TEXTES CONTEMPORAINS SUR LE KRACH DE WALL STREET DE 1929
1 - Paul Reynaud, ministre français des finances, parle du risque de crise avant le jeudi noir.
Le Temps : " Que pensez-vous de la situation économique et financière des Etats-Unis ? Certains estiment que […]
l'ascension continue des cours à Wall Street ne pourr[a] point longtemps se continuer et qu'une crise brutale, un
jour prochain, éclatera ?
Paul Reynaud : Il ne pourra s'agir d'une crise violente. Des trusts ont été formés qui détiennent une grande partie
des actions des sociétés qu'ils considèrent comme les meilleures. Ces trusts auront une action régulatrice.
J'estime toutefois qu'une crise pointe aux Etats-Unis. Des sources de richesse sont taries. Les agriculteurs se
plaignent ; la situation du textile est difficile. Il y a surproduction d'automobiles ; les stocks s'accroissent faute de
débouchés, et un ralentissement dans la production automobile atteindra directement les industries
métallurgiques, industries de base. En outre, la hausse continuelle des titres a développé le goût de la
spéculation : des Américains ont emprunté de l'argent à 9 % pour acheter des titres ne rapportant que 2 % mais
qu'ils espéraient revendre à bénéfice. Des reculs comme ceux qui se sont produits ces jours derniers à Wall Street
ne sauraient être négligés ; ils sont comme des signes avertisseurs.
Interview de Paul Reynaud, ministre français, au Journal le Temps, 15 octobre 1929
2– Le New-York Times, du 1er octobre 1929, rapporte l’opinion des financiers sur le risque de crise
Trois positions différentes semblent être adoptées vis-à-vis de l'avenir financier. Selon la première, nous
avons maintenant découvert sans aucun doute l'existence d'une nouvelle ère financière et industrielle,
les règles anciennes sont totalement abrogées et l'expérience passée n'a à offrir aucune leçon digne
de considération. Selon la seconde, la tendance récente des affaires dans l'industrie et sur les marchés
spéculatifs ne peut durer; le renversement quand il se produira, pourrait être sévère et d'une violence
comparable à celle du mouvement ascendant interrompu, mais personne ne peut fixer le moment et les
conditions de ce changement. Selon la troisième position, celle qu'adopte probablement la majorité des
membres de la communauté financière. les jugements raisonnés ont été si souvent démentis ces trois
dernières années qu'il vaut mieux cesser d'en émettre dans l'immédiat et que, quelles que soient les
convictions profondes qu'on partage il est préférable de suivre le courant, tout en scrutant
minutieusement l'horizon lointain. .
Lisez les deux textes et répondez aux questions suivantes
- Paul Reynaud et les financiers dont parle le journal ont-il conscience qu’une crise boursière est possible ?
- Sont-ils inquiets des conséquences d’un Krach boursier ? (faites des citations)
3 – Le déroulement de la crise d’après un économiste contemporain
Le lundi 21 octobre 1929, les liquidations se précipitent. Plus de six millions de titres sont traités; les
cours baissent encore. […] divers grands banquiers font des déclarations rassurantes proclament la
baisse injustifiée. Le 22 octobre, ces déclarations agissent; la panique paraît enrayée; on enregistre une
reprise des
cours. Mais le 23, on fléchit de nouveau. Plus de six millions de titres sont vendus. Le 24 est le « Jeudi
Noir » Près de treize millions de titres sont jetés sur le marché. L'intervention des banques est
impuissante à enrayer les ventes. L'appareil qui à New York, transmet immédiatement les cours à toutes
les banques – le « ticker. » - est en retard de quatre heures. Devant chaque ticker des rassemblements
suivent l'effondrement.
Les banques cependant, annoncent la constitution d'un pool au capital de un milliard de dollars pour
soutenir les cours. Le vendredi et le samedi la confiance de nouveau paraît renaître; les ventes se
calment les cours reprennent. Mais dès le lundi les offres affluent de nouveau. On traite plus de neuf
millions de titres et certains écarts en baisse sont considérables. Le mardi enfin, tous les records sont
battus; plus de seize millions de titres sont jetés sur le marché et d'énormes baisses sont enregistrées.
L. Pommery « Aperçu d’histoire économique contemporaine 1890-1945 », Paris 1946
4 – Churchill analyse la crise de 1929 dans ses souvenirs (il était présent aux Etats-Unis à cette date)
Les cycles économiques, tels que nous les avons connus, sont finis et bien finis », déclarait en
septembre le président de la Bourse de New York. Mais en octobre, une violente tempête s'abattit
brusquement sur Wall Street. [...]
Toute la richesse que représentaient les valeurs fiduciaires accumulées au cours des années
précédentes s'évanouit. La prospérité de millions de foyers américains s'était édifiée sur la base
gigantesque d'un crédit gonflé qui se révélait tout à coup illusoire. l'habitude de spéculer sur les titres
s'était étendue à la nation tout entière, et avait é favorisée par les banques en renom grâce à une
multiplication des prêts; il s'était développé, en outre, un vaste système d'achat à tempérament de
maisons, de mobilier, de voitures et d'innombrables autres articles d'usage courant et de confort
domestique. Tout cela s'écroula d'un coup. La formidable machine de production des États-Unis se
trouva désorganisée et paralysée. [...]
Les moyens d'échange des marchandises ou des services entre les individus furent réduits à néant et
la débâcle de Wall Street frappa par contrecoup les foyers les plus modestes comme les plus opulents.
Winston Churchill, Mémoires, L’apogée de la paix, 1948.
5 – Paul Reynaud analyse la crise dans un livre de souvenirs en 1947
Quelques jours après, c'est le 24 octobre 1929, le Black Friday (vendredi noir) de la Bourse de New York d'où les
brokers sortaient avec des vêtements déchirés et des faux cols arrachés. Les cours s'étaient effondrés.
Ce fut le coup de gong qui annonça aux nations l'ouverture de la crise mondiale, l'un des plus grands événements
de l'histoire du monde par les conséquences que nous allons lui voir produire.
On assista alors à une baisse profonde des prix, surtout des prix agricoles. Des baisses des prix, on en avait déjà
vu, avant la guerre de 1914, à intervalles réguliers dans chaque pays. C'étaient des baisses de 15 % en moyenne.
Les affaires malsaines sombraient, puis l'économie du pays assainie repartait allègrement. C'étaient les « crises
cycliques ».
La crise mondiale, ce fut une tout autre affaire. […]
La crise atteignit le monde entier. L'ouvrier métallurgiste américain de Pittsburg, le planteur de café brésilien,
l'artisan de Paris et le banquier de Londres, tous furent frappés.
Paul Reynaud. La France a sauvé l'Europe, 1947
Répondez aux questions suivantes
- Texte 3, décrivez la crise boursière, donnez un titre à ce texte.
- Texte 4 : Comment Churchill explique-t-il la chute de la bourse (faites une citation)
- Texte 5 : Comment Reynaud explique le caractère exceptionnel de la crise qui naît en 1929 ?
- Textes 1 et 5 : Paul Reynaud a-t-il le même avis sur la crise dans le texte 1 et le texte 5 ? Expliquez
les différences et les nuances.
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !