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COLLECTIF MASQUE
dans le cadre de
TRANS MISSION RESEARCH (TMR)
présente
de SARA STRIDSBERG
traduction MARIANNE SÉGOL-SAMOY
mise en scène
MARIANA ARAOZ
avec
HARALD LEANDER
FRANÇOIS KERGOURLAY
MARCELA OBREGON
AXEL PETERSEN
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GENÈSE DU PROJET
L’IDÉE D’UNE TRILOGIE
L’idée de mettre en scène les trois œuvres de l’autrice suédoise, Sara
Stridsberg, m’a été suggérée par Marta Cicionesi, scénographe italienne, avec
laquelle je collabore depuis 2007 entre la Suède, la France et les Etats Unis.
Quand elle m’a présenté l’œuvre de Sara Stridsberg, j’ai été comme envoûtée
par son univers. J’ai dévoré son roman et ses pièces de théâtre.
Sara Stridsberg a su mettre en lumière des femmes méconnues aux destins
exceptionnels et tragiques. Elle est intéressée par les thèmes de la destruction
et de l’aliénation et son écriture mélange poésie et obscénité, beauté et horreur,
pureté et crasse en déant la limite des frontières.
Après ma lecture de Valérie Jean Solanas va devenir présidente de
l’Amérique, sa première pièce de théâtre, d’après son roman La faculté des
Rêves, j’ai immédiatement proposé à « l’Ecole du Jeu » de la mettre en scène
comme spectacle de n d’année de mes étudiants. Je voulais décortiquer,
disséquer, parcourir cet univers rempli de paradoxes.
Depuis des années je cherche des auteurs qui font écho aux histoires de mon
enfance, en Amérique Latine, où le réalisme et la magie sont extrêmement
présents. Je rêve d’un théâtre où l’irréel et la réalité puissent se confondre,
où les rêves et les fantasmes fassent partie du quotidien. Je cherche un
univers Baroque et Fantastique en lien direct avec le monde des masques,
des spectres ; où les vivants et les morts se côtoient, où l’on donne une réalité
aux songes.
Mon attirance pour la Suède, entre autre, vient de ce lien magique. La Suède
et L’Amérique Latine ont un rapport très puissant au magique !
Sara Stridsberg nous plonge dans ce monde avec un naturel écrasant.
Mais dans son œuvre, Sara Stridsberg plonge aussi dans la thématique du
féminin, du masculin et du genre. Elle se questionne aussi sur le regard que
nous portons sur l’autre. Les conséquences de l’attention que nous offrons à un
individu et les conséquences de l’attention dont nous le privons ; elle décortique
le comportement de celui qui domine, et de celui qui est dominé et comment
l’un et l’autre se confrontent.
Tout comme Sara Stridsberg, je m’intéresse à tous ces sujets.
Je travaille le théâtre masqué depuis plus de 20 ans, en tant que comédienne,
metteuse en scène et pédagogue. La qualité du regard que nous portons
sur l’autre est au centre de cet Art. Depuis 8 ans j’oriente tout mon travail de
recherche autour du thème de l’équilibre, entre les femmes et les hommes,
plus spéciquement, mais entre les êtres en général.
Ma rencontre avec Sara Stridsberg, intense et intime, marque un tournant dans
ma vie artistique.
LES TROIS ŒUVRES
Dissection d’une chute de Neige
La pièce met en lumière le personnage de la Reine Kristina de Suède.
Après la mort prématurée de son père, elle est nommée « Roi ». Elle est
éduquée comme un homme. Arrivée à l’âge adulte Le Pouvoir lui demande de
se marier et surtout d’enfanter. On lui demande aussi de continuer à conquérir
des territoires. Elle décide de ne pas enfanter, de ne pas se marier et de ne pas
faire la Guerre ; elle abdique et refuse son rôle pour pouvoir enn retrouver son
identité.
Valérie Jean Solanas va devenir présidente de l’Amérique
Inspirée du personnage Valérie Solanas, extrémiste féministe, autrice du
Manifeste SCUM dans lequel, elle proclame haut et fort qu’il faut éliminer les
hommes. Elle est surtout célèbre pour avoir tenté d’assassiner Andy Warhol.
Valérie… est aussi le cri de Stridsberg face au carcan, au formatage que la
société impose à chaque individu.
Medealand
Cette pièce est inspirée du mythe de Médée.
