DOSSIER SPÉCIAL SOMMAIRE L’actualité En bref p. 37 DOSSIER Cancer du col de l’utérus Concilier les outils de dépistage p. 40 Contraception de l’adolescente La 1re consultation est essentielle p. 46 Traitement hormonal substitutif Rassurer les femmes et les médecins p. 47 Pathologies cardiovasculaires Prendre à cœur la prévention p. 50 Santé de la peau La beauté vient en mangeant p. 53 Obésité et diabète Comment limiter l’inflation p. 55 Pneumologie Dépister la Bpco par le Piko-6 p. 57 Sevrage tabagique p. 58 Urologie Incontinence urinaire et cystite aiguë p. 64 Pathologies dépressives Adapter le traitement p. 69 Migraine cataméniale Réduire l’intensité des crises p. 73 Angiologie Insuffisance veineuse et contention p. 77 BSIP LA SANTÉ DES FEMMES Tout se joue à l’adolescence ! M algré le dépistage précoce des lésions par frottis, le cancer du col de l’utérus reste la deuxième cause de mortalité dans la population féminine de 20 à 44 ans, après le cancer du sein. Les lésions précancéreuses ou cancéreuses du col de l’utérus apparaissent dix à vingt ans après les premiers rapports sexuels. C’est donc entre 16 et 18 ans que 80 % des adolescentes sont exposées au papillomavirus (HPV). Dans la majorité des cas, l’HPV est spontanément éliminé, mais, chez certaines femmes, il persiste et induit le développement de lésions dysplasiques de bas et de haut grade… D’où l’enjeu représenté par la mise à disposition en France d’un premier vaccin anti-HPV efficace notamment sur les sérotypes 16 et 18, et qui devrait prévenir 70 à 84 % des cancers de l’utérus. Un espoir pour toutes les femmes, à condition qu’elles soient suffisamment informées. Car la vaccination n’est pas obligatoire, mais simplement recommandée – en France à partir de 14 ans – et pas encore remboursée. Le rôle du médecin, et en particulier du médecin généraliste, est donc capital. Capital dans la mesure où c’est bien lui qui va pouvoir mobiliser les jeunes patientes et leurs parents, et leur expliquer la protection conférée par cette nouvelle vaccination. Soit lors d’un rendez-vous vaccinal pour le rappel des vaccins DTP et coqueluche, soit dans le cadre d’une consultation dédiée à la prévention globale auprès des adolescentes : toxicomanie et tabagisme, dépression masquée, troubles des comportements alimentaires, maladies sexuellement transmissibles, etc. Décidément, l’adolescence est bien l’âge où il est temps de prendre sa santé en main ! Dr Annie Dumonceau Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 35 LA SANTÉ DES FEMMES TROIS KILOS APRÈS LA GROSSESSE Plus de gynéco et de pédiatrie pour les généralistes femmes BURGER/PHANIE a moitié (51 %) des femmes médecins généralistes déclarent avoir développé leur activité dans les domaines de la gynécologie et de la pédiatrie ces dernières années. C’est ce que révèle une enquête menée par le Généraliste auprès d’environ 1 000 médecins. En revanche, elles ne sont que 5 % à avoir modifié leur pratique concernant la petite chirurgie, la médecine du sport et les urgences. Des chiffres qui tranchent avec les pratiques masculines. 35 % des hommes médecins généralistes ont développé leur activité pédiatrique, mais seulement 19 % l’ont fait en gynécologie. En revanche, ils sont 21 % à avoir BURGER/PHANIE L développé leur pratique en médecine du sport et 14 % en petite chirurgie. LE LAIT MATERNEL CONSTRUIT LA FLORE INTESTINALE LA BPCO DE PLUS EN PLUS MEURTRIÈRE CHEZ LES FEMMES Le lait maternel permet de véhiculer les souches bactériennes intestinales de la mère à l’enfant en vue de l’élaboration de sa propre flore digestive. Ces conclusions émanent de travaux de recherche conjoints entre l’Inra et Nestlé. Après avoir examiné la présence des bactéries dans le lait humain, le sang et les fèces de l’enfant au cours de l’allaitement, les chercheurs ont constaté que les mêmes espèces appartenant aux genres Bifodobacterium, Streptococcus et Staphylococcus étaient présentes dans le lait des mères allaitantes et dans la flore intestinale de leurs enfants. ALIX/PHANIE VOISIN/PHANIE La mortalité liée à la Bpco augmente chez les femmes en France. C’est ce que révèle une étude, menée par l’Inserm et le centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès, sur les causes de mortalité des individus âgés de plus de 45 ans. La Bpco est la cause directe de 1,4 % des décès dans cette population. Entre 1979 et 1999, le taux de décès par Bpco est resté stable chez les hommes et a augmenté chez les femmes de +1,7 % par an. Ainsi, le taux annuel moyen de décès avec Bpco pour 100 000 était de 84 pour les hommes et de 19 pour les femmes en 2000-2002. ’ âge du premier rapport sexuel pour les femmes est devenu très proche de celui des hommes : 17,5 ans contre 17,2 ans. Cet âge était de 20,6 ans quarante ans auparavant. C’est ce que révèle l’enquête nationale sur la sexualité réalisée par l’Inserm avec l’Institut national d’études démographiques auprès de 12 364 personnes âgées de 18 à 69 ans. En revanche, les femmes et les hommes ne déclarent pas le même nombre de partenaires dans leur vie ; en moyenne 4,4 pour les femmes et 11,6 pour les hommes. Les femmes n’en déclaraient que 1,8 en 1970. En outre, les femmes de plus de 50 ans connaissent aujourd’hui une vie sexuelle bien plus active qu’en 1972 ou même 1992. Interrogées sur les difficultés rencontrées dans leur sexualité, les femmes déclarent dans 7,4 % des cas avoir souvent, et 28,9 % des cas avoir parfois, des difficultés à atteindre l’orgasme. Dans la grande majorité des cas, ces difficultés ne sont pas vécues comme une gêne dans la sexualité. BURGER/PHANIE Les femmes plus actives sexuellement L D’après une enquête TNS-Sofres/Nestlé Protéika réalisée auprès de 405 mères dont les bébés étaient âgés de 4 à 8 mois, l’augmentation moyenne du poids de la mère entre la période d’avant et celle d’après la grossesse s’élève à trois kilos. Un tiers des mamans retrouve spontanément son poids initial après l’accouchement et un autre tiers garde entre 2 kg et 4 kg. Pour le reste, 15 % des femmes prennent entre 4 kg et 6 kg et 17 % de 6 kg à plus de 10 kg. Les résultats de cette étude montrent également que l’allaitement ne joue pas de rôle dans la rétention de poids post-partum, qu’il n’existe pas de lien entre la prise de poids pendant la grossesse et le poids post-partum et que les femmes multipares gardent autant de kilos que les femmes primipares. Près de 15 % de ces femmes avaient consulté un médecin pour perdre du poids après leur grossesse. UN NOUVEAU GÈNE DE SUSCEPTIBILITÉ DANS LE CANCER DU SEIN Le BRIP1 pourrait bien devenir une nouvelle cible médicamenteuse. Une équipe britannique vient d’identifier ce nouveau gène de susceptibilité au cancer du sein dans une étude cas-témoins. Ce gène appelé BRIP1 code pour une hélicase qui interagit avec le gène BRCA1 et joue un rôle dans la réparation de l’ADN. D’après les estimations des chercheurs, les femmes qui portent une mutation inactivante d’un allèle BRIP1 ont deux fois plus de risque de développer un cancer du sein. Et pour les femmes âgées de moins de 50 ans, cette mutation augmenterait le risque de cancer du sein de trois fois et demie. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 37 LA SANTÉ DES FEMMES ALCOOL ET FAMILLE L’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et le groupement d’intérêt public Drogues, Alcool, Tabac, Info Service ont ouvert un forum sur le site Internet de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie www.drogues.gouv.fr. Il est destiné à recueillir, au moins jusqu’à l’automne prochain, les paroles et les témoignages des enfants d’alcoolodépendants. Des équipes compétentes en matière d’alcoolodépendance mettent en ligne les propos, conseillent les intervenants et les informent sur les structures d’accueil. En France, environ 10 % des familles connaissent un problème d’alcool chez l’un au moins des parents, pouvant conduire à un climat familial tendu, angoissant, parfois violent. La fibrillation auriculaire misogyne prenante que la prévalence de la fibrillation auriculaire est plus faible chez les femmes : 0,01 % contre 0,05 % chez les hommes avant 50 ans et 5,6 % contre 6,2 % à partir de 80 ans. PAS DE RÉPIT POUR LES THS Haro sur l’incontinence urinaire Le rapport du Pr François Haab sur l’incontinence urinaire a conduit l’ex-ministre de la Santé Philippe Bas à évoquer plusieurs mesures pour accroître la prise en charge de cette pathologie. Il souhaite notamment améliorer et harmoniser la prise en charge des protections absorbantes. Il a demandé pour cela à la HAS de préciser les indications et les conditions de cette prise en charge, notamment pour que soient mises en œuvre, chaque fois que c’est possible, un traitement ou une rééducation. Philippe Bas a également évoqué le lancement d’une démarche de labellisation de centres de référence. Les conclusions sont attendues à l’automne 2007 et les procédures d’inscription au remboursement devraient être ouvertes au plus tard au cours du premier trimestre 2008. Vous saurez tout sur la toxoplasmose L’Afssa a mis à disposition des professionnels de santé un rapport complet sur la toxoplasmose ; ses modes de contamination et ses conséquences sur la santé. Le plus souvent bénigne chez les sujets en bonne santé, l’infection peut évoluer vers des formes graves au cours d’une grossesse et chez les patients immunodéprimés. Environ 45 % de la population adulte est infectée et 200 000 à 300 000 nouvelles 38 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 infections surviennent chaque année, dont 2 700 cas chez les femmes enceintes. La transmission fœtale a lieu dans environ un tiers des cas, entraînant des séquelles chez 175 enfants par an. L’Agence rappelle la nécessité d’un dépistage prénuptial et prénatal accompagné d’un suivi sérologique des femmes séronégatives pendant toute la grossesse. Ces femmes doivent également recevoir une information sur les mesures hygiéno-diététiques à respecter pour réduire le risque de contamination. Le rapport est disponible sur le site Internet de l’Afssa : www.afssa.fr. Une nouvelle polémique soulevée par les résultats d’une étude du Lancet vient de surgir. Les THS sont désormais incriminés dans l’augmentation de l’incidence du cancer de l’ovaire chez les femmes traitées. Cette étude récente montre que l’incidence de ce cancer est plus élevée chez les femmes ayant suivi pendant cinq à sept ans un THS, indépendamment de la nature du traitement. L’incidence de la maladie passe de 2,2 pour 1 000 femmes n’ayant jamais pris de THS à 2,6 pour 1 000 femmes sous THS depuis cinq ans. L’utilisation du THS est recommandée en France chez les patientes pour qui le bénéfice du traitement est supérieur aux risques encourus, juste après la ménopause et sur une période courte d’environ cinq ans. TESTER SON RISQUE DE CANCER DU SEIN L’Agence du médicament américaine (FDA) a donné son feu vert à un nouveau test génétique pour les femmes atteintes d’un cancer du sein dépisté au stade précoce. Le « MammaPrint » pourrait permettre de prédire les risques de rechute dans les cinq ou dix ans et influencer la nature des traitements. Ce test n’est pas le premier sur le marché américain, mais le premier à être agréé par la FDA. Le MammaPrint analyse le profil de 70 gènes afin d’évaluer le risque pour les patientes atteintes d’un cancer du sein de développer des métastases dans les 5 à 10 ans à venir, avec un niveau de risque faible ou élevé. Cependant, l’utilisation de ce test est complexe et les résultats doivent être interprétés avec beaucoup de prudence. Le site Internet du fabricant Agendia précise qu’il est disponible en Europe. JOUBERT/PHANIE a fibrillation auriculaire entraîne une surmortalité, notamment cardiovasculaire et cérébrovasculaire, plus importante chez les femmes que chez les hommes. Ces observations sont issues du suivi d’une vaste cohorte française incluant plus de 98 000 hommes et 55 000 femmes âgés de plus de 30 ans et suivis en moyenne 15,2 ans. Le risque de mortalité par fibrillation auriculaire après 15 ans était de 1,5 chez les hommes et de 1,8 chez les femmes. Cette différence était notable, qu’il s’agisse du risque cardio-vasculaire (respectivement 2,2 et 3,4 chez les hommes et les femmes) ou cérébro-vasculaire (2 et 4,5). Cette surmortalité cardiovasculaire féminine est d’autant plus sur- BURGER/PHANIE L TÉLÉ-ÉCHOGRAPHIE À DISTANCE VOISIN/PHANIE e taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer du sein poursuit sa progression en France. Selon les dernières données disponibles auprès de l’InVS, plus de deux millions de femmes y ont eu recours en 2006, soit 49 % de la cible. Le taux de participation ne cesse donc d’augmenter ces dernières années : 33 % en 2003, 40 % en 2004 et 45 % en 2005. Des disparités persistent en fonction des régions. Les Pays de la Loire, la Bretagne et le Limousin présentent les taux les plus élevés avec près de 60 % de participation. En revanche, la Corse, l’Ile-de-France et la Lorraine présentent les taux les plus faibles, inférieurs à 39 %. Cependant, l’efficacité d’un programme de dépistage organisé nécessite une participation élevée, au moins égale à 70 %. Un taux quasiment atteint, d’après le Baromètre cancer 2005 de l’Inpes, en additionnant, au dépistage organisé, le taux de couverture du dépistage individuel et le suivi pour pathologie bénigne ou maligne. Boissons light : une alternative pour bien gérer ses apports en sucres Coca-Cola light, la boisson la plus consommée équilibrée, y compris celle des personnes des boissons light *, est sans sucres. diabétiques, en surpoids ou de vos jeunes Les édulcorants intenses y remplacent le sucre. Grâce à leur fort pouvoir sucrant, les édulcorants permettent de maintenir le goût sucré avec un apport calorique quasiment nul. Sans sucres, donc pratiquement sans calories**, Coca-Cola light peut occuper une place intéressante dans une alimentation patients dans un contexte de prévalence de l’obésité infantile. Des données scientifiques reconnues par les plus hautes autorités sanitaires internationales (EFSA, AFSSA, FDA) confirment l’innocuité des édulcorants et Coca-Cola light peut être consommé par tous en toute sérénité. Brochure à télécharger sur : www.coca-cola-light.fr * Nielsen 2007 ** Moins de 1 calorie par verre de 250 ml Coca-Cola light est une marque déposée de The Coca-Cola Company L CHRU TOURS Le dépistage organisé du cancer du sein toujours plus efficace Un nouveau dispositif d’échographie à distance a vu le jour dans la région Centre. Un échographe « expert » peut désormais pratiquer une échographie depuis le Chru de Tours sur des patients pris en charge dans quatre centres équipés de la région : les hôpitaux généraux d’Indre-et-Loire et l’hôpital de Bourges. Un médecin du centre manipule un bras robotisé disposé sur le ventre du patient en se conformant aux informations de l’échographe qui communique par visioconférence téléphonique. L’objectif est de pallier la pénurie des radiologues dans les petits hôpitaux et d’éviter aux patients des déplacements inutiles vers le Chru. Le dispositif a été testé sur 250 patients sans aucun faux diagnostic et bénéficie d’ores et déjà du feu vert de l’Agence régionale d’hospitalisation pour la réalisation d’échographies abdominales et obstétricales. Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas www.mangerbouger.fr Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 39 CANCERDUCOLDEL’UTÉRUS PREVENTION Le cancer du col de l’utérus tue chaque année près de 1 000 femmes. Le frottis cervico-utérin a considérablement amélioré le dépistage précoce. Mais à l’heure où l’efficacité de cette pratique stagne, l’arrivée d’un nouveau vaccin orienté contre les papillomavirus humains 6, 11, 16 et 18 ouvre une nouvelle voie vers la prévention primaire. AUDE RAMBAUD CONCILIER LES OUTILS DE DÉPISTAGE L e pronostic du cancer du col de l’utérus reste peu favorable. Il est la deuxième cause de mortalité liée aux cancers chez les femmes âgées de 15 à 44 ans après le cancer du sein. Environ 3 400 cancers invasifs du col sont diagnostiqués chaque année en France et provoquent environ 1 000 décès, soit près d’un tiers des femmes atteintes de cette pathologie. Le dépistage par frottis cervico-utérin, recommandé tous les trois ans par les autorités de santé, a permis d’améliorer le dépistage dans un certain nombre de cas, mais il se insuffisant à repérer toutes les lésions précancéreuses à un stade précoce. Stade auquel les chances de guérison sont encore importantes. Plusieurs motifs concourent à expliquer l’insuffisance des résultats : la sensibilité médiocre de cet examen, la négligence des patientes à se faire dépister, l’insuffisance de suivi médical de certaines femmes. Ce niveau de prévention encore insuffisant explique la satisfaction de la communauté médicale devant l’arrivée du nouveau vaccin contre quatre types de papillomavirus responsables de nombreux cancers de l’utérus. Mais attention, cette arme de prévention supplémentaire ne garantit pas une protection absolue aux DERNIÈRE MINUTE De nouvelles données de protection croisée montrent que le bénéfice conféré par Gardasil® s’étend à des types de papillomavirus supplémentaires qui ne sont pas directement ciblés par ce vaccin. Ces données proviennent d’essais cliniques de phase III, incluant plus de 17 000 femmes. Elles ont été soumises à l’Agence européenne du 40 médicament par Sanofi Pasteur MSD, dans l’objectif d’une modification de l’AMM du vaccin. Les types de papillomavirus supplémentaires seraient responsables de plus de 10 % des cancers du col utérin et de 25 à 40 % des lésions cervicales de bas et de haut grade. Ces souches s’ajoutent aux quatre sérotypes ciblés par Gardasil®, 6, 11, 16 et 18. