La situation du Sénat au sein des institutions avait soulevé deux débats.
Le premier portait sur la composition de son corps électoral qui accorde, du fait
de la structure communale, une prime aux élus des petites communes et favorise
de fait un solide ancrage à droite. Le second sur la faculté qui appartient au
Sénat, comme à l’Assemblée nationale, d’ailleurs, de bloquer toute révision
constitutionnelle qui exige avant le vote du Peuple ou celui du Congrès, c’est à
dire de la réunion des deux assemblées, un vote en les mêmes termes de chacune
des Assemblées. Ainsi un Président de gauche ne peut guère espérer obtenir une
révision de la Constitution à laquelle s’opposerait un Sénat de droite sauf à
recourir à la procédure, jugée inconstitutionnelle par certain, du référendum
direct de l’article 11C. Par ailleurs la victoire de la gauche dans la plupart des
régions des départements et des grandes communes lors des élections locales et
le maintien d’une majorité de droite au Sénat a été jugée comme constituant
politiquement une anomalie.
La question a été débattue au sein du Comité Balladur. Les deux
propositions visant à modifier la Constitution relativement à ces deux questions
ont été abandonnées.
d-La prise en compte implicite de l’existence d’un pouvoir juridictionnel
Si l’existence d’un pouvoir juridictionnel, écartée par le texte
constitutionnel, mais implicitement reconnue par la jurisprudence du Conseil
constitutionnel n’est pas formalisée par la révision, ce qui se justifie au regard de
l’opposition politique qu’aurait rencontrée une telle reconnaissance, il n’en reste
pas moins que les institutions juridictionnelles sortent renforcées de cette
réforme. Ce renforcement ne concerne pas seulement la fonction
juridictionnelle, il concerne plus largement les autorités qui exercent une telle
fonction.
Ainsi le rôle de la Cour des comptes auprès du Parlement est-il renforcé. Le
Conseil constitutionnel se voit confier le contrôle préalable des référendums