Education au diabète et prise en charge psychologique

Le bien-être psychologique est, en soi, un
objectif important des soins médicaux et
les facteurs psychosociaux jouent un rôle
important dans pratiquement tous les
aspects de la gestion du diabète. Le diabète
impose une charge psychologique à vie et
est un facteur de risque supplémentaire du
veloppement de troubles psychologiques.
Un mauvais état psychologique provoque
une souffrance, peut interrer lourdement
avec la gestion autonome quotidienne
du diabète et est associé à de mauvais
résultats médicaux et à des frais élevés. Les
problèmes de comportement et d’ordre
psychologique peuvent être adressés en
communiquant avec le patient et en offrant
évaluation et conseil psychologiques.
Données scientifiques
Education des patients
Les revues systématiques sont généralement
critiques par rapport à la qualité de
l’information et de la méthodologie
de nombreuses études réalisées dans
ce domaine et mettent en lumière la
nécessité d’approfondir les recherches.
Les données scientifiques issues d’essais
suggéraient que l’éducation à la gestion
autonome générale avait un impact
limité sur les résultats cliniques, bien que
Education au diabète et
prise en charge psychologique
Raisonnement
L’éducation au sens large couvre les
soins du diabète lors de chaque contact
entre la personne atteinte de diabète et
l’équipe en charge des soins. Le fait que
95 % des soins du diabète soient pris en
charge par les personnes atteintes de
diabète elles-mêmes, et leur famille, est
reconnu et reflété dans la terminologie
actuelle des programmes d’éducation à la
gestion autonome du diabète. Partant du
constat que les connaissances à elles seules
sont insuffisantes pour permettre aux
personnes de changer de comportement
et d’améliorer leur état de santé, de
nouvelles approches mettant en évidence
l’apprentissage actif ont été introduites
et continuent d’être développées.
Les personnes atteintes de diabète sont responsables de
la majorité de leurs soins. La plupart des aspects de la vie
quotidienne, et notamment des aspects aussi fondamentaux
que l’alimentation et l’activité physique, sont affectés par le
diabète. Certaines connaissances sont requises pour arriver
à se soigner mais celles-ci ne sont pas toujours garantes de
soins autonomes optimaux. L’éducation des patients s’impose
donc comme une question thérapeutique complexe. La nature
holistique de la gestion autonome du diabète nécessite
également un bien-être mental afin de maintenir et d’optimiser
les changements mis en œuvre dans la vie quotidienne,
une tâche difficile lorsque des problèmes psychologiques
interfèrent. L’éducation et la prise en charge psychologique
sont donc des aspects essentiels des soins du diabète.
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Septembre 2006 Volume 51 Supplément
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Education et soins psychologiques
les données à long terme étaient peu
nombreuses, tandis que l’éducation à la
gestion autonome ciblée pouvait avoir un
certain effet sur la réduction ou le maintien
du contrôle glycémique. D’autres études
démontraient que l’éducation pouvait
améliorer le contrôle glycémique et la
qualité de vie. Généralement, les études
révélant des résultats significatifs avaient
recours à des interventions collectives.
Les coûtspendent du type de programme
offert, avec pour base un programme
étasur trois après-midi dans un centre
spécialisé en diabète. Bien que très peu de
données scientifiques soient disponibles
concernant la rentabilide l’éducation des
patients en général, les coûts relativement
faibles des interventions éducatives
signifient que de légères améliorations sont
suffisantes en termes de morbidité ou de
qualité de vie pour les rendre rentables.
Prise en charge psychologique
Les aspects psychosociaux de la prise en
charge du diabète ont été abordés dans de
nombreuses directives factuelles, avec un
accent spécifique sur lapression
qui s’avère deux fois plus prévalente
chez les personnes atteintes de diabète
que chez le reste de la population et
qui est souvent non diagnostiquée. Des
essais aléatoires confirment l’efficacité
d’un traitement antidépresseur chez les
personnes atteintes de diabète et de
troubles dépressifs majeurs ainsi que d’une
thérapie comportementale cognitive.
Les données scientifiques se multiplient
confirmant que le soutien psychologique
peut contribuer à améliorer le suivi du
traitement et le bien-être psychologique
Septembre 2006 Volume 51 Supplément
des personnes atteintes de diabète.
Une revue systématique a montré
que, globalement, les interventions
psychologiques étaient efficaces pour
améliorer le contrôle glycémique chez les
personnes atteintes de diabète de type 2.
