CLES ILONA. ROSETTA. SUE. SEBASTIAN NÜBLING KVS, NO99 TALLINN & MÜNCHNER KAMMERSPIELE de Aki Kaurismäki, Luc & Jean-Pierre Dardenne & Amos Kollek avec Rasmus Kaljujärv, Sylvana Krappatsch, Starlette Mathata, Mirtel Pohla, Jochen Noch, Wiebke Puls, Gert Raudsep, Steven Sharf & Marika Vaarik mise en scène Sebastian Nübling scénographie & costumes Ene-Liis Semper musique Lars Wittershagen lumière Stephan Mariani dramaturgie Eero Epner & Julia Lochte production KVS, NO99 Tallinn & Münchner Kammerspiele ""ILONA. ROSETTA. SUE EST TOUT PROCHE DES GENS ET LES ENVELOPPE, COMME POUR LES CONSOLER, D’UNE LUMIERE AMICALE." DIE WELT "DE BRILLANTES PRESTATIONS D’ACTEURS DE L’ENSEMBLE DES MÜNCHNER KAMMERSPIELE ET DES ACTEURS DE TALLINN ET DE BRUXELLES, QUI INCARNENT DE FAÇON HYPERREALISTE LA LUTTE PHYSIQUE ET PSYCHIQUE POUR LA SURVIE DES PERSONNAGES." DONAUKURIER "CE QUI SAUTE LE PLUS AUX YEUX DANS CE SPECTACLE, C’EST LA COLLABORATION ENTRE DES ACTEURS DE DIFFERENTES LANGUES MATERNELLES. (…) LES ACTEURS SONT TOUS BRILLANTS, LE JEU PHYSIQUE DES CINQ MEMBRES DU NO99 D’ESTONIE EST EPOUSTOUFLANT." ABENDZEITUNG "NÜBLING TISSA AVEC MAESTRIA LES TROIS HISTOIRES EN UNE TRAGEDIE MELANCOLIQUE, HUMAINE." DIE WELT KOMPAKT 1. TITRE / CONTENU EN BREF Au centre de cette création: les 3 femmes du titre, qui tentent de rester debout en temps de crise – et qui n’y réussissent pas toutes. Elles sont inspirées des personnages principaux des films Au loin s’en vont les nuages de Kaurismaki, Sue d’Amos Kollek et Rosetta des frères Dardenne. Les thèmes clairement mis en avant dans ce spectacle sont la fragilité de l’être humain, l’isolement social et comment ne pas perdre pied pendant la crise économique en Europe aujourd’hui. Des combattantes victorieuses, mais aussi des vaincues qui se laissent dériver. Ce genre d’histoires n’est pas souvent raconté: il n’est pas évident de trouver une forme pour le faire. 2. A PROPOS DU METTEUR EN SCENE Sebastian Nübling est un nom qui ne vous dit peut-être pas grand-chose, du moins pas encore… car vous pourriez regretter amèrement d’avoir manqué ce spectacle. Nous avons carrément succombé en assistant à l’inoubliable Three Kingdoms, mélange passionnant d’une narration contemporaine pertinente et d’un jeu d’acteurs très physique. Le résultat est Ilona. Rosetta. Sue., une première collaboration du KVS avec ce metteur en scène allemand. Forme / genre de théâtre: Sebastian Nübling est d’une part un metteur en scène allemand ‘d’excellente qualité’ au répertoire très puissant, tant par la forme que par le contenu: des images très stylées avec une mise en scène des acteurs très intense… et un petit côté ‘brut de décoffrage’. Mais c’est également quelqu’un qui crée des projets artistiques très originaux. Des projets avec une grande implication sociale, qui dépassent les frontières par leur caractère international prononcé. Il a également travaillé avec des jeunes qui n’ont pas suivi de formation classique. Il ne travaille pas seulement avec le langage et le texte : il fait parler ses acteurs, au sens figuré. Ilona.Rosetta.Sue est une nouvelle création physique et intense, où le mouvement, la danse et le son occupent une place éminente. (Dans la scène d’ouverture, par exemple, on voit apparaître tous les acteurs qui vont s’installer à une longue table. Chacun se met à râper une carotte, ce qui produit un son très puissant et une image impressionnante.) Biographie Nübling: Sebastian Nübling (1960), diplômé en sciences de la culture, vient du théâtre de ville allemand. En 2002, le jury de la revue internationale spécialisée "Theater heute" l’a élu jeune metteur en scène de l’année. La même année, son John Gabriel Borkman de Henrik Ibsen était monté au Berliner Theatertreffen. En 2004, sa production Wilde oder der Mann mit den traurigen augen de Handl Klaus montait sur les planches du Staatstheater de Hanovre. Son palmarès contient aussi: Dark Dunkel lockende welt de Händl Klaus (Münchner Kammerspiele, 2006 ), Dido und Aeneas (Theater Basel, 2007), Pornographie de Simon Stephens (Deutsches Schauspielhaus Hamburg , 2008). Son drame hooligan Furioso au Staatstheater Stuttgart a reçu le premier Prix lors du Hamburger Festival 'Politik im Theater'. En 2006, Sebastian Nübling a fait ses débuts dans l’opéra avec la mise en scène de Carmen de Bizetin à Stuttgart. Aux Münchner Kammerspielen, il a également mis en scène Hass d’après le film de Mathieu Kassovitz (2008) et la première de Furcht und zittern de Händl Klaus (2008). Après Three Kingdoms, toujours en compagnie de la designer Muriel Gerstner et du musicien Lars Wittershagen, il poursuit sa collaboration avec Simon Stephens, avec qui il a déjà monté Reiher (2004), Pornographie (2008), Ubu (2010) et Punk Rock (2010). Toujours aux Münchner Kammerspielen, Nübling a également mis en scène Endstation Sehnsucht de Tennessee Williams, Alpsegen de Feridun Zaimoglu et Günter Senkel. 3. COLLABORATION KVS, MUNCHNER KAMMERSPIELE ET THEATER NO99 TALLINN NO99 Tallinn et les Münchner Kammerspiele font partie des compagnies qui marquent de leur sceau les créations du KVS de cette saison. Le KVS > Le KVS & Bruxelles Bruxelles inspire et provoque le KVS. Nos projets et collaborations artistiques et la capitale et sa complexité sociale sont étroitement imbriqués. Les évolutions globales mettent constamment sous pression la métropole qu’est Bruxelles et suscitent des opportunités et des problèmes divers. Le KVS veut inclure cette réalité dans ses activités. Ajoutons que la réalité bruxelloise nous donne la chance, en tant que théâtre de ville, de travailler avec des artistes qui parlent d’autres langues et avec leurs milieux culturels, auxquels le KVS ouvre ses portes. Finalement, des lignes directes partent aussi de Bruxelles et la relient au Congo, et à la Palestine. Travailler localement à Bruxelles signifie désormais intégrer de plus en plus une dimension très internationale. Le KVS est étroitement lié à Bruxelles, via ses collaborations structurelles avec des compagnies et des