commission du vieux paris

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COMMISSION DU VIEUX PARIS
SEANCE PLENIERE DU 24 JUIN 2010
COMPTE RENDU
Étaient présents : Mme Danièle Pourtaud, Mme Marie-Jeanne Dumont, M. Michel Balard,
Mme Elisabeth Borne, M. Henri Bresler, Mme Catherine Bruno, M. Jean-François Cabestan,
M. Pierre Casselle, M. Olivier Cinqualbre, M. Mark Deming, Mme Moïra Guilmart, Mme Françoise
Hamon, M. Pierre Housieaux, M. Jean-François Legaret, M. Claude Mignot, M. Olivier de
Monicault, M. Christian Nicol représenté par M. Xavier Ousset, M. Jean-Paul Philippon,
M. Christian Prevost-Marcilhacy, Mme Karen Taïeb.
Excusés : Mme Dominique Alba, Mme Arlette Auduc, Mme Karen Bowie, M. Paul Chemetov,
Mme Françoise Dubost, M. Michel Dumont, Mme Mireille Grubert, Mme Solenn Guevel, M. Maurice
Laurent, M. Pierre Pinon.
La séance plénière de la Commission du Vieux Paris s’est réunie le 24 juin 2010 à l’Hôtel de
Ville sous la présidence de Mme Danièle Pourtaud, adjointe au maire de Paris chargée du
patrimoine.
ORDRE DU JOUR
Les résolutions prises par la Commission ont été publiées au BMO du 27 juillet 2010.
INFORMATION
- 2-20, avenue de la Porte de Sèvres (15e arr.) : Marine nationale
REPORTS DE LA SEANCE DU 27 MAI 2010
- 129, rue du Faubourg-du-Temple (11e arr.) – cour de la Grâce-de-Dieu
- 109 bis, avenue Mozart et 11 bis-13, rue de la Source (16e arr.) : garage Mozart
PERMIS
- 4, rue des Rosiers (4e arr.) : hammam Saint-Paul
- 25-27, rue de Reuilly (12e arr.)
- 16-26, rue Charles-Fourier (13e arr.) : la Mie de pain
- 117-127, avenue de Flandre (19e arr.)
SUIVIS
- 2 bis-4, rue des Anglais (5e arr.) : cabaret du Père-Lunette (pour information)
- 53, boulevard de Rochechouart (9e arr.)
FAISABILITÉ – CONSULTATION PREALABLE
- 13-19, boulevard Ornano et 10-14, rue Baudelique (18e arr.)
POUR INFORMATION : DÉMOLITIONS TOTALES DE MOINDRE INTÉRÊT PATRIMONIAL
- 23, rue Doudeauville et 56, rue Stephenson (18e arr.)
- 32, passage Duhesme et 46, rue Championnet (18e arr.)
- 4, rue de Chaumont (19e arr.)
- 5-5 bis, rue Stendhal (20e arr.)
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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2-20, avenue de la Porte-de-Sèvres (15e arr.)
Démolition des bâtiments de la Marine nationale
Mme Marie-Jeanne Dumont fait un point d’information sur la démolition toute récente des bâtiments de la Marine nationale
construits pour la plupart par les frères Perret dans l’entre-deux-guerres, un site pour lequel la Commission du Vieux Paris
s’est mobilisée à plusieurs reprises. Vues du chantier de la démolition du bassin de giration (photos prises le 22 juin 2010).
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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129, rue du Faubourg-du-Temple (10e arr.)
Rénovation de la cour de la Grâce-de-Dieu
FAISABILITÉ
ANTÉRIORITÉ. Séance du 3 avril 2007 : examen d’une
demande de démolition des bâtiments en limite
foncière ouest. Pas d’observation de la part de la
Commission du Vieux Paris. Projet sans suite.
PRÉSENTATION. Derrière une large façade régulière et
un passage cocher monumental, typiques des cours du
faubourg du Temple, cet ensemble résulte de plusieurs
phases de construction. Situé à proximité de la barrière
des Fermiers-Généraux, il s’est constitué à partir du
remembrement progressif, dans le courant du XVIIIe
siècle, de trois parcelles sur rue et d’un grand jardin.
L’étude historique permet d’en détailler la chronologie.
A gauche, au n°129, sur une première maison de 1689 a
lieu, au milieu du XVIIIe, une importante campagne de
travaux qui l’élargit et la surélève d’un étage. A
l’arrière, au-delà du jardin, s’élevait un autre corps de
logis d’un étage sur cave, de la même époque.
Au n°131, une maison de deux étages est également
reconstruite en 1760. La première volée de l’escalier
actuel daterait de cette époque. Entre 1777 et 1787, le
corps de logis sur rue est à nouveau surélevé, sur
l’arrière, pour compter quatre étages plus un comble.
Les deux propriétés changent de mains à plusieurs
reprises, avant d’être réunies au début du XIXe siècle
par le marchand de vins Desnoyers, important
promoteur du Bas-Belleville. Il surélève le n°129 d’un
troisième étage carré sur rue, tandis que son fils
acquiert le vaste terrain qui constitue le fond de la
parcelle actuelle, alors occupé par des étables.
L’ensemble est acquis en 1841 par un directeur de
théâtre qui réinvestit là les bénéfices tirés d’une pièce
à grand succès de l’époque, La Grâce de Dieu d’Adolphe
d’Ennery. Ce M. Meyer fait construire, dans la cour, des
immeubles de rapport « en peigne », complétés dix ans
plus tard par une aile en limite ouest du terrain.
L’ensemble est aujourd’hui la propriété d’un seul
bailleur qui a procédé à un entretien courant : les
ravalements et revêtements intérieurs des parties
communes datent des années 1980.
Le projet annonce une opération d’ensemble qui
comprend une surélévation de l’immeuble principal sur
rue (deux étages en plus). La démolition et la
reconstruction de toute l’aile gauche feraient
disparaître une série de constructions édifiées entre la
fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle (maison de fond
de cour). Une isolation par l’extérieur des trois
immeubles de 1841 est également prévue, qui ferait
disparaître les niches et la modénature.
De haut en bas : PLU ; façade actuelle sur la rue du Faubourgdu-Temple ; vue de la cour depuis le porche d’entrée.
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Ci-dessus : plan de datation des différents
bâtiments (document REA) ; à droite plan des
démolitions (en rose, les démolitions demandées).
Ci-dessous : façade actuelle.
En bas : élévation des immeubles reconstruits sur
le côté gauche de la cour.
Ci-dessous : projet de surélévation qui fait apparaître un étage
carré et un étage en retiré, avec un rythme de percement sans
rapport avec l’existant, l’échelle faubourienne est perdue
(F. Brugel, P. de Jean, J. Marin, architectes).
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Ci-dessus : bâtiments à gauche sur cour dont la démolition est demandée, datés de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle.
Ci-dessous : à gauche, façade principale de l’un des immeubles de rapport de 1841 dont on demande l’isolation par
l’extérieur ; détails du même immeuble. Les effets de la précédente rénovation (auvents, faux-plafonds) seront supprimés.
Niches, bandeaux et pilastres disparaîtraient si l’isolation par l’extérieur était retenue.
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DISCUSSION. La demande du pétitionnaire porte sur une
rénovation globale de la parcelle, dont on démolirait
toute la partie gauche en vue de réaliser des logements
neufs. Quant aux bâtiments conservés : l’un, sur rue,
serait surélevé ; les autres, sur cour, seraient isolés par
l’extérieur. Concernant les démolitions, les membres
regrettent la disparition de la maison XVIIIe siècle,
élément le plus ancien de la parcelle, et dont
l’emplacement, à l’articulation des deux cours et visible
depuis la rue, est tout à fait stratégique. Ils plaident
donc pour sa conservation. Concernant l’isolation par
l’extérieur des immeubles en peigne, les membres
dénoncent unanimement cette opération qui effacera
l’identité historique des trois édifices.