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 femmes. Elle immunise notamment contre les papillomavirus 16 et 18 dits à haut risque, impliqués dans 84 % des cancers du col de l’utérus en France. Le papillomavirus, un virus très répandu L’infection aux papillomavirus humains est très courante. Environ 80 % des personnes sexuellement actives y sont exposées, femmes et hommes, le plus souvent à l’adolescence et au début de la vie adulte, avec un pic d’incidence entre 15 et 24 ans. Le virus se transmet par un contact peau à peau et/ou muqueuse à muqueuse, et non par le sang ou le sperme. Un simple attouchement peut donc entraîner l’infection. Le virus est le plus souvent asymptomatique dans l’organisme et s’élimine spontanément dans environ 80 % des cas. Mais, chez certaines femmes, il persiste et induit le développement de lésions de bas ou de haut grade CIN (lésions cervicales intra-épithéliales) 1, 2 et 3 susceptibles d’évoluer vers un cancer du col de l’utérus ou encore de lésions VIN (lésions dysplasiques vulvaires) 2 et 3, de cancers de la vulve ou du vagin. Ce processus prend en moyenne quinze ans à partir de l’infection. De sorte que « l’incidence du cancer du col de l’utérus est maximale à l’âge de 40 ans », explique le Pr Christian Quereux. Environ 3 400 cancers du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année, mais également 69 000 lésions CIN de bas grade et 20 000 lésions CIN de haut grade, dont environ 15 % évolueront vers un cancer. Le frottis reste indispensable malgré son manque de sensibilité Le dépistage par frottis cervico-utérin a permis d’abaisser fortement l’incidence du cancer du col de l’utérus et la mortalité qu’il entraîne. Il est recommandé chez toutes les femmes de 25 à 65 ans après deux frottis négatifs à un an d’intervalle. Le nombre de nouveaux cas est ainsi passé de 4 900 en 1980 à moins de 3 400 BURGER-ALIX/PHANIE LA SANTÉ DES FEMMES aujourd’hui. Pourtant, sa sensibilité moyenne est souvent décriée : un tiers des femmes qui développent un cancer du col de l’utérus avait effectué un frottis selon les recommandations à partir de 25 ans. « L’intervalle de trois ans préconisé dans les recommandations est trop long compte tenu de la sensibilité médiocre du frottis. En pratique, le médecin a intérêt à forcer cette cadence et renouveler cet examen au moins tous les deux ans pour compenser les problèmes de sensibilité », précise Joseph Monsonégo, gynécologue (Paris). Par ailleurs, plus de 40 % des femmes sont sous- ou non dépistées avec moins d’un frottis tous les trois ans. En outre, la mortalité liée à ce cancer stagne et montre les limites de ce mode de dépistage. C’est pourquoi, pour accompagner ce dépistage, le test HPV, non remboursé à ce jour, peut être utile. Après 26 ans, il permet de voir si le virus stagne ou non dans l’organisme. Sa valeur prédictive négative est supérieure à 99 %. L’absence d’HPV confère une protection sûre et durable pour une période d’au moins cinq ans. En attendant, pour relancer la pratique du frottis cervico-utérin, des initiatives locales de dépistage organisé se sont mises en place dans cinq départements entre 1991 et 2002 : Haut-Rhin et Bas-Rhin, Doubs, Isère et Martinique. Aucun cahier des charges commun n’a été fixé, le rythme de dépistage, les tranches d’âge des femmes dépistées et le mode de « recrutement » par invitation personnelle ou encore campagne médiatique, varient en fonction des départements. Les premiers résultats sur l’incidence sur le cancer du col de l’utérus devraient être disponibles prochainement. EN PRATIQUE Le vaccin recommandé à partir de 14 ans L e vaccin Gardasil® est recommandé chez toutes les jeunes filles de 14 ans avec un rattrapage entre 15 et 23 ans, si la jeune femme n’a jamais eu de relation sexuelle ou que sa vie sexuelle a débuté dans l’année précédant la vaccination. Ce vaccin proposé par le laboratoire Sanofi Pasteur MSD immunise contre quatre type de papillomavirus : 6, 11, 16 et 18. A vingt mois, il prévient 100 % des lésions de haut grade CIN 2/3 et de cancers du col de l’utérus associés aux papillomavirus 16 et 18, soit environ 70 % à 84 % de ces cancers. Il protège également à 100 % contre les lésions de haut grade de la vulve VIN 2/3, le cancer de la vulve et le cancer du vagin liés aux papillomavirus 16 et 18. Il est également efficace contre les verrues génitales externes (condylomes acuminés) liées dans près de 90 % à la présence d’une infection aux papillomavirus 6 et 11. Ces dernières concernent Le vaccin efficace contre les virus à haut risque Le vaccin Gardasil® apporte un nouveau souffle dans la prévention. Il permet d’éviter l’infection aux papillomavirus 6, 11, 16 et 18 responsables de la majorité des cancers du col de l’utérus. Le vaccin, évalué sur plus de 20 000 femmes âgées de 16 à 26 ans, montre une très bonne efficacité sur les cinq premières années de suivi. « Le vaccin est efficace à 100 % contre les lésions précancéreuses et les cancers du col de l’utérus associés aux papillomavirus humains 16 et 18 dits à haut risque », précise le Pr Christian Quéreux (service de gynécologie obstétrique, CHRU Reims). Les femmes incluses dans les essais cliniques étaient toutes naïves de primoinfection au HPV et ont suivi scrupuleusement le protocole de vaccination. Une étude américaine a d’ores et déjà permis d’évaluer le bénéfice potentiel de cette vaccination en termes de santé publique. Une couverture de 70 % des Le papillomavirus se transmet par simple contact de peau à peau et/ou muqueuse à muqueuse ; il atteint environ 80% des personnes sexuellement actives. 3 % à 6 % de la population âgée de 15 à 24 ans, point culminant de la maladie. Le schéma vaccinal repose sur trois injections intramusculaires successives à 0, 2 et 6 mois. Cependant, un rattrapage peut être effectué dans l’année suivant la première injection. Pour le moment, aucun rappel ultérieur n’est recommandé compte tenu du maintien de l’efficacité sur les cinq ans de suivi des cohortes. Cependant, ce suivi se maintiendra plusieurs années afin de détecter une éventuelle baisse des taux d’anticorps anti-HPV. Le prix du vaccin est d’environ 150 euros par dose, soit 450 euros pour trois injections. Les modalités de remboursement sont en cours d’examen par la Commission de Transparence. Un second vaccin, Cervarix®, orienté contre les HPV 16 et 18, verra bientôt le jour. Il sera proposé par le laboratoire GSK. jeunes filles de 12 ans, âge auquel la vaccination est recommandée outre-Atlantique, permettrait de réduire de 78 % l’incidence des cancers du col de l’utérus associés aux papillomavirus 16 et 18 et de près de 70 % l’apparition de lésions précancéreuses du col. « Ce bénéfice potentiel se confirmera si les médecins parviennent à convaincre leurs patientes de l’intérêt de cette vaccination et à faire respecter le schéma vaccinal », précise Christian Quéreux. Ces bons résultats ne dédouanent cependant pas les femmes du frottis. Le vaccin protège contre « seulement » 70 à 84 % des cancers de l’utérus et un certain nombre de femmes échapperont à la vaccination compte tenu du fait qu’il est recommandé, mais non obligatoire. « Le maintien du dépistage pour la population féminine de 25 à 65 ans est fondamental en parallèle de la vaccination, martèle Christian Quéreux. Le vaccin n’entend pas se substituer au frottis, mais complète l’arsenal préventif et contribue à lutter contre le cancer du col de l’utérus », conclut-il. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 41 LA SANTÉ DES FEMMES DR CANCERDUCOLDEL’UTÉRUS DR JOSEPH MONSONÉGO COORDINATEUR NATIONAL DES ESSAIS CLINIQUES DES VACCINS ANTI-HPV L’objectif est de vacciner le plus de jeunes filles possible et le plus tôt possible. Néanmoins, la pratique d’un frottis au moins tous les trois ans reste indispensable. PROPOS RECUEILLIS PAR AUDE RAMBAUD LE GÉNÉRALISTE Est-il possible de prévoir le bénéfice de la vaccination antipapillomavirus 6, 11, 16 et 18 pour la population générale ? Dr Joseph Monsonégo. Ce vaccin garantit une protection contre environ 70 % des cancers du col de l’utérus et 90 % des condylomes acuminés pour chaque femme vaccinée. En termes de santé publique, il est difficile d’estimer le bénéfice, car nous ne pouvons pas anticiper le taux de couverture de la vaccination chez les jeunes femmes. Je rappelle que le vaccin contre les papillomavirus est recommandé, mais qu’il n’est pas obligatoire. Aucun programme de vaccination organisé n’est, par exemple, prévu à l’école pour les jeunes filles de 14 ans. La décision de vacciner ou non est laissée à l’initiative individuelle des parents ou des jeunes femmes, sur conseil des médecins. Le taux de couverture sera donc lié à la mobilisation des parents et des médecins. Ce qui nécessite des efforts importants d’information et d’éducation des professionnels de santé ou encore des mères. Il faut convaincre de l’intérêt individuel de ce vaccin à l’aide d’arguments tangibles. Cela se traduira, à terme, par un bénéfice de santé collectif grâce à une diminution des virus circulants. Le test HPV, en complément du frottis, a t-il un intérêt avant ou après la vaccination? Dr J.M. Le test HPV ne peut pas constituer un préalable à la vaccination et n’est pas indiqué chez les jeunes filles de 9 à 26 ans. D’une PHANIE Le vaccin ne dispense pas du frottis Dr Joseph Monsonégo : « Plus la couverture vaccinale sera importante, plus elle entraînera un bénéfice de santé collectif grâce à une diminution des virus circulants (papillomavirus). » part, parce qu’avant un premier rapport sexuel, le bénéfice de la vaccination est optimal. D’autre part, parce qu’après un ou plusieurs rapports sexuels, la présence d’un papillomavirus est fréquente. Le test serait forcément positif et anxiogène, alors que l’infection est transitoire dans la grande majorité des cas. En revanche, au-delà de 26 ans, le test HPV aurait sa place. Il permettrait de détecter un risque potentiel de dysplasie ou de cancer du col en cas de présence persistante d’un papillomavirus à risque ou au contraire d’écarter ce risque en l’absence de virus pour les 5 à 10 ans à venir. Dans tous les cas, le frottis doit être ef- fectué et reste indispensable, et le test HPV peut être renouvelé tous les cinq ans. Actuellement, il n’est pas remboursé dans cette indication. Le couplage du frottis et du test viral optimiserait la sensibilité du dépistage. Comment convaincre l’adolescente ou la mère d’accepter la vaccination à 14 ans en prévision d’une prochaine vie sexuelle ? Dr J.M. A 14 ans, c’est rarement l’adolescente qui décide, mais plutôt sa mère. Et il n’est pas facile de parler de sexualité ou de cancer pour une jeune fille. L’acceptation de la vaccination dépendra donc de la façon de présenter les enjeux et le bénéfice individuel de cette démarche, sans dramatiser, sans inquiéter, sans précipiter. Il ne s’agit pas de trop rentrer dans les détails, mais d’essayer d’intégrer naturellement ce vaccin au calendrier vaccinal, au même titre qu’un rappel du vaccin anti-diphtérie-tétanos-polio. La vaccination n’est pas recommandée à l’heure actuelle chez les femmes de plus de 26 ans, peuvent-elles quand même en bénéficier si elles le désirent ? Dr J.M. Les femmes de plus de 26 ans ayant une vie sexuellement active ont déjà été en contact avec le virus pour un certain nombre d’entre elles. Elles ne font pas partie, aujourd’hui, de la cible première de la vaccination, mais des études d’évaluation clinique sont en cours pour connaître l’intérêt du vaccin chez ces femmes. Pour ces patientes, il faut plutôt améliorer le dépistage et insister sur l’intérêt d’un frottis régulier. La recommandation officielle est d’un frottis tous les trois ans, mais il vaut mieux le pratiquer plus souvent, tous les deux ans par exemple, compte tenu de la sensibilité incomplète de cet examen. Les femmes bien informées y sont le plus souvent favorables, mais y échappent parfois par négligence. En outre, cet examen reste également fondamental chez les jeunes femmes qui auront été vaccinées plus jeunes, car le vaccin n’apporte pas de protection absolue contre les pré-cancers et cancers du col de l’utérus. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 43 LA SANTÉ DES FEMMES CANCERDUCOLDEL’UTÉRUS COUVERTURE VACCINALE Les parents sont le plus souvent décideurs et il faut les convaincre de l’intérêt de la vaccination. Mais au-delà de 14 ans, c’est plutôt les jeunes filles qu’il faudra mobiliser, alors que les visites se font rares. Cela peut passer par une plus grande implication dans la prévention globale des adolescentes. Mobiliser les adolescentes et leurs parents L’efficacité de la vaccination estindiscutable,maissa mise en place devrait être plus difficile. Le dépistage organisé n’est pas encore à l’ordre du jour, les adolescentes de 14 ans consultent peu et les rappels vaccinaux sont rares à cet âge. Il faut donc réussir à convaincre la jeune fille et ses parents au cours d’une consultation antérieure en créant une relation de confiance », résume le Pr Serge Gilberg (faculté de médecine Paris Descartes). Pour une efficacité optimale, la vaccination doit se faire avant les premiers rapports sexuels qui exposent d’emblée les jeunes filles au papillomavirus. Le pic d’incidence de l’infection se situe entre 15 et 24 ans en France. L’âge médian du premier rapport y est de 17,5 ans, 3 % des filles ont un premier rapport avant 15 ans et 9 % avant 16 ans. A ce titre, les autorités de santé françaises recommandent la vaccination à l’âge de 14 ans, contrairement à de nombreux autres pays qui ont opté pour une vaccination un peu plus précoce, vers l’âge de 12 ans. « Il est inté- ressant de respecter l’âge recommandé afin de vacciner les j e u n e s f i l l e s j u ste avant les premiers rapports, au plus près du pic d’infection, car, pour le moment, nous n’avons pas assez de recul sur ce vaccin pour connaître son temps de couverture et donc d’efficacité », explique Serge Gilberg. Profiter d’un rappel vaccinal BURGER/PHANIE « 17, 5 ans c’est l’âge médian A partir de 11 ans, le du premier rapport médecin généraliste chez les filles. ne doit pas « rater » l’oppor tunité d’en parler aux adolescentes et à leurs jeux aux parents et de la programparents afin de les convaincre mer l’année qui suit », suggère de se faire vacciner à 14 ans. « Il Serge Gilberg. Environ deux tiers existe notamment un rendez-vous des parents bien informés sur les vaccinal entre 11 et 13 ans pour le enjeux de cette prévention se dérappel des vaccins DTP et coque- clarent prêts à vacciner leur fille. luche. Cette visite peut être une « L’acceptation devrait être bonne, bonne occasion d’initier le dialo- compte tenu de l’enjeu important gue sur la vaccination anti-papil- de cette vaccination », estime lomavirus, d’en expliquer les en- Serge Gilberg. Pour le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue-andrologue, le fait d’en parler à des fillettes enLA SITUATION DANS LES AUTRES PAYS core plus jeunes, âgées de 9 à Les autorités de santé Les autorités allemandes 11 ans pourrait également être bénéfique. Elles n’ont pas encore américaines ont été les préconisent la vaccination de relation avec les garçons et premières à émettre leurs des filles de 12 à 17 ans. La sont donc « intellectuellement inrecommandations. Elles Norvège et le Luxembourg dépendantes ». Elles pourraient demandent la vaccination recommandent également la ainsi assimiler plus facilement le de routine des fillettes vaccination dès l’âge de 12 ans message. de 11-12 ans et la vaccination avec des rattrapages jusqu’à Au-delà de cet âge, il faut de rattrapage des jeunes filles respectivement 16 et 18 ans. Enfin, l’Autriche réussir à parler du vaccin sans et des jeunes femmes de 13 à faire intrusion dans la vie 26 ans. Elles stipulent que les se distingue par ses recomsexuelle de l’adolescente. Le fillettes de 9 et 10 ans peuvent mandations concernant Pr David Khayat estime donc être vaccinées si leur médecin les filles, mais également qu’il faut déculpabiliser les filles le juge opportun. les garçons âgés de 9 à 15 ans. pour faire plus facilement 44 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 passer le message. « L’infection au papillomavirus est banale et presque obligatoire au cours de la vie sexuelle », clarifie-t-il. Une implication accrue des généralistes Ce nouveau vaccin peut également être l’occasion pour les médecins généralistes de s’impliquer davantage dans la prévention globale des adolescentes : les rappels vaccinaux (DTP, hépatite B), les conduites à risque comme l’isolement ou les addictions, les comportements alimentaires incohérents, la contraception et les maladies sexuellement transmissibles. Les patientes disent souvent qu’elles accepteraient de parler de ces aspects avec leur médecin si celui-ci les abordait. « La vaccination contre le papillomavirus s’intégrera alors naturellement dans une telle consultation », conclut Serge Gilberg. Aude Rambaud DYSPLASIES Malgré la vaccination, il est indispensable de pratiquer un dépistage régulier des dysplasies cervicales chez toutes les femmes grâce au frottis. Traitement par laser ou conisation sont préconisés en fonction du grade de la dysplasie. Sans perdre de vue les conséquences obstétricales des traitements chirurgicaux. Un traitement adapté au grade de la lésion Colposcopie et biopsie Le dépist age des dysplasies consiste à pratiquer régulièrement un frottis cervico-vaginal tous les deux ou trois ans, chez toutes les femmes en période d’activité génitale. C’est la seule méthode recommandée pour dépister la survenue d’une dysplasie du col. Elle permet de découvrir les lésions précurseurs du cancer du col de l’utérus. Histologiquement, les dysplasies sont classées en trois grades, selon la hauteur de l’épithélium impliquée (CIN = Cervical Intraepithelial Neoplasia) : CIN 1 ou légères, CIN 2 ou modérées et CIN 3 ou sévères. Les dysplasies de bas grade, CIN 1, sont les plus fréquentes. Ces dysplasies ont une très grande probabilité de régresser spontanément. Dès qu’une dysplasie « de bas grade » ou légère est mise en évidence, une colposcopie est systématiquement pratiquée avec biopsie, afin de confirmer qu’il s’agit bien d’une dysplasie légère. Si c’est le cas, ces lésions ne sont pas graves. Elles traduisent l’état infectieux des cellules contaminées par HPV. Elles régressent en un à deux ans dans 60 à 80 % des cas. Le traitement de ces lésions ne s’impose que si elles persistent au-delà de dix-huit mois. Dans ce cas, une vaporisation au laser est pratiquée sur le col de l’utérus. Dans l’intervalle, une surveillance régulière est réalisée, à l’aide d’un frottis tous les six mois. La chirurgie réservée aux dysplasies modérées ou sévères Lorsqu’une dysplasie « de haut grade », modérée (CIN 2) ou sévère (CIN 3), est dépistée, en règle générale, une conisation ou une électro-conisation est réalisée. Il s’agit d’une résection de la lésion, qui risque sinon d’évoluer vers un cancer du col. Dans 95 % des cas, la femme sera guérie. Néanmoins, dans 5 % des cas, les patientes restent à risque de développer une nouvelle dysplasie. D’où la nécessité de les surveiller toute leur vie. Un frottis est alors préconisé tous les ans. Pour déterminer si la femme peut récidiver, un test HPV est réalisé dans le cadre de la surveillance postopératoire. Si ce test est négatif, en règle générale, les patientes ne récidiveront pas. Si le test est positif, une récidive est possible et une surveillance accrue est indispensable. « Il est très important de bien poser les indications du traitement, insiste le Dr Jean-Luc Mergui. En effet, les femmes traitées sont jeunes. Or les traitements chirurgicaux du col de l’utérus peuvent avoir des conséquences obstétricales. Ainsi, les femmes ayant subi une conisation ont un risque d’accouchement prématuré, de rupture prématurée des membra- I AN PH R/ E G BUR E est au début de sa vie sexuelle, entre 16 et 18 ans en moyenne, qu’une femme pourra être infectée par le papillomavirus (HPV). A ce stade, aucune lésion n’est décelable sur le plan cytologique. Ce n’est qu’entre 22 et 26 ans que des dysplasies ou lésions pré-cancéreuses pourront apparaître. Enfin, c’est vers 40 ans, que le cancer invasif du col peut se déclarer. Ainsi, une vingtaine d’années s’écoulent entre l’infection et le cancer. Le papillomavirus humain induit des dysplasies de bas et haut grade. nes ou de donner naissance à un enfant de petit poids. En revanche, cette intervention n’entraîne pas d’infertilité. Quant au traitement par laser, il n’affecte ni la fertilité ni l’avenir obstétrical des patientes. D’où l’intérêt d’envoyer les patientes dans des centres spécialisés pour ne pas compromettre leur fertilité et leur avenir obstétrical. » Dr Mathilde Ferry D’après un entretien avec le Dr Jean-Luc Mergui, hôpital Tenon, Paris. CAS PARTICULIER : LA FEMME ENCEINTE Une dysplasie peut être dépistée chez une femme enceinte, car le frottis fait partie des examens systématiques de début de grossesse. Il n’est pas possible de traiter les lésions dysplasiques pendant la grossesse. Il faut BURGER/PHANIE C’ attendre que la femme ait accouché. Une surveillance à l’aide de frottis réguliers complétés éventuellement d’une colposcopie avec biopsie est effectuée tout au long de la grossesse. Un contrôle est effectué dans le post-partum, deux à trois mois après l’accouchement, pour vérifier si les lésions ont régressé (ce qui est le cas des dysplasies de bas grade) ou si elles persistent (ce qui est le cas des dysplasies de haut grade) ; un traitement est alors indiqué. