Flore Forestière de Guyane LES ANACARDIACEES ~ .. \ '(::).n~IJ/ M. GAZEL Janvief1995 Flore Forestière de Guyane LES ~'-ANACARDIACEES ... 4:.mtn Q 0'''Jfu.<C. M. GAZEL -. Janvier 1995 2 TABLE DES MATIERES I. Généralités ............................................................................................. p 03 II. Eléments de taxonomie ........................................................................ p OS III. Note rapide sur les Rhoïdées des régions tempérées chaudes ............. p 06 IV. Etude des espèces de Guyane ............................................................. p 08 Anacardium occidentale ...................................................... ........... p 08 Anacardium spruceanum .................................................. ............. p 12 Spondias mombin ................................................... ........................ p 17 . . aplnra guwnensls ........................................................................ p 20 T" l Thyrsodium guianense ....................................................... ............ p 23 Thyrsodium schomburgkianum ............................................... ...... p 26 Astronium ulei ................................................................................ p 29 Loxoptergiwn sagotii . ..................................................................... p 32 3 LES ANACARDIACEES SAPINDALES L DIALYPETALES DISCIFLORES Sapindacées Anacardiacées Burséracées Rutacées RUTALES {;--......_ Simaroubacées Méliacées Rhabdodendracées 1. Généralités La famille des Anacardiacées comprend environ 60 genres et 600 espèces répartis principalement dans la zone intertropicale mais rencontrés également dans les régions tempérées chaudes de l'hémisphère nord et de l'hémisphère sud. Ce sont généralement des arbustes ou parfois de grands arbres à l'écorce résineuse et dont le bois possède des canaux intercellulaires radiaux à oléorésine. Dans SpondiJ.;s mombin son ensemble, la fanùlle parait assez hétérogène et beaucoup de genres pourraient être rapprochés des Sapindacées ou des Burséracées. Plusieurs genres fossiles apparentés aux Anacardiacées actuelles ont été trouvés dans toutes les couches du tertiaire: toutefois, en raison des nombreuses disjonctions observées, il n'a pas encore été possible de reconstituer les lignées évolutives avec certitude. Les principaux caractères de la famille sont les suivants: - feuilles alternes, sans stipules, rarement simples et entières (Mangifera, Anacardium) ou plus souvent composées imparipennées (Spondias, Tapirira, Thyrsodium, Astronium, Loxopterygium). 4 - Inflorescences en panicules terminales et axillaires, ramifiées et densiflores. - Fleurs petites, généralement hermaphrodites, régulières, S-mères avec 5 sépales soudés à la base et 5 pétales libres (plus rarement 3 ou 4). Disque charnu toujours présent, situé entre les étamines et l'ovaire, sauf chez le manguier où il est extrastaminal. Etamines en nombre égal ou double de celui des pétales, rarement plus nombreuses. Ovaire formé de 5 carpelles (parfois seulement 1 ou 3), soudés ou rarement libres (apocarpie). Loges uniovulées (biovulées chez les Burséracées). Styles souvent nettement séparés. - Fruit généralement monosperme, drupacé à mésocarpe charnu résineux (Spondias, Tapirira, Thyrsodium) ou sec et parfois ailé (Loxopterygium). Chez les Anacardium, le pédoncule s'épaissit peu avant la maturité pour former un pseudo-fruit ou hypocarpe sous le fruit véritable. Graine exalbuminée ou presque, à cotylédons charnus et embryon courbe. La germination est hypogée lorsque les cotylédons restent au niveau du sol (Mangifera, Anacardium) ou épigée lorsqu'ils sont soulevés par l'hypocotyle (Spondias) - Cellules et canaux à oléorésine. Les Anacardiacées se caractérisent par la présence presque constante dans le liber de poches, canaux ou cellules palticulières (idioblastes) contenant des oléorésines ou des tanins. On retrouve ces éléments de façon moins constante dans l'écorce interne, dans le bois, dans les racines et les feuilles ainsi que dans le péricarpe des fruits. Chez tous les genres guyanais à l'exception du genre Anacardium, le bois contient des canaux intercellulaires radiaux à oléorésine. Ces canaux inclus dans les rayons ligneux sont bordés de cellules épithéliales sécrétrices : ils sont dits "schizogènes" par opposition aux canaux "lysigènes" formés par la destruction de cellules préexistantes. Il convient d'observer que les Anacardiacées ne possèdent pas de canaux longitudinaux tels que l'on en trouve par exemple chez les genres Eperua ou Copaifera. - La structure du bois est assez constante chez les Anacardiacées de Guyane et souvent très semblable à celle qui est observée chez plusieurs Burséracées. Vaisseaux isolés ou accolés par 2 ou 3 dans le sens radial, parfois de deux tailles différentes (Anacardium, Thyrsodium), à perforations simples. Parenchyme rare et généralement indiscernable à la loupe oculaire, formé de cellules juxtavasculaires, ou exceptionnellement développé en manchons circumvasculaires courtement aliformes chez Anacardium 5 spruceanum. Rayons unisériés et dépourvus de canaux chez le genre Anacardiwn, ou 2-(3-4)sériés et contenant un ou plusieurs canaux à oléorésine chez les autres genres. Ces rayons sont subhomogènes, formés de cellules couchés dans leur partie centrale et bordés de 1 à 3 rangées de ""- cellules carrées ou dressées aux extrémités. Fibres cloisonnées souvent nombreuses. II. Eléments de taxonomie Une classification des Anacardiacées communément admise est fondée sur les différences de structure du gynécée. La famille se trouve divisée en quatre tribus selon les critères suivants: 1) Anacardiées Gynécée fonné d'un seul calvelle, caractère associé à celui de feuilles simples. Principaux genres: Mangifera, genre asiatique comportant une cinquantaine d'espèces. Le manguier (M. indica), originaire du Sri Lanka et de l'Inde, est l'un des arbres fruitiers les plus anciennement cultivés par l'homme. Il a été introduit en Guyane au XIXème siècle, plus tardivement qu'aux Antilles. Ses principaux caractères botaniques sont les suivants: feuilles simples et entières. Fleurs 5mères. Calice à 5 segments. Corolle à 5 pétales libres, aigus et réfléchis. Disque exceptionnellement extrastaminal, formé de 5 protubérances séparées alternant avec les pétales. 1 grande étamine fertile et 4 staminodes. Ovaire subglobuleux oblique à 1 loge urùovulée, surmonté d'un style simple. Le fruit est une grosse drupe oblongue (8 cm) à mésocarpe épais, charnu, comestible. Endocarpe ligneux. Amande formée de 2 cotylédons charnus ou parfois de plusieurs cotylédons dans le cas de graines polyembryonnées. Anacardium, genre américain comportant une dizaine d'espèces dont deux au moins sont naturelles en Guyane (Cf. infra). A. occidentale et A fruticosul1l sont de petits arbres de savane; A. cOlymbosum, A. humile et A nanum sont des arbustes des cerrados du Brésil central; A. excelsum, A giganleum, A. microsepalum, A. spruceanum sont de grands arbres de forêt dense. 6 N.n. : On rattache à la tribu des Anacardiées quelques espèces de l'Ancien Monde qui possèdent un ovaire formé de 5 carpelles libres ainsi que des feuilles composées. ' 1 2) Spondiées Gynécée formé de 4 ou 5 carpelles soudés dont le développement peut être incomplet. Ovaire comportant de 1 à 5 loges, surmonté de styles séparés. Les genres Spondias et Tapirira représentés en Guyane appartiennent à cette tribu. 3) Rhoïdées Gynécée formé de 3 carpelles soudés dont un seul se développe pour donner un ovaire uniloculaire souvent surmonté de 3 styles. Genres importants: Rhus, Pistacia, Cotinus, Schinopsis, Schinus. En Guyane, sont représentés les genres Thyrsodium, Astronium et Loxopterygium. 4) Semécarpées Ovaire infère à 3 carpelles soudés dont un seul fertile. Les espèces rangées dans cette tribu appartiennent à la région indomalaise. III. Note rapide sur les Rhoïdées des régions tempérées chaudes Les Rhoïdées des régions tempérées chaudes sont des arbustes ou plus rarement des arbres de taille moyenne dont les plus connus appartiennent aux genres Rhus, Pistacia, Schinus et Schinopsis. Toutes les espèces du genre Rhus sont riches en tanin. Le "sumac" (Rhus coriaria L.) est originaire de la région méditerranéenne et du ProcheOrient; on tire un extrait tannant de ses branches et de ses feuilles. La résine de Rhus vemicifera donne les laques de Chine et du Japon urùversellement réputées mais dont la fabrication est malheureusement source de dermatoses professionnelles. Aux Etats-Unis, Rhus typhina est le "Sumac de Virginie" ; Rhus toxicodendron et Rhus quercifolia sont les sumacs vénéneux connus 7 sous les noms de "poison ivy" et "poison oak" : les minuscules épines de leurs feuilles contiennent une oléorésine phénolique qui provoque de graves dermites. La vraie pistacht? (Pistacia vera L.) est originaire de Syrie. Le faux poivrier (Schinus molle L.) est un arbre du Pérou que l'on rencontre jusqu'à l'altitude de 3000 mètres dans les Andes. C'est une espèce ornementale au port pleureur, aux folioles lancéolées et aux fruits rouges qui a été largement introduite au Venezuela, au Mexique et en Californie. Elle contient un suc vénéneux redouté des jardiniers. Plusieurs espèces voisines appartenant au genre Schinopsis sont des arbres de conformation médiocre rencontrés dans la région aride du Chaco au nord de l'Argentine, au sud du Brésil, au Paraguay et en Bolivie. Le bois de coeur rouge vif à l'état frais puis rouge sombre, extrêmement dense (l,20), est connu sous le nom de "quebracho colorado". En Argentine, on réduit ce bois en copeaux pour en extraire un tanin de qualité supérieure, produit à l'échelle industrielle et vendu dans le monde entier. 8 IV. Etude des espèces de Guyane AIlaCardiul1l occidentale L Acayu (tupi-guarani), cajù, cajueiro (Brésil), maranon, mercy (Am. latine) pommier-cajou, (noix de) cajou, anacardier cashew apple, cashew (-nut) (Le nom latin Anacardium signifie" qui ressemble à un coeur" et se rapporte à l'hypocarpe) Il existe à l'état naturel en Guyane deux espèces qui possèdent à peu près les mêmes caractères botaniques et dont le port est pourtant très dissemblable. Le pommi.er-cajou (Anacardiul1l occidentale) est un petit arbre médiocrement conformé qui croît spontanément sur les cordons sableux du littoral et qui est également cultivé dans la plupart des jardins de la région côtière. Par ailleurs, le bouchi cassoun ou cajou de forêt (Anacardium spruceanum) est un arbre de forêt primaire au tronc droit et cylindrique qui dépasse parfois un mètre de diamètre et 35 m de hauteur totale. Des fruits rapportés au genre Anacardium ont été trouvés dans les gisements fossilifères de l'Eocène moyen (45 millions d'années) en Colombie et en Equateur. Ai.nsi, l'origine géographique de ce genre pourraitelle se situer au nord-ouest de l'Amérique du Sud. Bien que le pommier-cajou ne soit pas à proprement parler un arbre forestier, il fera ci-après l'objet d'une description succincte, compte-tenu de son intérêt botanique et de son importance économique. Les Amérindiens ont cultivé le pommier-cajou depuis une époque très ancienne et ils ont sans doute contribué à la dissémination actuelle de l'espèce en Amérique. Toutefois, selon l'opinion d'Alphonse de Candolle confirmée et précisée par des études récentes, l'Anacardium occidentale serait spontané dans toute la zone côtière du nord et du nord-est de l'Amérique du Sud. Il existerait également à l'état naturel dans les "cerrados" du centre du Brésil et jusque dans les tâches de savane arbustive rencontrées à l'intérieur du massif forestier guyano-amazonien, témoignant alors d'une vaste extension de l'espèce en des temps géologiques reculés. Au cours de la période historique, dès le début du XVlème siècle, les colons et les navigateurs ont activement propagé la culture de l'anacardier dans toutes les régions chaudes du monde. Le pommier-cajou est 9 aujourd'hui universellement répandu et certains pays éloignés de son aire d'origine, tels que l'Inde ou la Tanzanie, comptent parmi les principaux ' producteurs de noix de' cajou. Les principaux caractères de l'espèce sont les suivants: Petit arbre atteignant rarement 8 m de hauteur, à l'écorce grise ou brune pourvue de lenticelles éparses. Ecorce interne relativement épaisse, de couleur orangée. Sève résineuse à légère odeur de térébenthine. Feuilles alternes au limbe arrondi, coriace, glabre. Inflorescences composées de l'axe terminal et d'axes latéraux alternes-spiralés, les inférieurs sous-tendus par des bractées presque semblables aux feuilles ordinaires, les suivants par des bractées diminuant rapidement de taille pour ressembler à des sépales. Fleurs odorantes, hennaphrodites ou unisexuées mâles sur le même arbre. Pédoncule 0,5 mm. Calice à 5 lobes lancéolés (4 x 2 mm), finement pubescents. Corolle à 5 pétales lancéolés (l0 x 2 mm) réfléchis, pubérulents, d'abord blanchâtres ou rose pâle devenant rouge sombre après l'anthèse. 10 étamines connées à la base dont l'une nettement plus grande que les autres. Ovaire à 1 loge contenant 1 ovule apotrope, surmonté d'un long style (l0 mm) un peu décalé par rapport à l'axe. En Guyane, la floraison peut intervenir durant toute l'année mais elle est plus abondante au cours de la grande saison sèche. Peu avant maturité, le pédoncule du fruit s'allonge et se transforme en une masse charnue (hypocarpe ou pomme-cajou), piriforme (8 x 4 cm ou parfois beaucoup plus grosse, jusqu'à 20 cm, chez les variétés sélectionnées) à peau lisse jaune ou rouge, à chair comestible riche en jus sucré ou astringent. L'hypocarpe est surmonté du véritable fruit qui est une drupe réniforme (35 mm), verte puis noire. Le péricarpe coriace mais non ligneux renferme des cavités remplies d'une huile caustique chargée de phénols (anacardiol) qui irrite les mains ou la bouche par simple contact et qui dégage une fumée toxique lors du grillage des fruits. L'amande, communément appelée noix de cajou, formée de deux cotylédons charnus, constitue un excellent comestible. La production de noix de cajou dans le monde est estimée aujourd'hui à près de 300 000 tJan. Germination très semblable à celle d'A. spruceanum (Cf. infra). Bois blanchâtre, léger (0,55), possédant la même structure que celui d'A. spruceanum (CF. infra) 10 N.B. : Dans les pays où la noix de cajou est cultivée à grande échelle, on récolte l'oléorésine contenue dans le péricarpe du fruit. Ce liquide est utilisé dans de 'nombreuses productions (vernis, peintures, matières plastiques ainsi que produits insecticides et bactéricides). ÎI,F!ores( cne e E v "' rie u r M. Gaze! 12 Anacardium spruceanulll Bentham ex Engler (Synonyme: Anacardiwn brasiliense B. Rodrigues) (espèce très voisine: A. gigallteum Hancock ex Engler) cajou, bouchi cassou n, (moni), caracoli (Venez., A.T.LB.T.) L'aire naturelle de l'Anacardium spruceanum couvre toute la région des Guyanes jusqu'à l'Orénoque, la basse et la moyenne Amazonie, le haut Rio Negro et le haut Purus. L'Anacardium giganteum, espèce très voisine, se rencontre sur la même aire naturelle mais également jusqu'en haute Amazonie dans la région d'Iquitos. Par contre, l'Allacardium excelsum possède quelques caractères qui le distinguent nettement des espèces précédentes et son aire naturelle est disjointe. Le pédoncule de son fruit s'épaissit à peine et ne forme pas un hypocarpe charnu comme chez les autres Allacardium. On le remarque par sa fréquence dans les espaces forestiers avoisinant les llanos du Venezuela, mais il forme également de grands arbres en forêt primaire de Colombie et dans toute l'Amérique Centrale. En Guyane, le bouchi cassoun est un arbre assez rare, disséminé en forêt primaire sur terrain sain. Il atteint une grande taille, pouvant dépasser l m de diamètre et 35 m de hauteur totale, et il est généralement très bien conformé, droit et cylindrique avec des empattements épais sans véritables contreforts. Sur un arbre témoin de 80 cm de diamètre, on note: écorce brun jaune pâle d'aspect lisse, pourvue de nombreuses petites lenticelles formant par place de courts alignements verticaux sinueux. Rl1ytidome pelliculaire OCre. Assise phellodermique rouge foncé bien visible. Ecorce interne très épaisse (25 mm) d'une belle couleur rouge orangé avec des veines blanchâtres correspondant aux lignes de lenticelles, fibreuse près du cambium. Aubier blanc jaunâtre. La tranche exhale une très légère odeur de térébenthine et exsude lentement quelques gouttes de résine translucide. Feuilles alternes, sans stipules, simples et entières, ob ovales. Pétiole 3 cm aplati dessus. Limbe 18 x 8 cm, assez coriace, glabre, la base cunéiforme, le sommet arrondi, parfois émarginé ou très faiblement acuminé. Forte nervure principale saillante dessous. Environ 15 paires de nervures latérales se rejoignant en arceaux à 2 mm du bord, saillantes dessous ainsi que le reticulum lâche formé par les nervures tertiaires. Les feuilles mortes sont facilement identifiables au sol et constituent un caractère de reconnaissance utile. 13 Les inflorescences se forment à l'extrémité des rameaux en plusieurs axes axillaires allant se resserrant. Les premiers sont sous-tendus par de grandes bractées 'foliacées blanchâtres, les suivants par des bractées de plus en plus petites, lancéolées, semblables à des sépales. Chaque axe porte un panicule dense de petites fleurs pédicellées. Au début de la floraison qui survient généralement fin-mars, les pousses inflorescentielles sont rose argenté et la cime prend un aspect particulier d'une grande beauté. Les fleurs peuvent être hermaphrodites ou simplement mâles avec un pistil dégénéré. Elles sont odorantes. Pédicelle court (2 mm), épais. Calice à 5 sépales presque libres, lancéolés (5 x 2 mm), imbriqués, pubescents sur la face externe. Corolle à 5 pétales libres, lancéolés (8 x 3 mm), le tiers supérieur réfléchi, d'abord roses puis rouge violacé après l'anthèse. Les étamines au nombre de 8 à 10 sont soudées à la base en un tube de 2 mm ; l'une d'entre elles est plus longue que les autres avec un filet de 6 mm. Ovaire globuleux élargi (2 x 2,5 mm) formé d'un seul carpelle et comportant une seule loge, surmonté d'un style de 8 mm rouge, à stigmate peu différencié. Ovule unique, basal, apotrope et réniforme. Le fruit est très semblable à celui du pommier-cajou (A. occidentale). Au cours de la maturation, le pédoncule s'allonge et s'épaissit jusqu'à former un "pseudo-fruit" ou hypocarpe obconique (2 x 3 cm) à peau lisse, blanche ou rouge, et à chair juteuse, sucrée, odorante. Il est surmonté du vrai fruit qui est une drupe réniforme (25 x 15 x 18 mm), noire à maturité. Le péricarpe de la drupe est compartimenté en cavités cubiques remplies d'une huile phénolique toxique (anacardiol). Il renferme une graine incurvée, blanche, comestible, formée de deux cotylédons chamus. La fructification intervient vers le mois de juillet. Le sol est alors jonché de drupes noires auxquelles les débris de l'hypocarpe restent adhérents. La dissémination du fruit est favorisée par de nombreux mammifères arboricoles et par les chauves-souris qui consomment l'hypocarpe sans détruire la drupe. La germination est hypogée. Description du bois: l'aubier blanchâtre est peu différencié du bois parfait qui est brun rose pâle, à grain moyen, tendre et léger (0,6), siliceux, périssable. Vaisseaux gros (250 j.1), quelques-uns nettement plus petits, le plus souvent isolés, peu nombreux, à perforations simples. Parenchyme en manchons circumvasculaires irréguliers, parfois courtement aliformes. Rayons 1(2-)sériés, faiblement hétérogènes avec 1 à 3 rangées de cellules carrées ou dressées aux extrémités. Fibres septées. "4 14 A condition d'être traité, le bois du bouchi cassoun pourrait être utilisé en menuiserie légère, moulures et déroulage. Toutefois, l'arbre' est rare en forêt guyanaise et reste généralement inexploité. En Colombie et en Equateur, le bois d'A. excelsum, semblable à celui d'A. spruceanum, fait l'objet d'une exploitation assez importante. ;. IS Ano(';>'f<..\\Un, rr I,.l d" .$I...lr !'a,bce P\ ,1. t, t f " u" l a \. { u \e d.e 6 moiS ~ 0 \ .-15 jUillet 20 ao~l- 3 e r 11, i n d l: i CI n C.OU!)e. du Fr<..l~L -i~" oc.tobre M.Ciazel A n a car d i 16 LI 11\ ~prLlc.eanum 9r2nde.. {", ..... l\\e ObOYd\~1 c.oriace, î"c;\err\Qnt t<.\el\t~ÇI,)b[e au; S,0\_ M.6'Q:e\ 17 Spondias 1I2ombi/! L. (Spondias lutea L.) Mombin ou prune-mombin, mirobolan, ubo (A.T.I.B.T.) Spondias mombin semble naturel dans les Etats du Mato Grosso et du Para au Brésil ainsi que dans la région des Guyanes, mais il est aujourd'hui répandu dans toute l'Amérique intertropicale et dans les Antilles, à l'état cultivé ou subspontané. En Afrique, il est très fréquent dans la région souda no-guinéenne, mais sans doute y-a-t'il été anciennement introduit. Le prunier-mombin est un arbre d'assez grande taille, pouvant atteindre 30 m de hauteur et 50 cm de diamètre. Son écorce est très caractéristique, gris j aune clair, épaisse, liégeuse, marquée de profondes fissures longitudinales en réseau chez les arbres âgés. L'écorce interne rose pâle exsude une résine incolore. Feuilles alternes, composées imparirmées, plus ou moins rassemblées en étoile à l'extrémité des rameaux. Pétiole 6 cm, rachis 16 cm. 5 à 8 paires de folioles opposées ou subopposées, plus la foliole terminale. Pétiolule 4 null. Folioles glabres à base dissymétrique, largement acuminées (environ 8 x 4 cm). 10 à 15 paires de nervures secondaires légèrement saillantes dessous, raccordées à une fine nervure marginale qui se confond presque avec le bord du limbe (ce caractère permet de distinguer la feuille de Spondias mombin de celle de Tapirira guianensis). Nervilles en réseau, saillantes dessous. Inflorescences en longues panicules terminales très fleuries, odorantes. Fleur petite, blanc jaunâtre, hernlaphrodite ou unisexuée, portée par un court pédicelle Cl à 4 mm). Calice pubérulent à 5 lobes triangulaires minuscules (0,4 mm). 5 pétales libres, oblongs (3 mm), d'abord dressés puis réfléchis. 10 étamines insérées sous un disque charnu, cupuliforme, à bord crénelé. L'ovaire comporte 3 à 5 loges uniovulées ; il est surmonté de 3 à 5 styles courts et épais. Sur le sommet du jeune fruit, on distingue les restes des styles nettement séparés. La prune-mombin est une drupe légèrement oblongue (35 x 25 mm) à peau lisse jaune vif, à pulpe juteuse, sucrée et comestible. Noyau dur (28 x 16 mm), à surface ridée et fibreuse, contenant 1 à 5 loges. En forêt secondaire, les noyaux desséchés, blanchâtres et fibreux, se reconnaissent facilement au sol. 18 La graine ne germe qu'après 2 ou 3 mois de dormance ou parfois beaucoup !)lus. La germination est épigée. L'hypocotyle se dégage en crosse, entraînant les cotylédons charnus et allongés (25 x 3 x 1 mm), striés dessous. Deux mois plus tard, la plantule comporte un hypocotyle de 5 cm épais, rougeâtre, muni de deux cotylédons en languette, un épicotyle COUlt (8 mm) portant les deux premières feuilles chlorophylliennes qui sont opposées, trifoliolées, dentées, à pétiole canaliculé rougeâtre. Les feuilles suivantes sont 5- puis 7-foliolées. Le bois du mombin est très léger (0,45), blanchâtre à brun pâle, à grain grossier, peu durable. Le duramen se distingue de l'aubier sur bois sec. Vaisseaux assez gros (220 /1.) isolés ou accolés irrégulièrement par 2 ou 3, à perforations simples. Parenchyme limité à de rares cellules juxtavasculaires, non discernables à la loupe oculaire. Gros rayons 4- à 12-sériés, faiblement hétérogènes, comportant de gros canaux sécréteurs. Usages: le prunier-mombin a été largement cultivé et disséminé par l'homme. Il se régénère facilement par bouture de bois aoûté ou à partir des graines. Le fruit est souvent consommé cru par les enfants mais il est surtout utilisé pour la confection de punch ou de sirop. Aux Antilles, on cultive également le mombin rouge ou "prune d'Espagne" (Spondias purpurea, originaire d'Amérique Centrale), ainsi que la "pomme de Cythère" (Spondias cytherea ou Spondias dulGis, originaire des Iles de la Société). Le bois du mombin est parfois utilisé localement en menuiserie légère, en caisserie ou, comme le tobitoutou, pour fabriquer des allumettes (Trinidad). Toutefois, il est très sensible au bleuissement à l'état frais et aux attaques de termites à l'état sec: il doit donc être séché et traité rapidement. Ubo est le nom commercial recommandé par l'A.T.I.B.T. Spond\,)~ rnoll,b;n 19 ~-"--'---- x 5 bO\..-lton ç 1E: u ('" , 5 ~ruits M.Ga-ze\ 20 Tapirira guianensis AubIet taÎ)irira (galibi), mombin sauvage, mombin blanc, 'aganiaimaie Le genre Tapirira créé par Fusée-Aubiet est pantropical et comprend une quinzaine d'espèces réparties en Asie, en Afrique et en Amérique. L'aire naturelle de Tapirira guianensis est t.rès étendue: elle comprend l'Amazonie jusqu'au Pérou et à la Bolivie, le Paraguay, la côte atlantique du Brésil depuis Rio au sud jusqu'au Ceara et à l'Amapa au nord, la région des Guyanes, le Venezuela, la Colombie et le Panama. Cette espèce est très fréquente dans les cerrados du Brésil ainsi que dans les forêts de ten'es basses et dans les fonnations secondaires du nord de la Guyane, où elle reste un arbre de taille et de conformation médiocres. En forêt primaire, elle devient un grand arbre qui peut atteindre 35 m de hauteur et 70 cm de diamètre. Contreforts peu épais, à profil concave bas, s'éloignant largement du tronc. Ecorce gris clair à brun rouge, lisse chez les jeunes sujets, puis divisée par des crevasses irrégulières et sinueuses avec exfoliation du rhytidome. Petites lenticelles éparses ou disposées en lignes longitudinales flexueuses. Assise phellodennique rouge avec des veines blanchâtres. Ecorce interne rosâtre veinée de blanc, plus claire près du cambium, fibreuse et stratifiée. Aubier blanc à nuance jaunâtre. La tranche exsude de petites gouttelettes de résine blanchâtres et exhale une faible odeur balsamique sucrée. Feuilles alternes, sans stipules, imparipennées, rassemblées en étoile à l'extrémité des rameaux. Folioles en nombre variable (de 5 à 15), glabres, oblongues (en moyenne 10 x 3,5 cm), la base faiblement asymétrique et décurrente sur un pétiolule de 6 mm, le sommet pourvu d'un acumen arrondi. Nervure principale saillante dessous. 12 à 15 paires de nervures secondaires se raccordant en arceaux. Nervilles peu distinctes, en réseau lâche. Inflorescences en longues panicules terminales et axillaires densément couvertes de très petites fleurs blanc jaunâtre. Fleur hermaphrodite ou plus souvent unisexuée, mâle ou femelle. Pédicelle 2 mm. Calice à 5 lobes deltoïdes (0,5 mm). 5 pétales oblongs (2 mm), érigés puis réfléchis. 10 étamines. Disque à 10 lobes. Chez la fleur femelle, ovaire ovoïde (1,5 mm) à 1 loge uniovulée, surmonté de 5 styles disjoints (0,3 mm). 21 Le fruit est une petite drupe subglobuleuse (l0 x 8 mm) à peau lisse jaune puis noire, conservant au sommet les styles minuscules. Mésocarpe peu épais, juteux, comestible. Noyau rugueux contenant Ûne seule graine. Bois léger (0,5), rosé, lustré, souvent ponctué sur dosse par l'exsudation des canaux à résine. Vaisseaux moyens (140 /-l). Parenchyme en rares cellules juxtavasculaires non visibles à la loupe. Rayons 2-sériés, plus rarement 3-(4-)sériés, presque homogènes avec quelques rangées de cellules carrées aux extrémités, contenant des canaux sécréteurs. Le plan ligneux ressemble beaucoup à celui des Tetragastris. Le bois de Tapirira guianensis se travaille facilement et se polit bien. Il peut être déroulé. Il est toutefois périssable et doit être traité pour tous usages. N.B. : parmi les Tapirira rencontrés dans la région de Saül, Mitchell estime qu'il faut distinguer deux espèces (Memoirs of the New York Botanical Garden - Décembre 1990) : Tapirira bethanniana Mitchell se distinguerait de Tapirira guianensis par les caractères suivants: arbre atteignant une très grande taille, avec une hauteur de 50 111 et un diamètre de 80 cm. Contreforts de 1 m. Ecorce brune, très épaisse, di visée en écailles rectangulaires par des fissures longitudinales. Folioles à nervation tertiaire peu distincte. Fruit plus gros que celui de Tapirira guianensis , globuleux (2 cm) et non ovoïde, violet foncé ou noir à maturité. 22 \ f e 1..1\. Il ex.-1!2 ,<--nec Intfutesc.." , © fruit x.l. ~ i (1~ ", ",:: 00 noyau d .,:, LI G1e ..• M. Gazel 23 Thyrsodium guiancnsc Sagot guéli moni, (gran moni) Arbre de taille assez grande, atteignant au moins 50 cm de diamètre et 30 m de haut, généralement bien conformé. Les sujets de 20 ou 30 cm de diamètre n'ont pas du tout de contreforts, ceux de 50 cm de diamètre peuvent avoir de très petits contreforts concaves. Cette espèce caractéristique se rencontre en forêt primaire sur sol sain dans toute la Guyane. Elle est commune dans les stations forestières de la région côtière (Mont Grand Matoury, Paracou près de Sinnamary, Forêt domaniale des Malgaches à StLaurent du Maroni). Tronc ocracé, presque lisse, très finement fissuré verticalement. Le rhytidome pelliculaire se desquame en petites lamelles longitudinales. Assise phellodermique rougeâtre, veinée. Ecorce interne assez épaisse (8 mm sur un témoin de 30 cm de diamètre), orangée avec des veines plus claires. Aubier blanc. La tranche exsude lentement des gouttelettes de résine très collantes qui paraissent parfois blanches, parfois jaune clair ou rose ocracé. Le pétiole des feuilles contient un latex blanc plus abondant et plus fluide que celui de l'écorce. Feuilles alternes à cycle d'insertion ternaire, composées, très caractéristiques. Les folioles, en nombre variable, pair ou impair (2 à 13), sont disposées de façon alterne et plus ou moins espacées sur le rachis. Vues du sol, elles ressemblent à des feuilles simples et alternes portées par de fins rameaux. Folioles glabres, coriaces, largement elliptiques ou obovales CI 0 x 5,5 cm), la base décurrente sur un pétiolule de 8 mm, le sommet arrondi avec un petit acumen bien individualisé. Environ 10 paires de nervures secondaires régulièrement espacées, saillantes dessous ainsi que le réticulum lâche formé par les nervures tertiaires. Les folioles mortes, brun ocracé, sont immédiatement identifiables au sol et facilitent la détermination de l'espèce. Inflorescences en longues parùcules (30 cm) tomenteuses, portant des fleurs petites et nombreuses. Fleurs unisexuées, poilues ferrugineuses, à pédicelle très court bibractéolé. Calice cupuliforme à 5 dents minuscules. 5 pétales insérés au bord de la cupule, imbriqués, jaune ocracé pâle. 5 étamines. Ovaire à 1 loge contenant un ovule pendant subapical. Style à stigmate 2-3-10bé. 24 rwit drupacé porté par un pédoncule de 5 mm environ à sommet patériforme. Forme ellipsoïde (20 x 15 mm) apiculée. Peau jaune verdâtre fine', lisse et glabre, devenant noir violacé. Chair (mésocarpe) blanc verdâtre, inodore (3 mm). Graine ellipsoïde enveloppée de 2 téguments blanchâtres pelliculaires, souples. Amande divisée en 2 cotylédons charnus, violet vif. La fwctification s'observe souvent en mars. Bois mi-lourd (0,75), rosâtre pâle, ponctué de petites taches de résine au niveau des canaux inclus dans les rayons ligneux. Vaisseaux fins (l10 /.1), assez nombreux, le plus souvent isolés, à perforations simples. Parenchyme très rare, peu visible, en cellules juxtavasculaires. Rayons 2-sériés hétérogènes, avec quelques rangées de cellules carrées ou dressées aux extrémités, contenant de gros canaux résinifères de 70 /.1 de diamètre. 25 r 0 \ ,. 0\ e E E -r M,Gacel 26 Thyrsodium schomburgkianum Bentham (Garuga schomburgkiana Engler, Thyrsodium pLiberulum Mitchell et Daly) (Espèce très voisine: Thyrsodium spruceanum Benth.) lébi moni, (encens rouge) Arbre caractéristique, fréquent dans la reglon de St Laurent du Maroni, bien connu des prospecteurs qui l'appellent lébi moni et dont la détermination scientifique est pourtant restée longtemps incertaine en Guyane. L'aire naturelle de cette espèce s'étend aux trois Guyanes et à une grande partie de l'Amazonie brésilienne (Amapà, Parà, Amazonas et Maranhao). Tronc droit et cylindrique, parfois un peu flûté vers la base, atteignant 60 cm de diamètre. Ecorce rougeâtre divisée en fines lamelles verticales se décollant latéralement. Rhytidome brun (0,5 mm). Assise phellodermique rouge avec de grosses veines rosâtres. Ecorce interne (5 mm) blanc rougeâtre, fibreuse. Aubier blanchâtre. Apparition rapide de petites gouttes de résine blanche sur l'entaille. Odeur à peine perceptible malgré le nom d'encens parfois donné à l'arbre. Jeunes rameaux épais, roussâtres, tomenteux-ferrugineux. Grandes feuilles alternes, imparipennées, à (9-) 11-(13-) folioles subopposées ou presque alternes. Pétiole à forte gaine, épais et canaliculé, long de 10 cm. Rachis de 25 cm. Pétiolules 10 mm. Grandes folioles coriaces, d'abord ferrugineuses puis glabres dessous, oblongues (20 x 8 cm), acuminées, à base plus ou moins dissymétrique, devenant bnm rouge en se desséchant et facilement identifiables au sol. Environ 14 paires de nervures latérales fourchues vers l'extrémité, déprimées dessus, saillantes ainsi que la nervure principale dessous. Nervures d'ordre 3 bien visibles, en réseau lâche. Inflorescences en panicl;les de IS à 25 cm aux axes ferrugineux. Fleurs unisexuées. Pédicelle bractéolé (2 mm). Calice cupuliforme (1,5 mm) à S lobes deltoj'des CI mm). S pétales aigus (3 mm), jaune pâle. 5 étamines presque sessiles. Chez les fleurs femelles, ovaire globuleux, tomenteux, surmonté d'un style de même longueur à stigmate capité. Le fruit est très semblable à celui de Thyrsodium guianense. c'est une drupe subglobuleuse (28 x 25 x 20 mm) légèrement déprimée latéralement 27 du côté du funicule. Epicarpe pruineux vert tendre devenant mauve. Péricarpe à chair ferme, ver1 vif, épais de 2,5 mm. Graine à tégument ocre et souple (0,3 mm). Amande formée de 2 cotylédons à chair rose violacé. Embryon situé vers l'apex. Les restes du périanthe persistent parfois à la base du fruit. Bois mi-lourd (0,70), rosâtre, semblable à celui de ThyrsodillnJ g lIianense. 28 TI'yrsu J ., u n, schornbu _____. ( (9 k \ ,)~ n __\J_ I\"\ 1 /' / Feu \. II e x ~ 12 ;4 M.Gozel 29 Astroniul1l Ellei Mattick Le genre Astronium compte une douzaine d'espèces arborescentes décrites en Amérique Centrale et en Amérique du Sud jusqu'au Paraguay et en Argentine. Ces espèces sont dioïques et se caractérisent par de petites fleurs à 5 sépales accrescents qui recouvrent d'abord le fruit puis s'ouvrent en étoile persistante à sa base. Astronium graveolens en Amérique Centrale et en Colombie, Astroniumfraxinifoliwn et Astronium lecointei au Brésil donnent un bois très dense utilisé en ébénisterie, commercialisé sous le nom de "gonçalo-alvez". En Guyane, Astroniul1l ulei semble rare et n'a pas reçu de nom local. Il a été rencontré dans le permis des Fabricants Réunis au sud de Kourou (1985) et dans la région des Nouragues. Son aire de répartition est très vaste puisqu'il est connu au Guyana et en Amazonie jusque dans le Territoire d'Acre. Arbre d'assez grande taille, atteignant au moins 35 m de hauteur et 60 cm de diamètre. Contreforts concaves, bas, s'éloignant du tronc (60 x 140 x 12 cm). Ecorce gris brun à nuance rougeâtre sur les contreforts, pourvue de lenticelles rondes (2 mm), brun rouge, alignées en files verticales sinueuses. Fissures verticales délimitant des écailles grossièrement rectangulaires (8 x 3). Rhytidome brun (1 mm). Ecorce interne (8 mm) rose saumoné à brun rosâtre pâle. Aubier grisâtre à brun pâle. Sur la tranche apparaissent lentement des gouttelettes de latex résineux ocracé. Feuilles alternes, imparipennées, à 3 ou 5 folioles. Pétiole 4 cm, aplati dessus. Rachis 2 à 4 cm. Pétiolules 5 mm. Folioles papiracées, glabres, elliptiques ou légèrement obovales, à base obtuse faiblement dissymétrique, à sommet courtement acuminé (6 x 3,5 cm). Environ 9 paires de fines nervures latérales déprimées dessus, saillantes dessous, paraissant fourchues près de la marge. Espèce dioïque. Inflorescences en fines et longues panicules terminales Cl 5 à 30 cm). Pédicelles ténus (3 mm) devenant plus épais et plus longs (15 mm) chez le fruit. Fleur à 5 sépales presque libres (l,5 mm), accrescents et persistants à la base du fruit Cl 0 x 4 mm). 5 pétales libres (2 nml), blanc jaunâtre, également persistants mais non accrescents. 5 étamines alternant avec les pétales, à filet de 2 mm inséré sous un minuscule disque charnu à 5 lobes (fleurs mâles). Ovaires 2 mm formé de 3 carpelles dont un seul fertile, sunnonté d'un minuscule style trifide (fleurs femelles) . .. '" 30 Le fruit est une petite drupe oblongue et pointue (10 x 3 mm) à peau lisse et brune, à pulpe mince, contenant une gr'aine fusifonne. Bois d'aubier grisâtre à brun pâle. Bois de coeur dur et lourd (0,95) brun orangé avec de larges bandes brun noir. Vaisseaux moyens (140 fl) isolés ou accolés par 2 ou 3 dans le sens radial, à perforations simples. Parenchyme peu visible, limité à quelques cellules juxtavasculaircs. Rayons 2-3(-4)-sériés, subhomogènes avec quelques rangées de cellules carrées ou dressées aux extrémités, parcourus de canaux sécréteurs (50 fl). Fibres cloisonnées. Le bois d'Astronium ulei est dur et durable, à grain fin, susceptible d'un beau poli. Il peut être utilisé en ébénisterie et artisanat d'art, mais semble très rare en Guyane. N.n. : ASlronium lecointei Ducke, qui possède des feuilles à 1 J folioles, a été signalé dans le territoire de l'Amapa et au Surinam. Il est donc probable que cette espèce existe aussi en Guyane bien qu'elle n'y ait pas encore été rencontrée. .. A. s t 1- 0 n 1 U 1'1\ LI \ e; Çleur m,le )( o,e E E s r ru;t x 2 31 32 Loxopterygium sagotii Hooker f. Koiha (P), (aganiaïmaïe), slangenhout (Dutch) ÙJxopterygium sagotii est un arbre d'assez grande taille qui atteint 30 m de hauteur et 60 cm de diamètre, commun sur les sables jaunes de la Série Détritique de Base au Surinam et au Guyana, rencontré également en Guyane dans la région de St Laurent-Mana, mais beaucoup plus rare dans les formations de l'intérieur. Tronc cylindrique avec une simple couronne de racines traçantes ou quelques petits contreforts bas. Rhytidome épais de 2 à 3 mm, grisâtre, divisé par des fissures sinueuses en écailles ou lames larges de 5 à 15 mm, légèrement relevées sur les bords. Ecorce interne assez épaisse (jusqu'à 14 mm), rose, contenant une résine crème à rose ocracé, collante, apparaissant en grosses gouttelettes sur l'entaille. Jeunes rameaux couverts d'un fin tomentum brun. Grandes feuilles composées imparipennées, alternes, sans stipules, rassemblées en étoile à l'extrémité des rameaux. Nombre de folioles variable de 3 à Il, généralement 7 ou 9. Pétiole 5 à 8 cm, aplati dessus. Rachis 8 à 15 cm. Folioles (7 à 15 x 3 à 5 cm) opposées ou subopposées, à base arrondie dissymétrique, à acumen peu marqué, en languette arrondie large de 3 mm. Pétiolules 4 à 5 mm, canaliculés, sans articulation, d'abord un peu tomenteux brunâtres. 8 à 10 paires de nervures latérales insérées à 60°, s'incurvant près de la marge et pourvues dans la courbure d'une nerville latérale s'incurvant au-dessus. Nervures d'ordre 3 visibles au moins dessous. Espèce dioïque (selon Lémée). Inflorescences en panicules longues et ténues (jusqu'à 50 cm), portant des glomérules de très petites fleurs régulièrement répartis sur les axes, pubérulents roussâtres. Pédicelles de 0,5 à 2 mm pourvus de bractées et bractéoles minuscules. Fleur (1,5 mm). Calice à 5 lobes obtus imbriqués (0,5 mm). 5 pétales ovales imbriqués (1 mm). 5 étamines à filet court inséré sous un disque charnu à 5 lobes. Ovaire à 1 loge surmonté de 3 styles minuscules. Le fruit très caractéristique est une samare contenant une seule graine: pédoncule de 2 à 3 mm, calice persistant, péricarpe prolongé par une aile membraneuse dissymétrique à nervation dichotomique (25 mm), portant les restes des styles sur son côté convexe. 33 Bois mi-lourd (0,70) à grain moyen et texture médiocre. Aubier blanchâtre à rose grisâtre, à délimitation peu franche. Bois de coeur brun jaune à bnm rougeâtre, irrégulièrement veiùé de brun noir, marqué de petites taches de résine apparentes surtout en section tangentielle. Vaisseaux moyens (120 fl), isolés ou groupés radialement par 2 ou 3, contenant parfois de nombreux thylles. Parenchyme en cellules juxtavasculaires non visibles à la loupe oculaire. Rayons 1 à 3-sériés hétérogènes, les plus gros contenant un canal sécréteur de 60 fl bien visible en section tangentielle à x 20. Fibres cloisonnées nombreuses. Bois facile à travailler, relativement durable, utilisé en menuiserie ordinaire au Guyana. 34 \nfru[<zsc,zncc E f M.Gale\ Flore Forestière de Guyane LES APOCYNACEES Marc GAZEL ;:" Janvier 1995 Flore Forestière de Guyane LES APOCYNACEES Marc qAZEL ;:. Janvier 1995 2 TABLE DES MATIERES I. Généralités ............................................................................... P 04 II. Caractères botaniques des Apocynacées ...................................... p 05 III. Description des bois. Plan ligneux ............................................ p 07 IV. Note rapide sur les alcaloïdes indoliques des Apocynacées ........... p 08 V. Eléments de taxonomie ............................................................. p 12 VI. Etude des Apocynacées de Guyane ............................................ p 14 Plumiera L. ........................................................................ p 14 Himatanthus articulata (Vahl) Woodson ................................. p 17 Himatanthus bracteata (A. OC) Woodson ............................... p 21 Genre Aspidosperma Martius ................................................ p 23 Aspidosperma album (Vahl) R. Benoist... ...................... p 25 Aspidosperma cruentum Woods on (1938) ..................... p 29 Aspidosperma sandwithianum Markgraf.. ...................... p 30 Aspidosperma spruceanum Bentham ............................. p 32 ' .. A OC . ..................................... p 33 ospewJa vargasll. A Spi' d Aspidosperma oblongum A. OC ................................... P 36 3 Aspidospenna marcgravianum Woodson ....................... p 38 Aspidosperma excelsul11 Bentham ................................. p 39 Aspidospenna carapanauba Pichon ............................... p 40 Aspidosperma macrophyllwn Mueller Argoviensis ......... p 42 Geissospermum sericewn (Sagot) Bentham ............................. p 43 Geissospennum laeve (Vell.) Miers ....................................... p 46 Couma guianensis Aublet. ..................................................... p 49 Parahancornia fasciculata (Poiret) R. Benoist... ...................... p 52 Macoubea guianensis Aublet.. ............................................... p 56 Ambelania acida Aublet.. ...................................................... p 59 Lacmellea aculeata (Dueke) Monaehino .................................. p 60 Lacmellea floribunda (Poeppig) Bentham ............................... p 63 Genre Tabernaemontana Linné ............................................. p 64 Tabernaemontana echinata Aublet.. ............................... p 69 Tabernaemontana heterophylla Vahl... .......................... p 70 Tabernaemontana meyeri G. Don (1838) ....................... p 72 Tabernaemontana undulata Vahl. .................................. p 73 Tabernaemontana grandiflora Jaequin (1878) ................ p 76 Thevetia peruviana (Pers.) K. Sehum ..................................... p 77 Allamanda cathartica L ........................................................ P 81 Malouetia tamaquarina (AubIet) A. DC. ................................. p 83 4 LES APOCYNACEES Apocynacées GAMOPETALES _ _ Tétracycliqucs ____ Apocynales superovariées (SS Loganiacées + SP + SE + 2C) 1. Généralités La famille des Apocynacées constitue un ensemble très naturel, défini par un petit nombre de caractères fondamentaux que l'on retrouve chez toutes les espèces ou presque. Les Asclépiadacées, regardées comme la suite phylogénétique des Apocynacées, présentent les mêmes caractères de base mais ne possèdent aucune espèce arborescente. Il Parmi les quelques 1SOO espèces, classées en 180 genres, que compte la famille, la grande majorité sont des arbustes, des arbrisseaux ou des lianes à feuilles opposées, rencontrés dans la zone intertropicale. Les pervenches, plantes herbacées dont 3 espèces existent en France, sont considérées comme des formes évoluées résultant d'une adaptation au climat tempéré. En Amérique, et particulièrement en Guyane, les Apocynacées se distinguent par la fréquence des espèces arborescentes, caractère qui devrait retenir l'attention dans l'étude de l'évolution générale de la famille. Beaucoup de grands arbres ont des feuilles alternes (Himatanthus, Aspidosperma, Geissospermum), les autres sont à feuilles opposées (Couma, Parahancornia, Macoubea). Ces genres sont strictement américains et diffèrent sensiblement des genres arborescents de l'Ancien Monde. 5 Chez les Apocynacées africaines, seul Aistonia congensis est un grand arbre. Il possède des feuilles verticillées par 5 il 8 et des fruits composés de deux follicules linéaires contenant des graines pourvues de longs poils soyeux. Le genre Alsronia occupe une aire naturelle très vaste puisqu'on le retrouve en Asie du Sud-Est ct jusqu'en Nouvelle-Calédonie. Parmi les genres arbustifs ou lianescents qui représentent la grande majorité des Apocynacées, quelques-uns sont pantropicaux (Tabernaemontana, Landolfia ou Pacouria, Rauvolfia). Beaucoup de genres sont strictement américains. Par contre, plusieurs genres africains importants ont, comme Alstonia, une aire naturelle très vaste qui s'étend à Madagascar, il l'Asie tropicale et parfois jusqu'à l'Océanie (Strophantus, Voacanga). II. Caractères botaniques des Apocynacées Les principaux caractères botaniques des Apocynacées sont les suivants: - Présence de cellules laticifères sécrétant un latex blanc dans tous les tissus de la plante ou seulement dans certains organes. - Feuilles toujours simples et entières, sans stipules mais parfois pourvues d'excroissances de nature stipulaire inter- ou intra-pétiolaires. Les feuilles sont opposées-décussées ou verticillées chez la grande majorité des Apocynacées, mais il faut rappeler que les espèces arborescentes à feuilles alternes ont une importance particulière en Guyane avec les genres Pll/miera, Himatanthus, Aspidosperma, Geissospennwn ct Thevetia. - Inflorescences en cymes terminales ou pseudo-axillaires dont l'architecture reste marquée par le type de croissance sympodial des organes végétatifs. Fleur hermaphrodite, typiquement gamopétale. régulière, généralement 5-mère, Calice en cupule couronnée de 5 lobes souvent aigus, il imbrication quinconciale, parfois pourvus de glandes à la base de la face interne. Corolle formée d'un tube prolongé par 5 lobes contortés dans le bouton, imbriqués en hélice dans la fleur ouverte. Pour un observateur placé sur l'axe de la fleur, les lobes se recouvrent vers la gauche ou vers la droite selon les espèces: ce caractère apparemment mineur joue un rôle ~ .. ;.: . 6 taxonomique important dans la division des Apocynacées en deux sousfamilles, les Plumiéroïdées (recouvrement à gauche) et les Echitoïdées ou Apocynoïdées (recouvrement à droite). Etamines au nombre dc 5, insérées à l'intérieur du tube de la corolle à une hauteur variable selon les espèces. La partie libre du filet est très courte. Les anthères sont introrses, généralement allongées, deltoïdes ou sagittées, conniventes sur le stigmate, c'est-à-dire inclinées vers l'axe de la fleur pour former un cône à éléments libres ou agglutinés coiffant le stigmate (Chez les Asclépiadacées, les étamines comportent des pièces annexes de structure complexe assurant une véritable liaison avec le stigmate pour former un appareil appelé gynostège, comparable à celui des Orchidées. Les grains de pollen sont soudés par quatre en tétrade, ou tous ensemble en pollinie). Disque intrastaminal entier ou plus souvent 5-lobé présent chez la plupart des Apocynacées, mais typiquement absent chez les espèces arborescentes de Guyane. Dans la sous-famille des Plumiéroïdées, le disque se rencontre seulement chez Allamanda, Thevetia, Rauvolfia et chez quelques espèces du genre Tabernaemontana (T. meyeri, T. undulata, T. grandiflora). Par contre, un disque généralement lobé se rencontre chez tous les genres arbustifs ou lianescents classés dans la sousfamille des Echitoïdées (Nerium, Malouetta, Secondatia, Odontadenia, Rhabdadenia, Mesechites, Mandevilla, Forsteronia et Prestonia). Ovaire supère (presque infère toutefois chez Pl umi e ra ct Himatanthus), typiquement formé de 2 carpelles (les rares exceptions ne concernant aucune des espèces mentionnées ici). Les carpelles peuvent être soudés sur leurs bords pour former une seule loge, ou refermés sur eux-mêmes et alors soudés entre eux (syncarpie) ou plus ou moins libres (apocarpie) ce dernier cas étant le plus caractéristique dans l'ensemble de la famille. Les deux styles élémentaires issus de chaque carpelle s'unissent dans tous les cas immédiatement au-dessus de l'ovaire pour former un style unique dont la longueur dépend de la position des étamines. Le stigmate présente un aspect très particulier : il est massif, formé d'une partie cylindrique ou globuleuse (clavoncule) pourvue de pièces annexes, par exemple une collerette basale entière ou lobée protégeant les plages stigmatiques ct deux appendices apicaux. - Fruits de types variés, formés à partir d'un ovaire uniloculaire ou d'un ovaire biloculaire syncarpe ou apocarpe, devenant à maturité charnu ou sec, entier ou composé de deux méricarpes plus ou moins soudés à la base. 7 On rencontre en Guyane les types suivants: Baies à pulpe sucrée (Couma, Macoubea, Parahancornia, Pacouria, Ambelania, Lacmellea), capsules (Allamanda), drupes (Thevetia, Rauvolfia), méricarpes charnus (Geissospermum, Tabernaemontana) ou folliculaires (Plumiera, Hirnatanthus, Aspidospenna). Si l'on considère l'ensemble de la famille, le fruit le plus caractéristique dérive d'un ovaire apocarpe et il est composé de deux follicules opposés, allongés, secs ct déhiscents, contenant des graines pourvues d'aigrettes : tel est le type de fruit rencontré chez les nombreuses espèces lianescentes classées dans la sous-famille des Echitoïdées. Les graines des Apocynacées sont souvent unitegminées (peut-être à 2 téguments chez Thevetia), plutôt petites, parfois ailées (Aspidosperma) ou aigrettées (Echitoïdées), généralement exalbuminées, à embryon droit, à cotylédons charnus ou foliacées. III. Description des bois. Plan ligneux Les bois des Apocynacées de Guyane peuvent être classés en deux grandes catégories selon qu'ils sont légers et pâles ou denses et colorés. 1. Bois légers (0,50 à 0,65), blanchâtres à brun pâle. Différenciation peu accusée entre aubier et bois de coeur. Parenchyme absent ou en petites chaînettes tangentielles Ul1lsenees, discontinues. Plan de soudure des cellules des vaisseaux très incliné par rapport à l'axe. 1.1. Vaisseaux fins (60 à 100 Il) souvent accolés en files radiales par 2 à 10. 1.1.1. Rayons unisériés ou très imparfaitement bisériés très hétérogènes, les cellules centrales peu allongées, les cellules extrêmes dressées, disposées en plusieurs rangées unisériées : 8 Plwniera Hùnatanthus Lacmellea 1.1.2. Rayons 2- ou 3-sériés, les cellules centrales plus étroites et plus allongées que les cellules des extrémités. Ambelania Macoubea Tabernaemontana Malouetia 1.2. Vaisseaux moyens (100 à 150 fl) accolés par 2 ou 3. Rayons 2-3-sériés presque homogènes. Couma Parahancornia 2. Bois denses (0,85 à 0,95) et colorés Délimitation peu franche entre l'aubier et le bois de coeur. Vaisseaux moyens (100 à 150 fl) typiquement isolés, formés de cellules à plan de raccordement presque perpendiculaire à l'axe. Rayon 2-3-sériés presque homogènes, les cellules centrales fines et allongées avec une rangée de cellules plus larges aux extrémités. 2.1. Parenchyme en chaînettes tangentielles unisériées discontinues. Aspidosperma (sauf A. album) Geissospermum 2.2. Parenchyme en manchons circumvasculaires incomplets et courtement aliforme. Aspidosperma album IV. Note rapide sur les alcaloïdes indoliques des Apocynacées La connaissance empirique des vertus thérapeutiques ou des effets toxiques des plantes à alcaloïdes remonte parfois aux époques les plus reculées de l'histoire. Dans les pays tempérés, la belladone, le colchique, l'aconit ou la pervenche, et dans les pays chauds, l'opium, la coca, l'ipéca et les curares sont utilisés depuis des siècles ou des millénaires. 