
Point fort
24heures |Lundi 11 juin 2012
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VC1
Point fort
24heures |Lundi 11 juin 2012 3
VC1
P.-Y. M.: Je ne comprends pas votre posi-
tion. Au lieu de rester cantonné dans la
privatisation du suicide assisté, dans une
activité quasi clandestine, vous aviez une
chance unique avec le contre-projet de
commencer une approche mieux enca-
drée et acceptée.
J.S.:Non,carj’aidesexpériencestrèsdou-
loureuses avec les soignants.
P.-Y. M.: Alors aidez-nous à éliminer ces
pratiquesautoritairesparunenormeclaire
et précise, en soutenant le contre-projet!
Exit n’a-t-elle pas confiance
dans les médecins?
J. S.:Jen’aipasconfianceenceuxquisont
enplaceetquivontutilisercecontre-projet
comme un instrument de blocage!
P.-Y. M.: Alors vous vous condamnez à
avoir le monopole de cette pratique.
J. S.:Non,grâceàl’enseignementdecette
pratique en Faculté de médecine.
P.-Y. M.: Si votre initiative passe, vous
n’avez aucune garantie que les choses
changent.Lorsqu’untextevatroploin,les
difficultés continuent, car il y a des bloca-
ges trop importants. Vous m’appellerez
alors pour que votre initiative soit appli-
quée dans certains EMS. Alors que le con-
tre-projetprésentel’avantaged’êtreappli-
cable. Il a aussi la vertu de dépassionner.
Cette chance, vous ne la saisissez pas.
Vous savez que le suicide assisté
est tabou dans les EMS et chez
les soignants…
P.-Y. M.: Oui, mais le contre-projet a déjà
faitprogresserlesmentalités.Lesdeuxasso-
ciationsreprésentantlesEMSl’ontaccepté.
disposedesondiscernement,sisamaladie
est incurable, si la potion qu’il va ingérer
estbiensoumiseàprescriptionmédicale,si
les conditions sont remplies pour que la
personnedécideparelle-même.Quantaux
proches et à l’équipe soignante, ils seront
simplement informés et consultés; ils
n’auront pas de pouvoir de décision.
J.S.: C’estexactementpourquoinousrefu-
sons ce contre-projet. Dès le moment où il
yaauraunmédecinopposéàlapratique,il
décidera qu’il n’y a pas discernement. J’ai
vécu un cas où le médecin a déclaré une
personne incapable de discernement.
J’étaisd’unaviscontraire.J’aidemandéen
vain des preuves. Trois mois plus tard, j’ai
fait venir un psychiatre neutre, et ce der-
nieraconfirmélediscernement.Leméde-
cin de l’EMS et l’ancien médecin cantonal
ontditquelepsychiatreétaitvenduàExit…
P.-Y. M.: Avec le contre-projet, il y aura
possibilité de faire appel à la Commission
desplaintesdespatientsencasdeblocage.
C’estunorganismeindépendantdel’Etat.
Dr Sobel, qu’avez-vous prévu pour
éviter un business de la mort?
J. S.:Jerappellequelemédecintraitantdu
patient peut aussi faire un suicide assisté.
J’aimerais aussi imaginer à terme que les
médecins,aulieudesedéchargersurnous,
endossent cette pratique. Plusieurs mo-
tionsauniveaunationalprônentunensei-
gnement du suicide assisté en Faculté de
médecineetdanslesécolesdesoignants.Il
faut leur faire comprendre qu’une de-
mande de suicide assisté n’est pas un
échec:c’estunepersonnequi,philosophi-
quement, souhaite un départ différent.
tient et qui aura à répondre de ce qui lui
arrive.Compromisdifficilequandlesdeux
positions sont défendues par des milieux
non dénués de sectarisme. C’est vrai de
certains opposants de principe au suicide
assisté. Mais c’est vrai aussi d’Exit et de
Dignitas, qui appuie M. Sobel dans cette
campagne:absencedetransparencefinan-
cière et leadership réputé infaillible évo-
quentunfonctionnementdetypesectaire.
L’enrichissement spectaculaire du leader
de Dignitas ajoute un trouble.
J.S.:J’aipasséunejournéedevantlaCom-
missionjuridiqueduConseilnationalpour
présenterlescomptesd’Exit.M. Minelli,de
Dignitas,s’estlivréaumêmeexercice.Ilest
ressorti de cette séance que nous n’avions
rien à nous reprocher.
