homme 68 ans ,antécédent de polypose adénomateuse familiale traitée par colectomie totale et duodéno—pancréatectomie. incidentalome surrénalien droit présent dès le début du suivi médical et depuis 3 ans . sur l'acquisition scanographique avant injection de produit de contraste , la glande surrénale droite apparaît globuleuse et présente deux parties distinctes l'une nodulaire postérieure est le siège de calcifications ; l'autre partie de la glande, antérieure, "en croissant de lune' présentant des plages discrètement hypodenses. Sans IV Artériel Partie basse de la masse surrénalienne Artériel deux ans auparavant, La lésion était de taille et de composition identiques A blanc IP OP IP OP Chute de signal importante en opposition de phase pour la portion antérieure de la lésion (71%) et moins importante pour la portion postérieure (21%) Ax T1 FS Ax T2 SSFSE Fr T2 SSFSE Portion antérieure en isosignal T2 et postérieure en hypersignal T2 Ax LAVA C1 Ax LAVA C2 Ax LAVA C3 Rehaussement différent pour les deux portions : homogène pour la partie antérieure et remplissage progressif et plus intense pour la partie postérieure Au total lésion surrénalienne droite à double composante : -une antérieure homogène, hypodense au scanner (< 10 UH sans inj) avec chute de signal importante en opposition de phase - une postérieure comportant des calcifications et une petite partie graisseuse (-82 UH), sans chute de signal importante en OP, avec un rehaussement progressif Tumeur collision de la surrénale droite adénome non secrétant et myélolipome Tumeurs collision de la surrénale Une tumeur collision correspond à la juxtaposition de 2 tumeurs histologiquement distinctes réalisant une seule masse, sans mélange histologique des 2 tissus (ce qui les différencie des tumeurs composites, dans lesquelles les 2 populations tumorales sont mélangées à l'examen microscopique ) Les TCS sont rares malgré l’incidence relativement élevée des lésions bénignes et secondaires des surrénales En cas de TCS le problème diagnostic majeur est d’exclure la possibilité d’une malignité dans l’un ou l’autre des composants Cela est d’autant plus vrai si le patient a un cancer primitif extra-surrénalien connu (carcinome bronchique +++) : importance diagnostique, pronostique et thérapeutique La distinction macroscopique entre les contingents bénin/malin peut être évoquée sur les éléments de caractérisation observés sur l'imagerie en coupe (TDM, IRM et PETTDM) Une hémorragie intra-lésionnelle au sein d’une tumeur surrénalienne peut mimer une TCS Principales variétés de tumeurs-collisions de la surrénale • Les composants d’une TCS peuvent être en rapport avec 2 lésions bénignes, 2 lésions malignes ou une lésion bénigne en contigüité avec une lésion maligne • La TCS la plus rapportée est l’association adénome – myélolipome • D’autres associations existent et sont décrites dans la littérature : - adénome – métastase (seins, poumons et mélanome ++) - adénome – hémangiome - adénome – phéochromocytome - corticosurrénalome – métastase ou myélolipome - myélolipome – lymphome de Hodgkin … Untch BRet al, Imaging and management of a small cell lung cancer metastasis/adrenal adenoma collision tumor: a case report and review of the literature, World Journal of Surgical Oncology, 2014 Physiopathologie 2 théories (purement spéculatives…) - le hasard … : 2 lésions primitives différentes peuvent coexister en même temps par le fait du hasard - la présence d’une tumeur modifie l’environnement local (via la sécrétion paracrine de facteurs de croissance) et offre un territoire « fertile » au développement d’une 2ème tumeur Katabathina VS et al, Adrenal collision tumors and their mimics : multimodality imaging findings, Cancer Imaging, 2013 Imagerie des tumeurs-collision de la surrénale Le but de l’imagerie est de reconnaitre les lésions spécifiques (telles qu’un adénome ou un myélolipome surrénalien) de tel sorte qu’une métastase ne soit pas prise pour une lésion m bénigne • L’adénome est facilement reconnaissable : densité spontanée < 10 UH s'il est riche en lipides, wash-out > 40%, chute de signal en opposition de phase et pas d’avidité pour le 18FDG • Le myélolipome est également facile à reconnaitre s’il possède un contingent de moelle graisseuse (la plupart du temps) : densité spontanée < - 30 UH et hyposignal en suppression de graisse