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 45 LA SANTÉ DES FEMMES CONTRACEPTION DE L’ADOLESCENTE Il est difficile de responsabiliser les adolescentes sur leur contraception. Leurs rapports sexuels sont souvent irréguliers et elles acceptent mal les contraintes. Il faut donc choisir le moyen de contraception le mieux adapté à la demande et au mode de vie de sa patiente. BURGER/PHANIE La première consultation est essentielle Il est important d’expliquer clairement comment s’utilise la pilule. L’ offre contraceptive est vaste et les jeunes filles paraissent disposer de toute l’information voulue. Pourtant, le taux d’IVG chez les mineures ne baisse pas. La mauvaise observance à la contraception est souvent liée à une première consultation trop rapide. Il faut prendre le temps de parler avec sa patiente de sa vie amoureuse, de ses souhaits en matière de contraception, mais aussi de problèmes de règles douloureuses ou abondantes, de douleurs mammaires, de prise de poids, de peau grasse ou acnéique. Les jeunes filles sont généralement très attachées à leur qualité de vie. Cette consultation peut également permettre d’aborder d’autres sujets de prévention ; l’hygiène de vie, l’alimentation, le tabagisme ou autres addictions, la pratique sportive… et ainsi de choisir le moyen de contraception le mieux adapté à la situation personnelle de la patiente. En outre, il faut expliquer clairement com- 46 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 ment s’utilise la pilule. Le premier comprimé se prend le premier jour des règles, puis se reprend 28 jours après. La reprise ne correspondra pas forcément au premier jour des nouvelles menstruations. Insister également sur l’obligation de ne pas dépasser 12 heures de retard pour la prise. Certains laboratoires proposent d’ailleurs un service quotidien d’alerte par SMS. « Je rappelle à ces jeunes filles qu’à partir du moment où elles ont une vie sexuelle, elles prennent une responsabilité d’adulte, elles engagent leur santé. Cela impose d’associer contraception et préservatif pour lutter contre les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles », souligne le Dr Roux. je peux alors changer la pilule pour une forme moins dosée ou proposer une autre alternative. » L’anneau vaginal, mis en place pour 21 jours, a l’avantage d’être faiblement dosé. Le patch hebdomadaire apporte des doses un peu plus importantes qui peuvent entraîner des nausées ou des douleurs mammaires. Le stérilet est à réserver aux femmes pour qui les autres moyens contraceptifs sont contre-indiqués, même s’il existe des stérilets « shorts ». Chez les nullipares, la pose est douloureuse et le risque d’infection, surtout en cas de partenaires multiples, engage la fécondité ultérieure. La pilule estroprogestative, un choix fréquent chez la jeune fille La pilule du lendemain est en accès libre sans ordonnance et gratuite chez les mineures. Discuter de contraception avec sa jeune patiente engage d’emblée à parler de la pilule d’urgence. Elle devrait même être inscrite sur la première ordonnance ainsi que son mode d’emploi. Dr Maia Bovard-Gouffrant Les pilules dosées à 30 μg d’éthinyl-estradiol sont remboursées. Elles assurent un bon blocage de l’ovulation et améliorent l’acné. Des pilules minidosées à 15 μg ou 20 μg d’éthinylestradiol sont également disponibles. Elles ont moins d’effets secondaires sur le poids, la tension mammaire ou les nausées, mais ne sont pas remboursées et exigent un respect plus strict des prises. Enfin, les pilules contenant les progestatifs les plus récents comme la drospirénone apportent un bénéfice sur la prise de poids et l’acné. Les progestatifs seuls et notamment les microprogestatifs, sont réservés aux patientes chez qui les pilules estroprogestatives sont contre-indiquées : en cas d’antécédent cardiovasculaire, de diabète, d’hypertension, de maladie veineuse ou encore de tabagisme important, fréquent chez l’adolescente. « En pratique, je revois la jeune fille après trois mois de contraception orale, avec un bilan biologique – glycémie, cholestérol, triglycérides – pour faire le point avec elle, commente la gynécologue. Si elle a des difficultés à prendre régulièrement ses comprimés ou même à les avaler, si elle se plaint d’effets secondaires, Aborder la contraception d’urgence dès le premier rendez-vous D’après un entretien avec le Dr Corinne Roux, gynécologue (Tours). QUICK SWITCH PLUTÔT QUE QUICK START Le « quick start » qui consiste à démarrer la pilule d’emblée sans attendre le premier jour des règles, peut être intéressant pour améliorer l’observance et ne pas risquer de grossesse dans l’intervalle. « Mais pour la première contraception, explique le Dr Roux, il vaut mieux respecter le schéma d’instauration classique pour être certain qu’il n’y a pas de grossesse en cours. En revanche, il est tout à fait possible en cours de plaquette de changer la pilule ou même de moyen de contraception. » LA SANTÉ DES FEMMES TRAITEMENT HORMONAL SUBSTITUTIF Depuis l’étude WHI qui mettait en exergue un sur-risque de cancer du sein et de complications cardiovasculaires chez les femmes traitées par un traitement hormonal, les médecins éprouvent certaines réticences à le prescrire à des patientes inquiètes. Les études ESTHER et 3N apportent des éclaircissements sur les molécules et les modes d’administration à privilégier pour une meilleure sécurité. MAIA BOVARD-GOUFFANT BURGER/PHANIE Rassurer les femmes et les médecins 45 pour 1 000 avaient développé un le traitement estroprogestatif est suscancer du sein sous THS. « Une aug- ceptible de réduire le risque de canmentation du risque absolu qui restait cer du côlon (-30 % dans l’étude finalement modérée », précise le Dr Ga- WHI) et les estrogènes pourraient aussi freiner l’évolution de l’hépatite B ou C briel André. Un des derniers rebondissements vers la fibrose et le cancer du foie. était la mise en évidence, fin 2006, de la diminution de l’incidence du cancer Risque cardiovasculaire : du sein aux Etats-Unis, attribuée à la revoir le timing et le casting baisse de prescription du THS. « Ce lien Un des auteurs de l’étude WHI, le de cause à effet évoqué par les Améri- Dr J. Rossouw, vient de revenir sur cains ne peut être complètement rejeté, l’augmentation des infarctus du myoexplique le Dr André, dans la mesure carde, et confirme qu’entre 50 et 60 ans où le MPA utilisé aux Etats-Unis est un il n’y a pas de sur-risque à prescrire des progestatifs les plus cancérigènes. un THS. Au contraire, même chez des En revanche, si on se réfère au THS “à femmes obèses recevant des EEC, le risla française”, l’étude observationnelle que relatif d’IDM est réduit de 40 %, à 3N portant sur 80 000 femmes n’a pas la limite de la significativité dans une montré, après un suivi de 7,3 ans, de population où le risque d’événement sur-risque de cancer du sein, ni avec la cardiovasculaire est faible. L’étude améprogestérone naturelle, ni avec la dydro- ricaine KEEPS va d’ailleurs vérifier l’hygestérone, un isomère de la progestérone pothèse d’un effet cardio-protecteur naturelle associées à un oestrogène. On du THS en étudiant l’évolution des marpeut donc raisonnablement rassurer les queurs intermédiaires d’athérome femmes… et les pres– épaisseur intimacripteurs », conclut-il. média et calcifications En ce qui concerne artérielles – avec la le cancer de l’endomèprogestérone naturelle tre, son risque justifie associée soit aux des femmes reçoivent en l’association des propatchs estrogéniques, France un THS pendant gestatifs aux estrogèsoit au Prémarin®. On au moins un an, débuté nes chez les femmes sait que le THS retarde une fois sur quatre non hystérectomisées. l’apparition de l’athépar un généraliste. Un article récent du rome sur une artère Lancet évoque une saine, mais favorise la augmentation du canrupture de plaque et la cer de l’ovaire, qui est faible – « 1 pour thrombose sur un endothélium déjà 2 500 femmes traités », et à regarder lésé. Aussi est-il impératif de le prescrire avec circonspection, car issue de la Mil- dès le début de la ménopause, et non lion Women Study, une étude entachée comme c’était le cas dans la WHI après de très nombreux biais. En revanche, un intervalle libre d’environ 13 30 % E n 2002, les résultats de l’étude américaine WHI montraient une hausse du risque relatif de cancer du sein sous THS. Celui-ci était de 1,2 après cinq ans de traitement par l’association estrogènes équins conjugués (EEC) et medroxyprogestérone acétate (MPA), c’est-à-dire que dans la tranche des femmes de 50 à 70 ans, 47 femmes pour 1 000 au lieu de Prescrit selon les recommandations, le THS a un impact bénéfique sur la qualité de vie des patientes. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 47 LA SANTÉ DES FEMMES ans, ce qui aggravait le risque d’IDM, d’AVC et d’Alzheimer. En ce qui concerne la maladie thrombo-embolique veineuse, l’effet délétère du THS est lié, d’une part à la voie d’administration des estrogènes (il est augmenté par l’administration orale, mais non par la voie percutanée, comme l’a montré l’étude ESTHER) et d’autre part au type de progestatif. Le risque est un peu plus élevé avec les dérivés de la 19-norprogestérone, ce qui fait préférer la progestérone naturelle chez les patientes à risque veineux. « Bonus » sur la qualité de vie On commence à mieux connaître l’impact bénéfique du THS sur des troubles qui pour être bénins n’en constituent pas moins une gêne importante chez la femme ménopausée. Les modifications de la silhouette sont mal vécues, avec, après la ménopause, une augmentation de la masse grasse au détriment de la masse maigre et une redistribution des graisses au niveau abdominal. Or les estrogènes sont susceptibles de freiner cette évolution. En revanche, les progestatifs ne limite- raient la prise pondérale que lorsqu’ils sont utilisé par voie orale. Si on connaît le rôle du THS sur l’os, il pourrait aussi exercer un effet protecteur au niveau du cartilage et retarder la progression de l’arthrose. Des arthralgies dont la physiopathologie est mal connue et sans lien avec l’arthrose ni l’arthrite, peuvent survenir à l’arrêt du THS et disparaissent avec la réintroduction des estrogènes. Le THS freinerait aussi la survenue du syndrome du canal carpien. Les estrogènes améliorent l’aspect cutané de la peau et le processus de cicatrisation. D’autres effets sont moins connus, mais pas moins importants : le THS réduit les ronflements et améliore le syndrome d’apnée du sommeil. Il y a également une corrélation entre le pourcentage de perte d’acuité auditive annuelle et le taux d’estrogènes circulants : le THS ralentit le déclin auditif. Enfin, les modifications de la voix présentes chez 62 % des femmes ménopausées non traitées ne seraient observées que chez 16 % des femmes sous THS. D’après un entretien avec le Dr Gabriel André, gynécologie obstétrique, Strasbourg. DES TRAITEMENTS ALTERNATIFS PEU NOMBREUX Les isoflavones de soja ne constituent pas une véritable alternative, dans la mesure où ils n’agissent que sur les bouffées de chaleur, et ce de façon inconstante, et que leur action estrogénique faible n’a pas fait la preuve de son innocuité, en cas de contre-indication aux estrogènes. Par conséquent, il convient de rester réservé en cas de cancer du sein. On reste donc très démuni pour le traitement des bouffées de chaleur. Le véralipride peut être prescrit, mais il a l’inconvénient d’augmenter la prolactine. La bêta-alanine peut constituer une alternative intéressante. Certains préconisent le recours aux inhibiteurs de la recapture de la sérotonine comme la venlafaxine ou la fluoxétine ; en cas de cancer du sein, la prise d’un comprimé de venlafaxine retard à 37,5 mg par jour a montré son efficacité. La clonidine (1/4 de comprimé quatre fois par jour) est inconstamment active. FACTEURS DE RISQUE BURGER/PHANIE Redonner sa juste place au THS L es recommandations de l’HAS restent plus en retrait que celles de l’Afem (Association française pour l’étude de la ménopause), et préconisent de traiter uniquement les femmes présentant des symptômes climatériques, en rappelant qu’il s’agit d’un choix personnel pour chaque femme et que le rapport bénéfice-risque doit être évalué au moins annuel- 48 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 lement. Par symptômes climatériques, on entend généralement bouffées de chaleur, mais les femmes gênées par des difficultés sexuelles, une psychasthénie, des troubles de l’humeur devraient aussi pouvoir en bénéficier si elles le souhaitent. Le risque d’ostéoporose n’est pas pris en compte par l’HAS, alors que la WHI a parfaitement montré que les estrogènes assurent la meilleure prévention de l’ostéoporose, sur tous les sites de fractures, et pas seulement chez les femmes ostéopéniques ou ostéoporotiques. Pour l’Afem, la prévention du risque fracturaire chez les femmes paucisymptomatiques peut justifier la prescription du THS si la patiente le désire. Les contre-indications du THS sont finalement peu fréquentes, en dehors du cancer du sein, du lupus ou des porphyries. Les antécédents thrombotiques contre-indiquent le THS pendant six mois et constituent ensuite une précaution d’emploi, à condition d’utiliser les estrogènes percutanés et la progestérone naturelle. La notion de fenêtre thérapeutique Le THS doit être institué tôt, idéalement dans les deux premières années qui suivent la ménopause, période où les bénéfices sont maximum, alors qu’après cinq ans, le rapport bénéfice-risque diminue et peut même s’inverser. Il est recommandé d’utiliser la dose minimale efficace, en commençant par une faible posologie à ajuster en fonction de la persistance des troubles climatériques ou de la survenue de signes de surdosage comme une mastodynie. L’HAS n’a pas fixé de durée pour le traitement, mais il est conseillé, après quelques années de traitement, de faire une pause thérapeutique de plusieurs semaines, afin de décider de la poursuite ou non du THS selon la réapparition des symptômes et du choix de la patiente. GARO/PHANIE LA SANTÉ DES FEMMES PATHOLOGIES CARDIOVASCULAIRES Après 50 ans, le risque d’infarctus du myocarde des femmes rejoint celui des hommes et les coronaropathies sont la première cause de décès des femmes. Or on sait aujourd’hui que les facteurs de risque cardiovasculaires sont identiques dans les deux sexes. Prendre à cœur les mesures de prévention C mation d’huile d’olive et d’oméga 3 (poissons gras et huile de colza) et consommer au moins cinq fruits et légumes Le cocktail explosif tabacpar jour. Par ailleurs, l’exercice pilule multiplie par dix physique, régulier et suffisant, le risque d’infarctus permet d’abaisser la pression chez les femmes artérielle, le taux de lipides avant 35 ans. dans le sang, d’améliorer la topar sept. Les femmes prélérance au glucose et de perdre sentent un risque moindre de poids quand il est associé à d’événement cardiovascudes mesures diététiques. Il importe de trou- laire avant la ménopause compte tenu de leur ver, avec le patient, un type d’activité physi- équilibre hormonal. Mais les fumeuses ne béque qui lui plaise car, pour être efficace, l’exer- néficient pas de cette « protection » et voient cice doit être pratiqué pendant 30 minutes, leur risque d’événement cardio-vasculaire maau moins 3 à 5 fois par semaine. Par ailleurs, joré avant la ménopause. L’association pilulela prescription d’hypolipémiants est souvent tabac forme un cocktail particulièrement exnécessaire malgré les mesures diététiques. plosif pour le cœur. Chez les femmes jeunes qui fument sous contraceptifs oraux, le risque d’infarctus est multiplié par dix avant l’âge Tabac : un toxique puissant de 35 ans et par cent après 35 ans. Le risque contre le cœur des femmes Le tabac représente la seconde plus grande d’accident vasculaire cérébral est lui, multimenace pour la survenue d’un infarctus du plié par 20. Le sevrage tabagique constitue donc une myocarde après l’hypercholestérolémie. Il multiplie en moyenne par trois le risque d’in- mesure de prévention cardio-vasculaire effifarctus. Mais ce risque est proportionnel au cace à tous les âges de la vie. Après un an d’arnombre de cigarettes prises quotidiennement. rêt, le risque de maladie coronarienne dimiUne patiente qui fume plus d’un paquet par nue de moitié et, après dix ans, le risque jour verra par exemple son risque multiplié cardio-vasculaire rejoint celui d’une personne n’ayant jamais fumé. Après un infarctus, l’arrêt du tabac est particulièrement bénéfique. Il réduit de moitié la mortalité. INFARCTUS, LES GESTES D’URGENCE Pour tous les fumeurs qui en ressentent le besoin, l’aide au sevrage est particulièreLa présence d’une douleur rétrosternale constrictive qui dure plus de 15 minutes ment utile. Les substituts nicotiniques peucache a priori un infarctus du myocarde et justifie l’appel du 15 en urgence. Il est utile vent être prescrits dès la sortie de l’unité de d’administrer de l’aspirine (300 mg) d’absorption rapide (non gastro-protégée). soins intensifs au décours immédiat d’un inEn cas d’arrêt cardiaque, appeler le 15 et débuter immédiatement 30 compressions farctus du myocarde. Dans tous les cas, bien thoraciques sur un plan dur, au milieu du thorax, bras tendus. Fréquence préciser au patient qu’il doit absolument s’ardes compressions : 100 par minute. Insufflation pendant une seconde toutes rêter de fumer sous substitut nicotinique. les 30 compressions sans interrompre les compressions. Réaliser un choc électrique s’il existe un défibrillateur à proximité, tout en continuant le massage cardiaque Dr Emmanuel Cuzin omme chez les hommes, la prévention cardiovasculaire des femmes doit être globale et faire l’objet d’informations approfondies, voire d’une négociation, entre le médecin et sa patiente. L’étude INTERHEART publiée en 2004, réalisée dans 52 pays et incluant 30 000 personnes, dont la moitié avait fait un infarctus du myocarde, montre bien que les facteurs de risque sont communs aux hommes et aux femmes. Neuf d’entre eux entraînent 94 % des infarctus du myocarde des femmes. Parmi eux, le tabac, l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité abdominale (tour de taille > 88 cm chez les femmes) ou encore le stress sont largement incriminés. L’hypercholestérolémie étant le premier facteur de risque, quel que soit le sexe. Or tous ces facteurs sont modifiables. En outre, l’adaptation de l’hygiène de vie et de l’alimentation est bénéfique sur la santé cardiovasculaire. Elle passe notamment par la consommation quotidienne de fruits et de légumes et l’exercice physique régulier. La prévention cardiovasculaire nécessite donc d’expliquer au patient comment modifier son alimentation pour se rapprocher du régime méditerranéen : diminuer la quantité de graisses saturées, privilégier la consom- (plusieurs personnes sont nécessaires) jusqu’à ce que la personne reprenne connaissance ou jusqu’à l’arrivée des secours. 