9 Dès le début du XIXème siècle, les ehimistes parviennent à extraire des végétaux un nombre croissant de substances actives à caractère basique, d'abord appelés "alcalis végétaux". Sertürner isole la morphine de l'opium en 1817. Meissner donne le nom d'alcaloïde à la narcotine de l'opium, à l'émétine de l'ipéca et à la strychnine de la noix vomique en 1819. Pelletier et Caventou sont à l'origine de la découverte de la quinine en 1820. Au cours des XIXème et XXème siècles, l'isolement et l'analyse des substances de ce type puis la synthèse de molécules identiques ou voisines constitueront l'une des branches principales de la chimie organique. Les techniques modernes de spectrométrie par diffraction des rayons X et de résonance magnétique nucléaire ont permis de réaliser des progrès décisifs. La synthèse totale de la quinine est obtenue en 1945, celle de la strychnine en 1954 et celle de la réserpine en 1956. Le nombre d'alcaloïdes connus est estimé aujourd'hui à plus de 6000. Il est impossible de donner une définition simple des alcaloïdes, tant est grande la variété des structures et la complexité des molécules. D'une façon générale, on peut dire que ce sont des substances d'origine naturelle extraites principalement des plantes supérieures, plus ou moins basiques (elles peuvent fixer un ion H+ sur un atome d'azote pour former des sels), médicalement actives, où l'azote inclus dans un système hétérocyclique joue un rôle fondamental. Dans la plante, la synthèse des alcaloïdes se réalise toujours à partir d'acides aminés. Chez les alcaloïdes indoliques des Apocynacées, le noyau indole provient du tryptophane, acide aminé à noyau aromatique formé sous l'action enzymatiquc des chloroplastes. Le reste de la molécule est d'origine isoprénique. Une même plante peut synthétiser un grand nombre d'alcaloïdes, les transporter dans la sève élaborée et les stocker dans divers organes Ueunes racines, jeunes feuilles, cellules laticifères de l'écorce, graines). On s'est efforcé de reprendre la question du classement phylogénétique des végétaux en comparant les substances chimiques qu'ils synthétisent. Toutefois, l'interprétation chimiotaxonomique des alcaloïdes s'est souvent révélée incertaine. On peut admettre, par exemple, que la présence d'alcaloïdes indoliques chez les Loganiacées, Apocynacées, Asclépiadacées et Rubiacées confirme l'étroite parenté de ces familles. A l'inverse cependant, on trouve un même alcaloïde, la caféine extraite du caféier (Rubiacée), chez diverses plantes très éloignées dans la classification telles que le thé (Ternstroemiacée), le kola (Sterculiacée), le guarana (Sapindacée) ou le maté (Ilicacée). .. - La petite pervenche européenne, Vinca minor ou "violette des sorcières", tout à fait inoffensive, est utilisée depuis longtemps en médecine traditionnelle. On en retire la vincamine qui a des propriétés vasodilatatrices permettant de soigner les troubles de la sénescence cérébrale. - La pervenche de Madagascar, Catharanthus roseus, est cultivée dans tous les pays chauds pour ses qualités ornementales. Elle contient un mélange complexe d'alcaloïdes (90 environ) qui ont fait l'objet d'études pharmacologiques très poussées. L'ajmalicine possède des propriétés antihypertensives. La vincristine et la vinblastine ont des effets antimitotiques (qui s'opposent à la division des cellules) et sont utilisées dans le traitement des cancers et de la maladie de Hodgkin. - Le laurier-rose, Nerium oleander, d'origine méditerranéenne, largement transplanté à titre ornemental, contient des hétérosides très toxiques dans tous ses organes. L'oléandrine provoque à faible dose des convulsions et une asphyxie qui peuvent entraîner la mort. - Le laurier-jaune, Thevetia peruviana, arbuste américain répandu dans les jardins guyanais, possède des hétérosides toxiques dans ses graines. En Guyane, la pâte de graines pilées a été utilisée, non sans risques, contre les morsures de serpent. - La Iiane-à-Iait ou orélie, Allamanda cathartica, très commune en Guyane, est utilisée dans la pharmacopée traditionnelle. Le latex et la tisane de feuilles sont purgatifs. - Le genre arbustif Rauvolfia est pan tropical et représenté en Guyane par l'espèce R. tetraphylla. On extrait de ces arbustes la réserpine, alcaloïde aux propriétés antihypertensives et neuroleptiques (traitement des psychoses). La réserpine est fabriquée aujourd'hui par synthèse. - La liane-caoutchouc, Pacouria guianensis Aubiet, sécrète un abondant latex dépourvu d'alcaloïde el très semblable à celui de l'hévéa. Le genre synonyme Landolfia comprend une soixantaine d'espèces africaines et malgache. En Guinée française, vers 1910, 4000 tian de caoutchouc étaient extraites de la liane-go hi ne (Landolfia heudelotii). - Les mapas ou bois-laits de Guyane, Couma guianensis, Parahancornia fasciculata, Ambelania acida, Lacmellea aculeata, possèdent , ..• Il un abondant latex blanc considere comme buvable et nourrissant, auquel on prête des vertus antidiarrheiques. Ce latex ne contient pas d'alcaloïdes toxiques, mais des navanes et des tanins. Lors de l'abattage des arbres, les projections de latex peuvent adherer à la cornée, mais il s'agit d'un danger de nature puren1ent physique. - Le koumanti, Aspidosperma album, contient des alcaloïdes dans ses graines et dans l'ecorce. La decoction d'ecorce est utilisee localement comme febrifuge et antidiarrheique. - Le maria-congo, Geissospermum sp., possède une écorce fine et fibreuse, amère, contenant plusieurs alcaloïdes. Cette ecorce est encore fréquemment récoltee en Guyane pour préparer des remèdes hypotensifs, antipaludiques, antidiarrheiques ou vermifuges. - Les arbustes du genre Tabemaemontana sont riches en alcaloïdes indoliques (Cf. Grenand, Moretti et J acquemin in "Pharmacopées traditionnelles en Guyane"). L'ecorce et les feuilles de T undulata sont couramment utilisees contre divers maux. Le latex de T. angulata et T. mac rocalyx entre dans la composition de breuvages hallucinogènes consommés par les Palikours sous le contrôle des chamanes. Au Gabon et au Congo, l'iboga, Tabemanthe iboga, possède également des vertus tonicardiaques et hallucinogènes mises à profit lors de cérémonies initiatiques. Il - On peut enfin mentionner le genre Strophanthus représenté par une soixantaine d'espèces arbustives ou lianescentes en Afrique, à Madagascar et en lndomalaisie. L'ouabaïne extraite des graines de S. gratus est un héteroside cardiotonique d'action très rapide. Au Mali ou au Gabon, les chasseurs africains préparent une pâte de graines de S. hispidus mélangée à divers latex dont ils enduisent leurs flèches. Ce poison a un effet foudroyant comparable à celui des curares americains. • J l ;-; .. ;. 12 v. Eléments de taxonomie 1 1 Traditionnellement et selon des critères en apparence assez naturels, les Apocynacées ont été divisées en deux sous-familles dont les principaux caractères sont les suivants: Chez les Plumiéroïdées : corolle à lobes imbriqués se recouvrant sur la gauchc ; anthères conniventes non agglutinées au stigmate; ovaire syncarpe ou apocarpe à 1 ou 2 loges ; graines généralement dépourvues d'aigrette. 1 Chez les Echitoïdées (ou Apocynoïdées) : corolle à lobes imbriqués se recouvrant sur la droite; anthères sagittées à appendices indéhiscents, agglutinées au stigmate; ovaire toujours apocarpe ; fruit composé de deux follicules contenant des graines pourvues d'aigrette. Lorsque l'on examine plus en détail les subdivisions proposées par différents auteurs, on constate qu'elles sont loin de donner une image satisfaisante des relations phylogénétiques qui pourraient exister dans la famille. La recherche d'une classification générale oblige à choisir artificiellement quelques caractères auxquels on attribue une valeur taxonomique prépondérante sans connaître leur importance et leur signification génétique réelles. 1 1 1 ! l il La liste des Apocynacées de Guyane rangées selon la classification proposée par Markgraf (in Flora of Surinam) est donnée ci-après en annexe. Dans l'étude des espèces qui va suivre, on se contentera de retenir intuitivement la présentation ci-dessous: 1. Genres arborescents à feuilles alternes Plumiera Himatanthus Aspidosperma Ge issospe rmum 2. Genres arborescents à feuilles opposées .j Couma Parahancornia Macoubea Ambelania Lacmellea 3. Genre Tabernaemontana (largo sensu) il 4. Etude de deux espèces difficiles à classer .. 13 Thevetia peruviana Allamanda cathartica S. Genre Malouetia 14 VI. Etude des Apocynacées de Guyane Plumiera L. Frangipanier Le nom de genre PlU/niera honore la mémoire du Père Plumier qui fut botaniste du Roi aux Antilles françaises à la fin du XVIIème siècle et à qui l'on doit en particulier une "Description des Plantes de l'Amérique" publiée à Paris en 1693.(L'orthographe Plumiera a donc été retenue ici de préférence à Plumera ou Plume ria rencontrées chez beaucoup d'auteurs). Le frangipanier rouge - Plumiera rubra - dont l'aire d'origine couvre toute l'Amérique centrale et le nord de l'Amérique du Sud, et le frangipanier blanc - Plumiera alba - naturel aux Antilles, sont de petits arbres atteignant rarement 8 m, sécrétant dans toutes leurs parties un abondant latex blanc, tolérant des sols arides ainsi qu'un fort ensoleillement. Ils sont cultivés à profusion dans les jardins guyanais et ont été introduits dans la plupart des pays chauds pour leurs qualités ornementales. Les fleurs exhalent un parfum délicat qui rappelle celui de la frangipane et qui est à l'origine du nom créole. Par ailleurs, le genre Plumiera est représenté à l'état naturel dans divers types de savane d'Amérique du Sud, par exemple dans les cerrados d'Amazonie brésilienne, témoignant sans doute de l'extension d'une flore ancienne plus xérophile que la flore actuelle. Très représentatif de la famille des Apocynacées et de la sousfamille des Plumieroïdées, fréquent dans la région côtière de Guyane, le Plumiera Rubra fera ci-après l'objet d'une description sommaire bien qu'il ne soit pas à proprement parler un arbre forestier: Petit arbre à foliaison alterne spiralée, aux rameaux épais, lisses, gris clair, se développant suivant une architecture modulaire très caractéristique. L'axe du jeune plant, puis le tronc et les rameaux latéraux ont une croissance qui s'interrompt rapidement par épuisement du méristème apical tandis que l'insertion des feuilles se resserre fortement. Par la suite, à l'extrémité de chacun de ces axes naissent plusieurs rameaux sympodiaux d'égale importance dont l'un d'eux pourra devenir prépondérant et orthotrope. Ce type de croissance a été décrit par I-lallé et Oldeman sous le nom de "modèle de Koriba". Si l'on observe maintenant une inflorescence, on constate que son pédoncule naît en position terminale, au milieu de pousses sympodiales ! ! 15 végétatives. Le premier article de cette inflorescence est généralement assez long (de l'ordre de 10 cm), finement velouté, vert nuancé de rouge. A son extrémité naissent un ou plusieurs articles plus courts, de coloration plus rouge, sous-tendus par une petite bractée. L'un d'eux est rouge foncé et se révèle comme étant à la fois pédicelle et calice d'une fleur: son sommet à peine épaissi est couronné de 5 lobes minuscules à disposition quinconciale et renferme un petit ovaire apocarpe pluriovulé. Le tube de la corolle, rouge vif, épigyne, apparaît comme un ultime article prolongé par 5 grands lobes roses et blancs régulièrement imbriqués en hélice, se recouvrant sur la gauche. Ainsi, la transmutation inflorescentielle semblet-elle s'exprimer progressivement au cours d'un développement modulaire en cyme multipare. 5 étamines à filet court en partie soudé à la base du tube, conniventes sur le stigmate. Stigmate presque sessile formé d'une clavoncule ellipsoïde surmontée de 2 lobes minuscules. Fruit composé de 2 follicules opposés (15 x 3 cm) contenant chacun une vingtaine de petites graines ailées sur un côté. Bois assez dense (0,70), brun jaune pâle, à grain fin. Vaisseaux de taille moyenne (120 Il) isolés ou groupés par 2 à 6 dans le sens radial. Parenchyme en chaînettes discontinues. Rayons unisériés, hétérogènes. Le bois du frangipanier est parfois utilisé localement en tournerie pour confectionner de petits objets. PIUlOîlera 16 =========== c. 0 U \, "- a ® x po ...... S~e YéCj~t~t,ve x ~ e 17 Himatanthlls articillata (Vahl) Woodson (Plumiera articulata Vahl 1798, Himatanthlls sucuuba (Spruce) Woodson, espèce très voisine considérée comme synonyme par Lindeman) mapa, wéti mapa, guébi oudou Le genre Himatanthus possède les mêmes caractères botaniques de base que le genre Plumiera dont il n'a été séparé que récemment. Toutefois, à la différence de ce dernier genre, il est représenté par de grands arbres de forêt dense. Himatanthus articulata est un arbre assez commun en forêt guyanaise, rencontré à l'état disséminé sur terrains sains. Il est parfois très fréquent en forêt secondaire où l'on peut le confondre avec l'espèce voisine li. bracteata (Cf. infra). Son aire naturelle comprend le Panama, la région des Guyanes, la basse Amazonie et le sud du Brésil. Si l'on admet la synonymie avec li. sucuuba, cette aire naturelle s'étend en fait à toute l'Amazonie jusqu'au Pérou et à la Bolivie. Arbre d'assez grande taille, atteignant au moins 28 m de hauteur et 50 cm de diamètre, au tronc généralement cylindrique, légèrement sinueux, sans contreforts. Ecorce gris jaune marquée de fissures longitudinales peu profondes, irrégulières, distantes de 5 à 10 mm. Rhytidome ocracé ou blanchâtre, peu épais (O,5mm). Assise phellodermique rougeâtre peu distincte. Ecorce interne épaisse, tendre, jaunâtre, exsudant immédiatement après l'entaille un abondant latex blanc. Architecture végétative très caractéristique conforme au modèle de Koriba décrit plus haut (Cf. Plumiera). Dès la première ramification apparaissant chez le jeune plant, l'un des rameaux devient ortho trope et prépondérant, permettant la constitution d'un tronc modulaire bien individualisé et de grande taille. Feuilles à disposition alterne-spiralée, quelque peu resserrées à l'extrémité des rameaux. Glandes stipulaires intrapétiolaires bien visibles. Pétiole de 10 à 16 mm, assez fort, aplati dessus. Limbe coriace, elliptique un peu obovale de 14 x 6 cm à acumen obtus, peu marqué, la base arrondie décurrente sur le pétiole. Nervures secondaires fines, assez espacées (Il mm), se raccordant en arceaux parfois indistincts. Les feuilles du guébi oudou sont fortement vernissées dessus et ce caractère se conserve sur les feuilles sèches, de couleur brun jaune, qui se reconnaissent aisément au so\. ;. 18 Inflorescences en cymes terminales ou pseudo-latérales présentant la même architecture que celle des frangipaniers avec les particularités suivantes: les articles des divers axes sont épais et très courts; chaque nouvelle pousse est enveloppée par une grande bractée pétaloïde blanche de 15 à 20 mm qui se dessèche rapidement en laissant des débris noirâtres entre les axes (Cf. Planche). Fleur blanche à odeur de jilsmlll très semblable à celle des frangipaniers. Ovaire apocarpe multiovulé entièrement inclus au sommet d'un article qui est à la fois pédicelle et calice et qui est couronné de 5 dents très réduites. tube de la corolle 12 x 3 mm, un peu renflé vers la base à hauteur des 5 étamines conniventes et du stigmate presque sessile. Lobes un peu plus longs que le tube (l5 à 20 mm) se recouvrant sur la gauche. La tête du stigmate se rétrécit graduellement en 5 apicules accolés. La floraison se développe progressivement au cours de la saison sèche. En octobre, on aperçoit souvent sur un même arbre des fleurs épanouies et des fruits mûrs. Fruit composé de deux grands méricarpes folliculaires opposés (28 x 4 x 3 cm). Sur l'arbre, les follicules sont d'abord verts et ressemblent à de gros concombres incurvés. A maturité, ils deviennent brun foncé et s'ouvrent suivant la suture ventrale, laissant échapper plusieurs dizaines de graines ailées (dispersion anémochore). L'aile de la graine est elliptique (40 x 25 mm) et le corps, situé au centre, est ovale aplati (15 x 10 x 2 mm). Les péricarpes tombés au sol, minces, lignifiés, complètement ouverts ( 25 x 12 cm), marqués de 2 côtes longitudinales symétriques sur leur face externe, ocre clair, lisses et brillants sur leur face interne, sont immédiatement reconnaissables. Bois d'aubier blanchâtre à délimitation progressive avec le bois de coeur gris jaune pâle, tendre et léger (0,60). Vaisseaux fins (l00 J.1) isolés ou accolés par 2 à 6 en files radiales, à perforations simples. Parenchyme en chaînettes tangentielles discontinues. Rayons unisériés, hétérogènes, avec une ou deux rangées de cellules carrées aux extrémités. Le bois du guébi oudou n'est guère exploité mais pourrait être utilisé à l'occasion en menuiserie ordinaire à condition d'être traité. ". 19 j j j j j j ~:::L:'--_ j j j ~~~~~~~~~\j j j H ; \Y\ Zl t d fi t l, Ll, S ,) r l ' l '" \ (1 l ;:>. ouvert l"\,Gdl.el 20 21 Himatanthus bracteala GA. DC) Woodson (Plumiera bracteata A. DC - 1844) MêmeS noms locaux que H. articulata H. bracteata et H. articulata possèdent des caractères botaniques très voisins et se rencontrent sur la même aire naturelle. Fréquente en lisière de savane et dans les recrus du nord de la Guyane, la première espèce se distinguerait par les caractères suivants: Feuille obovale graduellement rétrécie sur le pétiole, parfois très grande chez les jeunes sujets, à nervures secondaires rectilignes se raccordant à une nervure marginale bien nette formée de petits arceaux réguliers. Calice dépourvu de dents. Corolle plus grande que celle d'Ho articulata, avec un tube de 16 mm et des lobes de 2S mm. Bois léger avec des vaisseaux plus fins, accolés radialement en plus grand nombre que chez H. arriculata. 22 2 t s. Ll 'j r l' <:: l! n S ç <' ë ''V,ç d <? n ... Ll , !! ~ s ,\,-br~ ;\,Ç\0r<!S~,".'\\.è ..• (vI . GaL t \ 23 Genre Aspidosperma Martius de "aspido" (bouclier) ct "sperma" (graine ou fruit) Le genre Aspidosperma, qui comprend une cinquantaine d'espèces parfois très voisines, est représenté dans toutes les forêts denses sel11pervirentes ou caducifoliées de l'Amérique tropicale. Il se maintient dans les formations demi-sèches de transition vers le nordeste brésilien ainsi que dans les cerrados d'Amazonie et du sud du Brésil. Il est encore abondamment représenté dans la province de l'espinal (savane à épineux) en Argentine et dans diverses provinces océaniques disjointes (Schnell). Ce type de répartition pourrait s'expliquer par l'extension d'une flore ancienne plus xérophile que la flore actuelle, remarque qui vaut également pour les genres Plumiera ct Himatanthus. Les principaux caractères botaniques du genre Aspidosperma sont les suivants: - Feuilles alternes spiralées sans glandes intrapétiolaires, rappelant souvent les feuilles des genres Plumiera et Himatanl!ws bien qu'elles soient plus petites. - Inflorescences terminales ou pseudo-latérales en cymes ou panicules corymbiformes. - Fleurs petites. Calice profondément divisé en 5 sépales, dépourvu de glandes. Corolle à lobes torsadés se recouvrant sur la gauche. Etamines situées près du sommet du tube. Ovaire supère, apocarpe, pluriovulé. Style fin surmonté d'un stigmate à clavoncule globuleuse pourvue de deux appendices apicaux. - Fruits très caractéristiques composés de deux follicules opposés (dont l'un peut manquer), comprimés, circulaires ou oblongs, ligneux, s'ouvrant en deux valves plates. Chaque follicule contient un empilement de graines à aile orbiculaire membraneuse très fine, reliées au placenta latéral par un funicule rectiligne semblable à un rayon. L'amande est formée d'un embryon droit et de deux cotylédons charnus, peu épais, à base cordée. o o 0 En forêt dense, les Aspidospe rma sont de grands arbres que l'on peut classer en deux groupes bien distincts: le groupe des "koumantis" auquel appartient Aspidosperma alb~lm comprend des arbres au; . trçlIlc 24 droit et cylindrique sans contreforts. Le groupe des "palioudous" (de parei hout ou bois pagaïe) rassemble les essences au tronc déformé par des cannelures irrégulières et de profondes alvéoles. L'étude des caractères du bois dans l'ensemble du genre Aspidosperma conduit à distinguer les deux mêmes groupes: Bois très denses (0,8 à 1,0) et très durs, à grain fin, brun orangé chez les koumantis, brun rosé chez les palioudous. Vaisseaux isolés, à perforations simples, de taille moyenne (150 ~) chez les koumantis, plus fins (80 à 100 ~) chez les palioudous. Parenchyme en manchons circumvasculaires étroits et incomplets chez les koumantis, en courtes chaînettes ou en bandes continues chez les palioudous. Rayons 2-3-sériés de structure presque homogène. '\~' , .. droit et cylindrique sa parei hout ou bois pag des cannelures irréguliè L'étude des ca. Aspidosperma conduit 2 Bois très denses chez les koumantis, br perforations sÎlnples, dt, ~Ull1v 1uUl"_dUlV \1..)V ~) 'vllvL., Lv.) C\.VLlIlHUll.lè), FIU,') fins (80 à 100 J.l) chez les palioudous. Parenchyme en manchons circumvasculaircs étroits et incomplets chez les koumantis, en courtes chaînettes ou en bandes continues chez les palioudous. Rayons 2-3-sériés de structure presque homogène. .. 2S Aspidosperma album (Vahl) R. Benoist (MacagLia album Vahl ~ 1798, Aspidosperma desman/hum Bentham) Koumanti, kromanti~kopi (Surinam) Bois takari, bois macaya, shibadan (Guyana), araracanga (Brésil, A.T.I.B.T.) L'aire naturelle du koumanti est très étendue. Elle comprend au moins l'Amazonie brésilienne et les trois Guyanes. Si l'on admet la synonymie avec quelques unes des espèces très voisines mentionnées cidessous, cette aire naturelle s'étend en fait à toutes les forêts denses humides d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale. Bel arbre au tronc généralement droit et cylindrique, sans contreforts, atteignant une hauteur totale de 40 m et un diamètre de 1 m. Ecorce brun ocracé marquée de fines côtes liégeuses longitudinales (largeur 4 mm) et de stries transversales formées par de petites lenticelles à lèvres horizontales. Rhytidome 0,5 mm typiquement orange-rouille. Assise phellodermique vert pâle peu distincte. Ecorce interne épaisse (10 mm) à grains contrastés ocre et blanchâtre. En général, absence totale de latex. Aubier nettement jaunâtre. Feuilles alternes à disposition spiralée, sans stipules ni glandes intrapétiolaires. Pétiole 22 mm. Limbe oblong parfois un peu obovale de 12 x 5 cm, coriace, à bords étroitement récurvés, vert brillant dessus, vert blanchâtre papilleux dessous. Sommet souvent arrondi, parfois obtus. Base un peu arrondie, décurrente sur le pétiole. Nervure principale jaunâtre, légèrement saillante dessus, très saillante dessous. Nervures secondaires fines, rectilignes jusqu'à la marge, presque perpendiculaires à la nervure principale, distantes de 3 à 6 mm avec souvent une nervure intercalaire beaucoup plus fine. Les feuilles mortes sont brun sombre vernissées dessus, papilleuses blanchâtres avec la nervure centrale presque noire dessous: elles se reconnaissent facilement au sol. Inflorescences terminales ou pseudo-latérales en cymes corymbiformes multiflores, les axes finement tomenteux blanchâtres. Fleurs petites, blanchâtres. Calice 2,5 mm presque entièrement divisé en 5 lobes obtus de 2 mm, tomenteux à l'extérieur. Corolle glabre formée d'un tube de 3 mm et de 5 lobes de 4 mm linéaires, torsadés, à base auriculée, se recouvrant sur la gauche. Anthères oblongues 1 mm situées vers le sommet du tube. Ovaire biglobuleux apocarpe surmonté d'un style filiforme 2 mm à stigmate en massue biapiculée. Chaque 26 carpelle contient 2 rangées d'une quinzaine d'ovule chacune disposées de part et d'autre de la suture ventrale. Le fruit peut être composé de 2 méncarpes mais il est fréquent qu'un seul carpelle se développe. Méricarpe stipité, arrondi et aplati (9 x 8 x 2 cm), s'ouvrant en deux valves ligneuses par une déhiscence qui est suturale sur la moitié du périmètre et dorsale sur l'autre moitié. La surface externe des valves est lisse, marquée de côtes et d'une fine crête longitudinale arquée. La surface interne est nacrée, doré pâle. Empilement d'une trentaine de graines à aile orbiculaire extrêmement fine, rattachées pour moitié au bord sutural de l'une ou l'autre valve par un funicule fin et rigide disposé en rayon. Amande formé d'un embryon droit et de 2 cotylédons discoïdes charnus mais peu épais, vert vif. Lors de la germination, les cotylédons restent au niveau du sol et s'écartent à peine pour laisser croître l'épicotyle. Celui-ci porte d'abord deux feuilles opposées, insérées à 8 cm du sol, puis des feuilles alternes semblables aux adultes. Bois d'aubier jaunâtre se transformant sans délimitation franche en bois de coeur dur et lourd (0,90), de couleur caractéristique brun jaune orangé, à grain fin, cireux au toucher. Vaisseaux moyens (ISO J..l), typiquement isolés. Parenchyme associé aux vaisseaux en manchons incomplets, courtement aliformes. Rayons 2-3-sériés homogènes. Le bois du koumanti se sèche assez facilement mais il est sujet à un fort retrait. Il prend un beau poli et est utilisé traditionnellement en artisanat d'art et tournage. Il peut être employé également en ébénisterie et menuiserie. .. ~\\ç\<.J(es(~t\(~ x -1 ~\e4r x 8 M c,a"Le\ 1\. ~!:_---. . h c..\ () S P e 1 x '0 a!bqn, ___.~ . __ ~~ ... I~ 1"1\ J. 28 29 Aspidosperma crllentlllll Woodson (1938) Koumanti, shibadan L'adjectif "cruentum" (ensanglanté) évoque le latex rouge contenu dans les rameaux L'espèce décrite par Woodson se rencontre en Amérique centrale, en Colombie, au Venezuela et dans les trois Guyanes, Elle se caractérise par la présence d'un latex fluide, rouge vif, abondant dans les rameaux, absent ou rare dans l'écorce interne du tronc, Les caractères botaniques de cette espèce sont quasiment identiques à ceux décrits pour Aspidosperma album, En Guyane, on a pu observer une très faible exsudation rouge dans l'écorce interne de certains koumantis qui présentaient par ailleurs le même port et les mêmes caractères que ceux d'A, album, Il semble difficile d'affirmer la présence de deux espèces bien distinctes, .. :.. 30 Aspidosperma. salldwitlziallulIl Markgraf A. megalocarpol1 Mueller Argoviensis A:helslOnei Van Donselaar On rencontre communément en Guyane des koumantis dont les feuilles et les fruits sont sensiblement plus grands que ceux décrits précédemment. Lorsque le fruit est de forme circulaire (14 x 12 cm), il est parfois attribué à l'espèce A. sandwithiallum décrite par Markgraf en 1935. Lorsqu'il est un peu obovale (14 x 9 cm), il peut être rattaché à A. megalocarpon décrit par Mueller d'Argovie en 1860. Enfin, lorsqu'il est oblong un peu incurvé (14 x 8 cm), il appartiendrait à l'espèce A. helstonei décrite par Van Donselaar en 1972. Toutefois, il s'agit dans les trois cas d'espèces aux caractères botaniques quasiment identiques à ceux d'A. album. a .__. :.:,anc\ 1> "', __ _ PI (.\ G'S_________ ,... 0'\ "' • Ô\ w;thlc 31 __ CI U ln .. , ........ '. '. ", .~ ". ",' 1 Il 1 .. ;, M 32 Aspidosperma sprilceallilm Bentham Chez A. spruceanum, les feuilles sont un peu plus petites et les fruits un peu plus allongés que ceux d'A. album. En fait, les fruits ressemblent aux fruits immatures d'A. album. Dans l'état actuel des récoltes faites en Guyane, il semble prématuré d'admettre la distinction entre les deux espèces. 33 Aspidosperma vargasii A. DC Koumanti, bois citronnelle, shibadan (Guyana), yellow box wood Essence autrefois fréquente dans les forêts côtières du Venezuela, Aspidosperma vargasii a été très exploité à la fin du XIXème siècle car son bois jaune pâle à grain fin était recherché, à l'égal du buis européen, pour confectionner divers objets d'art. Deux autres espèces américaines qui n'appartiennent nullement à la famille des Apocynacées ont été commercialisées plus récemment sous le même nom : il s'agit du "maracaïbo box wood " (Casearia praecox - Flacourtiacée) et du "San Domingo boxwood" provenant des Grandes Antilles (Phyllostylon brasiliensis - Ulmacée). Arbre de taille moyenne dans les regrons basses du Venezuela, Aspidosperma vargasii se rencontre également au Pérou, en Colombie et dans les trois Guyanes où il atteint parfois des dimensions comparables à celles d' Aspidosperma album, avec une hauteur de 35 m et un diamètre de 70 cm. Tronc bien conformé, droit et cylindrique, sans contreforts. Ecorce brun ocracé pourvue de petites lenticelles (2-3 mm) souvent étirées et alignées en ridules horizontales. Rhytidome brun orangé (0,5 mm). Ecorce interne épaisse (l0 mm), à grains contrastés ocre et blanc jaunâtre, avec une légère odeur épicée. Aubier jaunâtre. Feuille elliptique légèrement obovale (l0 x 4,5 cm), aiguë à la base et au sommet, fine et glabre. Pétiole 15 mm. Nervure principale saillante dessous, à niveau et marquée d'un sillon axial dessus. Environ 13 paires de nervures secondaires saillantes dessous. Cette feuille est assez différente de celle d'Aspidosperma album. Inflorescences terminales ou pseudo-latérales en petites cymes (5 cm) densiflores, pubérulentes. Fleurs petites, blanches, odorantes. Pédicelle de 1 mm. Calice en cupule (2 mm) à 5 lobes deltoïdes (1 mm), finement tomenteux. Corolle en tube (4 mm) à 5 lobes (2 mm), pubescente sur la face externe. Etamines insérées aux 2/3 du tube. Ovaire pubérulent. Clavoncule ovoïde. Fruit composé de 2 (ou souvent 1 seul) mencarpes ligneux (ou follicules), assez semblables à ceux d'Aspidosperma album mais à profil plus allongé, piriformes, courtement stipités (8 x 5 x 1 cm), à surface finement verruqueuse marquée d'une ride médiane sur chaque valve, contenant 10 à 20 graines à aile elliptique très fine. Bois mi-lourd (0,80) de couleur jaune pâle, à grain fin. Vaisseaux isolés, nombreux et fins (80 f.L). Parenchyme en lignes tangep.tielles 34 continues et en rares cellules dispersées ou juxtavasculaires. Rayons unisériés. Dans ia région de St Laurent du Maroni, ce bois est utilisé par les artisans saramakas et bonis pour confectionner de petits objets tels que statuettes, coffrets, peignes ou paga'ies d'ornement. 1 1 A s p (. LI <l S 35 he\~l0ne\ P '2,~'_"_'_d_____ __ " ~. , ,0 a. . "." (J' J • ~ , , ,, ~0 ,,0 . .. ,' , , , ,0 , ' , 0 v,) , . .. :' '. • : • u o' , " .,, " " , •. .. '." . ~",,,. ", <:'0 -.. •• ,, ' '. . . , '. O. >" , ," • ' Q . , , , o >0 . 0 ,0 o Q Q ..... :: • <l :,," 0 . /", ~ . ' " , c, "'Z_ . e_\ 1"\,:.....-_ 36 Aspidosperma obionglllll A. DC Bois pagaïe, bois chapelle, baaka palioudou (de black parelhout) Aspidosperma oblongllm est un grand arbre de forêt primaire assez commun dans le nord du Brésil et dans les trois Guyanes. Tronc et branches profondément cannelés et alvéolés, parfois même ajourés. Le tronc peut s'élargir progressivement vers la base mais ne porte pas de contreforts. Selon la station, l'écorce est ocracée ou gris noirâtre (le nom de baaka palioudou n'est donc pas toujours justifié) ; elle est striée de fines ridules transversales correspondant à l'alignement de petites lenticelles à lèvres horizontales. Rhytidome pelliculaire. Assise phellodermique vert pâle. Ecorce interne peu épaisse (4 mm), jaunâtre oc racé grumeleuse comme chez Aspidosperma album. Aubier jaune paille. L'incision de l'écorce laisse exsuder un peu de latex blanc, ce qui permet de distinguer facilement Aspidosperma oblongum de Aspidosperma marcgravianum. Rameaux fins et flexibles, d'abord pubescents gflS Jaune, pUiS glabres, noirâtres, avec de petites lenticelles. Feuilles caractéristiques, étroitement oblongues, fines et fragiles. Pétiole long de 10 mm, fin et canaliculé. Limbe de 10 x 3 cm à sommet obtus, à base obtuse ou arrondie, la marge souvent un peu récurvée près du pétiole. Environ 20 paires de nervures secondaires fines, insérées à 70°, droites, reliées en arceaux près de la marge, avec des nervures intermédiaires beaucoup plus fines. Face supérieure glabre, face inférieure blanchâtre pulvérulente. La feuille sèche se reconnaît facilement au sol. Inflorescences terminales petites (3 cm), souvent bifides, à fine pubescence blanchâtre, à bractées minuscules. Fleurs petites. Pédicelle 1 mm. Calice à 5 lobes ovales 1 mm, pulvérulents grisâtres sur la face externe. Corolle blanc verdâtre, pulvérulente sur la face externe, formée d'un tube de 3 mm et de 5 lobes de 1,5 mm. Anthères ovales 1 mm glabres. Fruit caractéristique souvent réduit à 1 seul méricarpe courtement stipité, aplati, à profil circulaire (6 x 5 x 1,2 cm), brun, finement verruqueux, chaque valve marquée d'une crête longitudinale arquée. Graines à aile orbiculaire. 37 Bois d'aubier jaunâtre à délimitation progressive avec le bois de coeur brun rosé, dense (0,90), à grain fin. Vaisseaux isolés et fins (90 Il). Parenchyme en chaînettes formant souvent des lignes tangentielles continues. Rayons 2-3-sériés homogènes. Le bois du baaka palioudou est parfois découpé en petites pièces sur les grosses cannelures, en vue de confectionner des pagaïes, des manches d'outils ou de petits objets artisanaux. Les ébénistes fabriquent également des tables d'apéritif aux formes étonnantes à partir de sections transversales du tronc. 38 Aspidosperma lIlarcgravialllllll Wooclson wéti paliouclou (cie wit parelhout), bois chapelle Aspidosperma marcgravianwn est un grancl arbre cie forêt primaire qui occupe la même aire naturelle que Aspidospenna oblollgum et dont le port ainsi que les caractères botaniques sont très voisins. Pourtant, il existe entre Aspidosperma graviClnum et Aspidosperma oblongum cie petites différences constantes, en particulier en ce qui concerne l'aspect des fruits et la structure du bois. Tronc droit, sans contreforts, entièrement déformé ainsi que les branches par des cannelures irrégulières et de profondes alvéoles. Ecorce brun jaune se desquamant quelque peu en écailles délimitées par un réseau de fines crevasses longitudinales, également striée transversalement par de petites ridules. Rhytidome pelliculaire. Assise phellodermique vert pâle. Ecorce interne peu épaisse (3 mm) à grains ou bandes contrastés ocre et blanchâtre. Aubier jaune paille. Exsudation nulle ou difficilement perceptible, caractère qui distingue Aspidospe rma mareg ra vianum d'Aspidosperma oblongum. Jeunes rameaux cI'abord finement pubescents, fins et flexibles avec de petites lenticelles. Feuilles assez semblables à celles d'Aspidosperma oblongwn mais un peu plus larges. Pétiole IO mm, fin, canaliculé. Limbe papiracé un peu obovale (8 x 4 cm), faiblement acuminé, la base obtuse ou arrondie, glabre et mat clessus, grisâtre pulvérulent dessous. Environ 15 paires de nervures latérales fines, presque droites, se raccordant en arceaux près de la marge. Inflorescences en petites panicules ramassées de 5 cm. Fleurs subsessiles, odorantes, à peine plus grandes que celles d'AspidospermCl oblong um. Calice à 5 dents de 2 mm finement tomenteuses blanchâtres sur la face externe. Corolle blanc verdâtre pulvérulente, composée d'un tube de 5 mm et de 5 lobes cie 1,5 mm. Fruit caractéristique composé de l ou 2 mencarpes courtement stipités (1,5 cm), de forme semblable à ceux d'AspidospermCl oblongum mais entièrement couverts cie petites protubérances coniques. Le bois d'A. marcg ravial1um possède les mêmes caractères que celui d'A. oblongum. Toutefois, en section transversale, on observe que le parenchyme est disposé en petites chaînettes dispersées qui ont peu tendance à se raccorcler en lignes tangentielles continues. . .. 39 Aspidosperma excelsulll B en tl~am Aspidosperma nitidum Bentham palioudou Les palioudous de Guyane sont parfois rapportés à l'une ou l'autre des espèces mentionnées ci-dessus, décrite par Bentham au Brésil. Aspidospenna excelsum aurait des feuilles plus grandes que celles d'Aspidosperma marcgravianum, au limbe largement elliptique (15 x 7 cm), aux nervures fines, espacées, peu distinctes, ne se raccordant pas près de la marge. Le méricarpe aurait la même taille et le même aspect que celui d'Aspidosperma marcgravianum mais ne serait pas du tout stipité. Aspidosperma nitidum fait l'objet d'une description dans la Flore du Surinam mais Lindeman estime que cette description se rapporte en fait à Aspidosperma marcgravianum. 40 Aspidosperl7la carapanauba Pichon (1948) palioudou, bois pagaïe, bois chapelle, carapanaùba (de carapana : moustique, et uba : arbre; nom vernaculaire brésilien désignant les Aspidosperma et Geissospermwn à tronc cannelé) Aspidosperma carapanauba a été décrit par Pichon au Brésil. L. Allorge a signalé récemment (1991) que de nombreux palioudous rencontrés dans diverses régions de Guyane (St Laurent, Saül, St Georges) pouvaient être rapportés à ce taxon caractéristique. Arbre au tronc profondément cannelé, pouvant atteindre une aussi grande taille que Aspidosperma marcgravianum (jusqu'à 3S m de hauteur et 1 m de diamètre). Latex blanc généralement visible dans l'écorce. Rameaux relativement épais, d'Himatanthus articulata (ou bracteata). lenticellés, rappelant ceux Feuille à fort pétiole (1 S mm) et au limbe coriace, elliptique (jusqu'à 16 x 7 cm), à base aiguë, à bords récurvés, vernissé dessus, papilleux blanchâtre dessous. Nervures secondaires assez fortes, espacées de 8 à 10 mm, droites, se raccordant à une nervure marginale en arceaux (type de feuille comparable à celui d'Himatanthus bracteata). Inflorescences terminales ou pseudo-latérales ramassées, à axes épais. Fleurs un peu plus grandes que celles d'Aspidosperma marcgravianum. Méricarpe suborbiculaire de grande taille (jusqu'à 18 cm de diamètre) couvert de petites protubérances coniques. 41 ., A. Cd rd )').:1.1\ cl LI b (l 42 Aspidosperma macrophyllulll Mueller Argoviensis palioudou, bois chapelle Aspidosperma macrophyllwn est une espèce décrite au Brésil et signalée récemment en Guyane où elle semble rare. Arbre de taille médiocre, au tronc déformé par des cannelures profondes et irrégulières. Feuilles relativement grandes. Pétiole 12 mm. Limbe elliptique de 24 x 7,S cm, aigu ou faiblement acuminé au sommet, rétréci à la base, blanchâtre dessous. Environ 22 paires de nervures latérales fines et espacées, à raccordement peu distinct. Inflorescences terminales en panicule de petites cymes. Fleur courtement pédicellée CI mm), relativement grande chez le genre Aspidosperma : calice à S lobes aigus 3 mm. Tube de la corolle 8 x I,S mm, finement poilu extérieurement et intérieurement. Lobes allongés 12 x 1,S mm. Etamines insérées aux 2/3 du tube et surmontées d'un onglet élargi au niveau de la gorge. Ovaire apocarpe 1 mm poilu. Style fin et torsadé 4 mm. Clavoncule surmontée de deux petits lobes. Frui t. .. 43 Geissospermllm SeriCelllll (Sagot) Bentham (Thyrsanthus seriee us Sagot) bita oudou (de bitter hout, Surinam), maria congo, carapanaùba (Brésil) (N.B. : "maria congo", nom créole utilisé dans les villages forestiers, semble être une simple altération du nom palikour "kongo aIUa". Le nom brésilien de carapanaùba désigne aussi bien les Aspidosperma à tronc cannelé que les Geissospermum). Les Geissospermum (de geisso : charnu et sperma : fruit), représentés par 3 ou 4 espèces en Amazonie et dans les Guyanes, sont des arbres d'assez grande taille très proches des palioudous par leur aspect et par leurs caractères botaniques. Toutefois, ils s'en distinguent nettement par leurs fruits qui sont des méricarpes charnus et non pas des follicules secs et ligneux. Geissospermum serieeum se rencontre en forêt primaire dans toute la partie nord de l'Amazonie et dans les trois Guyanes. Il est assez commun en Guyane française où il peut atteindre 32 m avec un diamètre de 60 cm. Tronc profondément cannelé et parfois même ajouré sur toute sa longueur comme celui des palioudous. En général, il n'y a pas de contreforts mais les plus grosses cannelures peuvent s'évaser à la base de l'arbre. Rhytidome jaune ocracé se desquamant en fines lamelles, même chez les petits sujets d'un diamètre de 4 cm. Tranche mince, fibreuse, sans latex visible. L'écorce interne très amère, contenant des alcaloïdes, est encore couramment récoltée et utilisée en médecine locale (selon Grenand : décoction vermifuge, lotion contre les poux et la gale, remède contre le paludisme, etc.). Le tronc se développe suivant une architecture modulaire conforme au modèle de Nozeran (Cf. Hailé, Oldeman). Il est formé d'une succession de pousses sympodiales ortho tropes portant chacune un verticille terminal de branches plagiotropes. Rameaux fins, d'abord couverts d'un tomentum brun jaune aInSi que le pétiole des jeunes feuilles. Feuilles alternes à disposition spiralée, entières. Pétiole fin, long de 7 mm. Limbe papiracé obovale (8 x 3 cm), longuement acuminé, la base arrondie, atténuée, parfois oblique. Nervure principale fine, saillante dessus et dessous. Environ 12 paires de nervures secondaires très. fines, " 43 Geissosperlllum sericeul11 (Sagot) Bentham (Thyrsanthus seriee us Sagot) tria congo, carapanaùba (Brésil) ~ "WDOJ" J-<-"" ClJ-..-'. isé dans les villages forestiers, 1 palikour "kongo ama". Le nom bien les Aspidosperllla à tronc :ospermwn). .;,Po../;' ) : charnu et sperma : fruit), 1ie et dans les Guyanes, sont des les palioudous par leur aspect et s, ils s'en distinguent nettement harnus et non pas des follicules secs et ligneux. Geissospermum serieeum se rencontre en forêt primaire dans toute la partie nord de l'Amazonie et dans les trois Guyanes. Il est assez commun en Guyane française où il peut atteindre 32 m avec un diamètre de 60 cm. Tronc profondément cannelé et parfois même ajouré sur toute sa longueur comme celui des palioudous. En général, il n'y a pas de contreforts mais les plus grosses cannelures peuvent s'évaser à la base de l'arbre. Rhytidome jaune ocracé se desquamant en fines lamelles, même chez les petits sujets d'un diamètre de 4 cm. Tranche mince, fibreuse, sans latex visible. L'écorce interne très amère, contenant des alcaloïdes, est encore couramment récoltée et utilisée en médecine locale (selon Grenand : décoction vermifuge, lotion contre les poux et la gale, remède contre le paludisme, etc.). Le tronc se développe suivant une architecture modulaire conforme au modèle de Nozeran (Cf. Ballé, Oldeman). Il est formé d'une succession de pousses sympodiales ortho tropes portant chacune un verticille terminal de branches plagiotropes. Rameaux fins, d'abord couverts d'un tomentum brun jaune ainSi que le pétiole des jeunes feuilles. Feuilles alternes à disposition spiralée, entières. Pétiole fin, long de 7 mm. Limbe papiracé obovale (8 x 3 cm), longuement acuminé, la base arrondie, atténuée, parfois oblique. Nervure principale fine, saillante , dessus et dessous. Environ 12 paires de nervures secondaires très fines, ;' 44 arquées jusqu'au bord du limbe. Nervures d'ordre 3 en réseau lâche. Les jeunes feuilles sont soyeuses, dorées ou argentées surtout sur la face inférieure. Inflorescences en petites cymes terminales ou pseudo-latérales pourvues de bractées, composées de 10 à 15 fleurs. De petites inflorescences pauciflores naissent parfois sur le tronc ou sur les branches (cauliflorie). Fleurs petites, entièrement soyeuses à l'extérieur. Calice à 5 dents aiguës de 4 x l mm étalées en étoile. Corolle formée d'un tube de 4 x 1,5 mm rétréci à la base et au sommet et de 5 petits lobes ovales (2 x 1,5 mm), contortés. Etamines à filets très courts et anthères largement ovales situées sous la gorge. Ovaire soyeux apocarpe. Stigmate à clavoneule pourvue de 2 lobes apicaux. Fruit composé de deux méricarpes opposés, mais réduits souvent à un seul. Méricarpe charnu, ovoïde allongé en pointe (6 x 3 cm), couvert de poils brun orangé (les fruits de plus grande taille et glabres sont attribués aujourd'hui à une espèce très voisine, Geissospermum laeve - Cf. infra). Chair blanchâtre, épaisse, exsudant un abondant latex blanc. Environ dix graines elliptiques comprimées (15 x 10 x 3 mm), blanchâtres, rangées dans deux loges longitudinales. L'amande contient un embryon droit et deux feuilles cotylédonnaires charnues, aplaties. La chair du fruit, bien que très amère, est consommée sur l'arbre par les singes-araignées et au sol par les tortues de terre. Les graines sont ainsi dispersées par synzoochorie (sans passer par le tube digestif de l'animal) ou par endozoochorie. L'architecture végétative du bita oudou se révèle dès les premiers stades du développement de la plantule. Au-dessus des feuilles eotylédonnaires qui sont ovales, presque rondes (22 x 16 mm), l'épieotyle orthotrope porte environ 4 feuilles alternes spiralées de taille croissante. A son extrémité naissent deux préfeuilles opposées et deux fins rameaux plagiotropes à axe en zigzag. Puis apparaît un nouveau module sympodial orthotrope (Cf. Planche infra). Bois très dense (0,92) à grain fin, brun orangé clair, de structure presque semblable à celles des palioudous. Vaisseaux fins (100 Jl.), isolés, nombreux. Parenchyme dispersé en courtes chaînettes unisériées, irrégulières, plus ou moins associées aux vaisseaux. Rayons 2-sériés presque homogènes avec parfois une ou deux rangées de cellules carrées aux extrémités. 4S Malgré la mauvaise conformation du fût, le bois du bita oudou est parfois utilisé; pour confectionner des manches d'outil ou divers objets artisanaux. 46 Geissospermulll {aeve (Vell.) Miers (L'adjectif "!aevis-e" se rapporte au fruit à peau lisse) Geissospermum argenteum Woodson bita Olldou, maria congo, carapanaüba Jusqu'à une date récente, les "bita oudou" ou "bitter haut" de Guyane et du Surinam ont été rapportés à une seule espèce, Geissospermum sericeum. On distingue aujourd'hui deux autres espèces, au port et aux caractères botaniques très voisins de la précédente, dont la détermination pratique se fonderait sur les points suivants: 1°) Chez Geissospermwl1 !aeve : Feuilles un peu plus petites que celles de Geissospenl1wl1 sericeum et presque glabres (mais on observe sur les nervures et sur les jeunes rameaux un fin tomentum soyeux tout à fait semblable à celui de Geissospermwl1 sericeum). Méricarpes atteignant jusqu'à 15 x 5 cm, glabres, verts puis jaune brunâtre, contenant une vingtaine de graines blanchâtres (20 x 14 x 4 mm). 2°) Chez Geissospermum argenteum : Feuilles plus grandes que celles de Geissospermum sericeum, uniformément couvertes d'un fin tomentum soyeux argenté dessous. Méricarpes petits (3 x 2,2 cm). L'observation des nombreux arbres témoins situés dans les parcelles d'étude du Service Forestier conduit à penser que le type "Geissospermum !aeve" est plus commun que le type "Geissospermum sericewl1", au moins dans le nord de la Guyane. '. 47 -. - .:. '~ -- f'ru:t G.laeve X-1 49 Couma gllÎanensÎs Aubiet Couma (galibi)', mapa (paramaka), baaka mapa, bois vache, pera (Surinam) Arbre de forêt primaire, préférant les terrains sains, rencontré dans le nord de l'Amazonie brésilienne et péruvienne ainsi que dans la région des Guyanes, commun dans toute la Guyane française. Tronc bien cylindrique, droit ou un peu sinueux, sans contreforts. La hauteur totale atteint 30 m et le diamètre 75 cm. Ecorce caractéristique, grise divisée en quadrillage (6 x 6 mm) par de petites fissures longitudinales et par des lenticelles à lèvres horizontales. Rhytidome marron (2 mm). Assise phellodermique rouge violacé bien visible. Ecorce interne (10 mm) assez dure, rougeâtre vers l'extérieur puis rosâtre. Aubier blanc jaunâtre. Latex blanc très abondant, fluide, comestible, auquel les amérindiens prêtent des vertus antidiarrhéiques. Lors de l'abattage de l'arbre, il faut éviter les projections de latex dans les yeux, car celui-ci adhère à la cornée. Rameaux obscurément trigones, portant des cicatrices annulaires laissées par les verticilles de feuilles. Feuilles simples et entières, opposées ou verticillées par trois, glabres, souples, vert foncé dessus, plus pâles dessous. Pétiole 10 mm plan dessus. Limbe largement ovale, à base arrondie et sommet longuement acuminé. Environ 12 paires de nervures latérales un peu divergentes en éventail, se raccordant en arceaux à 2 mm du bord. Nervures d'ordre 3 grossièrement parallèles, nettement visibles ainsi que les nervilles. L'ensemble formé par la pousse terminale encore verte d'un rameau et le verticille de 3 feuilles ressemble à une feuille composée trifoliolée: on observera toutefois une petite écaille stipulaire à la base de chaque pétiole ainsi que le point méristématique. Les feuilles sèches de couleur brun noir se reconnaissent facilement au sol mais peuvent être rares à certaines périodes de l'année. Inflorescences pseudo-latérales proches de l'extrémité des rameaux, en cymes trichotomes d'un diamètre de 5 cm environ, pourvues de bractées et de bractéoles minuscules, les axes trigones à coloration rose violacé comme le pédicelle et le calice des fleurs. Belles fleurs rose vif, odorantes, portées par un petit pédicelle (5 x mm). Calice formé d'une courte cupule (2 mm) avec 5 lobes aigus (3 mm), velu, violacé. Corolle composée d'un tube de 6 mm rose intense, pubescent à l'extérieur, garni de longs poils à l'intérieur, et de 5 lobes .'. Il 1. :. III ~J 1 I,œ l'Q ,q 1 o 1" ! ,n !, ,U i~ 50 elliptiques allongés (18 x 5 mm) d'un rose plus clair que le tube, à préfloraison tordue, imbriqués en hélice. 5 étamines à anthères aiguës (l mm) situées dans la gorge du tube. Ovaire globuleux tronqué, syncarpe, incomplètement divisé en 2 loges multiovulées. Style fin, long de 2,5 mm. Clavoncule cylindrique, sillonnée latéralement, surmontée de 2 lobes apIcaux. Le fruit est une baie sphérique de 3 à 4 cm de diamètre, portée par un pédoncule parfois long (6 cm), génicnlé, en réalité formé de plusieurs articles. Lobes du calice persistant à la base. Peau verte puis rougeâtre, à nuance bleu violacé, comme celle du fruit de Parahancornia fasciculata (Cf. infra). Pulpe sucrée, comestible (selon Aubiet, les fruits étaient autrefois vendus au marché de Cayenne). 5 à 15 graines ovales (10 mm), la pulpe adhérant au tégument blanchâtre . Amande à réserves albuminées avec un embryon droit pourvu de deux feuilles cotylédonnaires occupant le plan médian. En Guyane, quelques mapas fleurissent dès les premières journées de soleil en juillet, d'autres fleurissent en août ou septembre. La floraison est magnifique. Les arbres se défolient complètement et se couvrent de fleurs d'un rose intense. Les fruits sont mûrs 6 mois plus tard, de janvier à mars. Ils sont consommés par de nombreux animaux (singes, kinkajous) qui assurent la dissémination des graines, mais on observe également une abondante germination sous l'arbre, dans les débris de fruits tombés au sol. Lors de la germination, l'hypocotyle se dégage en crosse et soulève parfois le tégument. Les feuilles cotylédonnaires sont rondes (18 mm), vertes, un peu charnues. Lès deux premières feuilles apparaissent immédiatement sur un épicotyle très court (1 ou 2 mm) ; elles sont opposées et semblables aux adultes. (N.B. : AubIet, qui fait une bonne description du couma, mentionne assez curieusement: "Je n'ai jamais vu cet arbre en fleur 1"). Bois léger (0,5), blanchâtre, l'aubier peu différencié du bois de coeur. Vaisseaux moyens (l50 Il), souvent accolés par 2 à 4 dans le sens radial. Parenchyme en lignes tangentielles sinueuses. distantes de 130 Il environ. Rayons 1- ou 2-sériés, homogènes. Le bois du ma pa est très facile à travailler et prend un beau poli, mms il est sensible à la pourriture et doit être traité. Il est utilisable en menuiserie intérieure et en déroulage. ..;. 51 L 0 \" ù (\ J"V'\th<-"t 0:: S \<! Sol coro\!~ ç\eur XL -1 S - 3 20 ~ 2 MG;ne\ 52 Paralzancornia fasciculata (Poiret) R. Benoist (Tabernaemontanafasciculata Poiret, Hancornia amapa I-Iuber, Parahancornia amapa (Huber) Ducke) (bois vache, mapa), lébi mapa, (dokali, nom à réserver de préférence au Brosimum parinarioides) Parahancornia fasciculata se rencontre tout au long de l'Amazone depuis Belém jusqu'à Iquitos, dans le nord de l'Amazonie et dans la région des Guyanes. Il est assez commun dans la zone côtière de Guyane française. Grand arbre au tronc droit et cylindrique sans contreforts, atteignant une hauteur de 35 m et un diamètre de 1 m. Ecorce à nuance rose orangé, parfois divisée en petites écailles rectangulaires. Ecorce interne rougeâtre exsudant un latex blanc abondant et fluide, amer, fréquemment utilisé en médecine populaire dans la région de Belém. Feuilles opposées, fines, glabres. Pétiole court et fin (5 x 1 mm). Limbe elliptique oblong (10 x 3,5 cm) pourvu d'un acumen à pointe arrondie, la base obtuse légèrement décurrente. Nervures secondaires fines, peu visibles dessus, presque perpendiculaires à la nervure médiane, se raccordant en arceaux à 3 mm de la marge. Nervures intercalaires plus fines et nervilles formant un réseau lâche. Chez les arbres de savane, l'écorce est grise et les feuilles sont plus petites, coriaces. Inflorescences terminales ou pseudo-latérales plus courtes que les feuilles, en petites cymes corymbiformes multiflores portées par un pédoncule de 2 cm, pourvues de bractées et de bractéoles. Fleurs petites à corolle blanche, odorantes. Pédicelle, bractées et calice pubescents. Calice l mm à 4-5 lobes arrondis. Corolle composée d'un tube de 4 mm fin (0,8 mm) un peu élargi au sommet, et de 5 lobes étroits (6 x 1,5 mm) imbriqués en hélice. Etamines à connectif et anthères sagittés occupant le tiers supérieur du tube. Ovaire poilu, globuleuxconique, syncarpe, à deux loges incomplètement séparées, contenant de nombreux ovules. Style fin, long de 2,5 mm. Stigmate cylindro-conique à base élargie et apex bifide. ° Le fruit est une baie globuleuse dont le diamètre varie de 3 à l cm. Les plus petits fruits sont très semblables à ceux du couma. Peau lisse, finement papilleuse, parfois pruineuse, roussâtre à nuance bleu violacé. Péricarpe épais 12 mm. Pulpe d'abord translucide, jaunâtre, puis pâteuse, orange, sucrée, comestible, contenant de nombreuses graines ovales 53 aplaties (15 x 10 x 4 mm) blanchâtres à liseré, grisâtre. Amande blanche contenant un embryon droit ilvec 2 feuilles cotylédonnaires occupant le plan médian, flanquées de réserves albuminées. En région côtière, le lébi mapa peut fleurir à différentes périodes de l'année (par exemple, en avril ou en septembre). Il fructifie six mois plus tard, si bien que l'on voit parfois sur un même arbre les fruits mûrs et la nouvelle floraison. Les fruits sont consommés par les singes, kinkajous et coatis (endozoochorie). Comme pour le cou ma, on observe une abondante germination sous l'arbre, dans les débris de fruit tombés au sol (Cf. Planche dessinée). N. B. : Chez certains fruits, la pulpe est traversée par une cloison médiane blanchâtre, molle, alors que chez d'autres fruits, il n'y a aucune trace de cloison. Il est possible que le fruit soit formé à partir de 2 carpelles syncarpes dans le premier cas, ou à partir d'un seul carpelle dans le second cas. Bois assez léger (0,58), blanchâtre à beige rosé, possédant un plan ligneux très semblable à celui de Couma guianensis. Vaisseaux moyens (130 Il), souvent accolés par 2 à 4 dans le sens radial. Parenchyme en lignes tangentielles sinueuses, distantes d'environ 130 Il. Rayons 1-2sériés, homogènes. Le bois se prête aux mêmes usages que celui du cou ma. .. Pdraha"c.o(I\\a. r u. 54 l x --1 l:- E f o \ : '. o . , '. o . '.'