
A
ctuellement, 850 000 personnes sont atteintes de démence
en France et en 2050 elles seront 1 813 000. La maladie
d’Alzheimer touche 18% des plus de 75 ans et 25% des plus de 85
ans (1), c’est la plus fréquente des maladies neurodégénératives.
Il s’agit d’une priorité nationale, en témoignent les différents
plans Alzheimer successifs. Cette maladie se caractérise par
une atteinte progressive des fonctions cognitives, une perte
progressive des capacités fonctionnelles et des troubles du
comportement. 75% des malades vivent à domicile1 ce qui est
souvent rendu possible par l’implication des aidants. Quand
des maladies des fonctions supérieures génèrent des troubles
de la compréhension et des difficultés dans les prises de
décisions pour sa propre santé, la démarche éducative directe
au patient connaît des limites2. Elle s’est donc naturellement
portée sur les aidants.
Des études ont confirmé depuis une quinzaine d’années que
l’intégration de l’aidant dans la prise en charge du patient
Alzheimer permet un gain conséquent pour la vie de celui-
ci. En 2002, une méta-analyse réalisée à partir de 78 études3
a montré que des programmes d’intervention combinant
éducation, soutien psychologique et répit permettent d’alléger
le fardeau ressenti par l’aidant, de diminuer le risque dépressif,
et d’améliorer son bien-être. De plus, ils permettent de
diminuer les symptômes du patient, voire de faire reculer sa
date d’entrée en institution. Toutefois, des prises en charge
trop standardisées et ne tenant pas suffisamment compte des
attentes réelles des aidants peuvent conduire à des résultats
mitigés. Les interventions qui semblent les plus efficaces sont
de type multicomposantes ou éducatives, à nombre important
de séances et avec prises en charge individuelles. L’éducation
thérapeutique constitue une modalité d’intervention
prometteuse dans ce contexte, car « il n’y a pas de prêt-à-porter
de l’aide aux aidants »4.
L’Hôpital de Jour (HDJ) Michel Philibert de l’ABRAPA (Association
Bas-Rhinoise d’Aide aux Personnes Agées) est une structure de
Soins de Suite et de Réadaptation spécialisée dans la prise en
charge de personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ou de
maladies apparentées. Le projet de mise en place d’une action
d’aide aux aidants s’inscrit dans une démarche lancée en 2013.
Un groupe de travail pluridisciplinaire comprenant médecin,
infirmières, aide-soignante, neuropsychologue, psychologues,
ergothérapeute et coordinatrice sociale a été constitué. Ces
onze professionnels sont issus de trois structures de l’ABRAPA
spécialisées dans la prise en charge de patients atteints de
troubles cognitifs: l’HDJ Michel Philibert, l’Équipe Spécialisée
Alzheimer (ESA) du Phare et l’Accueil de jour du PréO. Ils ont
été ou seront formés à l’ETP d’ici début2017.
Une étude des besoins auprès de l’ensemble des aidants des
patients pris en charge dans les trois structures a été réalisée
afin de déterminer leurs attentes. Nous avons eu 112 réponses
sur les 177 questionnaires distribués (63,3% de participation).
L’objectif était la mise en place d’un programme d’aide aux
aidants avec un but non seulement de formation, mais aussi
d’éducation centrée sur les attentes des aidants.
Notre Programme d’Aide aux Aidants:
•
Nous proposons un entretien individuel préalable
à l’inclusion dans le cycle d’aide aux aidants par un
professionnel formé à l’ETP. L’aidant doit avoir la possibilité
de verbaliser son vécu, ses émotions, ses angoisses et ses
craintes. Il s’agit d’identifier les besoins et les envies des
aidants, les potentialités, les leviers et les freins à la prise
en charge « éducative ». En complément de cet entretien,
nous proposons à l’aidant une échelle d’évaluation du
risque dépressif (Mini GDS), une Echelle Visuelle Analogique
(EVA) sur sa qualité de vie, une évaluation du fardeau
de l’aidant (ZARIT) et une évaluation des troubles du
comportement de l’aidé par l’intermédiaire de l’Inventaire
Neuro-Psychiatrique (NPI). Une synthèse de l’entretien
type « diagnostic éducatif » est élaborée.
•
5 ateliers collectifs sont proposés pour permettre
aux aidants d’acquérir des compétences afin de mieux
vivre avec leur proche, de se préparer à faire face à des
situations de crise de façon adéquate, de renforcer leur
confiance en leurs capacités, de décrypter le sens de
certains comportements de leur proche pour permettre
une communication plus adaptée, d’éviter les conflits,
d’apprendre à se faire aider et de tirer parti des ressources
existantes (médicales, sociales et juridiques).
D’UNE ACTION D’AIDE AUX AIDANTS DE MALADES ATTEINTS DE MALADIE
D’ALZHEIMER OU D’UNE AFFECTION APPARENTÉE, À DE L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
DR CHRISTINE ASTIER, HÔPITAL DE JOUR ABRAPA, STRASBOURG
Atelier1: Connaître et comprendre la maladie.
Atelier2 : Les troubles de la mémoire et leurs
répercussions dans la vie quotidienne.
Atelier3: Les aides et services pour l’accompagnement
de la maladie. Ressources et limites de l’aidant.
L’association Alsace Alzheimer intervient au cours de
l’atelier.
Atelier 4: Les troubles du comportement: faire face
aux troubles du comportement et attitudes à avoir.
Le groupe bénéficie d’une présentation d’une technique
de respiration et de relaxation par un professeur de
yoga.
Atelier5: Comment permettre une meilleure
communication avec vos proches.
La Cigogne Libérée n°8 SEPTEMBRE 2016 4