INSTITUT de FORMATION aux METIERS de REEDUCATION et de READAPTATION Des Pays de La Loire 54 Rue de la Baugerie 44230 SAINT SEBASTIEN SUR LOIRE LE SYNDROME MYOFASCIAL DOULOUREUX : Approche littéraire et Pratique de deux Techniques de Compression Manuelle BONNET Marie Année 2011/2012 Région Pays de La Loire RESUME La pathologie de syndrome myofascial douloureux est bien souvent mal identifiée, bien qu’elle soit l’une des souffrances musculaires la plus fréquemment rencontrée au sein d’une population ayant une vie active. Présentant un impact sur la qualité de vie des individus, il est donc nécessaire qu’elle soit diagnostiquée et prise en charge. Le point trigger étant l’origine de ce syndrome, il est responsable d’une hypoxie locale formée au niveau du muscle qui le contient. Cette atteinte physiologique a conduit ce travail écrit sur la comparaison littéraire et pratique de l’efficacité de deux techniques de compressions manuelles, agissant sur l’hypoxie, mais ayant une méthodologie d’action différente. L’observé réalisé sur 14 étudiants s’appuie sur l’évaluation de l’intensité de la douleur, mettant en avant une diminution de celle-ci pour les deux types de compressions mais qui semblerait plus marquée pour la compression rythmée que pour la compression maintenue. MOTS-CLES / KEYWORDS - Syndrome myofascial douloureux / Myofascial pain syndrome - Point trigger / Trigger point - Compression manuelle rythmée / Rhythmic manual compression - Compression manuelle maintenue / Maintained manual compression SOMMAIRE 1 INTRODUCTION ......................................................................................................................1 2 POINT DE VUE LITTERAIRE DU SYNDROME MYOFASCIAL DOULOUREUX ................2 3 4 5 2.1 Description et pathogenèse du syndrome myofascial douloureux .........................................2 2.2 Regard historique ................................................................................................................8 2.3 Approche littéraire comparative des deux techniques de compressions manuelles............... 11 MISE EN PRATIQUE DES COMPRESSIONS MANUELLES ................................................ 13 3.1 Démarche diagnostic d’un syndrome myofascial douloureux ............................................. 13 3.2 Mise en pratique des traitements par compressions manuelles ............................................ 15 3.3 Résultats obtenus ............................................................................................................... 18 DISCUSSION ........................................................................................................................... 20 4.1 Analyse des résultats de la pratique en lien avec la littérature ............................................. 20 4.2 Limites du constat réalisé................................................................................................... 21 4.3 Difficultés rencontrées ....................................................................................................... 22 CONCLUSION ......................................................................................................................... 23 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANNEXES 1 INTRODUCTION Le syndrome myofascial douloureux est une pathologie fréquente de souffrance musculaire rencontrée dans les populations de tous âges (1). Issu d’un point trigger ou point de déclenchement musculaire, le syndrome myofascial douloureux peut être responsable de limitations de mobilité en lien avec le muscle possédant le point trigger, restreignant toute personne atteinte dans ses activités de vie quotidienne (profession, loisirs…). Il est donc primordial de ne pas négliger ce syndrome. Toutefois, cette pathologie reste mal diagnostiquée et traitée avec des techniques plus ou moins appropriées, ceci étant dû à un manque de connaissances en lien avec une littérature confuse voir peu validée au niveau international. Au cours du siècle dernier, de nombreux auteurs ont participé à la compréhension de ce syndrome myofascial douloureux, permettant d’écarter les pathologies confondues avec ce syndrome par des symptômes qui lui étaient similaires. Aux jours d’aujourd’hui, la littérature peut nous éclairer sur le syndrome myofascial douloureux à condition de se tourner vers les articles et auteurs qui ont joué un rôle de découverte dans la pathologie par le biais de travaux de recherche ou s’appuyant sur les travaux d’auteurs références. Ainsi le syndrome myofascial douloureux présente des critères diagnostiques propres et des techniques de traitement efficace. En revanche, la physiopathologie reste encore objet de recherches scientifiques, bien que l’hypoxie musculaire semble être l’élément central responsable de la genèse des points trigger et donc du syndrome myofascial douloureux. Dans les traitements proposés pour lutter contre les Points trigger, la compression manuelle m’a interpellée du fait de l’appel vasculaire qu’elle exerce par l’alternance de pression/relâchement. L’hypoxie musculaire, étant l’élément central à l’origine du point trigger, l’apport vasculaire favorisé par la pression permettrai de traiter le syndrome myofascial douloureux. Deux techniques de compressions manuelles sont décrites dans la littérature : la compression maintenue de SIMONS datant des années 2000 (qui est toujours utilisée dans les études de recherches actuelles), et la compression rythmée (enseignée dans les formations pratiques des points trigger). Ces deux traitements par compression m’ont conduite à m’interroger sur la littérature, en particulier si une de ces deux techniques est plus efficace que l’autre? Ou bien quelles seraient les conditions de pratique de telles techniques de compressions? 1 L’alternance de pressions/relâchements étant plus importante lors de compressions rythmées que lors de compressions maintenues, je supposerai que la compression rythmée favorisera davantage l’appel vasculaire pour agir contre l’hypoxie, et sera donc la compression la plus efficace pour traiter le point trigger. Dans un premier temps, mon travail débutera sur une recherche littéraire sur le syndrome myofascial douloureux. Puis dans un deuxième temps, la mise en pratique des deux techniques permettra la mise en place d’un observé. Enfin dans un troisième temps, la discussion traitera de l’ensemble des résultats obtenus, ainsi que des difficultés rencontrées au cours de la réalisation de ce travail. 2 POINT DE VUE LITTERAIRE DU SYNDROME MYOFASCIAL DOULOUREUX 2.1 Description et pathogenèse du syndrome myofascial douloureux De nos jours, la définition du syndrome myofascial douloureux s’appuie sur les travaux des années 1990 de TRAVELL et SIMONS, qui décrivent ce syndrome « comme un complexe de symptômes sensoriels, moteurs et végétatifs qui sont causés par des points de déclenchement myofasciaux (2). Un point myofascial est une zone hyperexcitable au sein d’une bande en tension d’un muscle squelettique ; il est localisé dans le tissu musculaire et /ou le fascia qui lui est associé. Le point est douloureux à la pression et peut provoquer la douleur référée et des phénomènes neurovégétatifs caractéristiques » (3). Le syndrome myofascial douloureux est souvent associé à une douleur myofasciale de topographie plus ou moins à distance selon la localisation du point de déclenchement myofascial dont il est issu. Le point myofascial, aussi appelé point de déclenchement ou point trigger, décrit comme un nodule hyper irritable, répond à des caractéristiques cliniques spécifiques décrites par les deux mêmes auteurs : bande musculaire tendue, nodule au sein du cordon musculaire, douleur localisée au point de déclenchement, douleur référée, réaction de secousse musculaire, restriction de mobilité passive et active, faiblesse musculaire, insertion musculaire douloureuse, phénomènes neurovégétatifs. Ces critères cliniques peuvent être présents spontanément ou bien être révélés par la mise en tension musculaire, la contraction musculaire ou la palpation (4). 