Officiel Santé •
mars
/avril 2012 • 5
Officiel Santé : Jean Yves
Grall vous êtes depuis bientôt
un an directeur général de la
santé. Quel est votre par-
cours personnel de la Bre-
tagne à l’avenue de Ségur?
Jean-Yves Grall : Après avoir
exercé pendant 10 ans
comme cardiologue à la fois
en ville et à l’hôpital, je suis
devenu président de la CME
de l’hôpital de Chateau-
briand en 1999. J’ai présidé
la Conférence régionale des
CME des centres hospitaliers
des Pays de Loire de 1999 à
2003. Cette époque corres-
pond à celle de la mise en
place de l’ARH des pays de
la Loire J’ai alors travaillé sur
la restructuration territoriale
de l’offre de soins privée et
publique. Entre 2000
et 2003, j’ai effectué deux
missions successives pour
les ministres de la santé. La
première sur le thème de la
RTT médicale, et une autre
sur le médicament. En 2003,
je deviens conseiller médical
à l’ARH d’Ile-de-France
auprès de Philippe Ritter où
je manie donc le stéthoscope
différemment… En 2006,
j’effectue plusieurs rapports
pour le ministère de la santé
notamment sur « Les mai-
sons médicales de garde » et
sur « L’adaptation du dispo-
sitif de la permanence des
soins ambulatoires ». En
2007 je suis nommé direc-
teur de l’ARH de Lorraine
qui deviendra ensuite ARS.
J’en serais alors le directeur
général.
Officiel Santé : Affaire du
Mediator, loi sur les médica-
ments, réforme de la biolo-
gie, prothèses PIP, plan sur le
santé mentale… la Direction
générale de la santé (DGS)
semble sans cesse sur le grill ;
pourtant elle est très mal
connue voire invisible de la
communauté médicale hospi-
talière…
Jean-Yves Grall : Oui, c’est
vrai, la DGS est peu connue
des médecins hospitaliers
(Elle l’est sans doute plus des
pharmaciens…), et pourtant
nos missions concernent
directement leur travail quo-
tidien ; qu’ils s’agissent des
vaccinations, des dépistages
et campagnes de prévention,
de l’épidémiologie et des
médicaments… Cela traduit
le fait que les praticiens hos-
pitaliers sont centrés sur le
soin (cette focalisation étant
la marque aussi de leur for-
mation) et n’intègrent pas
assez la dynamique de la
santé publique. Il nous
incombe à nous, DGS, de
leur faire partager et prati-
quer cette culture globale de
la santé.
Officiel Santé : Que propo-
sez-vous concrètement
comme champ de dialogue
avec les professionnels, et
notamment les médecins et
pharmaciens hospitaliers?
Jean-Yves Grall : Nous
devons être plus présents aux
côtés des praticiens, créer
des ponts avec eux, pour
faire en sorte qu’ils élargis-
sent leur vision du parcours,
du soin du patient et au-delà
de « l’itinéraire santé » des
gens. C’est en assurant à cha-
cun un continuum entre pré-
vention, soin et medico
social qu’il faut agir. Cela
signifie que patient et méde-
cin ont des droits et des obli-
gations réciproques à faire
valoir. Parcours de soins du
patient et son parcours de
santé au sens large doivent
être liés, sachant que la santé
publique est un mot géné-
rique qui recouvre pour moi
les soins.
La mission des ARS est de
décliner régionalement des
politiques nationales de
santé, elles ont donc un rôle
essentiel à jouer en ce sens :
par exemple, les initiatives de
santé publique que j’ai piloté
depuis mon arrivée à la
demande des Ministres, le
plan santé mentale, le plan
antibiotiques et la préparation
de la loi sur les médicaments,
doivent maintenant être
relayés et déclinés auprès des
praticiens par les ARS.
Officiel Santé : La sécurité
sanitaire est clairement pla-
cée sous votre responsabilité.
En pratique, comment cela
fonctionne-t-il?
Jean-Yves Grall: Au sein de la
DGS, le département d’urgen-
ce sanitaire (DUS) a pour mis-
sion de veiller, de prévenir et
d’agir en cas de menace sani-
taire qu’elle soit infectieuse
ou non. Nous sommes égale-
ment. le « relais santé » des
autres ministères éventuelle-
ment impliqués. Nous nous
appuyons sur l’expertise des
agences sanitaires, comme
l’Institut de veille sanitaire,
l’ANMS, ou sur le Haut
conseil de la santé publique.
En pratique, il se tient une fois
par semaine une « réunion de
sécurité sanitaire » sous mon
autorité. Elle fait le point à
partir de toutes les sources
d’alerte et signaux mettant en
cause la sécurité sanitaire, de
leur traitement. Un dispositif
de vigilance spécifique en cas
de nécessité peut également
être mis en place. Le DUS
assure en permanence le fil
rouge de l’alerte et la coordi-
nation des décisions sous ma
responsabilité.
Officiel Santé : Quelle
leçon peut-on tirer des
affaires du Mediator et des
prothèses PIP?
Jean-Yves Grall : Ce sont des
affaires qui ramènent à la
pharmaco-vigilance et à la
matério-vigilance, vigilance
basée sur les déclarations
des professionnels, voir des
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ecteur général de la santé
La Direction Générale de la Santé est une des directions centrales
du ministère de la santé. Son nouveau directeur général,
le Dr Jean Yves Grall, est issu du « terrain » et souhaite notamment
valoriser l’identité métier de cette administration. Pour ce faire,
la DGS fait travailler en son sein nombre de médecins, de pharmaciens,
de biologistes et d’infirmières. Cet investissement « métiers » correspond
à l’objectif de rapprochement et de dialogue construit avec
les professionnels. Le dossier rassemblé pour Officiel Santé
en est une illustration.