. <, '.: ~: : .. , .. " . C' . ' c: ... ..1:. .:) :.:) '. o M.Ga'Le\ 55 18-1-8, ..• 56 Macoubea guianensis Aubiet (Tabernaemontana aubletii Pulle) macoubé (selon Aubiet), mapa, soko soko mapa • ~, Macoubea guianensis se rencontre dans le nord du Brésil jusqu'à l'état de Bahia et dans la région des Guyanes. En Guyane française, il semble moins fréquent que Couma guianensis mais reste présent dans tout le pays à l'état disséminé. Grand arbre atteignant une hauteur totale de 35 m et un diamètre de 80 cm. Tronc cylindrique, généralement droit, avec de petits empattements sans véritables contreforts. Ecorce lisse, brun jaune. Rhytidome marron épais de 0,5 mm, se détachant en petits fragments. Assise phellodermique jaune pâle. Ecorce interne épaisse (8 mm), jaune ocracé vif avec des fibres plus foncées. Aubier blanc. Latex blanc abondant et fluide. Rameaux glabres, gris, aplatis à l'extrémité. Feuilles opposées, un peu plus grandes et plus rondes que celles du couma, sub-glabres, vert sombre, molles. Glande intrapétiolaire cochléariforme (en forme de cuillère) caduque. Pétiole 15 à 20 mm canaliculé, à base élargie pouvant former une sorte d'ochréa à ligules glanduleuses persistantes. Limbe largement elliptique (15 x 10 cm ou parfois beaucoup plus grand chez les jeunes arbres), obtus à la base et au sommet. Environ 12 paires de nervures latérales déprimées dessus, saillantes dessous, rejoignant la marge. Nervures tertiaires grossièrement parallèles. Nervilles indistinctes. Inflorescences terminales en cymes corymbiformes d'une trentaine de fleurs, larges de 6 cm, portées par un robuste pédoncule de 3 à 8 cm. Fleur blanche, odorante, avec un fin pédicelle pourvu d'une bractée et de deux bractéoles de 0,5 mm. Petit calice à lobes de 3 mm presque libres, obtus, pubescents extérieurement, glanduleux intérieurement. Corolle formée d'un tube court (5 mm) et de 5 lobes imbriqués, apiculés, de 15 x 4 mm. Etamines portées par des connectifs en languette sagittée, aussi longs que le tube et soudés à leur base. Anthères allongées (2 mm). Ovaire tronconique (2 mm), pubescent, apocarpe, multiovulé, surmonté d'un stigmate sessile à base campanulée-Iobée et sommet bi-apiculé. Le jeune fruit peut être composé de 2 méricarpes, mais un seul se développe généralement pour donner une grosse baie globuleuse de 6 à 12 ;4 57 cm de diamètre. Péricarpe ferme, brun ocracé, formé d'une assise superficielle épaisse de 2 mm coriace, granuleuse, et d'une assise interne épaisse de 8 mm, jaune ocracé. A l'intérieur, pulpe mucilagineuse blanchâtre, sucrée et comestible, contenant de nombreuses graines (73 dénombrées dans un fruit de 9 cm de diamètre). Graine oblongue (20 x 7 x 5 mm) à tégument brun noir finement bosselé, marqué d'une plage linéaire blanchâtre du côté du hile. Amande blanche traversée longitudinalement par un embryon rectiligne pourvu de cotylédons de même largeur que la radicule. Floraison en août-septembre. Fruits mûrs en février-mars. Endozoochorie. Bois léger (0,50), blanchâtre à beige pâle. Vaisseaux assez fins (120 Il), isolés ou plus souvent accolés par 2 ou 3 dans le sens radial. Parenchyme en lignes tangentielles unisériées, rapprochées et peu distinctes. Rayons 2-3-sériés, très hétérogènes avec des cellules couchées au centre et de nombreuses rangées de cellules carrées et dressées aux extrémités. Le bois de Macoubea guianensis ressemble à celui de Couma guianensis et possède les mêmes propriétés technologiques. Il ressemble également au bois de plusieurs Euphorbiacées (genres Sapium et Alchornea). .. tv\ a cou b e a 58 CÙUI"1\d ~. m. ç \ è'-' r x 2 .••.•...• > ~ ~~ ~ 59 Ambelania acida Aubiet ambelani (nom galibi selon Aubiet), ambelanier, quimbé-dents (altération de "qui tient bien au dents" selon Aubiet), mapa, papaye-biche, pepino-do-mato (concombre des bois - Brésil) AmbeLania acida se rencontre en forêt primaire ou secondaire, dans toute l'Amazonie et dans la région des Guyanes. Il est commun en Guyane française. C'est un petit arbre de 6 à 8 m (rarement 10 m) exsudant un abondant latex blanc dans toutes ses parties. Ecorce grisâtre. Rameaux cylindriques, d'abord pubescents brunâtres. Feuilles opposées, glabres, coriaces. Pétiole 10 mm à section ronde. Limbe elliptique (13 x 6 cm) faiblement acuminé, à base atténuée. Environ 15 paires de nervure secondaires fines, droites puis un peu arquées jusqu'au bord du limbe. Petites inflorescences axillaires en cymes pauciflores (3 à 4 fl.), à pédoncule et pédicelles très courts pourvus de bractées. Fleur blanc jaunâtre. Calice à petits segments aigus (3 mm) à imbrication quinconciale, étalés à l'anthèse, glanduleux en dedans. Corolle formée d'un tube de 12 mm renflé à la base, blanc, et de 5 lobes allongés (12 x 3 mm) pubescents jaunâtres dessus, imbriqués en hélice. Etamines à filet court, insérées au milieu du tube, à anthères oblongues aiguës. Ovaire 2 mm glabre, syncarpe, à 2 loges multiovulées. Style 2 mm. Stigmate composé d'une base en soucoupe et d'une clavoncule cylindrique torsadée avec 2 lobes apicaux. Le fruit est une baie ellipsoïde ou un peu piriforme plus ou moins allongée (par exemple: 6 x 4 cm, 7 x 3 cm, 10 x 4 cm), à peau glabre et luisante, jaune clair, parfois côtelée longitudinalement. Calice plus ou moins persistant. Chair blanche, comestible, contenant toutefois un latex collant (d'où le nom de quimbé-dents). Nombreuses graines (environ 40) ellipsoïdes (8 x 5 x 2 mm), lisses, presque noires, rangées dans deux loges longitudinales. De nombreux animaux consomment le fruit sur l'arbre et au sol (endozoochorie). Bois léger (0,55), blanchâtre, à grain fin. Vaisseaux fins (80 Jl.) souvent accolés radialement par 2 ou 3. Parenchyme en lignes tangentielles serrées, abondant bien que peu discernable. Rayons 2-3sériés hétérogènes, comportant de longues extrémités unisériées à cellules carrées ou dressées. ' .. 60 Laemellea aeuleata (Ducke) Monachino (Zschokkea aeu/eata Ducke 1922) maka mapa LaemeLlea aeu/eata (de aeu/ealus : couvert d'épines) est un petit arbre d'une douzaine de mètres rencontré dans le nord du Brésil et dans les Guyanes, assez rare en forêt primaire et fréquent par place en forêt secondaire. Tronc gris noirâtre couvert d'épines coniques (2 cm) à base élargie. Latex blanc très abondant dans l'écorce. Rameaux sans épines. Feuilles opposées, glabres, coriaces. Pétiole 8 mm canaliculé et parfois glanduleux dessus. Limbe oblong (16 x 6 cm) faiblement acuminé, la base arrondie atténuée. Environ 12 paires de nervures latérales fines, déprimées dessus, un peu saillantes dessous, arquées, se raccordant indistinctement près de la marge, avec des nervures intercalaires très fines. Inflorescences en petites cymes axillaires courtement pédonculées, portant environ 8 fleurs. Bractées et bractéoles carénées, aiguës, bien visibles Cl ,5 mm). Fleurs blanches ou jaune très pâle courtement pédicellées (1 ou 2 mm). Calice à 5 lobes obtus (2 x 2 mm), ciliés, sans glandes, persistant à la base du fruit. Corolle à tube long et fin (30 x 2,5 mm) glabre à l'extérieur. Lobes ovales (7 x 2 mm), glabres, peu divergents, contortés dans le bouton. Anthères subsessiles, allongées (7 mm), situées au sommet du tube. Ovaire glabre, syncarpe à 2 loges multiovulées. Style 5 mm. Stigmate à hauteur des anthères, cylindrique, bi-apiculé. Le fruit est une baie sphérique de 15 à 35 mm de diamètre, à peau lisse, jaune orangé, portant une épine raide à l'apex. Pulpe lactescente, sucrée, comestible, entourant 1 à 3 graines ellipsoïdes (8 à 15 mm) à tégument corné. Bois assez léger (0,65), blanchâtre. Vaisseaux fins (90 j..l), isolés ou accolés radialement par 2 à 6. Parenchyme en chaînettes plus ou moins continues. Rayons 2-sériés, hétérogènes avec 1 à 6 rangées de cellules carrées et dressées aux extrémités. .. 61 Le bois, facile à travailler, est parfois utilisé localement pour confectionner des manches de pioche. 62 000 63 Lacmellea .fZaribullda (Poeppig) Bentham (Zschokkea floribunda (Poeppig) Mueller Argoviensis) (Z~ehokkea guianensis Monachino) Espèce reconnue au Brésil, Pérou, Equateur, Colombie, Guyana ... el peut-être en Guyane française dans la région de St Laurent du Maroni. Arbre au tronc un peu flûté, inerme (sans épines, sauf parfois chez les jeunes sujets), atteignant 20 m avec un diamètre de 50 cm, possédant les mêmes caractères bOlaniques que L. aeuleata à quelques détails près (les fleurs seraient un peu plus grandes et plus longuement pédicellées, les bractées et les dents du calice seraient crénelées). 64 Genre Tabernaemontana Linné En 1703, le Père Plumier fit la description d'une espèce arbustive de Martinique appelée "bois-lait". Il lui donna le nom de Tabernaemontana, voulant ainsi honorer la mémoire d'un grand botaniste du XYlème siècle, James Théodore, de l'Université de Heidelberg, surnommé Tabernaemontanus, c'est-à-dire "natif de Berg Zaben". En 1753, Linné reprit la description scientifique du bois-lait sous le nom de Tabernaemontana citrifolia qui doit être considéré comme l'espèce-type du genre Tabernaemontana largo sensu. Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle et au cours du XIXème siècle, plus de 150 espèces de divers continents furent rapportées à ce même genre. Les botanistes se sont alors efforcés de diviser ce taxon peut-être trop vaste en plusieurs genres inférieurs, sans parvenir toutefois à éviter une certaine confusion. En Guyane française, les Tabernaemontana sont des arbustes ou de petits arbres de sous-étage parfois très communs. Six espèces seulement feront ci-après l'objet d'une description particulière, en raison de leur fréquence ou de leur taille relativement grande. Dans chaque cas, on précisera les caractères secondaires qui pourraient justifier leur classement en genres séparés, à savoir Peschiera, Stenosolen, Anartia, Bonafousia et Stemmadenia. Au préalable, il convient de rappeler les principaux caractères qui définissent le genre Tabernaemontana, dans son acception large retenue ici. Ces caractères sont les suivants: - Arbustes ou petits arbres à latex blanc abondant dans toutes leurs parties, à feuilles opposées parfois inégales. - Calice porté par un fin pédicelle bractéolé, composé de 5 petits lobes à imbrication quinconciale pourvus de squamules à la base de la face interne. - Corolle formée d'un tube étroit et de 5 lobes se recouvrant sur la gauche. - Etamines insérées près de la base ou au milieu du tube. Connectif deltoïde sagitté, c'est-à-dire prolongé vers la base par deux appendices stériles, les anthères occupant la partie haute. - Ovaire formé de deux carpelles plus ou moins soudés à la base, libres au-dessus, multiovulés. Disque'parfois absent (sous-genre Peschiera ..• 65 et Stenoso/en), réduit à un bourrelet adné à l'ovaire (Anarlia), en manchon entier et saillant (Bonafousia) ou enfin en manchon libre, divisé en 5 lobes (Stemmadenia). - Fruit très caractéristique composé de deux méricarpes opposés et un peu soudés à la base, épais, coriaces, tardivement déhiscents suivant la suture ventrale. Nombreuses graines noires ou brunes entourées d'un arille charnu orange ou rouge vif contrastant avec le tégument. Amande albuminée contenant un petit embryon droit formé d'une radicule et de deux petites feuilles cotylédonnaires cordiformes. -r<\ber T. fY\ n.?e mo<"\laf\a e 'j ê. rIeur ~t F(ult- 66 r \ -4 67 F\ eu r .s ":' ;,' , ;",; " , ", T. me'jeri T. èch;f\;'lta T. grç,n.d; r)Gra T. ""du\dla M,Ga'le\ 68 .~---_._---- T.<j(,ilnd;Ç\or a n,oc\l..l.\es de c..rc;<;:;Jnce (vI. (, "1 ~ 1 69 Tabernaemontana echinata AubIet Peschiera equinata (AubIet) A. DC !\nacampta equinata (AubIet) Markgraf (1938) Fusée-AubIet a donné de Tabernaemon/ana echina/a une description incomplète et partiellement erronée: sur la planche 103, les articles sympodiaux devraient porter plusieurs paires de feuilles; quant au fruit représenté, c'est incontestablement celui Tabernaemontana heterophylla Vahl, espèce commune dans les environs de Cayenne. Toutefois, de nombreuses récoltes d'herbiers effectuées dans le nord de la Guyane ainsi qu'au Surinam ont permis de confirmer l'existence de l'espèce rencontrée par Aubiet et d'en compléter la description botanique (il reste que l'adjectif spécifique "echinata" paraît peu approprié). Arbre de petite taille atteignant rarement un diamètre de 12 cm et une hauteur de 15 m, à l'écorce lisse, grisâtre. Latex blanc abondant. Entre deux ramifications du rameau, chaque module sympodial porte 5 à 6 paires de feuilles égales plus une paire de feuilles réduites sous-tendant 2 pousses végétatives ainsi qu'une ou deux petites inflorescences pseudolatérales en cyme presque sessile. Feuilles membraneuses, elliptiques (10 x 4 cm) acumlIlees, plus pâles dessous que dessus, avec environ 15 paires de nervures secondaires. Présence de minuscules squamules intrapétiolaires (0,8 x 0,2 mm) persistant plus ou moins au-dessus des phyllules après la chutes des feuilles. Calice formé d'un tube fin surmonté de 5 lobes de 3 mm comportant comme les feuilles de minuscules écailles glanduleuses à la base de la face interne. Corolle blanche formée d'un tube de 12 mm renflé à la base et de 5 lobes de 7 mm typiquement récurvés. Etamines insérées à la base du tube. Ovaire apocarpe glabre, dépourvu de disque, surmonté d'un style court. Clavoncule à collerette divisée en 10 lobes minuscules. Fruit composé de deux mencarpes opposés, réniformes (4,5 x 3 x 2,5 cm), verruqueux. Chaque méricarpe contient une vingtaine de graines grossièrement ovales (12 x 7 mm), brunes, striées longitudinalement, incomplètement entourées d'un arille rouge. N.B. : Les caractères propres au sous-genre Peschiera seraient le nombre important (jusqu'à 8) de paires de feuilles sur chaque module sympodial, l'insertion basse des étamines et l'absence de disque . .. 70 Tabernaemontana heterophylla Va h 1 Stenoso!ell heterophyLLus (Vahl) Markgraf (de steno: étroit, et so!en : tube) Tabernaemonlana heterophyLLa est un petit arbre atteignant rarement 7 111. Toutefois, il retient l'intérêt par sa fréquence en Guyane, par l'étendue de son aire naturelle qui couvre toute l'Amazonie et la région des Guyanes, enfin par son fruit étonnant, de couleur orange vif, couvert d'épines molles. Feuilles sessiles, elliptiques (16 x 7 cm), pourvues d'un long acumen linéaire. Entre deux ramifications du rameau, chaque article sympodial porte une ou deux paires de feuilles souvent très inégales, puis une paire de feuilles réduites sous-tendant deux pousses végétatives nouvelles ainsi qu'une petite inflorescence pseudo-latérale en cyme unipare pauciflore. Fleurs blanches, petites et fragiles. Calice porté par un pédicelle fin (6 x 0,8 mm) couronné de 5 lobes linéaires (2,5 x 0,5 mm) pourvus de glandes minuscules à la base de la face interne. Corolle formée d'un tube très fin (24 x 1 mm) renflé à la base surmonté de 5 lobes falciformes étalés (7 x 5 mm). Etamines insérées près de la base du tube. Ovaire dépourvu de disque. Style court. Clavoncule pourvue d'une collerette divisée en 10 dents, d'un corps 5-1obé et de 2 appendices apicaux. Fruit très caractéristique, pendant au bout d'un pédoncule souple, composé de deux méricarpes réniformes (55 x 22 x 20 mm), orange vif, couvert d'épines coniques molles. Chaque méricarpe s'ouvre entièrement suivant la suture ventrale. Il contient environ 10 graines ovales (8 x 4 x 3 mm) noires, striées sur la face dorsale, à moitié recouvertes du côté du funicule par un arille charnu, orange vif comme le péricarpe. L'amande est composée d'albumen et d'un petit embryon droit à feuilles cotylédonnaires très fines, à profil elliptique cordiforme. N.B. : Le sous-genre Stenoso!en (Markgraf 1938) possède quasiment les mêmes caractères que le sous-genre Peschiera CA. DC 1844). Il s'en distingue par l'anisophyllie et par le fruit à péricarpe épineux. T 71 ~____ __~!'"l_ ~ d ___t\ ~ __h ett.'coii ' '1 \ 1 ZI 1Z\l:>(?I-n.,)(: ______ c l E Ë li- M ('o2e\ 72 Tabernaemontana l7leyeri G. Don (1838) (T. undulata Meyer 1818, non 1'. undulata Vahl 1798) (Anar/ia meyeri (Meyer) Miers 1878) (T. attenua/a (Miers) Urban 1915) (Anartia altenuata (Miers) Markgraf 1938) Petit arbre de sous-étage, atteignant exceptionnellement un diamètre de 12 cm et une hauteur de 12 m, rencontré dans le nord de l'Amazonie, dans les Guyanes, au Venezuela et en Colombie, fréquent par place en Guyane française. Conformation médiocre. Ecorce grise. Latex blanc. Rameaux divariqués, chaque module sympodial portant deux paires de feuilles, la deuxième anisophylle (d'où le nom Anartia). Feuilles opposées, coriaces, glabres, plus pâles dessous que dessus. Pétiole fin, long de 8 mm. Limbe elliptique (14 x 4,5 cm), la base aiguë décurrente sur le pétiole, le sommet longuement acuminé (12 x 3 mm). Environ 10 paires de nervures latérales espacées, peu distinctes. L'inflorescence est un petit racème pseudo-axillaire simple, pauciflore. Fleur blanche. Calice porté par un long pédicelle Cl 0 mm) couronné de 5 sépales arrondis (3 mm), glanduleux à la base de la face interne. Corolle glabre composée d'un tube (25 x 3 mm) élargi vers le sommet et de 5 lobes courts (6 mm) arrondis, cau dés latéralement. Etamines (4 mm) situées au sommet du tube. Ovaire pourvu d'un disque adné à la base, peu visible. Style de 12 mm. Clavoncule à collerette obscurément dentée. Fruit composé de 2 méricarpes réniformes (30 x 18 mm) apiculés, glabres, vert olive. Graines ellipsoïdes (8 x 4 mm), noires, ridées longitudinalement, entourées d'un arille pulpeux rouge orangé. Bois blanc jaunâtre, assez léger (0,60), à grain fin. Vaisseaux fins (60 )1.) et très nombreux, isolés ou accolés par 2 à 10 en files radiales. Parenchyme indiscernable. Rayons 2-sériés hétérogènes avec 2 à 10 rangées de cellules carrées et dressées aux extrémités. N.B. : Les sous-genres Anartia et Bonafousia sont très voisins. 73 Tabernaemontana undulata Vahl Bonafousia undulata (Vahl) A. DC pikin mapa, merkitiki (de milky tiki), clavel de cerro Espèce forestière de sous-étage et de basse altitude très commune en Guyane, rencontrée sur une vaste aire naturelle comprenant l'Amazonie brésilienne, le Pérou, la Colombie, le Panama, le Costa Rica, le Venezuela et la région des Guyanes. C'est un petit arbre souvent appuyé sur ses voisins, atteignant rarement un diamètre de 10 cm et une hauteur de 10 m. Ecorce lenticellée verte puis grisâtre. Latex blanc abondant. Rameau vert, cylindrique. Chaque module sympodial porte à l'extrémité une paire de feuilles égales axillant une nouvelle pousse végétative et une petite inflorescence pseudo-latérale en cyme unipare pauciflore. Feuilles opposées égales, longuement elliptiques, souples, la marge typiquement ondulée. Pétiole 6 mm. Limbe 12 x 4 cm à long acumen, la base aiguë décurrente, vert vif dessus, blanchâtre, glauque dessous. Environ 15 paires de nervures latérales fines, à peine saillantes dessous, rejoignant à 1 mm du bord une fine nervure marginale visible seulement dessous. En forêt, les fleurs sont visibles à différentes périodes de l'année. Calice porté par un fin pédicelle long de 2 à 4 mm, surmonté de 5 lobes (4 x 2 mm) très finement pubescents, pourvus de minuscules écailles glanduleuses à la base de la face interne. Corolle formée d'un tube rose (22 x 3 mm) élargi au sommet, couronné de 5 lobes ovales (10 x 8 mm) arqués, blancs, finement pubescents extérieurement. Dans le bouton, les lobes sont étroitement imbriqués et forment une petite boule de même largeur que le tube. Etamines insérées dans la partie supérieure du tube. Disque formant un manchon entier, saillant, à la base de l'ovaire. Style 16 mm. Clavoncule lobée, pourvue d'une collerette basale et de 2 appendices apicaux. Méricarpes réniformes (45 x 30 x 25 mm) soudés à la base, à peau lisse vert olive puis brune, marqués d'un sillon de déhiscence ventral et de 2 côtes latérales. Dans chaque méricarpe, environ 15 graines (10 x 5 mm) incomplètement entourées d'un arille blanc. 74 N.B. : Noter les caractères suivants: une paire de feuilles égales par article, étamines insérées au sommet du tube, disque en manchon entier et saillant. 75 76 Tabemaemontana grandz[lora Jacguin (1763) Stemmadenia grandifLora (Jacq.) Miers (1878) Petit arbre de zone ripicole atteignant 10 m, à l'écorce lisse grisâtre contenant un abondant latex blanc, rencontré sur une aire naturelle très vaste com prenant l'A mériq ue centrale, 1a région des Guyanes et l'Amazonie jusqu'en Bolivie. Entre deux ramifications du rameau, chaque article sympodial porte une paire de feuilles égales et une paire de feuilles terminales souvent inégales, sous-tendant une ou deux nouvelles pousses végétatives ainsi qu'une petite inflorescence en cyme unipare de 1 à 5 fleurs. Feuilles presque sessiles, papiracées, glabres, elliptiques un peu obovales (9 x 4 cm) longuement acuminées. Environ 8 paires de nervures latérales fines et arquées. Fleurs relativement grandes, glabres, à corolle jaune foncé. Calice porté par un pédicelle bractéolé de 10 mm couronné par 5 lobes ovales Cl 0 x 5 mm), foliacés, un peu inégaux, pourvus de petites écailles glanduleuses à la base de la face interne, persistant à la base du fruit. Corolle formée d'un tube (32 x 5 mm) renflé et torsadé au tiers supérieur, et de 5 lobes oblongs (30 x 15 mm) arqués latéralement. Etamines situées au tiers supérieur du tube. Disque charnu entourant la moitié inférieure de l'ovaire, divisé en 5 segments alternant avec les sépales. Style long. Clavoncule à collerette et lobes apicaux. Fruit parfois réduit à un seul méricarpe ou composé de 2 méricarpes un peu soudés à la base, réniformes (45 x 28 x 25 mm) apiculés, à peau lisse. Chaque méricarpe contient une vingtaine de graines ellipsoïdes (6 x 2,5 mm) noires, striées, enveloppées entièrement dans un arille rouge. N.B. : Le sous-genre Stemmadenia créé par Bentham comprend de nombreuses espèces aux fleurs relativement grandes, aux caractères secondaires variables. Il est difficile de l'isoler distinctement du genre Tabernaemontana largo sensu. 77 Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum. (Thevetia neriifolia Jussieu) Laurier jaune Espèce naturelle ou cultivée à titre ornemental dans toute l'Amérique tropicale, intéressante par ses caractères botaniques bien qu'elle ne soit nullement une essence forestière. Petit arbre souvent tortueux, aux rameaux cylindriques verts puis gris s'inclinant vers le sol après quelques années, contenant un latex blanc abondant dans toutes ses parties. Feuilles alternes spiralées pourvues de glandes intrapétiolaires, à pétiole très court (4 mm), au limbe linéaire (14 x 0,8 cm) glabre et charnu. Inflorescences pseudo-axillaires, bractéées, cymeuses. Grandes fleurs d'un jaune éclatant, peu odorantes, portées par un pédicelle long (25 mm) et fin. Calice à 5 lobes aigus (8 x 3 mm), glabres. Corolle formée d'un tube à base cylindrique (l5 x 5 mm) brusquement évasé sur 12 mm, portant 5 grands lobes (4 x 3 cm) très imbriqués, se recouvrant sur la gauche. La gorge de la partie cylindrique est fermée par 5 écailles deltoïdes ciliées recouvrant chacune une étamine. Etamines très courtes, insérées juste sous la gorge, pourvues d'une touffe de filaments à la base, le connectif prolongé par un appendice aigu au-dessus des anthères ovoïdes. Disque charnu divisé en 5 lobes, enveloppant les 2/3 de l'ovaire. Ovaire composé de deux carpelles soudés, récurvés intérieurement pour former 4 loges contenant chacune un ovule. Style filiforme de même longueur que le cylindre de la corolle. Clavoncule en soucoupe charnue, alvéolée dessous, surmontée de 2 lobes formant un cône, étroitement enfermée dans l'appareil staminal. Fruit de type particulier, drupacé, quadrangulaire (34 x 44 x 30 mm). Lors de la formation du fruit qui n'est pas tout à fait syncarpe, les apex carpellaires divergent dans le sens de la grande largeur. Peau fine et lisse, vert clair puis brun noir. Péricarpe charnu, blanchâtre, épais de 2 à 5 mm. endocarpe épais de 1,5 mm, dur, ligneux, ocre, contenant 4 graines symétriques 2 à 2, subtétraédriques. Chaque graine comporte un tégument externe ocracé, rigide, et un tégument interne blanc, souple. 78 L'amande est formée de 2 cotylédons charnus, blancs, attachés à un petit embryon droit. Les graines de Thevetia peruviana contiennent des alcaloïdes très toxiques. The: y e li 6 Pe r u v ( ,) n Ù 79 .~ :." ,. ., ,, .' .. ,. , ' , : ,, , , : , , ,,, ,, ,, , rie u ç 0 bOUt-U0 , ,, r ',,! \) "'- tOI"l');t'-ld'"f'\:lle c.a\ice x2 Yu de Jessù .... !. M. Gacel ThëV~I"" 80 " ri i ---~ -- ---- planlwle de ~ mo;s • M. C,aLe! 81 A llamanda cathartica L. allamanda, liane··à-lait, orélie Arbuste sarmenteux en terrain ouvert ou liane forestière très commune dans toute l'Amérique tropicale, contenant un abondant latex blanc dans les feuilles et dans l'écorce. Rameaux cylindriques d'abord verts et finement tomenteux puis gris jaune, lenticellés. Feuilles verticillées par 4, subsessiles, elliptiques, acuminées, à forte nervure principale marquée d'un sillon dessus, très saillantes dessous. Présence de glandes intrapétiolaires. Inflorescences en cymes pseudo-axillaires pauciflores. Grandes fleurs jaune vif portées par un pédicelle de 12 mm. Calice profondément divisé en 5 lobes lancéolés (10 x 3 mm). Corolle composée d'un long tube cylindrique (50 x 4 mm) brusquement évasé en entonnoir sur 35 mm et couronné de 5 lobes arrondis (40 x 30 mm), imbriqués, se recouvrant sur la gauche. La gorge du tube est obstruée par une collerette de cils blanchâtres recouvrant les étamines. Etamines à filet très court, pourvues d'une touffe filamenteuse à la base, à anthères conniventes, longuement deltoïdes, faiblement sagittées. Disque charnu, cylindrique, entier, enveloppant le tiers de l'ovaire. Ovaire formé de 2 carpelles soudés sur leurs bords, uniloculaire, contenant de nombreux ovules attachés aux bourrelets placentaires pariétaux. Style filiforme de même longueur que le tube de la corolle. Clavoncule cylindrique à collerette basale lobée, surmontée de 2 minuscules appendices, étroitement enfermée dans l'appareil staminal. Fruit de type particulier, capsulaire, presque sphérique, couvert d'épines raides et longues (10 mm). Le diamètre de la capsule sans les épines est de 35 mm. Le fruit contient une quinzaine de graines en forme de petites soucoupes empilées en 2 rangées, chacune reliée à l'une ou l'autre des sutures placentaires par un funicule filiforme. Dans chaque graine, l'amande ronde et plate occupe le fond de la soucoupe. Elle est composée d'un peu d'albumen et d'un embryon à 2 feuilles cotylédonnaires arrondies. ;' coupe de la fleur x ,.' C(>(olle tornb~1! dL{ ~0! ...j 1 S 83 ~1alolletia talllaquarina (AubIet) A. DC (Cama reria /olnaquarina Aubl., Tobernaemol1/a!la odora/a Vahl) t~maquarina (selon AubIet) Nom de genre donné par A. de Candolle en l'honneur de Malouet. Aire naturelle étendue : Amazonie brésilienne et péruvienne, région des Guyanes. Parfois très fréquent en zone ripieole. Arbrisseau de 4 pieds (7) et de 5 pouces de diamètre selon Aubiet, arbuste de 3 m selon Pulle, c'est en réalité un petit arbre atteignant jusqu'à 15 m de hauteur et 40 cm de diamètre. Tronc cylindrique à l'écorce lisse et verdâtre contenant un latex blanc abondant, réputé comestible. Rameaux noueux. Feuilles opposées, coriaces, pourvues de glandes intrapétiolaires. Pétiole 5 mm. limbe elliptique acuminé, décurrent sur le pétiole (12 x 4 cm). Environ 12 paires de nervures secondaires rectilignes se raccordant en arceaux à 1 mm de la marge. La direction générale des nervilles forme un angle aigu a vec celle des nervures secondaires. Inflorescences pseudo-axillaires, en petites cymes de 2 à 8 fleurs. Fleurs blanches, très odorantes, portées par un pédicelle glabre, fin et long Cl 5 à 35 mm). Calice en petite cupule (1 mm) à 5 lobes aigus (2 x 1,5 mm) pubescents sur la face externe, pourvus de glandes sur la face interne. Corolle blanche (jaunâtre sur herbier sec) formée d'un tube de 10 mm renflé à la base (2 mm), rétréci à la gorge (1 mm), glabre extérieurement, couronné de 5 lobes aigus (10 x 4 mm) pubescents sur la face interne, sc recouvrant sur la droite. La gorge du tube comporte 5 écailles deltoïdes d'abord conniventes puis ouvertes sur les pétales. 5 étamines à anthères longues et aiguës (3 mm), sagittées, dépassant en partie de la gorge, conniventes et adhérant au stigmate. Ovaire globuleux, velu, apocarpe, entouré à mi-hauteur d'un disque à 5 lobes arrondis. Style filiforme (7 mm). Clavoncule allongée, à base globuleuse, pourvue d'appendices apicaux minuscules, enfermée dans l'appareil staminal. Le fruit est formé de deux follicules opposés, cylindriques, très allongés (25 x 0,5 cm), déhiscents. Ils contiennent un petit nombre de graines allongées et aplaties (30 x 4 x 0,5 mm), glabres, dépourvues d'aigrette. 84 Bois blanc crème à brun pâle, assez léger (0,55). Vaisseaux assez fins (100 f-L) isolés ou plus souvent accolés par 2 à 5 en files radiales. Parenchyme en chaînettes tangentielles irrégulières. Rayons [- ou 2sériés, hétérogènes avec 1 à 4 rangées de cellules carrées ou dressées aux extrémités. Grosses et rares alvéoles à laticifères (Détienne). N.B. : Malouetia fU/furacea Spruce est un arbrisseau ou un petit arbre lianescent possédant des caractères botaniques très voisins de ceux de M. tamaquarina et rencontré sur la même aire naturelle. Le pédicelle des fleurs est plus court (15 mm). La gorge de la corolle est pourvue de [0 écailles deltoïdes. Les graines sont couvertes de longs poils épars. ..;, 85 2 ;; m 8 1ou,,,· J),( (;ll1UTQI'IÛ- là~n/l'1!ü7rt;ItL /~""ar, " Malolletia Tamaqllarilla (ALIbI-) De 1_ Feuilie x 1 2. Bouton de fleur 3. bouton de fleur prêt à s'épanouir 4. Corolie 5. Corolle ouverte avec ét., disque, av., style et stigmate Extrait de «Histoire des Plantes de la Guyane Frnnçaisc) de Fusée··Aublet 6. 7. 8. 9. él. avec le connectif (feuillet) Anthère Disque et ovaire vus de dessus Calice avec:l~o.\lllire 86 ANNEXE Liste des Apocynacées de Guyane (et des genres ou espèces mentionnés dans le texte) présentée selon la classification de Markgraf I. PLUMIEROIDEAE Corolle à lobes imbriqués se recouvrant sur la gauche. Anthères conniventes non agglutinées au stigmate. Ovaire syncarpe ou apocarpe à 1 ou 2 loges. Graines sans aigrette. 1. Arduineae - Ovaire syncarpe, anthères non sagittées 1.1. Ovaire à 1 loge - fruit charnu Couma guianensis Aubiet Pacouria (Landolfia) guianensis Aubiet 1.2. Ovaire à 1 loge - fruit capsulaire Allamanda cathartica L. 1.3. Ovaire à 2 loges - fruit charnu Parahancorniafasciculata (PoiL) Benoist ex Pichon Ambelania acida Aubiet Lacmellea aculeata (Ducke) Monachino Lacmellea floribunda (Poepp.) Benth. et Hook Lacmellea guianensis (Muel!. Arg.) Monachino 87 2. Plumiereae - Ovaire apocarpe, anthères non sagittées 2.1. Fruit sec Plumiera, ruhra L. Himatanthus articulatus (Vahl) Woodson Himatanthus hracteatus (A. DC) Woodson Himatanthus drasticus (Mart.) Plumel Hùnatanthus fallax (Muell. Arg) Plumel Himatanthus speciosus (Muel!. Arg.) Plumel Aspidosperma alhum (Vahl) Benoist ex Pichon Aspidosperma cruentum Woodson Aspidospenna carapanauha Pichon Aspidosperma excelsum Bentham Aspidosperma helstonei Van Donselaar Aspidosperma macrophyllum Muel!. Arg. Aspidosperma marcgravianum Woodson Aspidosperma ohlongum A. OC Aspidosperma sandwithianum Markgraf Aspidospenna spruceanwn Benth. ex Muel!. Arg. Aspidosperma vargasii A. DC Condylocarpon Desf. (Genre lianes cent) Vinca L. (Europe, Afrique du Nord, Asie) Catharanthus G. Don (Madagascar) Alstonia R. Br. (Afrique, Asie, Océanie) Voacanga Thouars. (Afrique, Asie) Cerhera L. (Asie, Océanie) 2.2. Fruit drupacé Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum. Rauvolfia L. (arbustes - genre pantropical) 3. Tahemaemontaneae - Ovaire apocarpe, anthères sagittées, fruit charnu 3.1. Exceptionnellement anthères non sagittées, feuilles alternes Geissosperl1lwll sericeu/11 (Sagot) Benth. et Hook Geissospermwll argenteum Woodson Geissospermul1l laevis (V el!.) Miers • • • ;4 88 3.2. Feuilles opposées Macoubea guianensis AubIet Tabemaemontana L. - section Anartia : Tabemaemontana meyeri G. Don Tabemaemontana olivacea Muel!. Arg. - section Bonafousia : Tabemaemontana albiflora (Miq.) Pulle Tabemaemontana disticha A. DC Tabemaemontana macrocalyx Muel!. Arg. Tabemaemontana moretti (Bonafousia moretti L. Allorge) Tabemaemontana rupicola Bentham Tabemaemontana sananho Ruiz et Pavon Tabemaemontana tetrastachya H.B.K. Tabemaemontana undulata Vahl - section Peschiera: Tabemaemontana echinata AubIet - section Stemmadenia : Tabemaemontana g randiflora Jacqui - section Stenosolen : Tabemaemontana heterophylla Vahl II. ECHITOIDEAE Corolle à lobes imbriqués se recouvrant sur la droite. Anthères sagittées à appendices indéhiscents, agglutinées au stigmate. Ovaire toujours apocarpe. Graines à aigrette (sauf Malouetia et O. grandiflora). 4. Echitideae - Anthères incluses dans le tube de la corolle 4.1. Fleur petite (moins de 1 cm). Stigmate simple en aiguille Secondatia A. DC (arbuste grimpant) 89 4.2. Fleur grande (plus de 1 cm). Stigmate complexe Apocynum L. Nerium L. (arbuste introduit) Mandevilla Lind!. (lianes) Mesechites Muell. Arg. (lianes) Odontadenia Muel!. Arg. (lianes) Rhabdadenia Muel!. Arg. (lianes) Funtumia Stapf. (petits arbres - Afrique) Strophantus DC (arbustes grimpants - Afrique, Madagascar, Indomalaisie) 5. Parsonsieae - Anthères dépassant de la gorge. Fruit toujours folliculaire. 5.1. Graines sans aigrette Malouetia guianensis (Aubiet) Miers Malouetia furfuracea Spruce ex Muel!. Arg. Malouetia tamaquarina (Aubiet) A. DC 5.2. Graines à aigrette Forsteronia G.F.W Mey. (lianes) Prestonia R. Br. (lianes) Flore Forestière de Guyane LES PALMIERS (ARECACEES) M. GAZEL Janvier 1995 2 TABLE DES MA TIERES I. Introduction ........................................................................... p 04 II. Caractères généraux des palmiers ............................................ p 05 III. Note rapide sur la classification générale des palmiers .............. p 08 IV. Etude des palmiers de Guyane ................................................ p 11 1.Sous-famille des Lepidocaryoideae Mauritia flexuosa ............................................................. p Il 2. Sous-famille des Arecoideae 2.1 Tribu des Areceae ............................................... ......... p 13 Euterpe oleracera ..................................................... p Oenocarpus bacaba ................................................ .... p Jessenia bataua .......................................................... p Hyospathe elegans ..................................................... p Roystonea oleracea .............................................. ...... p Manicaria saccifera ................................................... p 13 15 17 19 20 21 2.2. Tribu des Iriarteeae Socratea exorrhiza .................................................... p 23 2.3. Tribu des cocoeae 2.3.1. Sous-tribu des Butiinae Cocos nucifera .............................................. ... p 26 Syagrus inajai .................................................. p 28 3 2.3.2. Sous-tribu des Attaleinae Maximiliana maripa ......................................... p 29 Orbignya sagotii .... ,.. .... .................................... P 31 2.3.4. Sous-tribu des Elaeidinae Elaeis oleifera .............. , .................................. p 32 2.3.5. Sous-tribu des Baetridinae Aeroeomia lasiospatha ...................................... p 33 Genre Astroearyum ......................................... P 35 Astroearyum vulgare ............................... p 36 Astroearyum sciophilum .......................... p 38 Astroearyum paramaea ............................ p 39 Astroearyum munbaea ............................. p 40 Genre Baetris .................................................. P 41 Baetris gasipaes ....................................... p 43 Baetris major ...... .................................... P 44 Genre Desmoneus ............................................ p 46 2.4. Tribu des Geonomeae Genre Geonoma ....... ........................................ P 48 Geonoma baeulifera ................................ P 50 Geonoma strieta ...................................... p 51 Geonoma maxima ................................... p 52 4 LES PALMIERS (PALMEES, PALMACEES ou ARECACEES) Embranchement des Phanérogames (Plantes à graine visible) Sous-embranchement des Gymnospermes ou résineux (ovules nus) Sous-embrancbem"nt des '- Angiospermes "'--, (ovules protégés par un réceptacle) Classe des Dicotylédones Classe ~s Monocotylédones (1 seûlê6tylédon: cycle trimère absence de méristème secondaire) /0 Ordre des Spadiciflores \ Famille des Palmiers 1. Introduction Les recherches récentes COc.os en paléo-botanique conduisent f!~u( <:( à penser que la famille des palmiers était déjà largement représentée au Crétacé moyen sur chacun des deux i\r;y \.)~ Supercontinents, Laurasie et Gondwana, résultant de la dislocation de la Pangée. .l" ~trl(ct ..:\ ~ '"'" ,,0 J.il! t. phl1t.S Modelée par une longue évolution, cette ramille est aujourd'hui très diversifiée. Elle comprend environ 200 genres et 2500 espècesrencontréés principalement dans les régions tropicales. Les centres d'extension les plus importants sont l'Amérique Centr~le et s.~"" loi U 5 l'Amérique du Sud qui comptent 87 genres et 1200 espèces, ainsi que le Sud-Est Asiatique, l'Océanie et Madagascar. En Amazonie et dans les Guyanes, les palmiers constituent partout une composante importante de la flore forestière. A l'inverse, on constate qu'ils sont presque absents des forêts denses de l'Afrique de l'Ouest, où la flore présente pourtant beaucoup d'affinité avec celle de l'Amérique tropicale. Cette étonnante disjonction, qui concerne essentiellement la sous-famille des Arécoidées, a donné lieu à plusieurs hypothèses. On pense en particulier que les périodes de sécheresse liées aux glaciations du pléistocène pourraient être à l'origine de la régression des palmiers africains. II. Caractères généraux des palmiers Les palmiers sont des végétaux ligneux, parfois acaules ou lianescents, le plus souvent à tronc droit et élevé (stipe), simple ou rarement ramifié. Ils poussent isolés pied à pied, ou rassemblés en touffe sur un système racinaire commun. Dans ce dernier cas, ils sont qualifiés de cespiteux (exemple du palmier-pinot). Au début de sa croissance, le palmier forme au niveau du sol des entre-noeuds nombreux et rapprochés qui déterminent chacun l'apparition d'un nouveau cycle de racines et de faisceaux libéro-ligneux. Par la suite, lors de la croissance aérienne du stipe, le diamètre reste à peu près constant, ne pouvant être modifié que par un léger épaississement des tissus primaires. En effet, comme toutes les monocotylédones, le palmier est dépourvu d'assises génératrices secondaires productrices de bois. Le stipe reste formé par la juxtaposition des faisceaux libéro-ligneux primaires noyés dans un tissu parenchymateux non différencié. Il ne possède ni moelle, ni écorce véritable, et lorsqu'il subit une blessure, il ne peut produire de nouveaux tissus pour la refermer. Les feuilles sont d'abord entières et pliées en éventail dans le bourgeon, puis elles se divisent généralement par déchirure pour former des feuilles faussement composées, de type penné ou palmé. Ce mode de formation est unique chez les angiospermes (Les éléments qui résultent de cette division du limbe peuvent être appelés segments, pinnules ou simplement folioles). On attache une importance taxonomique au caractère des folioles qui peuvent être indupliquées (section en V ouvert vers le haut) ou rédupliquées (sectidn en V renversé) ; il convient toutefois d'observer que les folioles sont rédupliquées chez tous les palmiers de Guyane. La base épaissie et élargie du pétiole qui entoure le stipe est appelée gaine. Chez quelques palmiers de la sous-famille des Arécoidées, cette gaine est tubulaire et l'ensemble des gaines imb~~quées 6 forme une hampe très caractéristique: on la remarque en particulier chez le palmier-pinot et le palmier royal. Les inflorescences des palmiers, appelées spadices (n.m.)naissent généralement solitaires à l'aisselle des feuilles. II arrive souvent qu'elles se développent après la chute des feuilles: elles paraissent alors isolées sur le stipe, comme c'est le cas chez les palmiers à gaine tubulaire. L'axe principal est formé d'un pédoncule et d'un rachis. Les ramifications qui portent les fleurs sont appelées rachillas (ou rachillae, pluriel de rachilla, n.f.). Deux bractées appelées spathes (n.f.) ont ordinairement un développement particulier : la bractée basale, ou spathe externe, est souvent membraneuse et cachée par la base foliaire. La bractée pédonculaire, ou spathe interne, peut être beaucoup plus grande, bien visible et caractéristique, ligneuse, fusiforme et persistante. Les fleurs des palmiers sont trimères et possèdent une structure commune chez les monocotylédones (3 + 3 tépales, 3 + 3 étamines, 3 carpelles). Le terme de "tépale" rappelle que les deux cycles du périanthe sont concolores mais n'implique pas qu'ils soient semblables. En fait, chez les palmiers de Guyane, qui appartiennent aux sous-familles des Lepidocaryoidées et des Arécoidées, le calice et la corolle sont bien différenciés et il est plus commode de parler de sépales et de pétales plutôt que de tépales dans la description des fleurs. Le nombre des étamines est ordinairement de 6, exceptionnellement de 3, parfois de 12 ou beaucoup plus grand comme c'est le cas chez Manicaria saccifera et Socra/ea exorrhiza. L'ovaire supère, tricarpellé, comporte généralement trois loges, ou une seule par dégénérescence, avec un ovule par loge. Chez toutes les espèces décrites ci-après pour la Guyane, les fleurs sont devenues unisexuées par évolution, avec dégénérescence des étamines ou de l'ovaire. Les fleurs mâles possèdent le plus souvent un petit pistillode trilobé et les fleurs femelles six staminodes réduites parfois à un anneau staminodiaI. Le palmier-bâche (Mauritia flexuosa) est le seul palmier dioïque de Guyane : les fleurs mâles et les fleurs femelles sont portées par des arbres différents. Chez le genre Elaeis, les spadices sont unisexués, mâles et femelles étant portés par un même arbre. Enfin chez tous les autres palmiers guyanais, les fleurs sont typiquement groupées en triades (deux fleurs mâles entourent une fleur femelle) au moins sur la partie inférieure des rachillas. L'extrémité des rachillas ne porte souvent que des fleurs mâles. Le fruit des palmiers, toujours indéhiscent (caractère évolué), comporte plusieurs enveloppes dont l'importance relative varie selon les espèces. Le plus souvent, ce fruit est une drupe : la partie externe est formée d'un mésocarpe charnu plus ou moins fibreux, recouvert d'une peau fine ; la partie interne est formée d'un endocarpe (llPyau) 7 .' généralement très dur, percé de trois pores de germination, renfermant une graine (amande) à albumen blanc, dur, riche en lipides et dépourvu d'amidon. L'embryon, petit et peu visible, est situé à la périphérie de l'albumen, en position basale, latérale ou apicale selon les espèces. La graine est dite ruminée lorsque le tégument interne (testa) forme des excroissances à l'intérieur de l'albumen. Chez le cocotier, le mésocarpe épais et fibreux n'est nullement charnu et l'on dira que le fruit est une noix. Chez certains palmiers, l'endocarpe se réduit au point de disparaître presque complètement: le fruit est alors une baie. La plantule se développe au travers de l'un des pores de germination, soit contre le fruit, soit au bout d'un pédoncule (pétiole cotylédonnaire ?) plus ou moins long. Les premières feuilles conservent une forme tubulaire (cataphylles). La première feuille déployée (éophylle) a souvent une forme différente de celle des adultes, forme qui constitue un caractère taxonomique intéressant. Les utilisations traditionnelles des palmiers sont très nombreuses et elles ont encore une importance économique de premier plan chez beaucoup de populations des pays chauds. Eu Guyane toutefois, ces ressources, autrefois exploitées, sont souvent perdues de vue ou délaissées au profit de productions modernes plus accessibles ou plus rentables. Le stipe de plusieurs palmiers est utilisé dans la construction des villages forestiers et parfois recherché par les artisans pour la décoration, seule étant alors utilisable la partie externe du tronc où la densité des faisceaux libéro-ligneux est la plus grande. Les feuilles sont couramment récoltées pour le paillage des toitures. La confection de vin de palme par fermentation de la sève n'est plus guère pratiquée. Par contre, le "chou ou coeur de palmier" formé par les jeunes feuilles du bourgeon terminal est comestible chez toutes les espèces: il est récolté localement dans le cas des grands palmiers (maripa, patawa) et a pu faire l'objet d'une exploitation semi-industrielle dans le cas du palmier-pinot. Les fruits du parépou et de l'awara sont toujours très appréciés dans la cuisine guyanaise. Plusieurs palmiers possèdent des fruits à mésocarpe pulpeux dont on extrait un jus à grande valeur nutritive (comou, patawa, pinot). Enfin, l'amande de nombreux palmiers, blanche et dure, riche en lipides, parfois difficile à extraire, fournit une huile fine qui était utilisée autrefois dans l'alimentation ou pour d'autres usages. Les diverses utilisations des palmiers seront précisées ci-après, lors de l'étude de chaque espèce. III. Note rapide sur la classification générale des palmiers A la suite des travaux de Moore (1973), Vhl et Dransfeld (1987), les Arécacées sont aujourd'hui classées en 6 sous-familles. On en rappellera quelques caractères essentiels en vue de faire apparaître la position taxonomique des espèces guyanaises: 1. Nypoideae Nypa fruticans, espèce unique de la sous-famille des Nypoideae, subsiste aujourd'hui dans les mangroves du Sud-Est Asiatique, parfois en peuplements presque purs. C'est l'une des 7 espèces actuelles d'angiosperme dont les restes fossiles sont les plus anciens qui aient été identifiés (gisements du Maestrichtien à Bornéo et en Afrique de l'Ouest, du paléocène au Brésil, de l'Eocène en Europe et en Amérique du Nord). Espèce monoïque - fleurs à 6 tépales semblables ; chez les mâles, 3 étamines soudées en une colonne axiale et chez les femelles, 3 gros carpelles libres (apocarpie) pourvus d'une simple lèvre stigmatique au sommet. 2. Coryphoideae Palmiers aux caractères souvent archaïques, à feuilles indupliquées, pennées uniquement chez le genre Phoenix et palmées chez les autres genres. Fleurs souvent hermaphrodites, à carpelles folliculaires libres (apocarpie) ou diversement connés. Principaux genres: Corypha, Chamaerops (c. humilis est naturel au sud de la France), Livistona (L. chinensis est planté à titre ornemental près de la cathédrale de Cayenne), Sabal, Thrinax, Phoenix (palmierdattier), Latania (Latanier des Mascareignes), Hyphaene (Palmier doum de l'est africain), etc. 3. Lepidocaryoideae ou (Calamoideae) Palmiers à feuilles rédupliquées, palmées chez les espèces américaines et pennées chez les espèces du Vieux Monde. Inflorescences pourvues de bractées tubulaires engainant les axes. Fleurs hermaphrodites ou unisexuées groupées par deux (diades). Ovaire et fruit typiquement couverts d'écailles tournées vers la base. Le palmier-bâche (Mauritia flexuosa) appartient à la tribu américaine des Lépidocaryées qui a connu une large extension en Amérique du Sud dès le paléocène. Les palmiers rotang d'Asie et d'Océanie, dont les tiges fournissent le rotin, appartiennent au genre Calamus qui est le plus important de la famille avec 370 espèc y.;;. Les .'palmiers africains du genre Raphia donnent des fibres de vannerie. On retire du Sagoutier d'Océanie (Metroxylon Sagu) une fécule alimentaire de grande importance économique. 4. Ceroxyloideae Sous-famille intéressante par son aire naturelle disjointe. Huit genres se répartissent entre la Floride, les Grandes Antilles, l'Amérique Centrale et le nord-ouest de l'Amérique du Sud. Deux genres existent à Madagascar, un aux Mascareignes, un en Australie. Les genres Pseudophoenix (Cuba et Floride), Ceroxylon (palmiercire des Andes) et Hyophorbe possèdent quelques-uns des plus beaux palmiers ornementaux. 5. Arecoideae Sous-famille aux caractères "modernes", regroupant les deux-tiers des palmiers du monde avec 140 genres et 1700 espèces. Elle montre une étonnante disjonction au niveau de l'Afrique où elle n'est presque pas représentée. Palmiers monoïques, à feuilles pennées rédupliquées (exceptionnellement indupliquées chez les Caryota). Inflorescences bisexuées à fleurs typiquement groupées en triades, 2 fleurs mâles entourant une fleur femelle. Il n'est guère possible de citer ici les principaux genres tant ils sont nombreux (Caryota, Cocos, Elaeis, Maximiliana, Acrocomia, Bactris, etc.). Tous les palmiers de Guyane, à l'exception de Mauritia Flexuosa, appartiennent à cette sous-famille, elle-même subdivisée en de nombreuses tribus et sous-tribus. Le palmier d'arec ou "multipliant" (Chrysalidocarpus lutescens), originaire de Madagascar, est l'un des palmiers ornementaux les plus répandus dans les jardins guyanais. Le palmier céleri (Caryota urens), originaire d'Asie, possède des feuilles bipennées très particulières: il a été également transplanté dans de nombreux pays à titre ornemental. 6. Phytelephantoideae Cette petite sous-famille de 3 genres et 15 espèces aux caractères très singuliers est confinée au Nord-Ouest de l'Amérique du Sud. Elle semble s'être différenciée au miocène, en liaison avec la surrection des Andes. Palmiers inermes à feuilles pennées, dioïques, présentant un dimorphisme accusé des inflorescences. Fleurs mâles à étamines très nombreuses, jusqu'à 1000. Fleurs femelles à tépales linéaires, avec un ovaire formé de 5 à 10 carpelles connés à long style. 10 ~.: A titre d'exemple, on peut citer le palmier-ivoire de Colombie et de l'Equateur (Phytelephas macrocarpa) dont l'amande très dure est utilisée comme ivoire végétal par les artisans. 