P.-Y.M.:Oui,maischezDignitas,unsuicide
c’est 10 500 francs. Chez vous, ça coûte…
J. S.: 40 francs!
P.-Y. M.: Cela fait une sacrée différence.
Avecvotreinitiative,Dignitasviendraaussi
fairesonmarchédanslesEMSvaudois.Les
prixserontplusélevés,maislesconditions
moins strictes.
J. S.: Je ne suis pas là pour défendre Digni-
tas.
La personne qui demande un suicide
assisté doit avoir son discernement.
Qu’en est-il des patients souffrant
de la maladie d’Alzheimer?
J. S.: Il faut poser un diagnostic clair. On
expliqueàlapersonneetàsesprochesque
si elle est en début de maladie, et qu’elle
souhaite réellement s’en aller pendant
qu’elle a encore le discernement attesté
pardesbilansneuropsychologiques,onva
pouvoir l’aider. Si cette personne attend
trop et perd son discernement, on ne
pourra plus le faire.
P.-Y. M.: Tout cela est révélateur. On ne
vote pas pour ou contre Exit, on vote un
texte. Or la vérification de la capacité de
discernementquevientd’exposerM.Sobel
n’est pas dans son texte, ni même la vérifi-
cation du diagnostic… Dignitas pratique
des suicides avec un sac en plastique et de
l’hélium! Cela sera possible dans les EMS
vaudois si l’initiative passe.
J. S.: Nousn’avonspasinscrittoutçadans
le texte parce que c’est implicite. Il y a un
arrêt du Tribunal fédéral et le Code pénal
qui l’imposent. Si on avait tout inscrit, on
nousauraitditquenotretexteestindigeste
et inutilisable. Quant aux cas de suicides à
l’hélium,ilfautconnaîtrelesfaits.Dignitas
aétépousséeàlafaute,etlespersonnesqui
se sont donné la mort ainsi l’ont fait en
toute connaissance de cause.
P.-Y. M: Désapprouvez-vous cela, oui ou
non?
J. S.: Oui, pleinement.
P.-Y. M.: Pourtant votre texte le permet.
Le Conseil d’Etat ne fait-il pas un
cadeau empoisonné aux médecins
en leur donnant le pouvoir de
décider qui peut se suicider ou non?
P.-Y.M.:Nouspensonsquel’initiativeades
chancessérieusesdepasser.Ceuxquiprô-
nent le double non augmentent d’ailleurs
ces chances. Or elle mettra les soignants
dans des situations impossibles car ils se-
ront obligés de laisser entrer n’importe
quelleassociation,etonleurenferarepro-
che. Donc mieux vaut assumer. Dans le
contre-projet, le médecin ne décidera pas
du suicide assisté: il vérifiera si le patient
Lise Bourgeois
et Pascale Burnier Textes
Florian Cella Photos
Le 17 juin, Vaud pourrait être le
premier canton de Suisse à lé-
galiser le suicide assisté. Les
citoyens devront choisir entre
l’initiativeExit,quiimposeaux
EMS subventionnés d’accepter l’assis-
tance au suicide, et le contre-projet du
Conseil d’Etat, qui l’étend aux hôpitaux
mais avec de nombreuses conditions (lire
l’encadréen page3).Pourla premièrefois,
le conseiller d’Etat socialiste Pierre-Yves
Maillard et le Dr Jérôme Sobel ont accepté
de se livrer à un face-à-face musclé.
Ce débat n’envoie-t-il pas
un message négatif aux personnes
âgées qui se sentent souvent
inutiles?
Pierre-YvesMaillard(P.-Y. M.):Malheu-
reusement, chaque fois que l’on parle du
suicide, cela a tendance à en augmenter la
fréquence en créant un effet épidémique.
Et le risque est plus élevé chez des person-
nes qui se sentent une charge pour autrui.
C’estletortdecetteinitiativeetdelapropa-
gandequil’accompagne.Cequimefrappe,
c’estl’étenduedescertitudesdespartisans
d’Exit et de certains de ses opposants.
Comme beaucoup de Vaudois, j’ai surtout
eudesdoutes.Faut-ilounonlégiférer,par
exemple? Et puis nous sommes arrivés à
une ou deux convictions. Avec le contre-
projet, nous voulons notamment éviter la
banalisation du suicide.
Jérôme Sobel (J. S.): Chacun a sa certi-
tude qui n’est valable que pour lui. Mais
revenons au «message négatif». Je dirais
que l’immense majorité des gens ont peur
de mourir et souhaitent repousser cette
échéance. Seul un petit nombre de gens,
suffisammentfortsémotionnellement,psy-
chologiquement, spirituellement et philo-
sophiquement, sont capables de convo-
querleurpropremort.Cepetitnombredoit
pouvoir avoir accès à cette ultime liberté.
