4TANZTHEATER WUPPERTAL/PINA BAUSCH Théâtre de la Ville PARIS
SEPTEMBRE/OCTOBRE 2016
PINA LA ROMAINE. EN 1986, PINA BAUSCH S’ÉVADAIT POUR
LA PREMIÈRE FOIS DE WUPPERTAL: CRÉÉ À ROME, VIKTOR PLONGE
SES RACINES DANS L’ATMOSPHÈRE DE LA CAPITALE ITALIENNE.
C’était en 1986, à Rome. Pina Bausch venait de tourner dans le film E la nave va
de Federico Fellini. Elle y interprétait une cantatrice aveugle. Accueillie par le
Teatro di Roma pour une résidence de trois semaines, elle se risquait pour la
première fois depuis son installation en 1973 à l’Opéra de Wuppertal à une
coproduction à l’étranger. Séjour d’apprivoisement, bain de sensations romaines,
effluves de culture italienne pour une création imprégnée de l’atmosphère de la
ville. Pina Bausch se détachait de ses bases allemandes pour jeter ses antennes
ailleurs et s’imaginer, peut-être, autrement. Et c’est ce qui s’est passé avec Viktor.
Ce premier chapitre d’un nouveau cycle ouvert sur le monde va dégager un hori-
zon artistique plus coloré, plus optimiste parfois aussi, au gré d’un swing cha-
loupé de séquences dansées et théâtrales qui vont devenir emblématique de son
tour du monde. Après Rome, Pina Bausch ira, selon la même charte artistique
de trois semaines d’imprégnation, à Palerme, Honk Kong, Budapest, Tokyo.
Avec Viktor, dont personne ne sait qui il est, sauf Pina Bausch, la chorégraphe
maintient un taux extrême de tensions tout au long de trois heures et demie de
spectacle. Lors de la création, des images irradiantes transpercent les specta-
teurs. Dominique Mercy – qui continue d’interpréter son rôle – protège d’un
manteau Julie Shanahan, femme sans bras; Jan Minarik balance des pelletées de
terre du haut d’une paroi sombre. Les tempéraments individuels explosent tout
en conservant le contact rapproché avec le groupe de vingt-trois danseurs dans
des tableaux dont Pina a le secret, guirlandes de mouvements de bras et de
hanches accordés dans une sublime mécanique collective. Une fois encore, le
décor de terre, noire, massive, souvent présente dans son œuvre, happe la danse
des interprètes qui doivent lutter pour y dresser leur spirale urgente, leur course
vive. Lors des répétitions, avec la complicité du scénographe Peter Pabst, beau-
coup d’objets sont présents sur le plateau pour les répétitions. Les interprètes en
apportent parfois eux-mêmes quelques-uns dans le cadre des improvisations
qu’ils proposent en réponse à la fameuse méthode des questions de Pina
Bausch. Elle leur demande ainsi d’inventer une danse ou une saynète à propos
«d’une petite chose que vous avez vue aujourd’hui à Rome ». Mais encore « d’une
chose qu’on fait et qui ne marche pas ». Ou bien « de quelque chose qui s’arrête parce
qu’on n’a plus la force ». Elle aimerait que les filles volent et les scènes décollent
sous son regard doux et perçant. Sur des musiques populaires toscanes, lom-
bardes, sardes, mais aussi des compositions de Tchaïkovski et des airs des années
1930, Viktor, maillon majeur du parcours de Pina Bausch, ouvre une enclave de
beauté et de gravité, une bulle d’empathie, qui accueille tous les spectateurs
dans son cercle. Jeanne Liger
UNE PIÈCE DE Pina Bausch MISE EN SCÈNE & CHORÉGRAPHIE Pina Bausch DÉCOR Peter Pabst COSTUMES Marion Cito
COLLABORATION MUSICALE Matthias Burkert DRAMATURGIE Raimund Hoghe AVEC Emma Barrowman,Andrey Berezin,
Michael Carter,Çağdaş Ermis,Jonathan Fredrickson,Silvia Farias Heredia,Ditta Miranda Jasj/Nayoung
Kim,Scott Jennings,Barbara Kaufmann,Eddie Martinez,Dominique Mercy,Cristiana Morganti,Blanca
Noguerol Ramírez,Breanna O’Mara,Nazareth Panadero,Jean-Laurent Sasportes,Franko Schmidt,
Julie Shanahan/Clémentine Deluy,Julie Anne Stanzak,Julian Stierle,Michael Strecker,Fernando Suels
Mendoza,Tsai-Wei Tien,Aida Vainieri,Paul White,Ophelia Young,Tsai-Chin Yu MUSIQUE musiques populaires
de Lombardie,Toscane,Italie du Sud,Sardaigne,Bolivie ENREGISTRÉES & COLLECTIONNÉES PAR Luigi Cinque
MUSIQUE DE Tchaïkovski,Buxtehude,Dvořák,Khatchatourian,musique de danse du Moyen Âge,valses russes,
musique de la «Nouvelle-Orléans»,musique de danse des années trente…
Création le 14 mai 1986, Schauspielhaus Wuppertal. COPRODUCTION Teatro Argentina-Rome. DROITS DE REPRÉSENTATION Verlag der Autoren,
Frankfurt a.M. représentant Pina Bausch Foundation-Wuppertal. INTENDANTE &DIRECTRICE ARTISTIQUE TANZTHEATER WUPPERTAL PINA BAUSCH À PARTIR
DE MAI 2017 : Adolphe Binder DIRECTEUR GÉNÉRAL Dirk Hesse DIRECTEURS DES RÉPÉTITIONS &COLLABORATION Bénédicte Billiet, Daphnis Kokkinos,
Helena Pikon, Robert Sturm CORÉALISATION Théâtre de la Ville-Paris – Théâtre du Châtelet.
TANZTHEATER WUPPERTAL/PINA BAUSCH
Viktor
AU THÉÂTRE DU CHÂTELET
DU 3 AU 12 SEPTEMBRE
10 € À 70 €
© UWE SCHINKEL