50 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 x 10 D’après un entretien avec le Pr Nicolas Danchin, service de cardiologie interventionnelle HEGP-Paris. SANTÉ DE LA PEAU La salle de bains n’a plus l’apanage des soins cutanés, et un détour par la cuisine se révèle précieux pour assurer à la peau les nutriments essentiels à son hydratation, avec l’aide ponctuelle de compléments alimentaires. VOISIN/PHANIE LA SANTÉ DES FEMMES La beauté vient en mangeant S i des apports liquidiens suffisants sont indispensables, l’eau du derme n’est pas mobilisable par l’hypoderme et l’hydratation de la peau dépend avant tout de l’aptitude de la barrière cutanée à limiter l’évaporation naturelle de l’eau. La « fonction barrière » de la peau dépend en partie de la qualité du film hydro-lipidique, et les apports en acides gras essentiels, en particulier les oméga 3 et 6 sont indispensables à la construction et au renouvellement des cellules cutanée, une raison supplémentaire pour consommer régulièrement des huiles végétales type colza et des poissons gras. Vitamines et oligo-éléments L’exposition directe de la peau à des stress oxydatifs (pollution, soleil, conditions climatiques) accroît ses besoins en antioxydants, comme le trio vitaminique A, C et E, les caroténoïdes (carotène, lycopène), ainsi que des polyphénols, particulièrement intéressants pour la cohésion cellulaire. La vitamine C intervient aussi dans la formation du collagène, la vitamine E préserve les lipides membranaires (huile de germes de blé, amandes, noisettes) ; le sélénium est un antioxydant puissant (fruits de mer, poisson, des noix, noisettes, amandes, champignons, ail, échalote). D’autres oligo-éléments jouent un rôle important comme le cuivre, le zinc, le silicium (pour la synthèse du collagène), le magnésium et le manganèse qui interviennent dans les réactions enzymatiques. On pourrait ajouter à cette liste, les vitamines du groupe B, les acides aminés soufrés (cystine, méthionine), le fer et le zinc, indispensables à la bonne qualité du cheveu. Pour « booster » l’apport nutritionnel, on trouve maintenant des « alicaments » sous forme de yaourts enrichis en oméga 6, antioxydants et vitamines E. Lutter contre le stress oxydatif généré par le soleil ou le vieillissement Tous les éléments nécessaires se trouvent en principe dans nos assiettes à condition d’avoir une alimentation de qualité suivant les recommandations du Les apports en oméga 3 Pnns. Mais elles et 6 sont indispensables ne sont pas touau renouvellement des cellules cutanées. jours aisées à respecter au quotidien, surtout lorsque la peau doit faire face à des situations de stress oxydatifs comme l’exposition au soleil, le tabac, le vieillissement. Des cures ponctuelles peuvent ainsi aider en ciblant la protection solaire, la sécheresse cutanée, le vieillissement cutané ou hormonal, la santé des cheveux. « Ces cures durent environ trois mois, mais doivent être entreprises séparément pour éviter de dépasser les AJR », rappelle le Dr Pomarède. Les résultats d’une méta-analyse parue dans le RENFORCER LES DÉFENSES CUTANÉES CONTRE LE SOLEIL Les compléments alimentaires – vitamine A, C, et E, bêtacarotène, sélénium, zinc, manganèse – apportent une aide précieuse pour préparer la peau au stress oxydant du soleil, à condition d’être débutés au moins trois semaines avant l’exposition au soleil, idéalement quatre à huit semaines. Ils sont conseillés en particulier pour les peaux qui subissent facilement les coups de soleil ou présentent des lucites estivales. Différentes études ont montré que grâce à leurs propriétés antioxydantes et photoprotectrices, ils limitent les coups de soleil et le vieillissement cutané lié au soleil. Jama en février 2007 avaient jeté un doute en arguant que la supplémentation en vitamine A, E et de bêtacarotène augmentait le risque de décès, mais les critères de sélection des études étaient critiquables et les doses de vitamines prescrites largement supérieures aux doses recommandées. L’étude SU.VI.MAX avait montré en revanche que l’apport quotidien complémentaire de vitamines ou de minéraux antioxydants pendant huit ans diminuait d’un tiers la mortalité globale. Des études plus poussées seront nécessaires pour préciser l’intérêt de la supplémentation dans diverses indications. « Il faut rester raisonnable, conclut le Dr Pomarède. Les compléments alimentaires ne pallient pas une alimentation déséquilibrée, mais permettent de lutter efficacement contre des stress ponctuels » Dr Maia Bovard-Goufffrant D’après un entretien avec le Dr Nadine Pomarède, dermatologue-allergologue (Paris), auteur de « Bien nourrir sa peau ». Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 53 BURGER/PHANIE LA SANTÉ DES FEMMES OBÉSITÉ ET DIABÈTE En France comme dans tous les pays industrialisés, l’obésité et le diabète progressent inexorablement. Aucune tranche d’âge n’est épargnée et les femmes sont particulièrement concernées, comme le montrent les derniers résultats de l’étude ObEpi. Comment limiter l’inflation L e monde compte dorénavant plus d’obè- masse corporelle (IMC) : ses que de personnes souffrant de malnu- elle est de 6,8 % en l’abtrition : selon l’OMS, un milliard de person- sence de surpoids, de nes sont victimes d’excès pondéral 12,7 % en cas de surpoids, (300 millions d’entre eux sont obèses), tan- et de 20 % pour les persondis que 800 millions de personnes ne man- nes obèses (IMC > gent pas à leur faim. L’obésité est considé- 30 kg/m2). rée comme la plus importante source de maladies chroniques dans le monde, pouvant Surveiller entraîner un diabète, de l’hypertension, des le tour de taille Parallèlement à celle de infarctus et certains types de cancers. La quatrième édition de l’enquête ObEpi- l’obésité, la prévalence du Roche, dont les résultats ont été publiés en diabète de type 2 a donc 2006, montrent que la France n’échappe pas elle aussi subi une forte L’obésité est plus fréquente chez les femmes (13 %) à la tendance générale. La fréquence de l’obé- augmentation : 2,2 milque chez les hommes (11,8 %). sité a encore augmenté en France et touche lions de diabétiques sont aujourd’hui 12,4 % de la population, contre aujourd’hui traités en 11,3 % en 2003 (8,2 % en 1997), mais sa pro- France (soit 3,7 % de la population) contre chez la femme et 102 cm chez l’homme), progression s’infléchit. L’obésité est plus fré- 1,8 million en 1998. La proportion de diabé- gresse de façon particulièrement nette chez quente chez les femmes (13 %) que chez les tiques de type 2 traités atteint 9 % entre les femmes. Selon l’étude ObEpi, 35,8 % des hommes (11,8 %). En revanche, le surpoids 55 et 64 ans et 14 % après 65 ans. 70 % d’en- femmes ont un tour de taille supérieur à ce seuil en 2006 contre 27,1 % en 2003. n’augmente pas, et concerne plus d’hommes tre eux sont obèses, dont 37 % en surpoids. Une étude menée en pratique médicale de Le tour de taille, considéré comme un (36,5 %) que de femmes (23,3 %). La comparaison avec les études précédentes (la pre- marqueur de risque cardiovasculaire à part ville en 2007, portant sur 3 351 patients (âge mière date de 1997) met en relief un effet entière lorsqu’il dépasse le seuil Ncep (88 cm moyen : 55 ans) consultant un médecin générationnel très net : à un âge donné, les jeunes générations ont un IMC supérieur à celui de UNE NOUVELLE ARME CONTRE LE DIABÈTE DE TYPE 2 ET L’OBÉSITÉ leurs aînés au même âge. L’obésité survient donc plus tôt dans énergétique et du métabolisme glucidoDisponible depuis peu, Acomplia® la vie. lipidique. (rimonabant) est indiqué dans le traitement Les répercussions métaboliAcomplia® est remboursé (au taux de 35 %) des patients obèses (IMC > 30 kg/m2) ou en ques de l’obésité – hypertensurpoids (IMC > 27 kg/m2) avec des facteurs uniquement pour les patients obèses sion, diabète, dyslipidémies – et diabétiques de type 2 insuffisamment de risque associés, tels que diabète de type 2 sont bien connues. Selon l’encontrôlés par une monothérapie par ou dyslipidémie, en association au régime quête ObEpi, 36,1 % des sujets metformine ou sulfamide hypoglycémiant, et à l’activité physique. C’est le premier obèses sont traités pour une hyen association au traitement antidiabétique médicament d’une nouvelle classe, pertension, 24,3 % pour une oral, au régime et à l’activité physique. les antagonistes sélectifs des récepteurs CB1. dyslipidémie et 9,9 % pour un Il ne doit pas être prescrit en cas de maladie Présents dans le cerveau et les tissus diabète de type 2. La proportion périphériques, notamment dans les adipocytes psychiatrique grave et non contrôlée, chez de personnes de plus de 65 ans des patients traités par antidépresseurs et en du tissu adipeux viscéral, ces récepteurs traitées pour un diabète de sont impliqués dans la régulation de l’équilibre cas d’antécédents de dépression caractérisée. type 2 augmente avec l’indice de Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 55 LA SANTÉ DES FEMMES généraliste, un cardiologue ou un endocrinologue pour n’importe quel motif, va dans le même sens, faisant ressortir une prévalence de l’obésité abdominale de 44 % chez les hommes et de 53 % chez les femmes. Vingt pour cent des femmes avec obésité abdominale ont un diabète de type 2. SAATCHI & SAATCHI HEALTHCARE - 168057 - 03/06. Encadrer la perte de poids gnésium a m le d n a u Q uer vient à manq 12,4 % Remboursable à 35 % par la Sécurité Sociale MAGNE B6®, comprimé enrobé. Composition : Magnésium 48 mg, sous forme de lactate de magnésium dihydraté 470 mg. Chlorhydrate de pyridoxine : 5 mg. Excipients dont saccharose q.s.p. un comprimé enrobé de 930 mg. La teneur totale en magnésium élément est de 48 mg (1,97 mmol) par comprimé. DONNÉES CLINIQUES : Indications thérapeutiques : Carences magnésiennes avérées, isolées ou associées. Posologie et mode d’administration*. Contre-indications : - Hypersensibilité à l’un des constituants, - Insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine inférieure à 30 ml/min.). Mises en garde et précautions particulières d’emploi : Mises en garde : En cas de carence sévère, le traitement doit être commencé par la voie veineuse. Il en est de même en cas de malabsorption. En cas de carence calcique associée, il est recommandé de procéder d’abord dans la plupart des cas, à la réplétion magnésienne avant la calcithérapie. En raison de la présence de saccharose, ce médicament est contre-indiqué en cas d’intolérance au fructose, de syndrome de malabsorption du glucose et du galactose ou de déficit en sucrase-isomaltase. - Précautions d’emploi : CE MÉDICAMENT EST RÉSERVÉ À L’ADULTE ET À L’ENFANT DE PLUS DE 6 ANS. Il existe des formes pharmaceutiques adaptées à l’enfant de moins de 6 ans. En cas d’insuffisance rénale modérée, des précautions sont à prendre, afin d’éviter le risque relatif à une hypermagnésémie. Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions*. Grossesse et allaitement*. Effets indésirables : - diarrhées, - douleurs abdominales, - réactions cutanées, - réactions allergiques. Surdosage*. PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES : SUPPLEMENTS MINERAUX*. DONNEES PHARMACEUTIQUES*. Conditions de prescription et de délivrance : médicament non soumis à prescription. Comprimé (Boite de 50) : AMM n° 312 500-9 (rév. déc. 2005) - Prix : 3,23 €. - Remb. Séc. Soc. à 35 % Ag. Coll. * Pour une information complète se reporter à la monographie du produit - Sanofi-aventis otc - 1-13, boulevard Romain Rolland 75014 PARIS - N° tél. Information Médicale : 0 800 394 000. 56 « L’obésité dépend à 40 % de facteurs génétiques et à 60 % du mode de vie. Le médecin peut donc jouer sur ces 60 % grâce à trois leviers : la diététique, l’activité physique et le comportement. On ne peut espérer changer l’attitude d’un patient sans tenir compte aussi de son environnement familial, explique le Pr Michel Krempf (CHU Nantes). L’objectif n°1 du médecin doit être l’état de santé de son patient plutôt que la perte de poids. Perdre 5 à 10 kg, c’est énorme en terme de santé, et une perte de 10 % représente un objectif réaliste. » Les régimes « commerciaux », est-il besoin de le rappeler, exposent à des risques de regain pondéral importants et peuvent conduire à l’obésité. Une étude sur le succès de la perte de poids, menée sur une grosse cohorte aux Etats-Unis pendant 5-6 ans, a montré que neuf patients sur dix arrivaient à maintenir leur nouveau poids sur le de la population française long terme sans effort est touchée aujourd'hui très important, avec une par l'obésité restriction modérée et accontre 8,2 % en 1997. ceptable. La prise en charge de l’obésité repose sur les conseils (nutrition, activité physique…) et parfois sur un soutien psychothérapeutique. Trente minutes d’exercice physique tous les jours (ou trois fois 10 minutes), c’est le minimum. Certains médicaments comme l’orlistat (Xenical®)ou la sibutramine (Sibutral®, non remboursé), ou depuis peu le rimonabant, remboursé dans certaines indications, peuvent aussi constituer un apport très utile. La prise en charge du diabète de type 2 commence elle aussi par des modifications hygiéno-diététiques. Les recommandations de l’Afssaps et de la HAS, réactualisées en novembre 2006, préconisent une prise en charge thérapeutique globale du diabète de type 2 aussi précoce que possible. L’objectif est de normaliser la glycémie – le nouvel objectif étant une HbA1c inférieure à 6,5 % – et de corriger l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaires sur lesquels une action peut être exercée (dyslipidémie, hypertension artérielle, tabagisme…). Les stratégies médicamenteuses recommandées reposent sur les antidiabétiques oraux (ADO) en monothérapie, bithérapie, trithérapie, puis sur l’insulinothérapie lorsque l’HbA1c dépasse 8 %. Isabelle Gonse Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 LA SANTÉ DES FEMMES PNEUMOLOGIE Actuellement, les hommes atteints de Bpco sont plus nombreux que les femmes, mais la tendance pourrait s’inverser, du fait de l’augmentation du tabagisme chez la femme. D’où l’importance d’un dépistage et d’une prise en charge précoces. Dépister la Bpco par le mini-spiromètre électronique tabac. Les hormones, notamment les estrogènes, peuvent induire une formation accrue de substances toxiques et contribuer ainsi à des phénomènes inflammatoires favorisant Bpco et cancérisation. (asthme) ou non (Bpco). Il n’y a pas de différence de prise en charge entre les hommes et les femmes. L’aspect non pharmacologique de la prise en charge, qui associe le sevrage tabagique et la réhabilitation respiratoire, est essentiel et aussi efficace dans les deux sexes. E n France, parmi les sujets atteints de Bpco, le pourcentage de femmes a doublé en dix ans : de 20 %, il est passé à 40 % aujourd’hui. D’après les estimations de l’OMS, la Bpco sera la troisième cause de mortalité en 2020. En ce qui concerne le cancer du poumon, une amorce de décroissance semble se produire chez les hommes ; ce qui n’est pas le cas chez les femmes, le pourcentage d’adénocarcinomes périphériques ne cessant d’augmenter. Outre le rôle éventuel du sexe, le mode de tabagisme (tabac différent, plus léger, présence de filtres) pourrait intervenir dans la fréquence et la nature de ces affections respiratoires. En outre, le cancer du poumon chez les non-fumeurs est plus fréquent chez les femmes. Les explications de ces observations sont encore incertaines, mais impliquent probablement des différences entre la femme et l’homme dans le métabolisme et la détoxification de certains composants de la fumée de Maladie insidieuse, la Bpco se traduit par une obstruction bronchique qu’il faut mesurer. Huit fumeurs sur dix présentent une toux avec expectoration. Deux à trois d’entre eux vont développer une obstruction bronchique. Afin d’identifier les patients à risque et les fumeurs de plus de 40 ans, deux campagnes d’information ont été mises en place en 2006 dans toute la France : « Capital souffle » et « Destination Respiration », pour promouvoir la mesure du souffle. L’utilisation Actuellement, deux Bpco accrue du Piko-6 sur trois ne sont pas diagnospermettrait tiquées. D’où l’importance de dépister davantage du dépistage à l’aide d’un de Bpco. mini-spiromètre électronique, tel que le Piko-6. Un résultat anormal à deux reprises fait suspecter une obstruction bronchique. La pratique d’épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) permet de préciser si elle est réversible Adapter le traitement à la sévérité Le traitement pharmacologique des formes modérées (Vems compris entre 50 et 80 %) repose sur les bronchodilatateurs (bêta-2 mimétiques, anticholinergiques). La prescription d’un anticholinergique de longue durée d’action, le bromure de tiotropium, est préconisée chez les patients dont la gêne respiratoire persiste malgré l’utilisation d’un bronchodilatateur de courte durée ; elle permet notamment une amélioration de leur dyspnée et la reprise des activités quotidiennes. Dans les formes sévères (Vems < 50 %), le recours à l’association corticoïdes inhalés + bêta-2 mimétiques de longue durée d’action est recommandé ; celleci améliore la qualité de vie des patients et réduit la survenue des exacerbations. Dr Marie Pierson D’après un entretien avec le Pr Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie, CHI Créteil. UNE PLUS GRANDE SENSIBILITÉ AU TABAC CHEZ LA FEMME VOISIN/PHANIE VOISIN/PHANIE Deux fumeurs sur trois Des expérimentations animales ont montré une sensibilité des souris femelles plus marquée que celle des souris mâles à l’injection de produits toxiques, dérivés du tabac. Des études cliniques menées chez les adolescent(e)s ont montré un retard de croissance pulmonaire lié au tabac plus marqué chez les filles que chez les garçons. L’analyse du volume d’expiration maximale par seconde (Vems) révèle que sa décroissance est plus marquée chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Cependant, à tabagisme égal, elle est plus rapide chez la femme que chez l’homme. Mais, si celle-ci arrête de fumer, l’amélioration est alors plus marquée que chez l’homme. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 57 LA SANTÉ DES FEMMES SEVRAGE TABAGIQUE Les femmes, en particulier les jeunes, fument beaucoup, et ne sont pas toujours conscientes des risques spécifiques auxquels elles s’exposent. Elles sont donc concernées au premier chef par les nouvelles mesures incitatives à l’arrêt du tabac. GARO/PHANIE De nouvelles opportunités pour arrêter de fumer taire par les mutuelles) est une très bonne tabac approuve tacitement, encourageant le chose. Mais nous aurions pu aller plus loin, à fumeur à continuer », prévient le Pr Dautzenl’instar des autres pays européens qui rembour- berg. Les femmes doivent être sensibilisées sent intégralement les médiaux risques particuliers du caments d’aide au sevrage. tabagisme : associé à la piC’est un investissement molule après 35 ans, il augdeste au regard des économente le risque de thrommies de santé que cela perbose, de jambes lourdes et C’est l’augmentation mettrait de réaliser », estime de phlébite, et multiplie par du risque d’AVC dû le Pr Bertrand Dautzenberg, 40 le risque d’AVC. Il favoau tabagisme associé à président de l’Ofpt (Office rise aussi les infections gyla pilule chez les femmes français de prévention du nécologiques et le cancer de plus de 35 ans. tabagisme). Un des effets de du col. Sans oublier les risla prise en charge récente ques particuliers durant la de 50 euros des substituts grossesse. nicotiniques – qui étaient en vente libre deLa stratégie thérapeutique la plus efficace puis 1998 – est de réimpliquer les médecins consiste à associer un soutien pharmacologénéralistes dans le sevrage. gique et psychologique, ce dernier pouvant être assuré par le généraliste, un tabacologue, un psychothérapeute… En France, les Le généraliste, médecins n’ont pas encore le réflexe de premier tabacologue de France Les tabacologues, présents surtout dans les conseiller à leurs patients Tabac Info Service hôpitaux, ne prennent en charge que 5 à 7 % qui, avec 35 tabacologues au service des médes personnes qui souhaitent arrêter de fu- decins et des patients, représente pourtant mer. Ce sont donc les médecins généralistes un relais très utile, permettant notamment qui se retrouvent en première ligne. Le au généraliste d’économiser son temps. « conseil minimum » consiste à demander à Dr Maia Bovard-Gouffrant chaque patient s’il fume, s’il souhaite arrêter, D’après un entretien avec et de proposer de l’aider si c’est le cas, ou d’en le Pr Bertrand Dautzenberg, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. reparler lors d’une prochaine consultation. « Le médecin qui ne pose pas la question du www.tabac-info-service.fr ou tél. : 0825.309.310. x 40 L’ interdiction de fumer dans les lieux publics depuis le 1er février 2007, le remboursement partiel des médicaments d’aide au sevrage, l’arrivée d’un nouveau traitement – la varénicline (Champix®) – l’interdiction de fumer dans les services de psychiatrie… Autant de mesures récentes qui créent une dynamique positive en faveur de la diminution du tabagisme. Entre janvier et mars 2007, la vente de produits de substitution a augmenté de 60 à 80 %, et cette tendance devrait encore s’accélérer. D’autant plus que l’éventail des substituts nicotiniques s’est élargi – patches, gommes à mâcher, comprimés à sucer ou sublinguaux, inhaleurs –, et qu’ils sont indiqués non seulement dans l’arrêt du tabac, mais aussi dans la réduction du tabagisme et l’abstinence temporaire. C’est un apport précieux pour ceux qui ne peuvent pas fumer dans la journée au bureau, mais ne sont pas encore prêts à s’abstenir le soir ou le week-end. « Le forfait de remboursement de 50 euros par an et par patient sur l’achat de substituts nicotiniques ou de Champix® (qui ouvre la voie à un remboursement complémen- 58 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 AIDER LES FEMMES ENCEINTES Entre 20 et 24 % des femmes enceintes continuent à fumer tout au long de la grossesse. Et ce, malgré les effets délétères (insuffisamment connus ?) du tabac chez la femme enceinte : il entraîne un retard de croissance du fœtus, augmente les complications de la grossesse et de l’accouchement (grossesses extra-utérines, fausses couches, accouchements prématurés…), ainsi que la fréquence des infections respiratoires et de l’asthme chez le bébé. L’Afssaps a confirmé récemment ses recommandations de 2003, autorisant le recours aux traitements de substitution de la nicotine en cas d’échec du sevrage par des méthodes non pharmacologiques, chez les femmes enceintes fortement dépendantes. Le Champix®, en revanche, n’est pas indiqué chez les femmes enceintes. LA SANTÉ DES FEMMES FICHE PRATIQUE OSTÉOPOROSE Depuis l’année 2006, le remboursement de l’ostéodensitométrie osseuse et des médicaments anti-ostéoporotiques avant la première fracture chez les femmes à risque permettent une prise en charge plus précoce de l’ostéoporose. Cette fiche pratique récapitule les nouvelles modalités diagnostiques et thérapeutiques. DRS ANNIE DUMONCEAU ET MARIE PIERSON Comment BURGER/PHANIE Les nouvelles modalités diagnostiques et thérapeutiques est posé le diagnostic d’ostéoporose ? La seule méthode de référence est l’ostéodensitométrie biphotonique qui mesure la densité minérale osseuse (DMO) sur deux sites : le rachis et le col du fémur. L’ostéopénie est définie devant un T-score compris entre -2,5 et -1. L’ostéoporose est définie par un T-score < -2,5. L’ostéoporose sévère est définie par un T-score < -2,5 avec une ou plusieurs fractures. Quelles sont les modalités de remboursement de l’ostéodensitométrie osseuse chez les femmes ménopausées sans antécédent personnel de fracture ? Le premier examen ostéodensitométrique est remboursé, pour les femmes ménopausées, qu’elles soient sous traitement hormonal substitutif ou non, dans différentes situations : antécédent de fracture du col fémoral sans traumatisme majeur chez un parent au premier degré, indice de masse corporelle < 19 kg/m2, ménopause avant 40 ans quelle qu’en soit la cause, antécédent d’une prise de corticoïdes d’au moins trois mois consécutifs à une dose > 7,5 mg/j d’équivalent prednisone. Le deuxième examen ostéodensitométrique est remboursé : chez la femme ménopausée, à l’arrêt du traitement antiostéoporotique, en dehors de l’arrêt précoce pour effet indésirable, chez la femme ménopausée sans fracture, trois à cinq ans après un premier examen normal ou une ostéopénie non traitée, en fonction de l’apparition de nouveaux facteurs de risque. s’ajoute le remboursement de la consultation associée (rhumatologue, médecin de médecine physique et de réadaptation). Quel est le bilan biologique à pratiquer devant une ostéoporose ? Quel que soit l’âge de la patiente, le premier examen ostéodensitométrique est remboursé en cas de fracture vertébrale ou périphérique non traumatique, de corticothérapie systémique, d’antécédent de pathologie ou de traitement inducteur d’ostéoporose. – NFS, plaquettes, VS ; – électrophorèse des protéines pour connaître le taux d’albuminémie et dépister une gammapathie ; – protéinurie des 24 heures ; – créatininémie ; – calcium et phosphates dans le sang et les urines ; – T4, TSH (en présence d’arguments cliniques de dysfonction thyroïdienne ou d’antécédents après 70 ans) ; – phosphatases alcalines ; – PTH, 25 OHD (dosage de la vitamine D3). Quel est le tarif de remboursement de l’ostéodensitométrie osseuse ? Quelles Elle est remboursée à 70 % sur la base de 39,96 euros, auquel Elles ne sont pas spécifiques de la ménopause, mais associent : Quelles sont les autres situations donnant lieu au remboursement de l’ostéodensitométrie osseuse chez les femmes ménopausées ou non ? 60 L’ostéodensitométrie permet de mesurer la densité minérale osseuse. L’ostéoporose est définie par un T-score < -2,5. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 sont les règles hygiéno-diététiques visant à préserver le capital osseux ? Correction des carences vitamino-calciques chez les sujets âgés. – le maintien d’une activité physique en charge ; – un apport suffisant en calcium (1 200 mg/j) et vitamine D adapté au régime alimentaire et à l’exposition solaire. Chez les femmes de plus de 80 ans, en particulier en institution, la supplémentation vitamino-calcique représente une intervention simple et peu coûteuse pour diminuer le risque de fracture vertébrale et périphérique ; – un niveau d’exposition solaire adéquat ; – l’arrêt du tabac. Après 80 ans, la prévention des chutes (ergonomie du lieu de vie, programmes d’activité physique) est primordiale. L’utilisation de protecteurs de hanche peut être utile, mais l’observance n’est pas très bonne. Association aux traitements spécifiques de l’ostéoporose chez les patients carencés ou à haut risque de carence vitamino D-calcique. Dans quelles conditions les anti-ostéoporotiques sont-ils remboursés par l’Assurance maladie ? Après fracture, ils sont remboursés selon l’ancienne réglementation. A titre préventif, chez des femmes ne présentant pas d’antécédents de fracture, ils sont remboursés sous certaines conditions : T-score < -3 ou T-score < -2,5 associé à d’autres facteurs de risque de fracture : âge > 60 ans, corticothérapie systémique ancienne ou actuelle à une posologie > 7,5 mg/j d’équivalent prednisone, indice de masse corporelle < 19 kg/m2, antécédent de fracture de l’extrémité du col du fémur chez un parent du premier degré (mère), ménopause précoce (< 40 ans). Sur quoi repose la décision thérapeutique ? La décision thérapeutique doit prendre en compte l’âge, l’existence de fractures par fragilité osseuse, les résultats de la DMO et les facteurs de risque associés, qui permettent d’estimer le risque fracturaire. Qu’appelle-t-on fracture ostéoporotique (par fragilité osseuse) ? Il s’agit d’une fracture survenue spontanément ou à l’occasion d’un traumatisme de faible énergie (inférieur ou égal à l’énergie d’une chute de sa hauteur à l’arrêt ou à la marche). Les fractures caractéristiques sont vertébrales (appelées à tort tassements vertébraux alors qu’il s’agit de réelles fractures), de l’extrémité supérieure du fémur (encore appelées fractures de la hanche) et de l’extrémité distale de l’avant-bras (la plus fréquente est la fracture de Pouteau-Colles). Quelles sont les stratégies thérapeutiques recommandées en l’absence de fracture (1) ? Les traitements anti-ostéoporotiques ne sont prescrits qu’après avoir corrigé une éventuelle carence en calcium et/ou vitamine D, par des apports spontanés ou une supplémentation médicamenteuse. En l’absence d’antécédents de fracture vertébrale ou de hanche, la stratégie dépend de l’âge : 1. chez la femme de 50 à 60 ans : – en présence de bouffées de chaleur, il est possible de prescrire un traitement hormonal substitutif pour une durée qui dépend du rapport bénéfice-risque de la patiente ; – en l’absence de bouffées de chaleur : lorsque le T-score est < -3 ou lorsque le T-score est < -2,5 et qu’il existe d’autres “Pour tous les goûts, jour après jour” CALCIDOSE® Vitamine D, poudre orale, sachets-dose. COMPOSITION : CONCENTRAT DE CHOLECALCIFEROL FORME PULVERULENTE : 4,00 mg, Quantité correspondant en CHOLECALCIFEROL à 400 UI, CARBONATE DE CALCIUM : 1 250,00 mg, Quantité correspondant en CALCIUM à 500,00 mg, Excipients q.s. pour un sachetdose de 2,6 g. INDICATIONS THERAPEUTIQUES : Correction des carences vitamino-calciques chez les sujets âgés. Apport vitamino-calcique associé aux traitements spécifiques de l’ostéoporose, chez les patients carencés ou à haut risque de carence vitamino D-calcique. POSOLOGIE ET MODE D'ADMINISTRATION : Voie orale. RESERVE A L'ADULTE. 2 sachets-dose par jour. CONTRE-INDICATIONS : - Hypercalcémie, hypercalciurie, lithiase calcique. - Immobilisations prolongées s'accompagnant d'hypercalciurie et/ou d'hypercalcémie : le traitement vitamino-calcique ne doit être utilisé qu'à la reprise de la mobilisation. - Hypersensibilité à l’un des constituants. MISES EN GARDE ET PRÉCAUTIONS PARTICULIERES D'EMPLOI : - En cas de traitement de longue durée, il est justifié de contrôler la calciurie et de réduire ou d’interrompre momentanément le traitement si celle-ci dépasse 7,5 mmol/24 h (300 mg/24 h). - En cas de traitement associé à base de digitaliques, bisphosphonates, fluorure de sodium, diurétiques thiazidiques, tétracyclines : voir Interactions médicamenteuses. - Tenir compte de la dose de vitamine D par unité de prise (400 UI) et d’une éventuelle autre prescription de vitamine D. Ce produit contenant déjà de la vitamine D, l’administration supplémentaire de vitamine D ou de calcium doit être faite sous stricte surveillance médicale, avec contrôle hebdomadaire de la calcémie et de la calciurie. - Le produit doit être prescrit avec précaution chez les patients atteints de sarcoïdose en raison d’une augmentation possible du métabolisme de la vitamine D en sa forme active. Chez ces patients, il faut surveiller la calcémie et la calciurie. - Le produit doit être utilisé avec précaution chez les insuffisants rénaux avec surveillance du bilan phospho calcique. En raison de la présence de sorbitol, ce médicament est contre-indiqué en cas d'intolérance au fructose. INTERACTIONS AVEC D'AUTRES MEDICAMENTS ET AUTRES FORMES D'INTERACTIONS : Associations nécessitant une précaution d'emploi : + Cyclines : Diminution de l'absorption des cyclines. Prendre les sels de calcium à distance des cyclines (plus de 2 heures, si possible). + Digitaliques : Risque de troubles du rythme. Surveillance clinique et s'il y a lieu, contrôle de l'ECG et de la calcémie. + Bisphosphonates : Risque de diminution de l'absorption digestive des bisphosphonates. Prendre les sels de calcium à distance des bisphosphonates (plus de2 heures, si possible). + Estramustine : Diminution de l'absorption digestive de l'estramustine. Prendre les sels de calcium à distance de l'estramustine (plus de 2 heures, si possible). + Fer (sels) (voie orale) : Diminution de l'absorption digestive des sels de fer. Prendre le fer à distance des repas et en l'absence de calcium. Associations à prendre en compte : + Diurétiques thiazidiques : Risque d'hypercalcémie par diminution de l'élimination urinaire du calcium. GROSSESSE ET ALLAITEMENT : Ce produit peut être utilisé pendant la grossesse et l’allaitement. Cependant, la dose journalière ne doit pas dépasser 1500 mg de calcium et 600 UI de vitamine D3. Pendant la grossesse, le surdosage en cholécalciférol doit être évité. La vitamine D et ses métabolites passent dans le lait maternel. EFFETS INDESIRABLES : - Constipation, flatulence, nausées, douleurs épigastriques, diarrhées. - Hypercalciurie et exceptionnellement hypercalcémie en cas de traitement prolongé à forte dose. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES : APPORT VITAMINO-D-CALCIQUE (médicament actif sur le bilan du calcium. A : Appareil digestif et Métabolisme). A.M.M. : 338 308.8 : 2,6 g en sachet-dose (Kraft/PE/Aluminium) boîte de 60. Mis sur le marché en 1995, révisée en avril 2000. Prix : 7,64 €. C.T.J. : 0,25 €. Remb. Séc. Soc. à 65%. Agréé Collect. Pour une information complète, consulter la monographie VIDAL. Laboratoires de l'OPOCALCIUM Laboratoires de l'OPOCALCIUM 20, rue Louis-Charles Vernin 77190 DAMMARIE-LES-LYS. Information médicale : Tél. : 01 64 87 61 16. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 61 LA SANTÉ DES FEMMES certains bisphosphonates (alendronate, risédronate), le ranélate de strontium, le tériparatide. VO Après 80 ans, les options thérapeutiques sont : le ranéISI N/ PH AN late de strontium (2 g/j), le risédronate (35 mg/semaine I ou 5 mg/j). L’alendronate (70 mg/semaine ou 10 mg/j) et le tériparatide sont également des alternatives possibles. 