Rupture d’approvisionnement de produits d’intérêt majeur : un cas concret Frédéric Bassi 6 mai 2015 Bristol-Myers Squibb (Pharmacien Responsable) Conseil Central B de l’Ordre des Pharmaciens (Conseiller ordinal) 1 Définition du Médicament d’Intérêt Thérapeutique Majeur (MITM) Source EMA/314762/2013 Europe (EMA) : product as critical : • Therapeutic use (ex : for life-threatening disease …) • And availability of alternative (ex : manufacturing, product…) France : (Art 36 de la Loi de Santé de Mme M Touraine adopté le 10 avril) • Classes thérapeutiques identifiées par ANSM • Liste de MITM déterminée par le Pharmacien Responsable : – Produit pour lequel son absence pourrait entraîner une perte de chance pour le patient – Caractéristiques (Projet Décret Rupture en attente ): • Manque d’alternatives • Part de marché importante • Analyse de risque relatif à la production • dans le cadre de pénurie de NITM – Restriction pour les Grossistes-Répartiteurs – Nouvelles responsabilités pour les PUI (vente au public) et Officine (Distribution des produits importés) 2 Un cas concret (1) • Produit : – – – – Traitement de la maladie de Parkinson Produit dont l’AMM (nationale) date des années 1980 Pas de génériques en France Niveau de ventes faible et constant : • 160 000 unités de 50 gélules par an • Chiffre d’affaire de 600 k€ par an – Produit commercialisé qu’en France par l’entreprise – Production par un sous-traitant basé en Allemagne (le Principe Actif venant d’Espagne) : 3 lots fabriqués par an (1 lot = 60 000 unités) 3 Un cas concret(2) • Historique : – Février 2011 : A l’occasion d’une mise à jour de la partie « fabrication » du dossier : l’ANSM demande un complément d’informations d’ordre technique. – Mai 2013 : la CT de la HAS émet un nouvel avis sur le Produit en le classant « SMR faible » dans ces indications , son taux de remboursement est automatiquement rétrogradé de 65% à 15% – Au vu de la décision de la HAS et en accord avec le sous-traitant : Décision interne d’arrêt de commercialisation pour Décembre 2014 • Courrier envoyé à l’ANSM en Novembre 2013 • Aucune réponse de l’ANSM – Derniers lots en production Produit considéré comme non « critique » 4 Un cas concret(3) • Enchainement des évènements – Début 2014 : le sous-traitant fait état de souci de production et un début de rupture commence en Mars 2014 : • Mise en place du contingentement, information de l’ANSM, des professionnels de santé • Reprise distribution le 2 mai 2014, produit en quantité suffisante jusqu’en septembre 2014 – Mai 2014 : l’Association française des Neurologues s’émeut de la situation du produit et porte à notre connaissance une étude sur l’intérêt de l’utilisation dans le cadre des « Dyskinésies dopa-induites ». Décision de l’entreprise de le classer comme « critique » 5 Un cas concret(4) • Décision au sein de l’entreprise : – Déterminer le nombre de patients nécessitant ce produit dans cette utilisation « dyskinésie dopainduite » – Trouver une solution pour assurer le traitement au patient – Chercher une solution pérenne pour le Produit en France Mise en place d’un plan d’importation / distribution 6 Un cas concret(5) • Détermination du nombre de patients : – Étude via le Dossier Pharmaceutique demandé à l’Ordre des Pharmaciens : « Source CNOP » Volume total : 170 000 unités/an Environ 111 000 unités portés à remboursement , pour 7 500 patients 4 000 patients en association avec LDOPA, à raison de 1,5 boite /mois – Décision de mettre à disposition, en accord avec l’ANSM, des unités importées pour les patients souffrant de dyskinésie dopa-induite 7 Les contraintes pour l’entreprise (1) • Organisation de mise à disposition : – Importation de produits de compétiteurs en Europe : • Des Pays-Bas entre octobre et décembre 2014 • De Grande-Bretagne de janvier à mars 2015 • D’Allemagne depuis mi-mars 2015 – Par l’entreprise • Réception des produits • conditionnement en Français (site autorisé pour cette opération) • Joindre à chaque expédition la notice traduite et le courrier informatif validé par l’ANSM 8 Les contraintes pour l’entreprise (2) • Communication toujours en accord avec l’ANSM – À chaque étape, vers les professionnels (médecins, pharmaciens) : • Sur le site de l’ANSM • Par courriel / fax (via le Vidal) • Via le DP Rupture (test) – Information vers DGS, Association patients, Associations Neurologues 9 Les contraintes pour l’entreprise (3) • Distribution : – – – – Appel du pharmacien (officine / PUI) Pour un patient, une unité maximum/commande Expédition sous 24h A titre gracieux (les produits importés n’ont pas de code CIP et ne sont pas pris en charge) – Pour l’entreprise : • Prise totale du coût • Embauche d’une personne temps plein pour gérer les ordres de commande • Utilisation d’une prestataire pour répondre aux demandes 10 Pourquoi (1) • Loi de décembre 2011 : L’entreprise doit informer l’ANSM de tout risque ou de toute rupture de stock… et dans le cas ou il n’y a pas d’alternative disponible, l’entreprise apporte à l’Agence sa collaboration à la mise en place de solutions alternatives permettant de couvrir ce besoin et des mesures d’accompagnement (Art L 5124-6 CSP). Le Pharmacien Responsable met en œuvre les moyens nécessaires pour couvrir les besoins des patients en France, notamment les Grossistes-Répartiteurs (Art R 5124-36 8° et Art R 5124-48-1 ). La loi française reprend les dispositions de la Directive 2001/83/CE 11 Pourquoi ?(2) • Définition de la rupture : incapacité pour une pharmacie ou une PUI à dispenser dans un délai de 72h – En cas d’anticipation de rupture, l’exploitant informe l’ANSM – L’exploitant dispose d’un centre d’appel d’urgence – L’ANSM informe les professionnels et précise les recommandations éventuelles. Art. R 5124-49-1 CSP 12 Un avenir encore plus contraignant • Projet de loi de Santé de Madame Touraine (Art 36), présenté au Conseil des Ministre du 14 octobre 2014, en discussion à l’Assemblée Nationale depuis fin mars 2015, article adopté le 10 avril : – Définition du Médicament d’Intérêt Thérapeutique Majeur (MITM). – Transparence des ruptures et risques de ruptures avec Information de la rupture y compris potentielle – Mise en place des Plan de Gestion des Pénuries (PGP) pour les MITM avec mise en place des mesures palliatives – Autorisation de dispensation par les officines , en plus des PUI – En cas de non respect : pénalités financières 13 Conclusion • Responsabilité renforcée du Pharmacien Responsable : – Besoin de couvrir la population – Lister les MITM – Créer les PGP – Une organisation interne doit être mise en place, en liaison avec un grand nombre d’interlocuteurs (ANSM, HAS, DGS, Associations de patients, de médecins, les pharmaciens d’officine): • • • • Finance Production / Qualité Médical / Information Médicale Distribution 14