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P I S T E S
P O U R
L ’ O R A L
PRÉPARATION
m Tenir compte de la question
• L’expression « théâtre traditionnel » renvoie au théâtre qui a précédé la
remise en question du genre (XXe siècle) et non pas uniquement aux règles
du théâtre classique.
• Cela implique de connaître les caractéristiques générales du théâtre,
ses formes (farce, comédie, tragédie, drame…) et ses habitudes, concernant :
– l’écriture (thèmes, types d’intrigues, les personnages et leurs relations,
types de répliques, fonctions du théâtre…) ;
– la représentation (avantages à tirer des didascalies, décor, importance
relative des objets, rythme des scènes…).
• « Dans quelle mesure » invite à se demander si oui ou non, dans cette
scène, Beckett remet en cause le théâtre qui l’a précédé pour s’y opposer,
et quels domaines ou éléments du théâtre sont remis en question.
• Vos titres d’axes doivent tenir compte de ces termes et, mieux encore,
comporter l’un d’eux.
Pour bien réussir l’oral : voir guide méthodologique.
Le théâtre : voir lexique des notions.
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m Trouver les idées directrices
• Utilisez les pistes que vous ouvre la question, mais composez aussi la
« définition » du texte (voir guide méthodologique).
Scène de théâtre (genre), dialogue (type de texte) sur la nourriture et sur
un personnage de la pièce qui n’est pas encore apparu (thèmes),
comique ?, tragique ? (registres), très visuelle, proche du mime, banale,
traditionnelle et étrange à la fois, déroutante (adjectifs), pour exposer la
situation, faire rire, peindre les personnages, faire attendre la suite et
suggérer une réflexion sur la vie et le théâtre (buts).
m Première piste : comme dans le théâtre traditionnel, une scène qui ne
prend toute sa dimension qu’à la représentation
• Demandez-vous ce qui, dans le texte, suggère une mise en scène, quels éléments touchent le spectateur : gestes, mouvements, objets, bruits et silences…
• Pour cela vous devez imaginer que vous êtes metteur en scène et repérer
ce qui vous est indiqué pour la représentation.
m Deuxième piste : comme dans la comédie traditionnelle, des procédés comiques, mais d’un nouveau genre
• Passez en revue les diverses sources du comique que vous connaissez
(gestes, mots, situation, caractère…).
• Repérez et analysez celles que vous retrouvez dans cette scène.
• Repérez ce qui vous semble s’éloigner des procédés comiques habituels.
• Analysez le rôle du comique dans la scène.
m Troisième piste : la scène se démarque du théâtre traditionnel par la
réflexion sur le théâtre et sur la vie qu’elle révèle (fonction de la scène)
• Interrogez-vous sur les fonctions de cette scène :
– est-elle utile à l’action ?
– a-t-elle pour but de peindre la psychologie des personnages ?
– Beckett y propose-t-il une vision du monde et de la vie ? Si oui, laquelle ?
– quelle conception du théâtre s’en dégage ?
• Vos remarques doivent être appuyées sur l’écriture (le style) du texte.
PRÉSENTATION (PLAN DÉTAILLÉ)
Introduction
Amorce : le théâtre au XXe siècle cherche de nouvelles voies, tout en se
nourrissant de la tradition dramatique. Beckett est l’un des principaux dramaturges du théâtre de l’absurde.
Mise en situation du texte : dans En attendant Godot, Beckett met en
scène deux clochards, Estragon et son ami Vladimir, qui, sur une route
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presque déserte, avec un seul arbre sans feuilles, tentent, par une suite de
phrases insignifiantes, de meubler l’attente et le silence, de vaincre l’ennui.
C’est l’attente d’un « bonhomme », Godot, qui les tient arrêtés dans ce lieu.
Annonce des axes : 1. Comme dans le théâtre traditionnel, c’est une scène
qui ne prend toute sa dimension qu’à la représentation ; 2. Il s’agit bien d’une
scène apparemment comique, mais elle paraît étrange ; 3. De fait, elle
dépasse le simple comique pour prendre une signification plus profonde : elle
suggère une réflexion sur la vie et révèle une nouvelle conception du théâtre.
I. La théâtralité de la scène : une scène à jouer
qui ne prend toute sa dimension qu’à la représentation
1. La présence indispensable des objets
• Des légumes très triviaux, qui appartiennent à la vie quotidienne, mais qui
sont atypiques sur une scène de théâtre.
• Pourtant, une forte présence scénique → remarquables par leur forme,
leur couleur (la carotte) ou par leur image (le navet à l’odeur forte), ce sont
des accessoires indispensables au jeu, parce que :
– les personnages font référence aux légumes dans les répliques : ils mobilisent toute l’attention et une grande partie des paroles des personnages ;
– ils participent au jeu comique de la scène. Ce sont des éléments nécessaires, qui créent le mouvement.