2. -2,5 < T-score < -1 (ostéopénie) : le traitement n’est indiqué qu’en cas de fracture vertébrale ou de l’extrémité supérieure du fémur. E facteurs de risque de fracture, le raloxifène, un bisphosphonate ou le ranélate de strontium peuvent être prescrits ; 2. chez la femme de 60 à 80 ans, lorsque le T-score est < -3 ou lorsque le T-score est < -2,5 et qu’il existe d’autres facteurs de risque de fracture, le raloxifène (si ostéoporose rachidienne uniquement), un bisphosphonate ou le ranélate de strontium sont indiqués ; 3. chez la femme de > 80 ans, le choix se fait entre un bisphosphonate et le ranélate de strontium. La correction d’une carence éventuelle en calcium et/ou vitamine D est fondamentale. La durée du traitement est à adapter en fonction du risque de fracture individuel, de l’efficacité clinique et de la tolérance du traitement. Celle-ci est en général d’au moins quatre ans. Quand prescrire les examens biologiques du remodelage osseux ? Les examens biologiques évaluant l’activité cellulaire de formation et de résorption osseuse (CTX, NTX, osL’existence d’un fracture téocalcine, phosphatases alcalines, calciurie des du col du fémur influence le choix du traitement. Quelles sont les stratégies thérapeutiques 24 heures…) ont un intérêt dans le suivi des traitements antirésorptifs, car leur diminution à trois ou à recommandées après fracture (1) ? six mois permet de vérifier l’effet osseux du traitement. Certains 1. T-score ≤ -2,5 : les bisphosphonates, le raloxifène, le ranélate ont une valeur prédictive du bénéfice antifracturaire. De plus, de strontium ou tériparatide : la mise en évidence de la diminution d’un marqueur peut amé– si le risque de fracture périphérique est faible, sont recommanliorer l’observance au traitement. dés : certains bisphosphonates (alendronate, risédronate), le raloxifène, le ranélate de strontium ; (1) Afssaps, Traitement médicamenteux de l’ostéoporose – si le risque de fracture périphérique est élevé, sont indiqués : post-ménopausique. Recommandations, actualisation 2006. TRAITEMENT L es médicaments anti-ostéoporotiques favorisent la formation de l’os en stimulant le recrutement et l’activité des ostéoblastes et/ou ralentissent la résorption de l’os, en inhibant l’action des ostéoclastes et en induisant leur apoptose. Ils permettent tous de diminuer de 30 à 50 % le risque de fracture du rachis et certains d’entre eux réduisent également le risque de fractures périphériques et augmentent parfois la densité minérale osseuse (DMO). Le raloxifène (1 cp/j) : modulateur sélectif des récepteurs des estrogènes (Serm). Il inhibe l’action des estrogènes au niveau du sein et de l’endomètre, mais se comporte comme un agoniste des estrogènes sur le plan osseux. Il augmente modérément la DMO. Il réduit le risque de fracture ver- tébrale, mais n’a pas montré d’efficacité en prévention des fractures de l’extrémité supérieure du col du fémur. Les bisphosphonates inhibent la résorption osseuse. Ils augmentent la DMO et diminuent l’incidence des fractures vertébrales. L’alendronate et le risédronate (en prise orale hebdomadaire) réduisent également le risque de fracture de la hanche ; l’ibandronate est disponible per os sous forme mensuelle. Le ranélate de strontium (1 sachet le soir au coucher) a la capacité, à la fois, de stimuler la formation osseuse et de diminuer la résorption osseuse, ce qui rééquilibre le métabolisme osseux en faveur de la formation. Il est efficace en prévention des fractures vertébrales et périphériques, y compris la fracture de hanche. GRIO Les différents médicaments anti-ostéoporotiques Les médicaments anti-ostéoporotiques stimulent notamment l’activité des ostéoblastes. L’association bisphosphonate (alendronate) et vitamine D (1 cp/semaine) peut également être prescrite chez les patientes à risque d’insuffisance en vitamine D. Le tériparatide (1 injection quotidienne sous-cutanée), analogue de la parathormone humaine, stimule la formation osseuse en activant les ostéoblastes et favorise indirectement l’aug- mentation de l’absorption intestinale de calcium. Il est efficace dans la prévention des fractures périphériques et vertébrales. Le tériparatide est préconisé et remboursé uniquement dans l’ostéoporose sévère, avec au moins deux fractures vertébrales et pour une durée limitée à dixhuit mois. Il peut faire suite à un traitement par raloxifène ou bisphosphonate. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 63 LA SANTÉ DES FEMMES UROLOGIE L’incontinence urinaire est extrêmement fréquente. Selon les estimations, 10 à 30 % des femmes la subissent. Sur vingt consultations, un médecin généraliste voit donc chaque jour une à trois femmes ayant des fuites d’urine. Incontinence urinaire : halte au tabou L’ incontinence reste un sujet intime et tabou, vécu de façon dégradante. Les femmes consultent donc rarement pour ce motif, malgré sa fréquence. Beaucoup d’entre elles le considèrent encore comme une fatalité féminine et ignorent qu’il existe des traitements efficaces. Quant aux médecins, ils abordent rarement le sujet faute de formation suffisante, alors que les femmes attendent en général d’eux qu’ils fassent le premier pas pour en parler. Depuis 2003, l’Anaes préconise de dépister activement l’incontinence urinaire en médecine générale. Son diagnostic simple repose sur une seule question : « Avez-vous des fuites ou des pertes d’urine ? » Le mot « incontinence » est à éviter car il est mal vécu. Savoir poser la question systématiquement En cas de réponse positive, le mode de survenue des fuites est à préciser afin de distinguer une incontinence urinaire d’effort déclenchée par une toux, un éternuement, un mouvement ou encore un effort, d’une incontinence par impériosité mictionelle caractérisée par un besoin d’uriner urgent et irrépressible. La patiente peut également souffrir d’incontinence mixte lorsque les deux types d’incontinence coexistent. L’importance des fuites doit être évaluée afin de statuer sur la nécessité d’une protection, occasionnelle ou permanente, le type de protection à adopter (protège-slip, serviette périodique ou couche), ou encore le nombre de protections quotidiennes. L’interrogatoire doit également prendre en compte l’importance de la gêne ressentie par la patiente et son retentissement social, professionnel, sexuel, sportif et psychologique. Enfin, il est nécessaire de dépister une constipation (à traiter), la prise de médica- Le temps n’est plus aux femmes fragiles Caltrate ® C A R B O N AT E D E C A L C I U M CALTRATE® VITAMINE D3 600 mg / 400 UI, comprimé pelliculé sécable. FORMES et PRÉSENTATIONS : Comprimé pelliculé sécable, flacon de 60 et 180. COMPOSITION : Calcium élément : 600 mg (sous forme de carbonate : 1,50 g/cp), Colécalciférol (ou vitamine D3) : 400 UI. Excipients : cf. Vidal. INDICATIONS : Correction des carences vitamino-calciques chez les sujets âgés. Apport vitamino-calcique associé aux traitements spécifiques de l’ostéoporose, chez les patients carencés ou à haut risque de carence vitamino D-calcique. POSOLOGIE et MODE D’ADMINISTRATION : Réservé à l’adulte. Posologie quotidienne : 2 comprimés par jour. CTJ : 0,255 e (60 cp) et 0,243 e (180 cp). Les comprimés sont à avaler avec un grand verre d’eau. CONTRE-INDICATIONS : Hypercalcémie, hypercalciurie, lithiase calcique, calcifications tissulaires. Immobilisation prolongée s’accompagnant d’hypercalciurie et/ou d’hypercalcémie : le traitement vitamino-calcique ne doit être utilisé qu’à la reprise de la mobilité. Hypersensibilité à l’un des constituants. MISES EN GARDE et PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES D’EMPLOI : - Traitement de longue durée : contrôler la calciurie et réduire ou interrompre momentanément le traitement si celle-ci dépasse 7,5 mmol/24 h (300 mg/24 h). - Traitement associé à base de digitaliques, 64 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 biphosphonate, diurétiques thiazidiques, cyclines, sels de fer, estramustine : cf. Interactions. - Ce médicament peut interagir avec certains aliments riches en acide oxalique et en acide phytique (à prendre à distance des repas en contenant). - Tenir compte de la dose de vitamine D par unité de prise (400 UI) et d’une éventuelle autre prescription de vitamine D. L’administration supplémentaire de vitamine D ou de calcium doit être faite sous stricte surveillance médicale, avec contrôle hebdomadaire de la calcémie et de la calciurie. - Le produit doit être prescrit avec précaution chez les patients atteints de sarcoïdose en raison d’une augmentation possible du métabolisme de la vitamine D en sa forme active (surveiller la calcémie et la calciurie) ainsi que chez les insuffisants rénaux (surveiller le bilan phosphocalcique). EFFETS INDÉSIRABLES : - Constipation, flatulence, nausées, douleurs épigastriques, diarrhées. - Hypercalciurie et exceptionnellement hypercalcémie en cas de traitement prolongé à fortes doses. - Prurit, rash cutané et urticaire. INTERACTIONS, GROSSESSE et ALLAITEMENT, SURDOSAGE, PHARMACODYNAMIE : cf. Vidal. AMM n° 339 695.5 (1995 rév 06.03.2006) : 60 comprimés en flacon, n° 373 882.9 (1995 rév 06.03.2006) : 180 comprimés en flacon. PRIX : 7,64 e (60 comprimés), 21,85 e (180 comprimés). Remb Séc Soc à 65 %. Collect. Wyeth Santé Familiale, Cœur Défense, Tour A, 92931 Paris La Défense Cedex. P07/11 - Mai 2007 - Crédit photo : Cosmos Prim. Comprimés à avaler ALIX/PHANIE L’examen physique, pratiqué en position gynécologique, permet de préciser l’origine du trouble. Elle est sans conséquence lorsqu’elle ne gêne pas la patiente. Le traitement de l’incontinence par impériosités mictionnelles repose sur une prise en charge globale : la rééducation périnéale et le traitement médicamenteux par anticholinergiques. En raison de leurs effets secondaires atropiniques dose-dépendants entraînant notamment sécheresse des muqueuses et constipation, ceux-ci doivent être prescrits à une dose minimale efficace. Ditropan® et Ceris® sont remboursés par la Sécurité sociale ; en revanche, Détrusitol® et Vesicare® ne le sont pas. Ceris® peut être utilisé chez la femme âgée sans risque de confusion mentale car il ne passe pas la barrière hématoméningée. ments favorisant l’incontinence (diurétiques, alphabloquants…) ou encore l’existence d’une toux chronique liée au tabac, à une pathologie bronchique ou à la prise d’IEC. Examen clinique sur une vessie pleine L’examen physique en position gynécologique se fait sur une vessie pleine. Le médecin recherche l’existence de fuites provoquées par une toux répétitive. La manœuvre de soutien de l’urètre, ou manœuvre d’Ulmsten, permet de préciser l’origine de l’incontinence. Deux doigts (ou une longue pince) introduits dans le vagin et positionnés de chaque côté de l’urètre le soutiennent sans le comprimer. Demander ensuite à la femme de tousser. Si cette manœuvre supprime les fuites, il s’agit d’une incontinence urinaire d’effort. Lorsque les fuites persistent malgré la manœuvre, une insuffisance du sphincter urétral est en cause. L’incontinence urinaire par impériosité peut témoigner d’une maladie vésicale. L’Ecbu doit être systématique pour éliminer une infection. Incontinence d’effort : la rééducation périnéale avant tout Le traitement de première intention de l’incontinence reste la rééducation périnéale. Il n’est plus utile de préciser le nombre de séances et la technique de rééducation. Le kinésithérapeute fixe lui-même le nombre de séances en fonction des progrès consta- 10 à 30 % tés. Pour être efficace et Prévenir acceptée, la rééducation l’incontinence urinaire périnéale nécessite des après l’accouchement des femmes souffrent explications préalables L’accouchement entraîne une ind'incontinence urinaire. afin que les femmes continence urinaire d’effort dans comprennent leur ana20 à 30 % des cas. A ce titre, la rétomie, le fonctionneéducation périnéale après l’acment des muscles du périnée et les objectifs couchement est importante. Un délai de six recherchés. à huit semaines est nécessaire avant de comPour obtenir un bénéfice optimal, il est mencer la kinésithérapie. demandé aux patientes de pratiquer ellesL’information des femmes est primormêmes les exercices de contraction en de- diale pour une rééducation efficace. La pluhors des séances. Pour maintenir au long part d’entre elles ne savent pas comment cours le bénéfice de la rééducation, l’entraî- fonctionne leur périnée et poussent au lieu nement musculaire périnéal doit ensuite être de se retenir d’uriner, par exemple. poursuivi tous les jours. Une rééducation abdominale n’a aucun Par ailleurs, chez les femmes en sur- effet sur le périnée et doit être abordée après poids, la réduction pondérale peut amélio- avoir retrouvé une bonne tonicité périnéale. rer une incontinence d’effort. Débutée trop tôt, elle risque en effet de faLa chirurgie est indiquée en cas d’échec voriser une incontinence urinaire ou un prode la rééducation périnéale. La guérison est lapsus. obtenue dans plus de 80 % des cas. En postDr Emmanuel Cuzin opératoire, l’impression d’uriner plus lenteD’après un entretien avec le ment est parfois mentionnée par les patientes. Dr Jean-François Hermieu, hôpital Bichat, Paris. LES CONSEILS PRATIQUES – éviter les excitants vésicaux : thé, café, épices, certains alcools (bière, champagne, vin blanc) ; – éviter de se retenir. N’uriner qu’en cas de besoin et non par précaution. La méthode du « stop pipi » qui consiste à s’arrêter d’uriner, puis à reprendre n’est pas une bonne solution ; – boire à sa soif, sans plus ; – rechercher et traiter une éventuelle constipation, car elle favorise l’impériosité. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 65 LA SANTÉ DES FEMMES UROLOGIE Représentant 1 à 2 % de l’activité des généralistes, la cystite aiguë est de diagnostic aisé. Le traitement de la cystite aiguë simple est bien codifié : prise unique ou traitement de trois jours. Lorsqu’elle récidive, un bilan complémentaire s’impose. Un traitement court pour les formes non compliquées de cystite aiguë hez une femme de moins de 65 ans en bonne santé, l’association d’une pollakiurie, de besoins impérieux et de brûlures mictionnelles évoque une cystite aiguë non compliquée, en l’absence de fièvre, de douleurs lombaires, de diabète, de grossesse, de signes gynécologiques et de pathologie urologique connue. La recherche de leucocytes et de nitrites à la bandelette urinaire, sur des urines fraîches, est la règle. La présence de nitrites et de leucocytes affirme le diagnostic d’infection urinaire, tandis que la négativité de la bandelette l’élimine. L’Ecbu n’est pas indiqué pour le diagnostic d’un premier épisode de cystite aiguë simple. Dans 75 à 85 % des cas, le germe en cause est Escherichia coli. en prise unique le soir, soit quotidiennement, soit deux à trois fois par semaine, soit après les rapports sexuels. Le traitement est envisagé pendant une durée de six à douze mois, en sachant que 30 % des femmes ont des récidives à l’arrêt du traitement. Les antibiotiques disponibles sont les suivants : nitrofurantoïne, acide pipémidique, céfixime. Des conseils sont toujours utiles pour éviter ou diminuer la fréquence des récidives : boire suffisamment, c’est-à-dire 1,5 litre d’eau par jour, et traiter une éventuelle constipation. Les cystites liées aux rapports sexuels sont assez fréquentes. Pour les éviter, on recommande à la femme d’uriner systématiquement après avoir eu un rapport. La toilette intime doit être réalisée une seule fois par jour à l’eau et au savon ou avec des solutions d’hygiène intime. L’utilisation de la cranberry représente actuellement une alternative intéressante à l’antibioprophylaxie. Dr Emmanuel Cuzin JOUBERT/PHANIE C L’échographie des voies urinaires ne se justifie qu’en cas de cystite récidivante. Traitement probabiliste Le traitement antibiotique probabiliste est administré soit à dose unique, soit en cure courte de trois jours. La ciprofloxacine, l’ofloxacine et la fosfomycine-trométanol sont utilisées en prise unique. La loméfloxacine et la norfloxacine sont préconisées en traitement de trois jours. La nitrofurantoïne, quant à elle, avec une durée de traitement de cinq à sept jours, demeure très efficace. Le cotrimoxazole et les bêtalactamines ne sont pas recommandés en raison du taux de résistance élevé à ces molécules. Sous antibiotique, la symptomatologie urinaire disparaît dans les trois jours. Si les signes persistent une semaine, un Ecbu avec antibiogramme devient alors nécessaire. Après 65 ans, il paraît indiqué de réaliser un Ecbu et d’administrer l’antibiotique durant trois à cinq jours. Après la ménopause, un traitement estrogénique local appliqué sur le pourtour de la vulve permet souvent d’obtenir une diminution des récidives. La cystite aiguë récidivante se définit par la survenue de quatre épisodes de cystite aiguë par an ou par un dernier épisode moins de trois mois auparavant. Une échographie des voies urinaires est nécessaire et, après l’âge de 50 ans, une cystoscopie à la recherche d’une tumeur vésicale souvent invisible sur l’échographie. L’Ecbu est toujours pratiqué avant la mise en route du traitement antibiotique. Après traitement, l’Ecbu de contrôle est inutile. Le traitement prophylactique antibiotique des récidives dépend de la fréquence et du degré d’inconfort. L’antibiotique est administré D’après un entretien avec le Dr Ariane Cortesse, service d’urologie, hôpital Saint-Louis, Paris. L’EFFET PROTECTEUR DE LA CRANBERRY La cranberry ou canneberge d’Amérique du Nord, de son nom scientifique Vaccinium macrocarpon, est une baie de la famille des airelles. Elle représente une alternative au traitement antibiotique des cystites récidivantes. Son activité est attribuée aux proanthocyanidines (PAC) qu’elle contient, la dose minimale quotidienne minimale étant de 36 mg de PAC. Elle n’est efficace que sur Escherichia coli dont elle inhibe l’adhérence à l’épithélium urinaire. Au vu des différents travaux réalisés avec cette baie, l’Afssa a estimé depuis avril 2004 que la cranberry « contribue à éliminer la fixation de certaines bactéries Escherichia coli dans la paroi des voies urinaires ». Ce produit est disponible en comprimé, en jus de fruit ou en extrait concentré. Il est important de conseiller aux femmes utilisant la canneberge de boire suffisamment en raison de l’augmentation du risque lithiasique lié à ce produit. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 67 LA SANTÉ DES FEMMES PSYCHIATRIE Moins graves mais plus fréquentes que la dépression caractérisée, les manifestations dépressives légères et transitoires (Mdlt) peuvent altérer le fonctionnement psychosocial et évoluer vers un épisode dépressif majeur. Une prise en charge appropriée peut éviter le risque évolutif négatif et limiter la souffrance des patients. S elon une étude du Credes publiée en 1999, 11 % des hommes et plus de 18 % des femmes déclaraient un ou plusieurs symptômes de mal-être correspondant à des manifestations dépressives, sans remplir les conditions spécifiques de la dépression caractérisée vraie. Les patients qui souffrent de manifestations dépressives légères et transitoires (Mdlt) se plaignent de symptômes identiques à ceux que l’on rencontre dans la dépression caractérisée : tristesse, fatigue, perte d’intérêt ou de plaisir, agitation fébrile ou ralentissement psychomoteur, troubles du sommeil, idées de culpabilité, modifications de l’appétit, troubles de concentration, perte de confiance en soi. Mais c’est le nombre de symptômes, leur retentissement et leur durée qui permettent d’établir un diagnostic différentiel. Les échelles d’évaluation facilitent l’interrogatoire Un épisode dépressif majeur, c’est-à-dire caractérisé, est défini par la présence de symptômes suffisamment nombreux (au moins 5) et durables (au moins deux semaines) et par l’existence d’une souffrance cliniquement significative et d’une altération du fonctionnement socioprofessionnel, le tout représentant un changement par rapport à l’état antérieur (voir tableau p. 70). Seuls un examen clinique systématique et un interrogatoire détaillé permettent de catégoriser la sévérité des symptômes dépressifs, la simple impression clinique ne suffit pas. « Mieux vaut s’appuyer sur des échelles d’évaluation comme l’HAM-D (échelle de dépression d’Hamilton), le Mini (Mini International Neuropsychiatric Interview), l’HAD (Hospital Anxiety Depression), qui aident à structurer l’interrogatoire », recommande le Dr Sabine MouchetMages (hôpital Sainte-Anne, Paris). En France, la moitié seulement des patients trai- VOISIN/PHANIE Adapter le traitement de la dépression à la sévérité des symptômes tients, le risque de développer un épisode dépressif majeur dans les trois années suivantes est en effet cinq fois plus élevé que chez les personnes n’ayant aucun symptôme dépressif », explique le Dr Mouchet-Mages. D’où l’importance d’une réévaluation régulière. Pour traiter les Mdlt, les praticiens disposent d’un nouveau médicament à base de millepertuis, le Prosoft®, réservé à la prescription médicale, traditionnellement utilisé dans les manifestations dépressives légères et transitoires. Il faut veiller aux interactions médicamenteuses, le millepertuis pouvant augmenter le métabolisme de certains médicaments. Pour le traitement des troubles dépressifs majeurs d’intensité modérée à sévère, les classes thérapeutiques les plus souvent préconisées en première intention sont celles des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, C’est le nombre de symptômes, leur retentissement ainsi que leur durée qui permettent de reconnaître ou la classe des « autres antidéun épisode dépressif léger, modéré ou sévère. presseurs » comme la tianeptine. Et en deuxième et troisième intés par antidépresseurs le sont à bon escient. tention, les imipraminiques et les Imao. Le L’Afssaps a mis l’accent, dans son rapport pu- choix de l’antidépresseur peut s’appuyer sur blié en octobre 2006, sur le bon usage des an- les propriétés collatérales de la molécule : eftidépresseurs, qui ne sont pas recommandés fet sédatif recherché chez les déprimés les plus dans les Mdlt. « Pour autant, les études mon- anxieux et/ou insomniaques ou au contraire trent l’importance de la prise en charge de ces effet stimulant chez les sujets ralentis. Mdlt, tant sur le plan psychothérapeutique que Isabelle Gonse pharmacologique, afin d’en limiter l’impact D’après un entretien avec le Dr Sabine Mouchetfonctionnel et le risque évolutif. Chez ces paMages (hôpital Sainte-Anne, Paris). Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 69 LA SANTÉ DES FEMMES LES CRITÈRES DIAGNOSTIQUES D’APRÈS LE DSM-IV Dans le DSM-IV-TR, l’épisode dépressif majeur est évoqué devant la présence d’au moins cinq des symptômes suivants pendant une même période d’une durée de deux semaines : 1. Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée presque tous les jours, signalée par le sujet (par exemple : se sent triste ou vide) ou observée par les autres (par exemple : pleure) 2. Diminution marquée de l’intérêt et du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres) 3. Perte ou gain de poids significatif en absence de régime (par exemple : modification du poids corporel en un mois excédant 5 %) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours 4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours 5. Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constatés par les autres, non limités à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur) 6. Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours 7. Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire prier ou se sentir coupable d’être malade) 8. Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalées par le sujet ou observées par les autres) 9. Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis, ou tentative de suicide, ou plan précis pour se suicider CARACTÉRISER L’ÉPISODE DÉPRESSIF MAJEUR Il existe différentes formes d’épisode dépressif majeur, que l’on peut classer notamment en fonction de leur intensité (légère, modérée et sévère). L’appréciation de l’intensité des symptômes relève de l’évaluation clinique et éventuellement d’échelles validées. Elle est définie en fonction de l’évaluation du nombre, de l’intensité et du retentissement des symptômes : un épisode léger est défini par la présence de cinq symptômes dépressifs et d’une altération limitée du fonctionnement (social, professionnel…), ou d’un fonctionnement normal, mais au prix d’efforts importants et inhabituels ; un épisode sévère est évoqué en présence de huit ou neuf symptômes dépressifs correspondant aux critères et d’une altération du fonctionnement nette et observable ; un épisode d’intensité modérée est intermédiaire entre les épisodes léger et sévère. Le bon usage des antidépresseurs L’ GARO/PHANIE Afssaps a publié en octobre 2006 des recommandations sur le bon usage des antidépresseurs dans le traitement des troubles dépressifs (et anxieux) de l’adulte* et rappelle notamment les grands axes de la prise 70 en charge des troubles dépressifs majeurs unipolaires. Les experts insistent notamment sur le respect des posologies de l’AMM, une des premières causes de non-réponse au traitement étant l’utilisation de posologie journalière insuffisante (du fait du praticien ou des patients qui réduisent eux-mêmes leur dose). Pour certains antidépresseurs (par exemple les Isrs), la dose efficace peut être atteinte d’emblée, pour d’autres (tels les imipraminiques ou encore les Imao…) progressivement, en trois jours à une semaine. Les posologies recommandées sont similaires dans la phase de traitement d’attaque, du traitement de consolidation, et éventuellement Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 de prévention des récidives. Une adaptation posologique peut être nécessaire en fonction de la réponse au traitement et de la tolérance. Néanmoins, avant de décider d’augmenter la posologie, il convient de s’assurer de l’observance. Le délai nécessaire à l’obtention d’une réponse thérapeutique complète est de six à huit semaines, par conséquent, il est recommandé de ne pas interrompre un traitement antidépresseur en l’absence d’amélioration avant quatre semaines de traitement à posologie efficace – à l’exception des cas où l’état de santé des patients s’aggravent. La durée du traitement antidépresseur est comprise entre seize et vingt semaines après la rémission symptomatique. Au terme d’un traitement bien conduit, il est recommandé, d’une part, de diminuer progressivement les doses pour prévenir le syndrome de sevrage et, d’autre part, d’augmenter la fréquence des consultations. Plus le traitement a été long, plus la durée de cette baisse doit être prolongée : si la durée du traitement a été inférieure à un an, on l’arrêtera en quelques semaines en diminuant, par exemple toutes les semaines, la posologie journalière ; si la durée a été supérieure à un an, l’arrêt se fait en quelques mois, en diminuant, par exemple tous les mois, la posologie journalière. * Afssaps, Médicaments antidépresseurs dans le traitement des troubles dépressifs et des troubles anxieux de l’adulte, octobre 2006. LA SANTÉ DES FEMMES MIGRAINE CATAMÉNIALE Le lien entre migraine et menstruations est extrêmement fort, qu’il s’agisse de migraines menstruelles exclusives ou d’exacerbation d’une migraine habituelle. La chute brutale du taux d’estradiol ainsi qu’un état de sensibilité particulière à la douleur en période menstruelle expliquent en partie l’intensité de ces crises. DR MAIA BOVARD-GOUFFRANT* Des crises plus sérieuses et plus tenaces L Un facteur déclenchant essentiellement hormonal Les migraines menstruelles sont plus sévères, plus longues et plus résistantes au traitement de fond et aux traitements de la crise. « Si aucune publication n’en a établi la preuve – ce qui supposerait des études menant des comparaisons à la fois inter- et intra- BURGER/PHANIE a classification internationale de l’IHS** (International Headache Society) ne mentionne pas spécifiquement la migraine menstruelle qui doit à la fois répondre aux critères cliniques de la migraine et survenir en période menstruelle. Celle-ci varie selon les auteurs, mais la définition habituellement admise inclut l’intervalle compris entre deux jours avant les règles et trois jours après les derniers jours des règles. Elle concerne deux populations de femmes, celles qui ne souffrent de migraines qu’à ce moment du cycle (de 5 à 10 % des migraineuses), et les femmes habituellement migraineuses qui font aussi des crises menstruelles (de 24 à 56 %). Les migraines menstruelles sont plus fréquentes lorsque le début des migraines se situe au moment de la puberté (dans 64 % des cas) que lorsqu’il en est indépendant (20 %). individuelles –, chez des migraineuses ayant des migraines menstruelles ou non menstruelles, cette constatation ressort de l’expérience clinique de certains spécialistes : lorsqu’on donne un traitement de fond à une migraineuse, les crises en dehors des règles se calment en premier, les crises menstruelles sont beaucoup plus difficiles à faire disparaî- LES MIGRAINES PENDANT LA GROSSESSE Lors de la grossesse, 25 % des migraines sont aggravées, 25 % restent inchangées et 50 % disparaissent complètement. Celles qui disparaissent complètement, généralement à partir du deuxième mois de grossesse, sont les migraines menstruelles pures. Malheureusement, elles réapparaissent le plus souvent dès le retour de couches. Seules persistent les migraines liées aux facteurs déclenchants non hormonaux, posant des problèmes de traitement et de diagnostic différentiel avec les autres causes de céphalées. tre, explique le Dr Valade. Elles sont généralement plus marquées, les règles constituant vraisemblablement un déclencheur plus puissant que les autres ». Le facteur déclenchant incriminé est la chute brutale du taux d’estradiol survenant après plusieurs jours d’exposition à un très haut niveau d’estrogènes, même si on ne sait pas encore s’il existe une corrélation entre la brutalité et l’importance de la variation et la sévérité de la crise. « En revanche, il est certain, poursuit le spécialiste, que chez les femmes sous contraception estroprogestative, les migraines sont plus violentes avec les pilules fortement dosées en estradiol. L’impact de la pilule estroprogestative reste néanmoins difficile à évaluer, et dans une étude portant sur 750 migraineuses mises sous le Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 73 LA SANTÉ DES FEMMES même traitement estroprogestatif, environ un tiers d’entre elles s’aggravent, un tiers s’améliorent et un tiers restent inchangées ! ». Les règles pourraient induire un état de sensibilité particulière à la douleur, et l’état plutôt dépressif de la période périmenstruelle serait associé à un ressenti plus fort de la douleur. 74 % des migraines cataméniales ont commencé au moment de la puberté. Les triptans efficaces en période menstruelle Le traitement de la crise est celui de toutes les migraines ; des études spécifiques menées avec certains triptans (naratriptan, frovatriptan) chez des patientes souffrant de migraines menstruelles montrent que la prise d’un demi-comprimé matin et soir en période menstruelle apporte un résultat significativement supérieur par rapport à un traitement à la demande. La prise d’estrogènes au cours de cette même période a une action différente selon la voie d’administration ; l’estra- TAUX DE RÉPONSE ET DE RÉCURRENCE SOUS TRIPTANS TRIPTAN TAUX DE RÉPONSE (%) POURCENTAGE MOYEN à 2 heures à 4 heures à 24 heures DE RÉCURRENCE Almotriptan 12,5 mg Eletriptan 40 mg Frovatriptan 2,5 mg Naratriptan 2,5 mg Sumatriptan 100 mg Zolmitriptan 2,5 mg 57-65 54-76 37-46 42-48 46-64 62-71 63 (56-65) 64 (60-66) 74 (70-77) - 45 48 52 49 50 46 25 23 17 23 33 31 Les taux de réponse à 2 heures, 4 heures et 24 heures, ainsi que les taux de récurrence, varient selon les triptans. La récurrence est définie comme la réapparition d’une céphalée modérée à sévère après un soulagement initial. Certaines études ont montré que les patientes présentant des crises menstruelles avaient davantage de risque de récurrence systématique. La prescription d’un triptan associé à un faible taux de récurrence peut être plus adaptée. diol percutané n’est efficace que pour des doses comprises entre 75 et 100 mg ; par contre, les estrogènes oraux n’ont pas d’effet ; les implants d’estradiol se sont révélés efficaces, mais au prix d’une suppression de l’activité ovarienne. Pour d’autres traitements hormonaux comme les progestatifs, les androgènes synthétiques (danazol), les antiestrogènes (tamoxifène) ou la bromocriptine, le rapport bénéfice-risque n’est pas établi. Dans les migraines cataméniales pures, si le cycle menstruel est régulier, des AINS, des bêtabloquants ou des antagonistes calciques peuvent être prescrits à titre préventif, mais on ne dispose pas d’études contrôlées. * D’après un entretien avec le Dr Dominique Valade, centre d’urgences céphalées, hôpital Lariboisière, coauteur de « Non à la douleur » et « Maux de tête chroniques, comment les soigner ». ** Sauf dans les appendices de la classification. EFX07007 - Février 2007 - Photo : Gettyimages EFFEXOR® LP 75 mg. Gélule à libération prolongée. Venlafaxine. FORME ET PRESENTATION : Gélule à libération prolongée à 75 mg : boîte de 30, sous plaquettes thermoformées. COMPOSITION : Venlafaxine (D.C.I.) chlorhydrate, exprimé en base : 75 mg par gélule. Excipients : qs. Enveloppe de la gélule : oxyde de fer rouge (E172), oxyde de fer jaune (E172), dioxyde de titane (E171), gélatine. INDICATIONS : - Episodes dépressifs majeurs (c’est-à-dire caractérisés). - Anxiété généralisée, évoluant depuis au moins 6 mois. - Prévention des récidives dépressives chez les patients présentant un trouble unipolaire. - Trouble Anxiété sociale (Phobie sociale). POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION : Posologie adulte : - Episodes dépressifs majeurs : En traitement ambulatoire, posologie initiale habituelle : 75 mg/jour. Augmentation possible après 2 semaines de traitement, en fonction de la réponse clinique, et, si nécessaire, jusqu’à 150 mg/jour. Dans les formes de dépression dites « sévères », posologie recommandée : 150 à 225 mg/jour. L’augmentation des doses peut se faire par palier de 2 semaines ou plus, en respectant un minimum de 4 jours, en fonction de l’efficacité et des effets indésirables du traitement. Pour des posologies supérieures à 225 mg/j, utiliser la forme à libération immédiate, la dose maximale étant alors de 375 mg/j. Passage de la venlafaxine à libération immédiate à la venlafaxine à libération prolongée : Les patients utilisant des comprimés de venlafaxine à libération immédiate peuvent prendre des gélules de venlafaxine à libération prolongée à la même posologie journalière. Dans certains cas, un ajustement de posologie peut être nécessaire. - Anxiété généralisée : Posologie habituellement recommandée : 75 mg/jour, atteinte en 1 à 2 jours. Augmentation possible après 2 semaines de traitement, en fonction de la réponse clinique, par exemple par paliers de 37,5 mg/semaine, et, si nécessaire, élever à 150 mg/jour et jusqu’à 225 mg/jour. - Trouble Anxiété sociale (Phobie sociale) : Posologie recommandée : 75 mg/jour. Des posologies plus élevées, jusqu’à 225 mg/jour, ont été utilisées dans les essais cliniques, sans bénéfice démontré. - Dans tous les cas : Après obtention de la réponse thérapeutique souhaitée, le traitement pourra être progressivement diminué jusqu’à la posologie minimale compatible avec le maintien de l’efficacité et une bonne tolérance. Posologie maximale autorisée pour la forme à libération prolongée : 225 mg/jour. Durée de traitement : EFFEXOR LP a démontré son efficacité comme traitement à long terme, jusqu’à 6 mois dans l’anxiété généralisée. EFFEXOR LP a démontré son efficacité comme traitement à court et moyen terme (jusqu’à 6 mois) dans la phobie sociale. L’efficacité à plus long terme n’a pas été démontrée. Le traitement des épisodes dépressifs majeurs, de l’anxiété généralisée et de la phobie sociale généralisée nécessitant généralement une prescription médicamenteuse continue de plusieurs mois, il convient d’en réévaluer périodiquement et au cas par cas les modalités. Dans la phobie sociale, la place de ce traitement vis-à-vis des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) n’a pas été étudiée. La prise en charge globale du patient reste un élément fondamental. Mode d’administration : Au cours d’un repas, en une seule prise/jour, à heure régulière, le matin ou le soir. En cas d’insuffisance rénale et/ou hépatique : Insuffisance rénale : posologie réduite. Réduction de 50% si le débit de filtration glomérulaire est inférieur à 30 ml/min. Le produit ne doit pas être administré pendant une dialyse. Insuffisance hépatique légère à modérée : posologie réduite de moitié. Une réduction de plus de 50% pourra être nécessaire chez certains patients. Il peut être nécessaire d’instaurer le traitement avec les comprimés de venlafaxine à libération immédiate. Sujet âgé : Comme avec tout antidépresseur, la vigilance s’impose à l’instauration du traitement ou lors de l’aménagement de la posologie. Arrêt du traitement : Décroissance progressive de la posologie pour prévenir la survenue éventuelle d’un syndrome de sevrage (cf. Précautions d’emploi et Effets indésirables) : au-delà d’un traitement de 6 semaines, cette décroissance se fera en 2 semaines au moins. La période de décroissance pourra dépendre de la dose, de la durée du traitement et du patient lui-même. Il sera conseillé au patient de ne pas interrompre de lui-même le traitement. Prévention des récidives des épisodes dépressifs majeurs : Efficacité de la venlafaxine démontrée chez les patients ayant répondu à la venlafaxine lors du dernier épisode. Dans la grande majorité des cas, la posologie recommandée lors du maintien prophylactique est identique à celle utilisée pour traiter l’épisode actuel. Il convient de réévaluer périodiquement le patient ainsi que l’intérêt de la prophylaxie. Arrêt du traitement prophylactique : décroissance progressive de la posologie sur une période d’environ 2 semaines, d’autant plus longue que les posologies utilisées auront été élevées et la durée du traitement prolongée. Pour une information