LES URGENCES MÉDICO-‐ JUDICIAIRES

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LES URGENCES MÉDICO-­‐
JUDICIAIRES Charlotte Gorgiard
Chef de Clinique
UMJ de l’Hôtel-Dieu
Laboratoire d’éthique médicale et de médecine
légale INSERM EA4569
Présenta:on des UMJ de l’Hôtel-­‐Dieu •  Sur réquisition écrite d’un magistrat ou d’un officier de
police judiciaire
•  Examen médical des victimes d’agression physique ou
sexuelle
•  Examen médical des personnes gardées à vue
•  Lieu d’hospitalisation de neuf lits (la salle Cusco)
Les situations médico-légales aux
urgences
•  Examen d’agression physique
•  Examen d’agression sexuelle
•  Soins aux personnes privées de liberté
•  Suspicion de maltraitance
•  Autres : prélèvements sous scellés, transport de drogue
etc.
AGRESSION PHYSIQUE
Cer:ficats de coups et blessures •  Violences volontaires (conjugales, scolaires, au travail, sur la voie publique) •  Violences involontaires (accidents de la voie publique, accidents en milieu scolaire ou spor:f) •  INTERÊT DU PREMIER EXAMINATEUR !!! Défini:on •  Attestation écrite de faits d’ordre médical,
cliniques ou paracliniques
•  Le médecin :
•  Doit être compétent
•  Ne
doit pas rédiger de certificats de
complaisance
•  Doit avoir personnellement examiné le patient
Contenu du cer:ficat médical •  Identification du médecin signataire
•  Identification du patient (identité alléguée)
•  Date de remise du certificat
•  Faits allégués, « me déclare avoir… »
•  Faits médicaux constatés
•  Date de consultation
•  Conclusions
Faits médicaux constatés
•  Réaliser une description des lésions
•  Type de lésions
•  Localisation
•  Latéralité
•  Dimension
•  Datation (couleur)
•  Signes négatifs
Contenu du cer:ficat (suite) •  Men:on : •  « Remis en mains propres pour faire valoir ce que de droit » •  Ou « remis au représentant légal » si mineur •  Ou « remis à l’autorité requérante » si réquisi:on •  Signature du médecin rédacteur •  En double exemplaire dont un gardé par le médecin Schéma/photographies A qui le remettre
•  Sur réquisition judiciaire : à l’autorité judiciaire
•  A la demande de la personne : à la personne ou son
représentant légal
Particularités du CBV
•  Ne pas mentionner l’auteur présumé des lésions
•  Ne pas se prononcer sur l’intentionnalité
•  Eviter les qualificatifs subjectifs (« avec
violence »…)
•  En conclusion, estimer l’ITT SI DEMANDEE
Détermina:on de l’ITT •  I.T.T. : Incapacité Totale de Travail
•  Période durant laquelle la victime sera dans l’incapacité
d’effectuer des actes essentiels de la vie courante
•  Différent de l’arrêt de travail+++
Juridictions compétentes en fonction de la
durée de l’ITT
AGRESSION SEXUELLE
Le rôle de l’urgentiste
•  Préserver les preuves
•  Pas de toilettes !!!
