Lettre d’Information N°2
Agriculture biologique et protection de l’environnement
85% des Français affirment consommer des produits biologiques pour préserver l’environne-
ment, selon le dernier baromètre CSA/Agence BIO 2004.
L’agriculture biologique est guidée par la volonté de protéger les ressources naturelles : eaux,
sols, faune et flore. C’est pourquoi elle refuse l’utilisation de produits chimiques de synthèse
au profit de produits d’origine végétale et animale. Ainsi, chaque jour, les hommes et les fem-
mes qui suivent les principes et les techniques spécifiques de l’agriculture bio agissent pour
préserver l’environnement. C’est ce que nous vous proposons de découvrir au fil des pages
de cette deuxième édition de la Lettre d’information de l’Agence BIO.
« 85% des Français
affirment consommer
des produits biologi-
ques pour préserver
l’environnement »
En respectant et allant même au-delà
des règles régissant leurs métiers de
cultivateurs, d’éleveurs ou de transfor-
mateurs, les acteurs de la bio agissent,
entre autres, pour :
- le maintien et l’amélioration de la
fertilité des sols en maintenant ou en
augmentant sa teneur en humus par
des apports organiques et des rota-
tions longues.
- la réduction des risques de pollution
par les nitrates car les apports d’azote sont limités et sous forme organique, les
sols rarement nus en hiver, les prairies très présentes car utilisées comme source
principale de l’alimentation des ruminants, etc.,
- la préservation de la qualité de l’eau et des sols grâce à l’interdiction de l’usage
des produits chimiques de synthèse (pesticides, engrais...),
- la qualité des paysages ruraux puisque la diversité des productions est néces-
saire sur la plupart des exploitations. De plus, pour protéger ses cultures, l’agri-
culteur bio privilégie le maintien des haies bordant ses champs, et en replante
partout où elles sont utiles, préservant ainsi le paysage des campagnes et l’équi-
libre de la nature,
- le respect et le développement de la biodiversité puisque les agriculteurs sé-
lectionnent des variétés végétales et des espèces animales adaptées aux terroirs,
aux conditions climatiques et naturellement résistantes aux parasites et aux ma-
ladies.
SOMMAIRE
La nature
de la terre respectée
Trois principes pour un sol
protégé
QUESTIONS À…
Raoul Leturcq, producteur
de céréales bio
La pureté
de l’eau préservée
Munich : la bio améliore la
qualité de l’eau
QUESTIONS À…
Marc Benoît, chercheur à
l’INRA
Transformateurs et
distributeurs préser-
vent aussi l’environ-
nement
QUESTIONS À...
Valérie Tremblay, directrice
qualité d’une entreprise de
distribution de fruits et
légumes bio
Europe : l’agriculture biolo-
gique instrument de déve-
loppement durable
La nature de la terre respectée
En agriculture biologique, la vie de la terre est naturelle-
ment respectée. Pour que les cultures évoluent dans de
bonnes conditions, l’agriculteur bio s’appuie sur la rota-
tion des cultures, le recyclage des matières organiques
et la lutte biologique.
La terre respire !
Lentretien naturel de la
terre permet d’augmen-
ter fortement son activité
biologique pour quelle
«respire».
Les organismes vivants -
comme les vers de terre,
les insectes de surface
- sont plus nombreux et
leur activi biologique
est plus intense. Des étu-
des suisses ont montré
une augmentation de 60
à 80 % du nombre de
vers de terre en dix ans
dans les sols cultivés en
agriculture biologique,
et une augmentation de
20 à 40 % du poids des
micro-organismes.
La pureté de l’eau préservée
Les agriculteurs bio préservent la qualité de l’eau en s’interdisant l’utilisation
de produits chimiques de synthèse mais aussi en limitant le nombre d’animaux
présent par unité de surface. Les études le prouvent, l’agriculture biologique
a une influence positive sur la qualité de l’eau.
UN EXEMPLE EUROPÉEN RÉUSSI
Munich : la bio améliore la qualité de l’eau
La Société qui gère l’eau de la ville de Munich, s’est engagée en 1992
pour le développement de l’agriculture biologique dans la vallée de
Mangfall. Cette vallée fournit actuellement 75 à 80 % de l’eau muni-
choise, soit 110 millions de mètres cubes par an pour 2 millions d’ha-
bitants.
