cours - japon-chine, concurrences regionales, ambitions mondiales

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G - JAPON/CHINE Š CONCURRENCES
RÉGIONALES, AMBITIONS MONDIALES
Introduction
En août 2015, la mer de Chine a été, une nouvelle fois, le théâtre de tensions extrêmes entre
le Japon et le Chine, notamment pour l’appropriation d’un même archipel que se disputent les
deux pays : les îles Diaoyutai (en chinois) ou Senkaku (en japonais).
Point méthode : Définir les termes du sujet dans l’introduction d’une composition :
- au brouillon, entourez tous les mots ou expressions composant le sujet (pensez à être
attentifs à la ponctuation ou aux conjonctions, qui peuvent infléchir le sens du sujet) :
- puis définissez précisément chacun des mots et expression que vous avez repérés :
o où ? quels sont les espaces/territoires concernés ?
o quoi ? quelles sont les thématiques/sujets concernés ?
o échelle(s) ? à quelle(s) échelle(s) le sujet doit-il être traité ?
Le Japon et la Chine sont deux États d’Asie de l’est, respectivement troisième et première
puissance économique mondiale. Du fait de leur niveau de puissance relativement proche, ces
deux États se livrent une concurrence (situation de rivalité entre plusieurs acteurs pour le
contrôle d’une marché ou d’un territoire) en Asie du sud et de l’est, pour s’imposer comme le
leader de la gion. Leur niveau de puissance explique également que le Japon et la Chine
aient des ambitions (volonté de réussir à s’imposer face à d’autres acteurs) à l’échelle du
monde : ils cherchent à maintenir ou à accroître leur rang à l’échelle mondiale.
Problématique : Comment se manifeste la compétition sino-japonaise à l’échelle de l’Asie
du sud et de l’est mais aussi à l’échelle mondiale ?
I. Japon-Chine Š une concurrence forte à l’échelle régionale
A. Une forte concurrence économique
Doc. 1 page 308 : « Les inégalités en Asie du sud et de l’est »
Doc. 1 page 329 : « La Chine et le Japon au cœur du commerce intra-asiatique »
Consigne : Confrontez les documents afin de mettre en évidence les domaines dans
lesquels s’exprime la concurrence économique sino-japonaise en Asie du sud et de l’est.
La concurrence entre le Japon et la Chine s’exprime au plan économique. La Chine est
la première puissance économique d’Asie avec un PIB de 11 000 milliards de dollars et
le Japon est la deuxième puissance économique d’Asie, avec un PIB de 4 000 milliards
de dollars. Leurs PIB cumulés représentent près de 70% du PIB asiatique. Mais le taux
de croissance annuel du PIB chinois (+ 7%) est nettement supérieur à celui du PIB
japonais (+ 0,4%). L’économie japonaise ne semble donc plus en mesure de rivaliser
avec l’économie chinoise. La puissance chinoise s’explique par l’importance de sa
population (qui permet de produire et vendre en très grande quantité) et par l’adoption
du « socialisme de marché » (système économique caractérisé par une économie
libérale, encadrée par l’État, et une ouverture commerciale et financière sur l’extérieur).
Mais l’économie japonaise occupe toujours une place prépondérante en Asie au plan
financier (le Japon est le premier investisseur asiatique) et au plan scientifique (les
entreprises japonaises sont plus innovantes que les entreprises chinoises car le Japon
consacre près de 4% de son PIB au secteur de la « recherche et développement »).
La concurrence est également visible au plan commercial. Le commerce chinois pèse
pour plus de 2 200 milliards de dollars annuels contre 1 100 milliards de dollars pour le
Japon. Leurs commerces extérieurs cumulés représentent plus de 60% des échanges
asiatiques. À l’échelle asiatique, c’est entre le Japon et la Chine que les échanges
commerciaux sont les plus importants (plus de 250 milliards de dollars annuels). Ces
flux montrent bien que les économies chinoises et japonaises sont interdépendantes : en
Asie, la Chine est le premier partenaire commercial du Japon et vice versa.
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B. Une forte concurrence diplomatique
Doc. 2 page 309 : « L’intégration régionale en Asie du sud et de l’est »
Doc. 1 page 314 : « Géopolitique de l’Asie du sud et de l’est »
Consigne : Confrontez les documents afin de mettre en évidence les domaines dans
lesquels s’exprime la concurrence diplomatique sino-japonaise en Asie du sud et de l’est
Une concurrence diplomatique existe entre le Japon et la Chine. Les deux États sont
membres de l’APEC, une organisation régionale (regroupement d’États, situés dans une
même région du monde pour mettre en place des projets communs) fondée en 1989
visant à stimuler les échanges dans l’océan Pacifique. Ils sont également membres
observateurs de l’ASEAN (organisation régionale fondée en 1967 pour stimuler les
échanges en Asie du sud-est) et de la SAARC (organisation régionale fondée en 1985
pour stimuler les échanges en Asie du sud). Le Japon, comme la Chine, se rapprochent
donc des mêmes États afin de nouer des relations diplomatiques et commerciales. Il
s’agit, pour ces deux États, de s’assurer du rôle de leader en Asie du sud et de l’est.