2 Les points trigger sont identifiés selon différents types : les points trigger primaires englobant points trigger latents et actifs se différenciant sur le critère douleur, et les points triggers associés favorisant les points trigger secondaires et satellites. Le point trigger primaire est situé dans le muscle qui est initialement atteint par un facteur déclenchant tel qu’une surcharge aiguë, chronique, un traumatisme ou une sur utilisation. Ce point primaire peut être latent ou actif : le point trigger latent présente l’ensemble des caractéristiques clinique d’un point myofascial actif mais il est dit silencieux sur la symptomatologie de la douleur spontanée. Contrairement au point trigger actif, apparaissant à l’activation du point trigger latent, qui est lui responsable de la douleur spontanée du patient et donc du syndrome myofascial douloureux. En effet un point trigger latent n’ayant pas de spontanéité symptomatologique en particulier vis-à-vis de la douleur, peut persister pendant plusieurs années jusqu’à ce qu’il soit confronté à un phénomène déclenchant favorisant son activation en donnant lieu à un point trigger actif. Mise à part la douleur, ces deux types de points trigger présentent les mêmes caractères cliniques, certes plus intensifiés pour un point actif, et peuvent tous deux entrainer des troubles fonctionnels. Par conséquent il est primordial d’identifier et de prendre en charge les points trigger actifs, mais également les points trigger latents afin éviter leur évolution en point trigger actif et donc en syndrome myofascial douloureux (3, 5). Le développement des points trigger actifs aurait tendance à augmenter avec l’âge, durant la période de vie active des individus. Au contraire les années suivante étant marquées par une diminution d’activité, les points trigger deviennent des points latents avec une diminution des douleurs et l’installation raideurs et de limitations d’amplitude (3). Le point trigger associé se développe à la suite du point trigger primaire. Il apparait dans le muscle agoniste se substituant alors au muscle contenant le point trigger primaire, dans le muscle antagoniste du muscle au trigger point primaire en s’opposant à sa mise en tension, ou dans un muscle de la zone de la douleur référée. Dans le muscle antagoniste, le trigger point est dit secondaire et dans la zone de douleur référée, il est dit satellite (4). L’apparition et la persistance des points trigger sont causées par une étiologie multifactorielle. Le système nerveux central, des facteurs biomécaniques et les activités de vie quotidienne de l’individu interviennent comme facteurs étiologiques des points trigger. Le système nerveux central favorise la formation et le maintien des points trigger par « relancement successif des signaux nociceptifs provenant des points trigger myofasciaux produisant une sensibilité centrale de la douleur, la présence d’autres sites de génération 3 d’imputs douloureux et l’activation des nerfs autonomiques locaux » (6). Ces mécanismes pouvant agir ensemble ou de façon isolée, engendrent par exemple l’activation de points trigger lors d’une douleur viscérale, d’une maladie organique, de stress et d’anxiété... En effet, une douleur viscérale s’irradie par le biais des voies nerveuses vers la peau et les muscles adjacents. Si un point trigger latent se situe dans la zone où la douleur est irradiée, le point latent peut s’activer et devenir actif (6). Les facteurs biomécaniques se situent aux niveaux musculaire, articulaire et postural, incluant des phénomènes déclenchant à type de traumatismes aigus, de microtraumatismes, de désordre discaux, de décentrages articulaires favorisant des déséquilibres musculaires, ou de mauvaises postures maintenues sur des durées prolongées (pendant le sommeil, membres inférieurs croisés en position assise…). Le muscle entre donc en surcharge aiguë ou chronique selon le facteur étiologique engendrant l’apparition de points trigger (6, 7, 8). En lien avec les activités de vie quotidienne de tout individu, telles que la profession ou les loisirs sportifs par exemple, le muscle peut être soumis à une activité répétitive ou à une sur utilisation provoquant ainsi la formation et la persistance de points trigger (8). Le syndrome myofascial douloureux rencontré peut être aigu ou chronique selon les facteurs étiologiques agissant de manière isolée ou s’additionnant. La prise en charge du syndrome myofascial douloureux devra donc s’adapter aux circonstances étiologiques et aux facteurs d’entretien, mais aussi intervenir sur ces mécanismes pour favoriser la guérison des points trigger et éviter les récidives d’apparition dans le temps. Cette prise en charge implique un objectif éducatif retrouvé par exemple au niveau de l’hygiène posturale rachidienne ou dans l’adaptation du poste de travail. La physio pathogénèse des points de déclenchement myofasciaux reste encore sujet de recherche au niveau international, bien qu’aujourd’hui une hypothèse ressorte (7). Afin de faciliter la compréhension de la physiopathologie du syndrome myofascial douloureux, un bref rappel de la physiologie musculaire est nécessaire. Un muscle possède des fibres musculaires qui contiennent un grand nombre de myofibrilles, qui elles-mêmes sont composées de sarcomères. Le sarcomère est l’unité contractile du muscle et est constitué de plusieurs myofilaments d’actine et de myosine. Lors de la contraction musculaire, le neurone moteur transporte le message nerveux jusqu’à la terminaison axonale au niveau de la plaque motrice du muscle. Le neurotransmetteur, l’acétylcholine, est libéré dans la fente synaptique et se fixe aux récepteurs post-synaptiques favorisant la formation d’un potentiel d’action musculaire. Ce potentiel d’action se propage le 4 long de la membrane musculaire, déclenchant la libération d’ions calcium et d’adénosine triphosphate (ATP) qui entrainent la mise en mouvement des filaments d’actine et de myosine entre eux. Le glissement des myofilaments favorise le raccourcissement du sarcomère permettant la contraction musculaire. Le calcium libre est ensuite récupéré par le réticulum sarcoplasmique ce qui signe la fin de la contraction de la fibre musculaire (4). A partir des années 1990, plusieurs hypothèses de physiopathologie d’apparition des points trigger sont suggérées : « Théorie de la crise d’énergie », « l’hypothèse de la plaque motrice », « le modèle de la douleur musculaire par radiculopathie». SIMONS fait fusionner les deux premières théories pour proposer la théorie de l’hypothèse intégrée, qui met en avant un dysfonctionnement de la plaque motrice ainsi qu’une crise énergétique au sein du muscle (6, 7, 8). Cette dysfonction de la jonction neuromusculaire implique une libération excessive d’acétylcholine dans la fente synaptique et une dépolarisation maintenue de la membrane musculaire post-synaptique. Les potentiels d’action formés au niveau de la membrane musculaire favorisent une libération accrue d’ions calcium, parallèlement à leur absorption au niveau du réticulum sarcoplasmique. C’est cette absorption qui permet de finaliser la contraction de la fibre musculaire. Les ions calcium étant responsables des mouvements de glissement des filaments d’actine et de myosine, le sarcomère se retrouve en position de raccourcissement continu: le muscle est donc en permanente contraction. Un muscle contracté, surtout de façon continue, est demandeur d’énergie. Or, le spasme musculaire causé par le dysfonctionnement de la plaque motrice, diminue l’apport vasculaire et donc l’apport en oxygène et en nutriments, qui constituent les besoins énergétiques essentiels du muscle. Le spasme musculaire a donc pour conséquence une hypoxie musculaire locale, qui sera à l’origine de lésions tissulaires locales. Il y a donc une altération du métabolisme cellulaire musculaire réduisant la synthèse d’ATP, qui participe au mécanisme d’apport en énergie musculaire. On dit que l’hypoxie est responsable d’une crise d’énergie musculaire. La diminution d’ATP réduit la capture du calcium au niveau du réticulum sarcoplasmique et induit la synthèse et la libération de substances neurovaso-actives à type de pro-inflammatoire et d’algogènes (substance P, neurokinine A, glutamate…) qui sensibilisent la nociception de la douleur. De plus la quantité insuffisante d’ATP active les fibres nerveuses autonomiques locales qui influencent la libération accrue d’acétylcholine (4, 6). Le spasme musculaire issu du dysfonctionnement de la plaque motrice entraine une hypoxie musculaire locale, qui favorise la crise d’énergie musculaire et maintient ainsi une libération d’acétylcholine associée à un déséquilibre entre accumulation et absorption des ions calcium. L’ensemble de ces mécanismes conduit à une contraction musculaire permanente. 