Apple : la n
d’un temps
Il n’y a pas de révolution iPhone 6
ou Apple Watch. Il y a la fin d’une époque
qui s’étire. Le smartphone se décline
dans des formats variés, de la montre
à la phablette. Il peut même utiliser
la surface de la main comme écran, ou
la paume comme clavier. Bref, il se décline.
Il peut être lunette ou bague, vêtement
ou stylo. Le smartphone se caractérise
par ses fonctions actuelles : c’est un
récepteur et distributeur d’informations.
À partir de données objectives pouvant
aller jusqu’à des données de santé,
le big data permet la déclinaison
vers une information personnalisée.
La prochaine révolution
est la « moodtech ». Mood désigne
l’humeur d’une personne. On n’est plus
dans l’objectif, on est dans le ressenti.
La « moodtech » apportera la meilleure
compréhension de soi. Dans l’immédiat
ce sont des données objectives
interprétées qui dévoilent l’humeur.
Ces données sont dans la construction
de son visage, sa perception du moment,
la voix, le regard, l’écriture, le rythme
cardiaque, la température de la peau
et bien d’autres données musculaires,
de mouvements, de gestes, de respiration.
Bref, des données objectives
interprétatives comme le font
les morphopsychologues, par exemple.
Ces informations recueillies deviennent
une banque de données personnelles et
personnalisées qui contribuent à mieux
se connaître. La « moodtech » fournit
les interprétations courantes comme
les interprétations plus pointues
en fonction des attentes et demandes :
rencontre, visite, sport, repos, etc.
Le smartphone va devenir un…
« moodphone », un « coachphone ». Bien
sûr, il ne remplacera pas son compagnon,
son maître, son… coach, dont le propos
sera plus affiné et sans aucun doute plus
pertinent. Mais ce compagnon, maître
ou coach, n’est pas toujours présent.
Le « coachphone », si.
Les fabricants de mobiles tournent autour
du projet, les concepteurs d’applications
aussi. Ils n’en sont pas loin.
Les smartphones à six caméras sont
prêts. Les capteurs de mouvement aussi.
Les analyseurs de voix sont sur le bon
chemin. La « moodtech » avance en ordre
dispersé. Il suffit qu’elle s’organise. Or,
lorsque l’on voit l’importance du marché
de la « connaissance de soi », voire en
aboutissement celui de l’« estime de soi »,
on imagine aisément l’attente autour de la
« moodtech ». C’est d’Apple que l’attente
pouvait être la plus naturelle. Comme
dans de nombreux marchés, c’est un
nouvel acteur qui surprend les anciens.
Pourquoi pas un fabricant de robot
humanoïde ? Un fabricant de
« moodbot » ?… Je repars en plongée.
Rendez-vous la semaine prochaine… pour
démontrer l’inverse.
SIGNAUX FAIBLE S
L’ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux
faibles, Éditions Kawa, 2013.
PAR PHILIPPE
CAHEN
PROSPECTIVISTE
@SignauxFaibles
DR
ÉDITORIAL
Éloge de la « phobie
administrative »
M
ars 2015. Dans
une France blo-
quée par les
grèves, Fran-
çois Hollande,
confronté à
une impasse
politique avec les frondeurs de son ex-
majorité, décide de dissoudre l’Assem-
blée nationale, et à l’issue de législatives
marquées par la poussée des extrêmes,
confie à un Premier ministre issu de la
droite la conduite d’un gouvernement
d’union nationale… Tel est l’argument de
la fiction politique que nous vous propo-
sons, dans ce dossier du numéro 100 de
La Tribune Hebdo consacré aux blocages
français.
Fiction ? Oui bien sûr, puisque même
fragile et réduite, la majorité relative qui
a accordé mardi sa confiance à Manuel
Valls ne l’empêchera pas, s’il le souhaite,
d’avancer. Après tout, de 1988 à 1991,
Michel Rocard a pu mener quelques
réformes décisives malgré une majorité
relative au Parlement : création de la
CSG et du RMI, baisse de l’impôt sur
les sociétés, négociation du traité de
Maastricht…
La vraie fiction, finalement, serait
d’imaginer un François Hollande qui
aurait réussi ! Réussi à inverser la courbe
du chômage, à ranimer la croissance, à
faire retrouver à la France son AAA… Le
chemin est encore long.
Malade, la France de 2014 ? Le diagnostic
ne fait aucun doute et le mal est d’abord
et avant tout dans les esprits. Jamais le
pays n’a semblé aussi divisé, fracturé
entre des intérêts particuliers sur la
défensive, au point de faire oublier le
sens du collectif et de l’intérêt général.
« Le problème de la France, c’est d’abord
elle-même ». Sur Europe 1 mercredi
17septembre, le nouveau jeune premier
de Bercy, Emmanuel Macron, a nommé
la maladie. En évoquant, maladroite-
ment, les « illettrées » du groupe GAD ne
pouvant passer leur permis, il a aussi mis
l’accent sur une réalité, la mauvaise santé
de notre système scolaire.
