MONTAGE
"Le cinéma, c’est l’écriture moderne dont l’encre est la lumière" - Jean Cocteau
« Le montage est l'organisation des plans d'un film dans certaines conditions d'ordre et de
durée » Marcel Martin.
Lien entre montage et production :
Le montage entretient des liens très proches avec la réalisation, lors du tournage, à travers le
découpage des plans notamment. Par exemple on peut citer la règle des 180 degrés. Aussi, le
cadrage lors du tournage, n'est en théorie qu'une amorce du montage qui va suivre.
Les historiens considère d'ailleurs qu'au début du siècle précédent, l'apparition du montage a eu
pour effet la libération de la caméra, jusque-là rivée au plan fixe.
Organisation du montage post-production :
L'art du montage peut se découper en 3 étapes :
1. La sélection
2. L'assemblage
3. Le raccordement
1. La sélection.
La première étape est la sélection des rushs. Tous les rushs, c'est à dire toutes les prises pour chaque
séquence, ainsi que toutes les caméras pour cette prise, sont importées dans le « chutier ». Ces rushs
peuvent donc être numérotés dans le cas d'un long métrage, par exemple,
SEQ01_PRISE01_CAM01, SEQ01_PRISE01_CAM02, etc...
Le découpage étant déjà fait.
S'il n'y a aucun scénario pré-écrit, s'il s'agit d'un reportage ou d'un documentaire, en visionnant les
rushs, les regrouper par même séquence en leur donnant comme titre une action, précédé d'un
numéro de plan, lui même précédé par un numéro de séquence (où plutôt numéro d'ordre
d'apparition temporaire), pour voir les rushs apparaître dans l'ordre et se repérer rapidement.
Exemple : SEQ01_PL01_Charlie se réveille.
L'étape consiste ensuite à éliminer toutes les prises non utilisables, et faire le tri des meilleurs prises
en les annotants par exemple.
2. L'assemblage (ou ordonnancement)
Le cinéma comme langage.
Au début du siècle nombre d'auteur ont essayé de comparer le cinéma, le film à la musique, un
morceau. Seulement un morceau bien qu'étant composé lui aussi d'une structure, d'ailleurs souvent
redondante (couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain), a peu de chose en commun avec un film.
Il n'est pas possible de baser un film sur le rythme des images comme dans la musique avec le
rythme des notes, car si l'oreille est réceptive au rythme, l'oeil humain ne l'est pas. Il n'est pas non
plus possible de se procurer autant de plaisir à regarder l'harmonie des couleurs, ensemble de
fréquences visibles, dans une suite d'image, qu'en écoutant l'harmonie des notes, ensemble de
fréquences audibles, dans une suite d'accords. Le seul courant cinématographique qui tend vers ce
genre est le cinéma expérimental, ensuite existe dans d'autres registres les clips musicaux, les
vidéos psychédélique, le VJing ...
Cela dit, il convient de composer une structure, comme dans la musique. Mais voici là où diffère le
cinéma avec la musique. La musique est comme le cinéma un langage, certes, mais qui ne raconte
que de l'abstrait, des émotions, elle parle aux oreilles et au cœur, essentiellement. Le cinéma quand
à lui à une fonction narrative comme la littérature, et aussi expressive telle la musique en moindre
mesure, c'est à dire qu'elle doit parler en premier lieu à l'intellect en racontant une « histoire », puis
dans un second temps, par la même occasion, parler au cœur, au corps, provoquer des émotions par
les images même et leurs confrontations, par le son, par la parole, le texte, réunies ou non.
Pour respecter cette fonction narrative du cinéma, il convient de composer une structure, pour
raconter l'histoire d'un film. Il faut alors assembler, ordonner, les plans.
L'assemblage.
On assemble, on commence à faire un « bout-à-bout », un « ours » comme on dit. On ordonne.
