sciences
nattifelte*
de
Cherbourg et d'Avranehes.
CHERBOURG
CH.
FEUARDENT,
IMPRIMEUR,
LIBRAIRE,
ÉDITEUR-.
1870.
INTRODUCTION.
La
Géologie
est la
science
de la
terre,
et l'on
peut,
avec
vérité, l'appeler
la
science
des
antiquités
de la
nature,
comme
on
appelle
Archéologie
la
science
qui
a pour
but
l'étude
de
l'antiquité
chez
tous les peuples
par leurs médailles,
par les
monuments
de l'art,
etc
En
effef,
notre
globe
a
eu, aussi bien
que les
peuples
et
leurs monuments,
ses
temps antiques,
ses
jours
primitifs
de
rudes combats, puis
ses
époques
de
calme
et
de repos réguliers,
et les
fastes
de
toute
celte
histoire
se
lisent
sur
des monuments innombra-
bles,
répandus
tant sur sa
surface que dans son inté-
rieur. Ces
pics
de
granit
qui
s'élèvent
sur ses
conti-
nents,
ces
fleuves majestueux
qui
roulent
à tra-
vers d'immenses territoires réprésentent admirable-
ment
nos
pyramides
et nos
aqueducs
; nos
camées
et nos pierres sculptées se voient dans les impressions
d'insectes ou de
plantes
sur les lames de ses pierres ;
nous avons
aussi
découvert, embaumés par sa main
conservatrice, les ossements d'anciennes générations
qui nous ont précédés sur le vaste champ de la vie.
Il y a donc
entre
ces deux sciences, la
Géologie
et
l'Archéologie,
quelque similitude dans leur mode de
procéder
à la recherche du passé, avec celte
diffé-
rence que
l'une
ne s'occupe que des œuvres des
hommes,
tandis
que
l'autre
s'élève à celles de la
création, en
portant
un œil
scrutateur
jusque dans
le
sanctuaire
de la
nature,
vaste laboratoire où se
prépare la matière subtile qui donne naissance à de
nouveaux mondes.
L'étude de la
Géologie,
plus que celle des
autres
sciences
naturelles, élève notre esprit,
agrandit
nos
idées,
et fait
sentir
la supériorité et !a dignité de
l'histoire de la
terre,
qui est celle de l'univers.
Elle fail
assister
l'homme au Conseil de la Divinité,
lorsque
celle-ci
voulut procéder à la création de notre
système
planétaire
et qu'elle lança dans l'espace notre
globe
à l'élatélémentaire, mais renfermant déjà dans
son
sein le principe de toutes
choses;
elle le
transporte
au-dessus de l'atmosphère chaotique, d'où il
suit
notre
planète dans toutes ses phases. Il la
voit
dans son
état
de
nébuleuse, il est frappé d'admiration à la vue de
son
mouvement rapide de rotation, d'où l'on peut
imaginer que jaillisse l'étincelle électrique qui en fait
un
globe
fluide incandescent. Il contemple avecétonne-
ment cette mass3 ignée qui roula dans les abîmes des
Cieux,
avec déperdition continuelle de sa chaleur aux
dépens de sa surface extérieure, pour
arriver
par de-
grés à
l'état
où nous la
voyons
conservant toujours à
une certaine profondeur son incandescence primitive.
Ilfaitl'histoiredes révolutions qu'elle a éprouvées de-
puis son refroidissement ; il s'enfonce dans ses en-
traille
bouillantes, où il étudie le secret des phénomè-
nesvolcaniques;
il
traduit
en langue vulgaire les
bel-
les
pages hiéroglyphiques qu'elle renferme ; en un
mot
il réédifie le passé de notre monde.
Celte
science
est aussi ancienne que le monde intel"
lectuel,
ell'on peut dire que l'on en trouve des traces
au milieu des traditions qui se perdent dans la
nuit
des
temps.
Les
Cosmogonies
de tous les peuples, sans
excep-
tion,
qui ont été produites en quelque temps et en
quelque
lieu que ce soit, nous donnent des notions
plus ou moins vraies, plus ou moins bizarres, sur la
formation
de notre planète et sur les divers change-
ments qu'elle a dû subir : ces récits, empreints defa-
bles,
sont les seules annales du monde que
les
généra-
tions primitives nousaient laissées.Néanmoins,parmi
ces
systèmes
mythologiques,
on découvre le génie de
l'homme,né
avecl'ardeur
de
savoir,qui,portant son at-
tention sur les phénomènes qui l'entouraient, voulut
remonter à leur orgine, et chercha à se rendre compte
des
temps qui l'avaient précédé
Les
philosophes
de l'antiquité, pour la plupart, ad-
metiaientque le
mondeétaitincendié,quandleprincip9
du feu
était
dominant, et qu'il
était
submergé par les
eaux, quandle principe deî'eau devenait surabondant.
Les
désastres qui en étaient la conséquence
n'entraî-
naient pas sa destruction totale, et il reprenait une
nouvelle
forme après chaque
état
de conflagration et
d'inondation.
Il
serait
trop long de citer tous les
auteurs
anciens
et modernes qui ont écrit sur ceite matière, et de re-
tracer la plus simple analyse de leurs travaux. Nous
ferons
remarquer seulement que deux systèmes ont
été en présence pendant assez longtemps : celui des
Neptuniens et celui des Plutoniens. Les premiers re-
gardaient l'eau
comme
le générateur de la
terre,
les
seconds
attribuaient
au feu l'œuvre génératrice. Mais
les
uns
comme
les
autres
voulaient qu'à l'origine da
globe
terrestre
les matières qui le composent fussent
au moins à
l'état
pâteux.
L'hypothèse de la fluidité aqueuse est
maintenant
abandonnée, et la fluidité originairement incandes-
cente de la
terre
est évidente aujourd'hui pour tousles
géologues.
Quoi
qu'il en soif, les sciences géologiques
étaient
déjà soupçonnéess
l'antiquité
la plus reculée; mais
laGéognosie,
ou description des
terrains,
ne
date
que
du temps de Werner. Enfin, la
Géologie,
telle qu'elle
est comprise
maintenant,
ne remonte qu'à un
petit
nombre d'années. L'immortel Cuvier est venu lui prê-
ter l'appui de la Palœontologie, science dont l'objet
est la recherche des espèces animales et végétales
renfermées dans les couches solides du
globe.
La
géologie,
que nous avons dit
être
la science des
antiquités
de la
nature,
traite
de l'origine présumée
de
notre planète; elle s'ofcupe des phénomènes qui
agissentou qui ont agi, depuis les temps les plus re-
culés,
sur les matériaux liquides ou solides qui la
composent.
Notre
globe
appartient
à un système de corps plané-
taires
qui
tournent
autour
du soleil, centre de notre
monde.
Ce système solaire, auquel notre planète est
subordonnée,
tout immense qu'il est.
n'est
cependant
qu'une fraction si minime de l'univers qu'elle est
inappréciable. Chaque étoile
fixe
est le centre d'un
système solaire plus ou moins analogue au nôtre.
Toutes les voies lactées prises ensemble ont encore
leurs systèmes, systèmes formant la hiérarchie des
mondes,
qui, s'élevant de cienx en cieux et d'infinis
en infinis, parcourent,
entraînés
les uns par les au-
tres,
l'immensité de l'espace, dont le centre est
par-
tout et la circonférence nulle
part.
L'imagination la plus
féconde
se perd dans le
nombre immense de soleils et dans le nombre encore
plus grand
d'autres
corps célestes qui composent l'a-
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