Réflexion
Education des patients
Malgré des données éparses, certains
principes communs émergent et sont
reflétés dans les recommandations.
L’évaluation des besoins est fondamentale
pour adapter l’éducation à la personne
atteinte de diabète, tandis que les
besoins identifiés pour la population cible
détermineront le contenu du programme.
L’offre de conseils en matière de nutrition
ou de soins des pieds (voir les autres
articles) appliquerait lesmes principes
éducatifs sous-jacents. Soulignons que
l’éducation au diabète fait partie intégrante
des études sur l’intensification des soins
et que les conseils nutritionnels ont eu un
impact significatif sur l’étude de cohorte
UK Prospective Diabetes Study (UKPDS)
avant randomisation. L’éducation au
diabète est donc considérée comme un
élément essentiel des soins du diabète.
Prise en charge psychologique
Les personnes atteintes de diabète sont
plus susceptibles de souffrir de problèmes
de sanmentale que les personnes
non atteintes de la condition. La gestion
autonome s’avère plus difficile en présence
de tels troubles. Il a été reconnu que, sans
une approche structurée, la détection de
ces problèmes lors de brèves consultations
pouvait s’arer problématique. Clairement,
il estcessaire d’offrir aux professionnels
du diabète une formation de base aux
problèmes liés à la gestion de ces troubles
et de diriger les patients vers des spécialistes
en sanmentale sensibilisés au diabète.
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Education et soins psychologiques
Education au diabète – résumé
des recommandations
Une éducation structurée des patients
doit faire partie intégrante de la gestion
de toutes les personnes atteintes de
diabète de type 2 dès le diagnostic et être
renouvelée sur la base d’une évaluation
annuelle des besoins et sur demande. Elle
doit être prise en charge par une équipe
multidisciplinaire dûment formée incluant
un professionnel de la santé spécialisé dans
la formation des adultes et dans le diabète.
Cette éducation doit être proposée à des
groupes de personnes atteintes de diabète
ou individuellement si le travail de groupe
s’avère inadapté. Les membres de la famille
ou les amis peuvent se joindre à ces groupes.
Les problèmes d’accessibilité à cette
éducation doivent être adressés, en
tenant compte des questions liées à la
culture, à l’origine ethnique, aux aspects
psychosociaux et à l’invalidité, en proposant
peut-être une éducation au sein de la
communauou dans le centre de diabète
local, voire dans difrentes langues. Des
techniques d’apprentissage actif doivent
être utilisées, adaptées aux choix et aux
styles d’apprentissage personnels. Les
technologies de communication modernes
doivent être utilisées pour optimiser
lesthodes d’éducation au diabète.
Lorsque les ressources sont limitées,
l’éducation peut être prise en charge
par une personne dûment formée
au lieu d’une équipe.
Prise en charge psychologique –
résumé des recommandations
La communication doit respecter le rôle
central de la personne dans sa prise
en charge. Elle ne doit pas porter de
jugement et rester indépendante en termes
d’attitudes et de croyances. Cette approche
permet d’explorer la situation sociale, les
attitudes, les croyances et les craintes de la
personne relatifs aux problèmes associés
au diabète et à la gestion autonome.
Le bien-être et l’état psychologique
doivent être évalués régulièrement, par le
biais de questionnaires ou d’évaluations
reconnus. Les résultats doivent être discutés
avec la personne atteinte de diabète et
communiqués aux membres de l’équipe
de soins. Des conseils doivent être donnés
dans le contexte d’une éducation au diabète
et d’une prise en charge continues.
La personne atteinte de diabète doit être
orientée, lorsque cela s’avère nécessaire, vers
un psychologue sensibiliau diabète pour le
traitement des troubles de l’adaptation, des
dépressions graves, des troubles de l’anxiété,
et de la personnalité, despendances ou
des dysfonctionnements cognitifs.
Lorsque les ressources le permettent, un
psychologue doit faire partie de l’équipe
de prise en charge du diabète. Il pourra
fournir des évaluations plus complètes et des
recommandations d’ordre psychologique et
conseiller les autres membres de l’équipe
concernant les problèmes de comportement.
Lorsque les ressources sont limitées, le
personnel soignant doit être formé à
détecter les signes de problèmes cognitifs,
émotionnels, comportementaux et
sociaux qui peuvent compliquer les soins
autonomes, en particulier lorsque les
résultats cliniques ne sont pas optimaux.
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