I hommes & migrations n° 1266 49
H & M : Quel est votre parcours personnel au sein de l’université ?
Khaled Bouabdallah : Depuis le 1er janvier 2007, je suis président de l’univer-
sité de Saint-Étienne, et professeur à l’Institut d’administration des entreprises
(IAE) depuis 2003. Pour résumer ma carrière, je dirai que j’ai commencé mes étu-
des d’économie à Saint-Étienne, puis je suis allé à l’université de Lyon où j’ai sou-
tenu une thèse de doctorat en 1993. Dans le cadre de cette thèse, j’ai été intégré dans
le laboratoire du CNRS “Économie des changements technologiques”. En 1993,
on m’a proposé un premier poste de maître de conférence en économie à l’univer-
sité pluridisciplinaire de Saint-Étienne ; puis, en 2002, j’ai été recruté comme pro-
fesseur des universités à Chambéry. Ayant fait mes études à Saint-Étienne, j’ai saisi
l’opportunité d’y revenir dès 2003 comme professeur. J’ai pris la direction de
l’Institut d’administration des entreprises, un institut autonome de l’université
comportant près de 1500 étudiants, dans le domaine du management et de l’éco -
nomie. Mon parcours de chercheur porte sur l’économie du travail dans le cadre
d’un laboratoire CNRS à Lyon, le groupe d’Analyses et de théories économiques
(UMR CNRS – Lyon 2). Ensuite, en 2002, j’ai créé un laboratoire de recherche à
l’université de Saint-Étienne sur les questions de développement économique local.
L’équipe est reconnue par le ministère de la Recherche, avec un label d’Équipe de
recherche technologique (ERT) en ingénierie territoriale. M’intéressant à ce
domaine depuis la fin des années quatre-vingt-dix, j’étais donc motivé pour être
membre fondateur d’une équipe de recherche qu’actuellement je continue à diri-
ger.
H & M : Pensez-vous constituer un modèle pour un étudiant d’ori-
gine étrangère ? L’université est-elle un facteur de promotion
sociale et d’intégration ? Quelles sont les difficultés que l’on peut
rencontrer pour y faire son chemin ?
K. B : Il est toujours difficile de s’ériger en modèle ! Chacun possède des atouts,
des défauts et une destinée personnelle. L’université, comme le système de for-
mation dans son ensemble, constitue un outil d’élévation sociale pour un étu-
diant d’origine modeste, a fortiori quand il est d’origine étrangère. Mon grand-
père était déjà installé dans la région de Saint-Étienne. La situation d’une
personne qui arriverait pour faire des études est très différente. Une probléma-
tique de promotion sociale et d’intégration n’a pas grand-chose en commun avec
le cas d’un étudiant étranger qui est là, a priori, seulement pour la durée de ses
études et va retourner ensuite dans son pays d’origine. Même si l’université fran-
çaise aurait tout intérêt à garder les bons éléments qui voudraient rester… Étant
d’origine très modeste, j’ai évidemment bénéficié de ce que l’université, en tant