2. Les gestes, les mimiques, les intonations et les silences
Étude des didascalies explicites (entre parenthèses) et internes (dans les
répliques). Elles indiquent :
– soit des gestes et mouvements : le manège autour de la carotte ; le fait de
parler la bouche pleine ;
– soit des mimiques : « Il regarde […] avec appréciation » (l. 23) ;
– soit des intonations : « Plaintivement » (l. 7) ;
– soit une prononciation : « Il ne fait pas la liaison » (l. 37) ;
– soit des silences : « Un temps » (l. 37) ; « Attends, ça me revient » ;
« ayant longuement réfléchi » (l. 46).
→ Donc un théâtre dans lequel l’auteur est très dirigiste, qui laisse peu de
marge au metteur en scène (volonté de contrôler l’œuvre).
Pour Beckett, le théâtre est d’abord un spectacle à voir.
II. Une scène d’un comique étrange
Un mélange de comique traditionnel et d’un comique d’un nouveau genre,
plus contemporain.
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1. Comique de scène par des accessoires
Le comique de répétition, les jeux de scène récurrents avec les objets :
procédé comique traditionnel (cf. les « lazzi » de la commedia dell’arte, suite
de gestes et de mouvements divers qui forment une action muette).
→ Il s’agit donc bien d’un jeu, au sens à la fois ludique et scénique.
2. Comique de mots
• Nom d’un des personnages : Estragon tombe à pic, puisqu’il est question
de nourriture.
• Jeu avec les mots et les sonorités : répétés, « liés » (l. 26 à 36) ; détachés,
disloqués, « Li-és » (l. 31) ; absence de liaison signalée, « Pas encore » (l. 31).
• Jeux de mots, souvent complexes et subtils :
– sens propre et sens figuré : « liés » (→ « attachés », notion presque existentielle) et « à qui ? Par qui ? » (l. 34) (→ préoccupation concrète) ;
– peut-être un jeu de correspondance entre « [Pas encore] liés » (sens abstrait) et la liaison qu’« il ne fait pas » (l. 37) (prononciation) : application
pratique au domaine de la phonétique (langage) de leur situation humaine
(ils ne sont pas « liés », donc il ne fait pas la liaison !) ;
– jeu sur des expressions toutes faites : « [liés] pieds et poings » (expression
figée qui banalise la question, essentielle, presque existentielle : « liés »).
3. Comique de décalage
• Entre la trivialité, le côté concret de l’action (manger : « mâchant », « il
mâche ») et l’abstraction, le sérieux et la profondeur des questions posées.
→ Par exemple : idées de lien / servitude ; mention de Godot dans lequel on
entend le mot God (Dieu, en anglais) ; notion abstraite de « contraire » (l. 43 et 46).
• Paradoxalement, les répliques les plus longues sont consacrées aux
sujets anodins (les légumes) et les plus courtes aux sujets sérieux (le lien).
[Transition]
Mais cette scène apparemment insignifiante et anodine, inutile à l’action,
conduit à une réflexion sur la vie et sur le théâtre.
III. La fonction de la scène
1. Une nouvelle conception du théâtre : un anti-théâtre ?
a. Le refus de l’action
• Scène qui n’a aucun intérêt pour l’intrigue. Il n’y a pas d’action, mais des
sortes de micro-actions : une carotte sortie d’un sac ou mâchée.
• Seuls éléments qui créent un peu l’attente : les questions posées, notamment au sujet de l’identité incertaine du personnage de Godot et le sousentendu de « pas encore » qui suggère qu’il va se passer quelque chose
alors qu’il ne se passe rien.
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b. Le refus de l’interaction et de l’antagonisme
Dans le théâtre traditionnel, le plus souvent, les personnages sont
contrastés, en antagonisme (cela crée l’action et la tension).
Ici, Vladimir et Estragon ne sont pas en conflit ; à la limite, on ne sait plus, à
la lecture, lequel des deux parle.
c. Faire sentir le temps, rendre sensible l’ennui
Au théâtre, le temps est contracté d’ordinaire.
Ici, l’insignifiance des répliques, leur répétition (cf. « liés ») font que le temps
semble démesurément allongé, presque aboli, et rendent sensible l’ennui.
d. Le refus de la psychologie
Beckett refuse un théâtre à prétention psychologique ; les deux personnages semblent interchangeables, n’ont aucun trait spécifique, ne révèlent
rien d’eux-mêmes (≠ théâtre classique, avec ses monologues introspectifs).
2. Une certaine conception de la vie, assez désespérante
Mais tout cela est intentionnel et révèle la conception de la vie de Beckett.
La scène a aussi cette fonction.
a. Faire comprendre l’inanité de la parole et l’impossibilité
de communiquer
La structure et la succession des répliques montrent l’impossibilité de
communiquer réellement :
• Ils répondent à une question par une question (l. 2-3, 17-18, 26-27) ; le
dialogue ne fonctionne pas normalement.
• Ils passent du coq-à-l’âne sans crier gare : l. 38 (« Il s’appelle Godot ? ») /
l. 41-42 (« plus on va, moins c’est bon »).