La surélévation du bâtiment sur rue est très discutée :
les uns y voient une trahison totale, s’agissant d’une
façade fortement ordonnancée. D’autres, sans être
opposés au principe, y voudraient un traitement
contemporain et en fort retrait, afin de minimiser son
impact visuel. Un quatrième étage partiel existe déjà
côté cour : la Commission pourrait admettre une
prolongation de cet étage, sur le côté cour. Mais, si la
Commission estime que la qualité du bâtiment mérite
d’être gardée, la conservation du gabarit ancien devrait
s’imposer. D’autant que le faubourg du Temple a
longtemps résisté dans son gabarit bas et qu’il s’y trouve
encore beaucoup de bâtiments de trois étages. Par
ailleurs, l’argument selon lequel la surélévation aurait
l’avantage de masquer le mur mitoyen est dénoncé
comme fallacieux, les murs pignons faisant partie du
paysage parisien, et leur masquage ouvrant à une
escalade des surélévations.
RÉSOLUTION. La Commission du Vieux Paris, réunie le
24 juin 2010 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de
Mme Danièle Pourtaud, adjointe au Maire chargée du
patrimoine, a examiné la faisabilité de rénovation de la
cour de la Grâce-de-Dieu, située au 129, rue du
Faubourg-du-Temple.
La Commission a émis un vœu contre le projet de
surélévation du bâtiment sur rue, qui altèrerait
l’ordonnance régulière et l’échelle caractéristique du
bâti du faubourg du Temple. Elle a demandé que
l’éventuelle surélévation soit faite avec un retrait
significatif, de façon à en limiter l’impact visuel depuis
la rue.
Elle s’est également prononcée contre la démolition de
la maison datée de la fin du XVIIIe siècle, située à
l’articulation de la grande cour d’entrée et des
prolongements de fond de parcelle, de façon à conserver
cet enchaînement de cours d’échelle et de composition
différentes.
La Commission s’est enfin exprimée contre le projet
d’isolation par l’extérieur des trois bâtiments sur cour,
datés de 1841, qui en ferait disparaître les niches,
chambranles, pilastres et d’une façon générale la
modénature de façades (BMO du 27 juillet 2010).
Ci-dessus : la maison XVIIIe, noyau ancien de la parcelle, qui
serait démolie ; vue de la rue du Faubourg-du-Temple depuis le
boulevard (les immeubles à trois étages sont encore nombreux
dans cette section). Ci-dessous : vue de la cour vers la rue
(l’immeuble sur rue a déjà un quatrième étage partiel).
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109 bis, avenue Mozart et 11 bis, rue de la Source (16e arr.)
Sauvegarde du garage Mozart
SIGNALEMENT
PROTECTION. Aucune.
PRÉSENTATION. Construit en 1930 par la société des
Transports automobiles modernes, le garage Mozart est
dès l’origine occupé par la firme Citroën. Le
programme, qui associe plusieurs niveaux d’ateliers à un
équipement sportif indépendant (deux courts de tennis
posés sur la toiture terrasse), est très représentatif de
l’époque. Plusieurs garages parisiens de l’entre-deuxguerres présentent cette combinaison de l’automobile
et du sport élégant, comme celui que construit
R. Farradeche en 1925, rue de la Cavalerie.
Conçu par l’ingénieur Charles Dars et l’architecte Marc
du Cluzeaud, le projet voulait intégrer à la fois les
contraintes du site (liées à la nature des sols), les
exigences du programme d’exploitation et le traitement
d’une façade digne du quartier. « Étant donné
l’emplacement de ce garage dans un des quartiers
riches de Paris, la façade principale, à l’angle de
l’avenue Mozart et de la rue de la Source, devait être
traitée, tout en conservant un esprit de simplicité, avec
une note particulière lui enlevant un caractère trop
industriel » (La technique des travaux, oct. 1931).
L’ossature est en béton armé, avec des points d’appui
disposés sur trois files longitudinales espacées de
15 mètres. Les volumes intérieurs, très largement
dimensionnés, ont une hauteur de plancher à plancher
fixée à 4 mètres, laissant une hauteur libre sous poutres
de 3,10 m environ. La façade, indépendante de la
structure, est conçue comme un écran vitré plié en
accordéon « offrant l’avantage de présenter des
colorations différentes suivant l’éclairage et de donner
un effet de richesse par son reflet argenté ».
L’usage, resté identique depuis quatre-vingts ans, a
assuré la pérennité du bâtiment. Le départ récent de
Citroën force aujourd’hui le propriétaire à une
reconversion que les exigences du PLU orientent
dorénavant vers la création de logements. Ce
changement de programme affectera dans l’avenir de
nombreux garages parisiens. Une partie sera
vraisemblablement démolie, une autre pourrait être
restructurée. Cette mutation subite devrait conduire à
une réflexion patrimoniale d’ensemble, mettant en
évidence les garages dont la préservation devrait être
assurée.
Le Département histoire de l’architecture et
archéologie de Paris (DHAAP) a commencé un travail de
repérage des garages concernés par des réserves
foncières, pour mettre en évidence les édifices les plus
remarquables.
De haut en bas : PLU ; façade actuelle ; plateau courant du
garage ; vue intérieure de la façade sur rue.
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Ci-dessus : à gauche, en octobre 1931, le « grand garage Mozart »
fait la couverture de La Technique des travaux (1931) ; à droite, de
haut en bas : la rampe au fond de la parcelle ; la coupe d’origine.
Ci-contre : vues anciennes du garage. Ci-dessous : les terrains de
tennis, structure légère posée sur la terrasse du garage.
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DISCUSSION. Aujourd’hui décriée, l’automobile a
occupé une place majeure dans l’histoire industrielle
de la capitale, et les garages font partie de cette
épopée. Beaucoup ont été démolis à partir des années
1960 (comme le garage de la rue de Ponthieu, œuvre
des frères Perret), mais, depuis quelque temps, les
reconversions en bureaux se sont multipliées, à l’instar
du garage qui abrite aujourd’hui le quotidien
Libération. Le PLU, en inscrivant plusieurs garages
comme réserves pour des programmes de logements et
de logements sociaux, conduirait à des reconversions
que l’on imagine plus difficiles et qui se solderont
peut-être par des démolitions. C’est dans ce contexte
que la Commission du Vieux Paris a été saisie du cas du
garage Mozart.
Compte tenu du caractère remarquable de l’édifice, et
de la qualité exceptionnelle de sa façade, marquante
dans le paysage de ce quartier, les membres
demandent sa protection au titre du PLU. Sans
remettre en cause les programmes de logements
sociaux, ils s’interrogent sur les conséquences
patrimoniales de l’inscription systématique des garages
en réserves pour logements. Ce programme est-il le
mieux adapté à des reconversions ? La réponse est
négative. Par ailleurs, à l’heure où le stationnement
des voitures sur la voie publique est sévèrement
encadré, où les parkings souterrains sont limités, les
garages aériens pourraient reprendre toute leur utilité.
Les membres appuient l’initiative d’un inventaire des
garages parisiens voués à mutation, en vue d’un
repérage des édifices dont la protection devrait être
envisagée.
RÉSOLUTION. La Commission du Vieux Paris, réunie le
24 juin 2010 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de
Mme Danièle Pourtaud, adjointe au Maire chargée du
patrimoine, a examiné la situation de l’ancien garage
automobile, aujourd’hui désaffecté, situé au 109 bis,
avenue Mozart, parcelle que le PLU destine à un
programme de logements.
Compte tenu de la grande qualité de cet édifice
construit en 1930, et notamment de sa façade en pans
de verre plissé, et dans la mesure où sa structure
actuelle est compatible avec un projet de reconversion
en logements, la Commission émet le vœu que le futur
programme conserve la façade principale et respecte
les structures du garage Mozart.
Elle émet enfin le vœu que le bâtiment soit inscrit sur
la liste supplémentaire des protections patrimoniales du
PLU (BMO du 27 juillet 2010).
Ci-contre, de haut en bas : vues intérieures et extérieures
du pan de verre plissé qui donne à cet édifice industriel une
qualité tout à fait exceptionnelle.