5 Un cercle vicieux s’est donc installé menant perpétuellement au maintien de la contraction musculaire. Cette hypothèse intégrée met en avant une physiopathologie qui est cohérente face aux critères cliniques caractéristiques des points trigger retrouvés, telles que la bande musculaire tendue, la douleur localisée au niveau du point trigger ou encore la faiblesse musculaire. Pour ce qui est de la douleur référée, elle prend son origine à partir du point trigger myofascial. La douleur référée d’un point trigger peut se situer à proximité, tout comme à distance du point concerné. Par ses différences de localisation, il est nécessaire que la douleur référée transite par un système de connexions nerveuses centrales et périphériques. KELLGREN fait partie des premiers auteurs à mettre en évidence la présence de douleur référée lors de la stimulation de points trigger chez ses patients. TRAVELL et SIMONS, en s’appuyant sur ses travaux, ont réalisé sur de nombreuses années des cartographies répertoriant les points trigger et leurs douleurs référées associées retrouvées chez le plus grand nombre de patients (3, 8). Parfois ces territoires douloureux retrouvés sont très différents d’un point à l’autre, d’un individu à l’autre, ou parfois il arrive qu’ils se chevauchent. Chez certains patients la douleur référée se retrouve sur un territoire tout autre que celui représenté sur la cartographie du point trigger donné. La mise en place de ces cartographies joue aujourd’hui un rôle important dans la différenciation entre les points actifs et latents. Par stimulation d’un point actif, la douleur référée associée peut apparaître en 10 à 15 secondes, tandis qu’un point latent demande plus de stimulation pour favoriser l’apparition de sa douleur référée, elle met donc plus de temps à se manifester (3). OCHOA et TOREBJÖRK ont démontré l’existence d’une « projection à distance de douleurs, par le biais de l’innervation sensitive du muscle » (3). Ces douleurs à distance répondent de façon similaire aux territoires des douleurs référées des points trigger. D’après MENSE, le transit de la douleur référée ne suit pas un trajet neurologique propre. Il répond le plus souvent à une région innervée par le même segment spinal (dermatome, myotome, sclérotome) du muscle possédant le point trigger, sans pour autant le recouvrir en totalité. Mais par la présence de connexions entre les segments sus et sous-jacents, la douleur référée peut se trouver localisée à distance en lien avec un autre segment spinal. Le point trigger stimule donc les fibres sensitives musculaires, transmettant un message nerveux à la corne spinale de la moelle épinière. Par le biais des interconnexions, la douleur suit le trajet du segment spinal du muscle possédant le point trigger, ou bien elle suit un autre segment spinal, expliquant sa localisation plus ou moins à distance du point trigger (3). 6 Le transit de la douleur référée répond aux mêmes mécanismes du système nerveux central cité précédemment comme facteur déclenchant ou de persistance des points trigger. Ce qui explique la possibilité de point trigger satellite dans le territoire d’une douleur référée, ainsi que les phénomènes neurovégétatifs tels que la sudation ou l’augmentation de la pilosité. Le traitement du syndrome myofascial douloureux répond à un grand nombre de techniques utilisées de façon complémentaire. Ce traitement a pour objectif de désactiver le point trigger, en favorisant l’apport sanguin dans la zone atteinte, et de détendre le muscle possédant le point. Mais la prise en charge doit aller au-delà de l’impact sur le point trigger, elle doit aussi englober les troubles secondaires lui étant associés, avec un travail sur le rééquilibre musculaire, articulaire, postural et aussi agir sur les facteurs d’entretien qui pourraient favoriser la réapparition du point ou d’autres points trigger. Pour cela, le traitement utilise deux types de techniques différentes : la thérapie non invasive et la thérapie invasive. La thérapie non invasive est plus souvent employée par les thérapeutes physiques. Elle inclut : - Des compressions manuelles, réalisant des pressions digitales sur le point trigger (3, 6). - Un massage par friction transverses ou aussi appelé étirement manuel local dans la zone de point trigger, déplaçant digitalement le point trigger le long de la fibre musculaire (3) (4). - Un massage fonctionnel qui associe une pression manuelle à un mouvement de mise en tension passive modérée du muscle atteint (4). - Des techniques de massage superficiel tel que le palpé roulé, agissent sur la zone du point trigger ou bien au niveau de la zone de douleur référée (6). - Des techniques plus profondes comme le pétrissage et les pressions glissées, libèrent les fascias inter et intra musculaire. Le massage transversal profond agit sur les insertions tendineuses ou jonctions musculo tendineuses lésées (3, 4). - Des techniques d’étirements passifs, associées de façon non systématique à l’utilisation de spray réfrigérant vaporisé sur le muscle concerné (3, 6). - De la reprogrammation neuro musculaire, ayant pour objectif un gain d’amplitude par la technique de relaxation post isométrique, enchaînant un travail de contraction, relâchement et de mise en tension passive du muscle agoniste ou antagoniste, mais aussi par la technique d’inhibition réciproque, où la contraction du muscle antagoniste favorise le relâchement et l’étirement du muscle agoniste (3, 4, 6). 7 - Des techniques de réharmonisation articulaire sont employées, que l’atteinte articulaire soit la cause ou la conséquence de la formation du point trigger (4). - De l’électrothérapie (TENS : stimulation nerveuse électrique transcutanée), les ultrasons, et la chaleur humide sont utilisés à visée antalgique et de détente musculaire (3, 4, 6). - La mise en place de kinésiotaping permet une action sur le drainage vasculaire, ainsi qu’une détonification musculaire suivant son installation (4). - Le travail éducatif apporte des conseils et une guidance au niveau ergonomique et sur l’hygiène posturale adaptée, afin d’agir sur les facteurs d’entretien des points trigger (3, 4). La thérapie invasive englobe : - La prise en charge médicamenteuse permettant de lutter contre la douleur, le spasme musculaire et les troubles du sommeil avec respectivement la prise d’antalgiques et d’antiinflammatoires non stéroïdiens, de myorelaxants et d’antihistaminiques (3). - L’utilisation d’injections locales au niveau de la zone du point trigger, avec des anesthésiques locaux, des anti-inflammatoires non stéroïdiens, ou bien de la toxine botulinique de type A (6). - Le Dry Needling s’appuyant sur le matériel d’acupuncture mais utilisant des techniques différentes. A l’aide d’une aiguille incorporée au sein du point trigger, la désactivation du point et l’apport vasculaire sont favorisés soit par mouvements de rotation de l’aiguille dans un sens et dans l’autre, soit par réalisation de pressions légères rythmées dans le point trigger (4). Ces techniques impliquent qu’elles soient utilisées de façon complémentaires les unes aux autres, mais elles ne nécessitent pas d’être toutes réalisées à un moment donné pour traiter un point trigger précis. D’où l’avantage de l’ensemble de ce traitement qui permet au thérapeute le choix de leurs techniques selon leurs maîtrises professionnelles de chacune d’entre elles et le matériel que chacun a à sa disposition. De plus, la symptomatologie variant d’un individu à l’autre, ce traitement ouvre sur de nombreuses pratiques afin d’adapter de façon individuelle la prise en charge du syndrome myofascial douloureux. 2.2 Regard historique Le concept des points de déclenchement myofasciaux s’est beaucoup développé au cours du siècle dernier. De nombreux praticiens ont participé à la compréhension du 8 syndrome myofascial douloureux, par le biais de nombreux travaux, afin d’apporter des réponses face à ce syndrome bien souvent confondu avec d’autres pathologies. En 1843, FRORIEP utilise le terme « Muskelschwiele », signifiant « callosités musculaires », pour qualifier des points douloureux apparaissant de temps en temps et donnant une sensation de corde tendineuse dans le muscle, lié à des plaintes rhumatismales graves (3). En 1898, STRAUSS réalise une étude anatomique qui n’a pu mettre en évidence la présence de dépôt de tissu conjonctif pour expliquer le cordon induré au sein des muscles douloureux (3). En 1900, ADLER utilise la notion de « rhumatisme musculaire » pour qualifier les points douloureux retrouvés associés à leurs symptômes (6). En 1904, GOWERS met en avant le terme de « fibrosite » comme désignation plus spécifique que « rhumatisme musculaire », où la douleur et la zone indurée intramusculaire seraient attribuées à l’inflammation des tissus fibreux (3). Dans la même année, STOCKMAN attribuait ces mêmes symptômes de douleur et de zone indurée à une hyperplasie du tissu conjonctif (3). En 1915, LLEWELLYM et JONES réunissent les travaux de GOWERS et STOCKMAN pour publier « Fibrositis » où le terme de fibrosite inclurait les pathologies de goutte, de polyarthrite rhumatoïde et de syndrome myofascial douloureux. Cette notion est donc utilisée pour décrire toutes pathologies responsables d’une douleur d’origine non organique (3). En 1926, R. NIMO découvre que la manipulation vertébrale n’est pas suffisante face aux douleurs ressenties par le patient, d’où l’utilisation de techniques par pression manuelle, donnant un résultat positif de soin face aux douleurs de ses patients (9). En 1933, HUNTER est un des premiers auteurs à décrire l’existence de douleur référée à partir d’un point douloureux musculaire, localisé au niveau de l’abdomen (3). En 1936, EDEIKEN et WOLFERTH découvre qu’une pression exercée sur un point situé au-dessus de l’omoplate gauche, entraine une douleur référée irradiant dans l’épaule et le bras gauche (3). En 1938, KELLGREN fait ressortir des synonymes pour désigner la notion de point douloureux musculaire : « point détente », « trigger point », « zone gâchette ou de détente ou de déclic ». Ces travaux menés avec LEWIS T. révèlent l’existence de douleurs référées issues de structures myofasciales, que beaucoup de ses patients déclaraient être dans des régions éloignées, par rapport à la localisation du point douloureux retrouvés (3) (6). 