Mais la Chine s’est rapprochée des États d’Asie du nord et d’Asie centrale dans le cadre
de l’Organisation de coopération de Shanghai (2001). Elle essaie donc détendre son
influence là où le Japon n’est pas présent. La Chine, ayant une position centrale en Asie,
peut ainsi rayonner plus facilement que le Japon, dont les alliés sont en Asie Pacifique.
La concurrence sino-japonaise est également manifeste au plan militaire. L’armée
chinoise est la plus importante de la région avec 2,2 millions de soldats et un budget
dépassant les 110 milliards de dollars annuels. Larmée nipponne est la deuxième armée
d’Asie pour son budget (50 milliards de dollars annuels) et la troisième en ce qui
concerne les effectifs (avec 260 000 soldats). Mais le Japon est une puissance militaire
incomplète : il ne dispose plus de flotte militaire et n’est pas une puissance nucléaire. La
Chine, elle, est une puissance nucléaire légale, possède un siège permanent au Conseil
de sécurité de l’ONU et dispose de nombreuses bases navales permanentes en Asie du
sud (appelées le « collier de perles » par la diplomatie états-unienne).
C. Une concurrence créant des tensions
Doc. 1 page 314 : « Géopolitique de l’Asie du sud et de l’est »
Doc. 2 page 309 : « L’intégration régionale en Asie du sud et de l’est »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que la concurrence sino-japonaise
en Asie du sud et l’est génère des tensions et afin d’évaluer leurs effets diplomatiques.
La concurrence entre le Japon et la Chine se manifeste par des tensions anciennes.
Bien que leurs relations diplomatiques soient rétablies depuis 1972, des points de
friction majeurs existent toujours : la Chine dénonce la non-reconnaissance des crimes
de guerre japonais pendant la Seconde Guerre mondiale (massacre de Nankin en
décembre 1937) et le Japon dénonce le caractère autoritaire (régime non démocratique,
ne garantissant pas de libertés fondamentales à ses citoyens) du régime chinois.
Aujourd’hui, ces tensions s’expriment en mer de Chine, à propos des îles
Diaoyutai/Senkaku, annexés par le Japon en 1895 et toujours revendiqués par la Chine.
La Chine cherche à constituer une sphère d’influence : elle entretient de bonnes
relations avec l’ASEAN, confirme son soutien à la Corée du Nord et coopère avec la
Russie et l’Asie centrale. Le Japon essaie de faire contrepoids à la Chine : il multiplie
les relations avec l’ASEAN et avec les États inquiets de l’expansionnisme (attitude d’un
État consistant à étendre son influence sur d’autres territoires) chinois : Philippines,
Inde… Toutes ces tensions ont pour effet de freiner l’intégration régionale dans la
région. Au sein de l’ASEAN, le Laos soutient l’action de Pékin alors que les Philippines
appuient Tokyo pour dénoncer l’expansionnisme chinois en mer de Chine.
En Asie du sud et de l’est, la concurrence entre le Japon et la Chine est forte :
elle se manifeste au plan économique et diplomatique et elle génère des tensions.
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II. Japon-Chine Š des ambitions affichées à l’échelle mondiale
A. Deux puissances économiques mondiales
Point méthode : Construire un plan comparatif :
- un plan comparatif, c’est un plan répondant à un sujet de composition ou
d’étude critique de document(s) demandant de comparer deux éléments ;
- il faut donc absolument éviter le plan consistant à présenter le premier aspect
dans une partie et le second dans une autre partie ;
- il vous donc faire un plan thématique ou multiscalaire (pour les parties) et
intégrer les éléments à comparer dans les sous-parties.
Au plan économique, le Japon et la Chine sont deux puissances mondiales. La Chine
est devenue l’ « usine du monde » (expression désignant le fait que la Chine est le
principal producteur et exportateur de la planète) : elle a le premier PIB mondial depuis
2014. Le Lapon, lui, se place au troisième rang mondial en termes de PIB.
Doc. 2 page 319 : « Le Japon dans le commerce mondial »
Doc. 3 page 319 : « La Chine dans le commerce mondial »
Doc. repères âges 326 : « Les IDE de la Chine et du Japon »
Consigne : Confrontez les documents afin de mesurer le poids commercial et financier
du Japon et de la Chine à l’échelle mondiale.
Au plan commercial, la Chine est le premier exportateur mondial (10% du commerce
mondial), soit le double du Japon (5% du commerce mondial). Les échanges
commerciaux chinois se font majoritairement avec l’Asie (à hauteur de 75%). Les
partenaires commerciaux du Japon sont plus diversifiés : ils se répartissent à part
quasiment égale entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique du nord (les trois pôles de la
« Triade »), à hauteur de 25-30%. Le reste des échanges se fait vers le reste du monde.