en IRM • Toutes les lésions n’ayant pas ces caractéristiques doivent être considérées comme suspectes surtout si un ATCD néoplasique existe VS Katabathina et al, Adrenal collision tumors and their mimics : multimodality imaging findings, Cancer Imaging, 2013 Découverte d’une tumeur pulmonaire et d’une lésion surrénalienne G chez une ♀ de 47 ans. 2 lésions se distinguent dans la surrénale G : - au scan, une de faible atténuation (5UH) suggérant un adénome riche en lipide et un nodule de 31 UH suspecte de métastase - au TEP18 FDG, la 1ère portion n’étant pas hypermétabolique alors que le nodule de 31 UH l’est - sur les séquences de déplacement chimique en IRM : chute de signal pour la 1ère et non pour la 2ème Une biopsie percutanée scano-guidée de la lésion surrénalienne G est réalisée dont l’analyse révèle des cellules tumorales de cancer pulmonaire à petites cellules compte tenu du jeune âge et de la bonne réponse à la chimiothérapie une surrénalectomie G est réalisée. l’analyse histologique de la pièce opératoire confirme la TCS avec métastase du cancer pulmonaire à petites cellules adjacent à l’adénome surrénalien TCS associant adénome – métastase ! BR Untch et al, World Journal of Surgical Oncology, 2014 Fièvre et amaigrissement de 2 kg depuis 2 mois chez un ♂ de 65 ans aux ATCD de transplantation rénale ancienne. ADP retropéritonéales au scanner dont l’analyse révèle un lymphome de Hodgkin avec cellules de Reed-Sternberg myélolipome surrénalien G sur le 1er scanner apparition d’une composante tissulaire au sein du myélolipome sur 1 scanner réalisé 2 mois plus tard pancytopénie et insuffisance rénale conduisant au décès du patient Les prélèvements autopsiques confirmeront le myélolipome de la surrénale G avec la portion tissulaire étant une atteinte du lymphome de Hodgkin dans la portion myéloïde du myélolipome TCS associant myélolipome – Hodgkin ! les mégacaryocytes du myélolipome ne marquent pas l’antigène CD30 alors que les cellules lymphomateuses le marquent (en rouge) noter qu’histologiquement parlant il s’agit plutôt d’une tumeur « composite » que d’une tumeur collision en raison du mélange « sans frontière » entre les 2 tissus même si en imagerie il existe « 2 contingents » séparés KD Hagspiel, European Radiology, 2005 Incidentalome surrénalien D chez une femme de 54 ans se révélant être un adénome objectivé au scanner et en IRM apparition d’une seconde masse surrénalienne D associée à l’adénome connu sur un scanner réalisé 6 ans plus tard pour dyspnée … Cette masse est tissulaire et comporte des fines calcifications ponctiformes périphériques pas de chute de signal de la 2ème lésion en OP (au contraire) hypersignal T2 avec fins septas Fr IP Fr T1 G FS précoce linéaires en hyposignal rehaussement nodulaire périphérique centripète et progressive de la Fr OP Fr T1 G FS 5’ nouvelle lésion une biopsie est réalisée montrant un tissu fibrovasculaire marquant le CD31 (cellules endothéliales) TCS associant adénome – hémangiome ! Ax T2 Diagnostic différentiel Ax inj Ax OP Ax T1 G FS Douleur abdominale droite sévère chez un ♂ de 47 ans masse surrénalienne D hypodense avec une composante nodulaire hyperdense chute de signal en OP en regard du contingent adénomateux sans baisse de signal en regard de la partie hyperdense pas de rehaussement en IRM de la partie hyperdense Hémorragie intra-lésionnelle d’un adénome surrénalien ! • • Une hémorragie intra-lésionnelle, de la fibrose (dégénérescence fibreuse de grands adénomes) ou des remaniements graisseux (post-radiofréquence) au sein d’une lésion surrénalienne peuvent mimer une TCS Une hémorragie intra-lésionnelle peut survenir sur toute lésion surrénalienne (bien que très rare pour 1 adénome : en particulier au cours de leur croissance) mais elle est plus fréquente sur les lésions malignes Messages à retenir Une "tumeur-collision" correspond à la coexistence de 2 tumeurs histologiquement distinctes réalisant une seule masse. Les "tumeurs collision" surrénaliennes sont rares. Les formes les plus décrites sont adénome – métastase et adénome – myélolipome mais il existe d’autres associations possibles. Les principales modalités d’imagerie en coupe (TDM, IRM et TEP-TDM) permettent de faire le diagnostic dans la plupart des cas. Le recours à la biopsie est parfois inévitable (attention à biopsier les 2 composantes en cas de TCS).