MASSIMO FURLAN &
CLAIRE DE RIBAUPIERRE
Un jour
1.10. – 12.10.2014
Salle Charles Apothéloz
DOSSIER DE PRESSE
THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
AV. E.-H. JAQUES-DALCROZE 5
CH-1007 LAUSANNE
Presse et communication
Sarah Turin / Coralie Rochat
T +41 (0)21 619 45 21/74
s.turin@vidy.ch
c.rochat@vidy.ch
www.vidy.ch
© DR
2MASSIMO FURLAN & CLAIRE DE RIBAUPIERRE UN JOUR
MISE EN SCÈNE ET SCÉNOGRAPHIE :
MASSIMO FURLAN
DRAMATURGIE :
CLAIRE DE RIBAUPIERRE
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE :
LAURENT GACHOUD
LUMIÈRE :
ANTOINE FRIDERICI
MUSIQUE :
STÉPHANE VECCHIONE
SON :
PHILIPPE DE RHAM
VIDÉO :
BASTIEN GENOUX
COSTUMES :
SEVERINE BESSON
MAQUILLAGE :
JULIE MONOT
CONSTRUCTION DU DÉCOR :
ATELIERS THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
RÉGIE PLATEAU :
HERVÉ JABVENEAU
ADMINISTRATION :
CLAUDINE GENELETTI
STAGIAIRES :
CLAIRE VIONNET
PASCALE RENARD
DIFFUSION :
AURÉLIE MARTIN
AVEC :
DIANE DECKER
ANNE DELAHAYE
PIERRE-OLIVIER DITTMAR
MASSIMO FURLAN
SUN-HYE HUR
GIANFRANCO PODDIGHE
STÉPHANE VECCHIONE
PRODUCTION :
NUMERO23PROD
COPRODUCTION :
THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
LES THÉÂTRES DE LA VILLE DE 
LUXEMBOURG
AVEC LE SOUTIEN DE :
VILLE DE LAUSANNE
PRO HELVETIA – FONDATION SUISSE 
POUR LA CULTURE
ÉTAT DE VAUD
LOTERIE ROMANDE
FONDATION ERNST GÖHNER
DURÉE : 1H10
AGE : DÈS 12 ANS
PÉTITIONS ET CRÉATION À VIDY ET AUX TÂTRES DE LA VILLE DE LUXEMBOURG
MERCI À MARC AUGÉ, JANE BIRKIN, VINCIANE DESPRET, DANIEL FABRE, MARTY FRERIKSEN, SERGE MARGEL
3MASSIMO FURLAN & CLAIRE DE RIBAUPIERRE UN JOUR
PRÉSENTATION
L’iconographie du fantôme est immense, omniprésente: corps évanescents, ombres,
luminescences, souffles, traces blanches. S’il est ce qu’on ne voit pas, ce qui échappe
mais dont la présence est tout de même révélée, le spectre dispose de tout un éventail
de représentations, selon les époques, selon les cultures. Dont la plus simple et la plus
canonique est le drap blanc troué pour le regard, celle du gentil fantôme en somme.
Le projet de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre, «Un jour», pose la question de
la croyance en l’invisible, des échanges possibles entre les morts et les vivants, de la
porosité de ces deux mondes, des émotions qui s’échangent au-delà de la fin.
Sur le plateau, six personnages aux prises avec des réalités macabres ou légères,
burlesques ou poétiques, dans une esthétique très performative et complètement
hybride. Sans que l’on sache toujours qui est mort, qui est vivant.
S’il est ce qu’on ne voit pas, ce qui échappe mais dont la présence est tout de
même révélée, le spectre dispose de tout un éventail de représentations, selon
les époques, selon les cultures.
Furlan établit à l’avance un script, des séquences, des enchaînements visuels qu’il
dessine pour ensuite les mettre à l’épreuve des répétitions. Il développe souvent ce
qu’il appelle des images longues, soit des moments arrêtés qui distinguent son art
scénique à la fois du théâtre et du cinéma, qui aspirent le spectateur dans un temps
de contemplation et de réception étrange, distendu, troublant. Ici, il s’agit de laisser
venir des images, des voix, des corps, sans les figer dans une parole. D’évoquer le lien,
la peur, les larmes, la séparation, la souffrance, le coeur, le rêve, l’apparition. Pour se
demander si les absents, qui nous hantent au quotidien, nous permettent d’inventer de
nouvelles communications, de renouveler nos systèmes de signes.
© DR
UN JOUR
EN TOURNÉE
2014
Théâtre Vidy-Lausanne
1.10. – 12.10.