formations, des théâtres et des festivals bruxellois, comme le Théâtre National, le Théâtre Les Tanneurs, le KunstenFestivaldesArts, Ultima Vez, le Rits, etc. >Le KVS & l’Europe En tant que théâtre de ville de LA capitale européenne, le KVS s’engage à participer à la réflexion sur le sens qu’a l’Europe pour nous et il veut le raconter aux autres publics d’Europe. (Ilona.Rosetta.Sue est une histoire d’une actualité clairement brûlante dans la crise européenne actuelle et le KVS rêve de la voir jouée à Athène par exemple.) L’action internationale part donc d’une base très locale, dans le prolongement de ce que le KVS fait à Bruxelles. >Le KVS & le Congo Depuis 2005, le KVS se rend régulièrement au Congo, et Kinshasa est aussi très présente au KVS. Cette motivation, nous la puisons une fois de plus dans Bruxelles même: de par son passé et son présent, Bruxelles est aujourd’hui aussi en partie une ville africaine. Comme les arts contemporains de la scène ne sont plus une question purement occidentale, le KVS s’investit dans un soutien durable à des institutions culturelles et à des artistes congolais. Nous avons différentes manières de le faire: * en programmant l’œuvre d’artistes congolais à Bruxelles souvent pour la première fois * en facilitant des rencontres entre des partenaires belges, internationaux et congolais * en organisant des ateliers de danse, de théâtre et d’écriture à Kinshasa * en soutenant et en organisant des collaborations collectives entre des artistes belges et des artistes congolais, comme le spectacle À l’attente du livre d’or (2010) * en coproduisant l’œuvre d’artistes congolais. Depuis 2005, le KVS est étroitement impliqué, entre autres, dans le travail du chorégraphe congolais Faustin Linyekula et de sa compagnie de danse Studios Kabako. Depuis 2009, le KVS est la force motrice derrière Connexion Kin, le festival des arts international et pluridisciplinaire à Kinshasa. Avec l’aide de la Région bruxelloise et de partenaires internationaux comme l’Institut Français, la Bundeskulturstiftung et la fondation Prince Claus, des artistes du Congo, d’autres pays d’Afrique et du monde se réunissent chaque année pour enfin offrir à des milliers de Kinois ce qu’ils méritent dans leur métropole globalisée: des œuvres pour la scène de la plus grande qualité et une place dans le circuit international. Connexion Kin fonctionne comme un moteur pour le secteur culturel à Kinshasa et dans la région, et pour les artistes, il s’avère souvent un tremplin vers les scènes internationales. Avec 11.11.11 et TAZ, et avec le soutien de VAIS, le KVS se charge depuis 2012 du volet Bato Congo au festival Theater aan Zee à Ostende. Bato Congo offre une scène européenne à des photographes, musiciens, artistes de théâtre et auteurs congolais et donne l’occasion aux publics européens de découvrir leurs œuvres. Dans la foulée, le festival veut mettre en exergue l’art et la culture en tant que forces motrices dans le développement d’une région. Les Münchner Kammerspiele http://www.muenchner-kammerspiele.de/programm/ilona-rosetta-sue/ Les Münchner Kammerspiele figure parmi les plus éminents théâtres de ville germanophones. Ce théâtre est caractérisé par un ensemble fort, qui recherche et explore la confrontation avec le présent. Les Münchner Kammerspiele se décrit comme un théâtre de ville européen cosmopolite et contemporain, novateur sur le plan de l’esthétique et très impliqué socialement. Depuis 2010, Johan Simons y occupe le poste de directeur de la mise en scène. En 2013, les critiques de la revue internationale de théâtre "Theater heute" ont élu les Münchner Kammerspiele théâtre de l’année. De 2005 à 2010, Johan Simons était directeur artistique de NTGent. Il a développé cette compagnie et en a fait un ensemble flamand-néerlandais avec lequel il a créé de nombreux spectacles dont De asielzoeker, Platform, Vergeten straat, Kasimir en Karoline, Ik val… val in mijn armen, Instinct, Tien geboden, La grande bouffe, Gif, Brief aan mijn rechter… Depuis septembre 2010, Johan Simons est l’intendant en charge de la mise en scène des Münchner Kammerspiele. Il y a monté des pièces de Elfriede Jelinek, Shakespeare, Tsjechov, Lot Vekemans, Joseph Roth et Sarah Kane. En territoire germanophone, ses œuvres ont été montées sur des scènes majeures comme la Schauspielhaus Stuttgart, la Schauspielhaus Zürich, la RuhrTriënnale, les Münchner Kammerspiele, les Wiener Festwochen, la Volksbühne et le Hebbeltheater Berlin. Il a été invité au Berliner Theatertreffen avec des spectacles comme Anatomie Titus, Elementarteilchen et Kasimir und Karoline. Johan Simons est également metteur en scène pour l’opéra. Il a déjà signé des mises en scène à l’Opéra Bastille (Paris), à l’Opéra néerlandais et aux Salzburger Festspiele. En septembre 2009, l’Université de Gand lui a décerné un doctorat honoris causa, preuve de son estime pour la vision innovante, le rayonnement international et l’engagement social de Simons. Son œuvre a également reçu de nombreux prix (inter)nationaux de théâtre. En 2015, Johan Simons redeviendra le directeur artistique de NTGent. Theater NO99 Tallinn http://www.no99.ee/eng/lavastused.php?nid=81 Theater NO99 Tallinn a été fondé en 2004, il a produit sa première pièce en 2005. Il se constitue d’un noyau dur de sept acteurs qui jouent chaque saison 3 à 4 nouvelles productions. Tiit Ojasoo et Ene-Liis Semper et la compagnie travaillent souvent ensemble lors de la création des pièces. Le jeu prend forme par l’improvisation de scènes et de textes (les idées des metteurs en scène servent de points de référence). Ce genre de pièces (ou ce mode de travail) a un rôle de premier plan dans le répertoire de NO99. Theater NO99 a connu nombre de succès internationaux avec ses différentes productions : il a participé à une trentaine de festivals de renom, dont les Wiener Festwochen, Cut & Paste 2 (HAU, Berlin), Baltic House (St. Pétersbourg), Politik im Freien Theater (Cologne), auawirleben (Bern), KONTAKT (Torun, Pologne), Teatterikesä Tampere (festival de théâtre de Tampere), etc. Ensemble, les metteurs en scène Tiit Ojasoo et Ene-Liis Semper ont réalisé 20 productions. Ils sont les fondateurs, directeurs artistiques et les seuls metteurs en scène maison de NO99. Ils ont remporté de nombreux prix dont ceux du meilleur metteur en scène d’Estonie, de la meilleure production pour la scène et du meilleur designer de décor. 