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Colloque International sur «
la Sémiotique, la Didactique et la
Communication » 02-04 mai 2005
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1) Fondements structuralistes généraux Les théories structuralistes
ont dominé entièrement le domaine des études du langage jusquaux
années 1960. Tout ce qui ne se revendiquait pas ou, même, ne se pliait
pas aux règles du structuralisme pouvait être allègrement rejeté hors
du domaine propre de la science. On voit bien quun Jakobson ou un
Emile Benveniste ont été sous leffet dun tel règne sans partage et
ont dû faire preuve dun grand courage pour avancer quelques idées
dont leffet aura été sur le long terme de remettre en cause certains
fondements épistémologiques du structuralisme.
Rappelons que les lois (v., au sujet de ce concept, Sylvain Auroux,
« Lois, Normes et règles, » in Histoire, Epistémologie, Langage, 13/1,
1991) générales du structuralisme (cf. Structuralism: an introduction,
Edited by David Robey, Wolfson College Lectures 1972, Clarendon
Press, Oxford; J.-C. Coquet, « Lun et le Tout, V. Brondal et le rôle
de la quantification dans la sémiotique de lécole de Paris », in
Travaux du cercle linguistique de Copenhague, vol.xxii, 1989)
sarticulent autour de trois principes fondamentaux :
Totalité (clôture linguistique)
Autorégulation (immanence vs transcendance)
Transformation
Toute étude donc qui ne se pliait pas à ces principes ne pouvait être
retenue par lesprit scientifique de lépoque qui était structuraliste ou
nétait pas.
Greimas ne pouvait sortir de cet engouement ou ce conformisme
scientifique inhibiteur, lui qui, à cette époque, voulait mettre sur
orbite une nouvelle théorie du langage et ne pouvait se payer le luxe
de saliéner la communauté scientifique très pointilleuse.
2) La théorie du signe et de la valeur
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Mais pouvait-il fonder sa théorie du langage sans tenir compte de ces
théories quasi impérialistes de lépoque ? Il ne pouvait ne pas faire un
clin dœil à F. De. Saussure (CLG). Mais les limites de sa théorie du
signe (signe, signifiant et signifié; langage, langue; système de signes;
sémiologie et étude de la vie des signes dans la vie sociale; la langue
est forme et non substance ; syntagmatique et paradigmatique)
rendaient une approche de la signification presque impossible.
Limpossibilité d'une sémantique, ajoutée à la petitesse des unités
linguistiques de base, devait pousser les sémioticiens naissant à
profiter de louverture aménagée par E. Benveniste (PLG) dans cette
même théorie du signe qui aboutit à la théorie de lénonciation et la
chaîne de concepts qui lui sont attachés: immanence/transcendance;
être/ paraître ; énon: énoncif/ énonciation: énonciatif; et le fameux
appareil formel de l'énonciation qui imprima une autre orientation aux
études linguistiques.
Ladoption par Greimas de la théorie glossématique de L. Hjelmslev
(Prolégomènes à une théorie du langage; Essais linguistiques)
lamène à travailler avec dautres concepts que ceux avancés par
Saussure. Au signifiant il substitue le plan du signifiant, ensuite plan
de lexpression, et au signif il substitue le plan du signifié ensuite
plan du contenu.Avec L. Hjelmslev Greimas sort des unités
linguistiques microscopiques inadaptées au travail à grande échelle
pour adopter des unités plus larges à même dêtre utilisables pour le
niveau du texte. Bien évidemment, lutilisation de cette idée
Hjelmslevienne disomorphie du plan de l'expression et du plan du
contenu permet de généraliser lapplication des acquis dans lanalyse
du plan de lexpression à celui du contenu. Le concept disotopie
aidant, lanalyse du discours peut commencer sur de bonnes bases.
Le découplage méthodologique des deux plans permet entre autres :
a) la généralisation des principes danalyse sémiotique à plusieurs
types dexpression (plusieurs signifiants) exprimant un même contenu
(pour le même signifié): la littérature, la poésie, la prose; le cinéma,
l'art plastique, la chorégraphie, les rituels religieux... sont justiciables
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de la même analyse sémiotique. Seul le mode de signifiance change et
renvoie à une possible typologie des signifiants.
b) une syntaxe discursive transphrastique qui dépasse le niveau
restreint (trop élémentaliste) de la phrase et dégage les grandes
articulations de textes verbaux et non verbaux (cf. J.-C. Coquet, Le
discours et son sujet)
3) La théorie syntaxique phrastique:
Cest Lucien Tesnière et Noam Chomsky qui sont les premiers
pionniers en la matière. Même si Z. -C. Harris avait déjà initié une
théorie dite du discourse analysis, il navait cependant pas
véritablement traité du transphrastique mais seulement de
linterphrastique.
Greimas devait aussi convoquer les théories littéraires, théâtrales
(Etienne Souriau) ... dont la présentation formalisée a aidé à la
formulation de la théorie sémiotique. Il en fut de même des théories
anthropologiques notamment les travaux de Claude Lévi-Strauss.