Les personnes ne meurent-elles
pas déjà dignement avec les soins
palliatifs?
J.S.: Ladignitépourunepersonneestcelle
qu’elle se souhaite. Toutes les visions sont
respectables. Pour certains, ce seront les
soinspalliatifs.J’yaitoujoursétéfavorable.
Mais cela doit rester une option, pas une
obligation.Ilyadesgensquisontauxsoins
palliatifs,quisouhaitents’enaller,maisqui
doivent quitter un établissement pour
mouriràcaused’unblocageinstitutionnel.
EnHollandeetenBelgique,c’estpossible.
Là-bas, ce sont des soins palliatifs com-
plets, alors que chez nous ils sont partiels.
P.-Y. M.: L’initiative séduit par l’illusion
qu’onpeutmaîtriserjusqu’àsamort.C’est
unfantasme.Ilpeutyavoirdesconséquen-
cestrèslourdespourceuxquientourentla
personnequichoisitlemomentdesamort.
Cela pose donc la question du rapport à
autrui. Un suicide, c’est un acte contre soi
oupoursoi.Maisonnepeutpasréduirela
question à ce pur individualisme. Je con-
teste cette façon de poser la liberté d’un
être comme la valeur absolue.
Avec le contre-projet, vous faites
primer l’intérêt de la communauté
de l’EMS sur celui de l’individu qui
souhaite mourir. N’est-ce pas à nous
de décider plutôt qu’aux soignants
et aux proches?
P.-Y. M.:Jenediraispasleschosescomme
ça. Le contre-projet est une tentative de
compromisentrelibertéindividuelleetres-
pect de la communauté qui entoure le pa-
Les «certitudes» du président d’Exit énervent P.-Y. Maillard
Suicide assisté Faut-il accepter
l’initiative Exit ou le contre-projet du
Conseil d’Etat? Débat entre les pères
des deux textes
Choc des visions
Le conseiller d’Etat reproche
au docteur le manque de précision
de son texte. L’initiant estime
que le contre-projet ouvre la porte
aux blocages.
Il y a peu de précisions
dans le texte d’Exit. Etes-vous prêt
à aller jusqu’à assister une personne
qui se dit fatiguée de la vie?
J. S.: Oui, lorsqu’une personne est
à l’hiver de sa vie, qu’elle est atteinte
de pathologies invalidantes, c’est-à-dire
un ensemble de maladies qui lui
rendent la vie de plus en plus difficile,
que sa situation va se dégrader jusqu’à
la mort, qu’elle est philosophe et
qu’elle souhaite mettre un terme à ses
jours car elle a de la peine à marcher,
qu’elle a des problèmes
d’incontinence, qu’elle est malvoyante,
que ceux qu’elle a aimés sont déjà
morts, pourquoi voulez-vous
que nous lui imposions de continuer
un purgatoire sur terre? Ne pas
l’écouter est une forme de
maltraitance.
Le contre-projet ne prévoit rien en
matière de maladies incurables…
P.-Y. M.: Bien sûr que si.
J. S.: Non, Exit parle de maladies
évolutives qui vont occasionner des
souffrances de plus en plus importan-
tes. Pas vous!
P.-Y. M.: Relisez le contre-projet! Nous
n’avons jamais dit que la maladie
devait conduire à la mort. C’était
d’ailleurs un débat, pour tout vous
dire. Mais après mûre réflexion, nous
avons admis comme critère la maladie
grave ou les suites d’un accident
entraînant des souffrances dont on sait
qu’elles ne vont pas être guéries. Donc
le contre-projet permet de faire appel
au suicide assisté dans le cas que décrit
M. Sobel. Le problème est qu’avec
l’initiative ces critères ne sont pas
vérifiés.
J. S.: Tous les cas de suicide assisté
sont annoncés à la justice. Elle vérifie
qu’il n’y ait pas de mobile égoïste. Il ne
faut donc pas mieux contrôler Exit,
mais limiter le pouvoir des médecins
d’EMS sur les gens qui choisissent cette
fin de vie. Dans le contre-projet, les
médecins et les soignants, malgré leur
gentillesse et leur bonne foi, peuvent
bloquer le suicide assisté. Lorsqu’un
médecin d’EMS demande l’avis d’un
deuxième médecin car il ne veut pas
qu’il soit dit qu’il est contre Exit et qu’il
fait appel à un confrère qui a le même
avis que lui, ça, c’est un blocage!