11 .: IV. Etude des palmiers de Guyane 1. Sous-famille des Lepidocaryoideae Mallritia .flexu.osa Linné fils Palmier-bâche, moriti Le palmier-bâche est éloigné des autres palmiers guyanais dans la classification générale des Arécacées. Il appartient à la tribu néo tropicale des Lépidocariées (palmiers à fruit couvert d'écailles) qui a connu une large extension en Amérique du Sud dès le paléocène, il y a environ 60 millions d'années. Le nom de genre Mallritia dérive du nom vernaculaire moriti ou miriti usité en Amazonie. L'aire naturelle de Mallritia flexllosa s'étend à toute l'Amérique du Sud tropicale ainsi qu'à l'Ile de Trinidad. Il est très commun dans les stations inondables ou mouilleuses des régions côtières mais absent ou rare, disséminé le long des criques, dans les forêts de l'intérieur. Les dimensions ordinaires du palmier-bâche sont de 20 m de hauteur et 35 cm de diamètre, mais il dépasse parfois 30 m avec un diamètre de 60 cm. Il pousse pied à pied. Ses racines ont une extension considérable, pouvant s'éloigner à plus de 40 m de l'arbre. En terrain marécageux, chaque palmier est entouré d'un paillasson de petites racines aériennes dressées (pneumatophores) issues des racines principales et servant à la respiration. Le palmier-bâche est dépourvu d'épines. C'est le seul palmier guyanais à posséder des feuilles digitées (ou plus précisément "costapalmées" car le pétiole qui porte à son sommet des folioles digitées est prolongé par un petit rachis portant des folioles à disposition pennée). On compte 9 à 15 feuilles vivantes et plusieurs feuilles mortes qui restent pendantes quelques années avant de se détacher. Les folioles ou segments sont dits rédupliqués, c'est-à-dire à section en V renversé, ouvert vers le bas (caractère commun à tous les palmiers de Guyane). Le palmier-bâche est également le seul palmier dioïque de Guyane. Ses inflorescences (spadices) naissent isolées à l'aisselle des feuilles. Elles présentent une structure presque semblable chez les arbres mâles et femelles. L'axe principal est composé d'un pédoncule épais et court (10 cm) prolongé par un long rachis (2,5 m) portant une trenta~!:e de 12 .' branches distiques, pendantes, longues de 1 m environ. Chez les inflorescences mâles, ces branches sont pourvues de petites ramifications alternes de 6 cm qui portent chacune une cinquantaine de fleurs. Chez les inflorescences femelles, les ramifications sont plus courtes CI cm) et portent seulement quelques fleurs. Pétiole, rachis, branches et ramifications sont couverts de bractées tubulaires courtes, à insertion distique, qui se superposent partiellement. La base des fleurs est entourée de bractéoles en tube ou en cupule. Fleur mâle orange, à calice tubulaire de 3 mm obscurément trilobé. Corolle allongée (10 mm) à 3 pétales soudés à la base, libres sur 7 mm, valvaires, charnus. 6 étamines à filament court et épais, basifixes, latrorses (les anthères s'ouvrent par une fente latérale). Pistillode minuscule ou absent. Fleurs femelles plus grandes que les mâles (20 mm) à calice tubulaire brièvement trilobé. Corolle à base tubulaire avec 3 lobes valvaires de 10 mm. 6 staminodes adnées à la corolle. Ovaire ellipsoïde couvert de fines écailles, à trois loges uniovulées, surmonté d'un style conique court. Ovules fixés à la base, anatropes. Fruit globuleux de 4 à 6 cm, couvert de petites écailles vernissées tournées vers la base, jaune ou brun rouge. Mésocarpe pulpeux, blanchâtre, épais de quelques millimètres. Noyau globuleux de 4 cm à endocarpe peu épais, contenant une amande blanche et dure. Embryon subbasal. Un palmier peut porter plus de 5000 fruits à la fois. Ces fruits sont disséminés au loin par les courants et se déposent jusque sur les plages. Les utilisations du palmier-bâche, "arbre de vie" des indiens de l'Orénoque, sont multiples. Les spadices sont incisés avant la floraison pour recueillir la sève qui donne par fermentation du vin de palme. Des fils fins sont extraits des jeunes feuilles pour fabriquer cordes et hamacs (exploitation comparable à celle des palmiers africains du genre Raphia). Après trempage des fruits dans l'eau chaude pour enlever les écailles, on comprime la pulpe qui donne un jus rafraîchissant apprécié sur l'Amazone, appelé miriti ou improprement buriti. L'amande peut être consommée crue ou fournir une huile comestible. Le tronc est utilisé en construction dans les villages forestiers. Les fruits séchés puis vernis sont vendus comme objets-souvenir et ont servi autrefois de modèle décoratif. Il faut enfin rappeler que le palmier-bâche, dégagé de ses épiphytes et de ses feuilles mortes, est un arbre ornemental d'une exceptionnelle beauté. 13 .: 2. Sous-famille des Arecoideae 2.1. Tribu des Areceae Euterpe oleracera Martius Palmier-pinot, wassaï Le palmier-pinot occupe une aire naturelle très éteI1due en Amazonie et dans la région des Guyanes jusqu'à Trinidad. Il se rencontre en peuplements denses et parfois presque purs dans les stations basses, inondables et mal drainées, en région côtière comme dans les forêts de l'intérieur. Il occupe plusieurs millions d'hectares sur les terrasses alluviales de l'Amazone. Palmier élégant, sans épines, dont le stipe atteint 20 m avec un diamètre de 12 à 18 cm, il pousse par touffe de 5 à 25 brins qui sont en réalité des branches basses issues d'un même pied et non pas, comme on a pu le croire, des rejets pouvant naître indéfiniment d'un rhizome souterrain. La base du stipe est entourée d'un manchon de fines racines rouges en partie visibles au-dessus du plan d'eau. Sur les racines principales se développent des petites racines secondaires dressées (pneumatophores). Les deux types de racines portent de minuscules radicelles coniques, blanchâtres et pulvérulentes, spécialisées dans la fonction respiratoire (pneumatorhizes) . Chaque palmier porte environ 8 à 14 feuilles vivantes dont la base est formée d'une longue gaine tubulaire. L'ensemble des gaines imbriquées constitue une hampe bien visible, haute de 80 à 120 cm. Pétiole (sans la gaine) 30 cm. Rachis 3 m portant 50 à 80 paires de folioles régulièrement disposées, subopposées et pendantes. On observe ordinairement une ou deux inflorescences qui ont pris naissance à l'aisselle des gaines foliaires mais ne se développent qu'après la chute des feuilles, c'est-à-dire au-dessous de la hampe. Chaque inflorescence comporte un court pédoncule (15 cm) pourvu d'une bractée basale et d'une bractée opposée, tubulaires et fusiformes (spathes) qui tombent avant la floraison. Le rachis long de 50 cm porte environ 80 branches ou "rachillas" finement tomenteuses, déployées en écouvillon. Les fleurs sont groupées en triades, 2 fleurs mâles entourant une fleur femelle sur la partie inférieure des rachillas. Aux extrémités se ;:. 14 .' trouvent des fleurs mâles groupées par deux ou isolées. La fleur mâle ovoïde allongée (5 x 3 mm) comporte 3 sépales imbriqués, 3 pétales valvaires, 6 étamines à filament court et un pistillode réduit à une minuscule colonne trifide. La fleur femelle, profondément engoncée dans les dépressions du rachilla et sous-tendue par deux bractéoles en soucoupe, est formée de 3 sépales et 3 pétales plus longs, sans staminodes, avec un ovaire à 2 loges dégénérées et 1 loge fertile coiffé d'une petite protubérance stigmatique trifide. Fruit globuleux de 10 à 15 mm de diamètre, nOIr violacé à maturité. Peau pelliculaire lisse. Pulpe peu épaisse. Noyau fibreux contenant une amande à albumen ruminé. Après germination de la graine, la plantule comporte d'abord deux éophylles tubulaires puis une première feuille, simplement bifide, non divisée en segments. Le "coeur" du palmier-pinot, formé de la pousse terminale incluse dans la hampe, est un bon comestible. Principale source de "chou palmiste", le wassaï est exploité à l'échelle industrielle en basse Amazonie. Cette exploitation, souvent pratiquée sans aucune précaution, a provoqué la dégradation ou la disparition des peuplements naturels sur d'immenses superficies. En Guyane, le Service Forestier a effectué vers 1960 des recherches sur la croissance et la régénération du palmier-pinot. Il a montré qu'il était possible d'exploiter rationnellement les peuplements en procédant à des coupes échelonnées et en laissant subsister une centaine de semenciers par hectare après le dernier passage. Hélas, de telles précautions augmentent bien sûr sensiblement le coût de l'exploitation. La pulpe du fruit de wassaï peut être consommée crue. Plus communément, on prépare par trituration des fruits dans l'eau, un jus épais, brunâtre, qui sera additionné de sucre pour donner l"'açaï", boisson nutritive et rafraîchissante consommée en Amazonie. Par ailleurs, la sève du palmier-pinot a la réputation de posséder des vertus hémostatiques et cicatrisantes. Enfin, le bois du palmier-pinot est couramment utilisé dans la construction des villages forestiers : les stipes fendus puis séchés permettent de confectionner des planchers, des cloisons ou des charpentes légères destinées à suppOlter les paillages. N.B.: Euterpe precatoria Martius est une espèce très VOIS1l1e de E. oleracera occupant la même aire naturelle et présentant des caractères botaniques presque semblables. Toutefois, il pousse isolé pied à pied en terrain sain, il atteint une taille plus grande que le palmier-pinot avec 27 f i de hauteur et 20 cm de diamètre et il est beaucoup moins fréquent. 15 Oenocarpus bacaba Martius (Palma comou AubIet) comou, bacaba (Am. latine) Le comou possède une aire naturelle très vaste incluant l'Amazonie et les Guyanes, et l'on rencontre quelques espèces voisines, appartenant au même genre Oenocarpus, jusqu'en Colombie, en Equateur et au Costa Rica. C'est un beau palmier inerme, poussant pied à pied, disséminé en forêt primaire ou secondaire dans toute la Guyane, parfois fréquent sur les sols de pente bien drainés et cultivé en région côtière. Le stipe peut atteindre 20 à 25 m de hauteur mais reste assez fin, ne dépassant guère 25 cm de diamètre. Un cône de fines racines rougeâtres est souvent en partie visible au-dessus du sol. La cime comporte une quinzaine de feuilles, les plus jeunes étant dressées, les anciennes presque horizontales. Les feuilles desséchées tombent rapidement au sol. Chaque feuille est pourvue d'une gaine basale épaisse et galbée et l'ensemble des gaines forme une forte hampe de 1 m, souvent un peu ouverte et moins cylindrique que celle du palmier-pinot. Pétiole jusqu'à 1,5 m. Rachis jusqu'à 5,5 m, portant une centaine de paires de folioles de ISO x 8 cm. Les folioles sont irrégulièrement implantées et groupées par 2 à 7 à la base du rachis; elles prennent une disposition régulière, implantées dans un même plan, vers le sommet. Elles sont vert brillant dessus, vert plus clair et mat dessous mais non pas blanchâtres comme celles du patawa. Chaque palmier porte de 1 à 3 inflorescences (spadices) qui naissent à l'aisselle des gaines foliaires mais ne se développent qu'après la chute des feuilles, par conséquent sous la hampe. Bractée basale de 30 à 100 cm, tubulaire, échancrée, aux marges typiquement dentées. Bractée pédonculaire plus grande que la précédente, fusiforme, atteignant jusqu'à 2 m. Pédoncule 20 cm. Rachis 50 cm portant environ 200 branches fines et pendantes (rachillas) longues de 1 m, d'abord jaune pâle puis rouge carminé, donnant à l'inflorescence un aspect caractéristique en queue de cheval. Les fleurs mâles et femelles sont groupées en triades sur la partie inférieure des rachillas et l'on trouve des fleurs mâles isolées ou par paire sur la partie distale. Les fleurs du comou ont une structure très semblable à celle du palmier-pinot. La floraison débute ordinairement en novembre et la récolte des fruits peut avoir lieu de février jusqu'à mai. Fruit globuleux de 25 mm de diamètre, à peau fine, lisse, noire à reflets violacés, dont le tiers inférieur reste enveloppé par le périanthe " 16 .,persistant. Pulpe peu épaisse, fibreuse, jaunâtre. Endocarpe fin et fibreux . . Graine blanche, translucide, non pas ruminée comme celle du pinot. La plantule du comou possède deux cataphylles en tube puis une première feuille chlorophyllienne dont le limbe est divisé en quatre lobes lancéolés. Le "lait de comou" obtenu après cuisson du fruit, enlèvement de la peau et trituration dans l'eau, entre dans la confection de boissons et de sorbets très appréciés en Guyane. Le bois, débité en fines lattes dans la périphérie du stipe, est utilisé en décoration, bien qu'il soit moins attrayant que·celui du patawa. 17 jessenia bataua (Martius) Burret (Palma pataua Aubiet, Oenocarpus bataua Mart., O. oligocarpa Wessels Boer) patawa Jessenia bataua possède des caractères botaniques très proches de ceux de Oenocarpus bacaba et l'on peut regretter qu'il soit placé aujourd'hui dans un genre séparé. Toutefois, en forêt, le patawa se distingue bien du comou par son feuillage régulier aux folioles larges et plus ou moins blanchâtres sur la face inférieure. Le patawa est un palmier très élégant, inerme, poussant pied à pied en forêt primaire sur sol sain ou parfois aussi en terrain inondable. Il est commun dans le nord de la Guyane mais semble disparaître au sud de Saül. Le stipe du patawa est un peu plus fort que celui du comou. Il atteint 30 cm de diamètre mais ne dépasse guère 20 m de haut. Les feuilles au nombre d'une quinzaine sont pourvues d'un gaine basale épaisse et galbée. Lors de la division des jeunes feuilles, une lanière marginale se détache et reste suspendue de façon très caractéristique à l'extrémité des folioles inférieures. On compte sur une feuille environ 90 paires de folioles régulièrement insérées dans un même plan, linéaires lancéolées Uusqu'à 100 x 10 cm), arquées vers le bas. La face inférieure des folioles est couverte de poils falciformes cireux qui lui donnent une couleur blanchâtre caractéristique. Les inflorescences du patawa ont la même structure et la même forme typique "en queue de cheval" que celles du comou. Les fleurs sont également presque semblables et disposées de la même façon sur les rachillas. Toutefois, sur l'aire globale du genre Jessenia qui comprend l'Amazonie, les Guyanes et le nord-ouest de l'Amérique du Sud, il semble que l'on puisse distinguer plusieurs sous-espèces différant par le nombre d'étamines des fleurs mâles (entre 6 et 20). Le fruit du patawa est plus gros que celui du comou, ellipsoïde (35 x 22 mm), à peau fine, lisse, noir violacé, à mésocarpe pulpeux comestible. La graine entourée d'un endocarpe noirâtre; mince et fibreux, se reconnaît facilement au sol. L'endospenne est ruminé. La première feuille chlorophyllienne de la plantule est typiquement divisée en deux lobes lancéolés. Il) .: Le fruit du patawa peut être consommé cru ou utilisé dans la confection de boissons comme celui du comou. Le coeur du palmier est également un bon comestible. Le stipe est urès dur dans sa partie externe et l'on en tire des lattes à veines noires et blanches contrastées qui sont couramment employées en décoration et en marqueterie par les artisans guyanaIs. Dans le nord de la Guyane, on a souvent signalé la disparition par places du patawa et du comou qui sont abusivement abattus pour la récolte des fruits et du chou palmiste. ;4 IY Hyospathe elegans Martius Mâle waÏ Hyospathe elegans est un petit palmier inerme, ne dépassant guère 2 ou 3 m de hauteur, poussant isolé ou par touffe de 2 ou 3 brins, commun en forêt guyanaise. Son aire naturelle s'étend à l'Amazonie et à la région des Guyanes. Stipe fin (15 mm) marqué de cicatrices foliaires annulaires plus ou moins espacées et pourvu à la base d'un petit cône de racines aériennes. Les feuilles possèdent une étroite gaine tubulaire dont l'ensemble forme une hampe de 15 à 20 cm. Ce caractère permet de distinguer le mâle waÏ des nombreuses espèces du genre Geonoma. Le limbe foliaire est incomplètement divisé de chaque côté en deux ou trois lobes aigus, subopposés. Les petites inflorescences, longues d'une vingtaine de centimètres, se développent sous la hampe. Elles ont l'aspect d'écouvillons à peu de branches. Les bractées basale et pédonculaire (20 cm) sont rapidement caduques. Les rachillas portent des fleurs en triade sur la partie basale et des fleurs mâles sur la partie distale. Les axes de l'inflorescence deviennent rouge vif lors de la fructification. Petits fruits ovales Cl 0 x 7 mm) à peau lisse presque noire à maturité. Mésocarpe fibreux. Endocarpe dur et fin. Amande homogène, non ruminée. 20 Roystonea oleracea (Jacguin) O. F. Cook Areca oleracea Jacquin (1763) Palmier royal Les caractères botaniques du palmier royal le rapprochent des genres étudiés précédemment (Euterpe, Oenocarpus et Jessenia). C'est un très beau palmier bien connu des Guyanais car il a été introduit dans de nombreuses propriétés dès le XVlIIème siècle et constitue l'ornement principal de la majestueuse Place des Palmistes à Cayenne. Toutefois, étant originaire de Floride et des Grandes Antilles, il ne fera ci-après l'objet que d'une description succincte. Nom de genre donné en l'honneur de l'ingénieur américain Roy Stone (1835-1905). Palmier inerme, poussant pied à pied, au stipe lisse et droit souvent renflé à la base ou à mi-hauteur. Le palmier royal peut atteindre une hauteur de 40 m et un diamètre de 70 cm. Il compte ainsi parmi les plus grands palmiers du monde. Les puissantes gaines foliaires forment une belle hampe vert clair haute de 2 m ou plus. On dénombre environ 15 feuilles disposées en touffe sommitale, arquées, longues de 3 à 5 m. Les folioles sont insérées dans deux plans différents. Les jeunes feuilles dont le limbe est encore replié sur lui-même forment une flèche qui dépasse du houppier et qui est inclinée dans la direction des vents dominants. Les spadices se développent sous la hampe. Ils portent des petits fruits ronds ou oblongs (12 mm) de couleur noir violacé, dont la pulpe mince est comestible. Beaucoup d'oiseaux consomment ces fruits et assurent la dissémination des graines. Le bois du palmier royal a été couramment utilisé autrefois dans la construction traditionnelle, sous forme de planches équarries tirées de la partie externe du stipe. Pourtant, il se révèle très sensible aux attaques de termites. 21 Mallicaria sacc([era J. Gaertner Toulouri Manicaria saccifera se rencontre dans les forêts subcôtières du nord de l'Amérique du Sud, depuis la basse vallée de l'Amazone à l'est, jusqu'aux formations marécageuses de Colombie et du Guatemala à l'ouest. En Guyane, il est rare et disséminé par taches entre Saint-Georges de l'Oyapock et Cayenne. La raréfaction du toulouri semble due en beaucoup d'endroits aux abattages pratiqués pour la récolte de ses feuilles, traditionnellement les plus recherchées pour la confection des paillages. Le toulouri est un palmier inerme, poussant pied à pied. Le stipe atteint 30 cm de diamètre mais ne dépasse pas 6 m de hauteur. Sur la partie inférieure, les cicatrices foliaires sont saillantes et bien visibles. La partie supérieure reste cachée par les gaines foliaires persistantes. On compte environ 10 feuilles vivantes d'aspect très caractéristique, dressées, longues de 8 m, au limbe incomplètement divisé, large de 2 m ou plus, bifide à l'apex. Inflorescences axillaires composées d'un pédoncule court (10 cm) et d'un rachis de 60 cm portant une cinquantaine de rachillas resserrées le long de l'axe jusqu'à maturité des fruits. Bractée basale aplatie et cachée par les gaines foliaires. Première bractée pédonculaire (spathe interne) très caractéristique longue de plus de 1 m, enveloppant complètement l'inflorescence comme un sac de grosse toile fibreuse sans suture. Cette enveloppe ne se déchire qu'au moment de la fructification et semble donc faire obstacle à toute pollinisation croisée chez le toulouri. Les rachillas portent un petit nombre de fleurs en triade à la base et des fleurs mâles très serrées sur le reste de l'axe. Fleur mâle composée de 3 sépales imbriqués (3 mm) et de 3 pétales valvaires et charnus (7 mm) qui abritent 20 à 34 étamines à anthère linéaire introrse, sans pistillode. Fleur femelle plus grande avec 3 sépales larges et imbriqués (7 x 8 mm), 3 pétales valvaires et charnus (10 x 6 mm), une dizaine de staminodes réduites au filet et un ovaire lobé à trois loges fertiles surmonté d'un style court à stigmate trifide. Fruit très caractéristique souvent déposé par les courants le long des plages. Ce fruit est simple et sphérique (7 cm) ou composé de 2 ou 3 lobes globuleux soudés latéralement, couvert d'aspérités coniques issues du mésocarpe spongieux. Endocarpe lisse et fin (1 mm). 1 à 3 graines globuleuses contenant une amande à chair homogène avec une cavité centrale. La première feuille des plantules est bifide. 22 _: Manicaria saccifera possède des caractères originaux qui le place nettement à part dans la tribu des Arecaceae (feuille imparfaitement divisée, spathe interne en forme de sac enveloppant complètement l'inflorescence, fleur mâle à étamines nombreuses, fleur femelle à 3 loges fertiles et fruit simple ou 2-3 lobés). Les taxonomistes le rangent dans la sous-tribu des M anicariinae comportant un seul genre avec 4 espèces, toutes sud-américaines. 23 2.2. Tribu des lriarteeae SOC/'atea exorrhiza (Martius) H. Wendland (Iryartea exorrhiza Martius) awara-mon-père, awara-monpé La tribu des lriarteeae regroupe 6 genres et 50 espèces de palmiers d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud au port très caractéristique, pourvus de grosses racines aériennes disposées en cône et de feuilles pennées à folioles deltoïdes, dentées, déployées en éventail. Cette tribu pourrait avoir une très ancienne parenté avec celle des Caryoteae dont l'aire naturelle est aujourd'hui limitée à l'Asie du Sud-Est. Socratea exorrhiza est un palmier bien reconnaissable, rencontré en forêt primaire dans tout le nord de l'Amérique du Sud, poussant pied à pied aussi bien en station marécageuse que sur sol de pente bien drainé. C'est le seul palmier de Guyane à être pourvu de grandes racines échasses cylindriques, hautes de 2 m, années de lenticelles coniques épineuses. Stipe élancé pouvant atteindre 20 m ou plus avec un diamètre de 15 à 20 cm. Feuilles peu nombreuses, pourvues d'une gaine tubulaire de 80 cm environ. L'ensemble des gaines imbriquées forme une belle hampe vert bleuté. Pétiole tomenteux (50 cm) . Rachis Uusqu'à 250 cm) portant environ 15 paires de folioles deltoïdes ou elliptiques tronquées, dentées, déployées dans un plan horizontal, parfois secondairement divisées. Les inflorescences se développent sous la hampe. Elles sont d'abord dressées puis pendantes, pourvues d'une spathe basale persistante de 12 cm et de plusieurs spathes pédonculaires de taille croissante (jusqu'à 60 cm), caduques. Pédoncule de 30 cm environ. Rachis plus court (10 cm). Rachillas peu nombreuses, raides, irrégulières (30 à 50 cm), portant des fleurs en triades et parfois des fleurs mâles isolées sur la partie distale. Fleurs jaunâtres avec des sépales imbriqués et des pétales plus longs que les sépales, épais, valvaires. Les fleurs mâles possèdent environ 40 étamines à court filament et anthères basifixes, linéaires, latrorses, ainsi qu'un minuscule pistillode. Les fleurs femelles possèdent 6 staminodes minuscules et un ovaire à 3 loges surmonté d'un stigmate trifide. Ovules orthotropes. Fruit ellipsoïde (27 x 20 mm) à peau lisse, brun jaune, avec un endocarpe fin et une amande homogène à petite cavité centrale. 24 .' La première feuille déployée de la plantule est bifide, à sommet dentelé. Le stipe de l'awara-monpé est très dur et durable dans sa partie externe, mou et périssable, rapidement évidé par la pourriture à l'intérieur. Au début de l'époque de l'orpaillage, on utilisait couramment ces stipes comme éléments de canalisation, pour amener l'eau des criques vers les sluices. 2S base oe \' arbre fleurs en triade 26 2.3. Tribu des Cocoeae 2.3. 1. Sous-tribu des Butiillae Cocos l1uc(fera Linné cocotier Probablement originaire d'Océanie, le cocotier était déjà disséminé dans tout le monde tropical avant l'époque des grands navigateurs. Il est commun, souvent cultivé, et se régénère parfois spontanément dans la région côtière de Guyane. Palmier inerme, poussant pied à pied, dont le stipe atteint 20 m ou plus avec un diamètre de 30 cm. La base du stipe est élargie au-dessus des racines. On compte 15 à 25 feuilles vivantes. Pétiole de 1 m. Rachis de 3 m portant une centaine de folioles aiguës (70 x 5 cm) disposées très régulièrement dans un même plan. Les bases foliaires ne forment pas de hampe mais sont pourvues d'une gaine de tissu fibreux caractéristique, bien visible sur les jeunes sujets. Les inflorescences se développent à l'aisselle des feuilles vivantes, à l'intérieur du houppier. Spathe basale fibreuse, peu visible. Spathe interne ligneuse, fusiforme, longue de 1 m, bien apparente. Le rachis porte une trentaine de rachillas disposées en écouvillon, chacune portant ordinairement une triade de fleurs près de la base et uniquement des fleurs mâles sur la partie distale. Fleur mâle composée de 3 petits sépales imbriqués, de 3 pétales valvaires coriaces, de 6 étamines à anthères linéaires latrorses et d'un petit pistillode trilobé. Fleur femelle beaucoup plus grosse avec 3 sépales imbriqués, 3 pétales coriaces également imbriqués, un anneau staminodial réduit, un ovaire large à 3 loges surmonté d'un stigmate trilobé très réduit. Le fruit ou noix de coco est de forme ovale (30 x 20 cm) obscurément trilobée. Epicarpe lisse. Mésocarpe très épais, sec et fibreux. Endocarpe sclérifié, très dur, pourvu de 3 pores de germination à la base. Graine blanche homogène avec une large cavité contenant de l'albumen liquide (lait de coco). La noix de coco mûrit en 9 mois. Les variétés ordinaires de cocotiers ne produisent des fruits qu'à l'âge de 5 à 7 ans, tandis que certains hybrides de cocotiers nains fructifient dès la troisième année. Utilisée de tout temps dans l'alimentation locale, la noix de coco fait l'objet de culture industrielle depuis le milieu du XIXème siècle. La chair ;4 27 .' blanche de la graine ou "coprah" a d'abord été utilisée dans la fabrication de savon, puis pour la production d'huile alimentaire, les résidus de la pulpe servant d'aliment du bétail. Le rendement en huile est toutefois inférieur à celui du palmier à huile et du soja (3 tonnes par hectare et par an pour le cocotier contre 7 tonnes pour le palmier à huile) et la mécanisation de l'extraction est plus difficile. Les coques dures peuvent être transformées en charbon de bois. Les fibres du mésocarpe sont utilisées pour la confection de matelas ou de filtres à air. Le bois du cocotier, très fibreux, mi-dur, à veines rouges et blanches contrastées, a parfois été utilisé dans la construction mais il exige un traitement rigoureux contre les moisissures. En outre, il forme des échardes dangereuses lors de la mise en oeuvre. ;4 Syagrus ina/ai (Spruce) Beccari inajaï, parépou-diable, feuille-chasseur (jeunes sujets) Palmier inerme de taille petite à moyenne, assez commun en sousétage, sur sol sain, dans les forêts primaires d'Amazonie et des Guyanes. Le stipe presque lisse dépasse rarement 10 m de hauteur et 10 cm de diamètre. Chez les jeunes sujets, les feuilles restent longtemps entières, bifides. Chez les arbres adultes, on compte environ 10 feuilles vivantes dressées puis arquées, pourvues d'une gaine basale fibreuse qui se désagrège. Pétiole 40 cm. Rachis 2 m. Environ 100 paires de folioles fines et aiguës (70 x 3 cm), typiquement groupées par 3 à 5 avec un angle d'insertion variable (on reconnaît pratiquement le parépou-diable à son feuillage). Les inflorescences se développent à l'aisselle des feuilles vivantes. Axe de 70 cm dressé puis incurvé, vert, portant une vingtaine de rachillas longues de 40 cm devenant jaune clair, pendantes à la fructification. Chaque inflorescence est pourvue d'une spathe externe (ou bractée basale) de 30 cm, membraneuse, brune, peu visible, et d'une spathe interne (ou bractée pédonculaire) ligneuse, fusiforme, aiguë, longue de 1 m ou plus, qui l'abrite entièrement. Fleurs mâles et femelles en triades sur la moitié inférieure des rachillas et uniquement mâles sur la moitié supérieure. Les fleurs mâles ont 6 étamines linéaires à court filet et un petit pistillode trifide. Les fleurs femelles ont un anneau staminodial réduit, à 6 dents, et un pistil triloculaire à stigmate trifide. Fruit oblong (4 x 2,7 cm) à épicarpe lisse jaune orangé, à mésocarpe fibreux, à endocarpe dur, épais de 3 mm, possédant 3 pores à la base. Amande creuse en son centre, blanche, homogène, douce, pouvant être consommée crue. On observera que ce fruit ressemble, par sa structure, à une petite noix de coco. N.B. : Syagrus stratincola W. Boer est un palmier rencontré dans le Sud du Surinam et de la Guyane sur affleurements granitiques. Il ressemble à Syagrus inajai mais s'en distingue au moins sur deux points : il pousse en touffe de deux ou trois brins et ses fruits presque sphériques (4 cm) sont finement striés longitudinalement. 2<) 2.3.2. Sous-tribu des Attaleinae Maximiliana maripa (Correa) Drude manpa Le maripa se rencontre en forêt primaire à l'état disséminé dans toute la Guyane. Son aire naturelle s'étend au nord de l'Amérique du Sud et à Trinidad. Il préfère la proximité de zones inondables ou marécageuses, les terrasses alluviales, mais se rencontre aussi en terrain sain, sur sol de pente bien drainé. Ïl est parfois très fréquent dans les formations secondaires. Palmier inerme, poussant pied à pied, au stipe parfois grêle en terrain ouvert (10 cm et 15 cm de diamètre) mais pouvant atteindre plus de 20 met 40 cm de diamètre en station forestière favorable. Environ 10 à 15 feuilles très grandes, longuement arquées, dont les gaines puissantes et galbées sont disposées le long du stipe en 5 à 7 rangées verticales, droites et légèrement spiralées. Les bases foliaires ainsi que les inflorescences desséchées persistent au sommet du stipe. Pétiole de 1 à 3 m à bords tranchants. Rachis de 4 à 8 m portant jusqu'à 250 paires de folioles groupées par 4 à 9 avec un angle d'insertion variable. Folioles de 1 m environ dont la moitié supérieure s'incline vers le sol, donnant au feuillage un aspect caractéristique. Les inflorescences se développent à l'aisselle des feuilles vivantes. Fort pédoncule à section ronde, long de 60 cm environ, pourvu d'une spathe basale aplatie, fibreuse, et d'une spathe interne très caractéristique, grande et large (150 x 40 cm), aiguë, ligneuse, abritant toute l'inflorescence. Rachis de 70 cm environ, portant jusqu'à 300 rachillas. Certaines inflorescences ne portent que des fleurs mâles, d'autres des fleurs des deux sexes. Chez ces dernières, les rachillas portent des fleurs en triade à la base et des fleurs mâles, souvent stériles, vers le sommet. Les fleurs mâles possèdent 6 étamines beaucoup plus longues que les pétales, bien visibles sur les rachillas, à filet ténu (3 mm) et anthères linéaires (10 mm) latrorses, sans pistillode. Les fleurs femelles sont beaucoup plus grandes que les mâles, ovoïdes, pourvues d'un anneau staminodial épais et d'un pistil triloculaire surmonté d'un stigmate à 3 lobes réfléchis. Fruit ovoïde aigu (7 x 4 cm) enveloppé jusqu'au milieu par les tépales et pourvu à l'apex des stigmates persistants. Peau brun pâle fine et ;' 30 .,fibreuse, facile à enlever. Mésocarpe charnu, épais de 4 mm, jaune orangé, comestible constituant le "beurre de maripa". Endocarpe épais et sclérifié pourvu de 3 pores de germination près de la base, contenant 1 (ou parfois 2-3) graine blanche, dure et homogène. Le coeur de la pousse terminale, très volumineux, est un excellent comestible connu sous le nom de "chou maripa". Il est toutefois difficile à dégager de l'enveloppe ligneuse. Le bois du maripa est utilisé en décoration comme celui du patawa et parfois également en construction. Les spathes ligneuses sont utilisées comme corbeilles de fruits ou en éléments décoratifs. :3 1 Orbignya sagotii Trail ex lm Thurm (Attalea sago/ii Benoist) macoupl Orbignya saga/ii et O. polysticha sont des palmiers inermes, paraissant acaules mais possédant en réalité un stipe souterrain réduit. On rencontre Orbignya saga/il dans les forêts primaires du nord de l'Amérique du Sud, le plus souvent en terrain inondable. 8 à 14 feuilles arquées, très grandes, formant un entonnoir collecteur de feuilles mortes. Pétiole 50 à 250 cm. Rachis jusqu'à 7,50 m portant une centaine de paires de folioles disposées régulièrement dans un même plan. Inflorescences dressées au milieu des feuilles, la base et la spathe externe (50 cm) en partie cachées dans le terreau. Grande spathe interne fusiforme large (80 x 25 cm) , ligneuse, persistante. Les inflorescences sont bisexuées ou uniquement mâles, avec la même structure que celles du maripa. Fleurs mâles avec de nombreuses étamines (6 à 30) aux anthères typiquement enroulées sur elles-mêmes. Fleurs femelles beaucoup plus grandes avec un fort anneau staminodial et un ovaire à 3-7 loges surmonté d'un style 3-7-1obé. Fruit de même structure et de même couleur ocre que celui du maripa, un peu plus petit (4,5 x 3 cm), contenant de 1 à 3 graines. 32 2.3.3. SOlls-tribu des E/aeidinae Elaeis oleijera (Kunth) Cortès palmier à huile d'Amérique, corozo Le genre Elae is est le seul genre de la tribu des Cocoeae à être représenté à la fois en Amérique et en Afrique intertropicales. Elae is guineensis, originaire d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale, naturalisé aujourd'hui dans tous les pays de la zone équatoriale, est la principale plante cultivée dans le monde pour la production d'huile alimentaire. Elaeis oleifera est originaire d'Amérique Centrale et de Colombie. Il a été disséminé par les Amérindiens et se rencontre en Guyane dans la région de Mana. Ses caractères seront rappelés succinctement. Petit palmier inerme, possédant toutefois des bractées épineuses à la base des fleurs femelles. Stipe court de 1,5 à 4 m, recouvert par les bases foliaires persistantes, parfois en partie rampant. Feuilles nombreuses, environ 45. Pétiole de 2 m canaliculé, aux marges dentées. Rachis de 2,5 m portant 60 paires de folioles (60 x 3 cm) régulièrement disposées dans un même plan. Spadices unisexués pourvus de deux spathes fibreuses, la spathe externe de 30 cm, la spathe interne de 50 ou 60 cm. Pédoncule 40 cm. Rachis 20 cm portant chez les inflorescences mâles 50 rachillas de 12 cm et chez les inflorescences femelles des rachillas plus nombreuses, plus courtes, acuminées, formant un cône dense. Fleurs mâles logées dans de profondes alvéoles, composées de 6 tépales valvaires et de 6 étamines dont . les filets sont soudés à la base autour d'un petit pistillode. Fleurs femelles beaucoup plus grandes que les mâles, ovoïdes, composées de 6 tépales imbriqués, d'un anneau staminodial à 6 dents, d'un pistil triloculaire surmonté du style à 3 lobes larges et charnus, récurvés. Fruit ovofde (25 x 20 mm) lisse et vernissé, rouge orangé, à mésocarpe charnu riche en huile, à endocarpe épais et dur pourvu de 3 pores de germination, contenant 1 ou 2 graines à albumen blanc, homogène. L'huile de corozo est utilisée par les Amérindiens dans l'alimentation et pour les soins capillaires. Elaeis oleifera ne fait pas l'objet de culture industrielle car son rendement en huile est inférieur à celui d'E. guineensis. 33 2.3.4. Sous-tribu des Bactridinae Acrocomia lasiospatlza Martius Palma mocaïa Aubl., Acrocomia sclerocarpa Mart. moucaya, noix de coyol Le moucaya est originaire des Guyanes mais plusieurs Acrocomia aux caractères très voisins se rencontrent depuis le Mexique et les Grandes Antilles au nord jusqu'en Argentine au Sud. Il pousse pied à pied dans les savanes hautes et parfois aussi dans les forêts secondaires de la région côtière. Le stipe presque lisse, marqué de fines cicatrices foliaires rapprochées, atteint 12 m avec un diamètre de 30 cm. Il est souvent renflé sur une partie de sa longueur et porte des épines éparses vers le sommet. Feuilles nombreuses (jusqu'à 40), arquées, comportant une gaine galbée de 30 cm, un pétiole épineux de 50 cm et un rachis de 3 m. Environ 120 paires de folioles régulièrement espacées mais formant un angle d'insertion variable le long du rachis, vert foncé dessus, gris vert glauque dessous (80 x 3,5 cm). Les feuilles desséchées pendent quelque temps le long du stipe puis se détachent complètement. Inflorescences axillaires pourvues d'une spathe externe de 50 cm peu visible et d'une spathe interne de 1,3 m ligneuse et persistante, large, acuminée, épineuse dessus, jaune pâle sur la face interne. Pédoncule 50 cm épineux. Rachis 60 cm portant 180 rachillas serrées, d'un beau jaune clair ainsi que les fleurs. Les rachillas inférieures portent des fleurs mâles et femelles en triade, les supérieures ne portent que des fleurs mâles. Fleurs mâles pédicellées avec 6 étamines et un petit pistillode trifide. Fleurs femelles sessiles, deux fois plus longues que les mâles, avec 6 étamines stériles dont les filets sont unis en anneau et un pistil pubescent triloculaire surmonté d'un stigmate à 3 lobes récurvés. Fruit sphérique (3 cm) brun jaune, dit "noix de coyol". Le périanthe persistant forme une petite cupule. Mésocarpe jaunâtre, pulpeux et fibreux, un peu acide, pouvant se consommer cru. Endocarpe sphérique brun noir, épais (5 mm) et très dur, pourvu de 3 pores de germination à mi-longueur. Amande blanche, ferme, homogène, avec une cavité étoilée. Les amandes, difficiles à extraire, donnent une huile jaune d'or utilisée en 34 alimentation et en parfumerie. L'endocarpe de la nOIx de coyol est également utilisé en artisanat. 3S Genre Astrocaryum G.F.W. Meyer (1818) Le genre Astrocaryum regroupe des palmiers très epIl1eux qUI diffèrent sensiblement par leur port et par leurs caractères extérieurs. L'awara (A. vulgare) et le ti-wara (A. munbaca et A. gynacanthum) poussent en touffe. Le tucuma (A. aculeatum), conspécifique de l'awara, pousse pied à pied ainsi que les autres Astrocaryum. Le cou nana (A. paramaca) possède un stipe souterrain et paraît acaule. Chez l'awara et le tucuma, les folioles sont disposées irrégulièrement, plus ou moins groupées, avec un angle d'insertion variable le long du rachis, alors qu'elles sont disposées régulièrement et dans un même plan chez les autres Astrocaryum. Dans l'ensemble du genre, la face inférieure des folioles est grisâtre, pruineuse : ce caractère n'a qu'une faible valeur taxonomique mais il permet de distinguer pratiquement les Astrocaryum des palmiers appartenant au genre Bactris. Les inflorescences sont pourvues d'une spathe basale (externe) plus ou moins cachée au milieu des gaines foliaires et d'une spathe pédonculaire (interne) plus grande que la précédente, persistante, ligneuse, le plus souvent épineuse. Les rachillas sont très nombreuses, courtes, disposées en spirale; elles portent sur la partie basale 2 à 4 fleurs femelles chez l'awara et le tucuma et une seule fleur femelle chez les autres espèces, sur la partie distale uniquement des fleurs mâles. Fleurs mâles à 6 étamines, avec ou sans pistillode. Fleurs femelles beaucoup plus grandes, avec 6 staminodes soudées en anneau à la base et un ovaire triloculaire surmonté d'un stigmate à 3 lobes réfléchis, larges et charnus. Les fruits ont un épicarpe lisse, vivement coloré en orange, chez l'awara et le tucuma. Ils sont brunâtres chez les autres espèces, parfois épineux ou hirsutes (mourou-mourou), parfois lisses et déhiscents (cou nana, ti-wara). Le mésocarpe est charnu ou sec, toujours fibreux. L'endocarpe est épais, très dur, avec 3 pores situés près du sommet. L'awara, le mourou-mourou, le cou nana el le li-wara feront après l'objet d'une brève description. Cl- 36 Astrocaryu/Il vulgare Marti u s (Palma aouara Aubl., sp. très voisine: Aslroearyum aeulealum G. Meyer) awara, tucuma L'awara semble originaire du nord-ouest de l'Amérique du sud. Il a été très anciennement cultivé et disséminé par les Amérindiens et sans doute introduit en Guyane. Il pousse en touffe dans les savanes hautes ou en forêt côtière sur sol sain, sableux de préférence. La présence de l'awara dans un site éloigné de la côte témoigne généralement d'un ancien village dispam Stipe très epllleux de 10 m de hauteur et 18 cm de diamètre environ. Epines noires, aplaties, atteignant 12 cm de long. 10 à 16 feuilles dressées. Pétiole épineux, pourvu d'une large gaine galbée, long de 2 m. Rachis épineux de 3 à 4 m. 100 paires de folioles atteignant 100 x 4 cm, irrégulièrement groupées le long du rachis et insérées avec un angle variable. La face inférieure des folioles est blanchâtre pul vérulente. Les inflorescences sont abritées par la spathe interne coriace, épineuse, aiguë, longue de 1,5 m ou plus. Fruit ovoïde (45 x 35 mm) à peau lisse, orange vif. Belles infrutescences portant 100 à 200 fruits serrés les uns contre les autres. Les utilisations de l'awara, palmier domestique, sont nombreuses. La pulpe du fruit, riche en vitamine A, peut être consommée crue ou entrer dans la confection du fameux "bouillon d'awara" qui tient une grande place dans la tradition guyanaise. On peut également retirer de la pulpe une huile comestible. Le noyau très dur contient une amande blanche d'où l'on extrait le beurre d'awara ou "quioquio", graisse alimentaire fine. Par incision des spadices avant la floraison, on recueille une sève sucrée qui donne le vin de palme par fermentation. Le coeur du palmier est également un très bon comestible. Enfin, le bois d'awara, noir, dur et durable, est utilisé dans la construction des villages améridiens ou boni. N.B. : ASlroearyum aeulateum possède des caractères très VOlSlllS de ceux de l'awara. Toutefois, il pousse pied à pied et atteint une plus grande taille, avec un stipe de 25 m de hauteur et jusqu'à 30 cm de diamètre. On le rencontre disséminé en forêt et il est peut-être à l'origine du palmier domestique. A s l roc J r )' u nI v li 19 ZI ( e c.oupe -. 1: "" .. ",," ,,1 AstrocaryulIl scioplzilulIl (Miq.) Pulle mourou-mourou Palmier forestier très commun en Amazonie et dans les Guyanes, signalé comme le palmier le plus fréquent dans les formations de l'intérieur du Surinam. Le mourou-mourou pousse pied à pied. Sa croissance est lente et il parait souvent presque acaule. Toutefois, le stipe peut atteindre 10 m de hauteur et 12 cm de diamètre. La base du stipe est inerme, marquée par de profondes cicatrices foliaires. Le sommet est recouvert par les pétioles persistants et très épineux. ;' 3') AstrocaryulIl paramaca Marti us counana Palmier acaule possédant toutefois un court stipe souterrain, très épineux, fréquent par taches en forêt primaire aussi bien sur sol sain qu'en station humide rencontré dans tout le nord de l'Amérique du Sud. 10 à 1S grandes feuilles à pétiole et rachis épineux avec environ 100 paires de folioles disposées régulièrement dans un même plan. Ces feuilles forment un entonnoir qui collecte les feuilles des arbres voisins à l'origine d'un cône de terreau caractéristique au pied du palmier. Belle inflorescence dressée, jaune pâle. Fruit ovale pourvu d'un rostre allongé (4S x 20 mm) à épicarpe brunâtre presque glabre. A maturité, le péricarpe s'ouvre en 6 à 8 lobes pétaloïdes, orange sur la face interne. La pulpe et l'amande du counana sont des comestibles médiocres. L'huile tirée des amandes est utilisable en savonnerie. 40 Astrocarylll1l 11l11llbaca Martius (Espèce très voisine: A. gynacanthllm Martius) ti-wara Palmier disséminé en forêt, poussant en touffe de 1 à 5 brins, au stipe grêle (6 m, 5 cm de diamètre) marqué par les cicatrices foliaires, pourvu de longues épines de bas en haut. Environ 10 feuilles épineuses, étalées horizontalement, aux folioles régulièrement disposées blanchâtres dessous. La spathe interne fusiforme et le spadice portant de courtes rachillas disposées en écouvillon sont pendants à maturité. Fruit ovoïde (30 x 18 mm) brun rouge, rostré, déhiscent. La cupule persistante est formée du calice (3 mm) et de la corolle (8 mm) pourvus de longs cils noirs sinueux (10 mm). 41 Genre Bactris N. 1. Jacguin ex Scopoli Le genre américain Bac/ris, très diversifié, compte environ 240 espèces occupant des stations de type varié depuis le Mexique et les Grandes Antilles au nord jusqu'au Paraguay au sud. 21 espèces sont représentées en Guyane. Le parépou (B. gasipaes), seul palmier de grande taille, est cultivé en région côtière pour ses fruits. La zagrinette (B. major) est inféodée aux mangroves et aux terres basses, dans la limite de salinité des eaux. Bactris campestris ne pousse que sur sables blancs: on le rencontre dans la savane du Gallion proche de Cayenne, où il résiste au passage du feu. Les autres Bactris sont des palmiers forestiers de taille petite ou moyenne qui ne feront pas ici l'objet d'une description détaillée. (leur liste est donnée en annexe). Les caractères généraux des espèces forestières sont les suivants: Palmiers ccspiteux, très épineux à l'exception des palmiers nains B. aubletiana et B. simplicifrons. Quelques espèces atteignent une hauteur de 8 à 10 m (B. maraja, B. monticola, B. brongniartii), les autres ne dépassent guère 2 à 3 m. Feuilles généralement glabres sur les deux faces, entières et bifides chez quelques espèces naines (B. aubletiana, B. geonomides), parfois incomplètement divisées en lobes de largeur variable (B. simplicifrons) ou plus souvent divisées en folioles élémentaires. Dans ce dernier cas, les folioles peuvent être disposées exceptionnellement de façon régulière et dans un même plan (B. rhaphidacantha) mais elles sont ordinairement groupées par 4 à 10 à intervalles irréguliers ct insérées avec un angle variable le long du rachis (B. acanthocarpoides, B. maraja, B. brongniartii, etc.) Les inflorescences sont pourvues d'une spathe basale relativement courte, membraneuse, peu visible, et d'une spathe pédonculaire beaucoup plus grande, coriace ou ligneuse, épineuse, persistante. Les rachillas portent des fleurs disposées en triade et parfois uniquement des fleurs mâles sur la partie distale. Les fleurs mâles possèdent 6 étamines et sont dépourvues de pistillode. Les fleurs femelles sont caractérisées par une corolle urcéolée, entière ou presque. Elles possèdent parfois un anneau staminodial membraneux. Ovaire à 3 loges uniovulées, surmonté de 3 stigmates réduits à de minuscules protubérances. Fruits petits, sphériques ou ovoïdes, de 5 à 15 mm de diamètre. Chez beaucoup d'espèces, les fruits ont une peau hirsute, rougf., vif à 42 maturité (B. campes/ris, B. aubletiana, B. simplicifrOIlS, B. geonomides, B. acanthocarpoides, B. humilis, B. rhaphidacantha). Le fruit de B. constanciae présente un aspect très particulier: il est couvert d'épines charnues, violettes à maturité, et ressemble à un "pompon" de 2S mm de diamètre. Chez d'autres espèces, les fruits ont une peau lisse presque noire à maturité (B. maraja, B. brongniartii, B. elegans, etc.). Mésocarpe peu épais, fibreux, charnu ou pulpeux. Endocarpe relativement épais et très dur, pourvu de 3 pores de germination situés à mi-longueur ou au-dessus, contenant une seule graine à albumen blanc et homogène. Les palmiers forestiers du genre Bactris ne présentent pas d'intérêt économique et guère d'intérêt ornemental. Toutefois, la connaissance scientifique de chaque espèce peut se révéler très utile dans l'étude des stations et des groupements floristiques, en rapport avec les questions concernant l'évolution générale de la forêt. IJactris gasipaes H.B.K. (Palma paripou AubI., GuiLielma speciosa Marl.) parépou Le parépou semble originaire d'Amérique Centrale. Cultivé par les Amérindiens depuis des millénaires, il a été disséminé dans tout le nord de l'Amérique du Sud. Il pousse ordinairement en touffe ou plus rarement isolé pied à pied, en savane et de préférence sur sol sableux. Le stipe atteint 20 m de hauteur et 15 à 20 cm de diamètre. Les entre-noeuds sont couverts d'épines noires et acérées. On compte 10 à 20 feuilles longues de 3 m, épineuses sur le rachis, typiquement incurvées en arc de cercle. Chacune porte une centaine de paires de folioles (50 x 3 cm) plus ou moins nettement groupées par 4 et insérées sur le rachis avec un angle variable. Les inflorescences sont pourvues d'une spathe basale courte et membraneuse et d'une spathe pédonculaire longue de 60 cm, ligneuse et épineuse, fusiforme, persistante. Elles portent une cinquantaine de rachillas contorsionnées. Fruit plus gros que chez les autres IJactris, ovoïde Uusqu'à 5 x 3 cm), à peau lisse jaune verdâtre, orange ou rouge selon les variétés. Mésocarpe épais, jaunâtre, ferme et farineux. Noyau à fine coque noire contenant une amande blanche. Après six ans, un parépou peut produire annuellement trois à cinq grappes d'une centaine de fruits chacune. On cultive souvent une variété hybride dont les fruits ne contiennent pas de noyau: la multiplication est assurée par voie végétative à partir de rejets prélevés à la base des arbres adultes. Le paré pou constitue la nourriture de base de villages amérindiens isolés dans le nord de l'Amazonie. Il est traditionnellement cultivé en Guyane. La pulpe se consomme après cuisson dans de l'eau salée. L'amande à saveur de noix de coco peut également se consommer crue ou cuite. Le bois de parépou, noir et très dense, a été utilisé pour la confection d'arcs et de flèches. 44 Bactris major JacC)uin zagrinette Bactris major se rencontre en petits peuplements denses dans la mangrove côtière ou à proximité des estuaires, dans la limite de remontée de la salinité. Son aire naturelle s'étend au Brésil et au nord de l'Amérique du Sud, à l'Amérique Centrale et à l'Ile de Trinidad. C'est une espèce colonisatrice formant sous la vase un réseau de rhizomes rampants d'où naissent les tiges aériennes feuillées. Stipe de 3 à 4 cm de diamètre atteignant 5 m de hauteur, souvent incurvé à la base, annelé et armé d'épines noires acérées. Sur chaque tige, on compte 5 à 8 feuilles arquées portant une quarantaine de paires de folioles régulièrement disposées. Le fruit de la zagrinette est globuleux, relativement gros (4 cm), rouge violacé sombre. Sa pulpe épaisse et sucrée peut être consommée crue. Amande blanche, homogène. Bois très dur. fT'\aJor rieurs x5 ...... , ........ . @ rruit X-1 ---M.Gazel 4S 46 Genre DeslIloncus Martius agrenette Les palmiers du genre DeslIloncus sont lianescents et généralement très épineux. Les trois espèces signalés en Guyane, D. orthacantos, D. polyacanthos et D. macroacan/hos possèdent des caractères voisins et sont parfois difficiles à distinguer. Elles se rencontrent en Amazonie, dans les Guyanes et à Trinidad, le plus souvent en station mouilleuse ou ri picole. Stipe de quelques centimètres de diamètre, flexueux, rampant et grimpant, pouvant atteindre une longueur de 15 à 20 m. La tige inerme est entièrement recouverte par les gaines foliaires et les ochréas presque toujours épineux. Feuilles alternes distiques, espacées de quelques décimètres le long du stipe. Chaque feuille possède une gaine tubulaire longue de 15 à 30 cm, prolongée au-dessus du pétiole par une ochréa de 5 à 20 cm également tubulaire. Gaines et ochréas sont toujours épineux chez D. orthacanthos et D. polyacanthos, parfois inermes chez D. macroacanthos. Chez D. orthacanthos, le rachis est pourvu de longues épines (7 cm) et porte une vingtaine de paires de folioles rapprochées, grandes (30 x 6 cm) avec quelques épines sur la nervure médiane. Chez D. polyacanthos, 8 à 12 paires de folioles. Chez D. macroacanthos, 4 à 8 paires de folioles opposées, relativement petites (12 x 4 cm) et espacées. Le rachis se prolonge par un flagellum où les folioles sont remplacées par de forts crochets récurvés permettant au palmier de se fixer sur un tuteur. Les inflorescences naissent isolées à l'aisselle des feuilles et leur base reste cachée dans la gaine foliaire. La spathe externe est tubulaire et membraneuse. La spathe pédonculaire est plus grande, subligneuse, fusiforme: elle porte des épines courtes et raides chez D. orthacanthos et D. polyacanthos et un chevelu de fines épines dressées chez D. macroacanthos. Le court rachis porte une trentaine de rachillas longues de 30 cm chez D. orthacan/hos, une quinzaine de rachillas de 20 cm chez D. polyacanthos et seulement 5 à 10 rachillas de 3 à 4 cm chez D. macroacanthos. Les fleurs sont disposées en triades, sauf sur la partie distale des rachillas où il n'y a parfois que des fleurs mâles. Petits fruits sphériques (15 mm, ou seulement 10 mm chez D. lIlacroacanthos) à peau lisse, rouge vif à maturité. Mésocarpe pulpeux, jaune. Endocarpe pourvu de 3 pores de germination situés au-dessus de la mi-longueur. Graine unique à albumen dur, blanc et homogène. ;' 47 La pulpe des fruits, acidulée, peut être consommée crue. A maturité, les inflorescences chargées de fruits rouge vif sont très décoratives. 2.4. Tribu des Geonomeae Genre Geolloma Willdenow (Vouay Aubiet) waï Le genre amencain Geonoma compte 7S espèces rencontrées en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, dont 12 sont signalées en Guyane. Palmiers inermes de petite taille, se tenant toujours en sous-étage, souvent cespiteux. Stipe marqué de cicatrices annulaires bien visibles. Chez la plus petite espèce de Guyane, G. stricta, le stipe ne dépasse guère 1 m de longueur avec un diamètre de 6 mm. Chez la plus grande, G. maxima, le stipe atteint 8 m avec un diamètre de 3 cm. Feuilles vertes et glabres sur les deux faces, parfois entières et bilobées (G. stricta), plus souvent divisées en un petit nombre de lobes larges (G. baculifera, G. deversa), ou exceptionnellement divisées en folioles élémentaires régulièrement disposées dans un même plan (G. maxima). Les gaines foliaires sont allongées, presque tubulaires, mais elles s'ouvrent rapidement sans former de hampe (différence avec Hyospathe elegans). Les inflorescences se développent à l'aisselle des feuilles vivantes ou sur le stipe après la chute de la feuille axillante. Les spathes sont tubulaires, membraneuses ou coriaces, souvent caduques. Le rachis est court et porte un nombre réduit de rachillas. Celles-ci sont typiquement orange ou rouge vif au moment de la fructification chez plusieurs espèces (G. baculifera, G. maxima, G. umbraculzformis). Les fleurs sont groupées en triades et enfoncées dans de profondes alvéoles disposées en spirale le long des rachillas. Chez les fleurs femelles, le gynécée est formé de 3 carpelles dont un seul est fertile: l'ovaire comporte toujours une seule loge uniovulée avec un style tubulaire déporté latéralement. Fruits petits, sphériques ou presque, d'un diamètre de S à 12 mm. Epicarpe lisse et glabre, bleu noir ou brun noir à maturité. Mésocarpe mince et fibreux. Endocarpe jamais épais et sclérifié comme chez les Bactris. Graine unique à albumen blanc et homogène. 