4. PLURILINGUISME En général, on ne joue qu’en allemand dans les théâtres allemands. Ilona.Rosetta.Sue est un mélange d’allemand, d’anglais et d’estonien (surtitré en néerlandais et en français). Dans cette collaboration avec Theater NO99 Tallinn, Nübling choisit résolument d’aller contre ce courant (il l’a d’abord fait dans Three Kingdoms et maintenant dans Ilona.Rosetta.Sue). Une convergence supplémentaire avec le KVS. Au KVS, qui se profile comme le théâtre de ville bruxellois (et veut être présent pour tous les Bruxellois), le plurilinguisme et le surtitrage se sont imposés comme des évidences ces dernières années. Cela implique, tout naturellement, l’amorce d’un dialogue avec la ville et sa diversité de cadres de référence, et la remise en question du répertoire propre. En annexe, un rapport sur le débat sur le répertoire qui a eu lieu au KVS en 2013 donne une image plus claire de ce contexte. Mais ce plurilinguisme est tout sauf un obstacle. On l’a déjà souligné, le style de jeu dans les pièces de Nübling est très physique. Comment peut-on exprimer une histoire autrement que par le texte et par la langue ? 5. SOURCE: CONTEXTE DES HISTOIRES DES 3 FILMS Kauas pilvet karkaavat (Au loin s’en vont les nuages) Kauas pilvet karkaavat (Au loin s’en vont les nuages) est un film finlandais d’Aki Kaurismäki de 1996. C’est le premier volet de la Trilogie des perdants, intitulée ainsi parce qu’elle parle de la précarité d’ouvriers finlandais typiques. Ce film met en scène un couple licencié qui tente de retrouver un emploi et finit par ouvrir un restaurant qui va bien tourner. Ilona Koponen travaille dans un restaurant chic, le Dubrovnik. Elle y sert les clients et est responsable de la coordination du personnel. A la fin de la journée, Ilona ferme l’établissement et, pour rentrer chez elle, monte dans le tram que conduit son mari Lauri. Quand Lauri et Ilona sortent le soir, Lauri explique qu’il a été licencié de son boulot de chauffeur de tram. Peu après, la propriétaire du Dubrovnik annonce à son personnel qu’il faut vendre le restaurant et que tous les employés sont licenciés. Le dernier soir, tout le monde écoute la petite bande qui diffuse de la musique triste dans le restaurant. Lauri pense pouvoir trouver un job de chauffeur de bus, mais il est recalé à l’examen médical. On lui retire son permis. Grâce à un amateur qui joue les intermédiaires, Ilona retrouve un travail dans une petite brasserie. Six semaines plus tard, deux fonctionnaires s’y arrêtent et découvrent qu’il s’y passe des choses illégales. Ilona arrête de travailler et Lauri se fait tabasser lorsqu’il va réclamer le dernier salaire d’Ilona à son patron illégal. L’ex-portier du Dubrovnik a l’idée d’ouvrir un nouveau restaurant avec tous les employés de l’ancien restaurant qui a mis la clé sous la porte. L’ex-patronne du Dubrovnik soutient cette initiative en prêtant à Ilona l’argent dont elle a besoin. Le nouveau restaurant est construit par tous les ex-collègues du Dubrovnik. Il connaît un franc succès. En pleine effervescence, Ilona sort un instant pour fumer une cigarette. Lauri vient s’asseoir à côté d’elle et ensemble, ils lèvent les yeux au ciel, pendant qu’on entend le morceau ‘’Kauas pilvet kaarkavat’’. Le titre de ce film est inspiré de la chanson aux accents optimistes de Rauli Badding Somerjoen. Elle parle de nuages inaccessibles qui s’en vont, “tout comme moi”. Kaurismäki n’a pas voulu faire un film purement réaliste, mais un film qui éveillerait les gens. Il voulait augmenter l’optimisme dans le monde réaliste. Au loin s’en vont les nuages a surtout remporté des prix finlandais: cinq Jussis, le Anjalankosken elokuvapalkinto et le Viitasaaren elokuvaviikon Humanismin käsi (prix qui récompense des films engagés socialement) et pour l’actrice principale Kati Outinen. Ce film a été nominé au Festival de Cannes mais il n’y a pas remporté de prix. Sa nomination lui a cependant valu une plus grande notoriété en Europe. En 2002, le deuxième volet de la Trilogie des perdants (L’homme sans passé) a raflé le Grand Prix du Festival de Cannes. Fiche technique: Titre: Kauas pilvet karkaavat (Au loin s’en vont les nuages) Réalisateur: Aki Kaurismäki Scénario: Aki Kaurismäki Musique: Shelley Fisher Pays: Finlande Durée: 96 minutes Année: 1996 Rosetta Rosetta est un film belge de 1999, écrit et réalisé par les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne. Ce film a remporté la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1999. C’est Rosetta, énigmatique 'nomade', qui a inspiré ce film. C’est le personnage et non l’histoire qui prime dans Rosetta. Rosetta (Emilie Dequenne, prix de la Meilleure Actrice à Cannes) se passe dans la basse classe d’une ancienne zone industrielle en Wallonie, les abords de Seraing, où le chômage a atteint des sommets effarants. La fermeture de la majorité des usines dans les années cinquante a entraîné une inactivité énorme. Dans ce genre de régions, la plupart des jeunes n’ont jamais vu travailler leurs parents. Dans un lamentable camping, Rosetta, 15 ans, habite dans une roulotte avec sa mère alcoolique, qui se laisse utiliser par tous les hommes contre de l’argent et de la bière. Rosetta déteste sa mère et le monde entier. Elle lutte désespérément pour trouver un emploi. C’est une obsession pour elle. Rosetta n’a pas de place dans la société. Elle veut être acceptée. Quand elle a du travail, elle mène une vie normale. Elle se tient bien. C’est avec une ténacité énorme qu’elle recherche cette existence normale. Peu lui importe le genre d’emploi qu’elle a, et peu lui importe aussi la façon dont elle l’obtient. Ce