Soit comme prévu si cela suit un scénario pré-établi, le fait de mettre les séquences dans l'ordre,
bout à bout, révèlera la structure du film. Par la suite si ce n'est pas satisfaisant des modifications de
la structure sont toujours envisageable.
Soit dans le cas où aucun scénario n'a été écrit, suivant les rushs existants, on va écrire et composer
la structure du film.
Cette structure peut être composée par de nombreuses combinaisons, ou agencements de ce que l'on
peut appeler « parties », ou « tableaux » dans le cas de Méliès, ou « segments », « fragments »,
« grands syntagmes », « grandes unités narratives » ou « complexes de plans » pour Eisenstein, ou
voir pourquoi pas « opus » ?... qui sont en fait des suites (ou découpages) de séquences, elles-
mêmes suites (ou découpages) de plans.
Voici des exemples de structures, non exhaustive :
structure avec un générique
structure avec un « dernier épisode » (reprise de plans du films précédent dans le cas d'une
série)
structure avec un « prochain épisode » (reprise de plans du films suivant dans le cas d'une
série)
structure avec alternance ou combinaison de séries narratives (montage parallèle/montage
alterné)
structure avec plusieurs parties complètement différentes et une partie finale
structure avec flashbacks
structure avec citations filmiques (plans ou séquences provenant d'autres films)
structure archives à insérer
structure avec alternance d'interviews et de commentaires
cartons/titres
En remarque, il y a le fameux « plan-séquence » qui peut se décomposer en suite de plans, alors
qu'il ne s'agit en fait que d'un seul et même plan, soit grâce au déplacement de la caméra, soit par les
mouvements d'acteurs, soit par des effets visuels comme filmer une télévision par exemple, en
autres. Suivant sa taille, soit tel un plan le plan-séquence va s'insérer avec d'autres plans pour
former une « partie narrative », soit il a le pouvoir de regrouper plusieurs « unités narratives », voir
même de construire un film entier, tel le film L'arche Russe de Alexander Sokourov par exemple.
3. Le raccordement
Si le cinéma est un langage, le montage en est sa grammaire, les images en sont les mots. Une
multiplicité de grammaire sont alors possibles, ainsi que des figures de styles.
Logique de l'ordre des plans et cadrage.
Tout d'abord, il faut savoir que la qualité des plans et leur arrangement dépendra avant tout de la
qualité du découpage pendant le tournage, le reste n'est que rattrapage.
A l'intérieur d'une séquence, le montage remplie toujours sa fonction narrative dans l'enchaînement,
l'ordonnancement des plans, éléments d'une action selon un rapport qui est généralement un rapport
de causalité et/ou de temporalité diégétique. Pour faire en sorte que le « drame » soit le mieux perçu
par le spectateur.
On se doit de respecter aussi un sens spatio-temporel, c'est à dire garder des repères pour que le
spectateur ne se perde pas, ne se désoriente pas par rapport au décor. Exemple : la règle des 180
degrés du champ/contre-champ.
Il est important de respecter aussi les effets de profondeur de champ, en distinguant les plans à
longue focale des plans à courte focale.
Il faut hésiter de monter à la suite deux plans du même axe n'ayant pas de grosseur de plan très
éloignées.
Appel au hors-champ :
(indice narratif, regard, sonore, visuel)
Quelques définitions :
Est productif « un montage auquel nous apprenons des choses que les images elles-mêmes ne
montrent pas » - Bela Balazs (1930)
L'effet-montage « résulte de l'association, arbitraire ou non, de deux images qui rapportées l'une à
autre, déterminent dans la conscience qui les perçoit une idée, une émotion, un sentiment étrangers
à chacune d'elles isolément » - Jean Mitry (1963)
Bazin contre Eisenstein
Bazin = absence de montage ou montage transparent
Eisenstein = prédominance du montage sur toute autre forme, sur le jeu des acteur par exemple. Ne
laisse aucune place au hasard = conflit entre les plans
Analogie des figures de styles
Le film ayant pour fonction normale la fonction narrative, on peut y retrouver, à l'instar de la
littérature, des figures de styles. En voici des exemple : Amplification, hyperboles,
analepses=flashback, répétitions, ellipses, parallélisme, comparaisons, métaphores ...
