3 PRIX LQE 2015
I ÉDITORIAUX
Cette année encore, la grande richesse des ouvrages cités au Prix LQE procède
et témoigne de la diversité des contextes, à la fois géographiques, sociaux,
économiques, institutionnels et programmatiques, et de la pluralité des acteurs
de la construction qui ont concouru, avec conviction, au dépassement des
seuils minimaux ou convenus du cadre législatif, normatif ou administratif qui
régit le monde du bâtiment. Ici, loin d’assécher le champ des possibles, l’éco-
rénovation, l’écoconstruction, sont sources de variété constructive, technique,
culturelle, formelle et architecturale. La nécessaire intégration des enjeux de
soutenabilité, de responsabilité, se nourrit ici et maintenant de créativité par
l’adaptation aux conditions, parfois ardues, d’une construction appropriée,
locale, en phase avec les contraintes et les richesses, physiques et humaines,
d’un territoire.
C’est aujourd’hui que le patrimoine de demain se crée et se transforme. Aussi,
je voudrais ici adresser une nouvelle fois mes remerciements à toutes celles
et tous ceux qui participent, à leur niveau, à leur échelle, à l’expérimentation, à
l’émergence, à la mise en œuvre et à la diffusion des inestimables savoir-faire
qui donnent sens et réalité à la transition écologique en devenir.
À la veille de la COP21, rencontre au sommet de 195 nations pour freiner les
changements climatiques, tous ceux qui ont conscience des dangers que le
réchauffement global et la finitude des ressources font peser sur l’avenir de
l’humanité cherchent, à leur échelle, des solutions pour y remédier. Lorraine
Qualité Environnement y travaille depuis 2004, en utilisant le moyen le plus
efficace : convaincre par l’exemple ! La part du bâtiment et des travaux
publics dans les émissions de gaz à effet de serre et la consommation des
matières premières est majeure. Palmarès après palmarès, les réalisations
primées montrent le chemin vers la sobriété et l’efficacité, tout en prouvant
qu’éco-responsabilité peut rimer avec esthétique. Car c’est par la qualité de
l’architecture que nous inciterons l’ensemble du monde du bâtiment à réduire
son empreinte écologique.
Le Prix LQE met cette année en valeur un bailleur social éclairé, le Toit Vosgien,
qui ose construire des logements intermédiaires passifs, et son équipe de
maîtrise d’œuvre menée par Régis Colin. Le groupe scolaire de Hadol, conçu
par Nathalie Larché et Nicolas Metzger, a été remarqué pour sa fonctionnalité,
la qualité des espaces intérieurs et l’emploi de bois communal. Préserver les
ressources, c’est aussi rénover au lieu de construire. La création de salles
associatives dans l’ancienne ferme du Charmois à Vandœuvre-lès-Nancy a
donc été récompensée pour son intervention contemporaine originale sur un
ensemble du patrimoine rural régional.
C’est dans la catégorie des locaux professionnels que les projets étaient
globalement les plus exemplaires. Le jury a donc unanimement décidé de
valoriser les trois bâtiments présélectionnés. La réhabilitation du Pôle de l’éco-
construction à Fraize apporte un second souffle à une petite ville des Vosges en
introduisant de nouvelles activités en lien avec le développement durable. La
restructuration de l’Agence de l’Office National des Forêts à Metz montre qu’il
est possible, pour un budget raisonnable, de réduire les charges des passoires
énergétiques construites dans les décennies précédentes tout en améliorant
leur apparence. Quant au centre d’examen du permis de conduire à Belleville-
sur-Meuse, il prouve les bienfaits d’une approche holistique, quand tous les
acteurs sont motivés par un objectif commun et que chacun fait sa part en
considérant le travail de l’autre avec bienveillance.
Oui, l’indispensable transition écologique est possible… si les bonnes pratiques
valorisées ici se généralisent rapidement.
Frédéric MARION
Président de LQE
Dominique GAUZIN-MÜLLER
Présidente du Jury du Prix LQE 2015
Architecte, écrivain et journaliste
spécialisée dans l’écoconstruction
Crédit photos : JMM