•  Prélèvements sous scellés (soumission chimique)
•  Vêtements dans un sac en papier
•  L’urgence est le soin (trithérapie) : pas d’examen d’AS
si pas d’expérience
•  Encourager la personne à porter plainte+++ pour avoir si
possible un examen dans une UMJ
Cer:ficat •  1ère partie : Contexte de l’agression
•  2ème partie : Doléances de la victime au moment de l’examen
•  3ème partie : Description
•  Examen général, lésions constatées, retentissement
fonctionnel
•  Examen gynécologique, anal ou buccal (avec l’aide d’un
médecin spécialisé)
•  Etat psychologique
•  Prélèvements et examens effectués
•  Traitements instaurés
EXAMEN DES PERSONNES
PRIVÉES DE LIBERTÉ
Définition : la garde à vue
•  Garde-à-vue : Rétention exercée par des officiers de
police judiciaire, sur une personne physique, en vue d’un
interrogatoire ultérieur ou d’autres investigations
destinées à procurer la preuve d’une infraction
•  Prive la personne qui la subit de sa liberté d’aller et de
venir
•  Examen sur réquisition judiciaire d’un OPJ ou PDR
•  Compatibilité de l’état de santé avec la garde à vue dans
les locaux de police ou de gendarmerie
Définition : le BNA ou CNA
•  Pa:ent présumé en état d’ivresse recueilli sur la voie publique •  Différent de la GAV •  Réquisi:on NON nécessaire •  Réten:on max 24 heures •  Examen clinique complet •  Cer:ficat rédigé par un Docteur en médecine Définition : les patients du CRA
•  Centre de rétention : Maintien dans les locaux non
pénitentiaires des étrangers qui se présentent aux
frontières sans titre pour entrer sur le territoire (zones
d’attente)
Définition : l’IPPP (Infirmerie Psychiatrique de la Préfecture de Police)
•  Accueille les personnes qui représentent un
danger imminent pour la sûreté des personnes,
attesté par un avis médical ou par la notoriété
publique, en application de l'article L3213-2 du
Code de santé publique
•  Article L3213-2 : En cas de danger imminent pour la sûreté des personnes, attesté par un avis
médical (…) à l'égard des personnes dont le comportement révèle des troubles mentaux
manifestes, toutes les mesures provisoires nécessaires, à charge d'en référer dans les vingt-quatre
heures au représentant de l'Etat qui statue sans délai et prononce, s'il y a lieu, un arrêté
d'admission en soins psychiatriques dans les formes prévues à l'article L3213-1. Faute de décision
du représentant de l'Etat, ces mesures provisoires sont caduques au terme d'une durée de
quarante-huit heures.
Code de procédure pénale
Article 63-3
•  Toute personne placée en garde à vue peut, à sa
demande, être examinée par un médecin désigné par le
procureur de la République ou l’officier de police judiciaire
•  En cas de prolongation, elle peut demander à être
examinée une seconde fois
•  A tout moment, le procureur de la République ou l’OPJ
peut d’office désigner un médecin pour examiner la
personne gardée à vue
Missions du médecin •  Protec:on de la santé, de l’intégrité, de la dignité de la personne, con:nuité des soins •  Devoir d’informa:on de la personne •  Examen sans meno\e en l’absence de danger •  Examen hors présence policière en l’absence de danger •  Respect de la confiden:alité Spécificités de l’approche médicale •  Difficultés d’anamnèse liées au contexte •  Risque de fausses alléga:ons •  Risque de dissimula:on •  Risque de déséquilibre de certaines affec:ons •  Diabète, épilepsie, HTA, coronaropathies, asthme, VIH •  Assurer la con:nuité des soins •  Pendant la garde à vue •  Prise en compte des condi:ons de surveillance ultérieures Spécificités de l’approche médicale •  Réévalua:on médicale est toujours possible, dans les locaux de police ou à l’hôpital, et de la responsabilité du médecin, à toute heure fixée par lui •  Difficultés du manque de temps •  Evalua:on de troubles des fonc:ons supérieures Finalité •  Délivrance d’un certificat par lequel le médecin doit se
prononcer sur l’aptitude de la personne examinée à son
maintien en garde à vue dans les locaux où se déroule la
mesure
Compte-­‐rendu médical •  1er volet •  Cer:ficat médical remis à l’autorité requérante •  2nd volet •  Fiche médicale confiden:elle •  Non transmis à l’autorité requérante Spécificité de Paris : la salle Cusco •  Neufs lits sécurisés •  Soins à des personnes relevant d’une décision de jus:ce, mais dont l’état de santé nécessite une hospitalisa:on •  Visite médicale quo:dienne Principaux mo:fs d’hospitalisa:on •  Pathologies médicales (diabète décompensé, asthme, pathologie respiratoire décompensée, pathologie cardio-­‐