Médea, une femme immigrée, est abandonnée par Jason. Elle n’est plus
personne. Elle n’est plus rien. Elle n’a plus d’identité culturelle, elle n’a plus de
document d’identité, elle n’a plus de pays. Elle décide d’assassiner ses enfants.
Sans un homme, une femme serait-elle dépossédée de son existence ?
Le désir de se libérer des entraves, des interdits, de la domination que nous
subissons tous, est au cœur de la problématique de Sara Stridsberg. Les trois
pièces racontent une quête d’identité, qui se manifeste aussi par la difculté
d’aimer et d’être aimé.
L’humour, l’autodérision, la mise en lumière de destins hors normes, la
monstruosité des personnages, leurs désirs insatiables de reconnaissance et
d’amour caractérisent l’œuvre de la dramaturge suédoise. Dans ces trois pièces,
l’autrice met en valeur le thème de la responsabilité de chacun vis à vis de sa
propre existence. Est-ce toujours l’autre qui est responsable de ce que nous
subissons? Jusqu’à quel point sommes nous les auteurs de notre destinée ?
DÉROULEMENT DU PROJET
Ce projet se déroulera sur trois ans
Dans l’ordre de création:
1) Dissection d’une chute de Neige Avec une équipe franco-suédoise
2) Valérie Jean Solanas va devenir présidente de l’Amérique en préparation
avec l’« Ecole du Jeu »
3) Medealand avec une équipe internationale
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DISSECTION D’UNE CHUTE DE NEIGE
La pièce s’inspire de l’histoire de la Reine Kristina de Suède, enfant unique
de Gustave II Adolphe. De petite taille, au physique ingrat, elle a gommé toute
féminité dans sa façon de s’habiller et dans son comportement. Sara Stridsberg
donne la parole à cette femme qui a été éduquée pour devenir Roi de son pays
et qui refusera de se marier et d’avoir des enfants. Elle abdiquera le trône.
La pièce se déroule après le couronnement de la Fille Roi, Kristina, au
moment où elle se trouve en face du dilemme qui la conduira à abdiquer.
La pièce s’ouvre sur l’entrée en scène du personnage du Pouvoir. Il fait part des
règles du jeu à Kristina, celles qu’elle doit suivre pour être « Reine» : se marier
et avoir des enfants pour continuer à gouverner.
Elle refuse. Elle est contre ce dictat qui lui impose d’avoir un mari, d’avoir des
enfants, et elle conteste tout ce qui peut entraver son libre arbitre.
Elle est toujours hantée par la présence de son père, mort sur le champ de
bataille. Le fantôme de son père sera présent tout au long de la pièce. Il est er
d’avoir pour lle « un Roi ». Il l’éduque comme « un Homme » : Il lui apprend
à chasser, à être forte, à prendre des décisions, à être « masculin », il l’initie à
l’Art de la Guerre.
Les personnages : La lle-Roi (La Reine Kristina), Maria Eleonora (La Reine
Mère), Le Roi Mort (Gustave II Adolphe), Belle, Le Philosophe (Descartes),
Le Pouvoir, Love
SARA STRIDSBERG
Née en 1972 à Solna, dans la région de Stockholm en Suède, Sara Stridberg est
une autrice très reconnue en Scandinavie. Elle commence sa carrière littéraire
en tant que romancière et publie son premier roman, Happy Sally, à 22 ans,
dans lequel elle retrace l’histoire de la première suédoise à traverser la Manche
à la nage. Son second roman Drömfakultet (La faculté des rêves), paru en
France en 2009 (éditions Stock) est une biographie-ction autour de Valerie
Solanas, pamphlet de la féministe américaine et auteure du SCUM Manifesto,
que Sara Stridsberg avait traduit en suédois. Ce roman reçoit le Grand Prix de
littérature du Conseil nordique. Elle adaptera ensuite le livre au théâtre sous
le titre Valerie Jean Solanas va devenir Présidente de l’Amérique (publié
en France aux éditions Stock, 2010) crée au Théâtre Royal Dramatique de
Stockholm en 2006 dans une mise en scène de Klaus Hoffmeyer.
En 2009, elle écrit sa deuxième pièce Medealand (publiée chez L’Arche, 2011)
inspirée du Médée d’Euripide, qui est créée au théâtre Royal dramatique de
Stockholm en 2009 dans une mise en scène de Ingela Olsson.