Théâtre de la Cité
Internationale, Paris, FR
16.10. – 18.10
Les Théâtres de la
Ville de Luxembourg,
Luxembourg, L
12.11. – 13.11
Comédie de Clermont-
Ferrand, FR
3.12. – 4.12
MASSIMO FURLAN
& CLAIRE DE
RIBAUPIERRE
Un jour
1.10. – 12.10.
Salle Charles Apothéloz
Mercredi  1.10.  20h
Jeudi  2.10.  19h
Vendredi  3.10.  20h
Samedi  4.10.  19h
Dimanche  5.10.  Relâche
Lundi  6.10.  Relâche
Mardi  7.10.  20h
Mercredi  8.10.  20h
Jeudi  9.10.  19h
Vendredi  10.10.  20h
Samedi  11.10.  19h
Dimanche  12.10.  15h
Et aussi à Vidy:
EXPOSITION
Plusieurs œuvres
vidéo de Massimo
Furlan seront
présentées dans le
foyer du Théâtre de
Vidy
1.10. – 12.10.
4MASSIMO FURLAN & CLAIRE DE RIBAUPIERRE UN JOUR
NOTE D’INTENTION
L’origine du projet
Le projet «Les corps malades» ou «A spectral day» est né lors d’une rencontre avec
Jane Birkin, suite à une semaine passée à discuter avec elle, dans sa cuisine, et à faire
revenir les fantômes de nos passés respectifs. A parler de la maladie et de la mort, de la
proximité avec ceux qui sont partis mais qui affirment leur présence dans des archives,
des lettres, des dessins, des photos, des chansons, des films, des objets. Les absents
hantent nos mémoires, nos habitations : ils sont là au quotidien, dans la pensée, la
conversation, et nous forcent à inventer de nouvelles formes de communication, un
nouveau système de signes.
La question du fantôme nous est par ailleurs familière autant à l’un qu’à l’autre:
Massimo Furlan, déjà dans ses premières séries de dessins et de peintures, travaillait
sur la question des morts et de leur présence dans l’image, procédant par collage
ou surimpression de photographies de disparus, et Claire de Ribaupierre a écrit sa
thèse de doctorat sur la question des fantômes, de la présence des ancêtres et du
roman généalogique dans les oeuvres de Claude Simon et Georges Perec (Le roman
généalogique, Bruxelles, La Part de l’oeil, 2002).
Anthropologues, historiens, philosophes s’interrogent aujourd’hui sur les différents
modes de conversation que les vivants entretiennent avec les morts, renonçant à
affirmer une séparation nette et définitive entre les deux mondes. Les artistes et
écrivains ont depuis longtemps mis en scène des formes fantômes qui nous permettent
d’essayer de penser le vivant et le mort dans un même espace, et de relever le défi de
«penser à partir du mort». C‘est ce que nous essayons de faire avec «Un jour»: rendre
une perméabilité aux corps et aux apparitions, laisser venir les images, les voix, les
corps et les questionner, sous toutes leurs formes. Ne pas les enfermer dans des mots,
laisser apparaître des gestes et des mouvements qui disent la séparation, la souffrance,
les larmes, le désir de l‘autre.
Le corps fantôme
Nous avons donc décidé de penser un projet scénique autour du corps fantôme, de la
présence des disparus, de leurs différentes formes de retour et d’apparition, du lien
qu’ils entretiennent avec les vivants. De penser aussi la question de la maladie, du
corps blessé, souffrant, et de ses représentations: les écorchés, les sculptures de cire,
les planches anatomiques.
Nous avons envie d’explorer dans ce travail la situation de porosité entre les morts
et les vivants, leur réunion dans des interstices – les espaces moins éclairés des
songes, des rêveries. Nous aimerions les faire surgir à la manière des ombres: parfois
de manière poétique ou énigmatique et parfois en pleine lumière, de façon un peu
grandguignolesque, macabre et burlesque. A l’anglaise, dans un esprit léger et cinglant.
Dispositif
Le projet pose la question de la croyance en l’invisible, du désir de l’autre, de
l’impuissance ou du miracle. Il sera conçu comme une suite de gestes, de regards,
de murmures, de frôlements, et il sera soudainement interrompu, de manière parfois
brutale et burlesque, par des chorégraphies macabres, convoquant toute une imagerie
populaire et carnavalesque .
Il s’agit donc de jouer sur l’iconographie du fantôme: corps évanescent, lueur, ombre,
blancheur, apparition énigmatique, mais aussi squelette, mort vivant, cadavre. Et de
mettre en scène le corps malade, la chair. S’instaurera un jeu entre le mannequin, la
poupée, le drap blanc, et le corps réel. A travers cela le rire, l’humour noir, le burlesque,
comme ruse pour désamorcer le tragique mais aussi pour le rendre possible.