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4, rue des Rosiers (4e arr.)
Surélévation du hammam Saint-Paul
DEMANDE D’AUTORISATION D’URBANISME
PC 075 104 10 V 0012
Pétitionnaire : Mme TIBI, Linda - REVATONA
Dossier déposé le 11 mai 2010
« Surélévation de deux niveaux (un logement créé) d'un
bâtiment de commerce et de bureaux, de trois étages
sur un niveau de sous-sol, sur rue et cour, après
démolition de la toiture et du troisième étage pour
reconstruction avec extension et création d'une terrasse
accessible côté cour, changement de destination du
deuxième étage de bureaux en habitation et création
d'un ascenseur desservant les deuxième et troisième
étages.
SHON à démolir : 15 m²
SHON créée : 211 m²
ST : 383 m² Hauteur du projet : 18 m »
PROTECTION. Plan de sauvegarde et de mise en valeur
(PSMV) du Marais.
PRÉSENTATION. Le hammam Saint-Paul, fréquenté
jusque dans les années 1980 par une clientèle
d’habitués, fut un lieu mythique de la rue des Rosiers et
reste une façade marquante de ce quartier.
Le revêtement en granito rouge, réalisé en 1928 par les
architectes Boucheron et Jouhaud, correspond à la
modernisation d’un établissement de bains beaucoup
plus ancien. Les archives permettent d’attester en 1894
un immeuble sur rue prolongé d’un hangar occupant
toute la cour. Ces Bains romains comprenant piscine,
salle d’étuve, salle d’hydrothérapie, etc., sont
surélevés en 1899, par l’architecte Bastouil, d’un étage
entier de chambres de bains.
Le projet de « grands bains romains » de 1928 montre
un aménagement très fonctionnel : un salon de repos
sur deux niveaux bénéficiant d’un éclairage zénithal, un
bassin, deux sudatoires et de nombreux espaces de
services aménagés selon un parcours bien précis. En
façade, l’élargissement des percements prévu par le
permis de construire n’a pas été réalisé, l’établissement
se distinguant seulement par un revêtement de granito
rouge sur les deux premiers niveaux.
Cette intervention est la seule modification apportée à
cet immeuble depuis le milieu du XIXe siècle.
L’établissement de bains, fermé à la fin des années
1980, a été remplacé par une boutique et des bureaux :
la majeure partie des aménagements et des décors
intérieurs a disparu. Le projet actuel prévoit le
changement d’affectation des deux derniers niveaux
ainsi que la surélévation du bâtiment pour
l’aménagement d’un triplex. Le concept des architectes
se veut inspiré de la culture juive et plus précisément
de la fête de Sukkot, ou fête des cabanes, pendant
laquelle les familles prennent un repas dans une cabane
tressée pour l’occasion.
Ci-contre, de haut en bas : PLU ; la façade actuelle ; le
sudatoire (photo Roger-Viollet, 1948).
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Ci-dessus : projet de façade des grands bains
romains en 1928. L’immeuble est déjà à sa
hauteur actuelle. L’élargissement demandé des
baies des deux premiers niveaux a finalement été
abandonné.
Ci-dessous : projet de surélévation, façade et
coupe.
Ci-dessus : surélévation côté rue des Rosiers. Le comble constitué
par une structure bois étanché et revêtu de lanières en cuivre.
Ci-dessous : surélévation côté cour, le comble redescend jusqu’au
deuxième étage (document IN/ON architectes).
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DISCUSSION. Les surélévations en secteur sauvegardé Ce projet sera soumis à l’avis de l’architecte des
ont toujours été accueillies avec réticences. La bâtiments de France, lequel a exigé des détails
Commission acceptera-t-elle une surélévation de deux d’exécution. Les membres décident donc d’attendre à leur
niveaux en plein cœur du Marais ? Si la majorité des tour ces détails avant de rendre un avis.
membres s’accorde à accepter, dans le cas présent, la
possibilité d’une surélévation, le débat porte sur le
caractère particulier de celle-ci, et d’abord sur la
signification à attribuer à la fête de Sukot, et à son
instrumentalisation dans le cadre d’un projet très
démonstratif. La référence à cette fête peut faire
craindre le plaquage d’une histoire pour fabriquer une
architecture sans rapport avec elle. En termes de
mémoire collective, pour le quartier, le hammam se
suffit à lui-même.
Certains estiment la symbolique religieuse de ce projet
déplacée et son expression architecturale sans rapport
avec le quartier. D’autres, a contrario, évoquent la
construction de la synagogue de la rue Pavée, par
Hector Guimard au début XXe siècle, face à un
immeuble du XVIIe siècle. Peut-être avait-elle causé
quelque émoi. Aujourd’hui, néanmoins, ce bâtiment
est classé monument historique.
Les membres soulignent l’importance de la qualité
d’exécution dans un projet de ce genre. Parmi les
problèmes à régler, il y a celui de l’indépendance des
lanières de cuivre tressées avec le dispositif
d’étanchéité et d’écoulement des eaux de la
couverture. Il y a aussi le problème des percements
rectangulaires dans une géométrie plus souple de
tressage, etc. Si les moyens d’une bonne mise en
œuvre ne sont pas mobilisés, on pourrait aboutir à une
forme de kitsch catastrophique. Or les documents du
permis de construire ne permettent pas de juger de la
qualité des matériaux et des détails de leur mise en
œuvre. Les représentants des associations s’inquiètent
par ailleurs de la réception d’un tel projet par les Ci-dessus : détails de la façade et du granito de revêtement.
habitants du quartier : il y aurait une contradiction,
rue des Rosiers, entre des aménagements attirants Ci-dessous : plan du premier étage des Bains romains en 1890
montrant un système de cabines individuelles (Archives de
pour les touristes mais déplaisants aux habitants.
Paris).
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25-27, rue de Reuilly (12e arr.)
Extension et mise aux normes d’une école élémentaire
DEMANDE D’AUTORISATION D’URBANISME
PC 075 112 10 V 0017
Pétitionnaire : M. MONTHIOUX, Jacques
Ville de Paris - Direction du Patrimoine et de
l’Architecture.
Dossier déposé le 04/05/2010.
« Réhabilitation de deux bâtiments de deux à trois
étages sur un niveau de sous-sol à usage d'habitation
conservée et d'enseignement primaire et secondaire
avec redistribution et modification des menuiseries
extérieures côté cour à rez-de-chaussée de l'école
élémentaire sur rue, transformation du bâtiment
d'enseignement secondaire en fond de parcelle en
centre multimédia avec modification des façades,
réfection de la couverture et pose de panneaux
photovoltaïques (63 m²) et construction d’un bâtiment
en cœur d'îlot en extension de l'école primaire après
démolition de deux bâtiments à rez-de-chaussée et un
étage.
SHON démolie : 1.029 m²
SHON créée : 771 m². »
PRÉSENTATION. Sur un terrain acquis par la Ville en
1882, une école de garçons est bâtie en 1911 par les
architectes Auburtin et Wagret. Dans la tradition des
établissements dits Jules-Ferry, le bâtiment présente un
sobre rationalisme décoratif. Le pavillon sur la rue se
distingue de l’aile en retour par son dernier étage, plus
bas, correspondant à l’appartement de fonction du chef
d’établissement, et par l’encadrement de la porte en
pierre sculptée. Les larges fenêtres des trois étages
carrés correspondent aux classes ; au rez-de-chaussée,
le préau s’ouvre par de semblables grandes ouvertures.
A l’intérieur, le hall d’entrée a conservé son décor
mural de mosaïque au-dessus du lambris, ainsi que son
revêtement de sol en carreaux de ciment. La
distribution n’a presque pas été modifiée. En 1955, est
construit en fond de parcelle un bâtiment
d’enseignement élevé de deux étages.
Le projet actuel vise à transformer ce dernier bâtiment
en
un
centre
multimédia.
