aviron…) ; 3) le sport moderne serait né en Angleterre au
moment de la révolution industrielle et se serait ensuite diffusé
progressivement à travers le monde entier. C’est cette dernière
thèse que nous reprendrons. Il n’y aurait pas continuité entre
sports traditionnels et sports modernes mais rupture, la révolu-
tion industrielle en Angleterre constituant le berceau du sport
moderne.
Àpartirdelaseconde moitié du XIXesiècle, les sports collectifs
et individuels vont progressivement se substituer aux jeux tradi-
tionnels et s’étendre à tout le pays puis à toute l’Europe. C’est le
début de la structuration du sport en clubs, fédérations, ligues
et championnats, de l’unification des règles sportives. La fin du
XIXesiècle et le début du XXevoient la naissance de la plupart
des fédérations internationales (gymnastique en 1881, football en
1904…) et des grandes compétitions mondiales (Jeux olym-
piques, Coupe Davis, Tour de France, championnats du monde et
d’Europe des disciplines majeures…).
Dès cette époque, on peut donc opposer très nettement deux
conceptions du sport qui ne cesseront par la suite d’alimenter
des polémiques sur l’ambiguïté des rapports entre le sport et
l’économie :
—lesportprofessionnel structuré autour de la performance,
du résultat, du record, de la compétition… ;
—lesportamateurpratiquéaunomdurespectdeprincipes
éthiques fondamentaux (respect de soi, respect de l’adversaire,
fair-play, pratique désintéressée…), ce que l’on appelle encore
l’esprit sportif ou la culture sportive.
Ces deux conceptions du sport vont être instrumentalisées au
service de deux finalités (politique et économique) :
—d’un point de vue politique, le sport va être utilisé par tous
les pouvoirs autoritaires pour justifier leur supériorité. Que ce soit
le fascisme ou le communisme dans l’entre-deux-guerres, l’oppo-
sition des deux grands blocs dans l’après-guerre, le décompte des
médailles ou des victoires devient un enjeu politique de première
importance ;
—d’unpointdevueéconomique, l’organisation rationnelle
du sport s’ébauche dès la fin du XIXesiècle, se poursuit pendant
les Trente Glorieuses, puis s’affirme dans les années 1980. Le
sport entre résolument dans l’ère de la mondialisation et de la
globalisation financière avec des risques de soumission au règne
du profit. La perméabilité du sport à l’économie de marché met
en cause les valeurs éthiques traditionnelles constituant l’essence
même de cette activité. Les moyens (économiques) supplantent la
ÉCONOMIE DU SPORT4