film est le portrait d’une jeune personne de la vie de tous les jours, qui tombe en dehors de la société et dont personne ne se soucie, mais également le portrait d’un air du temps. Et pour dresser le portrait de Rosetta, le film ‘raconte’ le moins possible. Ce sont ses comportements qui font d’elle qui elle est. Les frères Dardenne sont d’avis que raconter des histoires empêche le personnage de prendre vie. Le personnage, ses gestes, c’est cela le point de départ, et pas le récit. Le film n’a pas de structure narrative classique: un début, un milieu et une fin. Il commence quelque part et se termine quelque part. Rosetta ne sait jamais où elle veut aller. Elle ne peut jamais dire ce qu’elle fera le lendemain. Ce qu’elle irait acheter si elle avait de l’argent ou si elle allait voir un ami. Un instant elle a du boulot, l’instant d’après elle n’en a plus. Tantôt elle veut que sa mère décroche de l’alcool, tantôt elle la jette dans l’eau. Les choses lui tombent dessus. Elle n’est sûre que d’une seule chose: le monde est contre elle. Elle n’a qu’un but aussi: quitter le camping et vivre comme les gens ‘normaux’. Pour y arriver, Rosetta met tout en œuvre, réellement... même l’amitié de son seul ami, Riquet la petite frappe. Au début, Riquet est un ennemi pour elle. Elle pourrait le tuer, mais à la fin, elle accepte qu’il l’aide à se relever. Peut-être ont-ils même besoin l’un de l’autre. Pourtant, on est loin de l’histoire d’amour. Rosetta reste empêtrée dans sa situation. La caméra la suit dans ses rituels compulsifs. Chaque jour, Rosetta quitte le camping, elle prend un chemin de traverse dans la forêt pour rejoindre son arrêt de bus. A mi-chemin, elle troque ses bottes contre ses jolies chaussures, elle cache les bottes dans un égout vide, les couvre, monte dans le bus et entre en ville. Chaque jour, elle achète une gaufre à la petite baraque de la gare des bus et boit de l’eau du bidon qu’elle emmène partout et qu’elle remplit dans des endroits fixes. Chaque jour, elle rentre le soir dans la caravane, où elle retrouve sa mère bourrée, qui vend son corps contre de la bière. Rosetta est obsessive, la caméra qui suit ses faits et gestes l’est tout autant. La vie étouffante de la jeune fille nous est tout simplement assenée. Tous ses actes sont caractérisés par la précipitation et la caméra l’imite: c’est avec des mouvements saccadés qu’elle filme ses rituels agités, comme s’il n’y avait pas une seconde à perdre. Pêcher dans la rivière: vite vite sortir le ver de la boîte, l’accrocher à l’hameçon dans la bouteille cassée, la bouteille à l’eau, la retirer, en extraire le poisson, recommencer. Rosetta suscite plus la pitié que le désir. Son apparence de guerrière est dénuée de toute sexualité. Son sexe est plutôt ambigu puisqu’elle fait des choses qu’un garçon pourrait faire : se battre, donner des coups. Rosetta est une nomade : survivre est sa priorité. Malgré ses agissements parfois extrêmement énigmatiques : elle fait souffler chaque jour un sèche-cheveux sur son ventre, ne mange que des œufs durs et boit sans avaler. Il y a bien une histoire dans Rosetta, même si elle est très rudimentaire. Rosetta trouve un emploi et un ami, mais elle ne comprend pas le comportement altruiste de ce Riquet. Pourquoi quelqu’un s’efforcerait-il de lui faciliter la vie à elle? N’est-ce pas plutôt chacun pour soi dans ce monde? La trame est cependant totalement subordonnée à l’expérience qui consiste à faire partie de la vie de Rosetta. Et c’est là tout le grand art des frères Dardenne. Pendant une heure et demie, ils n’offrent aucune échappatoire, la seule alternative est de suivre le combat quotidien de Rosetta. L’expérience est passablement oppressante. Comme l’incantation que Rosetta répète le soir ("J’ai trouvé du travail. J’ai trouvé un ami. J’ai une vie normale."). Fiche technique: Titre: Rosetta Réalisateurs: Jean-Pierre en Luc Dardenne Scénario: Jean-Pierre en Luc Dardenne Musique: Jean-Pierre Cocco Pays: Belgique Durée: 95 minutes Année: 1999 Sue C’est avec Sue (Anna Thomson) qu’Amos Kollek touche le grand public, en 1997. Le film est remarqué au Festival international du Film de Toronto, au Festival du Cinéma Américain de Deauville et au Festival de Berlin. Les individus solitaires dans la grande ville sont un sujet porteur pour les artistes. Il est quasiment impossible de trouver meilleur moyen de représenter la condition humaine. Et où pourrait-on le faire mieux que dans les profondeurs de Manhattan? Ses petits foulards en soie, son long manteau camel et ses escarpins à talons - un look style Jackie Onassis avec un décolleté gonflé – et son petit appart aménagé avec goût, dans un esprit minimaliste, ne parviennent pas à masquer qu’elle doit vite retrouver du boulot, si elle ne veut pas tout perdre. Pourtant, en apparence, le spectateur est lancé sur une fausse piste par l’attitude de Thomson, qui refuse l’aide d’étrangers bien intentionnés. Elle préfère fréquenter des inconnus moins bien intentionnés. Tout porte pourtant à croire que personne dans ce drame métropolitain ne peut sauver Sue. « Tu ne veux pas qu’on t’aide hein », remarque le charmant écrivain qui l’a prend en pitié. Il a raison. « Je veux baiser”, dit-elle, « je ne peux m’exprimer que par le sexe. » C’est un moment charnière dans la vie de Sue. Cela ne veut pas dire que c’est une traînée, bien au contraire. L’actrice Anna Thomson incarne ce personnage vulnérable, qui dégringole lentement dans Manhattan, en un papillon fragile. Elle volète de ci de là, en quête d’un emploi et de sexe. Elle sollicite jusqu’à l’épuisement, ment allègrement, mais jamais elle ne parvient à donner l’impression de résolution que cherchent les employeurs. Sue erre dans les rues froides et agressives de Manhattan, tout en s’efforçant par tous les moyens de nier sa dégringolade. Son âme reste insaisissable. Sue reste désespérément seule et personne ne peut la sauver. Fiche technique: Titre: Sue ( Lost in Manhattan) Réalisateur: Amos Kollek Scénario: Amos Kollek Musique: Chico Freeman Pays: Etats-Unis Durée: 87 minutes Année: 1998 6. A PROPOS DES AUTEURS DES 3 FILMS Aki Kaurismäki Aki Kaurismäki est un scénariste et réalisateur finlandais. Son style est influencé par des réalisateurs comme Jean-Pierre Melville, Rainer Werner Fassbinder et Robert Bresson. Dans leur sillage, il privilégie la simplicité dans le jeu d’acteurs et dans son style cinématographique pour transmettre son message aux spectateurs. Ses films sont empreints d’un humour particulier, qui n’est pas sans évoquer celui de Jim Jarmusch. La plupart des œuvres de Kaurismäki ont pour toile de fond Helsinki, c’est le cas de Calamari Union, un film qui se déroule en majeure partie dans le quartier ouvrier de Kallio. La trilogie de Kaurismäki intitulée La trilogie du prolétariat Shadows in Paradise, Ariel et La Fille aux allumettes – se déroule à Helsinki. En 1986, il réalise le court métrage Rocky VI où l’on voit apparaître le groupe qu’il crée pour l’occasion : les Leningrad Cowboys. Ce groupe, toujours actif, a joué par la suite dans d’autres films de Kaurismäki. Son film le plus célèbre est probablement L’Homme sans passé. Il a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes en 2002 et a été nominé pour un Academy Award. Ses films parlent souvent de gens dans l’incapacité d’exercer leur profession dans la Finlande ravagée par le chômage. Dans Au loin s’en vont les nuages, les personnages ont l’air d’être dénués d’émotions et la façon dont Kaurismäki joue avec la couleur donne une touche surréaliste à ce film. Mais sous cette apparente froideur nordique se cache autre chose. Ainsi, quand le restaurant en faillite est vendu à un puissant syndicat de l’horeca, et que tout le personnel se retrouve à la rue, personne ne pleure. Ilona rentre chez elle, elle s’assied parmi les meubles qui ne lui appartiennent pas encore. Ce n’est que quand Lauri est lui aussi licencié – suite à un tirage au sort – que la panique s’installe. De multiples passages au bureau de l’emploi, au service social et au bureau d’intérim ne donnent pas grand-chose, si ce n’est quelques bons mots magnifiques. Ilona s’avère bien moins vulnérable que ne le suggèrent les apparences. « Je n’ai pas besoin de pitié. Les arbres continuent de pousser », dit-elle après un énième revers. « La vie est courte et misérable. Profitez-en tant que c’est possible », soupire un ex-collègue qui cherche le plaisir dans l’alcool. Comme David Lynch, Kaurismäki est sous le charme du peintre américain Edward Hopper, qui rendait comme nul autre la solitude avec des couleurs élémentaires et une mise en scène cinématographique singulière. Le snackbar brun orangé où Ilona travaille brièvement est empreint d’une tristesse absurde. Les malheurs d’Ilona et de Lauri aussi. Pourtant, la pauvreté dans le film n’est pas totalement fictive. Kaurismäki donne clairement un commentaire sur la problématique du chômage. « L’état du chômage en Finlande, mais aussi presque partout dans le monde, et surtout ses effets psychologiques, sont si effroyables qu’à mon avis, un film sur ce sujet ne peut en ce moment avoir d’autre objectif que d’apporter un peu d’espoir et d’informer plus amplement. » Kaurismäki affirme avoir écrit ces mots pendant une tempête de neige, sept mois avant le premier jour de tournage. La fin heureuse d’Au loin s’en vont les nuages donne de l’espoir. Le film est un appel à l’initiative personnelle. Si Ilona et Lauri s’étaient résignés dans leur petit appartement vidé de ses meubles, ils seraient certainement tombés encore bien plus bas. Lauri s’approche pourtant dangereusement de cette dégringolade. Mais comme souvent, la femme, pratique, réagit activement tandis que l’homme sombre dans l’autoapitoiement. Ilona prend les rênes et, ce faisant, elle sauve Lauri de la déchéance. Leur bonheur final est un soulagement après l’enfer du chômage à Helsinki. Kaurismäki confirme une fois de plus sa réputation et sa place parmi les meilleurs réalisateurs européens avec ce film universel qui porte, heureusement, la marque artistique typique de son réalisateur finlandais. Filmog raphie (courts et longs métrages) Rocky VI, (1986) Through the Wire (1987) Rich Little Bitch (1987) L.A. Woman, (1987) Those Were The Days (1991) These Boots, (1992) Välittäjä (1996) Rikos ja Rangaistus (Crime et Châtiment) (1983) Calamari Union (1985) Varjoja paratiisissa (Shadows in Paradise), 1986) Hamlet liikemaailmassa (Hamlet Goes Business) (1987) Ariel (1988) Likaiset kädet (Les mains sales) (1989) Leningrad Cowboys Go America (1989) Tulitikkutehtaan tyttö (La Fille aux Allumettes) (1990) J’ai engagé un tueur (1990) Boheemielämää (La vie de bohème) (1992) Pidä huivista kiinni, Tatjana (Tiens ton foulard, Tatiana) (1994) Les Leningrad Cowboys rencontrent Moïse (1994) Kauas pilvet karkaavat (Au loin s’en vont les nuages) (1996) Juha (1999) Mies vailla menneisyyttä (L’Homme sans passé) (2002) Laitakaupungin valot (2006) Le Havre (2011) Jean-Pierre et Luc Dardenne Jean-Pierre et Luc Dardenne sont inséparables: ils font tout ensemble. Il y a quarante ans déjà, ils fondent la structure « Dérives » pour financer leurs documentaires et produire leurs premières fictions. Vingt ans plus tard, ils décident de scinder leurs documentaires de leurs fictions et créent la maison de production « Les Films du Fleuve » qui finance entre autres leurs propres œuvres de fiction, dont les grands succès internationaux La Promesse (1996), Rosetta (1999) et L’Enfant (2005). Les deux derniers ont remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes. Les deux frères habitent toujours à Engis, un petit village au bord de la Meuse, où ils ont grandi et qui est entretemps devenu la ‘banlieue’ de Seraing, ville industrielle de 80.000 habitants. La plupart de leurs films se déroulent dans cette zone terne et pauvre. Rosetta ressemble à un film sans script: portrait brut d’une jeune fille banale, sans début ni fin bien nets, sans trame, comme un documentaire. Les apparences sont trompeuses. Difficile de faire un long