Pour
fonctionner
indépendamment de l’école, il doit disposer d’un accès
propre, ce qui entraîne la reconstruction d’un nouveau
mur de clôture de l’école sur la rue de Reuilly. Un
bâtiment neuf doit aussi relier le centre multimédia à
l’école, au détriment d’une petite salle sous verrière. A
l’intérieur de l’école, la mise aux normes de sécurité et
d’accessibilité suppose l’installation d’un ascenseur
dans le vide central de l’escalier principal, mais aussi la
modification des baies du rez-de-chaussée sur la cour.
Leurs menuiseries à petits bois, pour la plupart
d’origine, seraient remplacées par des châssis en
mélèze largement vitrés. Un auvent continu permettrait
de relier visuellement l’école à son extension.
Ci-dessus : PLU ; vue depuis la rue de Reuilly.
Ci-dessous : détail du portail d’entrée.
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Ci-dessus : vues intérieure et
extérieure des menuiseries du préau,
dont la dépose est demandée ;
élévation de l’état existant côté cour
et élévation projetée.
Ci-contre : vue perspective du
bâtiment
neuf
et
du
centre
multimédia (documents DPA – Mairie
de Paris).
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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DISCUSSION. Le changement de menuiseries et de sens
d’ouverture des portes à rez-de-chaussée paraît
dommageable dans une école Jules-Ferry en parfait
état de conservation, d’autant que le bâtiment
concerné est visible depuis la rue. Cette modification
a, bien sûr, une justification réglementaire : il faut
respecter un certain nombre d’unités de passage pour
l’évacuation du préau. Mais il y a également dans
l’opération une visée esthétique : l’unification du
bâtiment ancien au bâtiment moderne. En changeant
le dessin de toutes les menuiseries du rez-de-chaussée
(y compris celles qui n’ont pas de rôle dans
l’évacuation) et en les plaçant sous un auvent filant,
on cherche à annexer le rez-de-chaussée du bâtiment
ancien au bâtiment moderne, plutôt que de les
juxtaposer. Il est donc suggéré de modifier le sens
d’ouverture des menuiseries existantes, plutôt que de
les déposer, et de limiter l’opération uniquement aux
baies nécessaires et non à toutes les ouvertures du
rez-de-chaussée. La porte comporte une partie
ouvrante au centre et deux parties dormantes de part
et d’autre : le bon sens serait donc d’ouvrir le tout !
Par ailleurs, la conservation des deux piles du portail
paraîtrait souhaitable car elles sont nécessaires à
l’assiette de l’édifice et à l’équilibre de l’ensemble.
Leur suppression au profit d’une grille uniforme paraît
inopportune et inutile en termes de fonctionnement.
Là encore il s’agit plutôt d’une intention esthétique de
modernisation de l’ensemble que la réponse à des
nécessités réglementaires.
Des contacts seront pris avec la direction du
Patrimoine et de l’Architecture et l’architecte de
l’opération.
RÉSOLUTION. La Commission du Vieux Paris, réunie le
24 juin 2010 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de
Mme Danièle Pourtaud, adjointe au Maire chargée du
patrimoine, a examiné le projet d’extension et de mise
au norme de l’école élémentaire construite en 1911 et
située 25-27, rue de Reuilly, dans le 12e
arrondissement.
Elle a recommandé la conservation des baies du rezde-chaussée sur cour, suggérant de limiter le
changement à une adaptation de la taille et du sens
d’ouverture des battants, de façon à conserver à la
façade sa cohérence originelle. Elle a également
recommandé de limiter au strict nécessaire la création
de portes supplémentaires.
Elle s’est, enfin, prononcée pour la conservation des
deux piliers de briques du portail d’entrée de la cour,
dont la présence fait contrepoint à l’édifice lui-même
(BMO du 27 juillet 2010).
Ci-contre : détail du hall d’entrée de l’école avec l’escalier
principal dont la cage recevra un ascenseur.
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16-26, rue Charles-Fourier (13e arr.)
Restructuration du site de « la Mie de pain »
DEMANDE D’AUTORISATION D’URBANISME
PC 075 113 10 V 0017
Pétitionnaire : M. SCHNEIDER, Daniel
REGIE IMMOBILIERE DE LA VILLE DE PARIS
Dossier déposé le 20/04/2010
« Rénovation du site "la Mie de pain" avec la
construction d'un centre d'hébergement de sept étages
sur un niveau de sous-sol partiel (deux cent trente
chambres créées) sur rue et jardin avec la pose de
panneaux solaires en toiture, la réhabilitation des deux
bâtiments de deux à trois étages côté rue et la
démolition de cinq bâtiments de un à trois niveaux.
SHON à démolir : 2.455 m²
SHON créée : 9.289 m²
ST : 3.993 m²
Hauteur du projet : 25 m. »
PRÉSENTATION. La Mie de pain est une association
(reconnue d’utilité publique, au même titre que la Croix
rouge ou Emmaüs) dédiée aux sans-abris qu’elle aide de
multiples façons. Elle assure l’accueil de nuit en centre
d’hébergement d’urgence, mais propose aussi divers
types d’accueil de jour, d’accueil temporaire en foyer
et dispose d’un relais social pour l’accompagnement de
ses usagers.
Créée en 1891, la Mie de pain doit son existence au
succès d’un important patronage paroissial créé par un
curé de choc dans un quartier particulièrement
déshérité. L’abbé Paulin Enfert officialisait, en 1888, le
patronage de Saint-Joseph-de-la-Maison-Blanche, mais il
avait débuté ses activités plusieurs années auparavant.
« Chaque dimanche, on louait une voiture à bras où l’on
mettait quelques jeux, ballons, cordes à sauter, un
tonneau à palets, un jeu de quilles et la fameuse
fontaine peinte en rouge et or qui est devenue
légendaire. On se rendait à la porte d’Italie, on
descendait par un chemin en pente jusqu’au fond du
fossé et les parties battaient leur plein jusqu’à quatre
heures et demie. On s’arrêtait alors pour s’asseoir sur
l’herbe et écouter l’une des ces histoires passionnantes
et morales dont Enfert avait le secret. Avant le retour,
la journée se terminait par la prière. »
Cette œuvre, à l’origine itinérante, avait investi en
1888 un hangar avenue d’Italie, puis des locaux
mitoyens de l’église Sainte-Anne-de-Maison-Blanche, rue
Bobillot, avant de s’installer en 1900 sur un terrain
marécageux de la nouvelle rue Charles-Fourier : « Il
n’est à cette époque qu’un terrain vague, récemment
remblayé, entouré de petites baraques de chiffonniers,
en planches et papier goudronné, comme on en voit
encore dans quelques endroits de la zone. »
C’est pour diversifier les activités du patronage que
l’abbé Enfert créa ensuite la Mie de pain.
Ci-contre, de haut en bas : PLU ; local du patronage (théâtre
et gymnase) en fond de parcelle ; distribution de la soupe
populaire de la Mie de pain sur la rue Charles-Fourier.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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« Un soir de décembre du rude hiver de 1891, les
membres de la petite conférence de Saint-Vincent-dePaul cherchaient à obtenir des secours chacun pour la
famille qu’ils visitaient, et le trésorier se lamentait de
voir sa caisse vide, quand un des enfants s’écria : "Mais
puisque tant de gens ont en ce moment des mies de pain
à mettre sur le bord d’une fenêtre pour les petits
oiseaux, pourquoi n’irions-nous pas leur en demander
pour en donner aux pauvres qui n’en n’ont pas ?"
Le mot et l’idée avaient frappé Enfert ; dans son esprit
l’Œuvre était née.