En 2011 paraît son troisième roman Darling River (publié en France aux
éditions Stock, 2011) et en 2012 sa troisième pièce Dissekering av ett snöfall
(Dissection d’une chute de neige), inspirée de la vie de la Reine Kristina, créée
au Theâtre Royal Dramatique dans une mise en scène de Tatu
Hämäläinen.
« Inspirée par Marguerite Duras, Sara Kane, Elfriede Jelinek, Sara Stridberg
travaille sur les thèmes de la destruction et de l’aliénation. Son écriture est à la
fois violente, trash, poétique et joue avec les contrastes ombre/lumière, pureté/
obscénité. La sexualité, le rapport au pouvoir, la provocation, le féminisme, la
question du genre, la solitude incurable de l’âme constituent
autant de thèmes que son écriture dissèque. » Marianne Ségol
LA TRADUCTRICE :
Marianne SÉGOL-SAMOY
Marianne Ségol-Samoy est comédienne et traductrice de pièces de théâtre et de
Littérature suédoise. Elle a une double maîtrise de Français langue étrangère et
de Lettres Scandinaves. Passionnée par l’écriture dramatique contemporaine,
elle se rend régulièrement en Suède pour découvrir des créations, rencontrer
des auteurs, des directeurs de théâtre et des agents. L’intérêt de ces va-et-vient
entre deux pays, entre deux langues, est de permettre la rencontre de deux
cultures et de deux traditions théâtrales aussi riches que complémentaires.
Membre fondatrice de Labo/07 (Réseau d’écritures théâtrales internationales
d’aujourd’hui), elle traduit des auteurs de théâtre comme Sara Stridsberg,
Jonas Hassen Khemiri, Suzanne Osten, Staffan Göthe, Rasmus Lindberg, Erik
Uddenberg, Ann-Soe Bárány, Malin Axelsson… et des auteurs de romans
comme Henning Mankell, Håkan Nesser, P.O Enquist, Katarina Mazetti, Astrid
Lingren, Stefan Casta, Mats Wahl, Annika Thor.
Depuis 2013, elle coordonne le comité nordique de la Maison Antoine Vitez,
centre international de la traduction théâtrale.
DISSECTION D’UNE
CHUTE DE NEIGE
de
Sara Stridsberg
traduction
Marianne Ségol-Samoy
mise en scène
Mariana Araoz
avec
François Kergourlay
Harald Leander
Marcela Obregon
Axel Petersen
scénographie
Marta Cicionesi
costumes
Sylvie Berthou
masques
Etienne Champion
lumière
Illka Haikio
chorégraphie
Yumi Fujitani
musique
Mats Johansson (IB)
images
Musée Röhsska, Götteborg.
Exposition Vivianne Westwood
graphisme
Manuel Gonzalez Ruiz
Co-production :
Teater Skillinge (Suède)
Ville de Colombes
Figuier Blanc-Argenteuil
Institut Suédois
CG92
DRAC
Europe
La Cave à Théâtre
L’Avant Seine
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LE POUVOIR ET LE FEMININ
Dans la pièce je veux explorer le thème du « Féminin et le pouvoir » ou le
« Pouvoir au féminin ».
Kristina (ou comme la nomme Sara Stridsberg : la Fille-Roi) est élevée comme un
«Roi», comme un Homme.
Sa Toute-puissance s’afrme dès l’instant où son père la nomme «Roi». Comme
pour son père, cette appellation est essentielle pour elle, si elle avait été nommée
«Reine», comme sa mère, cela lui aurait ôté toute possibilité d’accéder au trône.
Si, lors de sa naissance, on ne peut longtemps cacher sa véritable identité
sexuelle, le Roi, son père, prote d’une méprise pour enraciner la légende et
se servir de la rumeur qui l’identie à « un Homme », de cette façon elle a des
chances de régner comme il le souhaite.
Il importe donc de l’éduquer comme un «Roi». Etude des sciences, de la
philosophie, de la littérature, exercice de la chasse, de la stratégie, lui sont
dispensés.
Sa croissance «de petit Roi» se déroule sans heurt en dépits de la mort brutale
de son père l’année de ses 6 ans. A l’âge de 24 ans, pour continuer à exercer
le pouvoir, elle doit se marier et enfanter. Elle prend conscience qu’elle va
perdre l’image qu’elle incarne aux yeux du peuple : celle d’«Un roi», celle d’«un
Homme», pour celle d’ « une femme », celle d’ « une Reine »; image qu’elle
refuse et qui remet en cause l’inuence qu’elle entend exercer sur le monde.