5MASSIMO FURLAN & CLAIRE DE RIBAUPIERRE UN JOUR
Les lignes
La première étape du projet «Un jour» s’est déroulée au Château de Vaulx à Charolles (F),
avec tous les interprètes de la compagnie, avec Jane Birkin, et avec deux anthropologues,
Marc Augé et Daniel Fabre, un historien de Moyen-Age, Pierre-Olivier Dittmar, et deux
philosophes, Vinciane Despret et Serge Margel. Les discussions et les échanges ont
porté sur la question des morts et de leur retour sous différentes formes au Moyen Age,
mais aussi dans notre monde contemporain, et dans d’autres cultures, en Afrique, en
Asie. L’intensité de l’échange et la qualité des interventions nous ont donné de très
belles impulsions pour le projet. Suite à ces rencontres, nous retenons plusieurs lignes.
- La ligne de la relation à l’autre: qu’il soit vivant ou mort: l’autre visible et l’autre
invisible, l’autre humain et l’autre fantôme, l’autre élément du monde (pluie, nuages,
lumière) ... Cette relation se construit par le biais du geste, du regard, de l’adresse, de
la prière parfois, du chant ou de la lamentation. L’intensité de ces liens nous révèle
comment on pense au disparu, comment on le reconstruit, comment on communique
avec lui alors qu’il n’est plus là. Cet autre, depuis le lieu de sa disparition, adresse un
appel, une demande, une question: il sollicite un échange.
Cette relation implique évidemment la question du corps de l’autre, vivant ou mort:
comment on le touche, quelle est sa présence, quelle est sa forme. Comment il reste ou
disparaît, comment il traverse l’espace, de quoi il est constitué. Il s’agirait de considérer
que chaque partie du corps a en quelque sorte une vie propre et exprime un état: le bras,
la main, la joue, le pied, le torse, etc. Chaque membre a sa propre force, autonome,
possède une âme, si on veut. Si le corps n’est plus vivant, alors il faut le reconstituer,
l’assembler par la voix, le souvenir, l’image: souffler pour qu’il renaisse sous une forme
ou une autre.
- La ligne de la peur: face à la mort, nous avons peur. Nous avons peur du corps sans
vie, le cadavre suscite l’effroi. La disparition laisse le survivant sans voix. Il ne peut pas
parler, aucun mot ne peut exprimer sa douleur. D’un seul coup la réalité bascule et il n’y
a plus de langage. Les représentations des cadavres sont multiples: les écorchés, dont
l’intérieur du corps devient visible, derrière la peau, sous la chair, les morts vivants, les
zombies, les squelettes.
On ne sait pas où va le mort, et ce qui est indéterminé fait peur. L’angoisse est ce
qui n’a pas d’objet, ce qui ne peut être représenté. Il faut chercher à apprivoiser le
mort, à apprivoiser sa disparition. Dresser l’oreille: le fantôme appelle, il s’adresse au
survivant, lui parle à la deuxième personne. Lorsqu’il s’identifie comme fantôme, il fait
moins peur, il trouve une forme.
- La ligne des larmes et du coeur: la question des larmes, des lamentations et de la
désolation sont très liées à la tradition judéo-chrétienne et aux représentations de la
Déposition du Christ, de la Pièta. Le corps entier participe à la tristesse, à l’expression
de la perte. Les larmes coulent sur les visages peints, gravés, du Moyen Age et de la
Renaissance. Les larmes sont l’expression d’une intériorité. C’est Saint-Augustin, qui,
à la mort de son ami, et à la mort de sa mère, parle dans ses «Aveux» avec une immense
justesse des larmes et de leur nécessité: «j’ai pleuré avec bonheur sous tes yeux, sur
elle, sur moi et pour moi. J’ai laissé couler mes larmes que je retenais, couler autant
qu’elles voulaient, et mon coeur s’y vautrer. Y trouver son corps.»
«Seuls les pleurs m’étaient doux et avaient pris la place de mon ami dans les plaisirs
de mon coeur».
Le visage est le lieu des larmes, il est l’expression du coeur, de l’intériorité. Le regard
est la porte de l’âme, par laquelle on aperçoit l’être dans sa complexité et son mystère.
Lorsqu’on se souvient du mort, on se souvient avant tout de son visage, qui est le lieu
de l’expression de l’amour. Le portrait photographique, le portrait peint, sont essentiels
au souvenir, à la mémoire. Ces images du visage sont des images qui font agir, qui
capturent, qui motivent et mettent en mouvement et en action celui qui est encore en
vie. Le coeur est le lieu de l’intériorité, de l’être singulier, unique. Il apparait dans les
religions monothéistes comme le lieu où l’individu entretient un lien privilégié avec
Dieu.
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