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actions plus structurelles devraient être entreprises1. Elles concerneraient, entre autres, l'organisation
des relations avec les fournisseurs et les clients (partenariat, accords de développement, recherche,
etc..), mais aussi l'amélioration de l'efficacité productive. Elles passent par une nécessaire modernisation
qui pose la question des conditions et des modalités du financement des investissements matériels et
immatériels (entre autres de formation2).
Les comportements des entreprises diffèrent selon leur taille3comme le révèle l'évolution
des taux de marge4, des taux d'endettement ou un examen du coût du crédit. A compter de 1984, les
plans de restructuration industrielle et de restauration de la rentabilité se multiplient. Ils conjuguent
maîtrise des coûts salariaux et désendettement.
Ce sont les grandes entreprises qui ont le mieux réussi à restaurer leur taux de marge -suite
à une évolution favorable de la répartition de la valeur ajoutée- et à réorganiser leurs actifs en lien avec
une réduction du poids de la dépendance financière. C'est ainsi qu'à partir de 1986, et jusqu'en 1989, si
l'ensemble des firmes françaises ont amélioré leurs performances et reconstitué leur autonomie
financière, le redressement des grandes entreprises a été plus rapide.
On a pu cependant constater qu'en 1990/1991 les P.M.I. résistaient mieux au
renversement de conjoncture, mais, simultanément, qu'elles étaient plus fragiles5, comme le montrent
les faillites nombreuses survenues depuis. Cet apparent paradoxe s'explique par la combinaison de trois
facteurs : les P.M.I. supportent toujours un coût du crédit supérieur à celui de leurs concurrentes de plus
grande taille, elles sont plus endettées que ces dernières mais elles sont moins capitalistiques que les
grandes entreprises. C'est ce dernier facteur qui leur permet, à organisation de la production et
combinaison productive constantes et toutes choses égales par ailleurs, d'obtenir des rentabilités brutes
supérieures, ou au moins comparables, à celles des firmes plus importantes et de bénéficier d'un effet de
levier brut positif6. Toutefois, l'importance de l'endettement et les taux d'intérêt plus élevés que
supportent les P.M.I., les fragilisent en les rendant plus sensibles aux variations de leur activité. Il leur
faut alors maximiser l'effet de levier en minimisant la contrainte de solvabilité7. Cette dernière est plus
facilement maîtrisable par les grandes entreprises car, outre des taux d'intérêt apparents plus favorables
et, sur la décennie, un moindre effort de renouvellement de leur potentiel productif, elles peuvent plus
1Voir Revue Banque "Dossier Entreprises", octobre 1991 et "Epargne, Innovations financières et croissance" Michel AGLIETTA, Revue
d'Economie Financière 1991 ainsi que "Analyse financière du premier trimestre 92, "Mode de croissance et financement des principaux groupes
français 83-90" Jean Noël VIELLE.
2Economie et statistique, septembre-octobre 1991, "France-Allemagne".
3Voir, par exemple, "L'évolution des charges financières des entreprises financières françaises entre 1985 et 1989", Mireille BARDOS, Denis
BEAU, Centrale de Bilans, Banque de France, B 91/21.
4Calculés comme le rapport de l'excédent brut d'exploitation soit à la valeur ajoutée, soit au chiffre d'affaires.
5Voir Bernard PARANQUE, "Contraintes économiques des PMI et des grandes entreprises", Banque de France, Direction des Entreprises, 1992.
6A savoir le produit du taux d'endettement par l'écart de rémunération obtenue par l'activité productive par rapport à celle demandée pour les
capitaux empruntés (profitabilité).
7Rapport des frais financiers à l'excédent brut global.