théâtre animation
&
Semestriel - N°155 - Octobre 2015 - 4 euros
Fédération
Nationale
des Compagnies
de Théâtre
amateur
et d’Animation
Sommaire
Pages 3-4-5-6-7
Dossier
Le théâtre de la jeunesse
Pages 8-9
Coup de projecteur
Union Régionale Est
Pages 10-11
Coup de projecteur
Union Régionale Languedoc-Roussillon
Pages 12-13-14
Manifestations nationales
Festival Narbonne
Festival Châtillon-sur-Chalaronne
120 ans du Théâtre du Peuple Bussang
Page 15
Formations FNCTA
Page 16
Festivals
Pages 17-18-19
International
Auteurs suisses
Théâtre amateur en Suisse
Page 20
Nouvelles Parutions
Pages 21-22
Fiche pratique
Accueillir les mineurs
Page 23
Fiches de lecture
Chers amis ,
Vous avez dans les mains le nouveau numéro de votre
Théâtre et Animation
dans une édition papier. Cette édition est désormais semestrielle ; elle est
envoe à tous les adhérents individuellement, du moment que l’animateur de
votre troupe nous a bien communiqué votre bonne adresse postale.
Entre ces deux numéros semestriels, vous recevez sur votre adresse mail les «news-
letters» ou «lettres d’information» sur tout ce qui se passe dans votre fédération : stages de
formation, infos SACD,  ches de lecture, candidatures aux festivals, etc.
Ce numéro papier de
Théâtre et Animation
, nous le voulons attrayant dans sa conception, rendant
compte des grandes manifestations qui se déroulent au sein de notre fédération, ouvert sur l’actualité
et l’activité des régions, et abordant sous forme de dossiers tous les sujets qui vous (nous) inté-
ressent dans notre activité théâtrale. Et comme nous savons à qui nous nous adressons, certains de
ces articles sont assez exigeants : ils s’inscrivent dans ce qui est aussi notre mission, faire œuvre de
culture.
J’imagine bien que les 20 000 lecteurs de cette revue ne vont pas se jeter sur la page… pour dévorer les
articles de présentation sur Max Frisch ou Lukas Bärfuss ; mais j’espère bien que ce sera l’occasion pour
quelques dizaines d’entre vous, peut être même une ou deux centaines, de faire connaissance avec la
vie et les œuvres de ces deux auteurs majeurs ! Et il en est de même pour tous les articles contenus
dans ce numéro !
Cette revue est faite pour être lue par tous les gens qui aiment et font, ou qui aiment et ne font pas, du
théâtre. Alors n’hésitez pas, ne l’enfermez pas à double tour dans le tiroir de votre table de nuit, laissez
la traîner sur la table du salon, ou encore mieux prêtez là à vos amis qui, comme vous, s’intéressent à
la culture .
Patrick Schoenstein
édito
Pour avoir plus d’informations,
inscrivez vous à notre newsletter
sur www.fncta.fr
dossier
3
Le théâtre
de la jeunesse
C’est le titre d’une célèbre émission de télévision des années
60. Si beaucoup d’entre nous ont été marqués par le grand
succès télévisuel « Au théâtre ce soir », dans le même
temps beaucoup d’enfants ont eu l’opportunité de voir pour
la première fois du théâtre filmé qui leur était destiné.
Entre 1960 et 1969, Claude Santelli proposera sur la première chaîne de l’ORTF une quaran-
taine de dramatiques, toutes inspirées d’oeuvres classiques de la littérature. Il est intéres-
sant de noter qu’il ny avait pas de pièces de théâtre mais uniquement des adaptations de
romans :
Cosette, Oliver Twist, Le général Dourakine, Le bon petit diable
… : signe, sans doute,
d’une décience notoire dans le répertoire théâtral en direction de la jeunesse… Et même s’il
sagissait d’images télévisuelles, il ny avait aucun doute, ce nétait pas du cinéma : décors,
rythme, jeu, tout y était théâtral. Un autre élément marquant, cest que ces dramatiques
étaient jouées par un mélange d’acteurs adultes et enfants. On a vu ainsi apparaître des
tribus familiales de comédiens, dont la plus connue reste celle des Maurin, avec notamment
Dominique qui, ainsi que ses frères, jouait souvent dans ces dramatiques. Un autre d’entre
eux est devenu plus tard très célèbre sous le nom de Patrick Dewaere.
