Rencontre avec... J e n’ai jamais pensé faire autre chose que de la recherche sauf peut être médecine» nous explique Claude Agnès Reynaud, pourtant issue d’une famille très littéraire. Faire de la biologie “moderne” La recherche autrement Elle souhaite cependant effectuer ses recherches de façon différente, dans un système plus libre, moins directif. Elle s’associe alors à Jean-Claude Weill pour monter une petite équipe de recherche. “C’était les débuts de la biologie moléculaire de l’immunologie, nous travaillions sur le réarrangement des gènes des anticorps, leurs mécanismes d’adaptation” précise CA Reynaud. Au sein de l’Institut Jacques Monod pendant 6 ans puis 4 autres années à Bâle, CA Reynaud et JC Weill vont étudier les mécanismes de plasticité du génome à l’origine de l’adaptabilité du système immunitaire chez le poulet puis le mouton. “Ces modèles, différents de la souris et de l’homme, nous ont permis de découvrir de nouveaux mécanismes moléculaires et de montrer la diversité des choix possibles au cours de l’évolution” continue-t-elle. Aujourd’hui l’équipe de CA Reynaud et JC Weill comporte une vingtaine de personnes. “Nous travaillons sur la mémoire immunitaire et la diversité des cellules B et essayons d’en décrypter les mécanismes chez l’homme et la souris” explique CA Reynaud. “C’est une question très fondamentale mais elle a un impact en cancérologie, en clinique, notamment depuis le développement des anticorps monoclonaux thérapeutiques et dans le champ des maladies auto-immunes”. Ainsi, l’Unité est labellisée par La Ligue et fait partie d’un réseau Inca sur les lymphomes. “Nous ne changeons pas notre démarche de recherche fondamentale” souligne la chercheuse “mais nous essayons de nous ouvrir afin que nos travaux profitent à la clinique”. Prendre le temps et du recul «Un chercheur doit prendre des risques mais pour cela, ce devrait être normal de se tromper souvent!» poursuit CA Reynaud. «Il est important également de garder une vision historique de la science, tous les concepts peuvent être remis en cause quand la technologie évolue, il est nécessaire de revenir à l’observation initiale et de se demander ce qui est solide et ce qui ne l’est pas.» ajoute-t-elle. Avril 2011 Marquée par le Prix Nobel de Jacob et Monod, elle se passionne très jeune pour la biologie mais la «biologie moderne» précise-t-elle. Fuyant les sciences naturelles traditionnelles, elle suit les conseils de sa professeure de physique, Mme Cohen-Tannoudji, épouse du Prix Nobel de physique du même nom, et intègre un cursus de sciences physiques à l’Ecole Normale avant d’étudier la biologie moléculaire et la biochimie à l’Université. «J’ai ensuite réalisé une thèse au sein de l’Institut Jacques Monod. Je travaillais sur la formation des ARN messagers précurseurs» poursuit-elle. Claude-Agnès Reynaud Claude-Agnès Reynaud Claude-Agnès Reynaud dirige l’Unité Inserm 783 «Développement du système immunitaire » à la Faculté de Médecine du site Necker Enfants Malades. Bien que nostalgique de cette époque où les chercheurs pouvaient prendre un peu de temps, Claude-Agnès Reynaud reste passionnée par ses recherches, consciente de «l’existence extraordinaire» que lui offre son métier. A l’initiative de JL Teillaud, CA Reynaud participe à l’organisation d’un colloque international franco-israélien sur les lymphocytes B et les anticorps monoclonaux à usage thérapeutique. Il se tiendra à Jérusalem du 23 au 25 octobre 2011. L’objectif de cette conférence est de permettre la rencontre entre scientifiques, cliniciens et industriels actifs dans le champ de la recherche sur les anticorps et leur utilisation thérapeutique. Aspects fondamentaux et sujets plus technologiques et cliniques seront abordés au cours de chaque session lors de ces 3 journées. V. Arnaud - Service communication Inserm DR Paris 5 Zoom sur... Faire se rencontrer scientifiques et industriels