La nature de la terre respectée
En agriculture biologique, la vie de la terre est naturelle-
ment respectée. Pour que les cultures évoluent dans de
bonnes conditions, l’agriculteur bio s’appuie sur la rota-
tion des cultures, le recyclage des matières organiques
et la lutte biologique.
La terre respire !
L’entretien naturel de la
terre permet d’augmen-
ter fortement son activité
biologique pour qu’elle
«respire».
Les organismes vivants -
comme les vers de terre,
les insectes de surface
- sont plus nombreux et
leur activité biologique
est plus intense. Des étu-
des suisses ont montré
une augmentation de 60
à 80 % du nombre de
vers de terre en dix ans
dans les sols cultivés en
agriculture biologique,
et une augmentation de
20 à 40 % du poids des
micro-organismes.
La pureté de l’eau préservée
Les agriculteurs bio préservent la qualité de l’eau en s’interdisant l’utilisation
de produits chimiques de synthèse mais aussi en limitant le nombre d’animaux
présent par unité de surface. Les études le prouvent, l’agriculture biologique
a une influence positive sur la qualité de l’eau.
UN EXEMPLE EUROPÉEN RÉUSSI
Munich : la bio améliore la qualité de l’eau
La Société qui gère l’eau de la ville de Munich, s’est engagée en 1992
pour le développement de l’agriculture biologique dans la vallée de
Mangfall. Cette vallée fournit actuellement 75 à 80 % de l’eau muni-
choise, soit 110 millions de mètres cubes par an pour 2 millions d’ha-
bitants.
Conversion à l’agriculture biologique
Cette action s’est articulée autour de la promotion de l’agriculture bio
dans un périmètre de protection de 6 000 ha. Les agriculteurs souhaitant
se convertir se sont engagés à respecter un cahier des charges pour la
conversion de l’ensemble de leur exploitation à l’agriculture biologique.
L’adhésion au projet et les résultats sur la qualité de l’eau ont été immé-
diats. Au bout des 6 premières années, 50 agriculteurs avaient signé un
contrat et en 2004, leur nombre s’élevait à 110, représentant 82 % de la
Surface Agricole Utile du périmètre.
La qualité de l’eau s’est améliorée dès la première année, avec une di-
minution des teneurs en nitrates et une absence totale de traces de rési-
dus de pesticides. L’eau de la source présente actuellement une teneur
de 8 mg / l de nitrates, largement inférieure aux normes européennes
pour l’eau de boisson adulte (50 mg / l).
Un coût très faible
Le coût de ce projet est relativement faible au vu des résultats sur la qualité de l’eau obtenus. Le programme agriculture biolo-
gique coûte 700 000 Euros par an à Munich, soit 0,87 centimes d’Euros par mètre cube d’eau produit. À noter qu’en France,
le coût de la dénitrification des eaux à teneurs supérieures à 50 mg/l en nitrates est de 16 centimes d’Euros / mètres cubes et le
traitement des phytosanitaires de 7 centimes d’Euros�(source : Agence de l’eau Loire –Bretagne)
TROIS PRINCIPES
POUR UN SOL
PROTÉGÉ
Rotation des cultures
Les cultures bio tournent et sont diversi-
fiées, évitant aux sols de s’épuiser en utili-
sant toujours les mêmes éléments nutritifs
et aux maladies d’avoir le temps de s’ins-
taller sur une culture.
Fertilisation naturelle
En bio, la fertilisation est exclusivement
organique et provient majoritairement de
l’exploitation elle-même. Il s’agit essen-
tiellement de compost ou d’engrais verts. Ces
derniers sont des végétaux semés pour four-
nir de l’engrais naturel à la terre, comme le
trèfle violet ou blanc, le lupin, le pois…
Lutte biologique
La lutte biologique répond au souci de com-
battre les ravageurs dans le respect de l’en-
vironnement, en utilisant leurs ennemis na-
turels. Les insectes sont très présents dans
la lutte biologique. Ils servent à détruire
d’autres insectes ou des plantes indésirables.
Par exemple, la Coccinelle est très utile pour
éliminer les pucerons !
QUESTIONS À…
Raoul Leturcq, producteur de
céréales bio à Thieux (60).
Quel est le principal impact du mode
de production biologique sur la vie
de la terre ?
Ce que je constate, c’est que la terre ne se
« ferme » pas. Ceci peut s’expliquer par le
fait qu’en bio, nous évitons les multi-inter-
ventions sur nos parcelles. Nous devons avoir
une approche en parfaite adéquation avec
l’état, la qualité des sols pour les préserver.
Par exemple, nous pratiquons la technique
du faux semis qui consiste à préparer fine-
ment la terre, comme si on allait l’ensemen-
cer. Les « mauvaises herbes » des couches su-
perficielles de la terre germent puis sont tout
simplement détruites par l’action du semoir.
Les cultures ont le temps de bien s’enraciner
avant que la seconde vague de mauvaises
herbes ne pousse et soit détruite de façon
mécanique avec une herse étrille.
Les agriculteurs biologiques plantent
souvent des haies sur leurs parcelles,
à quoi servent-elles ?
Les haies permettent de maîtriser l’érosion des
sols mais pas seulement. Sur mes parcelles,
j’ai planté, environ tous les 120 mètres, des «
corridors écologiques ». Ces bandes de ver-
dure participent à la biodiversité et abritent
toutes sortes d’animaux : rongeurs, oiseaux,
insectes… qui sont, en plus, bien souvent des
prédateurs naturels
pour les ennemis
des cultures !
QUESTIONS À…
Marc Benoît, chercheur
à l’INRA (Institut National
de la Recherche Agronomi-
que) de Mirecourt, à Nancy
(54).
Existe-t-il une relation entre agri-
culture biologique et qualité de
l’eau ?
Oui et elle est positive ! Nous étudions
cette relation depuis 1987. L’agriculture
biologique permet d’améliorer la qualité
phytosanitaire et de diminuer la teneur
en nitrates de l’eau.
Comment expliquer que l’agri-
culture biologique permette de
diminuer la teneur en nitrates de
l’eau ?
Les agriculteurs bio n’utilisent, tout au
plus, que des engrais organiques en
quantité limitée pour fertiliser leurs sols,
il n’ajoutent aucun engrais minéral azoté.
Cette pratique permet d’éviter de dépas-
ser la quantité de nitrates que les végé-
taux peuvent naturellement absorber.
Il est toutefpois important de souligner
que les nitrates sont indispensables à la
vie !
Nous avons mené des recherches en si-
tuations de polyculture-élevage en Lor-
raine. Nous avons ainsi pu montrer que
la teneur en nitrates sous les parcelles
bio pouvait atteindre de très fables va-
leurs : 11 mg/l sous les parcs à vaches et
8 mg/l sous les prés de fauche.
Rappelons que le plafond est fixé à 50
mg/litre pour les eaux de boisson.
BIO
À SAVOIR...