PREF ACE
Pourquoi étudier le corps à l'âge classique? Est-ce
la bonne époque pour traiter un tel sujet? En effet, ou bien
l'on pense qu'il s'agit là d'une notion éternelle, indifférente
au temps, et dès lors il paraît un peu arbitraire de se limiter
à un moment de I'histoire. Ou bien l'on estime, au
contraire, que le corps et le discours sur le corps sont
soumis à des variations historiques, et dans ce cas, est-il
judicieux de choisir cette période un peu guindée, tendue
toute entière, semble-t-il, vers les exercices de la Raison,
préoccupée au théâtre moins du spectacle que des règles,
soucieuse de vertu et de civilité plus que des prestiges des
sens et du libre usage des facultés corporelles? Ne serait-il
pas plus judicieux de se tourner vers le Moyen-Age et ses
libertés, vers la Renaissance et son naturalisme, vers le
baroque ou vers les Lumières?
Pourtant, l'âge classique, par ses spécificités mêmes,
par son attention à la Raison et à la mathématisation du
monde, est amené à rencontrer l'énigme du corps plus
souvent qu'on ne le croirait et en des points nodaux. Au
XVIIe siècle, le corps a plusieurs significations:
C'est tout d'abord le corps physique - celui qui est
soumis aux lois de la Nature que l'on est en train de
découvrir et de mathématiser. Que l'homme ait un corps, ou
soit formé d'une âme et d'un corps, ce n'est pas nouveau;
mais que l'un de ces deux éléments tout d'un coup échappe