9 Entre 1937-1941, HANS KRAUS propose un traitement par vaporisation réfrigérante à appliquer sur les points trigger (3). Entre 1938-1957, GUTSTEIN utilise le terme de « Myalgic spots » pour signifier l’existence d’un signe de sursaut en réaction à la douleur, favorisée par la pression du point musculaire (3). Entre 1941-1963, KELLY établit une conception associant la « fibrosite » et les points douloureux musculaires et leur douleur référée, où la « fibrosite » serait un trouble fonctionnel et neurologique dont l’origine est une lésion douloureuse musculaire qui serait secondaire à un processus rhumatismal local. La douleur référée serait causée par un trouble réflexe au niveau du système nerveux central (6) (3). Entre 1940-1948, le terme de « syndrome myofascial douloureux» fait son apparition et commence à être utilisé par les auteurs (6). A partir de 1942, J. TRAVELL associée par la suite à D. SIMONS, sont devenus les auteurs références sur le concept des points trigger myofasciaux, par le biais de travaux expérimentaux qu’ils ont mené sur de nombreuses années. Leurs nombreuses études et publications ont permis de définir le syndrome myofascial douloureux, d’amener à l’identification clinique des points trigger myofasciaux, d’établir des théories sur la physiopathologie de formation du syndrome, de réaliser les cartographies détaillées et spécifiques à chaque point trigger, et d’apporter une pratique sur de nombreux traitements utilisés pour lutter contre la pathologie (3). SIMONS continue depuis une quinzaine d’années les recherches sur le syndrome myofascial douloureux avec d’autres praticiens tel que MENSE et C-Z HONG, en particulier sur la physiopathologie et sur les traitements de lutte possibles. Il s’appuie aussi sur les travaux de d’autres auteurs afin de remettre à jour les avancées sur les points trigger myofasciaux (4). A partir des années 1990, la physiopathologie des points trigger myofasciaux est soumise à plusieurs théories. En 1996, HONG propose la théorie de la crise d’énergie, suivi de GUNN en 1997, qui suggère la théorie du modèle de la douleur musculaire par radiculopathie, puis SIMONS en 2004 révélant l’hypothèse de la plaque motrice. Ce dernier réunira en 2004 la théorie de la crise d’énergie et la dysfonction de la plaque motrice pour donner « l’hypothèse intégrée ». En 1991, LEWIT met en avant une interaction entre dysfonction articulaire et point trigger myofascial, qui est traitée par une technique manuelle simple: la mobilisation. Puis en 1999, il met en place une technique neuromusculaire dite « relaxation postisométrique », qui est l’alternance d’une contraction relâchement afin d’agir sur la douleur et 10 d’augmenter l’amplitude du mouvement. Dans les mêmes années, de nombreuses personnes ont mené des études sur l’efficacité des techniques de traitement comme l’électrothérapie, les ultrasons, le laser et les thérapies invasives (6). Suivi par les années 2000 à 2006, où les auteurs tel que FERNANDEZ DE LAS PENAS, RODRIGUEZ, FRYER, HODSON et SIMONS, réalisent des études sur l’efficacité des traitements par thérapies manuelles ayant un impact sur la douleur, la tension musculaire et l’amplitude du mouvement (6). De 1843 à nos jours, les auteurs ont donc permis, par le biais de leurs travaux de recherche, de définir le syndrome myofascial douloureux ainsi que le point trigger dont il est issue. Beaucoup de synonymes ont été utilisés pour finalement désigner la même pathologie. De même que ce syndrome a été confondu avec d’autres pathologies présentant des similitudes dans leurs symptômes et à l’époque par le manque d’informations, il était facile d’interpréter les conceptions propres de chacun. TRAVELL et SIMONS, par leurs années de recherche, sont devenus les pionniers sur le sujet. En s’appuyant sur les études passés et leurs propres pratiques, ils ont donnés une crédibilité à cette pathologie afin qu’elle soit davantage considérée par le monde médical. Des années 1990 à aujourd’hui, un grand nombre de praticiens prend référence auprès des travaux de ces deux auteurs, pour faire avancer la recherche sur l’action et l’efficacité des traitements du syndrome myofascial douloureux, ainsi que sur la pathogénèse des points trigger. 2.3 Approche littéraire comparative des deux techniques de compressions manuelles Les compressions manuelles sont des thérapies manuelles non invasives agissant en profondeur sur le point trigger myofascial. L’objectif de ces techniques est de désactiver le point trigger en diminuant la tension du muscle qui le contient. De plus dans la physiopathologie du syndrome myofascial douloureux, le point trigger, par son hypoxie locale, stimule les récepteurs nociceptifs responsables de la libération de substances algogènes qui améliorent la perception de la douleur. La compression limite donc la libération de ces substances et favorise, par la pression appliquée, un Gat Control réduisant la nociception (6, 10, 11). TRAVELL et SIMONS mettent en avant deux techniques différentes de compressions manuelles dans leur ouvrage « Douleurs et troubles fonctionnels myofasciaux » de 1983 : la compression ischémique maintenue 60 secondes sur le point trigger, avec une intensité de 9 à 11 13kg, serait plus utilisée sur des points myofasciaux récents et modérément actifs. La deuxième technique est une méthode de myothérapie, issue du chiropracteur PRUDDEN BONNIE, où elle décrit l’application d’une pression sur le point trigger pendant 7 à 10 secondes de façon répétée, plusieurs fois par jour et si nécessaire pendant plusieurs jours pour obtenir la disparition du point myofascial. Cette technique interviendrait plus sur des points trigger chroniques et hyper irritables (3). La compression ischémique maintenue présente peu d’évolution jusqu’à nos jours. Les études actuelles s’appuient sur les travaux de SIMONS de 1999 et de 2002, où la technique est décrite sur un temps variant de 60 à 90 secondes. Le muscle est placé en position de détente et la pression est réalisée avec un pouce ou un doigt, avec possibilité de renforcer la pression avec un doigt supplémentaire. L’appui est appliqué de façon progressive sur le point trigger jusqu’à rencontrer une résistance des tissus sous-jacents dans les limites de la douleur ressentie comme supportable par le patient. La pression étant maintenue plusieurs secondes, le patient peut révéler une diminution de la douleur au cours de la manœuvre. L’application de la compression peut donc être davantage soutenue. Elle est ensuite relâchée au bout de 60 à 90 secondes et, après un temps de repos, la manœuvre peut être renouvelée jusqu’à ce que la pression du point provoque un léger inconfort du patient mais toujours sans douleur (1, 10, 12). Par le biais de cette première technique, il est recherché le blocage volontaire du sang, favorisant l’hypoxie locale initiale au niveau du point trigger. Lors du relâchement, un appel sanguin se forme localement au niveau des tissus lésés par le point trigger, permettant un apport en oxygène afin de diminuer l’hypoxie locale et d’agir sur la contraction du muscle atteint et sur la douleur (1). En ce qui concerne la myothérapie, elle est toujours d’actualité et utilisée principalement par les chiropracteurs, s’appuyant sur les écrits de PRUDDEN BONNIE. Une technique de compression manuelle, similaire à la manœuvre de myothérapie est enseignée par le biais de formation