4') La liste des Geonomo de Guyane est donnée en annexe. On se bornera ci-après à rappeler succinctement les caractères de trois d'entre eux. 50 . Geolloma baclll(fera (Poiteau) Kunth Palmier cespiteux atteignant 2 à 3 m de hauteur, très commun et souvent associé au palmier-pinot dans les stations marécageuses du nord de l'Amérique du Sud. Stipe de l à 2 cm de diamètre pourvu de cicatrices annulaires proéminentes espacées de 4 à 9 cm. Le stipe est souvent rampant à la base et forme des racines au niveau des noeuds. Il peut aussi s'incliner vers le sol et donner lieu à marcottage naturel. Feuilles entières bilobées (80 x 30 cm) ou irrégulièrement divisées. Rachillas rouge vif portant des petits fruits noirs (l0 x 8 mm) à maturité. Les tiges de G. bacillifera ont été utilisées par les bagnards pour confectionner des cannes de style excentrique qui ont connu une certaine vogue au début du siècle. .. . SI Geolloma strieta Poiteau Palmier nain dont le stipe ne dépasse pas 1 m de hauteur et 6 mm de diamètre, disséminé en forêt guyanaise dans tous les types de station. Environ 10 feuilles entières, bilobées (20 x 8 cm), insérées en spirale sur le haut du stipe. Petites inflorescences en épi simple, longues de 4 cm, portant 6 ou 7 fruits (8 x 6 mm) bleu noir à maturité. ;. 52 Geolloma maxima (Poiteau) Kunt!J Palmier rencontré dans toute la Guyane à j'état disséminé, atteignant 8 m de hauteur et 3 cm de diamètre. C'est le plus grand des Geonoma. Il porte une dizaine de feuilles longues au total de 120 cm, avec environ 20 paires de folioles régulièrement disposées dans un même plan. Spadice ramifié de 30 cm, pourvu de deux spathes brunes, subcoriaces et portant une trentaine de rachillas devenant orange vif lors de la fructification. Petits fruits bleu noir subsphériques (9 x 8 mm). S3 ANNEXE Liste des Palmiers de Guyane (Espèces décrites ou signalées au 01/01/94) J. Sous-famille des Lepidocaryoideae (Calamoideae) Mauritia flexuosa L. f. 2. Sous-famille des Arecoideae 2.1. Tribu des Areceae Euterpe oleracera Martius Euterpe precatoria Mart. Oenocarpus bacaba Mart. Jessenia bataua (Mart.) Burret Hyospathe elegans Mart. Roystonea oleracea (Jacq.) O.F. Cook (introduit) Manicaria saccifera J. Gaertner 2.2. Tribu des Iriarteeae Socratea exorrhiza (Mart.) H. Wendl 2.3. Tribu des cocoeae 2.3.1. Sous-tribu des Butiinae Cocos nucifera L. Syagrus inajai (Spruce) Beccari Syagrus stratincola Wessels Boer 2.3.2. Sous-tribu des Attaleinae Maxùniliana maripa (Correa) Drude Orbignya Sagotii Trail Orbignya polysticha Burret Scheelea camopiensis Glassman Scheelea degranvillei Glassman Scheelea guianensis Glassman Scheelea maripensis Glassman S4 2.3.3. Sous-tribu des Elaeidinae Elaeis guineensis Jacquin (introduit) Elaeis oleifem (Kunth) Cortès 2.3.4. Sous-tribu des Bactridinae Acrocomia lasiospatha Martius Astrocaryum aculeatum G. Meyer Astrocaryum jauari Mart. Astrocaryum lI1unbaca Mart. Astrocaryull1 parall1aca Mart. Astrocaryull1 sciophilull1 (Miq.) Pulle AstrocaryulI1 vulgare Mart. Bactris acanthocarpoides Barb. Rodr. Bactris aubletiana Trail Bactris brongniartii Mart. Bactris campestris poepp. ex Mart. Bactris constanciae Barb. Rodr. Bactris cruegeriana Griseb Bactris elegans Barb. Rodr. Bactris jloccosa Bactris gasipaes Kunth Bactris gastoniana Barb. Rodr. Bactris geonoll1ides Bactris humilis (Wallace) Burret Bactris major Jacquin Bactris maraja Mart. Bactris monticola Barb. Rodr. Bactris oligocarpa Barb. Rodr. Bactris pectinata Mart. Bactris pliniana de Granville et Henderson Bactris rhaphidacantha Wessels Boer Bactris simplicifrons Bactris trailiana Barb. Rodr. Desmoncus macroacanthos Mart. Desmoncus orthacanthos Mart. Desmoncus polyacanthos Mart. ss 2.4. Tribu des Geonomeae Geonoma baculifera (Poiteau) Kunth Geonoma deversa (Poit.) Kunth Geonoma euspatha Burret Geonoma leptospadix Trait Geonoma maxima (Poit.) Kunth Geonoma oldemanii de Granville Geonoma piscicauda Dammer Geolloma poiteauana Kunth Geonoma stricta (Poit.) Kunth Geonoma tamandua Trait Geolloma triglochin Burret Geonoma umbraculiformis Wessels Boer Asterogyne guianensis de Granville et Henderson Flore Forestière de Guyane LES LECYTHIDACEES Marc GAZEL • mars 1992 ";' Flore Forestière de Guyane LES LECYTHIDACEES Marc GAZEL • mars 1992 2 TABLE DES MATIERES 1 - Introduction ................................................................................ p 05 1.1. La Famille des Lécythidacées ................................... p 05 1.2. Principaux caractères des Lécythidacées de Guyane ................................................................ p 07 1.3. Propriétés des bois - Plan ligneux ............................ p 12 lA. Place des Lécythidacées dans l'écosystème forestier guyanais ..................................................... P 14 2 - Genre Gustavia .......................................................................... P 17 2.1. Gustavia augusta ..................................................... p 18 2.2. Gustavia hexapetala ................................................. p 21 3 - Couroupita guianensis ............................................................... p 25 4 - Genre Lecythis ............................................................................ p 29 4.1. Lecythis Corrugata .................................................. p 30 4.2. Lecythis idatimon ..................................................... p 32 4.3. Lecythis persistens ................................................... p 35 404. Lecythis aurantiaca .................................................. p 39 4.5. Lecythis zabucaja ..................................................... p 41 4.6. Lecythis poiteaui ...................................................... p 44 4.7.lyecythis chartacea et Lecythis confertijlora ............. p 47 4.8. Lecythis holcogyne ................................................... p 50 5 - Genre Corythophora .................................................................. p 52 5.1. Corythophora rimosa .............................................. p 53 5.2. Corythophora amapaensis ....................................... p 54 6 - Bertholletia excelsa .................................................................... p 56 7 - Genre Eschweilera ..................................................................... p 60 7.1. Eschweilera grandijlora .......................................... p 61 7.2. Eschweilera simiorum ............................................. p 64 7.3. Eschweilera congestijlora ........................................ p 66 7.4. Eschweilera coriacea ............................................... p 68 - Eschweilera decolorans - Eschweilera squamata - (Eschweilera subglandulosa) 7.5. Eschweileraparvijlora ............................................. p 73 7.6. Eschweilera apiculata .............................................. p 74 7.7. Eschweilera micrantha ............................................ p 77 - Eschweilera sagotiana - Eschweilera wachenheimii - Eschweilera coltina ;' 7.8. Eschweilera pedicellata ............................................ p 80." ". 8 - Genre Couratari ......................................................................... p 84 1 8.1. Couratari guianensis ............................................... p 85 8.2. Couratari stellata ..................................................... p 88 8.3. Couratari multiflora ................................................. p 89 8.4. Couratari gloriosa ................................................... p 91 LES LECYTHIDACEES Myrtacées (?) Lécythidacées MYRTALES ~--- Mélastornacées DIALYPETALES - - CALICIFLORES - - Combrétacées Rhizophoracées 1 Introduction 1.1. La famille des Lécythidacées Le mot grec "lêkuthos" qui a donné en français "lécythe" (n. m.) désigne un petit vase à col étroit qui était utilisé dans l'antiquité pour recevoir du parfum. Dès le XVI ème siècle, les Portugais appelèrent du nom savant de Lecythis le sapucaja ou canari-macaque, arbre géant d'Amazonie et des Guyanes remarquable par son fruit en forme d'amphore fermée par un couvercle. , <1 r3('~tr.c 1 br~ct';G ?o }> é do .... <: .... 1 (.. l, bt"ac.U'.,ltS S \: ~ l' f. 5 , h)t>a",l...h~ Poiteau, qui fut Botaniste 1 lobG( d .... <::'~!;<':G :ir\drophor<. du Roi, Directeur des Cultures ~ c"pv.<.hQ, ... \<.l'andropl\or.:: M.C•. aux habitations royales de la Guyane française de 1817 à 1822, créa la famille des Lécythidacées, alors limitée aux genres américains, en 1825. Toutefois, au cours du XIxème siècle, de nombreux botanistes, suivant en cela Antoine-Laurent de Jussieu, continuèrent à ranger les Lécythidacées dans la famille des Myrtacées. Ce fut en particulier le cas d'Augustin-Pyrame de Candolle (1828), de Berg (1858, in Flora Brasiliensis Martii), de Bentham et Hooker (1865) et de Sagot (1885). ~ .. Pour les praticiens de la forêt, Lecythidacées et Myrtacées constituent sans aucun doute deux familles bien distinctes, même si la structure des fleurs paraît comparable d'une famille à l'autre. Les systématiciens sont aujourd'hui unanimes sur ce point, mais ils restent divisés sur la place qu'il convient d'attribuer aux Lécythidacées : Hutchinson maintient la famille dans l'ordre des MyrtaleS, Thome la situe dans les Théales, enfin Cronquist lui confère le rang d'un ordre, les Lécythidales, qui serait voisin à la fois des Théales et des Malvales. Dans son acception moderne, la famille des Lécythidacées regroupe 20 genres et quelques 280 espèces qui sont presque toutes des arbres de forêts denses intertropicales. Les genres asiatiques et malgaches (Barringtonia, Petersianthus, Foetida) ou africains (Petersianthus, Napoleona) possèdent des fleurs régulières et des fruits indéhiscents. Ils paraissent éloignés des genres américains avec lesquels ils ne pourraient avoir qu'une parenté très ancienne. Toutefois, le genre américain monospécifique Astheranthos, décrit par Desfontaine en 1820 et rencontré seulement dans le haut Rio Negro, semble proche du genre Napoleona créé par Palisot de Beauvois en 1810 et représenté par de petits arbres en Afrique de l'ouest. Dans le chapitre relatif au genre Gustavia (cf. infra), une comparaison sera tentée entre Gustavia hexapetala, espèce américaine largement répandue, et Petersianthus macrocarpus (Combretodendron africanum Chevalier), grand arbre fréquent en Afrique de l'ouest depuis la Guinée jusqu'à l'Angola. Dans les forêts américaines de la zone intertropicale, la famille des Lécythidacées prend une importance exceptionnelle, tant par le nombre d'espèces que par la fréquence de certaines d'entre elles. La plupart des genres sont très bien représentés en Guyane et seuls quelques genres à fleurs actinomorphes ont une aire naturelle qui n'atteint pas le département: il s'agit du genre Astheranthos déjà mentionné, du genre Grias proche de Gustavia et représenté surtout en Amérique centrale, du genre Allantoma comportant de petits arbres de zones ripicoles rencontrés le long du Rio Negro et de l'Amazone, enfin du genre Cariniana proche de Couratari et dont l'aire naturelle s'étend à toute la partie du Brésil située au Sud de l'Amazone. '. 7 1.2. Principaux caractères des Lécythidacées de Guyane Les principaux catactères de la famille des Lécythidacées seront rappelés ci-après en faisant référence aux 7 genres présents en Guyane, à savoir Gustavia, Lecythis, Couroupita, Corythophora, Bertholletia, Eschweilera et Couratari : Arbres de taille grande ou moyenne, à l'exclusion de fonnes arbustives. Ecorce externe régulièrement crevassée dans le sens longitudinal chez beaucoup de grands arbres (Lecythis sapucaja, Lecythis corrugata, Lecythis aurantiaca, Lecythis poiteaui, Lecythis chartacea, Corythophora rimosa, Bertholletia excelsa), ou bien souvent presque lisse avec de fines lignes verticales de lenticelles, ainsi que des écailles et des cicatrices de desquamation à contours sinueux (nombreux Eschweilera). Ecorce interne très fibreuse, pouvant s'arracher en longues lanières. Le nom local de "maho", d'origine amérindienne, est donné en Guyane à de nombreuses espèces appartenant aux genres Lecythis et Eschweilera. Au xvrème siècle, ce nom s'appliquait principalement à Hibiscus tiliaceus, petit arbre des régions côtières antillo-guyanaises, dont l'écorce fibreuse était utilisée par les marins pour confectionner des cordages. Feuilles alternes, sans stipules, simples, elliptiques, en général régulièrement réparties le long des rameaux mais groupées à leur extrémité chez Gustavia et Couroupita. Marge souvent entière (Bertholletia, nombreux Eschweilera), parfois finement mais nettement crénelée (Gustavia, Corythophora, Lecythis sapucaja, Couratari stellata et Couratari multifLora) ou encore obscurément crénelée (nombreux Lecythis, Couroupita, quelques Eschweilera). Inflorescences en racèmes axillaires et terminaux, simples ou parfois ramifiés. Les fleurs sont portées par un pédoncule (largo sensu) divisé par une articulation. Dans la suite de ce chapitre, seule la partie basale attachée à l'axe floral sera appelée pédoncule (stricto sensu). La partie terminale, qui fait partie intégrante de l'hypanthe, sera appelée stipe. Chez toutes les Lécythidacées, le pédoncule est sous-tendu par une bractée et il est pourvu de deux bractéoles plus ou moins proches de l'apex. Bractée et bractéoles sont rapidement caduques et disparaissent généralement avant la floraison. Fleurs hermaphrodites, exhalant souvent une odeur suave rappelant le jasmin (Gustavia, Couroupita, nombreux Lecythis, quelques Eschweilera) ou exceptionnellement une odeur désagréable rappelant le choux ou le fromage qui semble attirer les chauves-souris (Lec'fthis 8 ou exceptionnellement une odeur désagréable rappelant le choux ou le fromage qui semble attirer les chauves-souris (Lecythis poiteaui). Calice formé d'un hypanthe turbiné renfermant l'ovaire, généralement stipité et pourvu de 6 lobes (4 chez Gustavia augusta). Corolle fonnée de 6 pétales (4 + 4 chez Gustavia augusta). Etamines nombreuses disposées en cycles à développement cerltrifuge (à la différence des Myrtacées). Les filets staminaux sont typiquement soudés à la base pour former un androphore très caractéristique de la famille. Chez Gustavia, cet androphore est actinomorphe et forme une large coupe. Chez les autres genres, il est zygomorphe: le disque basal qui porte plusieurs cycles d'étamines fertiles est défonné latéralement en une languette prolongée par un capuchon rabattu sur le pistil. La structure de l'androphore est l'un des principaux caractères utilisés pour le classement des Lécythidacées : le capuchon est simple et plat chez les genres Lecythis, Couroupita, Corythophora et Bertholletia ; il est enroulé deux ou trois fois sur lui-même chez les Eschweilera ; enfin, il est enroulé deux fois sur lui-même et doublé par un rabat enroulé en sens inverse chez les Couratari (cf. tableau ci-après). Ovaire infère ou semiinfère à 6 loges (Gustavia hexapetala, Couroupita), 4 loges (Gustavia augusta, Lecythis, Bertholletia, Eschweilera à grandes feuilles), 3 loges (Couratari) ou 2 loges (Eschweilera). Il anive que le nombre de loges varie quelque peu chez les fleurs d'un même arbre. Le style est une petite pointe plus ou moins allongée, parfois presque indifférenciée, exceptionnellement élargie en disque juste sous l'apex chez le sapucaja. Le fruit des Lécythidacées est une pyxide subglobuleuse à péricarpe ligneux, généralement déhiscente par un opercule. Chez les genres Gustavia et Couroupita, la ligne de suture de l'opercule est visible mais le fruit reste indéhiscent. Chez le Bertholletia excelsa, l'opercule n'a que 8 mm de diamètre: il est entraîné à l'intérieur du fruit par la rétraction de la columelle mais ne dégage pas un orifice suffisant pour permettre la libération des graines. Les lobes persistants ou dégradés du calice forment un anneau toujours visible sur le péricarpe. Cet anneau calycinal se situe exceptionnellement à la base de la partie globuleuse du fruit chez Eschweilera grandiflora, plus généralement entre la base et l'apex, ou rarement tout près de la suture de l'opercule (Eschweilera micrantha, Eschweilera sagotiana, etc ... ). Presque tous les fruits de Lécythidacées sont facilement identifiables au sol. Toutefois, beaucoup d'espèces subissent de virulentes attaques d'insectes au cours de la maturation, et il arrive que l'on ne puisse récolter un seul fruit bien conformé sous un arbre-témoin pendant plusieurs années consécutives. Les graines de Lécythidacées sont généralement grosses, ellipsoïdes ou globuleuses avec une ou plusieurs faces comprimées, longues de 15 à 40 .. 9 mm, exceptionnellement plus petites et lenticulaires chez le Couroupita. Le tégument est souvent brun-rouge, orné de grosses veines ramifiées plus claires. Les graines sont reliées au placenta par un funicule qui est épais, contorsionné et jaune vif chez Gustavia augusta ; filiforme, court, entouré ou non d'un arille basal charnu et blanc chez les Lecythis ; filiforme, long, enveloppé d'un arille charnu et blanc formant une languette latérale chez les Eschweilera; enfin sec, défonné en aile membraneuse chez les CouratarÎ. La structure interne de la graine est très différente selon les genres. Chez les Gustavia, l'amande est divisée en deux cotylédons charnus qui restent au niveau du sol lors de la germination. Chez le Couroupita et les Couratari, la graine possède un embryon bien différencié, formé d'une tigelle pourvue de deux cotylédons foliacés : lors de la germination, l'hypocotyle se dégage en arceau et entraîne les cotylédons. Au premier stade de son développement, la plantule est formée d'un axe hypocotylé portant deux feuilles cotylédonnaires aériennes et chlorophylliennes. Enfin, chez les autres genres, la graine massive et charnue ne semble pas posséder d'embryon différencié: la radicule et la tigelle sortent en deux points opposés de la graine qui reste partie intégrante de la plantule et dont les réserves se résorbent lentement durant la croissance du jeune plant. En réalité, malgré son apparente homogénéité, l'amande possède une structure interne très particulière. Elle est constituée d'un cylindre axial et d'un manchon soudé de façon très ténue à la base de ce cylindre. II apparaît donc que la partie centrale doit être considérée comme un épicotyle charnu préformé dans la graine et que le manchon est de nature cotylédonnaire. Cette interprétation est confirmée par le fait que l'extrémité supérieure du manchon donne naissance à de petites écailles vertes qui entourent la tigelle après la gennination. Les principaux caractères taxonomiques des Lécythidacées de Guyane, tels qu'ils viennent d'être exposés, sont rassemblés dans le Tableau 1 ci-après. Tableau l : Classement des idacées de G 1. Fleur régulière Fruit indéhiscent amande divisée en1 2 cotylédons charnus: ............... Gustavia (4 S, 4 + 4 P, ov. à 4 loges) : .............................. G. augusta (6 S, 6 P, ov. à 6 loges) : .................................... G. hexapetala 2. Fleur zygomorphe Fruit indéhiscent Embryon à cotylédons foliacés (6 S, 6 P, ov. à 6 loges) : .................................... Courourita 3. Fleur zygomorphe à 6 S + 6 P Fruit déhiscent 3.1. Embryon différencié: 3.1.1. Androphore à capuchon simple, plus ou m01l1S plat. Graines pourvues d'un arille basal ou sans arille: a) Ovaire à 4 loges: - le capuchon de l'androphore porte des étamines fertiles et des staminodes : ........ Lecythis - le capuchon de l'androphore ne porte que des staminodes : ....................................... Bertholletia b) Ovaire avec 2 à 5 loges: ................................ Corythophora 3.1.2. Androphore à capuchon enroulé 2 ou 3 fois sur lui-même, ne portant que des staminodes. Graines pourvues d'un arille latéral : a) Ovaire à 4 loges: ........................................... Eschweilera (à grandes feuilles) b) Ovaire à 2 loges: ........................................... Eschweilera 3.2. Embryon à 2 cotylédons foliacés: Androphore à capuchon enroulé 2 fois sur lui-même et doublé par un rabat. Ovaire à 3 loges. Arille sec aliforme: ..................... Couratari Lecy~h;s ~ Esc, 1 we.;·(er. COf'Î.acea as p <-ct d. ... <:.cll <.~ .i -\5 tl'\OI' d ..J l .. (T'\ 0 1\ 12 1. 3. Propriétés des bois - Plan ligneux Toutes les Lécythidacées de Guyane, à l'exception peut-être de Couroupita, sont des essences forestières à croissance très lente, dont les bois sont denses et durs, de droit fil. L'aubier est jaunâtre, souvent épais. Le bois de coeur est brJn-jaune à brun-rouge. Les cellules des rayons ligneux de beaucoup de Lécythidacées contiennent des cristaux de silice: le taux de silice est élevé chez les Eschweilera et Couratari ; il est modéré chez certains Lecythis et chez les Corythophora. La silice est absente chez les Gustavia, Couroupita, Bertholletia et chez les autres Lecythis (méli). Le genre Gustavia présente un plan ligneux caractéristique avec des vaisseaux fins (80 Il), un parenchyme disposé en fines chaînettes unisériées et rapprochées, des rayons plurisériés gros à très gros. Chacune des deux espèces peut être détenninée sans hésitation par l'examen d'un éclat de bois à la loupe oculaire. Chez toutes les autres Lécythidacées, le plan ligneux possède une structure très constante, caractéristique à coup sûr au niveau de la famille, rarement au niveau du genre et exceptionnellement au niveau de l'espèce. Les vaisseaux sont assez gros (150 à 260 Il), isolés ou accolés par 2 à 4 dans le sens radial, à perforations simples. Le parenchyme est typiquement disposé en étroites bandes tangentielles fom1ant un quadrillage avec les rayons. Ces bandes sont fines, composées d'une seule rangée de cellules chez Couroupita guianensis, chez la plupart des Eschweilera et chez les Couratari. Elles sont souvent plus larges chez les Lecythis, Bertholletia et Corythophora, voire exceptionnellement larges et constituant un caractère de reconnaissance spécifique chez Lecythis chartacea et Lectyhis holcogyne. Les rayons ligneux sont 1- à 2-sériés, presque homogènes, bordés seulement d'une rangée de cellules carrées aux extrémités chez les Eschweilera ; jusqu'à 3- et parfois 4-sériés chez les Couroupita, Lecythis, Bertholletia, Corythophora et Couratari. Quelques mesures relatives au bois et au plan ligneux des Lécythidacées de Guyane sont rassemblées dans le tableau II ci-après. .. Tableau II : Lecythidacées - Etude des Bois LECYTHIDACEES - ETUDE DES BOIS ESPECES DENSlJTE VAISSEAU o (U) NORMALE PARENCHYME TG. LARG. (U) Gustavia augusta G. hexapetala Couroupita guianensis Lecythis corrugata L. idatimon L. persistens L. aurantiaca L. sapucaja L. poiteaui L. chartacea L. confertiflora L. holcogyne Corythophora rimosa C. amapaensis Bertholletia excelsa Eschweilera grandiflora E. congestiflora E. simiorum 0,75 0,75 0,55 0,90 0,95 0,98 0,90 0,95 0,95 0,92 ..... 0,92 0,90 0,90 0,70 0,90 0,95 0,95 E. coriacea l,OS . E. decolorans l,OS E. parviflora 1,10 E.apiculata l,OS E. micrantha 1,08 1,08 E. sagotiana E. wachenheimii ..... E. collina ..... 1,08 E. pedicellata 75 80 180 260 180 180 240 200 180 200 18 18 20 60 30 30 60 25 60 120 ..... ..... 200 180 140 260 170 170 170 80 80 80 40 70 ..... ..... 180 180 ..... 160 ..... 170 ..... ..... 160 30 30 ..... 30 ..... 40 ..... ..... 30 NB. CELL. INTER B. 1 1 1 3 1-2 1-2 3 1 2-4 5 ..... 50 50 80 140 100 100 140 75 80 150 ..... 8 3-4 3-4 3-4 2 3-4 ..... 1-2 1-2 ..... 1-2 ..... 2 ..... ..... 1-2 170 200 200 180 120 140 .. ... 100 100 ..... 100 ..... 100 ..... ..... 150 RAYONS LIGNEUX N. SERIE H(U) SILI. 8 1800 4 !l00 3 800 3 570 2 550 2 550 3 560 3 570 3-5 570 4 620 ..... ..... 4 620 2-3 400 2-3 400 4 600 3 700 3 700 2 660 2 660 2 660 ..... ..... 2 660 ..... ..... 660 ..... ..... ..... ..... 2 660 ° ° ° + + + + + 0 0 + 0 + + 0 ++ ++ 0 ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ E. squamata Couratari guianensis C. stellata C. gloriosa C. oblongifolia C. multiflora 0,60 0,70 0,65 0,70 0,75 180 ..... 30 ..... ..... ..... ..... ..... 210 ..... 30 ..... 1 1 ..... 150 ..... ..... 120 ..... 4 650 4 ..... 4 ..... 3 ..... 4 ..... ++ ;, ++ ++ ++ -1+ 14 1.4. Place des Lécythidacées dans l'écosystème forestier guyanais De 1974 à 1977, l'Office National des Forêts a procédé à l'inventaire statistique au l/500 ème de 14 secteurs forestiers situés dans le nord de la Guyane, entre les fl~uves Maroni et Comté, sur une superficie totale de 500 000 hectares environ. Au cours de ces inventaires, les Lécythidacées ont été désignées par des noms vernaculaires plus ou moins précis selon l'expérience des prospecteurs et lors du traitement mécanographique des résultats, elles ont été regroupées en quatre "taxons" : maho noir, maho rouge, maho divers et ingui pipa. Les deux premiers taxons sont très bien représentés sur presque toute la superficie considérée et les résultats qui les concernent seront rappelés ci-après. Sur les 14 secteurs inventoriés, un seul fait exception de façon tout-àfait significative, en laissant apparaître une densité de maho noir et de maho rouge environ cinq fois plus faible qu'ailleurs: il s'agit du périmètre "SaintLaurent - Bloc 3" implanté entre Mana et Organabo, sur les séries géologiques côtières de Coropina et du Zanderij. Ces formations se caractérisent par des sols sableux profonds et filtrants, chimiquement très pauvres, particulièrement touchés par la dessiccation durant la période d'août à novembre. Les Lécythidacées s'adaptent mal à ce type de sol et sans doute faut-il en rechercher la raison dans le fait que leurs racines sont en général peu ou pas mycorhizées. A l'inverse, on observe dans le même secteur une fréquence élevée chez de nombreuses légumineuses telles que Parinari campestris, Licania sp., Dimorphadra holenkerkii, etc ... Dans les autres secteurs d'inventaire, le maho noir et le maho rouge sont toujours fréquents et les variations de densité constatées d'un secteur à l'autre paraissent peu significatives. Pour ces deux essences, le tableau III donne la moyenne pondérée du nombre de tiges par hectare et par classe de diamètre sur l'ensemble de la zone inventoriée. A titre de comparaison, les mêmes résultats sont indiqués pour deux autres taxons numériquement importants (gaulettes et wapa), ainsi que pour deux espèces de grande valeur commerciale (angélique et grignon franc). On constate que maho noir et maho rouge forment ensemble un quart du peuplement total dans la classe de diamètre de 10 à 30 cm, un cinquième dans la classe de 30 à 40 cm, puis seulement un dixième dans la classe de 40 à 60 cm. 15 Le wapa (Eperuafalcata et Eperua grandiflora) représente moins du dixième du peuplement dans les petites classes de diamètre mais devient prépondérant avec plus du quart des tiges dans la classe de 40 à 80 cm. L'angélique et le grignon franc forment une part très faible du peuplement dans les classes petites et moyennes, mais ils représentent respectivement 8 % et 3 % des tiges de diamètre supérieur à 70 cm'. Par ailleurs, l'Administration des Eaux et Forêts entre 1950 et 1960, puis l'Office National des Forêts à partir de 1965, ont poursuivi des observations sur la croissance des peuplements et des espèces arborescentes de Guyane. Sur un échantillon de 15 mahos noirs suivis pendant une trentaine d'années, on a relevé des croissances annuelles en diamètre allant de 0,2 à 1,5 mm, avec une moyenne pour l'ensemble des tiges inférieure à 1 mm/an. Pour le maho rouge, les résultats vont de 0,5 à 2 mm/an avec une moyenne un peu supérieure à 1 mmJan. La croissance des mahos apparaît donc en général extrêmement lente. Quelques analyses de tige semblent du reste confirmer que les mahos noirs de 50 cm de diamètre ont fréquemment un âge superieur à 500 ans ... En conclusion, on constate que les mahos tiennent une place très importante dans les peuplements de la forêt primaire guyanaise et qu'ils jouent un rôle tout-à-fait particulier dans la dynamique de l'écosystème. Les études scientifiques visant à mieux connaître les cycles biologiques, les phénomènes de concurrence entre espèces, les réactions du milieu naturel soumis à diverses contraintes devront nécessairement s'appuyer sur une connaissance approfondie du comportement des Lécythidacées. Il en va de même en matière de sylviculture naturelle, dont les techniques reposent sur la sélection des tiges d'avenir et sur l'élimination d'une partie du peuplement résiduel. Pour être conduites avec discernement, ces opérations devront tenir compte de la place et du rôle particulier des Lécythidacées dans l'équilibre du milieu forestier. '. 16 Tableau III - Fréquence du maho noir et du maho rouge en forêt primaire sur sol sain Moyenne pondérée des inventaires réalisés par l'Office National des la Guyane. Forêts dans le nord de 1 CLASSE DE DIAMETRE NOMBRE DE TIGES PAR HECfARE MAHO NOIR MAHO ROUGE GAULETTES WAPA ANGEUQUE TOTAL 10-20 297 (100%) 40 (13,5%) 26 (8,75%) 28 (9,43%) 16 (5,39%) 3,8 (1,28%) 0,33 (0,11%) 20-30 113 (100%) 18 (15,9%) 11 (9,73 %) 16 (14,2%) 9,8 (8,67%) 1,6 (1,42%) 0,18 (0,16%) 30-40 60 (100%) 8 (13,3%) 3,5 (5,83%) 8 (13,3%) 8,6 (14,3%) 1,4 (2,33%) 0, \2 (0,20%) 40-50 34 (100%) 3,3 (9,71%) 1,0 (2,94%) 4 (11,8%) 7,3 (21,5%) 1,4 (4,12%) 0,10 (0,29%) 50-60 16 (100% ) 1,0 (6,25%) 0,38 (2,38%) 1,0 (6,25%) 4,3 (26,9%) 0,94 (5,88%) 0,1 \ (0,69%) 60-70 7,6 (100%) 0,27 (3,55%) 0,17 (2,24%) 0,25 (3,29%) 2, \ (27,6%) 0,58 (7,63%) 0,09 (1,18%) 70-80 3,14 (\ 00%) 0,07 (2,23%) 0,07 (2,23%) 0,08 (2,55%) 0,72 (22,9%) 0,26 (8,28%) 0,08 (2,55%) 80-90 7,6 (100%) 0,02 (1,28%) 0,03 (1,92%) 0,03 (1,92%) 0,30 (19,2%) 0,12 (7,69%) 0,05 (3,21%) 1,03 (100%) 0,0\ (0,97%) 0,02 (0,02%) 0,01 (0,97%) 0,10 (9,7\%) 0,06 (5,83%) 0,07 (6,80%) (cm) 90 + PEUPlEMENT N.B. : Liste des espèces: ,. GRIGNON FRANC Maho noir Maho rouge E. E. E. E. E. E. E. E. E. E. E. L. L. L. L. grandiflora simiorum congestiflora coriacea micrantha sagotiana wachenheimii collina parviflora apiculata pedicellata corrugata idatimon persistens aurantiaca .. 17 2. Genre GllstaVia L. (1775) Durant son séjour en Guyane, Fusée-Aubiet décrivit avec précision deux espèces voisines qu'il nomma Pirigara tetrapetala et Pirigara hexapetala. Le nom de genre Pirigara est la transposition d'un nom local donné à ces espèces en basse Amazonie comme en Guyane. Toutefois, le livre d'AubIet "Histoire des Plantes de la Guiane Françoise" ne fût publié qu'en 1775, en même temps que le "Plantae Surinamenses" où Linné nomme et décrit sommairement Gllstavia augusta, espèce identique à Pirigara tetrapelata. Le nom de genre Gustavia, créé par Linné en l'honneur du Roi Gustave III de Suède, fût retenu par la suite, sur la base d'une antériorité présumée, et Pirigara fût placé en synonymie par J. E. Smith, en 1819. L'aire naturelle du Genre Gustavia s'étend à presque toute l'Amazonie et à la région des Guyanes. Elle se prolonge au-delà des Andes en Equateur, en Colombie et en Amérique centrale jusqu'au Costa Rica. Une quarantaine d'espèces sont aujourd'hui décrites, mais la plupart sont très proches de l'une ou l'autre des deux espèces décrites par Fusée-Aubiet. " 18 2.1. Gllstavia allgllsta L. (Pirigara tetrapetala Aubiet) Bois puant ou bois pian, tapouhoupa, pirigaramépé, géniparana ou géniparanduba (Amazonie). Gustavia augusta est un petit arbre de sous-étage rencontré surtout en station mouilleuse ou ripicole, très commun en Guyane. Son aire naturelle s'étend aux forêts basses des vallées de l'Amazone et du Rio Madeiras jusqu'au Pérou et en Bolivie, à la région des Guyanes jusqu'à l'Orénoque, mais aussi aux formations côtières du nord-est brésilien jusqu'au voisinage de Réeife. Diamètre généralement inférieur à 20 cm. Pas de contreforts. Ecorce grisâtre, lisse. L'écorce interne ainsi que le bois sont caractérisés par de gros rayons 8-sériés que l'on distingue bien sur la tranche. Grandes feuilles rassemblées à l'extrémité des rameaux, glabres, subsessiles, obovales, longuement acuminées, dépassant généralement 20 cm (par ex : 30 x 8 cm). Environ 15 paires de nervures latérales légèrement saillantes dessus et dessous. Nervures tertiaires grossièrement parallèles. Marge entière ou finement dentée vers le sommet. Grandes et belles fleurs à odeur délicate rappelant le jasmin, larges de 10 cm ou plus lorsqu'elles sont ouvertes, naissant solitaires ou par grappes de 2 à 8 sur la partie terminale des rameaux. Pédicelle de 2 à 6 cm sous-tendu par une petite bractée caduque et portant 2 bractéoles sub-opposées. Calice entier ou faiblement lobé, à 4 lobes (3 x 10 mm). Corolle généralement composée de 8 pétales (ou 4, 6, 9) obovales (5 x 3 cm), blancs parfois nuancés de rose vers l'apex. Les étamines sont soudées à la base pour former une coupe régulière, large de 25 mm et profonde de 12 mm, blanche. Dans leur partie libre, les étamines sont très nombreuses (1000 ou plus) et disposées en plusieurs cycles sur la marge de la coupe. Filets 15 à 20 mm, inclinés vers le centre de la fleur, souvent rose pâle - Anthères jaunes - Ovaire pubérulent, le plus souvent dépourvu de côtes longitudinales, comportant 4 ou parfois 6 loges pluriovulées, surmonté d'un style conique très court 1 mm avec un stigmate à 4 ou 6 divisions. Gros fruit subglobuleux de 6 cm avec un méplat sommital faiblement frangé par les restes du calice, à peau coriace jaune verdâtre, indéhiscent. 6 à 12 graines ovales de 25 mm à tégument lisse, ocre-orangé, pourvues à leur ,- l9 sommet d'un épais funicule jaune. Chez le genre Gus/avia, la graine est divisée en deux cotylédons charnus et présente ainsi une stmcture exceptionnelle dans l'ensemble des Lécythidacées. Lors de la germination, elle est à peine soulevée du sol par la radicule. L'axe épicotyle porte d'abord quelques petites cataphylles alternes, flanquées chacune de deux stipules minuscules. Puis apparaissent les premières feuilles à petites stipules caduques, à peu près semblables aux adultes. Le bois de Gus/avia augus/a possède les mêmes propriétés et le même plan ligneux que celui de Gustavia hexapetala (cf. infra), avec toutefois des rayons beaucoup plus gros, jusqu'à 8-sériés. Il n'est guère utilisable en raison de la taille médiocre des arbres. Toutefois, Fusée-Aubiet mentionne que cette essence était très fréquente dans les environs de Cayenne et de Kourou et que le bois, apprécié pour sa souplesse, était utilisé dans la confection d'armatures et de "cerceaux". 2 1 2.2. Gustavia hexapetala (Aubiet) 1. E. Smith (Pirigara hexapetala Aubiet) Bois puant ou i;Jois pian, mantapouhoupa, pirigaramépé, géniparana. Gustavia hexapetala est une espèce commune dans toute la Guyane, rencontrée surtout en terrain sain mais parfois aussi dans les terres basses inondables. Son aire de répartition est très vaste: vallée de l'Amazone et du Madeiras jusqu'au Pérou et au nord de la Bolivie, Guyanes, Venezuela et Colombie jusqu'au pied des Andes. A l'ouest des Andes, plusieurs espèces, telle Gustavia dubia Berg, sont très proches de Gustavia hexapetala. Arbre de sous-étage au tronc généralement cylindrique et bien conformé, sans contreforts, atteignant exceptionnellement 50 cm de diamètre et 25 m de hauteur. Ecorce grisâtre parfois marquée de dépressions arrondies. Tranche rosâtre finement stratifiée. Feuilles alternes, plus ou moins rassemblées en rosette à l'extrémité des rameaux, glabres, obovales (15 x 5 cm), acuminées, à marge finement dentée au moins vers le sommet, à pétiole court 10 mm, charnu, aplati dessus. Les fleurs naissent solitaires ou en petit nombre à l'aisselle des dernières feuilles. La floraison est discrète, sans défoliation ; elle survient généralement en août-septembre mais parfois aussi dans le courant de la saison des pluies. Belle fleur régulière, large de 6 cm ou plus lorsqu'elle est ouverte, exhalant une odeur suave bien qu'elle soit dépourvue de nectar. Pédicelle de 1 à 3 cm sous-tendu par une bractée caduque et muni de 2 bractéoles subopposées. Calice à 6 (7) lobes ovales (8 x 6 mm) dont la face externe est pourvue d'une crête dessinant un Y renversé. 6 (7) pétales obovales (3 x 2 cm), blancs parfois frangés de jaune. Les étamines sont soudées à la base pour former une coupe régulière, large de 20 mm et profonde de 8 mm, blanche. Dans leur partie libre, les étamines sont nombreuses (environ 500) et insérées en plusieurs cycles sur le bord de la coupe. Filets blancs inclinés vers le centre de la fleur. Anthères jaunes, allongées, s'ouvrant par une cOUl1e fente apicale. Ovaire infère de forme conique, pourvu de 6 crêtes longitudinales. 6 loges contenant chacune une vingtaine d'ovules anatropes. Style très court 1 mm coiffé d'un stigmate à 6 divisions. ... 22 Fruit globuleux 3 cm, il sommet aplati frangé par les lobes persistants du calice, pOl1ant 6 côtes longitudinales, lugueux, jaune verdâtre puis orangé, indéhiscent, 2 à 10 graines globuleuses un peu réniformes (12 x 8 mm), avec un funicule court et ténu (3 mm). L'amande est divisée en deux cotylédons charnus, caractère propre au genre Gustavia qui ne se retrouve 1 pas chez les autres Lécythidacées. Germination analogue à celle décrite pour Gustavia augusta. Bois jaunâtre à grain fin, de densité assez variable (0,75 en moyenne). Le plan ligneux est très caractéristique de l'espèce et il est immédiatement reconnaissable à la loupe oculaire: vaisseaux nombreux et fins (80 J..l), isolés ou irrégulièrement accolés par 2-3 dans le sens radial. Parenchyme en fines chaînettes unisériées et rapprochées. Rayon 2- ou 3-sériés, hétérogènes. Le bois de Gustavia hexapetala est utilisable en charpente ou en menuiserie ordinaire. A l'état frais, il possède une odeur désagréable (d'où le nom de bois pian, déformation de bois puant) : cette odeur disparaît sur le bois sec, mais réapparaît en cas d'humidification. Note complémentaire Comparaison entre Gustavia hexapetala Petersianthus macrocarpus (abalé). et l'espèce africaine Dans les forêts de l'Afrique de l'ouest, les Lécythidacées ont beaucoup moins d'importance qu'en Amérique du Sud. Les genres Crateranthus et Napo/eona ne sont représentés que par de petits arbres ou par des lianes. Seule l'espèce Petersianthus macrocarpus (abalé), d'abord décrite sous le nom de Combretodendron africallum par A. Chevalier (1909), est un arbre de grande taille rencontré depuis la Guinée jusqu'à l'Angola, souvent fréquent et parfois même dominant comme c'est le cas en Côte d'Ivoire. Petersianthus macrocarpus et Gustavia hexapetala sont deux Lécythidacées à fleurs actinomorphes occupant une aire naturelle très vaste, l'une en Afrique, l'autre en Amérique. Il est intéressant de rappeler ci-après les principaux caractères de Petersianthus macrocarpus afin de permettre une comparaison avec ceux de Gustavia hexapetala .' L'abalé est un arbre qui peut atteindre 1 m de diamètre, au tronc cylindrique dépourvu de contref0l1s. 23 Ecorce régulièrement fissurée dans le sens longitudinal comme celle des Lecythis : tranche blanc-jaunâtre, très fibreuse. Feuilles obovales comme celles de Custavia hexapetala, finement dentées chez les jeunes sujets mais entières chez les arbes adultes . . Inflorescences en petits racèmes axillaires, fleurs portées par un pédoncule fin et long (lS mm), persistant sur le racème. Hypanthe longuement stipité, glabre, omé de 4 crêtes longitudinales et couronné par les 4 lobes du calice arrondis et ciliés; corolle formée de 4 pétales blancs (chez Custavia Hexapetala, les éléments correspondants sont au nombre de 6). Etamines nombreuses, soudées à la base en un très court manchon. Ovaire à 2 loges (au lieu de 4) surmonté d'un style effilé comme chez les Lecythis. Après l'anthèse, les crêtes de l'hypanthe se développent et deviennent 4 ailes membraneuses, perpendiculaires deux à deux, entourant un fruit fusifom1e et sec à l'aspect très différent de celui de Cuslavia hexapetala. Les graines sont petites et contiennent un embryon à cotylédons foliacés (comme chez le Couroupita et les Couralari). Lors de la germination, l'hypocotyle se dégage en arceau et entraîne les cotylédons qui deviennent deux feuilles cotylédonnaircs chlorophylliennes. Les premières vraies feuilles apparaissent sur un épicotyle très court; elles sont alternes, simples et finement dentées (comme chez le couroupita). Bois brun-rougeâtre assez lourd (0,80), malodorant à l'état vert comme celui de Custavia hexapetala. Vaisseaux plutôt fins (90 !l), parenchyme en manchons circumvasculaires longuement aliformes et irrégulièrement anastomosés, rayons 2- à S-sériés. En conclusion, Petersianthus macrocarpus ne présente que peu de caractères voisins de ceux de Custavia hexapetala. Il est étonnant de constater que cette espèce africaine est botaniquement beaucoup plus proche du Toog des Philippines (Pelersiallthus quadrialatus) que d'aucune Lécythidacée américaine. .. c. . w. sl ;>.. y 1.1 \, <': 'X A P <!. l a\ :l 24 M.OHe\ 3. Couroupita guianensis AubIet (Pekea couroupita A-L de Jussieu, Couroupita Surinamensis Berg) couroupitoutoUljlou (nom amérindien cité par Barrère), couroupita, bouchi calebas, boulet de canon, bala de canon, cannon bail trcc. Arbre sacré chez de nombreuses ethnies amérindiennes, ayant attiré très tôt la curiosité des explorateurs et des colons par l'étrangeté de ses fleurs et de ses fruits, le couroupita a été transplanté et cultivé depuis des siècles loin de son aire d'origine. On estime néanmoins qu'il existe à l'état naturel dans tout le nord de l'Amérique du Sud (grosso modo au nord d'une ligne formée par le Rio Madeira et l'Amazone) ainsi qu'au Panama et peut-être dans les Petites Antilles. De nombreuses variétés érigées au rang d'espèce au XIX ème siècle sont aujourd'hui pour la plupart placées en synonymie. Arbre rare et très disséminé en forêt primaire où il atteint une grande taille, Couroupita guianensis est plus fréquent mais de taille moyenne en région côtière. Ecorce épaisse, profondément et irrégulièrement crevassée verticalement, au rhytidome pulvérulent. Feuilles alternes, assez grandes, groupées à l'extrémité des rameaux, se renouvelant rapidement. Pétiole 20 mm. Limbe oblong un peu obovale (22 x 8 cm), peu ou pas acuminé, glabre, entier, ou obscurément crénelé, papyracé. Amas filamenteux le long de la nervure médiane à l'aisselle des nervures secondaires. Inflorescences très caractéristique, en racèmes ligneux naissant sur le tronc ou sur les grosses branches, continuant à croître au cours de nombreuses périodes de floraison jusqu'à atteindre plusièurs mètres de long et retomber en désordre comme des lianes vers le bas de l'arbre. Les pédoncules floraux longs de 3 cm environ, restent attachés au rachis lors de la chute des fleurs. Il arrive que quelques grandes feuilles, différentes des autres, naissent sur les axes inflorescentiels. Grandes fleurs à l'odeur suave, d'un diamètre de 8 cm environ, portées par un pédoncule de 3 cm pourvu d'une bractée basale et de deux bractéoles apicales caduques. L'articulation entre la fleur et le pédoncule se situe juste sous le calice qui n'est donc pas stipité. Calice à 6 lobes larges (5 x 5 mm), charnus, verdâtres, à marge ciliée. Corolle formée de 6 pétales libres, largement oblongs (4 x 3 cm), inégaux, charnus, roses à plages jaunes ou blanches sur la face externe, rouge plus foncé sur la face interne. ;' Androphore à grand capuchon rose, plat et largement ouvert comme chez les Lécythis. La base de l'androphore porte environ 600 étamines et le capuchon 200, toutes apparemment fertiles: toutefois, des études récentes (Jacques, Mori) ont mis en évidence un dimorphisme des grains de pollen. Les grains provenant des étamines du capuchon sont plus gros, stériles, et constitueraient seulement un appât pour les abeilles pollinisatrices. Ovaire semi-il1Îere à 6 loges multiovulées, surmonté d'un style peu différencié et coiffé d'un stigmate marqué de 6 rayons. Gros fruit très caractéristique, indéhiscent, ovale ou parfois parfaitement sphérique et ressemblant alors à un boulet de canon, d'un diamètre de 18 cm environ. Exocarpe rugueux, à peine marqué par les traces du calice aux deux tiers de la longueur, épais de 5 mm, dur et cassant. Mésocarpe formant une couche épaisse de 10 mm entre l'exocarpe et l'endocarpe, blanchâtre-violacé, butyreux, parcouru de grosses fibres ramifiées, dégageant une odeur écoeurante. Endocarpe ligneux, sclérifié, très dur, épais de 3 mm, utilisé localement pour confectionner des récipients. La partie inteme du fruit est constituée d'une masse pulpeuse rosâtre divisée en 6 compartiments par de fines cloisons (septa) qui se résorbent à maturité. Cette pulpe devient rapidement brun-bleuâtre par oxydation à l'air. Elle dégage une forte odeur qui rappelle d'abord la goyave, mais qui devient vite très écoeurante. Nombreuses graines lenticulaires (15 x 12 x 6 mm) noyées dans la pulpe, à tégument souple rosâtre couvert de fibres très adhérentes. L'amande blanche est formée d'une tigelle charnue en forme de croissant et de deux feuilles cotylédonnaires très chiffonnées. Le fruit du couroupita se forme en 18 mois et reste parfois attaché à l'arbre pendant une année supplémentaire, si bien que l'on peut observer à la fois des fleurs et des fruits mûrs sur un même arbre. La germination débute par la sortie de la radicule suivie du dégagement en arceau de l'hypocotyle qui entraîne les feuilles cotylédonnaires. Au stade suivant, la plantule, très facilement reconnaissable, est formée d'un axe hypocotylé, long de 5 cm environ portant deux feuilles cotylédonnaires sessiles, à base cordée, longuement aiguës et fortement ondulées. Bois d'aubier blanchâtre. Bois de coeur jaunâtre, assez léger (0,55), peu résistant et périssable. Vaisseaux de taille moyenne (180 1-1) souvent accolés par deux ou plus dans le sens radial. Parenchyme en lignes tangentielles très fines et serrées formant un réseau avec les rayons sensiblement plus gros, 2- à 3-sériés. (ûuroup;t", :3 u' <'II'\CnS i S ) ';,' / M.G 3"l..el Cou. . .- ~~ LI p' 1 ~ ~ LI ; <\ ''\ en SIS 30jcurs ..1. t j 01..1'-.5 -10 jours .. M. Ga,7:.e.1 29 4. Genre Lecythis LOfling (1758) En 1758, Lofling fut le premier a employer" Lecythis" comme nom de genre dans sa description de l'espèce Lecythis ollaria, petit arbre à l'écorce profondément fissurée verticalement, rencontré dans les formations sèches, du nord du Venezuela, Dans la seconde moitié du xvrrr ème siècle et au début du XIX ème siècle, le genre Lecythis ainsi créé connut une acception large, englobant les genres actuels Lecythis, Eschweilera et Corythophora. En 1828, A.P. de Candolle distingua le genre Eschweilera, sans toutefois définir avec une précision suffisante les limites de ce nouveau taxon. Il fallut attendre Miers en 1874 pour que les caractères propres aux genres l...Rcythis et Eschweilera soient explicités dans la conception moderne. C'est ainsi que beaucoup d'espèces rangées dans le genre Lecythis par les botanistes du XVIu ème siècle furent reclassées dans le genre Eschweilera au cours du XIxème siècle, pour revenir finalement dans le genre Lecythis stricto sensu après 1874. La définition moderne du genre Lecythis est fondée sur les caractères suivants: fleur zygomorphe avec un calice à 6 lobes et 6 pétales subégaux ; capuchon de l'androphore aplati dorsalement et non pas enroulé sur luimême, portant sur sa face interne des staminodes mais parfois aussi des étamines fertiles; ovaire à 4 loges, avec un sommet tronqué et un style bien individualisé, souvent incliné vers l'ouverture de l'androphore ; graines pourvues d'un arille basal et non pas latéral comme chez les Eschweilera, ou parfois dépourvue d'arille. Pour les forestiers de Guyane, les essences les plus communes du genre Lecythis se rangent sous le nom de "maho rouge" ou "lébi loabi" (Lecythis corrugata, Lecythis idatimon, Lecythis aurantiaca). Ces arbres ont une écorce lisse dans le jeune âge, qui devient par la suite régulièrement crevassée dans le sens longitudinal et ressemble alors à celle du canari macaque (Lecythis sapucaja) ou des méli (Lecythis poiteaui, Lecythis char/acea). On peut noter incidemment que Lecythis persistens, qui reste un petit arbre de sous-étage à l'écorce lisse, est souvent appelé "maho noir" ou "ba'lkaaki" alors qu'il appartient typiquement au genre Lecythis. ". 30 4.1. Lecythis corrugata Poiteau (1825) (Eschweilera corrugata Miers) D,1aho rouge, lébi loabi, oemanbarklak Arbre fréquent dans les classes moyennes de diamètre (15 à 35 cm), pouvant néanmoins atteindre un diamètre de 80 cm et une hauteur de 35 m, préférant les terrains sains mais rencontré également en station mouilleuse, souvent associé à Eperuafalcata (Béna), confondu facilement avec Lecythis idatimon et Lecythis aurantiaca. L'aire naturelle comprend la moyenne et la basse Amazonie ainsi que toute la région des Guyanes. Tronc cylindrique généralement sans contreforts ni empattements. Chez les gros arbres, écorce caractéristique, ocracée, avec de fines fissures longitudinales régulièrement réparties, espacées de 5 à 15 mm, délimitant de longues écailles subéreuses, friables. Rhytidome mince recouvrant une assise phellodermique rouge vif. Ecorce interne épaisse de 10 mm, très fibreuse, élastique, rosâtre (les colorations rouge du phelloderme et rosâtre de la tranche semblent à l'origine du nom de maho rouge). Zone libérienne blanc-jaunâtre. Aubier jaunâtre, assez dur. Feuilles glabres, coriaces à papyracées, de taille variable (6 à 20 cm). Sur une feuille moyenne, pétiole de 15 nun canaliculé ; limbe elliptique (12 x 5 cm), à sommet aigu avec un acumen peu marqué, à marge entière ou parfois obscurément crénelée. Environ 13 paires de nervures latérales assez fines et faiblement saillantes dessous. Inflorescences en racèmes terminaux et axillaires, simples ou peu ramifiés, généralement courts 10 cm, pubérulents. Le long des axes floraux, les pédoncules proprement dits (stipe non compris) sont très courts 1 à 2 mm. En Guyane, la floraison intervient à une date variable selon les individus et selon les années, généralement entre septembre et novembre, suivie de la fructification entre janvier et mars. Fleurs petites, d'une largeur de 25 à 30 mm. Le stipe du calice 2 mm, épaissi vers l'apex, et l'hypanthe lui-même sont verts et parsemés de petites nodosités (cI'où le qualificatif spécifique cie "corrugata"). Calice à 6 lobes suborbiculaires (4 x 3 mm). 6 pétales obovales (15 x 12 mm) rose-violacé tachés cie blanc ou de jaune à la base ainsi que l'anclrophore. Le capuchon cie l'androphore un peu convexe et élargi latéralement couvre étroitement les étamines. Il ne porte lui-même sur sa face interne que des staminocl9~' de 31 couleur mauve pâle. A la base de l'androphore, les étamines fertiles sont jaune vif. Ovaire à 4 loges contenant chacun 4 à 8 ovules. Style linéaire 4 mm incliné vers l'ouverture de l'androphore. Fruit largement turbiné, assez petit, long de 2 à 5 cm et large de 3 à 6 cm, à paroi mince et coriace portant d'abord des rides sinueuses, grossièrement transversales, qui s'atténuent plus ou moins à la maturité. Opercule à peine bombé, nettement apiculé. 1 à 5 graines brunes (23 x 16 mm), à arille réduit. Bois de coeur bien différencié de l'aubier, marron rouge foncé, dur et lourd (0,90), peu siliceux et se travaillant bien (Béna), utilisable avec réserve en charpente lourde ou en artisanat d'art. Le parenchyme est disposé en bandes tangentielles un peu plus larges que chez le genre Eschweilera, suffisamment larges en tout cas pour être visibles à l'oeil nu. Vaisseaux assez gros (220 [1.), souvent accolés par 2 ou 3, encombrés par des thylles. Rayons 2- à 3-sériés formant un quadrillage avec les lignes de parenchyme, de stlUcture homogène ou presque. '. 32 4.2. Laytlris idatimoll Aublet (Lecylhis amara Aublet, Eschweilera amara (AubL) Niedenzu) \naho rouge, maho rose, pikin loabi Le "Lecythis idatimon" d'Au blet et le "Lecythis corrugata" de Poiteau sont deux espèces aux caractères voisins, qui occupent à peu près la même aire naturelle (basse Amazonie et Guyanes) et que l'on rencontre dans le même type de station. Lecythis idatimon se distingue néanmoins par ses petites fleurs à pétales blancs et androphore rose vif, ainsi que par son fruit plus grand et plus effilé que celui de Lecythis corrugata. Les idatimons de diamètre inférieur à 25 cm ont une écorce lisse, gris vert, qui rappelle l'écorce de petites moracées telles que Trimatococcus ou Naucleopsis. Toutefois, des idatimons de grande taille, atteignant un diamètre de 60 cm, ont été identifiés dans plusieurs stations forestières de Guyane : ces arbres ont une écorce ocracée, finement et régulièrement fissurée verticalement ainsi qu'une tranche rosâtre semblables à celles de Lecythis corrugala. La base du tronc est parfois épaissie et flûtée, mais reste dépourvue de contreforts. Feuilles glabres, coriaces. Pétiole 15 mm, limbe elliptique (14 x 6 cm) faiblement acuminé, à base obtuse et marge entière. Environ 14 paires de nervures latérales. Inflorescences en racèmes axillaires et terminaux courts 10 cm, pubescents rougeâtres. Le long de l'axe, les fleurs sont portées par un pédoncule de 3 mm environ (stipe non compris) pourvu d'une bractée basale large (5 x 4 mm) et de deux bractéoles terminales (4 x 2 mm) rapidement caduques. Au cours de la floraison qui peut intervenir de septembre à janvier, les boutons de fleurs tombés au sol, rose vif et blancs sont facilement identifiables. Fleurs petites, larges de 23 mm environ, exhalant une discrète odeur de jasmin. Le stipe du calice, long de 8 mm, va en s'épaississant vers l'apex; il est parsemé de petits corps glanduleux blancs, étant lui-même rose vif ainsi que le calice à 6 lobes largement ovales (5 x 4 mm). 