Bien d’autres enfants ont découvert le théâtre grâce aux marionnettes, qui, depuis la naissance
de Guignol, ont très longtemps été considérées comme un art réservé exclusivement aux
très jeunes. Pour ceux qui habitaient dans des centres urbains, des tournées de compagnies
professionnelles donnaient aux scolaires la possibilité de voir les pièces classiques dans les
théâtres municipaux. Et nous savons que pour beaucoup d’autres jeunes, les premières expé-
riences théâtrales se sont faites grâce aux troupes amateurs des communes qu’ils habitaient.
4
Être spectacteur est une chose, mais il y a une façon plus active de s’intéresser à l’art théâtral
Rappelons que le mot drame vient du grec drama qui signifie action.
Il désignait donc à l’origine le «jeu d’action».
Dès le XVIe siècle, l’art dramatique est au programme des collèges
de jésuites. (Avant eux, les protestants avaient fait ce choix pédagogique qui, selon
eux, permettait un retour aux sources des anciens). Il s’agit alors d’une méthode pour
former les élèves à l’art de la parole, la rhétorique, tout en les catéchisant. Le théâtre
n’est pas qu’un divertissement. Il sert à l’assimilation de compétences et de valeurs.
Les textes, d’inspiration biblique, sont
écrits par les jésuites eux-mêmes et les
représentations annuelles deviennent
vite de véritables événements sociaux
qui rassemblaient l’élite des villes où se
trouvaient ces collèges. Cette tradition
est interrompue par la suppression de la
Compagnie de Jésus en 1773 et repren-
dra à son retour en 1814. Le théâtre y est
obligatoire parce qu’éducatif. Il prend de
plus en plus d’importance et des sujets
profanes y font leur apparition. Au départ,
ce ne sont que des tragédies, puis on y in-
troduit quelques comédies. Les textes, à
l’origine joués en latin, le sont de plus en
plus souvent en français. Bien entendu,
tous les rôles sont tenus par des garçons.
Un des plus célèbres élèves des jésuites
est le révolutionnaire Condorcet qui pro-
posera une réforme du système éducatif
et qui, le premier, jettera les bases de
l’établissement d’un droit d’auteur.
À la fin du XIXe siècle et au début du
XXe, apparaissent les patronages qui
regroupent de nombreux enfants des
milieux populaires. Qu’ils soient laïcs,
privés, paroissiaux ou municipaux, ils
proposent diverses activités sportives et
culturelles et amèneront le formidable
mouvement de l’éducation populaire qui
trouvera son apogée après la seconde
guerre mondiale. Après une période un
peu désorganisée, et la loi de séparation
de l’église et de l’état, ils se structureront,
d’abord en association loi 1901, puis se
regrouperont en fédérations nationales
qui sont toujours aujourd’hui porteuses
des objectifs qui les ont fait naître. La
FNCTA en est aujourd’hui l’héritière et la
parfaite illustration.
Après la première guerre mon-
diale, les mouvements de «L’édu-
cation nouvelle» introduisent
dans leur enseignement les pra-
tiques artistiques dont l’expres-
sion dramatique, se fondant sur
l’idée qu’une éducation équili-
brée passe par l’expérimentation et en-
courage la création.
Il est une personnalité importante de
cette histoire dont il convient de rap-
peler l’œuvre. Dès 1929, Léon Chance-
rel travaille avec un jésuite, le père Paul
Doncoeur, pour adapter les préceptes de
Copeau au théâtre routier. Il fonde au
sein des Scouts de France la Compagnie
des comédiens routiers, puis, en 1935, le
Théâtre de l’oncle Sébastien, théâtre pour
enfants basé sur la Commedia dell’arte et
l’improvisation. En 1957, il crée l’Associa-
tion du théâtre pour l’enfance et la jeu-
nesse dramatique (ATEJ) et rédige «Jeux
dramatiques dans l’éducation». Traduc-
teur de Constantin Stanislavski et pion-
nier de l’éducation populaire, il a aussi
beaucoup influencé le théâtre amateur et
les méthodes de formation des acteurs et
des animateurs.