métrage plus réaliste que Rosetta, et pourtant, quand on y regarde de près, ce film est bien un chef d’œuvre extrêmement élaboré. Chaque détail a son importance: des éternels rituels avec lesquels Rosetta rythme ses journées à la façon dont la caméra talonne la jeune fille et nous la montre souvent de dos, avec sa respiration lourde en fond sonore. Tout bien considéré, ce sont des astuces pour donner au film des allures de documentaire, et projeter le spectateur dans la vie pitoyable de Rosetta. ‘Astuces’ n’est pas le bon mot. Manipulation magistrale, voilà ce que c’est. La minutie des frères Dardenne montre qu’il n’est pas si simple d’imprégner un long métrage de la rudesse de la vraie vie. Leur trait de génie : Emilie Dequenne dans la peau de l’actrice principale. Sa prestation lui a valu le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes. Parfaitement justifié, précisément parce qu’on ne dirait pas qu’elle joue ; elle est Rosetta, une jeune femme tourmentée dotée d’une énorme combativité. Encore une fois, les apparences sont trompeuses. Car pour de vrai, Dequenne est bien une jeune actrice. Elle a étudié au conservatoire et a gagné un prix pour son art de l’interprétation. A des années-lumière de Rosetta; elle aussi a beaucoup de qualités, mais l’éloquence n’en fait pas partie. Les films des Dardenne ont un impact international, leur œuvre est cohérente et de haut niveau. Ils sont considérés comme les représentants majeurs du film social européen (au même niveau que Ken Loach ou Mike Leigh). Parmi leurs thèmes de prédilection, on retrouve souvent le retard social et la réconciliation. Les frères Dardenne sont reconnus pour leur esthétique et leur narration novatrices grâce à leur style personnel : concret et épuré. Leur style est réaliste, en partie parce que les personnages sont filmés de près à main levée, et aussi à cause de l’absence de musique de fond… Les frères Dardenne sont toujours restés fidèles à leurs principes et depuis, le début, leur cinéma porte un regard neuf sur les conflits familiaux et sociaux. Les critiques comparent souvent les frères Dardenne à Ken Loach. Avec une grande différence : dans les histoires de Loach, il y a souvent une distinction claire entre les représentants du bien et les représentants du mal (ce qui suscite l’empathie immédiate envers les protagonistes). Jean-Pierre et Luc Dardenne s’abstiennent de tout jugement. Ils n’hésitent pas à se distancier de leurs personnages, qui peuvent être tantôt désintéressés et solidaires, tantôt capables de trahison, de cruauté et de témérité criminelle. Filmog raphie (fictions) Il court, il court, le monde (court métrage, 1987) Falsch (1987) Je pense à vous (1992) La Promesse (1996) Rosetta (1999) Le fils (2002) L’enfant (2005) Le silence de Lorna (2008) Le gamin à vélo (2011) Deux jours, une nuit (2014) Amos Kollek Amos Kollek est un auteur et réalisateur israélien, il est le fils de Teddy Kollek qui fut bourgmestre de Jérusalem de 1965 à 1993. Il a travaillé comme journaliste dans la presse israélienne, ainsi que pour le New York Times et Die Zeit. Il a écrit différents livres, dont la biographie de son père. En 1979, il a participé au tournage de son roman Don't ask me if I love, dont le film s’intitule Worlds Apart. C’est en 1985 qu’il fait ses débuts en tant que réalisateur, sur le plateau de la tragicomédie Goodbye New York. Dans beaucoup de ses films, il est à la fois producteur, scénariste, réalisateur et acteur. En 1995, Amos Kollek fait un film sur son père. En 1997, son film Sue (Lost in Manhattan) lui apporte la célébrité auprès du grand public. Après Sue, Amos Kollek tournent d’autres films avec Anna Thomson; Fiona en 1998, Fast Food, Fast Women en 2000 et Bridget en 2002. Dans ces films, l’actrice incarne des femmes vulnérables refoulées en marge de la société par des situations problématiques. C’est à Sue: Lost in Manhattan qu’Amos Kollek doit son statut de réalisateur culte, on le compare désormais à John Cassavetes, Jean-Luc Godard et François Truffaut. Filmog raphie Don't ask me if I love (1971) After They Hang Him (1977) Goodbye New York (1985) Forever Lulu (1987) High Stakes (1989) Lahav Hatzui (1992) Five Girls (1993) Whore 2 (1994) Approximately Clint Eastwood (1995) Teddy Kollek (1995) It happened in Gaza (1996) Sue: Lost in Manhattan (1997) Fiona (1998) Angela (2000) Fast Food Fast Women (2000) Queenie in Love (2001) A Bitter Glory (2001) (TV) Bridget (2002) Music (2003) Nowhere to Go But Up (2003) Restless (2008) 7. DISTRIBUTION ILONA.ROSETTA.SUE KVS Starlette Mathata L’équipe artistique du KVS a littéralement succombé d’enthousiasme en assistant à Three Kingdoms (Nübling, Münchner Kammerspiele et Theater NO99 Tallinn). Et elle a tenu à collaborer avec ce metteur en scène allemand. Après auditions, Nübling et son équipe ont choisi Starlette Mathata. Elle incarnait à la perfection l’élément étranger que l’équipe recherchait. La Congolaise Starlette Mathata, qui s’est déjà distinguée dans la production du KVS A l’Attente du Livre d’Or, interprète le rôle d’Ilona. Les autres acteurs sont des membres de l’ensemble des Münchner Kammerspiele et du Theater NO99 de Tallinn. Starlette Mathata a fait ses débuts au théâtre toute jeune déjà dans Ecurie Maloba à Kinshasa, sous la direction de Mutombo Buitshi. Après le décès du grand metteur en scène et dramaturge en 1998, elle quitte les planches. En 2005, elle y revient, sous l’égide de Jean Shaka. Bien vite, elle participe au trajet Congo du KVS et fait partie de l’équipe du spectacle A l’attente du Livre d’Or. Elle travaille avec différents metteurs en scène congolais, dont Ados Ndombasi, et elle est régulièrement sollicitée pour jouer dans des films (comme Viva Riva de Djo Munga). Elle a créé son propre espace culturel dans la commune de Bandal, où travaillent acteurs, danseurs et musiciens, et où, avec quelques collaborateurs, elle initie des enfants du quartier à la danse et au théâtre. Münchner Kammerspiele Wiebke Puls (Sue) Wiebke Puls (1973) se forme