Le montage aura pour but de mettre en valeur ces figures de style pour qu'elles soit reconnaissables.
Le montage fait aussi rôle de ponctuation pour séparer les mots, mettre en valeur les figures
de style, augmenter la fluidité, améliorer la lecture du film.
Fluidité entre plans, cadrage, rythme et ponctuation :
Raccords :
Lors d'une même action, on aura tendance à fluidifier la lecture de cette suite de plans grâce à divers
procédés, qui font la liaison entre deux plans, on les appelle raccords :
raccord de mouvement (ex : on change d'axe lorsque le personnage tourne dans une pièce)
raccord sur le geste (ex : on change de plan lorsqu'un bras est levé)
raccord dans l'axe ?
On a alors une absence de ponctuation, comme si « les mots se suivaient ».
Coupes :
A l'inverse, l'on peut avoir envie de marquer une respiration dans la lecture des plans, qui peut être
aussi gage, selon le rythme. On fera alors la coupe sur une :
absence totale de mouvements (on appelle ça un raccord subjectif)
Dans ce cas, on pourra qualifier cela de virgule, de point-virgule, voir de point, suivant le rythme et
la façon d'amener cette coupe.
Recadrage :
Effet Ken Burns : effet de mise en mouvement d'une image fixe pour améliorer la fluidité
Rythme :
Un rythme dans cette séquence, cet enchaînement de plans, est ensuite nécessaire, et doit être bien
ajuster, pour correspondre au reste de l'unité narrative, et ensuite du film dans son entièreté.
Plusieurs paramètres peuvent créer le rythme dans un montage, comme le rythme des coupes, le
rythme spatial (rythme des mouvements et des gestes dans l'image, entrées et sorties de champs), le
mouvement de la caméra, la musique, les effets de lumières...
Effets possibles :
ralentis
accélérations
vibration ou mouvement de l'image
Syntaxe et mise en valeur des « figures de style » :
Depuis le début du siècle dernier le montage a connu des évolutions, sa grammaire a évolué, sa
ponctuation aussi. Par exemple, la figure « fondu enchaîné » s'est vu accoler au cours de l'histoire
des films, des significations diverses, originellement elle était sensé représenter l'idée de flashback,
aujourd'hui elle est couramment utilisée pour d'autres fonctions.
Syntaxe :
Transitions :
fondus enchainés, fondu enchaîné soft cut (coupe douce)
fondus au noir/au blanc, avec diverses courbes de fondu
Présentation :
cartons
Figures de style :
Métaphore :
Plans de coupe
Amplification :
musique stressante
accélérations
Anacoluthe :
amplification suivi du silence
Hyperbole :
flou, mouvements exagérés …
Analepse = flashback :
fondu enchaîné en entrée, fondu enchaîné en sortie
flou
Ellipse :
fondu au noir à la fermeture suivi d'un fondu d'ouverture
accélération du plan (ex : des aiguilles d'horloge qui se mettent à tourner très vite)
son ralenti/accéléré
élément du décor suggérant le temps qui passe
Parallélisme, comparaison, analogie, antithèse :
montage alterné/montage parallèle (The Hours – Stephen Daldry - 2002)
composition par le montage (ex : « split screen ») ou par des éléments du décor (Timecode –
Mike Figgis - 2000)
surimpressions
Incrustations/Illustration du cadre de l'incrustation
incrustations/illustrations par le montage ou par le décor
titres
Parenthèse
fondu enchaîné en entrée, fondu enchaîné en sortie
Enumérations/itérations pour argumentation :
flashs au blanc
effet stroboscopique
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