On épuisa les dernières ressources pour acheter une
marmite, des gamelles régimentaires. On fit des visites
aux commerçants du quartier qui donnèrent du pain, des
légumes, de la graisse, et le surlendemain, dans l’unique
salle du patronage, la marmite était installée. […] Bien
entendu c’étaient les enfants qui avaient préparé la
soupe avec peut-être plus de soin que d’expérience. […]
Au sortir de l’école, les petits allaient éplucher les
pommes de terre ou préparer quelques autres légumes. A
la sortie de leur atelier les plus grands venaient faire le
service, […] allaient deux fois par semaine aux Halles
pour quêter des légumes avec une voiture à bras qu’ils
ramenaient toujours pleine. […] Ce fut l’âge héroïque où
l’on vit parmi les serveurs des pauvres, Péguy, les frères
Tharaud, Baillet et tant d’autres. De grands journaux […]
parlèrent de l’Œuvre qui acquit vite de la notoriété. »
Ci-dessus : vues extérieures et intérieures du gymnase du
patronage, structure en bois probablement récupérée et
réinstallée sur ce terrain. Ci-dessous : le local abritant la
soupe populaire avait été construit par un architecte de
renom, également catholique militant, Jules Astruc. Les trois
baies avec leurs arcs en plein cintre sont encore visibles sur
la façade de la Mie de pain de la rue Charles-Fourier.
Ci-contre : le patronage éditait un bulletin intitulé Le Petit
faubourien.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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Les archives du patronage et de l’association la Mie de
pain permettent de retracer l’histoire de cette œuvre et
d’évoquer de la façon la plus parlante, par la photo, ce
qu’étaient les conditions d’hébergement à Paris durant
tout le XXe siècle.
Ci-contre : vues successives du même réfectoire de la rue
Charles-Fourier et ci-dessous, vue des dortoirs dans
l’entre-deux-guerres et aujourd’hui.
La Mie de pain avait également une œuvre de
récupération de vieux vêtements, comme le fera plus
tard l’association Emmaüs. Nous tenons à remercier les
archivistes de l’association pour la communication de ces
documents.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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Le terrain triangulaire a accueilli petit à petit toutes les
activités du patronage : salle de théâtre de six cents
places et salle de gymnastique dans le hangar en bois en
fond de parcelle, auxquelles se sont ajoutés un cinéma,
une chapelle et, enfin, un tennis dans les années 1980.
Les locaux de la Mie de pain, quant à eux, se sont
installés sur la rue, à commencer par le réfectoire
construit par l’architecte Jules Astruc, en bas du
terrain, qui a été ensuite agrandi, surélevé puis
complété par les locaux d’hébergement, dont le dernier
date des années 1980.
Le projet de restructuration du refuge de la rue CharlesFourier s’inscrit dans un vaste programme de
modernisation des différents sites parisiens de la Mie de
pain. Il prévoit la démolition totale du site, à
l’exception du bâtiment de droite sur la rue (de Jules
Astruc), considéré comme le berceau de l’association.
La maîtrise d’ouvrage en a été déléguée à la Régie
immobilière de la Ville de Paris (RIVP) qui a organisé un
concours d’architecture dont les lauréats viennent
d’être désignés. Les activités sportives héritées du
patronage y seront plus réduites, l’essentiel du terrain
étant dévolu à l’hébergement.
Ci-dessus : plan du terrain aujourd’hui (document Atelier
Robain et Guyesse). En fond de parcelle, le bâtiment
triangulaire du patronage avec sa structure en bois, en photo
ci-dessous. En bas, à droite, sur la rue Charles-Fourier : le
premier bâtiment de la Mie de pain avec ses fameuses trois
arcades de brique. A gauche, un nouveau bâtiment
d’hébergement d’urgence a été construit dans les années 1980
achevant l’occupation du site et la continuité du front bâti sur
la rue.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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DISCUSSION. La qualité du projet lauréat est saluée
par les membres. Certains s’étonnent tout de même
que l’association conserve aussi peu des bâtiments
témoignant de son ancienneté dans l’action sociale et
sur ce site. On souligne notamment la qualité du
gymnase à structure en bois d’apparence néo-basque ;
Quant au bâtiment Astruc et à son prolongement,
unifié par ce soubassement de meulière, de moellons
et de briques - probablement tous matériaux de
récupération -, il apparaît pittoresque et pertinent
comme front bâti sur cette rue disparate. La
composition existante sur un terrain triangulaire est
même jugée plus astucieuse que la nouvelle.
Les architectes proposent de conserver la partie droite
(bâtiment Astruc) et sacrifient l’extension des années
1920 (mur de moellons percé de fenêtres). Certains
regrettent la démolition du gymnase, tout en
admettant les difficultés de reconversion. Le bâtiment
des années 1980, quant à lui, ne suscite pas de
regrets. La Commission ne s’oppose donc pas aux
démolitions demandées.
Documents du concours. Seul le noyau historique de la Mie
de pain (entouré de rouge sur l’élévation ci-dessous) est
conservé. On reconnaît aisément les trois baies à plein
cintre visibles sur les photos anciennes. Le reste de la
parcelle est reconstruit. Des bâtiments d’hébergement
très ouverts et vitrés viendront remplacer les bâtiments
massifs des années 1980. Les locaux d’hébergement
d’urgence sont entièrement reconstruits (documents
Atelier Robain et Guyesse).
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117-127, avenue de Flandre (19e arr.)
Ravalement d’une résidence des années 1960
DEMANDE D’AUTORISATION D’URBANISME
DP 075 119 10 V0154
Pétitionnaire : Monsieur Jean-Marc BIERRY
CITYA PECORARI
Dossier déposé le 25/05/2010
« Ravalement des façades côtés rue et cour de
l'ensemble immobilier. »
PROTECTION. Bâtiment protégé au PLU.
« Motivation : ensemble de sept cent cinquante
logements construit en 1961 par Roger Anger, Mario
Heymann et Pierre Puccinelli, architectes, avec Lilianne
Véder en 1961. Deux tours devaient, à l'origine, être
implantées au centre de l'opération. Une seule sera
finalement construite, sorte de totem animé de motifs de
loggias, suivant un principe proche de celui adopté pour
les immeubles linéaires et plus bas qui complètent la
composition : un empilement de voiles de béton. Il
constitue l'un des deux exemples d'immeubles de grande
hauteur construit par l'agence Anger-Puccinelli à Paris et
un excellent exemple de ses choix architecturaux :
rupture avec le rationalisme pur des années 1950,
affirmation plastique de la façade par un jeu de volumes
dont la composition s'inspire de l'art cinétique. »
PRÉSENTATION. La résidence Artois-Flandre, construite
en 1961 par l’agence Anger, Heymann et Puccinelli, se
voulait une opération à caractère social « de prestige ».
Elle constituait la première phase d’un ensemble
inachevé de près de mille logements, s’étalant sur 4 ha,
basé sur un programme mixte à forte densité.
Étaient prévus des espaces commerciaux et locaux
d’activité sur l’ensemble du rez-de-chaussée, au-dessus
d’un parking ouvert au public en journée. La résidence
elle-même comporte un immeuble de dix étages le long
de l’avenue de Flandre, une tour de vingt-cinq niveaux et
des bâtiments de plus petite échelle au second plan.
Derrière un immeuble à caractère massif et imposant (sur
rue), l’ensemble dispose d’espaces de grande qualité. La
composition s’appuie sur un système de terrasses et de
patios, reliés par un cheminement piéton permettant de
conserver une échelle humaine et une certaine intimité.
Un soin particulier a été apporté au choix des matériaux,
distribués en façade selon des principes très précis de
composition. Celle-ci joue des contrastes de couleurs et
du dynamisme des formes réparties sur les différents
plans de ces façades épaisses : fenêtres et panneaux
menuisés de couleur sombre constituent le fond sur
lequel se détachent les panneaux en béton préfabriqués
recouverts de pâte de verre claire.
Cette esthétique cinétique des façades, qui permettait
d’éviter la monotonie inhérente à la grande échelle, s’est
toutefois brouillée au fil du temps, avec le changement
aléatoire des menuiseries et les dégradations des
matériaux de revêtement.
Documents extraits de l’Architecture d’aujourd’hui,
1965.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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Certaines fenêtres en bois ont été remplacées par du
PVC, inversant ainsi progressivement les contrastes
d’origine.
