En réaction, les forces de gauche forment le Front populaire aux réalisations
sociales novatrices. Les tensions sociales sont encore plus nettes en Espagne : les
camps républicain et nationaliste entrent dans une guerre civile à partir de 1936.
Cette guerre illustre le triomphe progressif des totalitarismes : en effet, le camp
nationaliste espagnol, emmené par Franco qui a reçu l’aide des fascistes et des
nazis, supplante les républicains, qui n’ont obtenu aucun soutien des États démo-
cratiques. En Asie, les velléités du Japon autoritaire et impérialiste entraînent un
conflit avec les Chinois. Les Japonais occupent les territoires conquis et y instal-
lent des camps de concentration aux pratiques des plus cruelles. La brutalisation
fait son chemin. Les États démocratiques semblent assister, impuissants voire
insouciants, à la montée des périls totalitaires, en particulier allemand.
De fait, la guerre éclate en 1939. Les conquêtes hitlériennes sont impor-
tantes et rapides (« guerre éclair »). En France, la débâcle amène l’instauration
du régime de Vichy, qui entreprend de collaborer avec les occupants, allant
même au-devant des attentes allemandes. En revanche, une minorité, refu-
sant la défaite, décide de résister à l’occupant. Ce clivage se retrouve dans les
autres pays européens, jusqu’en Allemagne, avec cependant des intensités
différentes. Par ailleurs, la guerre est véritablement mondiale dès son départ,
même si les États-Unis et l’URSS n’interviennent pas directement dans le
conflit dès ses premières heures. Cependant, progressivement, les théâtres
d’opérations de la guerre s’élargissent vers l’Atlantique, la Méditerranée,
l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Enfin, le conflit trouve son extension
presque maximale avec l’attaque hitlérienne contre l’URSS puis le raid japo-
nais contre la base américaine de Pearl Harbor
(7 décembre 1941)
.
En 1942, l’Europe est sous la domination nazie mais, à la fin de l’année, les
victoires alliées renversent la donne, à Stalingrad, dans le Pacifique et avec le
débarquement en Afrique du Nord. Bien que l’Italie mussolinienne s’écroule
en 1943, l’événement décisif est l’ouverture d’un nouveau front contre
l’Allemagne, en Normandie en juin 1944. Après de très durs combats, le Reich
tombe en mai 1945. La Libération et la victoire plongent la France dans une
fête, parfois expiatoire avec les pratiques extrajudiciaires
d’épuration ou
l’humiliation des
femmes tondues. Cependant, toute l’horreur de l’entreprise
nazie apparaît au monde : l’extermination des Juifs, qui constitue le fait
majeur du siècle et même bien au-delà. Au nom d’une idéologie, tout un
appareil d’État aidé par des civils s’est mobilisé afin d’éliminer une population
de façon systématique : sans exception possible et sans limitation de lieu.
Aucun autre génocide n’a – jusqu’à présent – réuni toutes ces caractéristiques
dans un tel systématisme. La brutalisation des sociétés européennes semble
avoir trouvé son acmé.
13
Introduction