complète, voir Vidal. CONTRE-INDICATIONS : Ce médicament NE DOIT JAMAIS ETRE prescrit dans les cas suivants : • Hypersensibilité connue à la venlafaxine. • Association aux I.M.A.O. non sélectifs (iproniazide) (cf. Interactions médicamenteuses). • Allaitement. Ce médicament NE DOIT GENERALEMENT PAS ETRE prescrit dans les cas suivants : • Associations aux sympathomimétiques alpha et bêta (adrénaline, noradrénaline et dopamine) par voie parentérale, aux I.M.A.O. sélectifs A (moclobémide, toloxatone), au linézolide. MISES EN GARDE ET PRECAUTIONS D’EMPLOI : Mises en garde : Comme lors de tout traitement par antidépresseur, le risque suicidaire chez les patients déprimés persiste en début de traitement. Les patients traités par venlafaxine doivent être surveillés dans l’éventualité d’une aggravation de l’état clinique et d’un risque suicidaire, notamment au début du traitement et à l’occasion d’un changement de posologie. Le risque de tentative de suicide doit être pris en considération notamment chez tous les patients déprimés. Le rythme des renouvellements de la prescription devra être adapté en conséquence (cf. Effets indésirables). Le trouble Anxiété sociale (Phobie sociale) n’est pas une timidité excessive mais un trouble caractérisé notamment par l’évitement ou la peur perturbant de manière importante les activités professionnelles ou sociales et entraînant une souffrance marquée. Elévation de la pression artérielle dose-dépendante possible, donc surveillance de la pression artérielle nécessaire, notamment à des doses égales ou supérieures à 200 mg/jour (cf. Effets indésirables). En cas d’antécédents de pharmacodépendance : rechercher des manifestations évocatrices d’un abus ou d’un mésusage. * La prévention des récidives dépressives s’adresse à des patients ayant présenté (y compris l’épisode en cours de traitement) au moins trois épisodes dépressifs majeurs, d’intensité modérée à sévère. Utilisation chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans : L’utilisation d’EFFEXOR LP est déconseillée chez les enfants et adolescents de moins de 18 ans. Des comportements de type suicidaire (tentatives de suicide et idées suicidaires) et de type hostile (principalement agressivité, comportement d’opposition et colère) ont été plus fréquemment observés au cours des études cliniques chez les enfants et adolescents traités par antidépresseurs par rapport à ceux traités par placebo. Si, en cas de nécessité clinique, la décision de traiter est néanmoins prise, le patient devra faire l’objet d’une surveillance attentive pour détecter l’apparition de symptômes suicidaires. De plus, on ne dispose d’aucune donnée de tolérance à long terme chez l’enfant et l’adolescent concernant la croissance, la maturation et le développement cognitif et comportemental. Précautions d’emploi : Patients épileptiques ou ayant des antécédents d’épilepsie : la survenue des crises convulsives impose l’arrêt du traitement. Patients à pression intra-oculaire élevée ou à risque de glaucome aigu à angle fermé : une surveillance étroite sera à effectuer. En cas de virage maniaque franc : le traitement sera interrompu. Comme avec d’autres antidépresseurs, la venlafaxine doit être utilisée avec précautions chez les patients présentant des antécédents personnels de troubles bipolaires. Des conduites agressives peuvent survenir chez une faible proportion de patients ayant reçu un traitement par antidépresseurs, y compris par la venlafaxine - lors du traitement, de son arrêt ou de la réduction de la dose. Comme avec d’autres antidépresseurs, la venlafaxine doit être utilisée avec précautions chez les patients présentant des antécédents de conduites agressives. Possibilité de survenue d’une hyponatrémie a fortiori lors de la co-prescription avec des médicaments susceptibles d’entraîner cette anomalie, notamment chez le sujet âgé, surtout s’il est dénutri, et chez le cirrhotique. Le risque de saignement cutané ou muqueux peut être augmenté lors d’un traitement par la venlafaxine, en particulier chez les patients ayant des antécédents d’anomalies de l’hémostase et chez les patients traités simultanément par des anticoagulants oraux ou par des médicaments agissant sur la fonction plaquettaire tels que les AINS et l’aspirine. Patients hypertendus ou atteints de cardiopathies : renforcer la surveillance clinique, la venlafaxine étant susceptible d’augmenter la fréquence cardiaque chez certains patients. Insuffisance rénale ou insuffisance hépatique : la posologie devra être réduite, en raison d’un allongement de la durée d’élimination (cf. Posologie et mode d’administration). Alcool : consommation déconseillée, comme avec tout médicament psychotrope. Comme avec d’autres antidépresseurs, syndrome de sevrage possible : diminution progressive de la posologie et surveillance du patient. Pour une information complète, voir Vidal. INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES : Associations contre-indiquées : • I.M.A.O. non sélectif (iproniazide). Associations déconseillées : • Sympathomimétiques alpha et bêta (adrénaline, noradrénaline, dopamine). • I.M.A.O. sélectifs A (moclobémide, toloxatone), • Linézolide. Associations faisant l’objet de précautions d’emploi : • Sympathomimétiques alpha et bêta (adrénaline, noradrénaline, dopamine). Pour une information complète, voir Vidal. GROSSESSE ET ALLAITEMENT : Grossesse : Cf. Vidal. Allaitement : Contre-indiqué. Pour une information complète, voir Vidal. CONDUITE ET UTILISATION DE MACHINES : Comme avec tout psychotrope, il sera conseillé au patient de s’assurer que le traitement est bien supporté. Pour une information complète, voir Vidal. EFFETS INDESIRABLES : Incidence et sévérité de la survenue des nausées (évaluées par échelle visuelle analogique) : réduites par 2 ou 3 avec la prise de venlafaxine à libération prolongée comparées à la libération immédiate, chez le volontaire sain et au cours des essais cliniques. Effets indésirables cliniques les plus fréquents : • nausées, constipation, anorexie, vertiges, sécheresse de la bouche, insomnie, somnolence, nervosité, asthénie, hypersudation (nocturne notamment), troubles de l’éjaculation et de l’orgasme. Une élévation de la pression artérielle, systolique et diastolique, peut être observée sous venlafaxine. Discrète à des doses inférieures à 200 mg par jour, l’incidence de sa survenue est alors similaire à celle observée avec les antidépresseurs imipraminiques ; aux doses supérieures, en particulier de 300 à 375 mg par jour, cette élévation est plus sensible. Il est recommandé de contrôler la pression artérielle des malades traités par la venlafaxine, notamment à des doses égales ou supérieures à 200 mg/jour (cf. Mises en garde). Des élévations du taux de cholestérol ont été observées, notamment en cas d’administration prolongée et/ou à fortes doses. Effets indésirables cliniques de moindre fréquence : • douleurs abdominales, troubles dyspeptiques, diarrhée, flatulence, vomissements, perte de poids, exceptionnellement prise de poids. • La présence dans les selles de la fraction insoluble des sphéroïdes contenus dans la gélule est possible mais sans valeur pathologique, • céphalées, anxiété, agitation, agressivité, délire, tremblements, paresthésies, rêves anormaux, • convulsions (cf. Mises en garde), • mydriase, troubles de l’accommodation, • pollakiurie, dysurie, rétention d’urine, • hypotension, hypotension orthostatique, palpitations, poussées de vasodilatation, • diminution de la libido, impuissance, • éruptions cutanées (rash) parfois maculo-papuleuses, érythémateuses, prurit, saignements cutanéo-muqueux (cf. Précautions d’emploi), des cas exceptionnels d’érythème polymorphe ont été rapportés, • alopécies. Effets indésirables peu fréquents : • acouphènes. Des cas de syndrome sérotoninergique ont été exceptionnellement observés en association (cf. Interactions médicamenteuses). Effets indésirables rares observés : • élévations de transaminases hépatiques et des hépatites. En cas d’anomalie de la fonction hépatique, l’arrêt du traitement s’impose, avec le plus souvent retour à la normale, • hyponatrémies (cf. Précautions d’emploi), Effets indésirables très rares : • leucopénies, neutropénies et pancytopénies, • augmentations de la prolactine, • manifestations extra-pyramidales (incluant dystonies et dyskinésies tardives ou non), • pancréatite, • urticaire, • glaucome à angle fermé. Des symptômes de sevrage peuvent survenir. Effets indésirables liés à la nature même de la maladie dépressive : • levée de l’inhibition psychomotrice, avec risque suicidaire, • inversion de l’humeur avec apparition d’épisodes maniaques, • réactivation d’un délire chez les sujets psychotiques, • manifestations paroxystiques d’angoisse. Pour une information complète, voir Vidal. SURDOSAGE : Cf. Vidal. PHARMACODYNAMIE : AUTRES ANTIDEPRESSEURS N06 AX 16. Pour une information complète, consulter le dictionnaire Vidal. PHARMACOCINETIQUE : Cf. Vidal. SECURITE PRECLINIQUE : Cf. Vidal. CONDITIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION : Cf. Vidal. Liste I. AMM 346 556.7 (1998 rév. octobre 2006) gélule LP à 75 mg. Mis sur le marché en 2005. Prix : 27,49 € (30 gélules). Coût du traitement journalier : 0,92 € (75 mg/jour). Remb. Séc. Soc. à 65% - Collect. Wyeth Pharmaceuticals France 20 rue Robert Nau - 41000 Blois Information médicale : Cœur Défense Tour A La Défense 4 - 92931 Paris La Défense Cedex. Tél : 01 41 02 70 00. Pharmacovigilance : Tél : 01 41 02 79 64 - MLA EFXLP 75 01-07 A 74 Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 LA SANTÉ DES FEMMES ANGIOLOGIE On est encore trop souvent confronté à des pathologies variqueuses évoluées, qu’un traitement plus précoce aurait permis d’enrayer. Des efforts doivent porter sur le dépistage de cette maladie qui débute souvent plus tôt qu’on ne pense. Les quatre saisons de l’insuffisance veineuse GARO/PHANIE Si l’incidence de la maladie veineuse augmente avec l’âge, elle est également influencée par l’hérédité qui peut favoriser sa survenue chez le sujet beaucoup plus jeune, parfois même avant la puberté, vers l’âge de 10-12 ans : en effet, une femme a 62 % de risque d’être atteinte si un parent a des varices, 90 % si ce sont les deux parents. On sait maintenant que la paQuel que soit l’âge de la patiente, l’insuffisance veineuse doit être recherchée et traitée. thologie peut débuter bien avant la puberté, qui la révèle ou l’aggrave. La symptomatologie n’est pas toujours évidente en moyenne, au lieu de 56 ans il y a vingt ans, femmes enceintes peuvent bénéficier penà individualiser à cet âge, mais l’existence de mais c’est encore trop tardif. Même si les com- dant toute la grossesse de veinotoniques ou facteurs héréditaires doit systématiquement plications ne sont pas encore présentes à cette de bas de contention, mais les varices apla faire rechercher, les jeunes patients pou- période, elles sont déjà sous-jacentes dans une parues pendant la grossesse disparaissent vant bénéficier des mêmes traitements que maladie en évolution », regrette le Dr Schadeck. généralement après l’accouchement. Il n’y a donc pas d’indications à proposer un traitel’adulte (notamment contention et phléboto La femme enceinte : le risque ment radical à cette période, mais il faudra niques). refaire un bilan pour décider de l’instauraveineux de la deuxième grossesse La femme active : la double peine Le bouleversement hormonal de la grossesse tion éventuelle d’un traitement. fragilise la paroi veineuse et peut entraîner professionnelle et ménagère Une étude portant sur plus de 13 000 patientes douleurs, varices ou varicosités des mem- Après la ménopause, en activité montre que les trois quarts ont des bres inférieurs, mais aussi varices vulvaires l’époque des complications antécédents d’insuffisance veineuse et les deux ou hémorroïdes. Dans la grande majorité des En l’absence de traitement, les troubles trophitiers un orthostatisme quotidien qui la favo- cas, la pathologie se manifeste lors de la ques peuvent apparaître après 50 ans, avec, rise. Les contraintes professionnelles se pro- deuxième grossesse. On peut observer des dès 60 ans, la survenue d’ulcères (qui concerlongent lors des tâches ménagères. La contra- hémorragies sur des veines particulièrement nent 7 % des plus de 80 ans). Les femmes plus ception peut être aggravante chez les femmes fragiles et distendues, mais la complication âgées sont plus exposées au risque de TVP, dont les parois veineuses présentent une cer- la plus redoutable est la thrombose veineuse parfois majoré par des comorbidités. Ces comtaine sensibilité hormonale (une fois sur deux). profonde (TVP), qui survient généralement plications sont l’aboutissement de l’évolution « La prise en charge a certes progressé puisque dans les suites de couches, période critique d’un état veineux préexistant négligé, avec les femmes consultent maintenant vers 47 ans qui impose de poursuivre la contention. Les chez certaines femmes des poussées congestives de la maladie veineuse sous l’influence de la ménopause et du THS. En revanche, chez les femmes qui ont bénéficié d’une prise en LA SCLÉROTHÉRAPIE charge antérieure, la symptomatologie pourra EST INDIQUÉE À TOUT ÂGE être gérée beaucoup plus facilement par les phlébotropes et la contention. La sclérothérapie, et en particulier la sclérose sous guidage échographique, a pris une place considérable Dr Maia Bovard-Gouffrant dans l’arsenal thérapeutique, pouvant être indiquée à tout âge. La chirurgie traditionnelle a diminué sensiblement au profil des méthodes endovasculaires moins invasives et qui n’entraînent pas de récidive comme après un stripping classique. GARO/PHANIE L’adolescente : une maladie de plus en plus précoce D’après un entretien avec le Dr Michel Schadeck, phlébologue (Paris), président de la Société française de phlébologie. Pour en savoir plus, des sites pour le médecin : www.sf-phlebologie.org ou pour son patient : www.infoveines.org. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 77 LA SANTÉ DES FEMMES ULCÈRES VEINEUX Les recommandations émises en juin 2006 par l’HAS* insistent sur l’importance d’une contention à haut niveau de pression, privilégiant les compressions multicouches pour favoriser la cicatrisation de l’ulcère veineux et éviter les récidives. La compression, clé du traitement origine veineuse ou artério-veineuse est en cause dans 70 à 80 % des ulcères de jambe. L’ulcère veineux constitue généralement l’aboutissement d’une longue histoire d’insuffisance veineuse négligée. Si l’interrogatoire et l’examen clinique orientent vers le diagnostic, ils ne suffisent pas, et doivent être complétés par l’écho-Doppler veineux et la mesure de l’index de pression systolique (IPS), qui établit le rapport entre la pression artérielle à la cheville et celle de l’artère humérale. Un IPS compris entre 0,9 et 1,3 définit l’ulcère veineux et une valeur comprise entre 0,7 et 0,9 diagnostique un ulcère mixte à prédominance veineuse. Le traitement local est long, parfois désespérant, mais on dispose maintenant de différents moyens pour accélérer la séquence détersion-bourgeonnement-épidermisation. L’HAS n’en détaille pas le processus, mais insiste sur l’inutilité d’un prélèvement bactériologique systématique et de la prescription d’une antibiothérapie locale ; elle rappelle en RECHERCHER UNE AOMI L’artérite oblitérante des membres inférieurs (Aomi) est d’autant plus souvent associée que le patient avance en âge, et doit être systématiquement dépistée par la mesure de l’IPS, car elle complique la cicatrisation de l’ulcère et peut être aggravée par une forte compression. Un IPS < 0,8 ou > 1,3 (artères incompressibles comme dans la médiacalcose), l’absence de pouls périphérique ou un terrain vasculaire imposent un écho-Doppler artériel. En cas d’Aomi, la compression devra être inférieure à 30 mmHg en privilégiant les compressions à étirement court, exerçant une faible pression au repos. Le patient doit être correctement informé afin de pouvoir retirer lui-même la compression en cas de douleurs ischémiques. GANZONI/SIGVARIS L’ Les bandes élastiques appliquent une pression au repos et à l’exercice. revanche toute l’importance de mettre à jour la vaccination antitétanique. Adapter la compression au type d’ulcère En accord avec la littérature internationale, seul le terme « compression » est désormais utilisé dans les recommandations de l’HAS. Il recouvre les deux mécanismes d’action (contention et compression). Il existe en effet différents moyens de compression : les bandes dites de contention, peu élastiques, à étirement court, exercent essentiellement une pression au cours de l’activité musculaire ; les bandes élastiques dites de compression, à étirement long, appliquent une pression au repos et à l’exercice, mais sont plus mal supportées la nuit. Pour plus d’efficacité, il est recommandé d’utiliser des bandages multicouches superposant plusieurs bandes de compression. Les bas élastiques sont aussi efficaces et plus simples d’utilisation pour le patient, mais la présence de pansements ne permet pas toujours de les utiliser. L’ulcère veineux ou à prédominance veineuse doit bénéficier d’un haut niveau de compression – entre 30 et 40 mmHg à la cheville –, appliquée soit pendant la journée, soit 24 heures sur 24. On préconisera plutôt dans ce cas les bandes à étirement court, dont la pression est faible au repos. Le praticien devra savoir adapter la compression pour améliorer l’observance. Ainsi, il sera parfois plus facile de superposer deux systèmes à faible niveau de compression, puisqu’on admet que les niveaux de pression s’additionnent (deux bas de classe 2 superposés équivalent à un bas de classe 4). La mise en place sous la compression de protections ou de coussinets permet de mieux répartir les pressions en fonction de la présence d’un pansement ou d’un œdème rétromalléolaire. Prévenir les récidives A ce stade d’insuffisance veineuse évoluée, tous les moyens doivent être mis en œuvre pour éviter la récidive de l’ulcère. Le port définitif d’une compression au moins diurne occupe la première place, accompagné d’une hygiène cutanée rigoureuse et de la prévention des traumatismes pour éviter l’apparition de plaies. L’activité physique et la réduction pondérale sont toujours de mise, mais une malnutrition, particulièrement néfaste à la cicatrisation devra être aussi prévenue et traitée. Dr Maia Bovard-Gouffrant * HAS, Recommandations pour la pratique clinique. Prise en charge de l’ulcère de jambe à prédominance veineuse hors pansement. Recommandations, juin 2006. Vendredi 8 juin 2007 | numéro 2414 79