Trigger Point. En décembre 2011, j’ai eu l’opportunité de participer à une formation professionnelle sur les trigger points organisée par le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nantes pour les kinésithérapeutes diplômés y exerçant. La formation se déroulant sur trois sessions, j’ai pu participer à la dernière d’entre elles, sur la pratique de recherche palpatoire de points trigger et leurs traitements au niveau des membres inférieurs et la partie basse du tronc. La technique de 12 compression manuelle enseignée est appliquée de façon rythmée, avec 3 secondes de temps de pression digitale sur le point trigger, suivi de 3 secondes de temps de relâchement et enfin 3 secondes de temps de repos, l’ensemble répété jusqu’à diminution de la douleur ressentie par le patient. La manœuvre est aussi réalisée en position de détente de muscle contenant le point myofascial et avec une pression exercée par le pouce ou un doigt puissant, pouvant être renforcé par un deuxième doigt. L’effet recherché est ici aussi un appel sanguin au niveau de la zone d’hypoxie locale, mais sans initialement augmenter délibérément l’hypoxie du point trigger par la compression manuelle. Au travers de la littérature, la compression ischémique maintenue aurait tendance à ressortir des études actuelles, bien qu’elles s’appuient sur les écrits de l’auteur référence, SIMONS D., datant des années 2000. Malgré tout, la compression manuelle rythmée est enseignée dans les formations sur les trigger points auprès de kinésithérapeutes professionnels qui sont amenés, à mettre en situation cet enseignement et donc à utiliser la manœuvre par compression rythmée dans leur pratique de tous les jours. 3 3.1 MISE EN PRATIQUE DES COMPRESSIONS MANUELLES Démarche diagnostic d’un syndrome myofascial douloureux L’examen clinique reste le moyen diagnostic de syndromes myofasciaux douloureux le plus validé par la littérature. Bien que certaines études, comme celle de GERWIN et al, montrent que la fiabilité inter et intra examinateurs à l’identification des caractéristiques des points trigger entre les différents muscles peut varier. Des travaux sont menés afin d’identifier ces points par le biais d’examens instrumentaux. Par exemple, l’électromyographie permet de mesurer le signal électrique spécifique issu du point trigger. La thermographie recherche la présence de points chauds cutanés révélateurs de points douloureux sous jacent. Cette dernière reste peu concluante, par le fait que le changement de température cutanée peut être dépendant d’autres pathologies ou dysfonctionnements. Ces examens instrumentaux restent encore à explorer pour déterminer la présence de points trigger myofasciaux. De plus, leur application dans la pratique médicale quotidienne est difficile à mettre en place (2, 7, 8). 13 L’examen clinique permettant de déterminer un syndrome myofascial douloureux répond aux critères cliniques vus dans la partie précédente : - Une bande musculaire tendue - Un point ou nodule palpable au sein de la bande tendue - Une douleur localisée au point sensible spontanément, par la mise en tension, la contraction musculaire ou la palpation - Des douleurs référées - Une restriction de mobilité active et/ou passive - Une faiblesse musculaire - Une douleur au niveau des insertions musculaires - Des phénomènes neurovégétatifs locaux ou à distance. L’ensemble des caractéristiques n’est pas nécessaire pour qualifier la présence ou non d’un syndrome myofascial douloureux (4), mais l’ensemble des critères cliniques retrouvés doit répondre à une cohérence de mise en lien. Il est important de mettre en place une démarche afin d’établir le diagnostic du syndrome myofascial douloureux et non d’aller aléatoirement rechercher chacun des signes cliniques en espérant rencontrer un point trigger. Cette démarche débute par un recueil d’information sur le mode de vie du patient : son âge, sa profession, ses conditions de travail, ses antécédents récents et anciens, sa pratique sportive, ses loisirs… Les facteurs déclenchant et d’entretien des points trigger étant issus de traumatismes plus ou moins directs, de surcharge de travail musculaire répétitive, de positions statiques prolongées, de sur utilisation ou de stress, la connaissance du mode de vie du patient est primordial pour guider l’examinateur dans sa recherche diagnostique. Puis la cohérence de mise en lien des signes cliniques retrouvés doit s’établir grâce à la recherche de la douleur, de la limitation de mobilité et du ou des muscles concernés par la mise en tension lors du mouvement restreint. La douleur est étudiée sur son intensité, sa localisation, son évolution dans le temps, son type…. Elle peut être présente au repos ou déclenchée, ce qui dirige l’examinateur vers le ou les mouvements limités, si il y a une restriction mesurable ou non. Le muscle mis en tension lors du mouvement est-il faible ? S’épuise-t-il par des contractions répétées ? Les insertions de ce muscle sont-elles douloureuses avec ou sans la mise en tension ? Il est également important de savoir si le patient révèle des troubles neurovégétatifs qui peuvent être aussi des facteurs déclenchant et de persistance de points trigger. Les données récupérées ici vont permettre d’observer un lien entre la douleur du patient, le mouvement limité et le muscle concerné par cette restriction. Selon cette première démarche, l’examinateur va pouvoir déterminer s’il est nécessaire d’approfondir la recherche par la 14 palpation musculaire ou bien s’il se dirige vers un autre diagnostic tel qu’une dysfonction articulaire ou une radiculopathie (4). La palpation musculaire du ou des muscles retrouvés précédemment, permet de compléter l’examen clinique précédent. Une palpation transversale par rapport aux fibres musculaires révèle la présence d’une bande de tension à type de cordon musculaire, contenant un point sensible douloureux à la pression digitale. Parfois l’examinateur peut noter une réaction de secousse musculaire lors de la palpation qui est une réponse spécifique du syndrome myofascial douloureux où le muscle se contracte involontairement de façon transitoire. A la pression digitale du point trouvé, la douleur locale est intensifiée et peut se diffuser à distance de l’appui exercé. Il est question de douleurs référées déclarées par les patients à type de picotements, fourmillements ou brûlure. Elles sont identifiées à partir des cartographies de TRAVELL et SIMONS (3, 8) qui représentent les territoires de ces douleurs selon le point stimulé. Ces douleurs à la palpation sont parfois assimilables à celles trouvées initialement dans l’examen clinique ou bien elles sont reconnues par le patient dans ses activités de la vie quotidienne (4). A la suite de cet examen clinique, l’examinateur peut établir le diagnostic d’un syndrome myofascial douloureux, en retrouvant l’ensemble des critères cliniques qui caractérisent le point trigger myofascial. Mais il peut aussi déterminer si le point trigger retrouvé est actif ou latent d’après les réponses algiques du patient. Dans le cadre de la mise en pratique des traitements par compressions manuelles que j’ai réalisé, il était nécessaire avant tout que je diagnostique la présence de points trigger actifs. Pour cela, j’ai établi une feuille bilan diagnostic, afin d’y représenter la démarche d’évaluation d’un syndrome myofascial douloureux. (Annexe 1) 3.2 Mise en pratique des traitements par compressions manuelles La mise en situation pratique des deux techniques par compressions manuelles permet d’apporter une approche comparative pratique. Pour cela, il est nécessaire que chaque technique soit évaluée avant et après manipulation, afin de les comparer sur un critère objectif : l’évaluation de l’intensité de la douleur. De plus, il est important de mettre en avant la méthodologie du déroulement de la prise en charge et les conditions de réalisation des différentes compressions. 