Au plan financier, la puissance du Japon est supérieure à celle de la Chine. Son stock
d’IDE (investissements directs à l’étranger) s’élève à 720 milliards de dollars contre
280 milliards pour la Chine : 75% des IDE chinois sont en Asie ; les IDE japonais sont
en Asie, en Europe et en Amérique du nord à hauteur de 25-30% chacun. Tokyo est la
troisième bourse mondiale, Shanghai et Hong Kong les quatrième et cinquième bourses
mondiales. Mais la puissance financière chinoise s’est accrue ces dernières années :
depuis 2000, ses IDE ont été multipliés par 20 et elle investit aujourd’hui partout sur la
planète (achat de terres en Afrique, rachat d’entreprises en Europe comme PSA).
B. Deux puissances au rayonnement inégal
Au plan diplomatique, le Japon et la Chine ont longtemps été des « nains
diplomatiques » (expression désignant le faible poids diplomatique mondial d’un État).
Depuis 1971, la Chine communiste dispose du siège permanent au Conseil de sécurité
de l’ONU (donc du droit de veto et du droit de posder l’arme atomique). Le Japon,
lui, ne dispose pas d’un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU (il le réclame).
Au plan militaire, la situation est identique. La Chine est la deuxième puissance
militaire mondiale après les États-Unis (bien qu’elle soit l’armée disposant du plus
grand nombre de soldats sur la planète). Le Japon, lui, a une force militaire limitée
(c’est un héritage de la défaite de 1945) : renoncement au droit à déclarer la guerre,
absence de flotte militaire. La sécurité du Japon est donc en grande partie assurée, en
Asie, par l’armée des États-Unis : le rôle militaire mondial du Japon est très limité.
Au plan culturel, les deux pays cherchent à étendre leur influence mondiale. Le Japon
exporte son modèle culturel par le biais de ses FTN (Sony, Nintendo…) alors que la
Chine s’appuie sur son réseau d’instituts Confucius (établissements cultures publics
chinois chargés de diffuser la langue et la culture chinoise dans le monde). Les deux
États cherchent aussi à renforcer leur soft power (rayonnement d’un État diffusé grâce à
des moyens pacifiques) par l’organisation d’événements mondiaux : Jeux olympiques
(Pékin en 2008, Tokyo en 2020), Exposition universelle (Shanghai en 2010)…
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C. Deux puissances cependant vulnérables
Le Japon comme la Chine connaissent des fragilités économiques. Les deux pays
enregistrent un ralentissement de leur croissance économique, qui les inquiète. Mais ce
ralentissement n’est pas identique : en Chine, le taux de croissance continue d’être élevé
(+ 7%) alors qu’au Japon, il est très faible (+ 0,4%). D’autre part, ces deux États sont
confrontés à une concurrence économique et commerciale forte de la part des autres
pays développés (États-Unis, Union européenne…) et des autres pays émergents (Brésil,
Inde…). Enfin, ils sont fortement dépendants de létranger pour l’approvisionnement en
ressources : les deux pays cherchent donc à diversifier leurs fournisseurs (Moyen
Orient, Afrique…) et à réduire leur dépendance aux importations.
Des fragilités sont également perceptible au plan social. Au Japon comme en Chine, la
population vieillit mais encore, le phénomène n’en est pas au même stade
d’avancement dans les deux États. Alors que le phénomène ne fait que commencer en
Chine (en liaison avec les effets de la « politique de l’enfant unique », qui a d’ailleurs
été supprimée en 2015), il est nettement plus marqué au Japon (où la part des plus de 65
ans s’élève à 23% de la population totale, contre 13% pour les moins de 15 ans). De
plus, depuis quelques années, les salaires chinois sont à la hausse. Ces deux
phénomènes combinés inquiètent Pékin qui craint une baisse de compétitivité (capacité
à résister à la concurrence économique) à l’échelle mondiale.
Enfin, le Japon et la Chine sont fragiles politiquement. Le régime chinois est
fréquemment décrié pour son aspect autoritaire et pour le non-respect des minorités
(notamment les Tibétains) et des droits de l’homme. Le Japon, dépourvu de réelle
puissance militaire et diplomatique, cherche à renforcer son hard power (rayonnement
d’un État imposé grâce à des moyens militaires). Certains – dont les Chinois – accusent
Tokyo de mener une politique de militarisation en Asie du sud et de l’est.
Le Japon et la Chine sont des puissances économiques mondiales de premier
plan. Leurs ambitions diplomatiques, militaires et culturelles visent à maintenir ou
à renforcer leur rang à l’échelle mondiale. Cependant, ces deux États présentent
des vulnérabilités qui freinent aujourd’hui leurs ambitions mondiales.
Conclusion
Le Japon et la Chine sont en concurrence pour s’imposer comme le leader en Asie du sud et
de l’est. Il semble que la Chine ait remporté le match : sa puissance régionale est plus
complète que celle du Japon. C’est également vrai à l’échelle mondiale.
La compétition entre le Japon et la Chine se manifeste par une concurrence acharnée, dans
de nombreux domaines, mais aussi par des tensions très souvent vives. Elle génère aussi une
interdépendance entre ces deux États, qui ont besoin l’un de l’autre.
Les tensions sino-japonaises vont-elles s’apaiser dans un avenir proche ? Dans leur intérêt et
dans l’intérêt des autres États d’Asie du sud et de l’est.
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