6 pétales blancs Cl 0 mm). Les deux pétales postérieurs enveloppent le fond de l'androphore dont ils se séparent peu. Les deux pétales antérieurs sont plans et plus petits. " 33 Le capuchon de l'androphore est plat et typiquement redressé vers l'avant, de couleur rose vif contrastant avec le blanc des pétales. Il porte uniquement des staminodes. La partie moyenne de l'androphore est élargie latéralement pour former une nasse. La base de l'androphore porte environ 150 étamines longues de 2 à 4 ml]1. Ovaire à sommet tronqué blanc surmonté d'un style linéaire de 5 mm également blanc. Fruit conique à base effilée de 5 x 4 cm, parfois plus grand. Audessous de la cicatrice du calice, le lécythe est orné de crêtes rugueuses et irrégulières à l'aspect un peu différent de celles de Lecythis corrugata. Opercule plus ou moins bombé, nettement apiculé : 2 à 4 graines oblongues (25 mm). Le bois d'idatimon est peu différent de celui de Lecythis corrugata. li semble en moyenne un peu plus dense (0,95). Les lignes tangentielles œ parenchyme sont plus fines et quasiment indiscernables à l'oeil nu. Les vaisseaux sont également plus fins (180 à 200 Jl.). .. ~".:.:~<.?,' ~~ ~ ~ ...--...._""--"--"" ~-~~ -/-.....,-...... ~ (~ .. "", - .:q: .'. •> ~ • ..-;: . ;'.:: ~ ~ ~ ..... / 35 4.3. Lecythis persistens Sagot (1885) (Eschweilera ovalis Knuth) ; maho (noir), maho fer, (baikaaki) Lecythis persistaIs est un arbre de sous-étage dont le diamètre dépasse rarement 30 cm. L'écorce est d'abord lisse puis très superficiellement fissurée, grisâtre. Le fût est sans contreforts. Il va en s'épaississant insensiblement vers la base, sur 2 ou 3 mètres. Assise phellodermique marron (et non pas rouge). Ecorce interne très fibreuse, blanchâtre, teintée de marron près du phellodenne. Cette espèce est très cormnune dans tout le nord de la Guyane et dans le territoire de l'Amapa. Toutefois, on ne l'identifie facilement en forêt qu'au moment de la floraison. Dans beaucoup d'inventaires, elle est confondue avec Eschweilera coriacea sous le nom de maho noir ou ba·lkaaki. Cette confusion est de nature à fausser sensiblement l'interprétation des résultats d'inventaire et en particulier l'étude de la répartition du nombre de tiges par classe de diamètre en ce qui conceme Eschweilera coriacea, qui est l'une des composantes principales des peuplements forestiers en Guyane. Feuille assez grande en moyenne, glabre, coriace. Pétiole 18 mm, glabre, canaliculé, torsadé. Limbe elliptique (22 x 10 cm), acuminé, à base obtuse et marge entière. La feuille morte au sol reste longtemps de couleur ocre-orangé et peut constituer un caractère secondaire de reconnaissance. Inflorescences en racèmes de 8 cm ferrugineux, portant une dizaine de fleurs largement espacées et par conséquent peu déformées lorsqu'elles tombent au sol. Belle fleur blanche d'une largeur de 4 à 6 cm, exhalant une délicate odeur rappelant le jasmin. Pédoncule de 6 mm pourvu de bractées rapidement caduques, prolongé par le stipe du calice de 12 mm qui va en s'épaississant vers l'apex, de couleur verte, couvert de petits corps glanduleux blanchâtres. Calice à 6 lobes (7 x 5 mm), verts parfois nuancés de rouge. 6 pétales blancs, les latéraux un peu plus grands (25 x 18 mm). Androphore blanc, à capuchon plat nettement élargi et relevé vers l'avant. La face interne du capuchon porte des étamines fertiles vers le fond 91 des 36 staminodes vers l'avant. La base et la partie moyenne de l'androphore sont nettement élargies et épaissies pour former une nasse dont le fond est teinté de jaune d'or. A la base de l'androphore, les étamines nombreuses et relativement longues 6 mm, blanches, incurvées vers le pistil forment un système qui, malgré sa petite taille, rappelle celui de Gustavia hexapetala. 1 Fruit turbiné (35 x 35 mm) à paroi rugueuse, à opercule· peu bombé pourvu d'une petite pointe centrale marquant l'emplacement du style. Bois dur et siliceux, lourd (0,98), de structure très semblable à celle de l'idatimon. N.B. : En 1971 (in Cah. ORSTOM, sér. Biol. nO 15), Oldeman a décrit un maho rencontré en basse Comté sur sol marécageux, aux caractères botaniques semblables à ceux de Lecythis persistens, mais pourvu de contreforts et de racines traçantes avec pneumatophores en arceaux. En 1990, le professeur Scott Mori a donné le rang d'espèce à ce type de maho, sous le nom de Lecythis pneumatophora. 37 ----~- @)--~<'-' ~-- H, Ga7:el 38 L. r~ ; s ---- t (', ( 2 "2" \' \ , " r 1\ S he) 39 4.4. Lecytlzis persiste!!s subspecies aurantiaca (Sagol) Mori maho rouge, lébi loabi , En 1972, lors de l'installation du campement de Lysis sur la Comté, les agents de l'Office National des Forêts constatèrent la présence dans ce secteur d'un "maho rouge" de grande taille d'abord confondu avec Lecythis corrugata. Toutefois, les prospecteurs remarquèrent rapidement que cette espèce possédait de grandes fleurs odorantes, à pétales blancs et androphore orange vif, différentes des fleurs de Lecythis corrugata. En 1982, le professeur Scott Mon a rencontré la même espèce dans la région de S aü! et il en a fait la description botanique sous le nom de Lecythis persistens subspecies aurantiaca. Les caractères de cette espèce, voisine de Lecytlzis persistens Sagot, sont les suivants: Arbre au tronc cylindrique, sans contreforts, pouvant atteindre une hauteur de 35 m et un diamètre de 80 cm. Ecorce lisse dans le jeune âge, puis régulièrement fissurée verticalement, ocracée, semblable à celle de Lecythis corrugata. Sous le rhytidome, l'assise phellodermique est marron et non pas rouge. L'écorce interne est blanchâtre, teintée de marron près du phellodem1e, comme celle de Lecythis persistens. Feuilles semblables à celles de Lecythis persistens, plus petites sur les grands arbres. Fleurs de même structure que celles de Lecythis persistens, mais plus grandes, atteignant une largeur de 6 à 7 cm, avec des pétales et un androphore plus chamus. Il existe un contraste étonnant entre les pétales d'un blanc immaculé et l'androphore orange vif. Fruit turbiné à opercule peu bombé pourvu d'une pointe centrale, plus grand (6 x 6 cm) ct moins rugueux que celui de Lecythis persis/ens. Lec)'lhis persistens auron/iaca est fréquent dans le bassin de la Comté. Il a été reconnu également dans la région de Saül et dans le bassin de l'Approuague. Il est fort possible que son aire naturelle s'étende au-delà de ces secteurs mais qu'il ait été confondu jusqu'à présent avec Lecythis " corrugata. , 40 e, l.. " M. Gaze! 4 1 4.5. Lecythis zabucaja AubIet (Lecythis davisii Sandwith) (espèces très voisines: Lec·ythis pisonis Cambessèdes, Lecythis 4mazonum Martius, Lecythis paraensis Huber, Lecythis amapaensis Ledoux, Lecythis costaricensis Pittier, ... ) Acapucaixa, castanha sapucaia, zabucaja, marmite de singe, canari macaque, kouata patou, monkey pot (tous ces noms locaux évoquent le Üuit en forme de marmite, contenant des graines dont les singes sont très friands). Le zabucaja est l'un des arbres les plus remarquables des forêts intertropicales américaines. On le rencontre tout au long de l'Amazone jusqu'à Iquitos au Pérou, dans les formations de l'ouest du Brésil jusqu'à Rio de Janeiro au sud, dans toute la région des Guyanes et enfin au-delà des Andes, en Equateur, en Colombie, au Panama, au Costa Rica et jusqu'au Nicaragua. Cette essence se reconnaît facilement grâce à quelques caractères principaux très constants. Toutefois, la variabilité de certains caractères secondaires conduisent à distinguer plusieurs variétés ou plusieurs espèces très voisines: ainsi, les fleurs peuvent être de couleur jaune, blanche ou violette; les fmits sont de fonne et de taille différentes d'une région à l'autre, ou parfois sur un même arbre. Arbre de première grandeur, atteignant 50 m de hauteur et 1,50 m de diamètre ou plus, rencontré principalement sur sol sain dans les forêts oc basse ou moyenne altitude. La base du tronc comporte de gros accotements arrondis, irréguliers et souvent bosselés, s'élevant jusqu'à 2 ou 3 m et devenant parfois de larges contreforts chez les sujets âgés. Ecorce externe bmn sombre à bmn-ocracé, très caractéristique avec de profondes crevasses rectilignes régulièrement espacées de 2 à 4 cm. Rhytidome épais, brunocracé. Phelloderme jaunâtre. Tranche épaisse de 2 à 3 cm, très fibreuse, élastique, jaunâtre. Aubier dur, blanc jaunâtre. Cime généralement très développée, à feuillage dense, vert sombre. Feuilles alternes, sans stipules, petites, coriaces, glabres, vert foncé. Pétiole court (6 mm), à bords finement frangés par le limbe décurrent. Limbe elliptique (8 x 4 cm), souvent plié suivant la nervure principale, à marge finement dentée, avec un petit acument récurvé de 8 mm. Nervures secondaires fines, irrégulièrement espacées, se raccordant en arceaux à 2 ou 3 mm du bord. Nervilles fonnant un fin réticulum. ..:., 42 Inflorescences en petits racèmes axillaires et terminaux de 10 cm environ, portant une dizaine de fleurs. En Guyane, la floraison a lieu généralement en août-septembre. Fleur à pédoncule très court pourvu d'une bractée et de deux bractéoles minuscules, rapiddnent caduques. La fleur ouverte a un diamètre d'environ 4 cm. Calice à 6 lobes arrondis 2 à 4 mm. 6 pétales subégaux, obovales (20 x 15 mm), jaune pâle (Grand Matoury) ou violets à base blanche (selon Béna), ou encore tout à fait blancs, comme l'androphore. Le capuchon de l'androphore est plat, rétréci vers l'apex, étroitement appliqué sur la base; il porte sur sa face interne des étamines fertiles et des staminodes. La base de l'androphore porte une centaine d'étamines à filet court (2 mm), disposées autour du pistil. Ovaire à 4 loges contenant chacune une dizaine d'ovules, surmonté d'un style court 2 mm élargi en disque vers l'apex. Fruit remarquable en forme de marmite (pyxide, ou lécythe) fermée par un couvercle (opercule), long et large de 15 cm en moyenne mais parfois beaucoup plus gros, porté par un pédoncule court (10 mm) et épais (15 mm). Péricarpe ligneux épais de 1 à 2 cm. 10 à 30 graines superposées, fusiformes (25 x 12 mm), attachées à la base par un funicule robuste entouré d'un arille blanc et charnu. L'amande du zabucaja est un excellent comestible au goût plus fin que la noix du Brésil (Bertholletia excelsa). Toutefois, la récolte en est difficile, car les singes et les chauves-souris consomment les graines sur l'arbre avant la chute du fruit. Bois très dense (0,96), à grain fin, orangé ou brun-rouge à nuance orangée. Vaiss~aux peu nombreux, assez gros (160 à 200 fl), souvent divisés ou obstrués par des thylles. Parenchyme en fines bandes tangentielles bisériées. Rayons 2- ou 3-sériés, de structure presque homogène, formant un quadrillage avec le parenchyme. 43 :)abU(djd o M.GazeJ 44 4.6. Lecythis poiteaui Berg. (Eschweilera poiteaui (Berg) Niedenzu) maho jaune Grand arbre rencontré sur sol sain au Surinam, en Guyane, ainsi qu'en basse et moyenne Amazonie. Tronc cylindrique, sans contreforts - Ecorce brune à nuance jaunâtre, marquée de fissures longitudinales peu profondes L'écorce interne est typiquement jaune vif, l'aubier jaunâtre-ocracé. Caractères observés sur le témoin [411 12] situé dans la région de St Laurent du Maroni : arbre de conformation exceptionnelle, sans aucun contrefort ni empattement, d'une hauteur totale de 32 m. Tronc droit et cylindrique, la base épaissie en cône sur 5 m avec un diamètre de 85 cm au pied et de 60 cm à 5 m. Ecorce brun-noir à fissures verticales rectilignes espacées de 10 à 20 mm. Rhytidome épais de 2 mm, brun-orangé. Ecorce interne caractéristique, épaisse de 6 mm, jaune-crème lumineux, dure, fibreuse, très finement stratifiée. Zone cambiale 1 mm blanche. Aubier jaunâtre-ocracé. Feuilles de formes et de dimensions variables, mais la marge est toujours finement à très finement crénelée. Pétiole canaliculé 10 mm. Limbe glabre, papyracé à coriace, un peu glauque dessous, elliptique (15,5 x 6,5 cm), nettement acuminé, la base étroitement décurrente sur le pétiole. Environ 22 paires de nervures latérales, relativement assez serrées. L'arbre perd toutes ses feuilles avant la floraison. Les nouvelles feuilles apparaissent en même temps que les fleurs, généralement à partir d'octobre, parfois . , Jusqu en mars. Inflorescences en racèmes de 15 cm portant un petit nombre de fleurs largement espacées. Fleur dépourvue de pédoncule mais stipitée sur 5 à 15 mm. Bractées et bractéoles caduques. La fleur épanouie est grande, d'une largeur de 6 à 10 cm. Hypanthe glabre. Calice à 6 grands lobes (12 x 9 mm), ve11s. Pétales (4 x 2 cm), révolutés, blancs tachés de vert dessus, souvent vert vif dessous. Androphore blanc à capuchon très large (4 cm) et charnu portant des étamines et des starninodes blanches. Les étamines situées à la base de l'androphore, au nombre de 1000 environ, à filet blanc de 4 mm et anthères jaune-ocracé, forment un pompon ;' 45 sphérique très caractéristique autour du pistil. Les fleurs dégagent une forte odeur nauséabonde rappelant le choux ou le fromage qui attire particulièrement les chauves-souris. Celles-ci jouent le rôle d'agents pollinisateurs selon les observations faites à Saül par le Professeur Scott Mori. Fruit turbiné de taille variable allant de 3,5 x 5 à 8 x 10 cm. Les restes du calice sont situés loin du bord et réfléchis vers la base du fruit. Graines généralement grandes (4 x 3 cm) attachées à la base par un funicule entouré d'un arille charnu dont les singes sont très friands. Le bois du maho jaune est très dense (0,96), de structure semblable à celle du zabucaja. Les bandes tangentielles de parenchyme sont larges de 2 à 4 cellules et tout juste visibles à l'oeil nu en section de bout. 46 47 4.7. Lecythis chartacea Berg. (Eschweilera chartacea (Berg.) Eyma) maho blanc, weti loabi, méli, (maho couatary) Grand arbre rencontré dans différents types de station sur une aire naturelle très étendue comprenant la vallée de l'Amazone ct de ses principaux affluents ainsi que toute la région des Guyanes. Tronc cylindrique, sans contreforts, souvent renflé vers la base. Ecorce grisâtre-jaunâtre à fissures verticales espacées de S à IS mm, sc desquamant en lamelles rectangulaires. Assise phellodermique rouge, fine, plus ou moins discernable. Ecorce interne jaunâtre à nuances rougeâtres. Feuille à pétiole de 9 mm pubérulent et limbe elliptique (8 x 4 cm), glabre, papyracé à coriace, à petit acumen aigu, la base étroitement décurrente sur le pétiole. Marge finement crénelée ou presque entière. Environ 12 paires de nervures latérales. Inflorescences en racèmes axillaires ou terminaux courts (6 mm), pubescents, portant une quinzaine de fleurs. La floraison a lieu entre octobre ct décembre, et la fructification vers mars-avril (Béna). Fleur à pédoncule réduit, petite, d'une largeur de 2S mm, lobes (4 x 3 mm), verts. Pétales blanc parfois nuancé de jaune. comme un casque. stipitée sur 4 mm. La fleur épanouie est blanche. Hypanthe pubérulent. Calice à 6 14 x 9 mm environ, blancs. Androphore Le capuchon de l'androphore est bombé Il ne porte que des staminodes, rabattues vers l'intérieur et quelque peu enroulées sur elles-mêmes, de couleur jaune. La base de l'androphore porte une centaine d'étamines à filets de 2 mm, blanc ou jaune. Ovaire à 4 loges, avec 8 ovules par loge environ, surmonté d'un style court (2 mm). Fruit évasé, courtement stipité, en forme de pipe plus ou moins large (environ S x 4 cm), à opercule presque plat pourvu d'une petite pointe arrondie. Graines brun-rouge attachées par un funicule entouré d'un arille basal blanc. Bois brun-rougeâtre, dense (0,92), à grain fin. Vaisseaux assez rares ct gros (220 Il). Parenchyme en bandes tangentielles relativement larges, bien visibles à l'oeil nu. Rayons relativement larges, jusqu'à 4-sériés. . " 48 N.B. : Lecythis confertiflora (A.C. Smith) Mori ressemble au Lecythis chartacea et il est également appelé maho blanc par les prospecteurs. Cette espèce est caractérisée par des feuilles petites (8 x 4 cm) et coriaces, à marge entière; par des fleurs petites, entièrement roses, à hypanthe verruqueux, de structure semblable à celle de Lecythis persistens ; enfin, par des fruits en forme de petite pipe allongée (S x 3 cm). 49 l_ec'jlh" cLarlac"a @ ~ M. Ga<el 50 4.8. Lecytlzis Izolcogyne (Sandwith) Mari Eschweilera holcogyne Sandwith mahp blanc, wéti loabi, méli, (maho couatary) Rencontré dans toute la région des Guyanes mais apparemment rare, Lecythis holcogyne est une espèce très voisine de Lecythis chartacea et pourrait en être considéré comme une simple variété. Toutefois, de beaux arbres témoins situés dans les parcelles d'étude du Service Forestier possèdent exactement les caractères attribués à ce taxon: il fera donc ci -après l'objet d'une description séparée. Grand arbre à base un peu épaissie et flûtée sans contreforts, d'aspect semblable et portant les mêmes noms locaux que Lecythis chartacea. Rhytidome brun-jaune. Assise phellodermique brun-rouge, très fine, pas toujours discernable. Tranche très fibreuse, jaune-ocracé devenant blanc jaune paille près du cambium. Feuilles semblables à celles de Lecythis chartacea, en moyenne un peu plus grandes avec des nervures latérales un peu plus espacées (9 paires au lieu de 12). Fleurs inodores, presque semblables à celles de Lecythis chartacea, un peu plus grandes, avec pour principale différence de ne posséder ni pédoncule ni stipe. La base de l'hypanthe est typiquement arrondie ou tronquée. L'androphore est teinté de jaune sur la moitié terminale du capuchon (cette coloration devient ocre sur les fleurs tombées au sol). Les staminodes sont longues et charnues, rabattues vers l'intérieur de l'androphore et quelque peu enroulées sur elles-mêmes. Fruits caractéristiques, plus gros et plus épais que ceux de Lecythis chartacea (6 x 6 cm), à base tronquée et non pas stipitée, ressemblant parfois un peu à ceux du sapucaja. Bois présentant la même structure que celui de Lecythis chartacea, avec les bandes tangentielles de parenchyme relativement larges et visibles à l'oeil nu. " 51 '-. ... \ "-.- .. _~-- - --_._., ~' ,~- ; \ / M. Ga!'-~ 52 5. Genre Corythophora Knuth Le "matamata cascuda " est un arbre de grande taille rencontré en moyenne et basse ,Amazonie qui possède les caractères du genre Lecythis avec toutefois deux pa\'ticularités : les étamines portées par le capuchon de l'androphore sont toutes pourvues d'anthères, et l'ovaire possède deux loges au lieu de quatre. En 1939, Knuth estime nécessaire de créer un nouveau genre dont le matamata cascuda devient l'espèce-type sous le nom de Corythophora alta. Depuis lors, trois nouvelles espèces ont été rattachées au genre Corythophora en raison de leur ressemblance avec Corythophora alta, et bien qu'elles ne possèdent pas systématiquement les caractères atypiques mentionnés plus haut. On peut se demander s'il ne serait pas préférable de replacer toutes ces espèces dans le genre Lecythis, plutôt que d'accepter un nouveau genre dont les caractères distinctifs ne sont pas constants. Quoi qu'il en soit, les deux espèces concernant la Guyane seront décrites ci-après sous le nom de genre Corythophora. ;' 53 5.1. Corythophora nl1losa W. Rodrigues Rencontré en moyenne et basse Amazonie ainsi qu'en Guyane sur terrain sain, à l'état très disséminé, Corythophora rimosa est un arbre d'assez grande taille, dépourvu de contreforts. Son écorce caractéristique, brune, profondément fissurée dans le sens longitudinal, ressemble à celle du sapucaja. La tranche est rose. Feuille du même type que celle du sapucaja mais plus grande, à pétiole canaliculé de 12 mm et limbe elliptique (12 x 6 cm), glabre, coriace, acuminé, à marge ondulée et finement crênelée, avec environ 15 paires de nervures latérales. Inflorescence terminale ou axillaire ramifiée, ferrugineuse. Fleur petite, d'un diamètre de 25 mm, presque sans pédoncule et non stipitée. Hypanthe glabre, noir, à base tronquée. Calice à 6 lobes larges (2,5 x 2,5 mm), non imbriqués. 6 pétales (environ 10 x 7 mm) rouges (variété de l'Amapa et de Guyane) ou jaunes (moyenne Amazonie). Le capuchon de l'androphore est blanc ou jaune; il porte des étamines à filets libres, toutes pourvues d'anthères. L'ovaire possède généralement 2, mais parfois 3, 4 ou 5 loges, chacune contenant environ 5 ovules. Style indifférencié. Gros fruit caractéristique, campanulé (10 x 10 cm), à paroi épaisse et base tronquée. Opercule presque plat. Graines allongées (40 x 18 mm), à tégument brun-rouge, pourvues d'un arille basal. Bois d'aubier brun pâle, épais de 5 cm environ. Bois de coeur brun-rouge sombre, dur et dense (0,90), un peu siliceux. Vaisseaux de taille moyenne (180 J.1), souvent accolés par 2 ou plus dans le sens radial, à perforations simples. Thylles fréquents. Parenchyme en bandes tangentielles larges de 3 à 4 cellules (environ 80 J.1). Rayons ligneux 2-(-3) sériés, souvent homogènes ou parfois bordés aux extrémités d'une rangée de petites cellules carrées, généralement de faible hauteur (400 J.1). '. S4 5.2. COlythoplzora amapaensis Pirès Corythophora amapaensis, décrit en Amapà et signalé dans les régions de Camol?i et de Saül en Guyane, diffère de Corythophora Rimosa sur les points suivants: Ecorce à fissures longitudinales peu profondes. Tranche brunjaunâtre. Feuille plus grande que celle de Corythophora rimosa, au limbe papyracé. Fleur plus grande que celle de Corythophora rimosa, d'un diamètre de 3S mm environ, portée par un petit pédoncule de 3 mm, non stipitée. Hypanthe ferrugineux avec des rides horizontales; lobes du calice larges (4 x 4 mm), un peu imbriqués, typiquement noirs. Pétales d'environ 18 x 16 mm, rouge carminé à violet ainsi que l'androphore. Le capuchon de l'androphore est plat, épaissi et élargi latéralement, et ne porte que des staminodes dépourvues d'anthères, connées sur la plus grande partie de leur longueur. Ovaire à 2 loges contenant chacune une vingtaine d'ovules. Style indifférencié. Fruit campanulé (l0 x 8 cm), à base tronquée. Graines allongées, pourvues d'un arille basal. Bois brun-rouge sombre très semblable à celui de Corythophora nmosa. ss 1/'< " \1 ".' ". Il' \ l'l' \ III"" \,,1 ,," "III l' .. 1 'fi/l,."1 1/11'" \ \ \ \ J\ / Corjthophora am3 ro~nS~5 M.uazel 56 6. Bertholletia excelsa Humboldt et Bonpland noix du Brésil, castanha do Brasil, castanha do Para, Brazil nu t, touka 1 Le nom de genre Berlhol/elia a été crée par Humbold et Bonpland en 1807, en l'honneur du chimiste français Berthollet. Ce genre est monospécifique et très proche du genre Lecythis. L'aire naturelle de Bertholletia excelsa comprend toute l'Amazonie jusqu'en Colombie, au Pérou et en Bolivie, et atteint le sud de la région des Guyanes. En Guyane française, on rencontre cette espèce dans le haut Oyapock, et elle a été introduite depuis le XIX ème siècle dans la zone côtière, en particulier dans l'Ile de Cayenne. Le noyer du Brésil est un très grand arbre atteignant une hauteur de 50 m et un diamètre de 2 m ou plus. Son tronc est droit et cylindrique sans contreforts. Son écorce est profondément crevassée verticalement et rappelle celle des Lecythis. Disséminé en forêt primaire sur terrain sain, le Bertholletia présente un type de répartition propre aux essences de demi-lumière, comparable par exemple à celui de l'angélique (Dicorynia guianensis) : on le trouve regroupé en agrégats ou "poches" d'une cinquantaine d'individus, les agrégats étant distants les uns des autres de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres. En basse Amazonie, depuis 1984, la grande entreprise de cellulose de Monte Dourado sur le Jari est tenue d'épargner les Batholletia lorsqu'elle effectue ses défrichements pour les plantations papetières. C'est ainsi que l'on voit apparaître les agrégats très caractéristiques de noyers du Brésil au milieu des terrains défrichés. Grandes feuilles alternes, simples, coriaces, glabres, vert foncé vernissé dessus, vert plus clair et mat, finement papilleuses, dessous. Pétiole 3 cm profondément canaliculé. Limbe oblong (30 x 10 cm) à marge ondulée, entière ou parfois obscurément crénelée. Nervure principale d'abord canaliculée dessus dans le prolongement du pétiole, très saillante dessous. Parmi les nervures secondaires, on distingue nettement une trentaine de paires principales et de nombreuses autres paires plus fines. Inflorescences en épis de 20 cm environ, simples ou ramifiés, dressés au-dessus de la cime, chaque axe portant 10 à 20 fleurs. Les pédicelles floraux sont courts (l mm) et épais (3 mm), et laissent de grosses cicatrices orbiculaires sur les axes de l'inflorescence. Ils sont pourvus d'une bra8tée et 57 de deux bractéoles rapidement caduques. Calice d'abord entier, enveloppant le bourgeon, puis s'ouvrant en 2 valves concaves de 12 mm parfois légèrement divisées à l'apex (caractère propre au genre Bertholletia). Corolle odorante, blanchâtre à jaune pâle, formée de 6 pétales subégaux . (3 cm), imbriqués, charnus à la base, s'écartant peu de l'androphore. La base de l'androphore porte une centaine d'étamines à filet blanc (3 mm) et anthère jaune (l mm). Le capuchon hémisphérique porte uniquement des staminodes rabattues vers l'intérieur. Hypanthe pubérulent (4 mm), tronqué au niveau du calice. Ovaire à 4 loges, 4 à 6 ovules. Style relativement long (8 mm) à petit stimate papilleux, incliné vers l'ouverture de l'androphore. Gros fruit globuleux de 8 à 13 cm, pesant de 400 à 1500 g, à péricarpe ligneux et sclérifié très dur. On distingue les débris du calice sur un cercle situé aux 3/4 du fruit. L'opercule n'a que 8 mm de diamètre à maturité, la columelle se rétracte et l'entraîne vers l'intérieur du fruit, en laissant une "ostiole" trop étroite pour permettre la libération des graines. Sous le péricarpe, épaisse couche filamenteuse blanchâtre. 12 à 25 graines de 35 mm à section triangulaire, protégées par un tégument brun-noir, dur, ligneux et rugueux. Amande blanche, huileuse, excellent comestible commercialisé aujourd'hui dans le monde entier. Embryon indifférencié, les cotylédons étant réduits à deux minuscules écailles. En forêt naturelle, les arbres qui font l'objet d'une récolte régulière donnent en moyenne 150 fruits par an. Le fruit arrive à maturité sur l'arbre environ un an après la floraison, mais il ne tombe au sol que 3 à 5 mois plus tard. Les graines germent dans le fruit tombé à terre; quelques plantules parviennent à sortir par l'ostiole et leurs racines se développent en même temps que le pourrissement du péricarpe. Les fruits peuvent également être rongés par les agoutis qui font des réserves de graines et aident ainsi à leur dissémination. La germination des graines récoltées en détruisant le péricarpe n'intervient qu'après une longue période de l'ordre de 300 jours. On réduit cette durée en trempant les graines dans une solution d'acide sulfurique, le hile étant protégé à l'aide de parafine. La getmination de Bertholletia excelsa est semblable à celle d'Eschweilera coriaeea : la radicule apparaît à l'une des extrémités de la graine et l'épicotyle à l'autre extrémité. L'axe épicotyle porte d'abord quelques écailles alternes (cataphylles), puis apparaissent les premières feuilles (éophylles), plus petites que les adultes et parfois nettement crénelées. 58 Le bois d'aubier est brun jaune pâle et présente une délimitation franche avec le bois de coeur. Bois de coeur brun rosé clair, à grain grossier, assez léger (0,65). Vaisseaux plutôt gros (250 iJ.) peu nombreux, souvent accolés par 2 ou 3, à perforations simples, obstrués par des thylles. Parenchyme en fines bandes tangentielles 2- à 4-sériées. Rayons larges, 2-4-sériés, subhomogènes. Le bois du noyer du Brésil fonce et se temit à la lumière. Il se travaille facilement mais présente une durabilité médiocre. Il a été largement utilisé localement en menuiserie ordinaire, mais son exploitation est aujourd'hui réduite car l'espèce est presque partout protégée. .. Ce,thotlct'd e.X(R\~J COupè X 2 tvl.Ga7Ce\ 60 7. Genre Esc1zweilera A. P. de Candolle (1828) En [828, A.P. de Candolle distingua [e genre Eschweilera (nom donné en ['honneur du botaniste allemand Eschweiler) au sein du genre Lecythis préexistànt. Toutefois, c'est Miers qui précisa l'ensemble des caractères distinctifs de ce nouveau genre en 1874. Fleurs zygomorphes avec un calice à 6 lobes et une corolle composée de 6 pétales presque libres. Capuchon de ['androphore enroulé deux ou trois fois sur lui-même, portant des staminodes mais jamais d'étamines fertiles. Ovaire à 2 loges, bombé à la partie supérieure avec un style peu différencié. Graines sans arille ou pourvues d'un arille latéral engainant le funicule. Chez tous les Eschweilera, le pédoncule floral porte une bractée et deux bractéoles qui disparaissent précocement. En Guyane, les "mahos noirs à grandes feuilles" (Eschweilera grandiflora, Eschweilera simiorum, Eschweilera congestiflora) possèdent quelques caractères qui les rapprochent du genre Lecythis : ovaire à 4 loges, écorce parfois régulièrement fissurée verticalement. En ce qui concerne les autres Eschweilera, il est parfois difficile de préciser l'espèce compte-tenu de la variabilité de certains caractères (aspect de l'écorce, dimension des fleurs, dimension et forme des fruits). Dans les inventaires forestiers, on appelle couramment "maho noir" ou "baïkaaki" plusieurs espèces qui sont alors confondues avec la plus fréquente d'entre elles, Eschweilera coriacea (cf. tableau III, N.B.). " 61 7.1. Eschweilera grandij10ra (Aubiet) Sandwith (Lecythis g randiflora Aubiet) maho noir à grandes feuilles, ba"ikaaki Parmi les nombreuses Lécythidacées rencontrées sur le Mont Grand Matoury proche de Cayenne, Eschweilera grandifiora est de loin l'espèce la plus fréquente. Plus rare dans le reste de la Guyane, cette espèce a néanmoins été identifiée dans toute la région côtière (Placeaux du BAFOG à St Laurent, station de Paracou proche de Sinnamary, route de St Elie) ainsi qu'à Saül et dans les bassins de la Comté et de l'Approuague. Eschweilera grandifiora existe également au nord-est du Surinam et tout le long de l'Amazone, depuis Iquitos jusqu'à Belém. Arbre de taille moyenne, développant sa cime en sous-étage mais pouvant atteindre un diamètre de 50 cm. Tronc généralement cylindrique, sans contreforts. Ecorce assez lisse, sombre, verdâtre à noirâtre, avec quelques fines lignes verticales de lenticelles. Rhytidome pelliculaire ocre. Assise phellodermique noire. Ecorce interne dure, fibreuse, blanche à nuances jaunâtres. Feuilles de forme variable, grandes, bien reconnaissables sur l'arbre et au sol. Pétiole lisse 20 mm. Limbe elliptique ou obovale (28 x 13 cm), glabre, coriace, à marge souvent révolutée entière ou nettement denticulée (sur un même arbre). Environ 15 paires de nervures latérales se rejoignant en arceaux à 3 mm du bord. On observe souvent sur le limbe des stries presque parallèles à la nervure médiane. En juillet, les bourgeons foliaires grands, lancéolés (16 x 1,6 cm) deviennent parfois rouge vif et tombent au sol en grand nombre. Inflorescences en racèmes simples de 15 cm, axillaires ou terminaux, le rachis en zig-zag portant une dizaine de fleurs. Floraison souvent observée en décembre-janvier. Fructification en mars-avril. Fleur portée par un pédoncule de 1 à 6 mm pourvu d'une bractée basale (9 x 7 mm) et de deux bractéoles (6 x 5 mm) rapidement caduques, prolongé par le stipe (10 à 20 mm) f0I1ement épaissi, vert ou rougeâtre avec de petites lenticelles blanches. Le calice présente une structure exceptionnelle : il comporte 6 grands lobes (18 x 15 mm) érigés, très imbriqués, fins, ;' 62 rouge carminé, pétaloïdes, persistant à la base du lécythe. 6 grands pétales (4 x 2,5 cm) blancs nuancés de rose à l'apex, parfois carminés dessous, révolutés. Capuchon de l'androphore bombé, ovoïde, jaune vif, enroulé trois fois sur lui-même, tapissé de staminodes charnues également jaunes. Base de l'androphore plus pâle, portant environ 300 étamines à filet blanc et anthères jaunes. 00aire à 2, 4 ou 5 loges, le plus souvent 4 (caractère propre au genre Lecythis), avec environ 6 ovules par loge. Style oblique 6 mm, blanc, rose à l'apex. Le lécythe est très caractéristique et immédiatement reconnaissable au sol. C'est une petite cuvette de 3 x 5 à 5 x 8 cm à paroi mince (3 mm), portée par le stipe (18 x 6 mm), avec les lobes du calice persistants à la base. Opercule presque hémisphérique, lisse. 3 à 6 graines (25 x 20 mm), flanquées du côté de l'axe d'un arille en forme de langue blanche engainant le funicule (20 mm). Bois assez lourd (0,90), fendif. Vaisseaux relativement fins (180 jJ.), généralement accolés par 2 ou plus dans le sens radial. Parenchyme en bandes tangentielles fines et régulièrement espacées, larges de 2 cellules. Rayons ligneux 2-3-sériés, hauts, presque homogènes avec une rangée de cellules carrées aux extrémités. Le parenchyme et les rayons forment un quadrillage fin et régulier comparable à celui d'Eschweilera coriacea . ..• cs c h vv e; \ è_ rd (" <~ li ct l \ \ 0 l' <.1 63 . :':'::. ' .. - . ':; ~ : . ::-.- . - - M. G,,"~I 64 7.2. Eschweilera simiol'Um ( R. Benoist) Eyma (Le.cythis simiorum R. Benoist 1915) maho noir à grandes feuilles, (maho jaune). ; Eschweilera simiorum est un arbre de sous-étage dont le diamètre ne dépasse guère 35 cm, sans contreforts. Ecorce généralement lisse, un peu écailleuse chez les sujets âgés. Ecorce interne jaunâtre. Cette espèce est signalée dans le nord de la région des Guyanes ainsi qu'en basse Amazonie. Feuilles de grande taille. Pétiole '18 mm, lisse, canaliculé. Limbe elliptique (28 x 13 cm) glabre sur les deux faces, papyracé à coriace, acuminé, à marge entière ou obscurément crénelée. Inflorescences en racèmes simples de 9 cm portant une quinzaine de fleurs seITées. La floraison est discrète et s'étale sur quelques mois. Fleurs assez grandes, subsessiles. Hypanthe glabre. Calice à 6 lobes grands et larges (14 x 15 mm), imbriqués, typiquement veinés. 6 pétales subégaux (28 x 18 mm) blancs parfois nuancés de rose. Androphore jaune à capuchon bombé et élargi ne portant que des staminodes. La base de l'androphore porte 200 étamines environ, disposées sur une plage circulaire autour du pistil. Ovaire à 4 loges surmonté d'un style assez long (6 mm) incliné vers l'ouverture de l' androphore. Fruits subglobuleux caractéristiques. La base hemisphérique du lécythe est couverte de lenticelles irrégulières. Les lobes du calice, un peu lignifiés et dressés vers le haut, nettement veinés, persistent à mi-hauteur du fruit. L'opercule est surmonté d'une longue pointe. Une substance gélatineuse et collante apparaît entre l'opercule et le lécythe lors de l'ouverture du fruit mur. Le fruit contient 2 à 6 graines (30 x 15 mm) pourvues d'un arille basal blanc. Le bois d' Eschweilera simiorum est très dur, dense (0,95) et siliceux. Le parenchyme est disposé en bandes tangentielles fines, les rayons sont 1ou 2-sériés. 65 t"i. GaL r 66 7.3. - Eschweilera congestiflora (R. Benoist) Eyma (Lecythis congestiflora R. Benoist 1915) maho noir à grandes feuilles Eschweilera congestijlora possède des caractères botaniques très proches de ceux d'Eschweilera grandijlora et d'Eschweilera simiorum. C'est pOUl1ant une espèce bien distincte, facilement identifiable grâce à ses grandes feuilles largement elliptiques, blanchâtres et finement papilleuses dessous. Son aire naturelle semble restreinte: elle n'a été rencontrée que dans le nord de la Guyane, entre Cayenne et St Laurent du Maroni, ainsi que dans le nord-est du Surinam. Elle est particulièrement fréquente entre le Kourou et la Sinnamary. Arbre de sous-étage atteignant 50 cm de diamètre, au tronc cylindrique grisâtre, finement fissuré verticalement, sans contreforts. / Feuille à fort pétiole de 25 mm, rugueux. Limbe (24 x 14 cm) courtement acuminé, coriace, à marge entière révolutée, vernissé dessus, pâle et finement papilleux dessous. Environ 16 paires de nervures latérales. Inflorescences en épis simples portant une quinzaine de fleurs serrées les unes contre les autres, aux pétales déformés. / Fleur sessile ou presque (sans pédoncule ni stipe). Calice à 6 lobes larges (16 x 16 mm) et imbriqués, nettement veinés. 6 pétales (3 x 2 cm) blancs nuancés de rose. Androphore à capuchon bombé, jaune, enroulé trois fois sur lui-même. La base de l'androphore porte 300 à 400 étamines. Ovaire à 4 loges. Style de 8 mm incliné vers l'ouver1ure de l'androphore. Fruit globuleux (4 x 4 cm), caractéristique. Base très évasée, tronquée, rugueuse, surmontée par les lobes du calice persistants. Opercule un peu bombé, portant un long style. Présence d'une substance mucilagineuse entre le sommet du lécythe et l'opercule. Graines de 2 x 1 cm avec une face convexe, pourvues d'un arille blanc à la base. Bois d'aubier et bois de coeur bien différenciés. Densité élevée (0,95). Bandes tangentielles de parenchyme larges de 3 à 4 cellules, visibles à l'oeil nu en section de bout. Vaisseaux rares, gros (230 f.l), isolés ou accolés par 2, souvent encombrés de thylles. Rayons 2- à 3-sériés presque homogènes, sans corpuscules siliceux. cl F~ s ( 1\ vV (J. 1 \ c. ~. 1.-) (• 0 n c ::. \ ~ r \0 ," èo M 68 7.4. - Eschweilera conGcea (A.P. de Candolle) Mori Lecythis coriacea (A.P. d. C), Eschweilera odora (Poeppig) Miers ; maho noir, ba'lkaaki, manbarklak Presque partout en Guyane, Eschweilera coriacea semble être l'espèce la plus fréquente parmi toutes celles qui sont appelées localement "maho noir" ou "ba'lkaaki" (cf. supra. tableau III). Cette espèce possède une aire naturelle très vaste qui comprend toute l'Amazonie et la région des Guyanes, mais on la rencontre encore au-delà des Andes, en Colombie et au Panama. Elle préfère les terrains sains mais supporte également les stations mouilleuses. Arbre à croissance très lente et à bois très dur qui développe généralement sa cime en sous-étage mais qui atteint parfois une grande taille avec 35 m de hauteur et 80 cm de diamètre. Chez les sujets de taille moyenne, l'écorce est lisse, noirâtre avec des plages vert sombre, marquée de fines lignes verticales de lenticelles, de quelques fissures irrégulières peu profondes et de cicatrices de desquamation à contours sinueux. Assise phellodennique noire. Ecorce interne peu épaisse, très fibreuse, blanc jaunâtre. Chez certains sujets âgés, les contreforts peuvent être très développés. Il arrive également que l'écorce se desquame en lames fines et irrégulières, ressemblant alors à celle d'Eschweilera apiculata. Feuille à pétiole de 8 mm rugueux, canaliculé. Limbe elliptique (16 x 6 cm) à acumen aigu, à marge entière ou obscurément crénelée, glabre, papyracé à coriace, avec environ 14 paires de nervures latérales. Inflorescences terminale ou axillaire, en racèmes simples ou ramifiés avec les axes en zig-zag. Pédoncule floral court (1 à 2 mm) prolongé par le stipe de l'hypanthe (10 mm environ). La fleur épanouie a un diamètre de 3 à 4 cm. Calice à 6 lobes petits, relativement larges (4 x 4 mm), convexes, souvent rougeâtres. 6 pétales inégaux de 2 à 3 cm, blancs. Capuchon de l'androphore jaune, enroulé deux fois sur lui-même. La base de l'androphore porte environ 200 étamines à filets blancs de 2 mm et anthères jaunes. Hypanthe pubescent. Ovaire à 2 loges contenant environ 5 ovules chacune. Style peu différencié de 1,5 mm. 69 Fruit hémisphérique, souvent brusquement retréci sous le calice, de taille variable sur un même arbre (diamètre de 4 à 8 cm). Au dessus du calice, le lécythe comporte une partie presque cylindrique, haute de 6 à 30 mm, assez caractéristique. Opercule un peu bombé avec une petite protubérance arrondie au sommet. Environ 4 à 6 graines ovoïdes (25 x 15 mm) flanquées d'un arille latéral en forme de languette charnue, blanche, enveloppant le funicule. L'arille est comestible mais amer. La germination commence par l'apparition de la radicule qui perce le tégument de la graine à l'une de ses extrémités. La tigelle apparaît à l'autre extrémité. La jeune tige porte d'abord quelques petites écailles aiguës ct alternes (cataphylles) puis souvent une feuille très petite et enfin les premières feuilles adultes à marge finement mais nettement crénelée. La graine reste partie intégrante de la plantule ct subsiste au niveau du collet comme un épaississement entre la tige et la racine; elle ne se résorbe que très lentement. Bois d'aubier gris-jaunâtre épais, à délimitation peu franche avec le duramen, sensible à la pourriture. Bois de coeur brun-jaune très dense (l,OS). Vaisseaux peu nombreux, assez gros (200 Jl.), souvent obstrués par des thylles. Parenchyme en lignes tangentielles épaisses seulement de 1 ou 2 cellules, non visibles à l'oeil nu. Rayons 2-3-sériés presque homogènes, avec une rangée de petites cellules carrées aux extrémités. Le bois de coeur d'Eschweilera coriacea est très dur, siliceux, fendif, difficile à travailler, mais résistant à la pourriture ct aux tarets. Compte tenu de son abondance en forêt ct de la bonne conformation des fûts, il a été utilisé au Surinam dans la fabrication de pilots équarris destinés aux ouvrages portuaires ct parfois exporté sous celte forme vers l'Europe. Selon Béna, le bois d'Eschweilera coriacea convient également pour la confection de petits objets artisanaux. N.B. 1 : En 1932, Sandwith a décrit sous le nom d' Eschweilera decolorans un maho noir aux caractères très voisins de ceux d'Eschweilera coriacea, mais qui s'en distinguerait par les particularités suivantes: les pièces florales, un peu plus grandes que celles d'Eschweilera coriacea, deviennent immédiatement bleu-vert sous l'effet d'une blessure ou d'un écrasement. Le fruit est très abruptement tronqué sous le calice ct possède une partie supracalycinale haute de 2 à 4 cm. 70 N.B. 2 : Une nouvelle espèce, qui paraît également proche d'Eschweilera coriacea, a été décrite à Saül en 1987 par le Professeur Scott A. Mori, sous le nom d' Eschweilera squamata. La présenee de cette espèee a été reconnue depuis lors dans tout le bassin de la Comté. Il s'agit d'un grand arbre pourvu de contreforts très développés, remarquable par son écorce pr6fondément fissurée se desquamant en fines et longues lamelles rectangulaires. Ses fleurs sont presque sessiles et plus petites que celles d' Eschweilera coriacea, avec un style non différencié. Ses fruits sont larges, peu ou pas stipités, avec un opercule convexe, lisse, sans trace de style visible. 71 .... .. , . M. (,n<1 72 ~\, ~ EschwE;\era 5quarnata M.0aul 73 7.5. Eschweilera parviflora (Aubiet) Miers Lecythis parviflora Aubiet maho noir, b,aïkaaki, quatélé à petites fleurs jaunes (Aubiet) Arbre de sous-étage, de taille petite ou moyenne, sans contreforts ou avec des contreforts à peine marqués. Commun en Guyane, au Guyana et en Guyane vénézuélienne, il a rarement été signalé ailleurs. Ecorce assez semblable à celle de jeunes Eschweilera coriacea, lisse avec de fines lignes verticales de lenticelles. Tranche blanc-jaunâtre. Feuille à pétiole de 8 mm et limbe elliptique de 12 x 5 cm, glabre, papyracé, acuminé, à marge entière. Environ 10 paires de nervures latérales. Inflorescences en petits racèmes de 5 cm. Floraison observée en novembre (Montagne des Singes à Kourou). Fleur petite, large de 23 mm, à pétales et androphore entièrement jaune citron, dégageant une odeur très suave. Calice à 6 lobes larges et imbriqués de 5 x 4 mm. 6 pétales (13 x 8 mm). Androphore enroulé deux fois sur lui-même. La base de l'androphore porte 80 étamines à filet blanc de 1 mm et anthères jaunes. Hypanthe courtement mais nettement stipité. Ovaire à 2 loges contenant chacune environ 6 ovules. Fruit petit, cupuliforme (2 x 3 cm), à paroi fine. Opercule convexe avec une protubérance à peine marquée. Graines Cl ou 2) pourvues d'un arille latéral. Bois très dense (1,08), fendif. 74 7.6. Eschweilera apiculata (Miers) A. C. Smith maho noir, baïkaaki ; Eschweilera apiculata se rencontre depuis la région de Manaùs jusqu'en basse Amazonie et en Guyane française, sur terrains sains. Quelques arbres témoins bien caractéristiques sont répertoriés sur le Mont Grand Matoury proche de Cayenne, sur la Montagne des Singes au Sud de Kourou et à Saül. Grand arbre atteignant une hauteur de 35 m et un diamètre de 70 cm. Le tronc s'épaissit un peu vers la base, sur 2 à 3 m. Le pied est flûté avec parfois des amorces de petits contrefor1s. Ecorce généralement grisâtre à verdâtre avec de grandes plaques de desquamation minces, à contours sinueux, laissant sur le tronc des zones cicatricielles blanchâtres. Lenticelles plus grosses que celles d'Eschweilera coriacea, disséminées, ou par endroits courtement alignées dans le sens vel1ical. Assise phellodermique peu visible, très fine et noire sous les zones cicatricielles. Tranche dure et homogène rose vif, très caractéristique, contrastant avec le cambium et l'aubier qui sont jaunes. Chez les arbres âgés, l'écorce prend en partie ou en totalité une coloration brun-rose avec des lenticelles rouilles et rappelle un peu celle du grignon franc. Enfin, la tranche habituellement rose vif peut apparaître plus pâle, ocre-orangé, chez certains sujets. Feuille à pétiole de 9 mm et limbe elliptique de Il x 5 cm, acuminé, finement décun-ent sur le pétiole, papyracé, à marge entière. Inflorescences en petits racèmes de 6 cm axillaires ou terminaux. Floraison observée en fin novembre - début décembre dans le nord de la Guyane. Fleurs petites, larges de 20 à 25 mm, exhalant une forte odeur de jasmin. Pédoncule 0,5 mm prolongé par le stipe (7 mm) lisse, vert, à peine épaissi au sommet. Calice à 6 lobes (3 x 2 mm) verts. 6 pétales (13 x 8 mm) blancs. Androphore jaune, parfois presque blanc dessus. Environ 100 petites étamines à filets blancs et anthères jaunes. Ovaire à 2 loges surmonté d'un st Yle très court. .. 7S Fruit assez caractéristique, petit (4 x 4 cm), conique, stipité, avec un opercule un peu bombé pourvu d'une petite protubérance arrondie. Généralement 1 graine (18 x 10 mm), parfois 2 à 4. Bois à grain très fin, de droit fil, dense. Vaisseaux plus fins que ceux d'Eschweilera coriacea (180 [1.). Parenchyme en lignes tangentielles fines (larges de J à 2 cellules) formant un quadrillage serré avec les rayons 1- ou 2-sériés. 76 Eschwc;\er,) _ --~.- .... ..... \)àt"v,f\ora __ .~. • M.Gat~1 77 7.7. Eschweilera l7licrantha (Berg) Miers (Lecylhis micranlha Berg, Lecylhis graciLipes Sagot, Eschweilera floribunda Eyma) maho noir, baïkaaki Eschweilera micranlha possède une aire naturelle étendue en Amazonie centrale et dans la région des Guyanes. En Guyane Française, il a été identifié dans la plupart des stations d'étude du service forestier (Placeaux du BAFOG à St Laurent, Parakou, Comté, Saül). Arbre rencontré en terrain sain, de taille petite à moyenne, sans contreforts. Ecorce lisse, marquée de dépressions irrégulières à contours smueux. Feuille à pétiole de 7 mm et limbe elliptique de 16 x 6 cm acuminé, à marge entière, glabre, papy racé, à 12 paires de nervures latérales. Inflorescences en grappes paniculées. Fleur à stipe bien distinct de 6 à 10 mm, petite (20 mm), généralement à pétales blancs et androphore jaune. Calice à 6 lobes relativement larges (2,5 x 2,5 mm) et épais. 6 pétales larges 02 x 10 mm), blancs ou rarement jaune pâle. Capuchon de l'androphore jaune clair, marqué dessus d'un sillon frontal, enroulé deux fois sur lui-même. A la base, environ 150 étamines à filet court 0,5 mm). Ovaire à 2 loges surmonté d'un style court. Fruit plutôt petit, cupuliforme (3 x 4 cm), à stipe court plus ou moins individualisé. Anneau calycinal proche du sommet. Opercule faiblement convexe avec une petite protubérance à peine marquée. 1 à 4 graines (20 x 15 mm) pourvues d'un arille latéral. N.B. : Plusieurs espèces rencontrées en Guyane présentent des caractères voisins de ceux d'Eschweilera micranlha, généralement avec des fleurs à pétales blancs et androphore jaune. On donnera ci-après quelques précisions concernant Eschweilera sagoliana qui semble l'une des espèces les plus communes dans le nord du département, et l'on rappellera succinctement les caractères distinctifs des autres espèces (cf. aussi planche dessinée). 78 Esclzweilera sagotiana Miers Feuilles coriaces, vernissées dessus, obscurément crénelées, les nervures ainsi que le réticulum de nervilles saillants dessous. Fleurs odorantes, un peu plus grandes et le stipe plus épais que chez Eschweilera micrantha. ' Caractères observés sur le témoin [S 630 - 90 m 18 G] : arbre droit et cylindrique, d'un diamètre de 45 cm et d'une hauteur totale de 28 m. Pied légèrement évasé et flûté sur 2 m avec des contreforts à peine marqués. Ecorce gris-verdâtre se desquamant par endroits en plaques fines à contours sinueux, laissant des plages cicatricielles blanchâtres. Lenticelles plus grosses que chez Eschweilera coriacea, éparses ou parfois grossièrement alignées verticalement. Assise phellodermique peu distincte, noire sous les cicatrices corticales. Ecorce interne épaisse de 5 mm, très fibreuse, ocreorangé pâle, devenant jaune près du cambium. Aubier jaunâtre. Esclzweilera waclzenlzeimii (R. Benoist) Sandwith Arbre de taille moyenne se tenant en sous-étage. Feuilles petites, papyracées, longuement acuminées. Fruits petits (25 x 30 mm), peu ou pas stipités, l'anneau calycinal situé à 10 mm du Sommet. Esclzweilera coUina Eyma Arbre de taille moyenne, atteignant parfois 30 m. Ecorce interne orange. Feuilles coriaces. Fleurs un peu plus grandes que celles d'Eschweilera micrantha, longuement stipitées (20 mm). Fruit largement turbiné, les lobes du calice épais, triangulaires, persistants à quelques millimètres du bord du lécythe. E 79 f"!(r""lh,, ,/ ''', E, wac.hel\he.im\! , E, co\\ina --------~ 80 7.8. Eschll'eilera pedicellata (Richard) Mori (Lecythis pedicellata Richard 1792, Lecythis longipes Poiteau 1825) i maho noir, baïkaaki, manbarklak Eschweilera pedicellata est commun dans toute la reglOn des Guyanes jusqu'à l'Orénoque ainsi qu'en basse et moyenne Amazonie. Vers le Sud, il atteint le territoire d'Acre sur le Haut-Purus. Cette espèce se distingue très nettement des autres Eschweilera par ses grandes fleurs mauve-rosé longuement pedicellées. Arbre de sous-étage dépassant rarement une hauteur de 20 m et un diamètre de 25 cm. Ecorce grisâtre marquée de fissures verticales fines et rapprochées. Ecorce interne peu épaisse, blanc jaunâtre. Absence de contreforts. Feuille à pétiole de 8 mm et limbe elliptique de 15 x 6 cm, acul1Ùné, à marge entière, papyracé à coriace, avec environ 12 paires de nervures latérales. (La dimension des feuilles est très variable sur un même arbre). Inflorescences en petits racèmes de quelques centimètres axillaires ou terminaux. Les fleurs un peu pendantes sont portées par de longs stipes attachés presque directement sur le rachis. Floraison discrète de septembre à décembre. Fleur épanouie de 4 à 8 cm de diamètre, inodore. Calice à 6 lobes (9 x 6 mm), verts souvent nuancés de rouge foncé. 6 pétales d'environ (3 x 2 cm), mauve-rosé parfois tachés de blanc. Androphore très bombé et charnu, mauve-rosé avec une tache blanche dorso-basale. Capuchon enroulé trois fois sur lui-même portant des staminodes roses et jaunes. A la base de l'androphore, environ 300 étamines à filet blanc de 2 mm et anthères jaunes. Ovaire à 2 loges contenant environ 8 ovules chacune, surmonté d'un style court 3 mm. Fruit turbiné de 4 à 6 cm de diamètre, longuement stipité, le stipe souvent cassé au sol. Les sépales persistants sont à 1 cm ou moins du bord du lécythe. Opercule un peu bombé avec une petite pointe arrondie. Sur les fruits en formation, l'opercule reste longtemps blanc alors que le lécythe est vert ou brun. 1 à 4 graines de 20 x 15 mm, à tégument vernissé brun sombre orné de veines brun clair, flanquées d'un arille en forme de languette 81 blanche, charnue, engainant le funicule dont une extrémité est attachée au fond du lécythe et l'autre au sommet de la graine. Amande blanche. Bois très lourd (1,0), brun-jaunâtre, à aubier bien différencié, semblable à celui d' Eschweilera Coriacea. Toutefois, les lignes tangentielles de parenchyme sont un peu plus fines et plus serrées, les rayons sont plus fins, 1- ou 2-sériés, et contiennent fréquemment des corpuscules siliceux. 