Il faut donc agir et avancer. Mais,
jusqu’où le gouvernement Valls II vou-
dra-t-il et pourra-t-il aller ? La France de
2014 verra sa dette dépasser les 2000mil-
liards d’euros et les 100 % du PIB. Cela
a-t-il permis de vaincre le chômage de
masse ou de rendre les gens plus heu-
reux ? Le refus de regarder la réalité en
face a fait surtout perdre du temps.
Pour autant, les conditions politiques ne
semblent pas réunies pour voir François
Hollande engager un «Grand Soir» à la
Schröder. Une lueur d’espoir vient du
changement, tardif, de logiciel en
Europe, où la croissance semble enfin
redevenir une priorité. Avec un euro
moins fort, une Europe qui réinvestit et
une Allemagne un peu moins rigoureuse,
il sera sans doute plus facile pour la
France de mener des réformes, sous
réserve que cela ne serve pas d’excuse à
ne plus rien faire pour réduire une
dépense publique record.
À condition d’éviter le piège de la rue,
et d’ouvrir une vraie négociation entre
des syndicats et un patronat prêts à
jouer le jeu, il y a donc un espace pour
avancer dans la libération des énergies.
Le scénario du choc salutaire étant poli-
tiquement risqué, place à la réforme en
pente douce. Ce qu’il faut, selon
Macron, c’est « faire une série de petites
réformes, de petits déblocages », pour sti-
muler la croissance. Le nouveau
ministre a visiblement vite compris qu’il
ne servait à rien d’agiter des totems,
telles les 35 heures. Il veut mener à son
terme la loi sur la croissance, qui devrait
arriver au Parlement début 2015, avec au
menu le déverrouillage du travail du
dimanche, des seuils sociaux et des pro-
fessions réglementées. Même s’il est illu-
soire d’attendre un choc de la baisse des
tarifs des notaires, constater que ceux-ci
n’ont pas varié depuis 1978 en dit long
sur l’immobilisme français. Emmanuel
Macron était alors âgé de 1an…
Les réformes les plus utiles sont rare-
ment celles qui font le plus de bruit
médiatique. Parmi celles-ci, la plus
importante, celle qui pourrait vraiment
changer les choses, porte un nom : sim-
plifier. Simplifier pour alléger les
contraintes qui pèsent sur les entre-
prises et leur font passer plus de temps
à des tâches administratives qu’à se
développer et à conquérir de nouveaux
marchés. Un éphémère ministre a cru
bon de plaider la « phobie administra-
tive » pour justifier le non-paiement de
ses impôts. Il ne faudrait pas, pour le
bien du pays, que cette maladie-là
devienne contagieuse ! ■
PLUS D’INFORMATIONS SUR LATRIBUNE.FR
UN NOUVEAU QUOTIDIEN NUMÉRIQUE
Les racines de la crise financière
de 2008, puis de la crise économique
qui a suivi, sont profondes et l’on sent
bien qu’elles peuvent résister
longtemps aux vieilles recettes et aux
ajustements à la marge. Pour en venir
à bout et entrer dans une nouvelle
époque, il faudra prendre le risque
de l’innovation économique, mais
aussi politique et sociale. Notre
conviction, à La Tribune, est
qu’il y a peu à attendre des lieux
de pouvoir traditionnels, aujourd’hui
souvent coupés des réalités.
Les solutions d’avenir prendront
leur source dans les territoires,
dans les métropoles, là où se fait
l’économie réelle, là où les acteurs
publics, entreprises et citoyens savent
travailler ensemble à de nouveaux
modèles. La Tribune veut croire
à cette renaissance économique.
Elle veut être le média
qui accompagne ce mouvement,
en France comme à l’étranger.
C’est pourquoi chaque jour à 19 h 00,
à partir de mardi 23 septembre,
La Tribune proposera à ses abonnés
une nouvelle formule de son quotidien
numérique, « le premier quotidien
économique des métropoles »,
accessible sur mobile et sur tous
les écrans. Sa présentation vous
permettra un accès plus direct
et plus facile, tant à l’essentiel
de l’actualité économique nationale
et internationale de la journée,
qu’aux quatre thèmes éditoriaux que
nos abonnés privilégient : l’innovation ;
le numérique ; le développement
des métropoles ; et bien sûr les idées
nouvelles de l’économie, qui font
l’ADN de La Tribune depuis bientôt
trente ans.
Pour être à l’heure au rendez-vous
de mardi prochain 19 h 00,
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JEAN-CHRISTOPHE
TORTORA
DIRECTEUR
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PAR
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TENDANCES
LA TRIBUNE - VENDREDI 19 SEPTEMBRE 2014 - NO 100 - WWW.LATRIBUNE.FR
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