Tout d'abord, nous verrons que le projet Ukratio a pour principe de ne rien imposer
à personne (y compris l'ucratie), et que plusieurs formes d'ucratie sont possibles
(chacun pouvant proposer et rejoindre celle qui lui convient le mieux). Il va de soi
que celui qui choisit une éthicratie conforme à sa propre éthique y est
remarquablement libre puisque la contrainte n'existe que lorsque l'on se voit
imposer une chose qui ne nous convient pas...
Mais même en supposant que l'ucratie soit imposée, on peut remarquer alors que la
contrainte serait plutôt moins gênante que dans les autres systèmes (qui sont
d'ailleurs bel et bien imposés aujourd'hui !) En effet, mieux vaut être dominé par un
tyran dont les décisions sont moins cruelles et moins imprévisibles. Le choix du
plus grand bonheur possible de tous n'est pas particulièrement cruel (les
nombreuses victimes de l'iniquité actuelle l'apprécieraient même sûrement !)
Ensuite, si l'on prend l'exemple de la démocratie directe (qui est pourtant un des
systèmes les plus libéraux actuellement imaginés) on voit que chacun y est soumis
au diktat de la majorité. Celle-ci est faite d'humains à la psychologie complexe, pas
forcément prévisible, beaucoup moins, en tout cas, qu'une éthique précisément
déterminée...
Une société harmonieuse
Un intérêt de ce système, outre que les décisions sont objectivement les meilleures
possibles, est que les conflits sont considérablement réduits. D'une part, il n'y a pas
de conflit pour obtenir un pouvoir hiérarchique, puisque ceux-ci n'existent pas
(donc, moins de conflits d'intérêts) ; d'autre part, il est difficile pour quelqu'un de
favoriser un intérêt particulier puisque toute proposition doit être argumentée sur la
base du bien commun ! (5)
Une autre objection possible concernant ce système est que tous les choix ne sont
pas forcément argumentables. Ainsi, lorsqu'il s'agit de goûts personnels...
Ceci n'est pas un problème, au contraire : il n'est alors pas nécessaire
d'argumenter : il suffit de faire le choix qui maximise la somme des satisfactions de
chacun (pour obtenir « le plus grand bonheur possible »). On distinguera donc
entre les décisions nécessitant une argumentation et celles qui n'en ont pas besoin
et peuvent de ce fait, être "automatisées" (pour certaines, ce peut être une
combinaison des deux procédés).
C'est d'ailleurs ainsi que fonctionne l'économie ucratique, encore appelée EEBEM (
pour : Économie Écologique du Bien-être et de l'Équité Maximums) : chacun
indique ses préférences en matière de travail et de consommation, et en fonction de
ça, les travaux et consommations sont distribués de façon optimale (ce n'est qu'un
calcul à effectuer, en se basant sur l'éthique adoptée !)(6)
Pas besoin de discussion, plus d'exploitation et plus de pouvoirs qui seraient trop
désirables... (qu'il soient formels, informels, politiques ou économiques). L'argent
et la possession sont en effet des pouvoirs par nature très désirables, dont
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l'existence entretient donc la cupidité, laquelle induit de nombreux crimes, conflits,
oppressions et injustices dans le monde...
Des garde-fous
: les principes ucratiques
préambule
Au vu de l'état du monde actuel en dépit de nombreux discours et bonnes intentions
en tous genres, afin de prévenir toute dérive malencontreuse qui pourrait être
dommageable au projet (Ukratio), celui-ci se donne 14 principes bien précis.
Ce ne sont pas des "commandements", mais des garde-fous pouvant toujours être
discutés en vue du « plus grand bonheur ». Mais faute d'une telle discussion
préalable, rien qui ne respecterait pas ces principes ne doit pouvoir, aujourd'hui, se
revendiquer légitimement de l'ucratie (ceci, afin d'éviter que le concept ne soit
galvaudé).
Une cause de souffrance est l'imposition à quelqu'un d'une chose qui le répugne, et
ce, d'autant plus que la répugnance est forte. S'interdire d'imposer quoi que ce soit
serait utopique : va-t-on, sous ce prétexte, laisser l'assassin commettre son forfait ?
Ce serait oublier que l'assassin impose quelque chose à autrui, de bien plus
répugnant (en général) que l'interdiction de tuer : l'obligation de mourir !
On peut, par contre, limiter le pouvoir au contrôle de l'application de règles
décidées collectivement selon une procédure bien précise (absence de pouvoir "dis-
crétionnaire"), et limiter ce pouvoir "exécutif" grâce à une surveillance appropriée.
En réduisant ainsi le pouvoir institutionnel et en le rendant moins désirable, on
réduit la soif de pouvoir... dont on peut constater les méfaits dans le monde actuel.
Les sources de bonheur sont assez variables selon les individus. Il va donc de soi
que ce sera à chacun d'établir ce qui fait son bonheur.
On peut penser, toutefois, que le bonheur passe, pour le plus grand nombre, par
l'obtention d'un minimum de confort, et que l'obtention de ce minimum est plus
importante qu'un accroissement de même amplitude au-delà de ce minimum.
On peut penser également que le bonheur résulte essentiellement d'une attitude
intérieure, d'une façon de considérer les choses et d'agir.
Une ucratie devrait donc, typiquement, assurer en priorité des droits de base
comme celui de pouvoir se nourrir convenablement, de disposer d'un logement, de
vivre en sécurité etc., et promouvoir une philosophie du bonheur (ou plusieurs).
Pour le plus grand bonheur possible, le mode de prise de décision doit encore être
efficace : les problèmes doivent être résolus rapidement sans que l'on ne s'égare
dans des débats interminables ou des querelles de personnes.
Par ailleurs, les foules peuvent être facilement manipulées (d'où des décisions non
conformes à notre objectif).
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