La copropriété souhaite aujourd’hui réaliser des travaux
d’entretien et de ravalement. Considérant le PVC blanc
comme une donnée définitive, les architectes proposent
d’inverser les effets de contraste : les fenêtres et
panneaux menuisés autrefois foncés passeraient en
blanc, la pâte de verre des panneaux de béton seraient
recouverts d’un enduit gris taloché. Il y a quelques
années, le ravalement de la tour a déjà fait disparaître
de manière analogue l’esthétique d’origine.
Ci-dessous : état existant et état projeté des façades côté
avenue et côté jardin, montrant l’inversion de contrastes.
Ci-dessus : vue intérieure de l’îlot et de l’un des jardins.
Ci-dessous : galerie de circulation piétonne servant à
redonner une échelle humaine et faisant le lien entre les
différents bâtiments.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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DISCUSSION. Cette architecture cinétique, très décriée
dans les années 1980-1990, fait l’objet d’un
retournement du goût et d’une réévaluation critique qui
s’est concrétisée en 2006 par l’inscription au PLU. Mais
ces bâtiments, quoique bien construits, montrent des
signes de fragilité : les petits carreaux de pâte de verre
qui recouvrent des murs pignons entiers, des allèges de
balcon et toutes les parties communes à hauteur
d’homme se détachent par endroits et nécessitent le
remplacement de zones entières. Or ce matériau est
aujourd’hui rare et coûteux. La copropriété, quant à elle,
est modeste et ne peut assumer le coût du ravalement
fidèle que suppose la notion de protection patrimoniale.
Aucune aide publique n’étant proposée pour ce type de
situation, les syndics de copropriété remplacent petit à
petit les matériaux originels par des enduits grésés
teintés dans toutes les variantes du ton pierre. En
l’occurrence le projet prévoyait un enduit grésé couleur
saumon à la place des gris, vert foncé, violine et noir
brillants des pâtes de verre d’origine. Si cette solution
était acceptée, il en résulterait un appauvrissement
architectural contradictoire avec l’inscription au PLU et
dommageable pour le paysage urbain. Par ailleurs, aucun
cahier des charges ne les contraignant, les
copropriétaires font remplacer en ordre dispersé et selon
des dessins variables, les panneaux menuisés de leur
logements, au détriment de la composition unitaire de la
façade.
Ce genre de situation risque de se présenter souvent dans
les années à venir, toute l’architecture des années 19601970 arrivant à l’échéance des premiers gros
ravalements. La Commission est confrontée à un
dilemme : si l’on considère les travaux proposés comme
acceptables, il faut renoncer à une protection largement
motivée par des questions de façade. Si l’on considère la
protection comme légitime, il faut empêcher des travaux
qui auront pour résultat de dénaturer l’architecture de
l’édifice.
On peut se faire une idée des conséquences du
ravalement proposé qui a déjà été appliqué sur l’une des
tours de l’ensemble : l’enduit grésé non seulement
appauvrit cette architecture mais son mauvais
vieillissement, déjà sensible, appellera des ravalements
de plus en plus fréquents qui appauvriront plus encore les
copropriétaires. Une situation paradoxale, alors que la
valeur patrimoniale – au sens économique du terme – du
quartier se développe.
La question des moyens est évoquée par plusieurs
membres qui se demandent s’il ne serait pas possible
d’octroyer des aides au ravalement pour les immeubles
protégés et les copropriétés modestes ou en difficultés.
La présidente répond que non : la Ville souhaitait obtenir
pour les immeubles protégés des dégrèvements d’impôts
que le ministère des Finances lui a refusés. Ayant ellemême des difficultés à faire financer ses opérations de
logement social, la Ville ne peut de surcroît se substituer
aux copropriétés en difficultés. Plusieurs membres
insistent néanmoins sur le problème économique, crucial
pour cette architecture de l’après-guerre et sur la
nécessité d’aides publiques, en cohérence avec la
politique patrimoniale.
Sont citées des opérations analogues à l’étranger, où des
moyens ont pu être mobilisés pour une restauration de
qualité, et des collectivités territoriales qui aident les
copropriétés en difficultés. A contrario, certains
évoquent les cas d’édifices littéralement anéantis par de
mauvaises restaurations.
RÉSOLUTION. La Commission du Vieux Paris, réunie le
24 juin 2010 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de
Mme Danièle Pourtaud, adjointe au Maire chargée du
patrimoine, a examiné le projet de ravalement de la
résidence Artois-Flandre, construite en 1961 par les
architectes Roger Anger, Mario Heymann et Pierre
Puccinelli, et protégée au titre du PLU.
Elle a émis un vœu en faveur d’une restauration
scrupuleuse, respectueuse des matériaux et des qualités
plastiques et chromatiques des façades existantes. Elle
s’oppose au recouvrement des revêtements de pâte de
verre par des enduits grésés, qui auraient pour effet
d’appauvrir l’ensemble, ainsi qu’au traitement prévu
pour les allèges, qui compromettrait la lisibilité des
reliefs (BMO du 27 juillet 2010).
Vues actuelles de la façade sur cour et détail de la pâte de
verre.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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2 bis-4, rue des Anglais (5e arr.)
Restauration de l’ancien cabaret du Père Lunette
SUIVI
DEMANDE D’AUTORISATION D’URBANISME
PC 075 105 10 V 0003
Pétitionnaire : M. FUENTES, Didier, SEMAEST
Dossier déposé le 2 février et le 6 mai 2010.
« Restauration des fresques de l'ancien cabaret dit du
"Père Lunette" avec modification de la devanture sur
rue, remplacement de la fenêtre côté cour, fermeture
d'une trémie à rez-de-chaussée et construction d'un
escalier de liaison avec le sous-sol. »
Immeuble concerné par une inscription à l'Inventaire
supplémentaire des monuments historiques en date du
7 mars 2007.
SHON à démolir : 2 m²
SHON créée : 2 m² »
PROTECTION. « La salle du rez-de-chaussée avec ses
décors peints (cad. BQ 103 A) : inscription par arrêté du
7 mars 2007. »
ANTÉRIORITÉ. Présentation de la découverte lors de la
séance du 2 mars 2006.
PRÉSENTATION. Sous le Second Empire, malgré le
percement du boulevard Saint-Germain, le quartier de
la place Maubert reste l’un des plus mal famés de la
capitale, « lacis de tranchées noires, de rues sombres »
(Huysmans, 1898), et particulièrement la rue des
Anglais, « une rue un peu plus large qu’une bouche
d’égout » (Lucien Labbé, Le Rapin, 1881). Parmi les
innombrables bouges et tapis-francs du quartier, celui
du « Père Lunette » est « la plus célèbre des haltes de
tournée des Grands-Ducs » (Jean Lorrain) ; il est aussi
celui qui a fermé en dernier. Au rez-de-chaussée d’un
immeuble Restauration, un certain Lefèvre, dit le père
Lunette, ouvre en 1856 un cabaret qui devint « un
réceptacle pour gobe-mouches du banditisme ».
Derrière l’étroite devanture peinte en rouge à laquelle
est suspendue l’enseigne en forme de bésicles,
l’établissement se compose de deux salles étroites et
longues, « à l’atmosphère viciée et chaude » (Charles
Virmaitre, 1887). Dans la première, le zinc fait face à
un banc étroit où sont échouées « cinq ou six vieilles
femmes en haillons, sales, dépoitraillées, les unes
assises (…), les autres ivres-mortes » (Charles Virmaitre,
1887). Les murs sont peints d’une galerie de portraits,
notamment des propriétaires. Au fond, derrière une
cloison vitrée, la seconde salle, dite le « Sénat », sert
de cabaret ; elle est aussi étroite et sombre, mais ornée
d’un décor plus ambitieux : caricatures, graffitis,
esquisses et peintures réalisés par les peintres de
passage (Farolet, Julien Grenault…). « Attendant les
salons futurs / Plus d’une esquisse, / Plus d’un tableau,
riche en couleur, / Se détache plein de chaleur / Et de
malice ! » (Description du Père Lunette par Ferdinand
Fantin).
