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Cette chaire est d’abord le moyen de parler de Bernard Maris autrement que
comme victime d’un attentat – et je crois que c’est très important car il n’y a pas de
plus bel hommage que celui qui consiste à transmettre son héritage, son œuvre, et
à élargir le chemin qu’il a tracé dans la pensée économique contemporaine.
Bernard Maris, prix du meilleur économiste de France il y a 20 ans déjà, était une
figure incontournable de la réflexion économique.
Il aura rappelé, avec son sens inné de la formule, que l’économie n’est pas une
science exacte, amorale et apolitique, qui devrait imposer du dehors ses lois
immuables à la société.
L’économie est une science sociale, qui doit se nourrit de toutes les autres
sciences humaines, la sociologie, l’histoire, la psychologie, l’art, de la littérature.
Et ce doit être même une science populaire, qu’il faut partager, vulgariser,
s’approprier et discuter.
Son travail de pédagogie, sa volonté de démystifier l’économie à la télé, à la radio,
dans la presse, aura contribué à ce qui est le plus important dans une société libre :
le débat démocratique entre citoyens éclairés.
Je suis certaine qu’il y a dans cette salle de nombreux auditeurs et lecteurs de sa
« lettre aux gourous de l’économie », ou de son « anti-manuel d’économie» qui ont
un jour souris à la lecture d’un papier ou tendu l’oreille à l’écoute d’une chronique,
en se sentant plus éclairés, plus informés, plus intelligents.
Cette veine humaniste, qui utilise la connaissance comme un outil pour agrandir et
libérer, et non pour asservir ou intimider, résonne au cœur du mandat de
l’UNESCO, car la dignité humaine, et la dignité sociale, passent aussi par le
partage et la maîtrise des savoirs.
L’héritage de Bernard Maris, c’est de s’intéresser d’abord à la dimension humaine
de l’économie, qui permet de traiter une diversité de problèmes politiques et
sociaux, l’accès à l’eau, l’environnement, la santé, la pauvreté, l’exclusion sociale.