à la Hochschule der Künste à Berlin avant de rejoindre le théâtre d’Hanovre en 1997 et en 2000, l’ensemble de la Deutsche Schauspielhaus à Hambourg. En 2003, sa prestation dans cette compagnie lui vaut le prix Goy Gobert. Et elle figure en deuxième place sur la liste 2013 de la célèbre revue ‘Theater heute’ des meilleures actrices de l’année. Depuis 2005, elle est membre de l’ensemble des Münchner Kammerspiele. Son rôle dans Die Nibelungen en 2005 lui vaut le prix d’interprétation Alfred Kerr. La même année, "Theater heute" la proclame actrice de l’année. En 2008, elle reçoit le Preis der Förderer que lui décernent les Münchner Kammerspiele. Elle y a joué notamment Denn alle lust will ewigkeit (Franz Wittenbrink, 2007), Land ohne worte/Berliner geschichte (Andreas Kriegenburg, 2007), Hiob (Johan Simons, 2008), Drei farben: blau, weiss, rot (Johan Simons, 2009), Der kreig (Armin Petras, 2010), Endstation sehnsucht (Sebastian Nübling, 2010). Steven Scharf (Lauri) Steven Scharf (1975) étudie à l’Ecole supérieure de Musique et Théâtre Rostock. Ensuite, il rejoint la Theaterhaus Jena, où il est membre de l’ensemble de la Kölner Schauspielhaus et le Théâtre de Bâle, il est également invité au Théâtre de Freiburg. Il y travaille avec différents metteurs en scène, dont Barbara Frey, Sebastian Nübling et Lars-Ole Walburg. Depuis la saison théâtrale 2007/2008, il fait partie de l’ensemble des Münchner Kammerspiele. En 2013, la revue ‘Theater heute’ le consacre meilleur acteur de l’année. Sylvana Krappatsch Sylvana Krappatsch (1965), a terminé sa formation à l’Ecole Supérieure du Cinéma et de la Télévision et travaille depuis pour divers théâtres: TAT à Francfort, Kampnagel à Hambourg et dans des théâtres à Berlin, Brême, Munich et Vienne. En 1996, la revue Theater Heute l’élit jeune actrice de l’année. De 2000 à 2005, elle est membre de la Schauspielhaus à Zürich et elle travaille avec Frank Castorf, Werner Düggelin, Stefan Pucher, Falk Richter, Johan Simons et Jossi Wieler. Depuis 2005, elle fait partie de l’ensemble des Münchner Kammerspiele. On a pu l’y voir dans Drei schwestern (Andreas Kriegenburg, 2006), Hiob (Johan Simons, 2008) Platonow (Stefan Pucher, 2009), Bonnie und Clyde (Barbara Weber, 2010), Der Prozess (Andreas Kriegenburg, 2008) et Drei farben: blau, weiss, rot (Johan Simons, 2009). Jochen Noch Jochen Noch (1956 à Leipzig), étudie à l’Ecole de théâtre Hans Otto de 1975 à 1983 à Leipzig. De 1983 à 1988, il s’engage dans le Neuen Theater à Halle/Saale. De 1988 à 2001, il est membre de l’ensemble du Théâtre de Leipzig. Il y joue notamment dans des productions de Wolfgang Engel, Karin Henkel, Konstanze Lauterbach, Heiner Müller, Peter et Michael Thalheimer. Depuis 200, il est membre des Münchner Kammerspiele et depuis 2007, il dirige l’Ecole Otto Falkenberg à Munich. Theater NO99 Tallinn Mirtel Pohla (Rosetta) Mirtel Pohla (1981) est diplômée depuis 2006 de l’Ecole supérieure de Théâtre de l’Académie estonienne de Musique et de Théâtre, et depuis lors, elle est membre de l’ensemble du Theater NO99 à Tallinn, Estonie. Elle a joué récemment avec les Münchner Kammerspiele dans Three Kingdoms. A son palmarès figurent divers prix estoniens de théâtre, comme le prix Ants Lauter qui récompense de jeunes acteurs et actrices d’exception. En 2013, elle a été nominée meilleure actrice. Marika Vaarik Marika Vaarik (1962) termine ses études à l’Institute of Education à Tallinn. Depuis 2009, elle est membre permanent du Thater NO99. Ses rôles lui ont valu différents prix. Rasmus Kaljujärv Rasmus Kaljujärv (1981) est diplômé de l’Ecole supérieure de Théâtre de l’Académie estonienne de Musique et de Théâtre. Il travaille depuis 2006 pour le Theater NO99 à Tallinn, Estonie. Aux Münchner Kammerspiele, il a joué dans Three Kingdoms. Gert Raudsep Gert Raudsep (1970) a étudié le théâtre au Conservatoire de Tallinn, Estonie. Depuis 2005, il est membre du Theater NO99 à Tallinn. Aux Münchner Kammerspiele, il a joué dernièrement dans Three Kingdoms de Sebastian Nübling. En 2003, il a reçu le prix Ants Lauter. Margus Tabor Margus Tabor est un acteur connu pour ses rôles dans Lotte and the Moonstone Secret (2011), Mardipäev (1989) et Lotte from Gadgetville (2006). Tambet Tuisk Jochen Noch 8. PASSAGES TIRES DU TEXTE de Au loin s’en vont les nuages (Ilona) Home is where the heart is (Elvis Presley) http://www.youtube.com/watch?v=a_B80AIQegE extrait de Rosetta Your name is Rosetta. My name is Rosetta. You found a job. I found a job. You've got a friend. I've got a friend. You have a normal life. I have a normal life. You won't fall in the rut. I won't fall in the rut. Good nigh. Good night. extrait de Sue This town (Frank Sinatra) http://www.youtube.com/watch?v=HqfOQK3vX5w This town is a lonely town Not the only town like-a this town This town is a make-you town Or a break-you town and bring-you-down town This town is a quiet town Or a riot town like this town This town is a love-you town And a shove-you-down and push-you-'round town This town is an all-right town For an uptight town like-a this town this town it's a use you town An abuse you town until you're-down town This town is a losin'town It's a miserabable town It's a nowhere town And I am leavin' this town You better believe that I'm leavin' this town Man, it could never be uptown It's bound to be downtown to Have to Have not (Billy Bragg) http://www.youtube.com/watch?v=LVIV3WuCoKA Up in the morning and out to school Mother says there’ll be no work next year Qualifi cations on ce the Golden Rule are now just pieces of paper Just because you’re better than me doesn’t mean I’m lazy Just because you’re going forwards doesn’t mean I’m going backwards If you look the part you’ll get the job In last year’s trousers and your school shoes the truth is son, it’s a buyer’s market they can afford to pick and choose Just because you’re better than me doesn’t mean I’m lazy Just because I dress like this doesn’t mean I’m a communist the factories are closing and the army’s full – I don’t know what I am going to do But I’ve come to see in the Land of the Free there’s only a future for the Chosen Few at twenty one you’re on the top of the scrapheap at sixteen you were top of the class all they taught you at school was how to be a good worker the system has failed you, don’t fail yourself extrait de Sue I have a lot of advantages. I have a lot of advantages. I can work long hours in the office. I can take work home. I’m not married or anything, so I can work on the weekend. extrait de Au loin s’en vont les nuages (Ilona) Take a number by the door, fill out this form and wait for your turn. Take a number by the door, fill out this form and wait for your turn. Take a number by the door, fill out this form and wait for your turn. 9. ANNEXES / LIENS INTERESSANTS - Texte Ilja Trojanov : L’homme superflu - Texte Lars Bang Larsen: WORK WORK WORK, de The Paradox of Art and Work: An irritating note. - Interview avec Sebastian Nübling, article Joris Vermeir Ilona.Rosetta.sue - Le débat sur le répertoire, Jan Goossens - L’autre versant de l’étranger, Hans Op De Beeck et Hildegard De Vuyst, Rekto verso - International ? Pourquoi ? Wouter Hillaert Rekto Verso 'I am a Lousy Film-maker' - interview avec Aki Kaurismäki (en anglais) (et) Aki Kaurismäki dans la Internet Movie Database <img src="//nl.wikipedia.org/w/index.php?title=Speciaal:CentralAutoLogin/start&amp;type=1x1" alt="" title="" width="1" height="1" style="border: none; position: absolute;" /> 10. THEMES APPARANTES POUR DES DISCUSSIONS EN CLASSE / GROUPE - La vulnérabilité (fragilité) de l’être humain (la solitude dans la grande ville, la condition humaine, le respect de soi) - Le chômage (le chômage des jeunes à Bruxelles, les jeunes qui arrivent sur le marché du travail) - L’isolement social, l’exclusion sociale - La crise économique - L’Europe d’aujourd’hui - Le répertoire (qu’est-ce que c’est ? qui le détermine ?) - Comment raconter une histoire autrement qu’avec du texte et le langage ? 11. PLUS DE CITATIONS DE LA PRESSE (ALLEMANDE)... Quand on écoute les mots, les sons et la musique pleine d’effets, on sent la mélancolie que Sebastian Nübling distille comme par un double filtrage des modèles cinématographiques. […] Dans cette création, Sebastian Nübling évite le démonstratif. ‘Ilona. Rosetta. Sue’ n’est pas du théâtre bon marché, politiquement récupérable. Il n’abonde pas non plus dans le sens de la complainte répandue dans les milieux commerciaux contre l’économie globalisée. Il est proche des gens, il les enveloppe, comme une consolation, d’une lumière profondément amicale. Die Welt Ce qui saute le plus aux yeux dans ce spectacle, c’est la collaboration entre les acteurs de différentes langues maternelles, dont toutes sont parlées, en plus de l’anglais (le spectacle est surtitré en allemand). De même que les différents styles de jeu qui coexistent de manière rudimentaire et qui indiquent trois mondes. […] Les acteurs sont tous brillants, le jeu physique des cinq acteurs de NO99 d’Estonie est époustouflant. Abendzeitung Nübling tisse les trois histoires avec maestria et aboutit à une tragédie mélancolique, humaine. Die Welt Kompakt La Congolaise Starlette Mathata, l’Estonienne Mirtel Pohla, et Wiebke Puls et Steven Scharf des Kammerspiele campent avec une extrême précision ces chômeurs entre une affectation détachée et un désespoir fébrile, hébété. [...] C’est grandiose, la façon dont Nübling transpose ici la peur et le découragement en mouvements. Par un ballet de convulsions tapageuses et d’une hypermotricité contractée sur les accents sourds de machines et d’une musique triste et belle, il réussit à camper sur scène des équivalents saisissants de la violence du système à laquelle sont exposés les travailleurs licenciés. […] Cette mise en scène magistrale qui est à des années-lumière du sociokitsch se rapproche dangereusement de la virtuosité, du goût amer qu’a l’absence totale de perspectives. Münchner Merkur [...]les brillantes prestations des acteurs de l’ensemble des Münchner Kammerspiele et des acteurs de Tallinn et de Bruxelles qui incarnent la lutte physique et psychique pour la survie, et en tout premier lieu des trois actrices principales, ces femmes du titre, blessées physiquement et psychologiquement: Starlette Mathata (Ilona), Mirtel Pohla (Rosetta) et Wiebke Puls (Sue). Donaukurier Un projet de collaboration estonienne-belge-allemande stylisée et expressive dans une mise en scène de Sebastian Nübling devient, sans truchement cinématographique et uniquement grâce à une scénographie raffinée et dépouillée ainsi qu’à la force d’expression des acteurs, un spectacle d’une intensité hors du commun. Mittelbayerische Zeitung Sebastian Nübling excelle par-dessus tout dans l’art de créer des situations qui rendent manifeste la déformation intérieure que subissent Ilona, Rosetta et Sue après la perte de leur emploi. […] Sebastian Nübling révèle dans sa mise en scène une fantaisie riche, assez concrète pour rendre tangible, et oppressante, la désespérance des personnages et en même temps assez abstraite pour que la misère de gens en situation de précarité représentée ici ne verse pas dans le sociokitsch. […] Ilona, Rosetta et Sue sont des êtres humains rejetés, solitaires. Et le fait qu’elles soient jouées par trois actrices de trois pays (Starlette Mathata, belgo-congolaise, Mirtel Pohla, estonienne et Wiebke Puls, allemande, trois phénomènes bien distincts!) fait surtout ressortir une chose: quelle que soit la culture, quelle que soit la langue, le chômage touche chaque individu en plein cœur. Ce spectacle convaincant nous touche, lui aussi, douloureusement en plein cœur. Bayerischer Rundfunk Sebastian Nübling a réussi la prouesse d’entremêler trois destins mélodramatiques isolés pour en faire du théâtre politique d’information. Deutschlandfunk 12. SCENES, EXTRAITS DES TROIS FILMS A REGARDER EN CLASSE/GROUPE (voir films, réservés aux introductions) 13. COLLABOARTION CINEMATEK (voir annexe) http://www.cinematek.be/?node=28