82 . ) Cl ~. \ \ <1 le, ·\ ! (e~ [~ s-(-1\'v../ E c I~ d_~ __ .. _~____ ---. 1 \ , , M. Gazo.\ 83 / / / / / , :;.. ( ~ '-,,~,-------'-<Q\ ,:~ M.G. 84 8.Genre Couratari Aubiet Le genre Couratari constitue une unité taxonomique très naturelle, définie par un petit nombre de caractères précis et bien apparents. Pourtant, si ce genre a été 'créé par Fusée-AubIet dès 1775, plusieurs erreurs commises dans la récolte des feuilles, des fleurs ou des fruits ont entretenu une certaine confusion durant tout le XIX ème siècle. C'est seulement en 1932 qu' Eyma a clairement énoncé les caractères distinctifs du genre. Chez les Couratari, le capuchon de l'androphore s'enroule deux fois sur lui-même et se prolonge par un rabat qui s'enroule en sens inverse jusqu'à coiffer une partie du capuchon. Ce caractère s'observe facilement sur les pièces florales tombées au sol après l'anthèse. Il convient de noter que seule la base de l'androphore porte des étamines fertiles; le capuchon ne porte que des staminodes. L'ovaire des Couratari possède trois loges pluri-ovulées et il est surmonté d'un style très court. Le frLlitesUypiquement allongé, avec un péricarpe ligneux plus ou moins épais. II est occupé en son centre, de la base jusqu'au sommet, par une columelle charnue à section triangulaire arrondie. Sur chaque méplat de la columelle sont appliquées une ou plusieurs graines très plates entièrement entourées d'une aile oblongue. A maturité, l'opercule se détache avec la columelle. Les fruits tombés au sol sont immédiatement identifiables. L'embryon est pourvu de deux cotylédons foliacés qui se dégagent de la graine avec l'épicotyIe et qui forment deux feuilles cotylédonnaires opposées, chlorophylliennes. Toutes les espèces de Couratari présentes en Guyane donnent des arbres de très grande taille, parfois superdominants, avec des contreforts très développés. Sous l'écorce, le liber se di vise aisément en larges feuilles pelliculaires utilisées autrefois par les Amérindiens pour confectionner les enveloppes de cigares. De là vient le nom local de "maho cigare" donné aux Couratari. Le bois des CouratarÎ est relativement peu dense (0,60 à 0,75). Il présente un plan ligneux très semblable à celui de plusieurs Lécythis et ne peut guère être utilisé pour une identification précise des espèces. 85 8.1. COllratari guianensis Au blet (Couratari panamensis Standley, Couratari fJulchra Sandwith) maho cigare, ingui pipa Fusée-Aubiet n'a donné de COllralari guianensis qu'une description imparfaite. Dans son livre, la fleur n'est pas décrite et la feuille représentée sur la planche n° 290 est celle d'une autre Lécythidacée. Toutefois, de très beaux arbres témoins sont aujourd'hui repérés dans les parcelles d'étude du service forestier et il est facile de compléter cette description. L'aire naturelle de COllratari guianensis est très étendue. Elle couvre toute l'Amazonie, la région des Guyanes, le Venezuela, la Colombie, le Panama et le Costa Rica. Arbre superdominant atteignant une hauteur de 50 111, pourvu de contreforts très développés s'élevant parfois jusqu'à 6 m. Ecorce lisse et sombre rappelant celle d' Eschweilera coriacea, avec de fines fissures verticales irrégulières, se desquamant parfois en petites lanières. Tranche dure et fibreuse, avec le liber rosâtre à brunâtre finement feuilleté sur une épaisseur de 3 mm. Les Amérindiens utilisent l'écorce pour confectionner des cordages et le liber pour confectionner des enveloppes de cigare. Feuille caractéristique, facilement identifiable au sol. Pétiole 2 cm, canaliculé, pubérulent. Limbe obovale (l5 x 7 cm), entier, coriace et épais, glabre dessus, finement pubescent à poils étoilés dessous. Les nervures forment un reticulum très saillant dessous. Inflorescences environ 13 cm, peu ramifiées, pubérulentes, dressées sur la partie terminale des rameaux à la périphérie de la cime. Floraison abondante et rapide, intervenant en début de saison sèche après une défoliation complète de l'arbre. Fleur munie d'un pédicelle de 15 mm fin, pubérulent, à bractées caduques. Calice à 6 lobes 4 mm pubérulents, ciliés. Corolle à 6 pétales (25 mm) tomenteux à l'extérieur, pubérulents à l'intérieur, rose-violacé. Androphore rose-violacé vif, lisse sur le dessus, la base portant une vingtaine d'étamines disposées en un ou deux cercles autour du pistil. Hypanthe campanulé 3 mm. Ovaire infère à 3 loges. 86 Gros fruit cylindrique (15 x 5 cm), à base fortement stipitée sur 3 cm. Péricarpe ligneux et coriace, épais de 5 mm, couvert de lenticelles. Columelle charnue à section triangulaire arrondie, s'élargissant au sommet pour former un opercule presque plat. Sur chaque méplat de la columelle sont appliquées plusieurs graines très plates entourées d'une aile oblongue (9 x 2 cm). i Bois de coeur peu distinct de l'aubier, pâle, jaunâtre, léger (0,60). Vaisseaux peu nombreux, isolés ou rarement accolés par 2 ou 3, de taille moyenne (180 J.1.). Parenchyme en fines lignes tangentielles généralement unisériées formant un quadrillage avec les rayons. Rayons 1- à 3-sériés, homogènes avec parfois une rangée de cellules carrées aux extrémités. Le bois de Couratari guianensis est sensible aux moisissures et peu utilisé en pratique. C;u\a,nC:flS\ S x 1/3 M.G. 8 8.2. Couratari stellata A. C. Smith ma ho cigare, ingui pipa Couratari stellata est un grand arbre dont l'aspect est très semblable à celui de Couratari guianensis mais dont l'aire naturelle est un peu moins étendue. On le trouve tout au long de l'Amazone et dans la région des Guyanes jusqu'à l'Orénoque. Feuille nettement différente de celle de Couratari guianensis. Pétiole 10 mm, finement ailé chez les jeunes feuilles. Limbe elliptique (8 à 5 cm), faiblement acuminé, à marge crénelée, papyracé, glabre dessus, glabre ou légèrement pubescent avec poils étoilés dessous. Environ 15 paires de nervures secondaires. On observe fréquemment des stries parallèles à la nervure principale. La fleur est de même grandeur que celle de Couratari guianensis. Toutefois, l'hypanthe n'est que faiblement stipité. Les pétales et l'androphore sont blanchâtres à jaunes. Le dessus de l'androphore est couvert de petites excroissances. La floraison n'est pas accompagnée de défoliation. Fruit cylindrique (8 x 4 cm) peu ou pas stipité, à péricarpe lisse. Les six sépales persistent et sont saillants sur un anneau situé à 8 mm du sommet. Opercule presque plat. Graines ailées (6 x 1,5 cm). Le bois de Couratari stellata est un peu plus dense (0,70) que celui de Couratari guianensis. 90 Le bois de Couratari multiflora est léger (0,60), pâle, périssable, el présente les mêmes caractères que celui de Couratari guianensis. N.B. : Selon les diagnoses établies par Syma et Ducke : 1 1) Couratari multiflora se caractériserait par des feuilles à pétiole long (15 à 25 mm), des fleurs à 30 étamines environ disposées en deux rangs autour du pistil et des fruits relativement petits (5 x 3 cm sans le stipe) à section presque ronde. 2) Couratari oblongifolia possèderait des feuilles à pétiole court (7 à 15 mm), des fleurs à 10 étamines environ formant un seul rang, enfin des fruits relativement gros (8 x 3 cm) à section nettement triangulaire. L'observation d'un grand nombre d'arbres témoins a montré que l'on rencontrait souvent chez un même individu des caractères pouvant être attribués à l'une et l'autre de ces espèces. Pour décrire tous les types observés, il faudrait distinguer non pas deux, mais quatre ou cinq variétés. Il a paru légitime de considérer que Couratari multiflora et Couratari oblongifolia étaient quasiment en synonymie. 89 8.3. Couratari multiflora (J.E. Smith) Eyma Couratarifagifolia (Miquel) Eyma Couratari tenuicarpa A.C. Smith Espèce très,voisine : Couratari oblongifolia Ducke et Knuth maho cigare, ingui pipa. Très grand arbre généralement pourvu de contreforts hauts et aigus, à l'écorce lisse et fine se desquamant en petites écailles ou en lanières. Ecorce interne feuilletée, rose à brunâtre. Aire naturelle : moyenne et basse Amazonie, région des Guyanes jusqu'à l'Orénoque. Feuille à pétiole fin, relativement court chez certains arbres (5 à 10 mm), généralement plus long (10 à 25 mm). Limbe plutôt petit (8 x 3,5 cm), elliptique, oblong ou obovale, glabre, à marge un peu crênelée ou parfois tout à fait entière. Acumen peu marqué. 7 à 12 paires de nervures latérales fines, irrégulièrement arquées. Inflorescences en racèmes souvent fasciculés, pubérulents. La floraison intervient au début de la saison sèche et elle est précédée d'une défoliation plus ou moins complète. Fleur à pédicelle fin et long (20 mm), pubérulent. Hypanthe campanulé. Calice à 6 lobes de 2 à 3 mm, pubérulents, ciliés. 6 pétales de 18 mm un peu spatulés, rose vif, rose pâle ou presque mauves. Androphore en forme de petite boule de 14 mm, de même couleur que les pétales avec une tache blanche à la base, le rabat rugueux devenant rapidement brunâtre (un grand nombre d'androphores jonchent le sol après l'anthèse). Etamines 10 à 30, disposées en 1 ou 2 cercles autour du pistil. Lécythe étroitement conique, à section un peu triangulaire ou presque ronde (sans le stipe: de 5 x 3 à 10 x 4 cm), finement et longuement stipité (de 2 à 4 cm). Péricarpe rigide et mince (2 mm), strié. Opercule plat ou concave. (Il arrive fréquemment que les fruits en cours de formation subissent d'importantes attaques d'insectes et se dessèchent avant maturité. Le sol se jonche alors de fruits anormalement petits qu'il ne faut pas confondre avec les fruits sains et matures). 90 Le bois de Couratari multifiora est léger (0,60), pâle, périssable, et présente les mêmes caractères que celui de Couratari guianensis. N.B. : Selon les diagnoses établies par Eyma et Ducke : 1 1) Couratari multifiora se caractériserait par des feuilles à pétiole long (15 à 25 mm), des fleurs à 30 étamines environ disposées en deux rangs autour du pistil et des fruits relativement petits (5 x 3 cm sans le stipe) à section presque ronde. 2) Couratari oblongifolia possèderait des feuilles à pétiole court (7 à 15 mm), des fleurs à 10 étamines environ formant un seul rang, enfin des fruits relativement gros (8 x 3 cm) à section nettement triangulaire. L'observation d'un grand nombre d'arbres témoins a montré que l'on rencontrait souvent chez un même individu des caractères pouvant être attribués à l'une et l'autre de ces espèces. Pour décrire tous les types observés, il faudrait distinguer non pas deux, mais quatre ou cinq variétés. Il a paru légitime de considérer que Couratari multifiora et Couratari oblongifolia étaient quasiment en synonymie. 9 1 8.4. Couratari gloriosa Sandwith maho cigare, ingui pipa à grandes feuilles } Décrit au Guyana, rencontré également au Surinam et en Guyane française, Couratari gloriosa possède une aire naturelle apparemment réduite et semble plus rare que les autres Couratari. C'est un grand arbre sans contreforts ou à contreforts peu élevés. La feuille de Couratari gloriosa. grande, épaisse et coriace, aux nervures très saillantes dessous, est semblabe à celle de Couratari guianensis. La fleur, longuement pédicellée (35 mm), est plus grande que celle de Couratari guianensis : hypanthe (5 mm). Calice à 6 lobes (8 mm), sombres et tomenteux ciliés. Pétales (35 mm) violets, à tomentum brunâtre sur la face externe. Androphore rose-violacé à tache blanche, portant une soixantaine d'étamines disposées en plusieurs cercles autour du pistil. Le fruit rappelle celui de Couratarifagifolia. mais il est plus large et plus bombé (sans le stipe: 8 x 5 cm). Péricarpe mince 2 mm et dur, strié. Stipe fin et long 5 à 8 cm. Compte tenu de l'aire et répartition du Couratari gloriosa et de ses caractères qui rappellent tantôt Couratari guianensis et tantôt Couratari fag ifo lia, il est permis de se demander s'il ne s'agit pas d'un hybride entre ces deux espèces. C(Ju(ôl<,r, n~LI\t ~\or C. ste!\d.a - l}( -'IL.) ------------------- 92 Flore Forestière de Guyane LES LOGANIACEES r\\ \, \, \ Marc GAZEL Mars 1995 Flore Forestière de Guyane LES LOGANIACEES Marc GAZEL .. Mars 1995 2 TABLE DES MATIERES 1. Généralités ............................................................................... p 03 2. Caractères botaniques ................................................................ p 04 3. Structure du bois ...................................................................... p 04 4. Etude des Loganiacées de Guyane ............................................... p 05 Antonia ovata Poh! .............................................................. p 05 Potalia amara Aub!et ........................................................... p 08 Genre Strychnos Linné ........................................................ p Il 3 LES LOGANIACEES Apocynacées GAMOPETALES ~ Tétracycliques ~ Apocynalcs superovariées Loganiacées (5S+5P+5E+2C) 1. Généralités La famille des Loganiacées qui regroupe environ 30 genres et 500 espèces réparties dans les régions chaudes et tempérées ne constitue pas un ensemble homogène. Selon Emberger, ~ le genre Buddleia, connu pour ses " " nombreuses espèces d'arbustes ornementaux, devrait être érigé en famille et placé dans la classification à côté des Scrophulariacées. Le genre américain Potalia est représenté par une seule espèce - PotaUa amara - fréquente en Guyane, dont les axes inflorescentiels sont colorés en jaune comme les fleurs, rappelant ainsi le genre Palicourea (Rubiacées). A l'inverse, le genre Pagamea, également américain, rangé traditionnellement chez les Rubiacées, possède des fleurs hypogynes et pourrait aussi bien être rattaché aux Loganiacées. . En Guyane, les Loganiacées sont représentées par un arbre d'assez grande taille, le bois cassave - Antonia ovata Pohl - ; par deux espèces arbustives, Potafia amara AubIet et Mostuea surinamensis Bentham; par une quinzaine d'espèces lianescentes appartenant au genre pantropical Strychnos ; enfin par quelques espèces herbacées dont la plus connue est l'herbe à la Brinvilliers - Spigelia anthelmia L. - commune en zone rudérale. 4 2. Caractères botanigues Les principaux caractères de la famille sont les suivants: - Feuilles opposées décussées, simples et entières chez toutes les espèces guyanaises. Les pétioles opposés ont une gaine élargie qui forme un manchon stipulaire discret, laissant une cicatrice annulaire sur les rameaux. - Fleurs hermaphrodites, régulières, généralement 4- ou S-mères. Calice à lobes toujours imbriqués. Corolle gamopétale formée d'un tube cylindrique ou évasé et de lobes imbriqués (PotaUa) ou valvaires (Antonia, Strychnos, SpigeUa). Etamines insérées dans la gorge du tube, en nombre égal à celui des lobes de la corolle et alternant avec eux. Ovaire supère généralement formé de deux carpelles avec 2 ou 4 loges. Ovule généralement nombreux, plus ou moins anatropes. Style unique capité. - Les fruits sont des capsules septicides (Antonia, Mostuea) ou des baies globuleuses, indéhiscentes, pulpeuses (PotaUa, Strychnos). Les graines sont albuminées, à embryon droit, souvent comprimées et ailées (Antonia, Mostuea, Stlychnos). Leur dispersion est anémochore (Antonia) ou endozoochore (PotaUa, Stl}'chnos). Chez de nombreuses Loganiacées, les graines ou d'autres parties de la plante (écorce, racine), contiennent des alcaloïdes très toxiques (strychnine, brucine). Strychnos nux-vomica du sud de l'Inde donne la noix vomique. Strychnos toxifera, Strychnos cogens et Strychnos guianensis ont été utilisés par les Amérindiens de Guyane pour confectionner le curare, redoutable poison de flèche. 3. Structure du bois Le bois des Loganiacées possède des vaisseaux isolés ou accolés en petit nombre dans le sens radial, à perforations simples. Les rayons sont unisériés et homogènes chez Antonia ovata, généralement plurisériés et hétérogènes chez les autres genres. Le parenchyme est rare et peu discernable chez Antonia ovata, plus abondant et irrégulièrement associé aux pores chez les Strychnos. Chez beaucoup de Loganiacées, le bois est caractérisé par la présence d'îlots de liber qui prennent en section transversale l'aspect de petites plages blanchâtres arrondies (Strychnos) ou allongées dans le sens tangentiel (Antonia). Le liber intraligneux est toutefois absent chez PotaUa amara et chez les Buddleia. '. 5 4. Etude des Loganiacées de Guyane Antonia ovata Pohl bois cas save, kassaba oudou, wéti oudou Le genre Antonia est américain et monospécifique. Le bois cassave se rencontre dans toute la région des Guyanes ainsi qu'en Amazonie brésilienne, en forêt primaire sur sol sain. C'est un arbre d'assez grande taille qui peut atteindre un diamètre de 80 cm et une hauteur totale de 28 m. On trouve également le bois cassave en forêt basse côtière où il présente un port buissonnant. Cette espèce rejette de souche. Tronc droit mais non cylindrique, di visé en colonnes séparées par des gouttières plus ou moins profondes. Les colonnes sont un peu évasées à la base et prolongées par de grosses racines traçantes, sans former de véritables contreforts. Ecorce grisâtre clair presque lisse, avec des fissures longitudinales fines et flexueuses et de très petites lenticelles. Assise phellodermique marron clair veinée de jaunâtre. Tranche très mince (2 mm), rose clair, granuleuse, cassante, à odeur de canne à sucre, brunissant rapidement ainsi que l'aubier blanchâtre. Cette écorce rappelle quelque peu celle du jaboty. Rameaux cylindriques, d'abord verts puis gris brunâtre. Feuilles opposées décussées, simples et entières, à stipules rapidement caduques. Pétiole court (7 mm), épais, canaliculé, à gaine élargie formant un court manchon avec la gaine du pétiole opposé. Limbe elliptique (8 x 5 cm) généralement obtus à la base et au sommet, coriace, gaufré, à marge fortement révolutée, glabre, très pâle dessous. Nervures déprimées dessus, saillantes dessous. Environ 4 paires de nervures secondaires arquées jusqu'au bord du limbe. Nervures tertiaires formant un réseau lâche, visible dessous. Les feuilles du bois cassave se reconnaissent facilement au sol. Inflorescences terminales en corymbes trichotomes denses. Fleurs petites, jaunes, odorantes. Le pédicelle fin, long de 3 à 5 mm, porte une paire de bractées basales et plusieurs paires de bractéoles opposées décussées, ciliées, qui persistent à la base du fruit sous forme de petites écailles imbriquées. 5 sépales ovales (3 mm), imbriqués, à marge ;"4 6 membraneuse ciliée. Corolle formée d'un tube long de 3 mm et de 5 lobes valvaires, aigus (5 mm), tomenteux' sur la face interne. 5 étamines à long filet (5 mm) et anthères dorsifixes, exertes, étroites, jaune clair. Ovaire supère, tomenteux, contenant 2 loges uniovulées. Style effilé (8 mm), finement tomenteux, à stigmate bilobé. Le fruit du bois cassave est une petite capsule oblongue (10 x 3 mm), ocre, s'ouvrant en 2 valves, contenant 2 graines à aile membraneuse. La floraison du bois cassave intervient en septembre-octobre et les fruits sont formés courant novembre. Bois léger (0,55), blanc lustré, à grain fin. Aubier peu ou pas différencié. Vaisseaux fins (90 fl), souvent accolés par 3 à 6 dans le sens radial, à perforations simples. Parenchyme indiscernable. Rayons très fins, unisériés, homogènes, parfois épaissis par un canal radial. Présence très caractéristique de cordons de liber régulièrement disséminés dans le bois, apparaissant en section transversale comme des petites plages élargies tangentiellement (300 x 90 fl), renfermant de gros cristaux. Le bois d'Antonia ovala se travaille facilement et prend un beau poli, mais il est sensible à la moisissure et doit être traité pour tous usages. " Al1tCh\ a O'.Jald 7 8 Palalia amara Aubiet mavévé grand bois Le genre Patalia est américain et monospécifique. Toutefois, en Afrique de l'ouest, on rencontre communément de petits arbres au port et aux caractères botaniques voisins de ceux de l'aralia amara. Ils sont classés dans le genre Anthacleista. Le mavévé grand bois est un arbuste de 2 à 4 m rencontré en Amazonie brésilienne et péruvienne, dans les Guyanes et en Amérique centrale jusqu'au Costa Rica. Malgré sa taille médiocre, il est commun et caractéristique en forêt primaire de Guyane et fera ci-après l'objet d'une des cri ption rapide. Tige principale peu ou pas ramifiée. cylindriques. Rameaux glabres, Grandes feuilles opposées décussées, entières, glabres, membraneuses, vert clair dessus, vert très pâle dessous. Limbe longuement obovale à base décurrente (30 x 8 cm). Les pétioles opposés sont soudés à la base en un court manchon stipulaire. Inflorescence en cyme terminale trichotome avec bractées. Les axes de l'inflorescence sont de la même couleur jaune pâle que les fleurs, caractère rappelant le genre Palicourea (Rubiacées). Après flétrissement, l'un des bourgeons latéraux situés à la base de l'inflorescence donne naissance à un axe sympodial qui se développe verticalement dans le prolongement de l'axe inférieur. L'arbre qui paraît monocaule est ainsi formé de réitérations sympodiales. Cette structure déjà décrite par FuséeAubiet correspond au "modèle de Chamberlain" selon HaIlé (Réf. déjà ci tée). Fleur pédicellée. Calice à 4 lobes ovales, coriaces, imbriqués (3 mm). Cor"oHe en tube Cl 0 mm) avec 10 petits lobes imbriqués. 10 étamines à anthères allongées. Ovaire supère pourvu à la base d'un disque charnu, biloculaire en haut, 4-loculaire en bas, avec de nombreux ovules. Style court à stigmate capité. Fruit globuleux ou ovale (20 x 15 mm) contenant de nombreuses graines brunes, oblongues (4 mm). La floraison intervient ordinairement en juillet-août et les fruits arrivent à maturité deux mois plus tard. Bois très dur, à grain fin, de structure normale sans inclusion de liber. 9 Le mavévé grand bois eSt traditionnellement recherché pour ses vertus médicinales. Fusée-AubIet note en 1763 que les feuilles et les jeunes tiges sont employées en tisane contre les maladies vénériennes. A plus forte concentration, la décoction des parties aériennes sert de vomitif pour traiter l'empoisonnement par le manioc. Les Amérindiens confectionnent également des cataplasmes pour traiter les ophtalmies et les conjonctivites. 10 ~ y\\(,.,,~ ~ .. 'j(d hd \:>O;S 11 Genre Strychnos Linné Le genre Strychnos L., parfois érigé en famille (Strychnacées), est pantropical et comprend plus de 200 espèces. Il est bien représenté en Afrique et en Amérique équatoriale. Le vomiquier du sud de l'Inde, Strychnos nux-vomica L. est connu pour ses graines très toxiques dont on extrait deux alcaloïdes, la strychnine et la brucine. Selon Grenand (in "Pharmacopées traditionnelles en Guyane"), la confection de poisons de flèches curarisants a été pratiquée en Guyane par diverses ethnies (Tiriyo, Wayapi, Wayana) mais elle est aujourd'hui abandonnée en raison de la diffusion des armes à feu. Chez les Wayapis, le curare était préparé par ébullition en utilisant les racines de 4 espèces locales (Strychnos guianensis, Strychnos glabra, Strychnos tomentosa et Strychnos toxifera). Les caractères généraux du genre Strychnos sont les suivants: - Lianes ou arbustes sarmenteux parfois à tige épaisse. - Feuilles opposées comportant 3 ou 5 nervures basales. - Présence de vrilles axillaires caractéristiques, en forme de point d'interrogation. - Fleurs (4-) 5-mères. Corolle évasée à lobes valvaires souvent tomenteux sur la face interne. - Fruit globuleux de diamètre variable (1 à 10 cm), à péricarpe plus ou moins épais et coriace, renfermant une pulpe sucrée avec l, 2 ou de nombreuses graines. - Le bois des Strychnos est blanchâtre avec un grain grossier. Il est caractérisé par la présence de gros cordons de liber intraligneux visibles en section transversale sous forme de plages arrondies d'un diamètre de 0,5 mm environ. Les Strychnos sont communs en forêt guyanaise et il est facile de les identifier au niveau du genre d'après les caractères rappelés ci-dessus. Par contre, il est souvent difficile de les rapporter précisément à l'une ou l'autre des l8 espèces actuellement signalées en Guyane. Chez beaucoup d'entre elles, la forme et la dimension des feuilles ainsi que la grosseur des fruits sont très variables et leur description reste insuffisante. C'est ainsi que sur un même sujet au tronc épais (10 cm) et aux ramifications lianescentes très développées (plus de 50 m), on a pu récolter trois)ypes 12 de feuilles nettement différents: examinés séparément par comparaison _ aux herbiers du Centre ORSTOM de Cayenne, ils auraient pu être' rapportés à 3 espèces distinctes, Strychnos guianensis, Strychnos medeola et Strychnos glabra. La description des Strychnos au niveau spécifique sortirait du cadre du présent travail et l'on se bornera à donner ci-après quelques croquis destinés à faciliter la reconnaissance pratique d'un petit nombre d'espèces communes. " 13 Frud x~ graIne " . , . '..... ' ....•...•... ' '. plantule ,/ "--", , :Q: , , ,, , , ,, " , y:' coupe M Gaz.el Strychnos l:olllenlo.sa. 14 f r u i 1: strychnos guianensis fleur xl. f r u il gra.lne. .0.·, · () .<" ..... .' ~ 15 Str"c.hnos ,, ,/ \ / 1 / \ 1 1 1i i 1 1 ! i ! \\ V/ , " ; / ,i ! ( ./ ! /' rncd<::.o\a Flore Forestière de Guyane LES MALPIGHIACEES Marc GAZEL ;- Novembre 1994 2 TABLE DES MATIERES 1 - Généralités ............................................................................. p 03 2 - Genre Malpighia Malpighia glabra ................................................................ p 05 3 - Genre Byrsonima ................................................................... P 07 Byrsonima verbascifolia ...................................................... p 09 Byrsonima crassifolia ......................................................... P Il Byrsonima spicata .............................................................. p 14 Byrsonima aerugo .............................................................. p 15 Byrsonima laevigata ........................................................... p 16 (N.B. : Spachea elegans) Byrsonima densa ................................................................ Byrsonima stipulacea .......................................................... P 17 p 18 3 LES MALPIGHIACEES DIALYPETALES - - - DISCI!'LORES - __ ..- L MALPIGHlALES (POL YGALALES) ~ Malpighiacées Vochysiacées Polygalacées La petite famille des Malpighiacées comporte environ 60 genres et 800 espèces. Elle est représentée principalement en Amérique du Sud avec 4S genres. Parmi ceux-ci, les genres Malpighia et Byrsonima sont strictement américains. Les Malpighiacées sont le plus souvent des liimes ligneuses, parfois des arbustes et plus rarement des arbres. fI. x 3 Byrsonima - Feuilles généralement simples et entières, opposées, pourvues de petites stipules restant attachées à la base du pétiole. Sur les jeunes feuilles, on observe souvent des poils unicellulaires d'un type particulier, dits "malpighiens", par exemple poils à deux branches "en aiguille de boussole" . - Inflorescences terminales ou axillaires en corymbes pauciflores (Malpighia) ou en racèmes dressés portant de nombreuses fleurs et ressemblant alors aux inflorescences des koualis (Byrsonima, Spachea). - FI~llJLhermaphrodites, 5~''mères (5S + 5P + 10E + 3C), presque régulières chez Malpighià et IJY"sonima ou souvent zygomorphes. Calice à 5 sépales presque libres, portant souvent chacun deux glandes allongées très caractéristiques sur leur face externe. Corolle à 5 pétales typiquement onguiculés, rapidement caduques. Il y a souvent un pétale nettement différent des autres. 10 étamines à filaments plus ou moins soudés à la base sous un disque fimbrié. Pistil formé de trois carpelles libres (Malpighia) ou soudés (Byrsonima). (Chez Spachea degans, le pistil ne comporte que deux carpelles). 1 ovule pendant par carpelle. 3 styles libres. 4 - Fruit de type variable, drupacé avec un mésocarpe, charnu entourant un noyau divisé en trois parties libres (Malpighia) ou soudées (Byrsonima), ou fruit sec formé de trois parties crêtées ou ailées (en Guyane, lianes des genres Tetrapteris, Banisteriopsis, Heteropteris et Stigmaphyllon). Chez Malpighia et Byrsonima, le calice et les étamines persistent à la base du fruit et constituent un caractère de reconnaissance utile. La famille des Malpighiacées a peu d'importance économique. Toutefois, en Guyane, il convient de noter que le cerisier de Cayenne (Malpighia glabra ou Malpighia punicifolia) est un petit arbre très apprécié pour ses fruits et planté dans de nombreux jardins. Au Venezuela, on peut en dire autant de Bunchosia argentea (Jacquin) DC, appelé "ciruela de monte ". Plusieurs arbustes lianes cents d'origine américaine sont cultivés à titre ornemental. Ils portent des fleurs à pétales jaunes onguiculés caractéristiques de la famille (Stigmaphyllon ciliatum, Heteropteris chrysophylla, Galphimia glauca). Enfin, les Byrsonima forestiers de grande taille donnent un bois brun rosé à grain fin, utilisable localement en menuiserie et charpente. 5 Malpighia glabra Linné i .. Espèces identiques ou très voisines: Malpighia punicifolia L., Malpighia emarginata Sessé et Moc., Malpighia uniflora Tuss., Malpighia biflora Poiret, Malpighia fallax Salisb. Noms usuels: moureiller lisse ou moureiller des jardins (AubIet), acérolier, cerisier de Cayenne, cerisier des Antilles, cereza de Barbados, cereja do Para, etc. Petit arbre de 2 à 5 m très rameux, probablement originaire du nord-ouest de l'Amérique du sud, répandu naturellement ou par plantation dans les Antilles ainsi que dans toute l'Amérique intertropicale. Petites feuilles opposées, simples, entières, étroitement ou largement elliptiques, à sommet faiblement acuminé ou arrondi, à base aiguë. Stipules minuscules, peu visibles. Pétiole 2 à 4 mm. Limbe de 2 x 1 à 7 x 3 cm. Poils fins, rapidement caduques, sur les jeunes feuilles. Inflorescences en ombelles axillaires de 1 à 6 fleurs, presque sessiles. Pédicelle fin, long de 6 à 12 mm, pourvu de deux minuscules bractéoles. Calice à 5 sépales glanduleux de 2,5 mm, persistant à la base du fruit. Cinq pétales roses ou violets suborbiculaires, onguiculés, dont un plus grand. 10 étamines. Ovaire glabre, formé de 3 carpelles séparés, uniovulés, surmonté de 3 styles libres. Le fruit est une drupe sphérique légèrement côtelée de 1 à 2 cm de diamètre, rouge vif, lisse et luisante. Peau très fine, fragile. Pulpe abondante, molle et juteuse, entourant trois petits noyaux jaune pâle pourvus chacun de 3 à 5 crêtes longitudinales irrégulières. La culture de Malpighia glabra est très répandue dans les jardins guyanais. A la suite d'études approfondies, les fruits de cette espèce se sont révélés exceptionnellement riches en vitamines C (Floch et Gélard). Les techniques de bouturage et de sélection ont été récemment améliorées. Aujourd'hui, les cerises de Cayenne sont couramment commercialisées sous forme de jus de fruit. Selon Devez, l'écorce de Malpighia glabra est parfois utilisée pour le tannage ou pour la confection d'une teinture rouge. Le bois à grain fin, disponible en petites dimensions, serait utilisable en marqueterie. 6 rie u (2 sépèl!e.~ et , 5 ~talT\;r"'Ie.s ôtés) X " Fr u i l x 2 de dos de COu pe ~ ~~ 41/1) ~~~ r' ri 1 0 (OUP'" 0 M. GaLe\ 7 Genre Byrsonima L.e. Richard ex A.L. de Jussieu. Le genre Byrsonima distingué par L.e.Richard au sein du genre Malpighia est limité à l'Amérique intertropicale et aux Antilles. Ses caractères sont les suivants: Arbrisseaux et petits arbres de savane (Byrsonima verbascifolia, Byrsonima crassifolia, Byrsonima spicata) ou arbres forestiers de taille moyenne à grande (Byrsonima obversa, Byrsonima aerugo, Byrsonima densa, Byrsonima stipulacea). Rameaux et feuilles d'abord soyeux, avec des poils ramifiés ou en aiguille de boussole. Feuilles opposées, entières, à pétiole court aplati dessus. Petites stipules intrapétiolaires restant attachées à la base du pétiole et permettant de reconnaître les feuilles mortes au sol en forêt. Inflorescences en racèmes dressés multiflores. Fleurs portées par un fin pédicelle bibractéolé. Calice formé de 5 sépales larges, soyeux ou glabres, pourvus chacun sur la face externe de deux glandes oblongues, bien visibles ou parfois indiscernables chez une même espèce. Corolle formée de 5 pétales longuement onguiculés, récurvés, au limbe curcullé, sauf pour l'un d'entre eux qui est dressé avec un limbe sagitté plat. 10 étamines à filets forts insérées sur un torus couvert de poils fourchus. Anthères linéaires ou ovoïdes. Ovaire à 3 loges surmonté de 3 styles libres. Fruit drupacé, globuleux, de 5 à 15 mm de diamètre, jaune ou parfois rougeâtre, conservant à la base le calice et les filets staminaux persistants. Pulpe généralement peu épaisse, comestible. Noyau dur, orné d'arêtes irrégulières, à 3 loges avec le plus souvent une seule graine fertile. Chez les Byrsonima, le bois d'aubier est généralement jaunâtre pâle et le bois de coeur brun rosâtre, mi-lourd (0,75), à grain assez fin. Les grands arbres peuvent fournir un bois de menuiserie et de charpente de qualité ordinaire. Vaisseaux isolés ou accolés par 2 à 4 dans le sens radial, fins (100 J.L) chez Byrsonima crassifolia et Byrsonima spicata, plus gros (140 à 180 J.L) chez les espèces forestières, à perforations simples ou rarement en réseau. Parenchyme limité à quelques cellules irrégulièrement réparties autour des vaisseaux. Rayons 3-4-sériés, jusqu'à 7-sériés chez Byrsonima 8 crassifolia, hétérogènes avec plusieurs rangées de cellules carrées et dressées aux <,;xtrémités. 9 Byrsonima verbasc(folia (L.) Richard ex A.L. de Jussieu. Malpighia verbascifolia Linné moureiller nain (Aubiet), maurissi ou zoreille d'âne (Guyane), orelha de burro (Brésil). (L'adjectif verbascifolia évoque la molène, Scrofulariacée du genre Verbascum, dont les feuilles sont couvertes de poils blancs.) Byrsonima verbascifolia est un arbuste très caractéristique, aux grandes feuilles laineuses vert cendre et aux belles inflorescences jaune d'or, que l'on rencontre dans les espaces ouverts, au nord de l'Amérique du sud et dans tout le Brésil. Il est fréquent par place dans les savanes côtières de Guyane où le feu contribue à la maintenir dans un état rabougri et presque acaule. En forêt, où il est rare, il peut atteindre 2 à 3 mètres. Tronc rugueux et contorsionné de quelques centimètres de diamètre. Grandes feuilles (15 x 5 à 30 x 10 cm) obovales ou spatulées, à base longuement décurrente, d'abord densément laineuses sur les deux faces puis devenant simplement hispides sur la face supérieure. Longs poils ramifiés et enchevêtrés. Inflorescences tomenteuses en racèmes de 8 à 25 cm. Les fleurs et les fruits du moureiller nain sont très semblables à ceux d'autres Byrsonima décrits ci-après. On peut constater sur cet exemple l'étonnante variabilité des caractères secondaires (port, feuilles) chez un genre où les caractères botaniques principaux sont au contraire très constants. Selon Fouqué, "la pulpe du fruit, souvent un peu âpre, peut être consommée crue ou servir à la confection de boissons rafraîchissantes". LO Ve î bd S c j ra ! 1" è 11 Byrsonima crass~folia (L.) richard ex A.L. de Jussieu. ~ i Malpighia crassifolia Linné, Malpighia moureila AubIet moureiller des savanes (AubIet), maurissi (Guyane, Guad., Marl.), murici (Brésil). (L'adjectif crassifolia est formé avec l'adj. latin crassus qui signifie épais ou charnu). Byrsonima crassifolia est un petit arbre de 1 à 5 m de haut au tronc mal conformé que l'on rencontre dans tous les types de savane de l'Amérique intertropicale. C'est une espèce très caractéristique des llanos de Colombie et du Venezuela où il voisine avec Curatella americana et Bowdichia virgilio ides. Il est également commun dans la plupart des îles antillaises, dans la région des Guyanes aussi bien en savane côtière que dans les formations ouvertes de l'intérieur, dans le Nordeste et dans les cerrados du centre et du sud du Brésil. Jeunes rameaux tomenteux roussâtres. Feuilles opposées, simples, entières, coriaces, elliptiques ou ob ovales (7 x 3 à 15 x 8 cm) à sommet souvent arrondi et base aiguë, vert brillant dessus, d'abord velues roussâtres dessous avec des poils ramifiés et enchevêtrés. Environ 8 paires de nervures secondaires nettement saillantes dessous. Deux petites stipules aiguës restent attachées à la base du pétiole. Inflorescences tomenteuses roussâtres en racème de 10 cm environ. Bractées et bractéoles linéaires caduques. Fleur hermaphrodite portée par un pédicelle fin et velu de 10 mm. 5 sépales ovales de 4 x 2 mm, soyeux et portant chacun deux glandes oblongues sur la face externe. 5 pétales jaune d'or glabres, onguiculés (l'onglet de 4 mm, le limbe arrondi et concave de 6 mm), récurvés sauf l'un d'eux qui est dressé et aplati. 10 étamines de 4 mm. Ovaire à 3 loges uniovulées, surmonté de 3 styles fins et libres. Le calice et les filets staminaux persistent à la base du fruit qui est une petite drupe globuleuse de 8 mm de diamètre, jaune pâle. Pulpe peu abondante, acide. Noyau très dur, irrégulièrement côtelé, à 3 loges avec généralement une seule graine viable. Dans les campagnes arides du Mexique ou du Ceara brésilien, les fruits de Byrsonima crassifolia sont plus gros et possèdent une pulpe plus abondante que ceux décrits ci-dessus. Ils sont appréciés et couramment récoltés pour confectionner des boissons sucrées ou alcoolisées. Selon ,12 divers témoignages, cette pratique était déjà répandue chez les amérincjiens lors de l'arrivée des européens. Par ailleurs, l'écorce en macération donne un colorant tannique brun rougeâtre utilisé localement pour teindre les hamacs et les cordages. ByfsonlfTIa rie c.rassifoll.2l 13 u r " 2 çr u il x 2 x ~ ird\ore~(en(€ M.Gnel 14 Byrsonima spicata Richard ex A.L. de Jussieu. ;; li Byrsonima gymnocalycina Jussieu, Byrsonima spicata (Cav.) DC, Byrsonima coriacea (Swartz) Kunth maurissi, mauricif, bois-tan (Guyane, Guad., Mart.), murici, langossi. Byrsonima spicata est un arbre de taille petite à moyenne, d'une hauteur de 5 à 12 m, dont l'aire naturelle ainsi que les principaux caractères botaniques sont les mêmes que ceux de Byrsonima crassifolia. Ces deux espèces voisinent souvent dans les savanes côtières de Guyane. Byrsonima spicata se rencontre en outre fréquemment dans les formations secondaires. Pied parfois déformé par de petits contreforts minces et irréguliers. Ecorce grisâtre avec des tâches de lichen blanchâtres, presque lisse avec de fines gerçures verticales. Rhytidome brun ocracé peu épais (0,5 mm). Ecorce interne épaisse, granuleuse, blanchâtre avec des veines ocracées .. Aubier blanc. Pas d'exsudation. Feuilles assez différentes de celles de Byrsonima crassifolia. Limbe papyracé, elliptique allongé (6 x 2 à 15 x 5 cm), le sommet faiblement acuminé, la base aiguë un peu décurrente, vert brillant dessus, plus pâle, glabre ou d'abord à fine pubescence roussâtre dessous. Nervures secondaires très fines et nombreuses. Petites stipules aiguës adnées au pétiole. Inflorescences en racèmes dressés de 10 cm portant de nombreuses fleurs jaune d'or, odorantes, visitées par les abeilles. Chez certains arbres, la face externe des sépales paraît dépourvue de glandes. Toutefois, une observation au grossissement x 50 permet de distinguer le contour des glandes, même si elles ne sont pas saillantes. Dès lors, la nécessité de distinguer une espèce séparée (Byrsonima gymnocalycina Jussieu) paraît peu fondée. Fruits globuleux (8 mm) en grappes denses, jaunes, semblables à ceux de Byrsonima crassifolia et pouvant être consommés dans les mêmes conditions. Les oiseaux à gros bec tels que toucans, anis des savanes, etc. en sont friands et assurent la dissémination des noyaux. Byrsonima aerllgo Sagot (cf.' Byrsonima altissima AubIet, à pétales blanc;, , et Byrsonima.altissima Kunth, àpétal.es jaunes). Byrsonima 'aerllgo est .un arbre fréquent en forêt secondaire dans le nord de la Guyane (Rorota, Grand Matoury, Kourou;St:·LaurenT)~~·· mais on lé renco'ntre également en forêt primaire (Paracou, Saül) où il . peut atteincire une grande taille avec unt-: hauteur de 3S m et un diamètre · de L m. Lors de la: floraison, la cime est cO'uverte de hampes jaune d'or dressées et l'arbre peut être confondu avec un kouali (Vochysia gllianensis). . ..' . Caractères hotaniques principaux très voisins de. ceux de Byrsonima 'spicata .(fleurs jaune d'or en racèmes dressés dè8 cm, petits fruits · globuleux ,de 8 mm, rougeâtres, bien ·reconnaïssables au sol grâce au calice et aux filets staminaux persistants). . Feuilles elliptiques (8 x 3 à ,16 x 6 cm) à sommet effilé ou • faiblement acuminé avec l'extrémité arrondie, à bàse aiguë un peu décurrente sur un pétiole de 10 à 20 mm: Petites stipules triangulaires (2 mm) restant souvent attachées à la base du pétiole suries feuilles tombées au sol. Limbe assez mince et un peu membraneux ou plus épais et coriace, la face inférieure d'abord soyeuse roussâtre. Nervures secondaires peu nombteuses (8 à 10 paires), espacées, arquées, à peine saillantes. Nervures ter~iaires formant un réticulum l~che, souvent peu distinct. Bois brun rosé plus dense (0,80) qu~ celui de Byrsonima spicata . . Vaisseaux plus gros que chez Byrsonima spic:ata, d'urt diamètr-e-moY<l>flllHdE1<c5--160.)1, isolés ou souvent groupés par 2à4 dans le sens radial, à perforations simples. Parenchyme juxtavasculairelimité à quelques . c.elhIles irrégulièrement répar.ties.Rayons 3-4~sérifs,;hétérogènes, avec plusieurs rangées de cellules carrées et dressées aux extrémités. 16 Byrsonima laevigata (Poir.) De (Byrsonima obversa Miquel) Arbre de taille moyenne, atteignant 18 m avec un diamètre de 40 cm, fréquent dans le nord de la Guyane surtout en zone ripicole mais aussi dans les formations secondaires en terrain sain. Rencontré dans les Guyanes et dans l'Etat du Para. Tronc droit pourvu de petits contreforts et de cannelures irrégulières. Ecorce brunâtre à gris noir avec de nombreuses rides transversales. Petites lenticelles blanchâtres éparses. Tranche facile à décoller, rosâtre, granuleuse. Aubier blanc jaunâtre. Jeunes rameaux ferrugineux rougeâtres, cassants. Feuilles opposées, rapprochées à l'extrémité des rameaux. Petites stipules de 1,5 mm adnées aux pétioles, laissant une cicatrice annulaire au niveau des noeuds. Limbe caractéristique obovale large (5 x 2,5 à 12 x 6 cm) à sommet arrondi subapiculé et à base cunéiforme. D'abord rouilles - soyeuses, les feuilles deviennent rapidement glabres, vert brillant dessus, vert cendre pâle, papilleux, dessous. Nervures secondaires fines, espacées (environ 8 paires) et longuement arquées, faiblement saillantes dessus et dessous. Nervures tertiaires très fines, en réseau. Inflorescences en racèmes terminaux multiflores de 10 cm. Fleur portée par un pédicelle fin de 8 mm bibractéolé. 5 sépales elliptiques de 3 mm à bords ciliés, pourvus chacun de deux glandes oblongues roses. 5 pétales onguiculés et récurvés, roses, charnus, à bords frangés. 10 étamines jaunâtres à forts filets soudés à la base sur un torus pileux, à anthères courtes. Ovaire soyeux surmonté de 3 styles glabres. Fruit subglobuleux de 10 mm avec le calice et les filets staminaux persistants à la base. N.B. : Spachea elegans Jussieu et Byrsonima obversa Miquel présentent beaucoup de caractères communs (port, feuilles obovales, fleurs roses). Toutefois, chez Spachea elegans, l'ovaire est formé de 2 carpelles presque libres donnant un fruit divisé en 2 parties. Les herbiers récoltés par l'Administration des Eaux et Forêts et classés sous le nom de Spachea elegans ont tous été reclassés récemment par Anderson sous le nom de Byrsonima obversa, si bien que la présence en Guyane de Spachea elegans reste hypothétique. 17 Byrsonima densa (Poiret) De (1824) Byrsonima densa est un arbre de forêt primaire ou secondaire rencontré dans toute la Guyane, atteignant une assez grande taille (au moins 30 m avec un diamètre de 40 cm). Il possède le même type de feuille que Byrsonima aerugo, mais ses fleurs ont des pétales roses. Fruits petits 4 mm. Bois identique à celui de Byrsonima aerugo. 18 Byrsonima stipulacea Jussieu (1840) (cf. Malpighia crassifolia AubIet, moureiller de montagne) Espèce caractéristique aux feuilles relativement grandes et largement elliptiques (18 x 8 cm), tomenteuses roussâtres devenant glabres dessus, gaufrées, avec des nervures très saillantes dessous. Le sommet du limbe est aigu ou faiblement acuminé, la base aiguë, décurrente sur un pétiole épais et velu de 10 mm. Grandes stipules velues longues de 1 à 2 cm, embrassant le rameau. Inflorescences en grands racèmes de 20 cm, tomenteux rouille. Fleurs à pétales jaunes. Fruits globuleux de 15 mm, jaunes, à pulpe relativement abondante, consommés par les toucans. Cette espèce a été récoltée en de nombreux points de Guyane (régions de Cayenne et de St. Laurent, Haute Comté, Petit-Saut sur la Sinnamary, Saül, Camopi). Les arbres sont généralement de taille moyenne, atteignant parfois 25 m et 30 cm de diamètre. Dy.son1ma Sp. 19 crassifo\ia obver.sa aerugo de n sa sti pulacea ft. Gazel Flore Forestière de Guyane LES MYRISTICACEES Marc GAZEL •• 16 Août 1990 TABLE DES MATIERES 1. Généralités .......................................................................................... p 03 IL Etude des Myristicacées en Guyane ................................................... P 08 Genre Virola AubIet ..................................................................... p 08 Virola sebifera Aubiet ......................................................... p 09 Virolasurinamensis (Aubl.) Warburg ............................... p 12 Virola michelii Heckel ......................................................... p 16 Virola multicostata Ducke ................................................... p 18 GC0.r:: {:.){1:iÛ/l J vt/ \\:~H'bu[g ........................................................... P 20 Iryanthera sagotiana (Benth.) Warburg ............................. p 22 (byantherajuruensis Warburg) byanthera hostmanii (Benth.) Warburg ............................. p 26 (byanthera paraensis HubeI") Osteophloeum platyspermum (A. DC) Warburg ......................... p 27 Compsoneura ulei Warburg ......................................................... p 30 3 LES MYRISTICACEES Annonad-es Myristicacécs DIAL YPETALES TIIALAMIFLORES RANONCULALES (MAGNOLIALES) Monirniacécs Lauracées Hcrnandiacécs 1. Généralités La famille des Myristicacées comprend 16 genres et près de 300 espèces qui sont toutes des arbres de taille grande ou moyenne à E E fruits arillés, répartis dans l'ensemble de la zone intertropicale. Cette famille est très homogène et, lors de l'élaboration de la Flore du Brésil (Flora Brasiliensis Martii), Alphonse de Candolle avait rangé toutes les espèces américaines dans le seul genre Myristica. La distinction entre les genres voisins Virola, Iryanthera, Osteophloeum et Compsoneura , tous représentés en Guyane, fût rétablie par Warburg quelques années plus tard. Le muscadier, Myristica fragrans, est originaire des Iles Moluques (le nom de genre dérive de l'adjectif grec "muristikos" qui signifie parfumé). La graine, appelée noix de muscade, est enveloppée d'un tégument dur et brunâtre et d'un arille charnu, lacinié, rouge vif à l'état frais. Elle contient une amande albuminée et oléagineuse utilisée comme condiment et dont on tire également le beurre de muscade. L'arille, récolté sous le nom de macis, est utilisé en parfumerie. Cette espèce a été introduite dans les Antilles à la fin du XVIIlème siècle. C'est aujourd'hui, par exemple, l'une des principales cultures de Curaçao où quelques 7000 agriculteurs produisent 2500 tonnes de noix de muscade par an (données de 1980). 4 En Afrique de l'Ouest, l'ilomba ou moulomba, Pycnanthus ,angolensis Warburg, est un grand arbre commun depuis la Guinée jusqu'en Angola. Son port et ses caractères botaniques sont très proches de ceux des Virola américains. Il est utilisé dans la fabrication du contre-plaqué depuis l'origine de cette industrie. Mentionnons encore trois essences forestières de la même famille, rencontrées au Gabon: l'ékoune, Coelocaryon preussii, le SOlTO, Scyphocephaliwn ochocoa et le niové, Staudtia gabonensis, qui possèdent toutes des fruits arillés et exsudent une sève rouge fluide. Le grand taxonomiste Takhtajan (in Flowering Plants-1969) estime que les Myristicacées, avec quelques autres familles d'angiospermes dicotylédones, sont de véritables fossiles vivants. Dans la description suivante des principaux caractères de la famille, on pourra constater l'aspect archaïque de beaucoup d'entre eux: 1) Les Myristicacées, comme les Conifères, sont des arbres et la famille, qui existe au moins depuis ll~ocène, n'a jamais évolué vers des formes herbacées. Elle n'a pas non plus colonisé d'autre milieu que celui des forêts tropicales de basse altitude. 2) L'insertion des branches, qui sont perpendiculaires au tronc, donne aux Myristicacées un port particulier. La silhouette des Virola âgés rappelle souvent celle des Pins de Paranà (Araucaria angustifolia).rencontrés au sud du Brésil. L'écorce rouille et lamelleuse des Iryanthera rappelle celle de nombreuses espèces résineuses. 3) Après entaille, l'écorce exsude une abondante sève translucide souvent rougeâtre (Virola, Iryanthera, Compsoneura) ou mordorée (Osteophloeum). Chez certains Iryan/hera, le bois frais exhale une nette odeur de résine. 4) Feuilles simples et entières, ex stipulées, régulièrement alternes sur de longs rameaux. 5) Inflorescences en panicules axillaires ou terminales souvent fasciculées. Chez !ryan/hera sagotiana, on observe parfois l'apparition d'inflorescences sur les grosses branches défeuillées et même sur tout le tronc (cauliflorie). 6) Fleurs très petites, toujours apétales et unisexuées, hypogynes. Les fleurs des Myristicacées sont strictement unisexuées, c'est-à-dire que les fleurs mâles ne comportent aucune trace d'ovaire atrophié et que les fleurs femelles ne possèdent jamais de staminodes. .'. Le périanthe se compose seulement d'un calice à trois lobes presque valvaires, Une telle fleur, trimère et monochlamidée-, est considérée comme archaïque. Chez les fleurs mâles, filets et connectifs des étamines sont soudés en une colonne axiale. Les anthères extrorses, allongées le long de cetle colonne, sont basifixes, caractère qui évoque l'origine foliaire des pièces florales. Chez les fleurs femelles, l'ovaire est formé d'un seul carpelle dont les bords se suturent au sommet pour former un stigmate sessile, peu différencié, de type très archaïque. Cet ovaire contient un ovule unique, presque basal et anatrope, c'est-à-dire renversé de sorte que le micropyle et l'embryon se situent près de la base à côté du funicule. (Bien qu'archaïque, cette disposition qui rappelle la feuille sporangifère ancestrale subsiste toutefois chez la plupmi des angiospermes, y compris chez certaines espèces considérées comme très évoluées). Le genre Virola est dioïque alors que les genres fryanthera et Osteaphlaeum sont monoïques. 7) Le pollen des Myristicacées est monosulqué, c'est-à-dire à sillon ou "sulcus" unique, ou de type dérivé. La dispersion du pollen semble principalement assurée par le vent comme chez les résineux (anémophilie), 8) Après fécondation de l'ovule, ou plus précisément après la double fécondation qui caractérise toutes les angiospermes, le développement de l'albumen est d'abord coenocytique, c'est-à-dire que les noyaux se divisent sans qu'il y ait formation de parois cellulaires. Ce caractère rappelle la division d'abord coenocytique de l'embryon chez les gymnospermes, ainsi que la division coenocytique de l'albumen chez les monocotylédones. A l'exception du genre Peonia (pivoine) et de la plupart des Lauracées, on ne retrouve un tel type de division chez aucune angiosperme dicotylédone, pas même chez les Trochodendrales ou chez les Chlorantales, considérées comme très primitives. 9) Le fruit des Myristicacées de Guyane présente la même structure que celui du muscadier. Il offre l'exemple rare d'une baie déhiscente. A maturité, le péricarpe épais et charnu mais non pulpeux s'ouvre en deux valves et libère une graine globuleuse, un peu allongée dans le sens longitudinal (Virola, C OInp sa n e li ra) ou transversal (lryanthera, Osteophloeu.m), recouverte d'un arille charnu, rouge vif, plus ou m01I1S lacinié, naissant de la base du funicule. \ La graine est pourvue d'un tégument externe mince (1 mm), dur ct sclérifié, brunâtre, ainsi que d'un tégument interne pelliculaire, brun rouille, qui se prolonge par des invaginations irrégulières dans l'amande dite ruminée. La chair de l'amande, un peu molle, est composée d'albumen, d'amidon et de lipides souvent odorants. Elle abrite un minuscule embryon (0,8 mm) qui fait face au micropyle et qui semble dépourvu de cotylédons avant la germination. 