EROTISME ET POUVOIR
L’Ambivalence de sa personnalité lui permet néanmoins de prendre conscience et
d’user du pouvoir de l’érotisme. A la fois ART et ARME elle s’en sert comme d’une
épée pour déstabiliser, manipuler, voire humilier ou abattre ses partenaires ou ses
adversaires.
POUVOIR ET PHILOSOPHIE
Dans la pièce les discussions avec le « Philosophe » (inspiré de Descartes, qu’elle
a réellement rencontré), jouent un rôle essentiel. Elle essaie de comprendre quel
est son devoir et son identité. Le philosophe la met en face de son ambivalence et
de ses contradictions. Pour être Roi elle doit faire la guerre, mais elle ne veut pas
; pour être Reine, elle doit enfanter, mais elle ne veut pas. Que veut-elle être? Qui
est-elle ? Un Roi, une Reine ? Ni l’un, ni l’autre ?
Pour elle, il n’y a pas de dichotomie des sexes. Elle se voit comme un Tout qui
n’est perçu comme «anormal» qu’au regard des normes sociales et religieuses,
c’est dans la culture, dans le savoir, qu’elle puise la force d’être singulière et libre.
GUERRE ET PAIX
Un « homme » est éduqué pour être en « pointe », pour diriger, pour mener
l’action, pour être à la tête d’une famille, d’une entreprise, et pour « un Roi » à
la tête d’un état. Pour une femme son éducation est à l’opposé, en « creux », elle
subit, elle suit, elle est unicatrice, réconciliatrice.
En cas de conit, c’est par la puissance que l’homme va s’exprimer, en machine
armée, en guerrier.
La Fille-Roi, ayant pourtant reçu une éducation masculine et virile elle refuse de
faire la guerre. Elle entend exercer le pouvoir dans un contexte de paix. Au conit
armé elle préfère la diplomatie. Son agressivité, elle l’exprime dans ses parties de
chasse.
Elle refuse tout recours à la guerre pour conquérir un territoire ou unier une
nation.
L’Histoire s’écrit en faisant la Guerre, pas la Paix, lui rappelle le personnage du
Pouvoir.
Sa part « féminine » s’exprime de cette manière.
LE POUVOIR MACHINE
Ne pouvant échapper à la condition Humaine, la femme, tout comme l’homme,
investie d’un excès de regard, d’un excès de Pouvoir, devient toute puissante et
sans scrupule. Elle devient la proie de désirs, de passions, lesquels la menacent
de sombrer dans la folie. La surabondance de Pouvoir risque d’engendrer chez
elle la régression, la perte de son Humanité. Pour éviter ce naufrage Kristina
abdique. Se retrouver, s’affranchir de cette identité masculine, voulue par le père
et la Société, pour exorciser ce qui la possède et recouvrer liberté d’être soi, telle
est sa quête.
Notes de Mise en scène
« On ne naît pas femme, on le
devient », de même on ne naît pas
homme, on le devient. On nous
éduque au féminin, on nous éduque
au masculin, et le regard qui est
porté sur nous, dès la naissance est
complètement différent selon. On
n’apprend pas aux petites lles à
prendre le pouvoir, on n’apprend pas
aux petit garçons à le refuser. Voici
l’histoire d’une lle qui est devenue
« Roi », une lle-Roi.
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L’esthétique que je veux utiliser est à la fois celle du Rock-Punk, à la fois celle du
théâtre Nô. Chaque ligne, chaque symbole a son sens, pur et stylisé,
un monde de formes découpées telles des origamis avec une certaine mobilité.
Le Baroque, comme le Punk, seront présents dans les ornements des costumes.
LUMIERES/SCENOGRAPHIE
Jeu d’ombre et de lumière, le pouvoir est illusion. Il s’incarne dans la machinerie,
les effets spéciaux. Fascinés par le spectacle, nous succombons à la Magie.
Reste derrière ces jeux d’ombre et de lumière, une petite lle qui joue avec ses
poupées comme aux échecs. Jeu qu’elle seule maîtrise, tout est truquage faux
semblants, quiproquos lesquels s’effondrent lors du dénouement pour que se
révèle la Vérité.
Nous travaillerons sur une diversité de matières et d’espaces. Souvent
emprisonnée dans son château, souvent libre parmi les astres, elle est l’héroïne
d’une vie qui se joue entre enfermement et besoin de liberté.
Esthetique
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