vasculaire) •  Pa:ents transporteurs de drogues in corpore •  Pathologie chirurgicale et trauma:que •  Pathologie psychiatrique associée à une pathologie soma:que •  Pa:ents hospitalisés pour une interven:on ophtalmologique MALTRAITANCE
Définition
•  « La maltraitance de l’enfant s’étend à toutes les formes
de mauvais traitements physiques ou affectifs, de sévices
sexuels, de négligence ou d’exploitation commerciale ou
autre, entraînant un préjudice ou potentiel pour la santé
de l’enfant, sa survie, son développement physique et
psychologique ou sa dignité dans le contexte d’une
relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir »
OMS, 1999
Eléments évocateurs
•  Absence d’histoire accidentelle simple rapportée
•  Retard aux soins ou à l’appel du médecin
•  Discordance entre les discours de l’entourage
•  Discordance entre les lésions retrouvées et les
explications données
•  Notion d’hospitalisations antérieures en particulier pour
des traumatismes
•  Plaintes répétées et consultations itératives
•  Amélioration des troubles du comportement de l’enfant
lors de l’hospitalisation
Les messages clés
•  Tous les milieux sociaux
•  Caractère suspect
•  Localisation
•  Parties du corps non exposées habituellement aux blessures par chute
•  Lombes, fesses, partie interne des cuisses, joues, bras (lésions de
saisie)
•  Forme : Reproduction d’un objet significatif
•  Hématome/ecchymose et a fortiori les lésions osseuses
chez un enfant qui ne se déplace pas : TOUJOURS
SUSPECTES
Signalement
•  L’article 226-14 n'est pas applicable dans les cas où la loi
impose ou autorise la révélation du secret. En outre, il
n'est pas applicable :
•  A celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou
administratives de privations ou de sévices, y compris
lorsqu'il s'agit d'atteintes ou mutilations sexuelles, dont il a
eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à
une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en
raison de son âge ou de son incapacité physique ou
psychique
Que faire ?
Ce n’est pas aux médecins de faire l’enquête
AUTRES SITUATIONS
Dépistage de l’état alcoolique
•  Sur réquisition judiciaire
•  Médecin, interne, étudiant en médecine autorisé à exercer
comme remplaçant
•  Fiche « A »
•  Le patient a le droit de refuser
•  Mêmes sanctions qu’en cas de dépassement du taux de 0,8 g/l
Dépistage de stupéfiants
•  Tests salivaires positifs/refus
•  Examen clinique et biologique
•  Sur réquisition judiciaire
•  Médecin, interne, étudiant en médecine autorisé à exercer
comme remplaçant
•  Fiches « D » et « E »
•  Le patient a le droit de refuser
•  Mêmes peines que l’infraction principale
Transport de drogue in corpore
•  Boulettes « solides » : hospitalisation en médecine
•  Boulettes « liquides » : hospitalisation en soins intensifs
•  TDM abdominal initial
•  Surveillance clinique, ECG, toxiques urinaires
•  TDM abdominal final avant sortie
QUE DOIT-ON DÉCLARER
AUX URGENCES ?
Patient détenteur de produits stupéfiants
•  Concilier les dispositions du Code pénal et le respect du
secret professionnel
•  En pratique, le secret professionnel prévaut : il n’y a pas
lieu de signaler aux autorités un patient détenteur de
produit stupéfiant illégal
•  Produits remis sans mention de leur provenance au
directeur de l’établissement de santé, qui les remettra aux
autorités compétentes
Instruction DGOS/DSR/Mission des usagers du 13 avril 2011 relative à la conduite à
tenir en cas de détention illégale de stupéfiants par un patient accueilli dans un
établissement de santé
Patient blessé par arme à feu ou arme
blanche
•  Pas de déclaration systématique aux services de police
•  Seul le blessé peut demander à ce que les autorités
soient prévenues
Circulaire de la Direction des Hôpitaux, Ministère de la Santé n°
1796 du 20 avril 1973
En conclusion
•  Encourager les personnes à déposer plainte pour un
examen aux UMJ sur réquisition judiciaire+++
•  Rédaction soignée du CMI
•  Examen d’agression sexuelle est une urgence si < 72
heures
•  Si dépôt de plainte : examen aux UMJ, conserver les preuves
•  En l’absence de plainte : prise en charge aux urgences médicales
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