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permettront pas de croire que nous aurons les réductions nécessaires pour atteindre la
cible de 2020.
Mon rapport ne fait pas que le suivi des tendances sur les émissions. L’atténuation des
changements climatiques repose sur les politiques gouvernementales, et le discours
politique mondial a radicalement changé. Il y a quatre grandes idées relativement
nouvelles qui dominent le discours international au sujet des émissions de GES et des
changements climatiques. Je crois qu’il est nécessaire que l’Assemblée législative de
l’Ontario soit au courant de ces idées et de leurs conséquences. J’ai expliqué ces
concepts dans le rapport et j’en brosse un portrait ici :
Premièrement, la climatologie a considérablement évolué et elle nous permet
maintenant d’atteindre un degré de certitude très élevé. De plus, les données exposent
les changements qui se produisent à l’instant même dans le climat et les océans. À
cette fin, je résume au début du rapport les résultats du cinquième rapport du Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publié tout récemment. J’espère
que le résumé incitera les législateurs et leur personnel de recherche à étudier
attentivement les renseignements que cet organisme international a publiés.
Deuxièmement, j’aborde le sujet du carbone « imbrûlable ». Brièvement, l’entente
internationale de Copenhague en 2009 (que le Canada a signée) exige de fixer un
plafond quantitatif sur les tonnes de GES que le monde relâche dans l’atmosphère si
nous voulons avoir la chance de respecter l’objectif ultime de limiter le réchauffement
climatique à moins de 2 oC; il s’agira d’un niveau perturbant, mais tolérable. Espérons-
le. En effet, cette limite détermine un budget maximal d’émissions de GES pour la
planète que nous ne pouvons pas dépasser. Pourtant, une partie de ce budget est bel
et bien entamée. Le problème est que les compagnies de combustibles fossiles du
monde ont trouvé des réserves de combustibles fossiles qui, si elles étaient brûlées,
généreraient cinq fois la quantité d’émissions de GES prévue au budget. Même des
institutions financières internationales ont reconnu que nous ne pouvons pas brûler
toutes les réserves. Il y a une énorme quantité de carbone imbrûlable déjà présente
dans le monde, et nous n’avons pas la moindre idée qui pourra brûler les réserves de
combustibles fossiles. Pourtant, pour une raison que j’ignore, nous continuons à
chercher d’autres réserves.
Troisièmement, on se rend compte que les dommages que causent les épisodes
météorologiques extrêmes actuels effritent la capacité de l’industrie de l’assurance de
payer au point tel que certaines propriétés et activités seraient devenues non
assurables. De plus, les prévisions indiquent que ces pertes continueront d’augmenter
à un rythme graduel. L’industrie de l’assurance et de la réassurance nous dit depuis des
années qu’il faut inverser cette tendance ou il lui sera impossible de souscrire des
assurances. Notre système financier ne peut pas fonctionner sans risque assuré.
Quatrièmement, le changement subtil, mais très important, dans la façon dont nous
comprenons le climat modifie les termes « atténuation » et « adaptation ». Depuis des
décennies, les nations du monde sont absorbées dans un débat entêté sur le besoin de
réduire les émissions de GES pour atténuer le changement climatique. On sous-
entendait par là que, si au moins nous pouvions atténuer les changements climatiques,
les choses se tasseraient et on éviterait le pire. Ce n’est plus une option désormais. Les