3.1 La théorie syntaxique de Lucien Tesnière
La linguistique saussurienne ne pouvait pas quitter le niveau
du signe linguistique pour s'élever au niveau de la phrase. Ce n'était
pas son objet. Les tentatives qui ont été faites par les linguistes fidèles
à Saussure n'ont pas plus brillé par un réel dépassement du niveau du
signe. Elles ont au maximum réussi à formuler une typologie
morphologique tenant compte des contraintes syntagmatiques. C'est le
cas de A. Martinet (Éléments de linguistique générale) dont la
terminologie syntaxique est articulée autour du monème: monème
fonctionnel, indépendant, autonome...
La sémiotique, en tant qu'Analyse du discours, dont l'objet
relève d'une articulation, qui n'est ni phrastique, ni interphrastique
mais transphrastique, ne pouvait tirer profit d'une théorie linguistique
dont l'unité de base reste trop petite: le signe. Il lui fallait, pour rendre
compte des articulations du discours, une théorie syntaxique digne de
ce nom. C'est dans la syntaxe phrastique de Tesnière et Noam
Chomsky qu'elle ira la chercher.
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Certaines des idées de Lucien Tesnière (Éléments de syntaxe
structurale, Klincksieck, 1969, p102) en syntaxe phrastique, ont été à
la base de la formulation de la théorie sémiotique objectale:
a) L. Tesnière part du discours pour définir la phrase
minimale:
«Le noeud verbal, que l'on trouve au centre de la plupart des
phrases, exprime tout un petit drame. Comme tel, il comporte une
action (verbe), des acteurs (substantifs) et des circonstances
(adverbes). Transposés du plan de la réalité dramatique sur celui de
la syntaxe structurale, le procès, les acteurs et les circonstances
deviennent respectivement le verbe, les actants et les circonstants. »
Les différents acteurs ne jouent pas le même rôle puisqu'il y a
un sujet, un objet, des circonstances. Le sujet et l'objet sont
dépendants, subordonnés, du verbe qui est en position centrale: il y
aura donc un sujet du verbe; un complément du verbe... Une phrase se
présente alors comme un système solaire. Au centre un verbe qui
commande tout l'organisme, de même que le soleil est au centre du
système solaire. A la périphérie, la foule des éléments grammaticaux,
qui sont subordonnés les uns aux autres, et en dernier ressort au centre
verbal, selon une hiérarchie à plusieurs étages, tout comme les
planètes gravitent autour du soleil et les satellites autour des planètes
(André JACOB, Genèse de la pensée linguistique, Armand Colin,
1973, p267).
b) L. Tesnière distingue par ailleurs, entre une syntaxe statique
(catégorique) et une autre dynamique (fonctionnelle). La syntaxe
statique recouvre les principes selon lesquels une langue organise ses
catégories grammaticales diverses. Elle est donc mentale. La syntaxe
dynamique est concernée par l'organisation réelle de la phrase. La
syntaxe analytique de Tesnière contient aussi un composant qu'il
appelle "mécanisme de la translation" (représenté essentiellement
par la subordination) qui donne lieu à des combinaisons infinies
permettant de passer des phrases les plus courtes et les plus simples
aux périodes (= en rhétorique classique, phrase très longue et
complexe) les plus longues et les plus compliquées (A. JACOB,
Genèse de la pensée linguistique, Armand Colin, p 272).
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La phrase est représentée dans la syntaxe de Tesnière par un stemma
(ensemble des connexions) qui fait ressortir la centralité du verbe et
l'organisation hiérarchisée de celle-ci par niveau de subordination de
ses unités constitutives, selon le schéma cosmique évoqué supra:
mange ('akalat)
(al-bintu) fille........................pomme (at-tufâhata)
(al-) la......belle (hasnâ')......(al-) la.....rouge (hamrâ')
On aura bien vu comment les idées de Tesnière fonctionnent:
il y aurait une syntaxe mentale qui pré- organise la phrase, puis une
syntaxe concrète de la phrase vivante. Ensuite, il y aurait des phrases
courtes et simples qui peuvent donner naissance à des phrases longues
et complexes grâce au mécanisme de la translation.
Cette démarche, visant à représenter lorganisation de la
phrase sous une forme hiérarchisée, qui rejoint, d'une manière
différente, la théorie distributionnelle des constituants immédiats
reprise par N. Chomsky, préfigure la conception sémiotique de
l'organisation textuelle. Les concepts syntaxiques de Tesnière sont
repris aussi: actant, procès, circonstants, sujet, objet. La définition
de la phrase minimale de Tesnière comme une connexion entre deux
noms est reprise en sémiotique pour définir l'énon élémentaire;
comme est reprise l'idée de centralité du verbe (pros) puisque
l'énon élémentaire (J. COURTES, Analyse sémiotique du discours,
Hachette, 1991, p 76) est défini comme la relation/fonction entre un
ou plusieurs actants:
F (A1, A2, A3, An)
L'exemple du stemma supra serait représenté en sémiotique objectale
comme suit:
F: manger (Sujet (La belle fille)), Objet: (la pomme rouge))
Si on a pu, avec un certain succès, postuler une isomorphie
entre la méthode phonologique et la méthode de syntaxe phrastique,
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