15 La pratique s’est déroulée sur 15 jours de mi-février à début mars 2012, avec une population étudiante âgée de 20 à 28 ans. L’appel initial des étudiants s’est réalisé par mails, indiquant la nécessité qu’ils présentent des critères ciblés sur des douleurs de la ceinture cervico-scapulaire, pour permettre leur participation à la mise en pratique. Les critères d’inclusion à la mise en œuvre des compressions sont la présence d’un syndrome myofascial douloureux et plus précisément possédant un point trigger actif. Par conséquent, un point trigger latent est un des critères d’exclusion à la pratique. En effet, mon choix de critère d’évaluation des deux techniques de compressions manuelles, s’est basé sur l’évaluation de l’intensité de la douleur, à partir de l’Echelle Visuelle Analogique (EVA). Cette échelle s’appuie sur une réglette qui présente un axe triangulaire, indiquant une douleur absente à l’extrémité mince de l’axe, et une douleur maximale inimaginable à son extrémité plus large. De l’autre côté de la réglette, une graduation millimétrée de 0 à 10 est notée, le 0 étant le projeté de la partie mince de l’axe et le 10 celui de la partie plus importante. A l’aide d’un curseur le patient se déplace le long de l’axe triangulaire pour coter sa douleur, tandis que le soignant lit l’intensité estimée de la douleur au dos de la réglette sur l’échelle de 0 à 10. Cette quantification de la douleur est une des plus utilisée au niveau médical du fait de sa facilité de mise en place et de réalisation (13). En sachant que les points trigger latents et actifs se différencient sur le caractère douloureux du patient, il est primordial que les compressions manuelles soient réalisées sur des points trigger actifs, afin de relever une valeur initiale et finale d’intensité de la douleur et ainsi avoir un élément de comparaison objectif. Sur un nombre de 14 étudiants rencontrés, 9 répondaient aux critères de points trigger actifs, et les 5 autres ont été exclus. Parmi ces derniers 4 d’entre eux possédaient des points trigger latents et 1 étudiant ne révélait pas la présence d’un syndrome myofascial douloureux. La prise en charge se déroule sur une séance de 30 à 40 minutes, incluant la démarche diagnostique permettant de déterminer la présence ou non d’un syndrome myofascial douloureux et d’un point trigger actif. Selon le résultat diagnostic, la séance s’interrompt si les critères d’inclusion ne sont pas remplies (syndrome myofascial douloureux dont un point trigger actif). En revanche, si ceux-ci sont respectés, la séance se poursuit sur la pratique d’une des compressions manuelles. A la fin de la manipulation, un nouveau relevé de l’intensité de la douleur est réalisé auprès du patient. Puis 1 à 2 jours après (selon les disponibilités de chacun), une entrevue est organisée afin de reprendre une mesure de l’intensité de la douleur ainsi que de noter le type de douleur et le ressenti du patient (diffuse, locale, raideur, contracture….). 16 Les conditions de réalisation des techniques de compressions manuelles doivent être au maximum similaires, afin de limiter les biais pouvant influencer les résultats finaux. L’application de chacune des compressions manuelles est répartie sur 10 minutes. Le tableau suivant (Tableau I) indique le déroulement des deux compressions manuelles, en s’appuyant sur les descriptifs de réalisation des techniques cités lors de la première partie. Tableau I : Tableau descriptif de la répartition de la durée et de la quantité de techniques de compressions réalisés sur les 10 minutes de traitement. Conditions de réalisation des compressions Durée totale du traite-ment Répartition des 10 minutes de traitement - 5 min de temps de traitement Compressions manuelles maintenues 10 min Compressions manuelles rythmées - 5 min de temps de repos Durée d’une manœuvre de compression Nombre de compressions réalisés sur 1min 60s 1 compression Nombre total de compressions sur 5min de traitement 6 compressions Nombre total de temps de repos 5 compressions 60s de temps de repos 9 à 10s (3s de compression, 3s de relâchement, 3s de repos) Durée de temps de repos après 1min de traitement 5 temps de repos 30 compressions (min : minute ; s : seconde) La répartition établie est équilibrée de façon à ce que chacune des compressions manuelles possède le même temps de traitement et le même temps de repos. De plus, le muscle contenant le point trigger actif est placé pour les deux techniques dans une position raccourcie afin de détendre la masse musculaire et ne pas engendrer davantage de douleur par le biais d’un étirement du muscle. Les compressions digitales sont réalisées avec l’index plus ou moins renforcées par le majeur, voire avec l’index de la main opposée. L’intensité de la pression digitale doit conduire à l’apparition de la douleur référée, celle-ci devant rester supportable pour le sujet. Le choix de la technique de compressions manuelles utilisée s’est fait aléatoirement, selon un principe d’alternance. En effet, si le sujet précédent a été traité par des compressions manuelles maintenues, le sujet actuel bénéficiera d’un traitement par compressions manuelles rythmées. L’intensité de la douleur et le ressenti des patients sont répertoriées à la suite de la feuille de démarche diagnostique de mise en évidence d’un syndrome myofascial douloureux, dans une rubrique réservée à la « mise en place du traitement par compressions manuelles sur un trigger point actif ». (Annexe 2) 17 3.3 Résultats obtenus Pour une facilité de lecture, les valeurs des intensités de la douleur ainsi que le ressenti des étudiants ont été reportés dans deux tableaux différents : l’un étant les résultats pour la technique de compressions maintenues (Tableau II) et l’autre pour la technique de compressions rythmées (Tableau III). Les étudiants traités ont été représenté par des lettres alphabétiques afin de conserver leur anonymat. Tableau II : Tableau des résultats de l’intensité de la douleur et du ressenti des étudiants lors d’un traitement par compressions manuelles maintenues. Etudiants traités Muscle au point trigger actif EVA de la douleur initiale EVA de la douleur après compressions A Trapèze supérieur droit DD = 4.5 R : douleur diffuse dans la masse musculaire DD = 0.6 R : douleur locale au lieu de compressions B Rhomboïde droit DS = 2.5 R : douleur locale et diffuse DS = 2.2 R : douleur diffuse et chaleur C Elévateur de la scapula gauche DD = 1.5 R : douleur diffuse dans la masse musculaire DD = 2 R : raideur, lourdeur, « contracture » D Trapèze supérieur droit DD = 2 R : douleur diffuse dans la masse musculaire DD = 2 R : douleur diffuse aux insertions musculaires E Trapèze supérieur gauche DS = 1 R : douleur occipitale diffuse DS = 0.5 R : légère douleur occipitale, douleur à droite EVA de la douleur 1 j après compressions DD = 2 R : raideur, lourdeur, « contracture » EVA de la douleur 2j après compressions DD = 1 R : légère raideur musculaire en mise en tension DS = 0 R : légère raideur musculaire en mise en tension DD = 1 R : légère raideur musculaire en mise en tension DD = 1 R : léger tiraillement aux insertions musculaires, douleur à gauche DS = 0.5 R : légère douleur occipitale, douleur à droite (DS : douleur spontanée ; DD : douleur déclenchée par le mouvement ; R : ressenti ; j : jour) 18 Tableau III : Tableau des résultats de l’intensité de la douleur et du ressenti des étudiants lors d’un traitement par compressions manuelles rythmées. Etudiants traités Muscle au point trigger actif EVA de la douleur initiale EVA de la douleur après compressions EVA de la douleur 1j après compressions EVA de la douleur 2j après compressions F Trapèze supérieur gauche DS = 1.5 R : raideur, lourdeur, migraine, douleur diffuse DS = 1.5 R : douleur localisée au muscle G Elévateur de la scapula gauche DD = 7 R : douleur diffuse dans la masse musculaire DD = 2.5 R : chaleur DD = 5 R : douleur diffuse dans la masse musculaire H Trapèze supérieur droit DD = 2 R : douleur locale, « contracture » DD = 1 R : raideur musculaire DD = 0 R : légère raideur musculaire en mise en tension I Trapèze supérieur droit DS = 1 R : douleur diffuse dans la masse musculaire, migraine DS = 2 R : douleur locale, douleur diffuse sur le crâne DS = 0 R : légère raideur musculaire en mise en tension DS = 1.5 R : Douleur localisée au muscle (DS : douleur spontanée ; DD : douleur déclenchée par le mouvement ; R : ressentis ; j : jour) Comparativement à l’intensité de douleur initiale : Pour les compressions manuelles maintenues, la douleur suivant le traitement est soit d’intensité augmentée, soit d’intensité diminuée avec majoritairement une douleur diffuse dans le muscle (à type de contracture, chaleur, raideur, douleur référée) et parfois une douleur locale au point traité. Chez les étudiants évalués le lendemain de la réalisation de la compression, l’intensité de la douleur varie peu, avec un ressenti de douleur diffuse soit à type de lourdeur, de contracture, soit marquant encore la localisation de la douleur référée. Lors du deuxième jour après la compression, les résultats de l’intensité de la douleur révèlent une diminution globale de la douleur, plus ou moins marquée selon les étudiants, avec un léger reste de raideur musculaire. Pour les compressions manuelles rythmées, l’intensité de la douleur juste après le traitement varie d’un étudiant à l’autre en augmentant ou diminuant et avec des ressentis propres à chacun (douleur localisée, raideur musculaire, douleur référée marquée, chaleur…). La valeur de l’EVA relevée le lendemain du traitement, ne met en avant aucune différence avec l’EVA relevée initialement, en revanche le ressenti de l’étudiant fait part d’une douleur plus localisée. Lors du deuxième jour après réalisation de la compression, les valeurs de l’intensité de la douleur montrent une diminution flagrante de l’EVA. Le ressenti est comme pour les compressions manuelles maintenues, une douleur diffuse dans le muscle quand ce dernier est mis en tension. 