«LaSecondeGuerremondialeestnie,laPremièrecontinue»n’hésitepasàafrmerJérôme
Gautheret du Service International du Monde, édition du 2 juillet 2014 : autant les soixante-dix ans du
débarquement ont-ils été le théâtre d’une commémoration dépassionnée et consensuelle, autant celle du
centenairedel’assassinatdel’archiduchéritierdutrôneaustro-hongroisFrançois-FerdinandàSarajevo
le 28 juin 1914 a-t-elle été marquée par des célébrations en ordre dispersé et, pour tout dire, lourdes
denon-ditsetd’incompréhensions.Au-delàde la sphère mémorielle, c’est de clivages historiques
et géographiques qu’il continue de s’agir : les États issus de l’empire austro-hongrois et d’Europe
balkaniqueneportent-ilsnalementpas,unsiècleaprès,unregardmêlantdouleuretressentiment
tant sur les causes que sur l’issue et les enseignements de la Grande Guerre ? Et ils ne sont pas les seuls
!Contrairementauxidéesreçues–tropoptimistes,«positivistes»?–selonlesquellesleconsensus
seraitdemisedanslemondeoccidentalsurlaquestiondesresponsabilitésdanslesoriginesduconit,
la parution des Somnambules de l’historien australien Christopher Clark (traduction française 2013,
Flammarion) et la controverse qui en résulte depuis sont la meilleure illustration de cet autre (le seul,
levrai?)«passéquinepassepas»,pourreprendrelaformuled’unautrehistorien,allemandcelui-ci,
àproposd’unautreconit,laSecondeGuerremondialeetdunazisme:alorsqu’ilétaitjusqu’ici
considérécommeacquisquel’Allemagne,au-delàdeSarajevoetdel’engrenagedesalliancesdel’été
1914,portaitunepartessentielledelaresponsabilitéduconit–etceparleshistoriensallemands
eux-mêmestelGerdKrumeich–Clarkpoursapartpointedanssonouvragelesresponsabilitésserbe
etrusse,slavesausenslarge,dansledéclenchementduconit.Aupointdes’attireruneindirectemais
nonmoinscinglanterépliqued’AlfredGrosserdansundiscoursappeléàfairedateauBundestagle
3 juillet 2014, pointant du doigt la militarisation de la société allemande impériale d’avant 1914…
rejoint par le président de l’assemblée lui-même, Norbert Lammert, qui afrme pour sa part que
«Nousavonsapprisbienaprèsquelesmesuresmilitairesnesontpasunmoyenappropriépourobtenir
deschangementspolitiques».Delààs’étonnerquepolitiquesethistoriensallemands(oud’origine
allemande)seraientceuxquiauraientladentlaplusdureavecleurproprepaysethistoire(etquelque
part cautionneraient implicitement et rétrospectivement le Schmach Paragraph, le « paragraphe de
lahonte»qu’incarnaitauxyeuxdelapopulationallemandedel’entre-deux-guerresl’article231du
«Diktat»deVersaillesrendantl’Allemagneetsesalliéesresponsablesdelaguerreetdesesdommages),
ilyaunpasqu’ilestévidemmenthasardeuxetexcessifdefranchir.
Mais,etc’estlàl’intérêtdudossierdocumentairepédagogiqueetdesexercicesproposés,ces
débatsravivésparlecentenairedelaGrandeGuerresontuneoccasionbienvenuedefairerééchir
élèves et enseignants sur cette question : celles des origines et des responsabilités, des causes et des
motivationsnationales.Occasionaussidevarierlesapprochesetlesdémarches:lecaractèreconictuel
etpolémiquedusujet–toujoursréel–acecidepotentiellementfécondqu’ilseprêteidéalementà
desexercices,écritsetoraux,d’argumentation,deréexion,d’échangeetd’interactionentrelesélèves
eux-mêmes(l’élocution est formatrice par dénition), ainsiqu’avecleur professeur à qui incombe
I. PRÉSENTATION DU THÈME ET DU TRAVAIL PROPOSÉ