
mort. «On le préfère à un cocktail de médicaments dont les effets
pourraient être aléatoires et se neutraliser entre eux», précise
Jérôme Sobel. Comment agit-il sur l’organisme? C’est un dépresseur
du système nerveux central. Il a la capacité de réduire les activités
automatiques des systèmes cardio-vasculaires et respiratoires. A
faible dose, il abaisse la vigilance et rend somnolent. A une dose plus
importante, il provoque un sommeil profond, puis le coma. Lorsque la
dose est très élevée, la personne cesse de respirer, puis son cœur
s’arrête.
Concrètement, la personne résolue à mourir ne doit rien avaler
durant les six heures qui précèdent la prise du pentobarbital et
prendre un antivomitif. La présence d’un accompagnateur bénévole,
qui ne quittera les lieux qu’après la levée du corps, est
incontournable. «Comme pour une anesthésie, il faut être très
rigoureux. On n’a pas le droit à l’échec. D’ailleurs, aucun ratage n’a
été déploré jusqu’ici», assure le docteur Sobel. Le moment venu, la
personne boit le poison, pour autant que son état physique le lui
permette. Si elle ne peut pas avaler, en raison d’une maladie
neurologique par exemple, elle s’injecte elle-même le produit dans une
sonde gastrique ou une perfusion intraveineuse. C’est en effet
toujours à elle d’accomplir le geste fatal pour que le suicide assisté
soit légalement valable. «La personne s’endort tranquillement, sans
souffrir, dans les cinq minutes, reprend Jérôme Sobel. La mort
causée par un arrêt cardio-respiratoire survient généralement dans
les vingt minutes.»
Pour répondre à la détermination dont font preuve les candidats au
suicide assisté, la mort se doit d’être certaine. Les conditions fixées
par Exit sont strictes et les précautions prises très grandes. La dose
contenue dans la potion est cinq fois mortelle; même si l’intéressé
n’en boit que la moitié, il lui serait très difficile d’en réchapper.
«Fruit d’un long parcours, une telle décision sonne souvent comme une
délivrance», poursuit-il.
Pour autant, «on n’est pas au pays des Bisounours, relève le Dr Serge
Félix, médecin-chef adjoint au Centre de Traitements et de
Réadaptation de l’Hôpital Riviera Chablais et référent médical en