19 4 4.1 DISCUSSION Analyse des résultats de la pratique en lien avec la littérature Les résultats de la mise en pratique restent subjectifs vis-à-vis des valeurs de l’intensité de la douleur qui sont initialement peu élevées pour la plupart des étudiants. Les sujets étaient amenés à me rencontrer en premier lieu s’ils présentaient une douleur cervicale au repos ou lors de mobilisations de la tête ou des membres supérieurs, associée soit à une raideur, soit à une limitation d’amplitude lors de mobilités cervico-scapulaire. Bien que les bilans diagnostics révélent des points trigger actifs chez ces étudiants, ces éléments n’avaient majoritairement qu’un léger impact sur leurs activités de vie quotidienne. Les individus n’avaient donc pas d’impotence fonctionnelle majeure pouvant provoquer une douleur initiale importante. Malgré tout, en comparant les deux techniques, la compression rythmée montre une diminution plus franche de l’EVA pour la douleur évaluée deux jours après le traitement par rapport à l’EVA de la douleur initiale, pour trois étudiants sur quatre qui ont été traités par cette compression. La diminution de l’intensité de la douleur lors de la compression maintenue, avant le traitement et deux jours après, n’est pas aussi marquée, avec trois étudiants sur cinq qui révèlent une réduction significative. Mais pour les deux groupes de compressions, le ressenti est similaire deux jours après traitement : soulagement, douleur moins intense, raideur légère lors de la mise en tension musculaire. L’évaluation de la douleur juste après le traitement, grâce à l’EVA, varie d’un étudiant à l’autre que ce soit pour la compression maintenue ou rythmée. Il en est de même pour ce qui est de leur ressenti des étudiants. Juste après la compression, certains étudiants ont déclaré avoir une douleur locale, avec l’impression d’avoir conservé l’empreinte de la pression du doigt. D’autres indiquaient une douleur diffuse dans la masse musculaire, une chaleur, ou la zone de douleur référée restait présente. Parfois les symptômes initiaux de douleur et de tension musculaire initiale étaient intensifiés par la compression donnant une sensation de lourdeur et de contracture. Pour des raisons de disponibilité, quelques étudiants ont été évalués un jour après le traitement. L’EVA relevée varie peu comparée à la valeur initiale pour les deux techniques de compressions. De plus, le ressenti est assez ambiguë avec souvent une sensation de 20 soulagement du traitement mais contredit par une douleur et une tension musculaire encore présentes. La pratique met donc en avant une diminution de l’intensité de la douleur et une sensation de soulagement à partir du deuxième jour après le traitement, mais avec une diminution plus marquée pour la compression rythmée que maintenue. Les évaluations de la douleur juste après le traitement et un jour après restent subjectives et varient d’un étudiant à l’autre, avec une sensation de soulagement immédiat ou bien au contraire une sensation d’activation. D’après la littérature, les compressions manuelles permettent de réduire la douleur provoquée par le point trigger (6, 10, 11). La mise en pratique est aussi révélatrice de cette diminution après le deuxième jour de traitement. Les compressions manuelles auraient donc une action sur l’hypoxie locale du point trigger afin de réduire la douleur musculaire et de détendre le muscle contracté. En revanche les écrits ne montrent pas une différence d’efficacité entre les deux techniques de compressions manuelles, tandis que la pratique semblerait favoriser d’avantage l’efficacité de la compression rythmée par rapport à la compression maintenue, en lien avec la diminution de l’intensité de la douleur plus marquée pour les étudiants traités. 4.2 Limites du constat réalisé La mise en pratique permet d’obtenir des résultats sur l’effet des compressions manuelles, sur la diminution de la douleur et ceci comparativement d’une technique de compressions à l’autre. Mais cet observé repose aussi sur plusieurs facteurs influençant les résultats obtenus. Comme cité précédemment le choix de la population a des répercussions sur la valeur initiale de la douleur. L’EVA initiale restant relativement faible, le syndrome myofascial douloureux a donc peu d’impact sur les activités de vie quotidienne de l’étudiant. Par conséquent, il y a majoritairement peu de variation d’une valeur d’EVA avant et après traitement. De plus, le nombre d’étudiant répondant aux critères d’inclusion reste limité, avec seulement 9 sujets traités par compression sur les 14 étudiants évalués. Une population plus dense aurait pu permettre une analyse plus approfondie des valeurs obtenues lors des évaluations de la douleur juste après l’application des compressions ou bien un jour après. Peut-être que des similitudes auraient pu être retrouvées au niveau de la variation de l’EVA de la douleur prise juste après le traitement ou bien au niveau des ressentis des étudiants. 21 Bien que l’examen clinique soit le moyen diagnostic le plus validé par la littérature, il y a malgré tout des études qui remettent en question la validation de la démarche diagnostique inter et intra examinateur (7, 8). En suivant la démarche de bilan que j’ai mis en place avant le commencement de toute pratique, il est possible que sur l’ensemble des 14 étudiants examinés, les manipulations ou questionnements en réponse au bilan ne soient pas similaires d’un étudiant à l’autre, renforçant le doute sur la validation intra examinateur. La pratique du bilan diagnostic et du traitement des points triggers myofasciaux impliquent une formation spécifique ainsi qu’une expérience professionnelle dans leur mise en application. J’ai pu participer à une session de formation trigger point, ce qui m’a beaucoup guidé dans la réalisation de ce travail écrit. De plus mon expérience professionnelle dans la pratique des techniques de compressions et de démarche diagnostique reste limitée à quelques manipulations sur terrain de stage et sur les étudiants qui ont participé à ce constat. Cet ensemble a donc des répercussions sur la gestuelle et l’évaluation des syndromes myofasciaux douloureux des étudiants, bien que mon objectif ait été de suivre au mieux le bilan diagnostic mis en place et les protocoles de réalisation des deux techniques de compressions manuelles. 4.3 Difficultés rencontrées Le syndrome myofascial douloureux est une pathologie qui est mal identifiée par le monde médical. Les points trigger sont souvent confondus avec d’autres points existants, bien que le point trigger réponde à des caractéristiques spécifiques. Cette confusion est due à la littérature qui peut tromper tout intéressé s’il ne se dirige pas à une littérature référence. Mon choix initial de thérapie manuelle, comme sujet de travail écrit, m’a conduit sur les points trigger myofasciaux. Avant de participer à la formation trigger point, mes recherches personnelles sur le syndrome myofascial douloureux étaient anciennes et manquaient de validation. La rencontre avec un professionnel, qualifié et possédant une expérience d’application dans ce domaine dans son activité professionnelle quotidienne, m’a permis de développer une vigilance sur certaines littératures. Comme pour tous travaux écrits, il est essentiel de s’appuyer sur des références clés, ce qui m’a donc orientée vers une littérature plus validée. J’ai également rencontré des difficultés lors de la mise en pratique des compressions manuelles. En effet, il a été difficile d’appliquer ces méthodes au cours des périodes de stage, d’où la mise en pratique isolée sur des étudiants. Par un choix précoce de lieux de stage, ces 22 derniers se trouvaient en structure hospitalière, avec une population essentiellement gériatrique. Malheureusement, avec l’avancée en âge, les points triggers ont tendance à être plus latents qu’actifs, or ceux-ci sont exclus de ma pratique (3). De plus la population gériatrique rencontrée était parfois symptomatologique de démence ou de confusion, qui sont critères contre-indiquant à l’application de traitement des points trigger. Effectivement, il est nécessaire d’obtenir la coopération du patient dans cette pratique. Mon manque d’expérience dans la manipulation et dans la recherche diagnostique a également été un facteur limitant la pratique au cours des périodes de stages. Ce manque d’expérience demandait une implication de temps plus importante à consacrer aux patients susceptibles de présenter un syndrome myofascial douloureux en plus de leur rééducation initiale. En complément de l’application des techniques se surajoutait un temps nécessaire aux bilans. L’évaluation de la douleur a d’ailleurs été une autre difficulté, tant pour la population gériatrique que pour les jeunes étudiants. L’ensemble de ces difficultés a certes été un frein à l’avancée de ce travail écrit mais il m’a permis d’ouvrir sur d’autres connaissances et réflexions constructives d’écriture sur le syndrome myofascial douloureux. 