Après la seconde guerre mondiale, c’est
la grande époque de la décentralisation
et les contacts entre le monde du théâtre,
le monde de l’éducation et le monde des
amateurs s’enrichissent considérable-
ment grâce aux tout nouveaux centres
dramatiques régionaux et aussi aux Mai-
sons des jeunes et de la culture créées
en 1948. Nombre d’enseignants et de co-
médiens amateurs se forment grâce à des
stages de réalisation dont l’encadrement
est confié à des CTP, conseillers tech-
niques et pédagogiques Jeunesse et sport,
dont beaucoup deviendront des metteurs
en scène importants sur nos scènes natio-
nales. Puis, l’aventure continue avec An-
dré Malraux et les Maisons de la culture
et bien sûr, l’arrivée au ministère de la
culture de Jack Lang qui attache une très
grande importance aux liens entre art
dramatique et jeunesse. Il instaurera les
APA, ateliers de pratique artistiques et
les classes A3 théâtre et cinéma, entre
autres. En 1983, l’Association Nationale
de Recherche et d’Action théâtrale (l’AN-
RAT) sera fondée afin de créer un espace
de réflexion pour les enseignants et les
artistes. En 1998, Catherine Trautmann,
alors ministre de la culture, dans sa charte
des missions de service public pour le
spectacle vivant, réaffirme l’engagement
de l’état et préconise la création de lieux
ressources de théâtre.
La réforme des conservatoires de 2004
confortera le dispositif d’accès à l’ensei-
gnement du théâtre à travers les diffé-
rentes strates à rayonnement commu-
nal, inter-communal (290), départemental
(108) et régional (42), constituant ainsi un
réseau de mieux en mieux réparti sur l’en-
semble du territoire.
Malheureusement si depuis crise budgé-
taire et changements de politiques cultu-
relles n’ont pas favorisé le développement
de toutes ces dynamiques, elles conti-
nuent contre vents et marées à amener
nos jeunes vers le spectacle vivant.
dossier
Le théâtre de la jeunesse
Une pratique, qui, bien au-delà de la simple expression corporelle, les
amènera un jour à défendre sur un plateau les œuvres de nos auteurs
classiques et contemporains et à perpétuer ainsi la longue et belle his-
toire du «Théâtre», afin qu’il reste un art plus vivant que jamais dans un
monde de plus en plus tourné vers le virtuel.
© N. Adam
Eondrements
par les jeunes du Conservatoire de Quimper,
à la journée jeune du festival de l’ADEC 56, dirigés par Eric Houguet
5
Être spectacteur est une chose, mais il y a une façon plus active de s’intéresser à l’art théâtral
L’université et les grandes écoles ont
joué, elles aussi, un rôle important dans
cette histoire et ont permis l’émergence
de filières arts du spectacle ou de troupes
d’étudiants. Beaucoup de nos créateurs
sont issus de tous ces bouillons de culture
qui leur ont permis de se découvrir dès
le lycée ou la faculté une vocation artis-
tique et une créativité qui perdurent au-
jourd’hui et qui ont fortement marqué le
théâtre contemporain. Nous pouvons ci-
ter parmi eux Patrice Chéreau, Jean-Pierre
Vincent, Ariane Mnouchkine, l’équipe du
Splendid et tant d’autres. Bien d’autres
continueront à jouer sur les planches et
à nourrir leur passion dans des troupes
d’amateurs.
Parallèlement à l’éducation nationale,
depuis longtemps les troupes, les asso-
ciations, les structures, les fédérations
d’amateurs se sont emparées de cette
question de la pratique des jeunes, ont
inventé des espaces d’ateliers, de stages,
ont facilité l’émergence de compagnies
de jeunes. Elles ont favorisé l’ouverture
de leurs manifestations, ont organisé des
festivals qui leur sont consacrés, encou-
rageant les échanges internationaux et
les rencontres. Celles d’EDERED qui re-
groupent des jeunes d’une vingtaine de
pays européens pendant deux semaines
chaque année et chaque fois dans un pays
différent, celles d’InterKultour en partena-
riat avec l’Allemagne en sont deux belles
illustrations.
Ces initiatives ne sauraient exister sans
le travail de centaines de bénévoles et
de passionnés qui œuvrent pour que le
théâtre vive, survive, en passant le re-
lais à de nouvelles générations. Ils sont
conscients de l’importance de l’enjeu de
cette pratique collective non basée sur
la compétition, mais sur le collectif, sur
l’écoute, le partage. Une pratique, qui,
bien au-delà de la simple expression cor-
porelle, les amènera un jour à défendre
sur un plateau les œuvres de nos auteurs
classiques et contemporains et à perpé-
tuer ainsi la longue et belle histoire du
«Théâtre», afin qu’il reste un art plus vi-
vant que jamais dans un monde de plus
en plus tourné vers le virtuel.
Ce panorama rapide serait incomplet si
on ne parlait pas du répertoire jeunesse
et de son spectaculaire développement. Il
est loin le temps où les animateurs d’ate-
liers peinaient à trouver des textes dra-
matiques susceptibles d’intéresser toutes
les tranches d’âge, de l’enfance à l’adoles-
cence. Aujourd’hui les auteurs et les édi-
teurs ont bien saisi l’importance de l’enjeu
et ont relevé le défi. On trouve désormais
pléthore de textes dans nos nombreux
lieux ressources, des textes qui abordent
de vraies questions de société et des pro-
blématiques de leur vie de jeunes.
Un exemple de festival de théâtre amateur
qui depuis l’origine questionne la question
de l’intégration des jeunes
Anne-Cécile Voisin dirige depuis deux ans l’ADEC 56. Depuis l’adolescence, elle participe activement à cette
manifestation importante qu’est le festival de Josselin (qui s’appelait naguère festival de Lizio).
Comme toutes les manifestations d’amateurs, rien ne saurait se faire sans des dizaines de bénévoles,
en plus, bien sûr des troupes sélectionnées pour ces quatre jours de fête du théâtre.
Tu as suivi, malgré ton jeune âge, un long
parcours avec l’ADEC et la pratique en
amateur. Peux tu nous dire comment tu es
venue au théâtre?
Mon parcours a commencé dans un ate-
lier de village animé par Jean-Luc Éme-
raud, un des animateurs bénévoles de
l’ADEC 56 qui, très vite, a fait une pro-
position à son jeune groupe : reprendre
le spectacle de fin d’année, le retravailler
pendant 6 mois la saison suivante pour
pouvoir le présenter au festival qui a lieu
traditionnellement au WE de l’Ascension. C’est ainsi que pour
la première fois, j’ai fait connaissance avec l’ADEC et le mouve-
ment que cette structure représente. J’avais alors 10 ans. Par la
suite, j’ai continué à participer en tant que spectatrice, puis je
me suis investie dans les différentes commissions qui toute la
saison se partagent les tâches pour pré-
parer l’édition suivante. J’y ai retrouvé, en
plus des organisateurs adultes, les en-
fants des fondateurs, les jeunes d’ateliers
et les copains cooptés. Toutes ces généra-
tions successives se mélangeaient et par-
tageaient les responsabilités, ce qui leur
permettait de diversifier l’investissement
et de prendre en charge très vite le pilo-
tage de ces commissions.
Mais la participation des jeunes au festival
ne se limite pas à l’organisation matérielle et à la logistique ?
Non, bien sûr. Depuis des années, on retrouve dans le programme
une journée jeunes qui prendra au cours des éditions plusieurs
formes. Un format particulier, parce qu’il nous faut résoudre les
problématiques inhérentes à la présence de spectacles de jeunes
© M. Baney
Sous la jupe
par la Cie Les Six pieds sous terre (35)
au Festival de l’ADEC 56
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