P.-Y. M.: Vous dites aux institutions
soignantes qui luttent contre les
conduites suicidaires toute l’année
et sont responsables de la santé des
patients: «Vous devez laisser passer
toutes les associations d’assistance
au suicide sans aucun contrôle.»
Or le Code pénal est on ne peut plus
sommaire sur cette question.
J. S.: Un arrêt du Tribunal fédéral
complète le Code pénal; il précise
des conditions et des obligations en cas
de suicide assisté. Est-ce que je devais
mettre ces seize pages dans mon
projet?
P.-Y. M.: M. Sobel, le Code pénal
et sa jurisprudence se contentent
de l’absence de mobile égoïste. A partir
de quand les 10 000 francs de Dignitas
sont un défraiement ou une activité
lucrative? A partir de quand la proxi-
mité avec quelqu’un qui fait don de
sa fortune à l’association qui l’aide à se
tuer devient un mobile égoïste?
Ces questions, déjà assez complexes,
occupent effectivement la justice.
Mais après deux ans de réflexions
sur ce thème, nous avons acquis la
conviction qu’une institution soignante
ne peut éviter d’autres vérifications.
Car cette dernière peut être attaquée
et se faire accuser par le conjoint d’une
personne qui aurait été assistée par
une association peu scrupuleuse.
Jusqu’où
faut-il aller?
C’est un pas considérable. Si l’initiative
passe, j’ai peur que cela fige les positions.
Dr Sobel, pourquoi limiter
l’assistance au suicide aux EMS,
alors que le contre-projet
l’étend aux hôpitaux?
J. S.:L’EMSestledomiciledelapersonne,
contrairement à l’hôpital. Au CHUV, il y a
une procédure d’évaluation pour les de-
mandes d’assistance au suicide, mais elle
ne fonctionne pas. Elle est appliquée
comme un processus de blocage. Alors
lorsquenousavonsunedemandedansun
hôpital,onditàlapersonne:«Vousrentrez
à domicile et on va pouvoir vous aider.»
P.-Y. M.:Alorsvouspréférezquelesméde-
cins des hôpitaux disent dans tous les cas
non?!C’estextraordinaire,M.Sobel!Pour-
tantlesvraisproblèmes,oùdesgensdéses-
pérés ont passé à l’acte par des moyens
parfois affreux, ce n’est pas en EMS que je
lesaivus,maisàl’hôpital.Çam’afaitpren-
dreconsciencequ’ilfallaitfaireprogresser
les mentalités et permettre parfois l’assis-
tance au suicide à l’hôpital.
J.S.:Moi,jevoislesblocagesquiexistent…
P.-Y. M.: (Il tape du poing.) Mais, bon sang,
dépassez votre méfiance envers les soi-
gnants! Le texte du contre-projet permet-
trait justement d’éviter des passages à
l’acte, qui ont davantage lieu à l’hôpital
qu’àl’EMS.L’hôpitaln’estpasledomicile,
doncilfautprivilégierleretouràdomicile.
Mais quand l’état de la personne est trop
dégradé,cen’estparfoispaspossible.Donc
silessoinspalliatifsontétéproposés,dans
de rares cas le suicide assisté, encadré,
comme à l’EMS, doit être possible. Et
M. Sobels’opposeàuntextequilepermet!
J. S.: Tout cela est fantastique à entendre,
M. Maillard. Mais dans la pratique, les mé-
decins vont respecter cela de la façon la
plus restrictive possible.
P.-Y. M.: Vous dites maintenant que vous
avez eu des refus?!
J. S.: Plusieurs…
P.-Y. M.: C’est quand même extraordi-
naire!Jesuischefdudépartement,autorité
detutelleduCHUV,çafaitsix ansquecette
pratique existe, et ni moi ni le directeur
général du CHUV n’avons reçu un seul
messagedeM. Sobelpoursignalerunede-
mande refusée ou un blocage…
J. S.: Pourtant, dernièrement, le CHUV a
porté plainte contre moi et contre une ac-
compagnatriced’Exitcarnousavionsparlé
entêteàtêteaveclafamilledupatientsans
la présence d’un médecin. J’ai été convo-
quéparlemédecincantonalpourmefaire
remonter les bretelles!
Mais dans les EMS en tout cas,
le suicide assisté est généralement
toléré. Pourquoi l’inscrire dans la loi?