5 CONCLUSION Les compressions manuelles maintenues et rythmées ont une action sur la diminution de la nociception induite par le point trigger. Physiologiquement, elles limitent l’hypoxie locale du point trigger en favorisant un apport vasculaire dans la zone lésée. Ces compressions présentent toutes deux une efficacité sur le traitement des points trigger, comme l’indique la littérature. Mais en ce qui concerne la comparaison de l’efficacité de ces deux techniques, la mise en pratique semblerai faire ressortir de meilleurs résultats de la compression manuelle rythmée par rapport à la compression manuelle maintenue. Le constat reste malgré tout subjectif, puisqu’il présente de nombreux biais dans sa réalisation. La comparaison d’efficacité des deux compressions est donc toujours sujet d’interrogation. Ayant toutes deux un impact sur la diminution de la douleur, et par conséquent sur le traitement des points trigger, le deuxième questionnement posé précédemment sur les conditions de pratiques de chacune d’entre elles, peut rentrer en compte. En effet, TRAVELL et SIMONS indiquaient que les compressions maintenues seraient préférentiellement utilisées sur les points triggers récents et modérément actifs, tandis que les compressions rythmées seraient plus employées pour des points chroniques et 23 hyper-irritables (3). La réflexion pourrait être d’avantage poussée sur une autre condition de pratique des techniques, comme la localisation du point trigger. Par exemple si le muscle atteint est situé en profondeur, une compression maintenue aurait peut être plus d’action et serait plus facile à mettre en place, contrairement à un muscle plus superficiel où la compression rythmée serait plus appropriée. Il aurait été intéressant ici de réaliser parallèlement au constat précédent, une autre observation sur la région lombaire faisant intervenir des muscles plus profonds comme le carré des lombes, et ainsi permettre une comparaison des deux constats et discuter des résultats. Le syndrome myofascial douloureux répond aujourd’hui à une pathologie précise mais il reste encore de nombreux sujets à explorer et à valider d’avantage, que ce soit au niveau de la physiopathologie, du diagnostic ou des traitements utilisés. 24 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. F. Javier Montanez-Aguilera and Al. Changes in a patient with neck pain after application of ischemic compression as a trigger point therapy. Journal of Back and Musculoskeletal Rehabilitation 23 (2010) 101-104. 2. M.A. Giamberardino and Al. Myofascial pain syndromes and their evaluation. Best Practice and Research Clinical Rheumatology 25 (2011) 185-198. 3. Janet G. Travell, David G. Simons. Douleurs et troubles fonctionnels myofasciaux, Traité des points-détente musculaires, tome 1 : hémicorps supérieur, tête, tronc et membres supérieurs. Bruxelles : Editions Haug International, 1993, 735p. 4. Jan De Laere. Le Syndrome myofascial douloureux, Points triggers myofasciaux (en ligne). Disponible sur (http://www.tmno.ch/PT_1.pdf) et (http://www.tmno.ch/PT_2.pdf). (Consulté le 20.09.2011). 5. Jean François Brabant, Institut privé de myofascialogie du Canada. Le Trigger Point (en ligne). Disponible sur (http://www.myofascialinstitut.com/fr/myofascialogie/trigger/trigger.html). (Consulté le 2.10.2011). 6. Wilmer Esparza. Point de déclenchement myofascial : les effets de la compression ischémique manuelle sur le seuil de douleur et de contrôle du mouvement du membre supérieur. Thèse de doctorat en science de l’Homme et de la Société. Orléans, 2010, 149p 7. Luke D. Richards. The effectiveness of non invasive treatments for active myofascial trigger point pain: A systematic review of the literature. International Journal of Osteopathic Medicine 9 (2006) 120-136. 8. C. Hérisson, P. Vautravers, JY. Maigne. Syndrome Myofasciaux du cou, in : Rachis Cervical et Thérapies Manuelles. Gap: Sauramps Médical, 2005, p 87-98, p 133. 9. Karl Vincent. Les souffrances musculaires en thérapie manuelle, revue de littérature. Kinésithérapie Scientifique : avril 2002, n°421, p 7-15 10. Carel Bron et al. Treatments of myofascial trigger points in patients with chronic shoulder pain: a randomized controlled trial. BMC Medicine 2011, 9:8 (en ligne). Disponible sur (http://www.biomedcentral.com/1741-7015/9/8). (Consulté le 11.11.2011). 11. Fernandez de las Penas, PT, DO, Ph Dad. Interaction between trigger point and joint hypomobility: a clinical perspective. J. Man Manip Ther 2009; 17 (2): 74-77. 12. Amparo Hidalgo-lozano, PT, C. Fernandez-de-las-Penas, and Al. Changes in pain and pressure pain sensitivity after manual treatment of active trigger points in patients with unilateral shoulter impingement: A case series. Journal of Bodywork and Movement Therapies (2011) 15, 399-404. 13. Evaluation et suivi de la douleur chronique chez l’adulte en médecine ambulatoire. ANAES, Service des recommandations et Références professionnelles, février 1999. ANNEXES Annexe 1: BILAN DIAGNOSTIC DE MISE EN EVIDENCE DE POINT(S) TRIGGER D’UN SYNDROME MYOFASCIAL DOULOUREUX (SMD) Date : Nom : Age : Motif de consultation : Gène(s) occasionnée(s) dans les AVQ : ATCD (traumatismes antérieurs, chirurgie…) : Profession (actuelle ou antérieure) : Sport(s) pratiqué(s) : I. Elément(s) conducteur(s) expliquant la démarche de recherche de SMD : 1. Douleur(s) spontanée(s) : oui non EVA : Localisation(s) : Type(s) (brûlure, ponctiforme, picotement…) : 2. Douleur(s) déclenchée(s) : oui non Par mobilité active et/ou passive : Mouvement(s) concerné(s) : Restriction : oui non Mesure ou goniométrie : (Comparativement D et G) Douleur(s) déclenchée(s): EVA: Localisation(s): Type(s): Muscle(s) mis en tension au cours du mouvement : Faiblesse musculaire : /5 /5 /5 Pratique de mise en tension : Douleur en quelle course musculaire ? Douleur des insertions musculaires ? 3. Phénomènes neurovégétatifs locaux ou à distance (possible) : (Transpiration, pâleur, froideur…) Conclusion du I : Mise en lien et cohérence des éléments précédents : mise en place d’un diagnostic possible de SMD (Douleur - limitation de mobilité – muscle affaiblit) II. Recherche approfondie de Point(s) Trigger à partir de la mise en lien précédente: Confirmation du diagnostic de SMD et détermination du type de Point Trigger par la palpation musculaire (transversale et compressions digitales) Muscle palpé : 1. Cordon musculaire : oui non Présence d’un nodule au sein du cordon : 2. Réaction de secousses musculaires localisées : oui non oui non 3. Douleur(s) à la compression du nodule : - Douleur localisée au cordon ou nodule : oui non EVA: Reconnaissance de la douleur comme familière au patient: - III. Douleur(s) référée(s): oui non Localisation(s) : Type(s) : Synthèse du bilan diagnostic : Confirmation d’un SMD: Type de point trigger: Point trigger actif : - Douleur spontanée et intensifiée à la palpation : - Douleur(s) référée(s) spontanée(s) ou apparaissant à la palpation : - Faiblesse et tension musculaire : - Restriction de mobilité : - Point trigger latent : Douleur localisé et/ou douleur(s) référée(s) apparaissant à la palpation Faiblesse et tension musculaire possible : Restriction de mobilité possible : oui non Annexe 2: MISE EN PLACE DU TRAITEMENT PAR COMPRESSIONS MANUELLES SUR UN TRIGGER POINT ACTIF : SUIVI DE LA PRISE EN CHARGE PAR L’EVALUATION DE LA DOULEUR Trigger point traité : Technique de compressions manuelles utilisée : 1ère séance : EVA de la douleur spontanée ou déclenchée avant compressions : EVA de la douleur spontanée ou déclenchée après compressions : Ressenti après traitement : 2ème entrevue (1 ou 2 jours après) : EVA de la douleur spontanée ou déclenchée : Ressenti 1 ou 2 jours après : Autres :