10) Germination: La graine des Myristicacées germe dès qu'elle tombe au sol et paraît inapte à la conservation ou à une germination différée. Le tégument se scinde au niveau du micropyle et laisse sortir une forte radicule. Après quelques jours, on distingue sur cet axe une partie terminale ou radicule proprement dite, une partie médiane hypocotylaire, enfin la partie basale insérée dans la graine, composée de deux pétioles adjacents renfermant la gemmule. La sortie de ces pétioles s'accompagne du développement dans la graine de deux limbes cotylédonnaires sinueux, blanchâtres, qui traversent toute l'amande et joueront le rôle de suçoirs. Chez les Virola, l'hypocotyle se développe rapidement en soulevant la graine à 10 ou 20 cm au-dessus du sol. Chez les !Jyanthera, l'hypocotyle reste peu développé et la graine demeure au niveau du sol alors que l'épicotyle s'allonge rapidement. Chez tous les genres, les premières feuilles sont alternes et semblables aux adultes, bien que plus peti tes. Beaucoup de graines de Myristicacées tombent au sol sous les semenciers et germent sur place. Toutefois, de nombreux oiseaux à gros bec, particulièrement les toucans, sont friands de l'arille rouge bien visible lors de la déhiscence du fruit. Ils ingurgitent la graine sur l'arbre puis la dégurgitent à quelque distance libérée de son arille, contribuant ainsi à la dissémination de l'espèce. Il) Structure du bois. Plan ligneux: La structure du bois est très constante dans l'ensemble de la famille. Les vaisseaux sont isolés ou groupés par 2 ou 3 dans le sens radial et présentent quelques rares perforations en grille (caractère archaïque). Le parenchyme est circumvasculaire, peu abondant, non visible à la loupe sauf chez le genre Iryanthera où l'on distingue de fines lignes tangentielles de parenchyme irrégulièrement espacées. Les rayons ligneux sont parcourus par des tubes à tanin que l'on distingue à la loupe oculaire (x 20) en section 7 radiale, au milieu des maillures, sous forme de lignes rouge sombre. Ces tubes rappellent les canaux résinifères radiaHx des gymnospermes. 12) Importance des Myristicacées dans la forêt guyanaise: Selon Emberger (Traité de Botanique. p. 942), les Myristicacées forment une famille de 300 espèces "représentées surtout en Asie intertropicale, peu nombreuses ou nulles sur les autres continents". Cette formulation est critiquable dans la mesure où elle laisse penser que la famille ne présente pas d'importance significative dans les forêts africaines ou américaines. Or, s'il est vrai que le nombre de taxons (genres et espèces) est relativement faible sur ces deux continents, il convient de souligner que quelques grandes espèces arborescentes y sont largement disséminées, qu'elles y ont souvent une fréquence élevée et qu'elles constituent une composante fondamentale des peuplements forestiers. En Amérique intertropicale, le moulomba, Virola surinamensis, est fréquent dans les zones ripicoles et carastéristique du bord des estuaires où il a été du reste très exploité pour le déroulage et la fabrication de contreplaqué. Le bouchi moulomba, Virola michelii, est un grand arbre forestier de terrain sain, très bien conformé, présent dans toute la Guyane avec une densité supérieure à 2 tiges par hectare pour les diamètres de 10 cm et plus. Les moussigots, Iryanthera sp., sont des arbres de sous-étage fréquents, voire dominants par place dans les classes de 10 à 30 cm de diamètre. Enfin, l'aroumapici, Osteophloeum platyspermum, est un très grand arbre commun à l'est de la Guyane et que l'on rencontre également en abondance dans toute la vallée de l'Amazone jusqu'au Pérou. En conclusion, ayant constaté l'importance des Myristicacées arborescentes dans les forêts équatoriales d'Amérique. et d'Afrique de l'Ouest, il ne paraît pas déraisonnable de leur prêter quelque lointaine parenté avec les araucarias et les pins qui occupaient les mêmes stations il y a près de 200 millions d'années. .. 8 II. Étude des Myristicacées en Guyane Genre Virola Aublet (1775) Lors de son séjour en Guyane (1763-1765), Fusée-Aublet créa le genre Virola dont il emprunta le nom à la langue galibi. Il fit la description de Virola sebifera, mentionnant seulement la présence d'autres espèces considérées alors comme de simples variétés de la précédente. Par la suite, les botanistes érigèrent au rang d'espèce le yayamadou-rivière, Virola surinamensis Warburg et le yayamadou-montagne, Virola michelii Heckel. Dans la période récente, on a également reconnu la présence en Guyane de Virola multicostata décrit par Ducke en basse Amazonie. Les quatre espèces citées possèdent des caractères botaniques très voisins, en particulier des fleurs de même structure et des fruits presque semblables, différant seulement par la taille. Elles sont dioïques. Tous ces arbres sont appelés yayamadou en créole guyanais, virola en galibi et voirouchi ou wahusi en palikour. Le nom de yayamadou est en usage depuis près de 300 ans en Guyane; il dérive du taki-taki "diadia oudou", composé de l'adjectif "diadia" qui signifie droit, et de "oudou" (hout, wood) qui désigne le bois ou l'arbre. Le nom de mou 10mb a donné par les noirs réfugiés du Maroni est une réminiscence de l'ilomba ou moulomba africain, Pycnanthus angolensis, qui présente le même port que les Virola américains. 9 Virola seb\[era Aubiet • (Myristica sebifera Aubiet) muscadier porte-suif, yayamadou, virola, baboun, ucuùba Le Virola sebifera décrit par Fusée-Aubiet est un petit arbre que l'on rencontre dans le nord de l'Amérique du Sud et jusqu'au Panama, principalement en régions côtières et dans les formations secondaires. Il est fréquent à proximité de Cayenne, sur la colline du Rorota ou sur le Mont Grand Matoury par exemple, mais on le trouve également à l'état disséminé dans toute la Guyane. Arbre au tronc droit et cylindrique atteignant rarement une hauteur totale de 20 m et un diamètre de 20 cm. Contreforts absents ou très petits. Ecorce grise marquée de fines côtes longitudinales. Port caractéristique avec de fines branches perpendiculaires au tronc, étagées en pseudoverticilles. Rhytidome brun clair à lenticelles saillantes. Ecorce interne rosâtre. Sève aqueuse, rougeâtre. Les feuilles de Virola sebifera sont nettement plus grandes que celles des espèces décrites ci-après et se reconnaissent immédiatement sur l'arbre ou au sol. Elles sont cordées à la base, sans acumen bien individualisé, tomenteuses roussâtres sur la face inférieure, avec des nervures d'ordre 3 distinctes grossièrement parallèles. Inflorescences en panicules ramifiées, axillaires et terminales. Les inflorescences mâles atteignent 15 cm, les femelles 10 cm. L'espèce est dioïque. Les fruits sont relativement petits, ellipsoïdes (18 x 12 mm), ferrugineux. \j \ r - 0 \d _ seG;(t~,~!_ -----'" 1m V i \- U 1a S c b,\ ~ 11 r -~ \ n (" r ~, \ e s cr: '\ <- / <': \ 1cm .. 12 Virola surinamensis Warburg (Myristica fatua Swartz) yayamadou-rivière, yayamadou-marécage moulomba (paramaka) virola (galibi,A.T.I.B.T.), voirouchi ou wahusi (palikour) baboen (Surinam), ucuùba (Brésil) muscadier à grives (Martinique) Virola surinamensis est une espèce très commune en Amazonie, dans les Guyanes, au Venezuela et jusque dans les Petites Antilles. On le rencontre le long des rivières ou en forêt marécageuse en association avec Symphonia globulifera. Arbre de grande taille, atteignant 30 m de hauteur et 80 cm de diamètre, au port très caractéristique. Tronc droit et cylindrique pourvu de contreforts ou de racines-échasses aplaties verticalement, de dimensions très variables. Branches principales perpendiculaires au tronc, formant des pseudo-verticilles régulièrement étagés chez les jeunes sujets, rassemblées au sommet de l'arbre et souvent coudées à angle droit chez les sujets âgés. Ecorce gris-jaune à gris foncé, pourvue de petites lenticelles (2 mm) éparses, marquée de fines crevasses longitudinales. Rhytidome mince (0,8 mm) recouvrant une assise phellodermique souvent pâle et peu distincte. Ecorce interne épaisse (l0 à 20 mm), tendre, rose-jaunâtre traversée de grosses veines blanchâtres formées par les rayons libériens, virant rapidement au roux après l'incision. Exsudation abondante et fluide, rougeâtre ou parfois incolore. Aubier blanc, tendre, à grain fin. La tranche exhale une faible odeur sucrée. Feuilles alternes régulièrement espacées le long des rameaux, sans stipules, à pétiole court (5 mm) et canaliculé, simples et entières, typiquement oblongues et étroites (15 x 3,5 cm), acuminées, vert foncé luisant dessus, vert plus pâle, mordorées, pubérulentes dessous. Nervures principales et secondaires saillantes dessous. Inflorescences, fl., fr. (cf. planche dessinée). Floraisons fréquentes par exemple en mars et en septembre avec fructifications en mai et en décembre. Les fruits sont consommés par de nombreux animaux, oiseaux et mammifères, et l'on en retrouve fréquemment les débris au sol (valves, graines ellipsoïdes entourées ou non de leur arille rouge vif, lacinié). 13 La germination intervient rapidement après la libération de la graine. Au bout de 10 à 15 jouq, celle-ci est soulevée de terre par l'hypocotyle et le plant ressemble alors à une petite massue dressée verticalement. Puis apparaissent l'épicotyle et les premières feuilles qui sont alternes et semblables aux adultes. La graine ne se détache de la plantule qu'après 3 ou 4 mois. En pépinière, le taux de germination est élevé et l'on peut repiquer les plants à racines nues après 75 jours. De nombreuses plantations expérimentales de yayamadou ont été réalisées au Surinam et en Guyane. Les résultats ont été excellents jusqu'au stade du perchis de 3 à 5 ans, mais par la suite, la croissance des arbres s'est toujours révélée très décevante, pour des raisons en partie inexpliquées. Autrefois, on récoltait en Guyane les graines de yayamadou pour en extraire par broyage une graisse destinée à la confection de savon et de bougies. Note sur le bois de yayamadou : La limite entre le bois d'aubier et le bois de coeur est peu distincte. Le bois frais est blanchâtre et devient beige pâle après mise en oeuvre. Il est tendre et léger (0,50), à grain assez fin et à fil très droit. Compte-tenu de la bonne conformation des grumes, le yayamadou est un excellent bois de déroulage. Il est également utilisable en menuiserie légère, baguetterie et moulure. Toutefois, il est sensible aux moisissures et aux attaques d'insectes: il doit donc être séché rapidement et traité pour tous usages. Le yayamadou est la seule essence commerciale de Guyane à être flottable même à l'état vert. Dans les trente années qui ont suivi la guerre, cette essence a fait l'objet d'une exploitation assez importante par flottage dans les estuaires et en a val des premiers sauts. Les radeau;:. de bille étaient chargés sur le bateau de la Société Bruynzeel pour approvisionner la fabrique de contreplaqué de cette Société à Paramaribo. Commercialisé sous le nom de "baboen", ce contreplaqué a été exporté dans le monde entier entre 1960 el 1070. Après 1980, le déclin de la production a résulté de la raréfaction de la ressource en bois de déroulage. V; 14 r d e. s :'> ü 1 \ q ô cl c- J. j. cl e. C, r- d n y 1 l\ c \/\(u\,) • {\ <-1 rn C 1\ ;.;. U. f' \ ~ , ~ __ .___________ _ je.c f "'n;nill'0n (ot'jlé,do.ns $uyo!r~ LU j 5) M.Ga'--=l IS 1c Virola michelii Heckel , (Myristica melinonii R. Benoist, Virola melinonii A.C. Smith) yayamadou-montagne, bouchi moulomba virola, baboen, ucuùba L'aire naturelle de Virola michelii s'étend à toute la Guyane, au Surinam, à l'Etat de Parà et au territoire de l'Amapa en basse Amazonie. Il est commun en forêt primaire et peut être fréquent par places en forêt secondaire. A la différence de Virola surinamensis, il occupe les sols de pente et les stations saines, non mouilleuses. Le bouchi moulomba est l'un des arbres les mieux conformés de la forêt guyanaise. Il peut atteindre 35 m de hauteur totale, avec un fût de l m de diamètre et de 15 à 20 m de longueur utile. Le tronc droit et cylindrique est pourvu de contreforts généralement peu développés, réguliers, à profil concave ou presque rectiligne (par exemple: 80 x 50 x 8 cm). Toutefois, on rencontre dans certaines régions des sujets à contreforts élevés (2 m) et l'on a pensé récemment qu'il y avait là un caractère distinctif entre deux espèces (Virola melinonii à petits contreforts et Virola michelii à contreforts élevés). En réalité, tous ces arbres possèdent les mêmes caractères botaniques et les deux espèces sont "":0urd'hui placées en synonymie. L'écorce du bouchi moulomba est très typique et constitue un caractère de reconnaissance presque infailliblc. Elle est régulièrement marquée de fines fissures longitudinales espacées de 5 mm environ, dont les bords sont striés de petites lignes parallèles. Le rhytidome épais de 1 ou 2 mm est siliceux et sclérifié, de couloir noire. L'écorce interne, épaisse de 8 à 15 mm, plus dure que celle de Virola surinamensis, de même couleur rose-jaunâtre, exsude une sève aqueuse rougeâtre, plus ou moins abondante. Les feuilles sont plus petites et plus fines que celles de Virola surinamensis. Pétiole 10 mm. Limbe elliptique ou légèrement obovale (12 x 5 cm), la face inférieure glauque avec une nervation tertiaire presque indistincte. Ces feuilles se reconnaissent bien au sol, mais elles se décomposent vite et sont souvent rares. Par comparaison avec Virola surinamensis, les inflorescences du bouchi moulomba sont plus petites, les fruits très semblables, le bois un pcu plus dense (0,60) avec la mêmc structure et les mêmes propriétés tcchnologiques. .. 17 b0 LA LI"\ .\ fn 0 u \ U t,~ b () ",.;' , ... ' f \e u r xe ,." .) . M.Ga· 18 Virola lIlulticostata Ducke Le Virola multicostata décrit par Ducke en basse Amazonie a été identifié récemment dans de nombreuses régions de Guyane (bassins de l'Oyapock, de l'Approuague et du Maroni). Cette espèce semble toutefois beaucoup plus rare que les Virola décrits précédemment. Arbre de taille petite ou moyenne atteignant 15 m avec un diamètre de 15 cm, au tronc très droit. Ecorce grise finement fendillée verticalement. Rhytidome dur, sclérifié. Ecorce interne rose. Sève abondante et fluide, translucide, rougeâtre. Les jeunes rameaux, les inflorescences, le pétiole et la face inférieure des feuilles sont couverts d'un tomentum vert glauque devenant roussâtre. Pétiole court (6 à 10 mm). Limbe très grand chez les jeunes sujets (40 x 15 cm), elliptique ou allongé, un peu obovale (22 x 7 cm) chez les arbres de 5 à 10 m. Les nervures secondaires sont presque rectilignes, nombreuses et peu espacées (4 à 6 mm), raccordées en arceaux près de la marge, déprimées dessus et très saillantes dessous. Les nervures tertiaires sont grossièrement parallèles entre elles et perpendiculaires aux nervures secondaires. Chez les plus grands sujets observés, les feuilles sont plus petites, elliptiques (14 x 6,5 cm), presque glabres dessous avec nervation tertiaire indistincte. Fruits semblables à ceux du bouchi moulomba, mais un peu plus petits, ellipsoïdes (20 x 16 mm). ... 19 V;îola !'r\u\L\<':oslatô feu;\\e pr~\evét. 5ur un sujcl de 4m f€.u~l\e \)r~\e,,~e. Sur '-\(\ at-t>rt'. de .-\2 rn M.Ga<.e\ 20 Genre Iryanthera Warburg Les moussigots rouges (genre Iryanthera) sont des arbres de taille moyenne au tronc droit, cylindrique ou parfois un peu flûté, sans contreforts, très communs en forêt primaire dans la région des Guyanes et en basse Amazonie. Ils sont facilement reconnaissables à leur écorce rougeâtre s'écaillant en fines lamelles verticales à bords sinueux, ainsi qu'à l'exsudation fluide, rouge, généralement abondante de la tranche. Les branches sont disposées en verticilles régulièrement étagés, au moins chez les jeunes sujets. Le genre Iryanthera est monoïque, les fleurs étant séparées en inflorescences mâles et en inflorescences femelles sur un même arbre. Ces inflorescences sont des racèmes de quelques centimètres parfois ramifiés à la base en 2 ou 3 brins, portant des petits groupes de fleurs sous-tendus par des bractées caduques. Les inflorescences mâles naissent à l'aisselle des feuilles sur les jeunes rameaux. Les inflorescences femelles se répartissent sur les rameaux défeuillés, parfois même sur les grosses branches et sur tout le tronc. Fleurs petites (4 mm), unisexuées, monochlamidées, trimères, portant sous le périanthe une ou deux bractéoles minuscules. Les fleurs mâles possèdent trois étamines basifixes soudées en une colonne axiale. Les fleurs femelles possèdent un ovaire uniloculaire surmonté d'un stigmate sessile, bilobé, faiblement individualisé. Le fruit des Iryanthera possède la même structure que celui des Virola, mais il est typiquement de forme ellipsoïdale allongée transversalement, ainsi que la graine. On rencontre en forêt guyanaise deux espèces principales d'Iryanthera (Iryanthera sagotiana et Iryanthera hostmannii), qui diffèrent par la forme des feuilles et par la dimension des fruits. Certains botanistes distinguent encore Iryanthera juruensis qui semble très voisin d'Iryanthera sagotiana, et Iryanthera paraensis, très voisin d'Iryanthera hostmannii. Description du bois: Chez tous les moussigots, le bois présente la même structure, voisine de celle des Virola, mais caractérisée en outre par la présence de fines lignes tangentielles de parenchyme irrégulièrement espacées. Bois mi-dur et mi-lourd (0,72) à grain fin et à fil très droit, blanchâtre à l'état frais, ocre pâle après la mise en oeuvre. La limite entre l'aubier peu épais 21 et le bois de coeur est à peine visible sur la section transversale. Par contre, la partie centrale du tronc prend souvent une coloration orangée nettement délimitée: ce faux coeu!: semble résulter d'une altération et dégage une odeur désagréable à l'état frais, bien que les caractéristiques physiques du bois ne soient pas altérées. Le bois des moussigots peut être utilisé en caisserie et palettes, voire en menuiserie légère à condition d'être traité. 22 Iryallthera sagotiana Warburg (Espèce très voisine : fI}~anthera juruensis Warburg) moussigot rouge, tossopassa, ucuùba-rana Iryanthera sagotiana est une espèce commune en forêt guyanaise, probablement la plus fréquente du genrc Iryanthera. C'est un arbre au tronc droit et cylindrique qui atteint couramment 30 à 40 cm de diamètre avec une hauteur de 25 m, ct exceptionnellement 50 cm de diamètre avec 30 m de hauteur totale. L'observation des feuilles, qui sont pourtant de dimension et de forme variables, permet de différencier Iryanthera sagotiana de Iryanthera hostmannii. Pétiole fin ct canaliculé, long de 10 mm. Limbe papyracé, glabre et luisant dessus, plus pâle et papilleux dessous, elliptique ou oblong légèrement obovale (10 x 4 à 18 x 5 cm), la base cunéiforme, le sommet faiblement acuminé. Nervure principale saillante dessous. Nervures secondaires ténues, aux extrémités presque indistinctes dessous (caractère de reconnaissance important en pratique). Inflorescences racémeuses à une ou deux branches, les mâles longues de 5 à 9 cm, les femelles plus courtes. Cauliflorie observée sur tout le tronc chez un faible pourcentage de sujets. La floraison intervient généralement en septembre-octobre et la fructification en mars. Dans la région de Saint-Laurent du Maroni, sur les sols sableux de la série détritique de base, Iryanthera sagotiana est très fréquent et porte des fruits relativement gros (30 x 40 x 28 mm). Péricarpe lisse et glabre, vert vif à maturité, épais de 3 à 6 mm. Graine (16 x 30 x 15 mm) entourée d'un arille charnu, lacinié, rouge vif contrastant avec la couleur verte du péricarpe lors de la déhiscence du fruit. Sur les collines argileuses (kaolinite) de l'intérieur, la même espèce porte des fruits plus petits (25 x 30 x 25 mm) avec un péricarpe épais de 3 mm environ. En Forét Domaniale des Malgaches proche de Saint-Laurent du Maroni, la parcelle expérimentale nO 4, d'une superficie de 4 hectares, est représentative d'une forêt primaire sur sol sableux (S.D.B .). Dans l'inventaire de 1968 portant sur les arbres de plus de 17,5 cm de diamètre, on dénombre 89 pieds d'Iryanthera sagotiana (soit 22 pieds par hectare), les plus gros sujets atteignant tout juste 40 cm de diamètre. La croissance annuelle moyenne sur le diamètre, observée sur la période de 1968 à 1993, a été de 2,5 mm/an pour les arbres de la classe (17,5 - 20 cm), de 1,5 mm/an pour ceux de la classe (20 - 30 cm), et seulement de 1 mm/an pour ceux de la classe (30 - 40 cm). Pour des arbres sains et bien 23 conformés dont le bois a une densité moyenne (0,72), on peut estimer que cette croissance est relativement très lente (résultats reportés sur le graphique ci-joint). . ..• 24 " .... _1_" juru.<?tlsÎ5 . 25 co ',"édon' (. J , SuçoIrS .--\ 0 j l moi 5 M. Gaze! 26 b}'G/ztlzera Izostmanii (Bentham) Warburg (Espèce très voisine: Iryanthera paraensis Huber) (Mêmes noms locaux que Iryanthera sagotiana) En pratique, Iryanthera hostmannii se distingue difficilement d'Iryanthera sagotiana car il présente les mêmes caractères de reconnaissance extérieurs: tronc droit et cylindrique, sans contreforts (ou avec de très petits contreforts de 20 cm), à l'écorce lamelleuse rougeâtre, exsudant à l'incision une sève fluide et translucide, également rougeâtre. Feuilles un peu plus grandes que celles d' Iryanthera sagotiana. Pétiole 10 mm. Limbe elliptique légèrement obovale (16 x 5,5 cm), à base faiblement atténuée et à acumen aigu peu différencié. Les nervures secondaires, espacées d'environ 10 mm, sont finement déprimées dessus, saillantes et nettement distinctes dessous; elles se raccordent en arceaux à 2 ou 3 mm de la marge. Inflorescences petites (longues de 1 à 4 cm chez les mâles, de 1 à 2 cm chez les femelles). FI1lits plus petits que ceux d'hyanthera sagotiana (de 10 x 20 x 9 mm à 15 x 25 x 14 mm), à péricarpe épais seulement de 1,5 à 2 mm, veIt vif à maturité. ;< 27 OsteophloeulIl platysperlllulIl (A. de Candolle) Warburg (Myristica plalyspenna A. de Candolle) moussigot blanc, aroumapici, ucuùba-rana Les prospecteurs guyanais appellent "aroumapici " un arbre très caractéristique, atteignant une grande taille dans l'étage dominant avec une hauteur de 40 m et un diamètre de 80 cm, rencontré à l'état disséminé en forêt primaire, sur sol sain ou marécageux. Assez commun dans la région de Cayenne et dans l'est de la Guyane, il semble se raréfier à l'ouest de la Sinnamary et être absent du Surinam (il n'est pas mentionné dans la flore de Pulle ni dans celle de Lindeman). Par contre, il s'agit d'une espèce fréquente et bien connue dans le bassin amazonien, rencontrée depuis la région de Belém jusqu'à celle d'Iquitos au Pérou. Elle fût décrite au Brésil en 1856 par Alphonse de Candolle, sous le nom de Myristica platysperma. En 1895, Warburg créa le genre monospécifique Osteophloeum dont on peut se demander si l'existence est bien justifiée, compte-tenu de l'étroite parenté qui apparaît entre les caractères botaniques de l'aroumapici et ceux des moussigots rouges. Arbre de grande taille au fût très droit, au port caractéristique des Myristicacées avec de grosses branches horizontales parfois coudées à angle droit. Chez les sujets âgés, le pied est évasé au niveau des racines et porte des déformations qui se prolongent sur quelques mètres de hauteur. Le rhytidome brun-jaunâtre s'écaille en longues et fines lamelles verticales fragiles et quelque peu pulvérulentes. Tranche épaisse et tendre. En section, le rhytidome a 6 mm d'épaisseur avec une alternance de plages brun clair et brun foncé ; l'écorce vivante est jaune pâle presque blanche avec des cernes bien visibles. Exsudation assez abondante, aqueuse, incolore avec des reflets jaunes (non pas rouges). Aubier blanc, peu épais mais sans limite visible à l'état frais avec le bois de coeur. Feuilles caractéristiques, bien reconnaissables au sol. Pétiole relativement long (18 à 25 mm), paraissant souvent déformé au sommet par un minuscule prolongement aliforme du limbe. Limbe obovale (9 x 3,5 cm) à base aigüe et à sommet arrondi, vert clair devenant brun ocre dessus et ocre pâle, finement papilleux, dessous. Nervures latérales longuement arquées, fines, parfois à peine visibles. "4 28 Inflorescences mâles en panicules axillaires isolées ou groupées par 2, longues de 3 à 4 cm. Fleurs (4 mm), munies à la base d'une petite bractéole sessile large et tronquée (0,5 x 1,5 mm). La colonne staminale porte 6 anthères ou plus. Gros fruit presque sphérique, un peu élargi (35 mm) dans le sens transversal, vert·jaune, s'ouvrant en deux valves épaisses, contenant une graine allongée dans le sens transversal à tégument brun recouvert d'un arille lacinié, blanchâtre puis rouge à maturité. La partie interne de la graine est gélatineuse et compartimentée par des excroissances cartilagineuses du tégument. Bois de même structure que celui des Virola et des byanthera mais plus tendre et plus léger (0,45). On observe le même phénomène de formation d'un faux coeur brun-orangé pâle que chez les moussigots. Bois externe blanchâtre, périssable. Vaisseaux gros (200 /-L), rares, isolés ou accolés par 2 ou 3, à perforations simples ou parfois en grille. Parenchyme rare, en cellules juxta-vasculaires ou en fines bandes tangentielles irrégulièrement espacées, parfois absentes. Rayons le plus souvent bi-sériés, hétérogènes, parcoUlus par des tubes à tanin. 29 a rOu.l~.~ 30 Compsoncura ulci Warburg Compsoncura ulci a été signalé dans une grande partie de la Guyane, depuis la région côtière jusqu'à Camopi, mais aucun sujet d'une hauteur supérieure à 10 m n'a encore été rencontré. Ecorce brun clair, lisse, à tâches verdâtres. Branches disposées en pseudoverticilles. Bois blanc. Feuilles très caractéristiques. Pétiole court Cl 0 mm) et fin. Limbe elliptique large (11 x 5,5 cm) à base un peu décurrente, à acumen arrondi. Nervures secondaires longuement arquées jusqu'au bord du limbe. Nervures tertiaires fines et serrées, grossièrement parallèles. Nervilles d'ordre 4 très fines, perpendiculaires aux nervures d'ordre 3. Fruit globuleux un peu allongé dans le sens longitudinal (20 mm), jaune pâle à maturité, s'ouvrant en deux valves, contenant une graine entourée d'un sarcotesta rouge. 31 X-1 ENGREF Centre de KOUROU Flore Forestière de Guyane LES POLYGONACEES Marc GAZ~L Mars 1995 2 TABL,E DES MATIERES 1. Généralités .................................................. ,......................................... p 03 2. Principaux caractères botaniques des Polygonacées ........................... p 04 3. Eléments de taxonomie ......... ,............................................................. p 07 4. Etudes des Polygonacées de Guyane, .............................................. ,.. p 08 Genre Coccoloba ........................................................................... p 08 Coccoloba uvifera ............................................................... p 09 Coccoloba latifolia ......................................................... ,.... P 14 Coccoloba mollis .... ,............................................................ p 16 Triplaris weigeltiana ................................. ,....... ,.. ,.............. ,......... p 19 Symme ria paniculata ......... ,........................................................... P 21 1. [ j 3 LES pOLYGONACEES POLYGONALES Polygonacées Nyctaginacées CARYOPHYLLALES (ou CENTROSPERMEES) Caryophyllacées' Chénopodiacées l, Généralités La famille des Polygonacées, très cosmopolite mais presque absente du continent africain, regroupe environ 750 espèces rangées dans une trentaine de genres, Le nom de genre Polygonum ainsi que le nom de famille qui en dérive rappellent que les fruits sont des akènes anguleux, généralement trigones. La plupart des Polygonacées sont des plantes herbacées vivant dans les régions tempérées de l'hémisphère nord. Leur étude présente un intérêt particulier du point de vue de l'évolution des angiospermes, car on y voit des fleurs trimères aux caractères monocotyloïdes évoluer vers des formes pentamères plus répandues chez les dicotylédones. Lcs Polygol1ums, espèces herbacées ou lianescentes au nombre de ISO environ, possèdent une tige souvent noueuse à l'aisselle des feuilles et sont appelées "renouées" en France, Le "radié crapaud" ou Polygonum acuminatum est une herbe aquatique commune et caractéristique des marais de basse Guyane, fi~ 4 . L'oseille cultivée, plante riche en acide oxalique, appartient au genre Rumex (ISO sp). La rhubarbe dont on consommc les pétioles charnus et succulents appartient au genre voisin Rheum (30 sp) originaire d'Asie tempérée. Le sarrasin, malgré son nom, est originaire de Sibérie : il appartient au genre eurasiatique Fagopyrum (IS sp). Introduit en France par la Russie, il fut largement cultivé autrefois sur les sols acides et pauvres sous le nom de blé noir. Les Polygonacées arborescentes, beaucoup plus rares, ne se rencontrent que chez un petit nombre de genres tropicaux américains. Les plus importants d'entre eux, Coccoloba et Trip la ris , sont bien représentés en Guyane. Des arbustes ou de petits arbres existent également chez les genres Ruprechtia, Symmeria et Muehlenbeckia, particulièrement intéressants par leur répartition géographique et par leurs caractères botaniques. Il convient de souligner que la connaissance des Polygonacées arborescentes d'Amérique se révèle indispensable dans l'étude de l'évolution générale de la famille. 2. Principaux caractères botanigues des Polygonacées Les principaux caractères botaniques des Polygonacées sont les suivants: 1) Plantes herbacées annuelles ou VIvaces, lianes ligneuses, arbrisseaux, arbustes ou plus rarement arbres. 1 1 2) Feuilles alternes, simples et généralement entières, le plus souvent pourvues d'une ochréa (n.f.), gaine membraneuse entourant la tige au niveau de l'insertion foliaire. On considère parfois l'ochréa comme une excroissance ligulaire de caractère monocotyloïde, mais on admet plutôt aujourd'hui qu'elle résulte de la soudure de deux stipules. Du reste, quelques Polygonacées possèdent des stipules libres et sont dépourvues d'ochréa. 3) Inflorescences de formes variées dans l'ensemble de la famille (fleurs solitaires ou rassemblées en épis, grappes ou cymes). Chez les Polygonacées arborescentes de Guyane, les inflorescences sont des grappes densiflores axillaires ou terminales, isolées ou fasciculées par 2-3, simples ou ramifiées, où les fleurs sont souvent groupées en glomérules de 2 à S. 1 4) Fleurs petites, actinomorphes, apétales mais à sépales souvent colorés et pétaloïdes, portées par un pédicelle court et ténu sous-tendu par une bractéole associée à une ochréole. Elles sont généralement hermaphrodites ou parfois unisexuées dioïques (Triplaris) par dégénérescence de l'androcée ou du gynécée. !: } 5 5) On admet que la fleur des Polygonacées est fondamentalement trinlère:,avec une formule de base voisine: de celle des monocotylédones: -."._" --_ .. _-.-. ~.-.--- -- --._--" (3+3)S+(3+3)E+3C Toutefois, chez beaucoup de genres, le périanthe et l'androcée montrent des variations de divers types : concrétion d'organes (par exemple, soudure de deux sépales), dédoublement (cas fréquent chez les étamines du cycle externe), dégénérescence (disparition d'un cycle de sépales ou d'étamines) ou transformation (étamines internes dédoublées en glandes nectarifères formant un disque ou réduites elles-mêmes à de telles glandes). Ainsi chez le genre Rumex, considéré comme primitif, le périanthe est composé de deux cycles de trois sépales de couleur verte, les étamines sont au nombre de six et les fleurs sont pollinisées par le vent. Chez le genre Rheum, le périanthe est également trimère mais coloré; il y a 9 étamines par dédoublement du cycle externe, plus un cycle de glandes nectarifères et les fleurs sont entomophiles. Chez les genres Polygonum et Fagopyrum , plus évolués, le périanthe devient pentamère par soudure d'un sépale externe avec un sépale interne. On trouve donc 5 sépales à imbrication quinconciale, verts ou colorés selon les espèces. Il est fréquent que seulement deux étamines du cycle externe se dédoublent et l'on obtient le nombre étonnant de 8 étamines. Le cycle interne possède généralement des glandes nectarifères et les fleurs sont entomophiles. Chez le genre Coccoloba, les fleurs possèdent 5 sépales blancs ou vert pâle à imbrication quinconciale et 8 étamines dont les filets sont épaissis, soudés et nectarifères à la base. La structure de ces fleurs est donc voisine, par exemple, de celle de Polygonatum aviculare, espèce très commune et cosmopolite. Coccoloba uvifera est intensément visité par les guêpes et par les abeilles et il est cultivé pour l'apiculture. Chez le genre Triplaris, l'évolution florale est étonnante. Les fleurs sont unisexuées dioïques et de structure différente selon le sexe. Le périanthe des fleurs mâles résulte de la concrétion de deux cycles trimères en une enveloppe cupuliforme à 6 lobes. Elles possèdent 9 étamines. Les fleurs femelles, sensiblement plus grandes, sont composées d'un périanthe cupuliforme à 3 grands lobes alternant parfois avec 3 dents minuscules, et d'un cycle interne de 3 sépales linéaires peut-être staminodiaux. Enfin, il est intéressant de mentionner Symmeria paniculata, seul représentant du genre monospécifique Symmeria, qui possède un périanthe archaïque formé de deux cycles trimères sépaloïdes. C'est un petit arbre de " 6 zones marécageuses ou rip'icoles qui atteint jusqu'à 12 m de hauteur et 20 cm de diamètre. On le rencontre en Colombie, au Guyana, au Surinam et en basse Amazonie. Il devrait normalement se trouver aussi en Guyane bien qu'il n'y ait pas encore été signalé. Par ailleurs, cette espèce existe au Sénégal et en Sierra Leone: c'est ainsi la seule Polygonacée arborescente qui soit présente à la fois en Amérique et en Afrique, mais également la seule Polygonacée arborescente du continent africain. 6) Pistil caractéristique de structure beaucoup plus constante que le périanthe et l'androcée, généralement formé par la soudure de trois carpelles en une seule loge trigone surmontée de trois styles libres (plus rarement de 2 ou 4 carpelles avec autant de styles). L'ovaire supère contient un seul ovule basal et orthotrope à deux enveloppes tégumentaires. On observera que l'ovule est le plus souvent anatrope chez les angiospermes; il est orthotrope et solitaire chez un petit nombre de familles sans parenté évidente telles que Juglandacées, Pipéracées, Polygonacées ou Urticacées. 7) Le fruit est typiquement un akène trigone aux arêtes plus ou moins aiguës et parfois aliformes (Rhubarbe). Le développement du fruit est souvent accompagné par l'accrescence du cycle interne des sépales qui forment une enveloppe libre et membraneuse (Rumex, Trip/m'is) ou soudée à l'akène, charnue et pulpeuse (Coccoloba, Muehlenbeckia, Symmeria). La graine contient un albumen riche en amidon (d'où la valeur céréalière du sarrasin), typiquement ruminé chez les Coccoloboïdées (Coccoloba, Triplaris, Symmeria, etc.). L'embryon est droit et la radicule est dirigée vers l'apex. La germination est épigée : la radicule et l'hypocotyle sortent par le sommet du fruit qui peut être soulevé de terre. Les cotylédons se dégagent et se déploient en deux feuilles cotylédonnaires orbiculaires et chlorophylliennes. L'épicotyle porte des feuilles alternes de taille croissante, semblables aux adultes. 8) Les Polygonacées sont souvent riches en acide oxalique (oseille), en hétérosides (rutine du sarrasin) ou en polyphénols (tannins tels que le kino retiré du Coccoloba). 9) Le bois des Polygonacées arborescentes est de densité variable, faible (Triplaris), moyenne (Coccoloba) ou assez élevée (Symmeria). Le plan ligneux se caractérise par des vaisseaux moyens, à perforations simples, isolés ou accolés radialement par 2 à 5 ; par un parenchyme rare, limité à quelques cellules juxtavasculaires peu discernables à la loupe oculaire; par des rayons homogènes ou presque, unisériés (Coccoloba), bisériés (Triplaris) ou multisériés (Symmeria) ; enfin par des fibres typiquement septées, parfois groupées en bandes tangentielles cristallifères. :' i li 1 :: , 1. . .· .~ ? 7 3. Eléments de taxonomie' Les Polygonacées sont traditionnellement divisées en trois sousfamilles, sur la base de critères simples mais quelque peu artificiels qui ne traduisent pas véritablement un ordre phylogénétique. On se bornera à rappeler ci-après cette classification, en mentionnant quelques genres importants rattachés à chaque sous-famille: 1) Polygonoïdées Fleurs 3-mères, parfois 2- ou S-mères par réduction. Présence d'une ochréa. Graine à albumen non ruminé. Principaux genres: Polygonum, Rumex, Rheum, Fagopyrum, Calligonum. 2) Coccoloboïdées Fleurs 3-mères ou S-mères par réduction. Présence d'une ochréa. Graine à albumen ruminé. Principaux genres : Coccoloba, Muehlenbeckia, Ruprechtia, Triplaris, Antigonon, Symmeria. 3) Eriogonoïdées Fleurs 3-mères. Absence d'ochréa. Principaux genres: Eriogonum (100 sp), Atraphaxis, Podopterus. 8 4. Etude des Polygonacées de Guyane Genre Coccoloba P. Browne Le genre américain Coccoloba semble très ancien puisqu'il est représenté dans l'Eocène moyen d'Argentine australe (gisement du Rio Pichileufu d'un âge estimé à 45 millions d'années). Il comprend environ 125 espèces qui sont surtout des lianes ligneuses ou des arbustes, plus rarement des arbres de taille moyenne. En Floride, Coccoloba laurifolia atteint 25 m de hauteur et 60 cm de diamètre. En Guyane, on rencontre 3 espèces arborescentes, Coccoloba uvifera, Coccoloba latifolia et Coccoloba mollis, qui seront décrites ci-après, et 7 espèces lianescentes facilement identifiables au moins au niveau du genre. Le genre Muehlenbeckia regroupe une quinzaine d'espèces arbustives ou lianescentes très proches des Coccolobas par leur caractères botaniques. Elles possèdent en particulier des fruits enveloppés par un périanthe accrescent, charnu et pulpeux. Ce genre présente une répartition géographique très intéressante. Il est en effet représenté au sud du Brésil, en Argentine (jusqu'à 3000 m sur le versant oriental des Andes), mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Nouvelle-Guinée, témoignant ainsi de l'extension très ancienne des Coccoloboïdées. 9 , Coccoloba llv{fera Jacquin (Polygonum uviferum L.) raisinier bord-de-mer, uva de mar, seagrape Le raisinier bord-de-mer serait l'une des premières plantes remarquées par Christophe Colomb lorsqu'il aborda dans les îles antillaises, Les arbres étaient chargés de longues grappes de fruits semblables à des raisins et paraissaient offrir la promesse d'une végétation nouvelle, luxuriante et généreuse. Coccoloba uvifera est une espèce caractéristique des plages et des régions basses côtières de l'Amérique tropicale, répandue le long des côtes de l'Atlantique et de la mer des Cara'lbes depuis la Floride jusqu'à la Guyane et sur les côtes du Pacifique depuis le Mexique jusqu'au Pérou, Petit arbre contorsionné et bas-branchu lorsqu'il est exposé aux vents marins, il présente un port plus équilibré dans les stations abritées, avec une large cime, une hauteur de 10 à 15 m et un diamètre pouvant atteindre 50 cm. L'écorce externe est lisse et grise ou divisée en fines écailles chez les sujets âgés. L'écorce interne est brun pâle, amère et riche en tanins; elle exsude une sève rougeâtre qui était récoltée et commercialisée autrefois sous le nom de kino des Antilles, sorte de teinture utilisée pour le tannage. Feuilles alternes, simples et entières, au limbe arrondi (10 à 25 cm), plus large que long, glabre et charnu. Pétiole épais, long de 10 mm environ, associé à une ochréa caractéristique longue de 6 mm, brun rouge, laissant une cicatrice annulaire bien visible sur les rameaux après la chute des feuilles. Inflorescences axillaires en longues grappes simples (10 à 30 cm), portant de très nombreuses petites fleurs blanchâtres, odorantes, insérées isolément ou par glomérules de 2 à 4. A Porto Rico, Little a décrit des arbres dioïques portant des fleurs mâles ou femelles, unisexuées par dégénérescence de l'androcée ou du gynécée. En Guyane, l'étude de raisiniers bord-de-mer de grande taille, très florifères, a montré que toutes les fleurs étaient hermaphrodites. La description de ces fleurs est la suivante: Petites fleurs blanchâtres d'un diamètre de 5 à 6 mm une fois ouvertes, portées par un pédicelle fin, long de 2 à 4 mm, pourvu à la base d'une minuscule bractéole brune (0,5 mm) ainsi que d'une ochréole aussi petite entourant l'axe, La base du périanthe est un hypanthe vert pâle en forme d'entonnoir, la partie stipitée prolongeant le pédicelle sur 1,5 mm et' J !(~~;>': '()"-~~~\ {1"YS'::rt" f1}.FC'> .. ·'.!)n i 'U - 1 ,Î.. _:\ \,-,"i .' n~ani~~,;:,:(;~~:,:y la partie évasée (1,5 x' 2 mm) portant 5 lobes orbiculaires blancs à vert pâle, fortement imbriqués en quinconce. Huit étamines nettement '- ..........' exertes, à filet inséré au fond de l'hypanthe, d'une longueur totale de 4 mm. Les filets sont très épaissis, soudés entre eux, jaunâtres et nectarifères dans leur partie basale (1 mm) protégée par l'hypanthe. Ils sont libres, plus fins, blancs dans leur partie exerte (3 mm). Les anthères forment une petite sphère blanche de 0,4 mm divisée en deux sacs polliniques ouverts longitudinalement. L'ovaire est globuleux un peu fusiforme, nettement trigone, blanc, glabre, entouré par l'androcée nectarifère à la base, surmonté par 3 styles libres, filiformes (0,8 mm), élargis et papilleux à l'extrémité. Il contient un ovule basal ortho trope. Les fleurs exhalent une odeur suave et sont intensément butinées par les guêpes et les abeilles. Petit fruit globuleux un peu piriforme (18 x 12 mm) porté par un pédoncule de 3 à 5 mm, à peau lisse d'abord vert pâle pruineux puis rougeâtre violacé. D'aspect bacciforme, ce fruit est en réalité un akène entièrement recouvert par l'hypanthe et les tépales accrescents, devenus charnus et pulpeux, épais de 2 mm environ. L'akène proprement dit possède une coque dure, globuleuse un peu stipitée 05 x 10 mm), obscurément trigone, marquée de fins sillons longitudinaux. L'amande contient un embryon droit entouré d'un albumen ruminé, farineux et riche en amidon. La germination est épigée. La radicule et l'hypocotyle sortent du sommet de l'akène qui s'ouvre à moitié et qui est soulevé du sol. Les feuilles cotylédonnaires se dégagent et se déploient : elles sont suborbiculaires ( 20 mm), trinervées à la base, associées à une minuscule ochréa entourant la tige de la plantule. L'épicotyle porte des feuilles alternes de taille croissante, semblables aux adultes, chacune pourvue d'une ochréa. Le raisinier bord-de-mer fleurit et fructifie tout au long de l'année sans se défeuiller complètement. La pulpe du fruit est comestible, un peu acide. Elle est consommée crue par les enfants ou parfois récoltée pour la confection de jus de fruit, de gelée oU de vin fermenté. L'arbre est parfois cultivé à partir de graines ou par boutures. Bois d'aubier brun pâle différencié du bois de coeur brun rougeâtre, assez dur et assez lourd (0,70). Vaisseaux moyens à fins (120 I-i), isolés ou associés par 2 à 4 dans le sens radial, à perforations simples. Parenchyme peu discernable, en rares cellules juxtavasculaires. Rayons unisériés et homogènes. Fibres septées, parfois disposées en bandes tangentielles cristallifères. Il . Le bois du ralsmier bord-de-mer se polit bien et il est utilisé localement pour la confection de petits objets artisanaux. Toutefois, il est peu durable et sujet aux attaques de termites. " \ 12 infrul"esc.enc.e M. Ga7el Coccoloba Uv;rel-d 13 ç 1e w r x 8 inÇlorescence x ole périanthe vu de dessou.s M. Gazel 14 Coccoloba lat(folia Lamarck (espèce voisine: Coccoloba grandifolia Jacquin) bois baguette, bradifili Coccoloba latifoLia est commun à Trinidad et dans les régions côtières d'Amérique du Sud depuis le Venezuela jusqu'à l'état de Bahia au Brésil. II est fréquent en Guyane dans les formations basses de savane, dans les anciens abattis et en forêt secondaire. Les jeunes sujets se reconnaissent facilement car il restent longtemps dépourvus de ramification et portent de très grandes feuilles arrondies et gaufrées (jusqu'à 50 x 30 cm). En forêt, le bois baguette atteint 15 m de hauteur avec un port irrégulier et des feuilles plus petites (20 cm). Rameaux creux, cloisonnés au niveau des insertions foliaires. Feuilles alternes et entières, très caractéristiques. Pétiole épais, canaliculé, long de 2 à 5 cm. Ochréa très développée chez les jeunes sujets, longue de 1 à 7 cm, largement fendue du côté opposé à la feuille. Limbe épais et gaufré, irrégulièrement arrondi ou obovale, à base rétrécie et cordée. Nervures déprimées dessus, très saillantes dessous. Inflorescences terminales en grappes ramifiées de 15 à 30 cm. Fleurs hermaphrodites, petites (3 mm), blanchâtres à verdâtres, très odorantes, isolées ou groupées par 2-3. Pédicelle grêle (l à 2 mm) sous-tendu par une minuscule bractée (0,5 mm) associée à une ochréole (0,5 mm). Périanthe à 5 lobes orbiculaires (1 mm) imbriqués en quinconce. Etamines blanches, au nombre de 8. Ovaire à 1 loge uniovulée surmontée de 3 styles courts à stigmates capités. Fruit plus petit que celui de Coccoloba uvifera, ovoïde (8 x 6 mm), recouvert d'une pulpe mince, noir violacé, comestible. Akène marqué de sillons longitudinaux. Bois beige rosé très pâle, tendre, léger à mi-lourd (0,60 à 0,75). Vaisseaux fins (90 ).1), isolés ou accolés radialement par 2 à 4, à perforations simples. Parenchyme indiscernable à la loupe, en rares cellules accolées aux vaisseaux ou dispersées et cristallifères. Rayons ligneux unisériés et homogènes, nombreux. Fibres cloisonnées. c. C' C ( C' 15 job a reu, Il e in {'rLIlesceIlC<? x 2/:0 d~la({ de. ['iI<SQrt.lon foliaire dV<?(. t'ochréa Il'' , ! M.Goi'el ------- 16 Coccoloba mollis Casaretto (bois baguette) L'aire naturelle de Coccoloba mollis s'étend à l'Amazonie et aux trois Guyanes. C'est une espèce commune en forêt guyanaise, aussi bien sur sol sain qu'en station mouilleuse ou marécageuse. Arbre de taille moyenne atteignant 30 m de hauteur et 50 cm de diamètre, souvent bifide ou multifide, parfois pourvu de racines aériennes épaisses, arquées, insérées jusqu'à 1 m. Ecorce lisse, gris brun. Ecorce interne peu épaisse. Rameaux creux, cloisonnés au niveau des insertions foliaires. Les jeunes rameaux, ochréas, pétioles, limbes foliaires et inflorescences sont couverts d'un épais tomentum brun roussâtre. Grandes feuilles elliptiques larges, très caractéristiques, immédiatement reconnaissables sur l'arbre et au sol (Cf. planche dessinée). Ochréa tubulaire longue de 3 à 5 cm, fendue du côté opposé à la feuille. Inflorescences terminales en grappes ramifiées de 5 à 20 cm. Fleurs de même structure que celles de Coccoloba uvifera et Coccoloba latifolia. Petit fruit subglobuleux (9 x 8 mm) également de même structure que chez les espèces précédentes. Bois blanchâtre à nuance brun rose, tendre et léger (0,60), cassant. Vaisseaux moyens (140 Il), peu nombreux, isolés ou groupés par 3 à 5 en files radiales, à perforations simples. Parenchyme en rares cellules juxtavasculaires difficilement discernables à la loupe oculaire. Rayons unisériés et homogènes. Fibres cloisonnées, parfois groupées en bandes tangentielles cristallifères pouvant être confondues avec du parenchyme en section transversale. COéCc1loGa rn ol! i 17 5 18 Trip/aris wcigcltiana (Reichenbach) O. Kuntz (Trip/aris surinamensis Cham., T. vahliana Fisch. et Mey.) . bois fourmi, mierenhout, mila- ou mira-oudou, doon oudou de "mier" : fourmi, "mila" ou "mira" : fourmi, "doon : tambour (évoquant la résonance des branches creuses) Le genre Triplaris comprend une douzaine d'espèces arbustives ou arborescentes aux caractères botaniques très voisins, réparties dans toute l'Amérique intertropicale. Ces arbres se remarquent au moment de la fructification: les fruits innombrables, portés par de longues grappes, sont enveloppés par le calice accrescent et ailé de couleur blanche, rose ou rouge orangé. A maturité, ils tombent vers le sol en tournoyant comme de petits volants. Trip la ris weigcltiana est fréquent dans les régions basses côtières des trois Guyanes où il supporte des sols à faible salinité, mais on le rencontre aussi sur les terrasses alluviales des grands fleuves, parfois très loin de la côte. C'est un arbre de taille moyenne qui atteint 25 m de hauteur et 50 cm de diamètre. Tronc droit, un peu flûté, pourvu de contreforts peu développés aigus, plats et minces. Ecorce lisse, gris clair, se desquamant en fines plaques à contours arrondis. Assise phellodermique vert pâle. Ecorce interne peu épaisse (5 mm), jaunâtre, brunissant à l'air, sans odeur ni exsudation. Rameaux cylindriques et glabres, épais, creux, cloisonnés au niveau des noeuds. L'intérieur des rameaux est habité par des petites fourmis agressives qui rendent l'exploitation des arbres très pénible. Ochréa longue et fine, velue, formant un fuseau effilé enveloppant le bourgeon foliaire et tombant rapidement en laissant une fine cicatrice annulaire. Grandes feuilles alternes, simples et entières. Limbe papyracé, elliptique (30 x 8 cm) à sommet aigu et base décurrente. Pétiole court, aplati dessus, à gaine très élargie. Chaque moitié du limbe est marquée de 4 stries longitudinales parallèles à la nervure médiane. Environ 20 paires de nervures secondaires insérées à 45°, régulièrement espacées, longuement arquées jusqu'au bord du limbe. Nervures tertiaires grossièrement parallèles. Nervilles serrées et peu distinctes. Espèce dioïque à dimorphisme floral accusé. Inflorescences en longues grappes axillaires souvent fasciculées par 2 ou 3, ramifiées, densiflores. Pédicelle velu, fin et court, sous-tendu par une bractéole et par ,0 19 une ochréole plus longue que la bractéole. Fleurs mâles groupées par deux, composées d'un périanthe en cupule de 1 mm couronnée de 6 lobes CI ,5 mm), et de 9 étamines exertes à filet de 3 mm. Fleurs femelles plus grandes, composées d'un périanthe en cupule globuleuse de 4 mm couronnée de 3 lobes aliformes (8 mm) alternant parfois avec 3 dents minuscules, d'un cycle interne de 3 tépales linéaires peut-être staminodiaux (6 mm) et d'un ovaire trigone surmonté de 3 styles linéaires. Une loge uniovulée. Fruit très caractéristique, enveloppé par le périanthe accrescent membraneux et poilu, de couleur blanche ou rose selon les variétés. Le périanthe est composé d'une cupule globuleuse de 10 mm couronnée par trois lobes aliformes (30 x 5 mm). Le fruit lui-même est un akène à 3 angles aigus surmonté des 3 styles filiformes. Bois de coeur brun rose très pâle, tendre et léger (0,45), peu différencié de l'aubier blanchâtre. Vaisseaux assez fins (125 /.1), souvent isolés ou accolés par 2 ou 3 dans le sens radial. Parenchyme en rares cellules juxtavasculaires, peu discernable à la loupe oculaire. Rayons 2sériés, homogènes. Fibres septées. Plages tangentielles de fibres cristallifères pouvant être confondues avec de fines chaînettes de parenchyme en section transversale. Le bois, facile à travailler, est utilisé localement en menuiserie légère, moulure, charpente et palette, mais il est périssable et doit être traité. 1 We;SC! n,,) _ .. __plqr~!S _--_.--............._~ .. __ ._~~--_ ... __ ._- Tf-l L!ô .. _. 2() Fleurs X 5 ;"i, \sJf) ..".\ plantule 21 Symmeria paniculata Bentham (mira oudou) Symmeria paniczilata, seule espècc du genre monospécifique Symmeria, présente un intérêt particulier puisqu'elle existe à la fois en Amérique du Sud (Colombie, Guyanes, basse Amazonie) ct en Afrique de l'ouest (Sénégal, Sierra Leone). Elle n'a pas encore été identifiée en Guyane mais devrait normalement s'y trouver. Dans le but de faciliter sa recherche, on en donnera ci-après une description succincte, d'après les renseignements, herbiers et échantillons de bois aimablement communiqués par le Service Forestier du Surinam. Arbuste très branchu, atteignant parfois les dimensions d'un arbre moyen avec une hauteur de 12 m ct un diamètre de 20 cm, rencontré en zones ripicoles ou dans les stations marécageuses proches des rivières. Rameaux épais marqués de cicatrices foliaires annulaires. Feuilles ob ovales larges, dépourvues d'ochréa. Pétiole aplati dessus et élargi en marges membraneuses, possédant une forte gaine entourant les deux tiers du rameau. Inflorescences en racèmes ferrugineux, ramifiés (jusqu'à 20 cm). Espèce dioïque. Fleurs unisexuées, les mâles en glomérules de 3 à 7, les femelles en glomérules de 3. Pédicelle de 2 mm sous-tendu par une ochréole fendue du côté opposé à la bractéole. Périanthe de type (3 + 3) S. Chez les fleurs mâles, étamines très nombreuses (par ex. 18). Chez les fleurs femelles, périanthe composé de 3 petits sépales oblongs (2 mm), libres, non accresccnts mais persistants à la base du fruit, ct le cycle interne composé de 3 lobes triangulaires, connés, verts, accrescent et enveloppant complètement l'akène à maturité pour donner un fruit pyramidal trigone (18 x 10 mm). Bois brun rouge foncé à grain irrégulier, très maillé, lourd (0,80) et siliceux. Plan ligneux caractéristique. Vaisseaux nombreux et fins (70 J-L), isolés ou accolés radialement par 2 ou 3, à perforations simples. Parenchyme indiscernable à la loupe oculaire, en rares cellules irrégulièrement accolées aux vaisseaux. Rayons ligneux très larges (160 J-L, 8- à 12-sériés) et très hauts (500 J-L ou plus), homogènes, régulièrement répartis tous les 400 J-L. Fibres cloisonnées. .. Syrnn,er\ô pal'\lculal o 22 M. Gazel