J. S.: Car la loi doit s’appliquer partout si
une institution touche des subventions de
l’Etat. Si un EMS ne veut pas appliquer
cette loi, il a le droit. Il doit le dire claire-
ment quand un résident y entre, et il ne
doitpasbénéficierdessubsidespublics.Ce
n’est pas à la société de financer des EMS
religieux, qui sont, pour certains, les der-
niersterritoiresd’évangélisationdesgens.
J’ajoute que je trouve incroyable que des
soignants disent être peinés si une per-
sonneenEMSfaitappelàExit.Sionmeurt
après une longue agonie, ils trouvent cela
normal. Mais si on choisit sa mort pour
évitercetteagonie,lessoignantssesentent
offensés et considèrent cela comme un
échec de la prise en charge.
Les EMS qui n’acceptent pas
le suicide assisté seront-ils
sanctionnés si cette pratique
devient légale?
P.-Y. M.: SidesEMSne respectentpasune
norme issue d’un choix démocratique,
l’échellegraduéedessanctionsprévuepar
la loi sera applicable. Le contre-projet em-
pêchera certains EMS d’imposer leurs
choix spirituels à leurs patients, mais il ne
leur enlèvera pas toute responsabilité et
toute voix au chapitre. Non parce que la
mort d’un patient fait de la peine à un soi-
gnant, mais parce que si un jour Dignitas
vient dans un EMS sans avoir consulté les
proches et les soignants, avec un sac en
plastique et une bombonne d’hélium, ils
doivent savoir quoi faire. La réponse de
M. Sobel est: «Laissez faire!» Celle de tous
ceux qui soutiennent le contre-projet est:
«Ce n’est pas acceptable.»
J. S.:Dignitasagitavecdesgensdel’étran-
geretpasavecdeslocaux.Etlesmembres
suisses sont de Zurich.
L’avisdespartis
La majorité des partis vaudois
suivent les consignes de vote du Grand
Conseil. C’est donc oui au contre-pro-
jet du Conseil d’Etat et non à l’initia-
tive d’Exit, avec le contre-projet en
préférence en cas de double oui. Les
Verts et A Gauche toute! s’écartent
cependant du mot d’ordre et recom-
mandent le double oui avec préfé-
rence au contre-projet.
L’Alliance du centre, formée des
Vert’libéraux, du PDC, de Riviera libre
et de l’UDF, ne donne, en tant que
telle, aucune consigne puisque les
partis sont divisés. Ainsi, les Vert’libé-
raux, emmenés par le médecin
Jacques-André Haury, ne croient
pas dans les vertus du contre-projet
et s’engagent en faveur d’Exit,
au nom de la liberté individuelle.
Le Parti démocrate-chrétien rejette
au contraire les deux textes, les ju-
geant tous deux trop «contraignants»
dans un registre très délicat. Enfin,
l’Union démocratique fédérale, d’obé-
dience évangélique, dit également
deux fois non au motif que ces textes
constituent «un premier pas vers une
complicité dans le suicide des person-
nes âgées».
La votation de dimanche prochain
Surquoionvote
L’initiative «Assistance au suicide
en EMS» porte uniquement sur les
EMS subventionnés. Elle impose
aux établissements d’accepter l’assis-
tance au suicide si un résident en
fait la demande auprès d’une associa-
tion de type Exit ou auprès d’un méde-
cin. Elle est conforme au Code pénal
suisse et à la Constitution vaudoise.
L’initiative est rejetée par le Grand
Conseil.
Le contre-projet du Conseil d’Etat
étend la procédure aux hôpitaux.
Le suicide assisté ne peut être refusé,
pour autant que la personne soit capa-
ble de discernement et qu’elle souffre
d’une maladie ou de séquelles d’acci-
dent graves et incurables.
Ces vérifications sont faites par le
médecin responsable de l’établisse-
ment, en concertation avec l’équipe
soignante, le médecin traitant et les
proches. Il a le droit de solliciter l’avis
d’un autre pratiquant ou d’une com-
mission d’évaluation interne. Le texte
précise aussi que les soignants, à titre
professionnel, ne doivent pas assister
à la prise de la potion létale. Ce contre-
projet a l’aval du Grand Conseil vau-
dois.
Votation
cantonale
«Jen’aipasconfiance
dans les médecins
en place. Ilsvontutiliser
cecontre-projet
commeun instrument
de blocage!»
Jérôme Sobel, président d’Exit
«L’initiativemettra les
soignants dansdes
situationsimpossibles»
Pierre-Yves Maillard, chef de la Santé
publique vaudoise