Ci-dessus : PLU ; vue du cabaret en 10902 (cliché E. Atget) ;
devanture actuelle.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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Ce parnasse communard étrange, cet « ambigu de
célébrités un peu rances » selon Huysmans, fait se
côtoyer Zola, Hugo, Jules Ferry, Louise Michel,
Gambetta, Charles de Freyssinet, Cassagnac… dans des
situations caricaturales.
Ce décor unique de cabaret populaire de la
IIIe République, qui dépeint autant les ravages de la
pauvreté et de l’absinthe que les espérances de la
« République optimiste », a été redécouvert en 1998,
signalé au ministère de la Culture en 1999. A la suite
d’une présentation à la Commission du Vieux Paris en
2006, le décor a été inscrit à l’Inventaire
supplémentaire des monuments historiques en 2007.
Acquis par la Ville, l’immeuble a été réhabilité. Afin de
rouvrir un commerce, la restauration des peintures –
très altérées – est prévue, ainsi que le percement d’une
trémie pour relier le local à la cave. Il est également
prévu de restituer la devanture en applique, rouge
écarlate, d’après les photographies anciennes.
L’opération est conduite par l’architecte en chef des
monuments historiques Hervé Baptiste.
Ci-contre, de haut en bas : état actuel de la salle du
cabaret ; l’une des fresques de la salle du fond ; détail
représentant Louise Michel.
Ci-dessous
:
gravure
et
photographie
représentant l’intérieur du cabaret.
anciennes
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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53, boulevard de Rochechouart et 12, rue Lallier (9e arr.)
Transformation en logements sociaux d’un immeuble haussmannien
SUIVI DE VŒU
DEMANDE D’AUTORISATION D’URBANISME
Pét. : M. BOUR, Antoine, PARIS HABITAT-OPH
PC 075 109 09 V 0033
Dossier déposé le 24/12/2009 puis complété les 08 et
14/01/2010.
« Réhabilitation d'un bâtiment de cinq étages plus
combles sur un niveau de sous-sol, avec changement
de destination des bureaux en extension d'habitation
et de commerce, ravalement des façades sur rue et
cour avec pose d'une isolation thermique par
l'extérieur côté cour, remplacement des menuiseries
extérieures, mise aux normes des garde-corps et
création de locaux de tri sélectif et vélos à rez-dechaussée. »
ANTÉRIORITÉ. La Commission du Vieux Paris, réunie le
3 mai 2010, a souhaité le respect du dessin original de
cette façade bien conservée, notamment au regard de
l’immeuble voisin, son exact jumeau. Elle a ainsi émis
un vœu contre le remplacement des fenêtres
existantes ouvrant à la française par des huisseries à
simple vantail, contre la suppression éventuelle des
persiennes et contre la modification de la ferronnerie
du balcon du grand étage.
PRÉSENTATION
L’immeuble concerné par le projet, comme son
jumeau à l’angle des rues Lallier et Cretet, appartient
au lotissement des anciens abattoirs de Montmartre, à
l’emplacement desquels furent construits, à partir de
1858, des séries d’immeubles de rapport, ainsi que le
lycée Jacques-Decour. Avec leur gabarit bas, leurs
angles nets, sans pan coupé, leurs persiennes en bois
et leurs ferronneries de balcon à barreaudage vertical,
leur toiture sans lucarne, les deux immeubles jumeaux
qui forment la proue de l’îlot évoqueraient plutôt les
maisons de la fin de la monarchie de Juillet, très
présentes dans cet ancien quartier du faubourg
Montmartre. Le projet prévoit la redistribution et la
mise aux normes du bâtiment à l’angle du boulevard
Rochechouart pour une opération de logements
sociaux. La configuration spatiale de la partie
habitation reste, dans le projet, comparable à celle de
l’existant : les décors ayant déjà été perdus, les
changements minimes dans le cloisonnement sont sans
incidence patrimoniale. Le rez-de-chaussée, hors
opération, reste commercial, les deux premiers
niveaux, occupés récemment par des bureaux, seront
retransformés en logements (les escaliers récents qui
les relient étant démolis). L’étage sous comble,
jusqu’à présent occupé par des chambres de bonnes,
sera restructuré en un logement unique.
Ci-dessus : PLU ; façade sur le boulevard Rochechouart ;
immeuble jumeau à l’angle des rues Lallier et Cretet.
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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L’architecte prévoyait une intervention en façade qui
consistait à remplacer les croisées à la française par
des fenêtres à simple vantail, chacune d’entre elles
dotée d’un cadre extérieur isolant occupant toute
l’épaisseur du tableau. Suite au vœu de la Commission
du Vieux Paris, l’architecte a accepté de revenir à des
fenêtre à double vantaux, à la conservation des
persiennes, avec ajout d’une résille métallique pour la
mise au norme du garde-corps de balcon.
En revanche, il demande à conserver les fourrures
extérieures, dispositif qui suppose une opération
délicate de dépose, rectification et repose des
persiennes et des garde-corps métalliques, sans
bénéfice autre qu’esthétique.
DISCUSSION. La demande de l’architecte est supposée
compléter des travaux d’isolation en habillant les
tableaux en pierre de l’immeuble par des planches
isolantes de bois : mais ce rétrécissement de
l’ouverture, qui oblige à déposer les persiennes et à
retailler les garde-corps n’aurait en réalité aucun
impact sur l’isolation. L’éclairement des pièces se
trouverait diminué. L’opération constitue une double
absurdité pour un geste esthétique douteux.
RÉSOLUTION. La Commission du Vieux Paris, réunie le
24 juin 2010 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de
Mme Danièle Pourtaud, adjointe au Maire chargée du
patrimoine, a examiné la version modifiée et amendée
de transformation en logements sociaux de l’immeuble
haussmannien situé à l’angle des rues Rochechouart et
Lallier. Elle a pris acte du maintien de fenêtres à double
vantail et de la conservation des persiennes existantes.
En revanche, dans la mesure où le projet conserve le
principe de pose de cadres extérieurs dans toute
l’épaisseur des baies, entraînant la rectification des
persiennes et des garde-corps, la Commission du Vieux
Paris a maintenu le vœu, émis le 3 mai 2010, qui
demandait le respect du dessin original de cette façade,
notamment au regard de l’immeuble voisin, son exact
jumeau (BMO du 27 juillet 2010).
Ci-dessus, de haut en bas : mise au norme des garde-corps de
balcon avec pose d’une résille métallique derrière le
barreaudage existant.
Ci-dessous : nouvelle proposition de fenêtre, désormais à
deux vantaux, mais il est toujours prévu un cadre en bois
dans l’épaisseur du tableau, entraînant la dépose et le
rétrécissement des garde-corps en fonte et des persiennes
(documents Nomade architectes).
Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 24 juin 2010 - © DHAAP - Mairie de Paris
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13-19, boulevard Ornano et 10-14, rue Baudelique (18e arr.)
Démolition d’immeubles de rapport et d’ateliers de l’ancienne laiterie Maggi
FAISABILITÉ
PROTECTION. Aucune.
PRÉSENTATION. Afin d’approvisionner le marché
parisien, la compagnie laitière Maggi fait édifier de
1905 à 1912, un ensemble de magasins, d’ateliers et
de bureaux sur un vaste terrain formé par des
acquisitions successives entre le boulevard Ornano et
la rue Baudelique.
Une première usine est construite par Félix
Bezencenet à partir de 1905, éclairée sur le boulevard
par une façade à hautes arcades vitrées. Sa cour
intérieure sous verrière dessert des quais de
déchargement reliés directement au boulevard. Après
un incendie, le bâtiment Ornano est surélevé en 1924
par l’architecte Galliot qui ajoute en fond de parcelle
une série d’ateliers sous verrières en 1927.
Rue Baudelique, le même architecte reconstruit le
n° 10 pour la laiterie qui acquiert également le n° 12,
un immeuble de rapport de 1897 de quatre étages sur
rez-de-chaussée et entresol de l’architecte Grasset
Lagarde. La propriété inclut également le n° 14, à
étage unique sur passage charretier, réservé à la
desserte des ateliers.