• Estragon oublie la question qu’il a posée et pour laquelle il exige une
réponse (l. 22).
b. Une nouvelle image de la fatalité
• La notion de fatalité est suggérée par : « Pieds et poings [liés] » (l. 33) ;
« encore » (l. 37) qui suggère qu’ils vont être liés ; le nom étrange de Godot
(Dieu ?).
→ Cela laisse attendre une réflexion sur le destin humain et la fatalité : une
tragédie ?
• À côté de cela, trivialité et familiarité de « ton bonhomme » (≠ Dieu) (l. 35).
→ Une fatalité presque burlesque, sans dignité.
3. Les objets symboles « signifiants » (Artaud)
Les objets dépassent le statut d’accessoires et prennent une valeur non
seulement scénique (dramatique, cf. I.), mais aussi symbolique et presque
philosophique. Ils ne sont pas choisis au hasard. Quel peut être leur sens
dans cette scène ?
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a. Révélateurs des liens entre les personnages
• Les objets sont des instruments de communication, ils remplacent
presque la parole.
• Le sentiment n’est pas dans la parole, mais dans le geste, ici le don de la
carotte.
b. Déclencheurs de la réflexion
Le légume est le déclencheur de la réflexion : au départ, il sert une activité
physique triviale, élémentaire (manger), puis il débouche sur ce qu’il y a de
plus élaboré dans l’homme : la « méditation » (« il suce méditativement le
bout », l. 24-25 ; « ayant longuement réfléchi », l. 46).
c. Image de l’incertitude inquiète des personnages
Les réserves de légumes (l. 8 à 14), cette faim permanente et le désir de
faire « durer » l’aliment traduisent l’incertitude inquiète des deux personnages sur leurs futurs repas (souvenir de l’Occupation ?), ce qui transforme
une carotte en un mets de choix.
d. Image du vieillissement, de la décrépitude et de l’insipidité de la vie
• Image du lent et inéluctable anéantissement (de la mort ?) des choses et
des êtres soumis à la même loi de détérioration, de décrépitude et de délabrement. Vladimir recommande de « faire durer » cette « dernière » carotte
(l. 14).
• Le goût de la carotte, au cours de la scène, s’affadit : d’abord « bonne »
(l. 18) et « délicieuse » (l. 24), elle devient « moins (…) bon[ne] » (l. 42). La
maxime qui suit : « Plus on va, moins c’est bon » (pronom indéfini, présent
de vérité générale, antithèse frappante) généralise et suggère que la carotte
est l’image de la vie entière, qui perd son « goût ».
→ Les objets deviennent des témoins, visibles et concrets, de la loi universelle de dépérissement qui régit l’univers.
e. Image de l’absurdité de la vie
• L’insignifiance et la pauvreté des objets – ici des légumes – prennent une
importance démesurée et envahissent la parole, la conversation, les
pensées des personnages qui les manient comme des jouets dérisoires (« il
regarde la carotte avec appréciation, la fait tourner en l’air du bout des
doigts », l. 23-24 ; « le fait tourner devant ses yeux », l. 41).
→ Ils révèlent la vanité et l’absurdité de la vie.
• Après cette conversation sur la carotte, Vladimir déclare : « Ceci (la
carotte ? la vie ?….) devient vraiment insignifiant », c’est-à-dire n’a pas de
sens (vie = absurde).
• Les objets, concrets et symboliques à la fois, sont presque plus que les personnages (ils ont plus de « goût ») : ils occupent l’esprit des personnages,
sollicitent le regard du spectateur mais aussi son esprit et sa réflexion.
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Conclusion
Beckett propose une dramaturgie nouvelle, un théâtre qui :
– est « autant visuel qu’auditif » (Ionesco) ;
– fait « jouer les accessoires » et « vivre les objets » ;
– désacralise la parole.
ENTRETIEN
Question
L’examinateur pourrait débuter l’entretien par la question suivante.
m Qu’est-ce
qu’une convention ? Pourquoi peut-on dire que
le théâtre est un genre qui repose sur des conventions ?
Il s’agit d’une question de cours. Mais il ne faut pas le « réciter » purement
et simplement. Vous devez expliquer et alimenter chaque remarque d’exemples personnels qui l’illustrent.
Pour réussir l’entretien : voir guide méthodologique.
Le théâtre : voir lexique des notions.
L’entretien pourra se poursuivre dans diverses directions, par
exemple :
m Selon vous, au théâtre, qu’est-ce qu’un bon acteur ?
m Peut-on trouver du plaisir à lire une pièce de théâtre ?
m Avez-vous déjà assisté à une représentation théâtrale ? Si oui, laquelle ?
Qu’en avez-vous pensé ?
m Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ? Justifiez votre réponse.
Pistes pour répondre à la première question
Vous trouverez l’essentiel de la réponse à la première question dans le
lexique des notions, les conventions. Vous devrez y ajouter vos exemples
personnels.
Vous pouvez néanmoins nourrir votre réponse en ayant soin de comparer les
conventions du théâtre à celles des autres genres, notamment le roman et la
poésie.
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