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1975) que la mégalopole s’est définitivement imposée. L’exode rural a alimenté la croissance de la mégalopole rendant
les agglomérations contiguës. La densité de la population (main-d’œuvre et marché) et celle des services ont favorisé le
développement des entreprises fixant ainsi dans la mégalopole les fonctions de commandement. Dès lors, la mégalopole
s’est développée vers le Sud, le long de la Mer intérieure jusqu’au nord de Kyushu. Cependant, pour maintenir son
attractivité, la mégalopole a dû se doter d’un réseau de transport efficace. Ainsi, dès 1964, le réseau du Shinkansen – train
à grande vitesse, 270 km/h – a été mis en place pour former l’épine dorsale de la mégalopole. Ce réseau ferroviaire
principal est doublé par un réseau de lignes de banlieues, par un réseau autoroutier et routier auxquels s’ajoutent les lignes
aériennes intérieures. L’ensemble de ces réseaux permet à la mégalopole d’être d’un seul tenant grâce à de nombreux
ouvrages d’art (lien entre Honshu et Kyushu par tunnel, entre Shikoku et Kyushu par pont). La connexion entre ces
différents réseaux renforce aussi l’importance des plates-formes multimodales (aéroports, gares, ports).
Après la période de « haute croissance », la mégalopole a continué à attirer les activités et les populations provoquant
une spéculation foncière forte. Par conséquent, les banlieues des grandes villes se sont étalées donc la mégalopole s’est
étendue vers le Nord et le Sud. Ceci a permis, le long des axes de circulation qui permettent les migrations pendulaires, la
rurbanisation et le développement des desakotas (espaces périurbains denses mêlant activités agricoles intensives,
activités industrielles et résidences pavillonnaires). Les PME et les industries d’assemblages moins liées aux ports se
déplacent vers l’intérieur des terres, vers les provinces du « Japon de l’envers » ou se délocalisent en Asie. Le recul de
l’industrie renforce la tertiairisation de la mégalopole par le développement des fonctions de recherche et de
commandement, il permet aussi un certain rééquilibrage du territoire japonais et un desserrement de la mégalopole. C’est
pour atteindre ce même objectif que le plan Technopolis a été mis en place en 1983, il visait à la création de pôles de RD
dans les technologies de pointe associant les capitaux privés et publics. Chaque technopôle doit posséder une ville-mère
d’au moins 200 000 habitants, se trouver à 1 journée aller-retour d’une des trois mégapoles. On peut citer les exemples
des technopôles de Tsukuba, du Kansai et du nord de Kyushu. Le souci de désengorgement de la mégalopole passe aussi
par une amélioration des moyens de transport, par exemple avec le projet « Japan Corridor » (1989) devant dédoubler
l’axe Tokyo – Osaka par une ligne de train à lévitation magnétique (TLM) sur laquelle s’organiseraient de nouvelles
villes.
La mégalopole concentre l’essentiel des activités du Japon mais est-elle uniformément puissante et développée.
II. L’organisation de la mégalopole
La mégalopole rassemble un chapelet d’aires métropolitaines mais trois aires dominent rassemblant 44% de la
population (plus de 50 millions) et 65% du PIB japonais. Il s’agit des trois centres anciens de l’ère Meiji. Tokyo, premier
port japonais et capitale, domine la métropole du Kansai (Osaka-Kobé-Kyoto) s’étant développé grâce au textile et celle
du Nobi (Nagoya) s’étant appuyée sur la production de coton et de laine. A côté de ces trois centres, profitant de
l’élargissement de la mégalopole, d’autres pôles secondaires se développent.
A. Tokyo, le centre de la mégalopole
Le Kanto, au centre de l’archipel, constitue la plus vaste baie du Japon, sa cité principale, Edo (« porte de la baie »),
est la plus grande ville du monde dès le XVIIIe avec 1 millions d’habitants et devient la capitale en 1868, à la place de
Kyoto, sous le nom de Tokyo. L’agglomération de Tokyo constitue la plus peuplée de la planète avec 35 millions
d’habitants (1/4 de la population), de plus elle est en forte croissance (86% des 25 millions de nouveaux japonais entre
1955 et 1977 sont de Tokyo, 300 000 nouveaux habitants par an). Cet attrait pour la capitale japonaise s’explique par son
rôle de ville mondiale et par sa domination sur l’économie japonaise. Tokyo est fortement reliée au monde (1er ensemble
portuaire, 4 ports – 600 millions de tonnes contre 582 pour Shanghai, 4e aéroport du monde). Cette liaison forte permet
une importante concentration d’industries très variées, de sièges sociaux de FMN (60% des FMN japonaises, 52 des 500
premières FMN mondiales), de sociétés étrangères (plus de 80% de celles présentes au Japon) et la présence d’une
puissance financière importante (Kabuto-Cho, 2e bourse mondiale) permettant à Tokyo de détenir le premier PUB
(produit urbain brut) mondial avec 1 500 milliards de $. Pour finir, Tokyo dispose d’un rôle culturel mondial (expositions,
présentations de modes et spectacles d’avant-garde) de plus en plus fort en raison de l’émergence d’une immigration
occidentale et asiatique. Ce rôle mondial s’appuie aussi sur une puissance nationale. Tokyo est la capitale du Japon et
concentre 50% des industries de pointe, 50% des entreprises de médias, 46% des instituts de recherche, 40% des
étudiants. Ainsi, Tokyo constitue le centre de commandement politique, économique (30% du PIB japonais), scientifique
et culturel du Japon. Le PNB du Kanto s’élève à 1650 milliards de $ à comparer avec le PIB de l’Italie (1 766 ma de $)
Le développement de Tokyo s’est d’abord organisé autour du centre historique (Marunouchi) à proximité du Palais
impérial dans lequel se sont concentrées les fonctions politiques et financières (bourse du Japon, Kabuto-Cho). Par la
suite, de nouveaux centres ont fait leur apparition à proximité des grandes gares (Shinjuku, Ginza, Shibuya) ou dans les
villes périphériques (Yokohama, Kawasaki, Chiba, Tsukuba). L’extension de la mégapole provoque d’importants
mouvements pendulaires (3,7 millions de voyageurs allant chaque jour vers le centre, 25% des habitants faisant plus de 2
h de transport par jour). La croissance de la ville provoque une recomposition urbaine par la verticalisation du centre, la
gentrification des terre-pleins du centre, la création de nouveaux centres tertiaires et commerciaux en périphérie (Minato
Mirai 21, Ropponi Hills) en raison du prix du foncier trop élevé.