L’ensemble bâti se présentait donc comme
l’accumulation dense et hétérogène de locaux
industriels sur le boulevard, de bureaux sur la rue,
avec, gagnés sur les cours, de vastes magasins et
ateliers sous verrières et sheds, rythmés par
d’imposantes structures porteuses de béton armé.
La présence d’une grande cheminée d’usine au milieu
de la parcelle témoigne du passé industriel du site.
Après le départ de la société Maggi, le site est occupé
au début des années 1960, sans travaux lourds, par les
ateliers (logistique et impression) de la Caisse
d’assurances maladie.
Ci-dessus : PLU ; bâtiment principal de la laiterie côté
Ornano.
Ci-dessous : façades des deux bâtiments rue Baudelique.
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Ci-dessus : pignons du « bâtiment nef ».
Ci-contre, de haut en bas : sheds du « bâtiment du fond » et son
quai de déchargement ; allée centrale couverte ; revers des
bâtiments rue Baudelique,
Ci-dessous, de haut en bas : plan masse actuel montrant la cour
couverte qui relie les divers bâtiments du site ; la verrière du
bâtiment Ornano.
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Le projet annonce la création d’un établissement
d’accueil pour cent trente personnes âgées et d’un
centre de soins de suite et de rééducation. Les
nécessités
fonctionnelles
propres
à
ces
programmes impliqueraient la démolition des trois
immeubles sur la rue Baudelique et de la totalité
des ateliers de cœur d’îlot où une crèche prendrait
également place.
Cette faisabilité ne porte pas sur le bâtiment
Ornano qui sera réhabilité dans un second temps, en
48 logements sociaux. Toutefois, la démolition de
sa verrière est annoncée dès à présent.
DISCUSSION.
Comprenant
la
difficulté
architecturale que pose l’aménagement d’un
programme aussi normatif que celui d’un
établissement pour personnes âgées dépendantes,
les membres ne s’opposent pas aux démolitions
des édifices situés en fond de parcelle,
architecture industrielle du début du XXe siècle.
Pour ce qui est des immeubles à l’alignement, ils
notent la qualité de l’ancien siège des
établissements
Maggi
boulevard
Ornano,
architecture dans la veine rationaliste des
équipements ou immeubles de bureaux des débuts
de la Troisième République, mêlant les matériaux,
et qui sera conservé. De sa transformation en
logements sociaux, on ne connaît pas encore le
projet mais déjà les principales conséquences
patrimoniales : démolition de la verrière qui
couvre sa cour, et abaissement des allèges des
grandes arcades pour le réaménagement du rezde-chaussée en commerces.
Côté Baudelique, les trois immeubles d’alignement
seraient démolis, au profit d’un immeuble unique.
Le plus intéressant de ces petits immeubles
remonte à la fin du XIXe siècle. Il a été construit
en brique et pierre et se trouve dans un bon état
de conservation pour ce qui est de sa façade, mais
déjà malmené à l’intérieur par sa transformation
en bureaux au XXe siècle.
Ci-dessus : façades rue Baudelique ; dessin de l’architecte
propriétaire, Grasset Lagarde.
Ci-dessous : façade ; verrière boulevard Ornano.
Ci-contre : projet d’implantation. L’intérieur de l’îlot sera
reconstruit et végétalisé (document DPA – Mairie de Paris).
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Démolitions totales de moindre intérêt patrimonial
23, rue Doudeauville - 56, rue Stephenson (18e arr.)
PD 075 118 10 V 0006
Pétitionnaire : M. MONTHIOUX Jacques -VILLE DE PARIS
Dossier déposé le 14/05/2010.
« Démolition totale d'un immeuble de commerce de
quatre étages sur rue. »
Garage construit en plusieurs campagnes entre 1920 et
1962 avec une structure métal/béton, façade
probablement redessinée lors de la dernière
surélévation. A la place viendra le centre des Cultures
de l’Islam.
32, passage Duhesme - 46, rue Championnet (18e arr.)
PD 075 118 10 V 0005
Pétitionnaire : M. VOGEL Ludwig - S.I.E.M.P.
Dossier déposé le 20/04/2010.
« Démolition totale d'un bâtiment à rez-de-chaussée et
quatre étages à usage d'hôtel social. »
SHON à démolir : 614 m²
Immeubles appartenant à une séquence homogène de la
rue Championnet construits dans les années 1880-1890,
les immeubles voisins avaient été signalés au PLU. La
réhabilitation de celui-ci avait été envisagée puis
abandonnée en raison de son mauvais état.
4, rue de Chaumont (19e arr.)
PD 075 119 10 V 0004
Pétitionnaire : : M. SCHNEIDER Daniel - R.I.V.P.
Dossier déposé le 20/04/2010
« Démolition totale de trois bâtiments de deux étages
sur rue et cour, à usage d'hôtel. »
Immeuble bas en très mauvais état, dont la démolition
totale a déjà été présentée à la Commission du Vieux
Paris en 2003 et 2005.
5-5b, rue Stendhal (20e arr.)
PD 075 120 10 V 0007
Pétitionnaire : : M. SCHNEIDER Daniel - R.I.V.P.
Dossier déposé le 30/04/2010.
« Démolition d’un bâtiment d’un étage à usage de foyer
d’hébergement social et d’atelier. »
Ancien asile de nuit pour femmes, construit par la Ville en
1896 (Bouvard, architecte). Bâtiment très remanié,
aujourd’hui sans intérêt architectural.
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Membres de la Commission du Vieux Paris
Mme Danièle Pourtaud, Mme Marie-Jeanne Dumont, Mme Dominique Alba, Mme Arlette Auduc,
M. Jean-Pierre Babelon, M. Michel Balard, M. Jean-François Belhoste, Mme Dominique Bertinotti,
Mme Hélène Bidard, Mme Elisabeth Borne, M. Pierre Bortolussi, Mme Céline Boulay-Esperonnier,
Mme Karen Bowie, M. Henri Bresler, Mme Catherine Bruno, M. Jean-François Cabestan, M. Pierre
Casselle, M. François Chaslin, M. Paul Chemetov, M. Olivier Cinqualbre, Mme Claire de ClermontTonnerre, M. Yves Contassot, M. Mark Deming, Mme Françoise Dubost, M. Michel Dumont,
M. Bernard Gaudillère, M. Christophe Girard, Mme Mireille Grubert, Mme Solenn Guevel, Mme Moïra
Guilmart, Mme Françoise Hamon, M. Pierre Housieaux, M. Daniel Imbert, M. Maurice Laurent,
M. Jean-François Legaret, M. Jean-Marc Léri, Mme Hélène Macé de Lépinay, Mme Agnès Masson
représentée par M. Thibaud Bouard, M. Claude Mignot, M. Philippe Moine, M. Olivier de
Monicault, M. Jacques Monthioux, Mme Monique Mosser, M. Christian Nicol représenté par
M. Xavier Ousset, M. Thierry Paquot, M. Denis Pétel, M. Jean-Paul Philippon, M. Antoine Picon,
M. Pierre Pinon, M. Christian Prevost-Marcilhacy, M. Dany Sandron, M. Michel Schulmann,
Mme Karen Taïeb, Mme Emmanuelle Toulet, Mme Pauline Veron.
La Commission du Vieux Paris est un comité consultatif présidé par le maire de Paris et, par
délégation, par Mme Danièle Pourtaud, adjointe au Maire chargée du patrimoine.
Les séances de la Commission sont préparées par son secrétariat permanent, sous la direction
de Mme Marie-Jeanne Dumont, secrétaire générale de la Commission du Vieux Paris.
Rédaction des fiches de présentation – Compte rendu :
Marie-Jeanne Dumont
Nicolas Courtin
Laurent Favrole
Katya Samardzic
Edwige Lesage
Sébastien Pointout
Crédits photographiques, sauf mention contraire (tous droits réservés) :
Marc Lelièvre
Christian Rapa
Pascal Saussereau
Département Histoire de l’architecture et Archéologie de Paris
Direction des Affaires culturelles
Mairie de Paris
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