Conversion à l’agriculture biologique
Cette action s’est articulée autour de la promotion de l’agriculture bio
dans un périmètre de protection de 6 000 ha. Les agriculteurs souhaitant
se convertir se sont engagés à respecter un cahier des charges pour la
conversion de l’ensemble de leur exploitation à l’agriculture biologique.
L’adhésion au projet et les résultats sur la qualité de l’eau ont été immé-
diats. Au bout des 6 premières années, 50 agriculteurs avaient signé un
contrat et en 2004, leur nombre s’élevait à 110, représentant 82 % de la
Surface Agricole Utile du périmètre.
La qualité de l’eau s’est améliorée dès la première année, avec une di-
minution des teneurs en nitrates et une absence totale de traces de rési-
dus de pesticides. L’eau de la source présente actuellement une teneur
de 8 mg / l de nitrates, largement inférieure aux normes européennes
pour l’eau de boisson adulte (50 mg / l).
Un coût très faible
Le coût de ce projet est relativement faible au vu des résultats sur la qualité de l’eau obtenus. Le programme agriculture biolo-
gique coûte 700 000 Euros par an à Munich, soit 0,87 centimes d’Euros par mètre cube d’eau produit. À noter qu’en France,
le coût de la dénitrification des eaux à teneurs supérieures à 50 mg/l en nitrates est de 16 centimes d’Euros / mètres cubes et le
traitement des phytosanitaires de 7 centimes d’Euros�(source : Agence de l’eau Loire –Bretagne)
TROIS PRINCIPES
POUR UN SOL
PROTÉGÉ
Rotation des cultures
Les cultures bio tournent et sont diversi-
fiées, évitant aux sols de s’épuiser en utili-
sant toujours les mêmes éléments nutritifs
et aux maladies d’avoir le temps de s’ins-
taller sur une culture.
Fertilisation naturelle
En bio, la fertilisation est exclusivement
organique et provient majoritairement de
l’exploitation elle-même. Il s’agit essen-
tiellement de compost ou d’engrais verts. Ces
derniers sont des végétaux semés pour four-
nir de l’engrais naturel à la terre, comme le
trèfle violet ou blanc, le lupin, le pois…
Lutte biologique
La lutte biologique répond au souci de com-
battre les ravageurs dans le respect de l’en-
vironnement, en utilisant leurs ennemis na-
turels. Les insectes sont très présents dans
la lutte biologique. Ils servent à détruire
d’autres insectes ou des plantes indésirables.
Par exemple, la Coccinelle est très utile pour
éliminer les pucerons !
QUESTIONS À…
Raoul Leturcq, producteur de
céréales bio à Thieux (60).
Quel est le principal impact du mode
de production biologique sur la vie
de la terre ?
Ce que je constate, c’est que la terre ne se
« ferme » pas. Ceci peut s’expliquer par le
fait qu’en bio, nous évitons les multi-inter-
ventions sur nos parcelles. Nous devons avoir
une approche en parfaite adéquation avec
l’état, la qualité des sols pour les préserver.
Par exemple, nous pratiquons la technique
du faux semis qui consiste à préparer fine-
ment la terre, comme si on allait l’ensemen-
cer. Les « mauvaises herbes » des couches su-
perficielles de la terre germent puis sont tout
simplement détruites par l’action du semoir.
Les cultures ont le temps de bien s’enraciner
avant que la seconde vague de mauvaises
herbes ne pousse et soit détruite de façon
mécanique avec une herse étrille.
Les agriculteurs biologiques plantent
souvent des haies sur leurs parcelles,
à quoi servent-elles ?
Les haies permettent de maîtriser l’érosion des
sols mais pas seulement. Sur mes parcelles,
j’ai planté, environ tous les 120 mètres, des «
corridors écologiques ». Ces bandes de ver-
dure participent à la biodiversité et abritent
toutes sortes d’animaux : rongeurs, oiseaux,
insectes… qui sont, en plus, bien souvent des
prédateurs naturels
pour les ennemis
des cultures !
QUESTIONS À…
Marc Benoît, chercheur
à l’INRA (Institut National
de la Recherche Agronomi-
que) de Mirecourt, à Nancy
(54).
Existe-t-il une relation entre agri-
culture biologique et qualité de
l’eau ?
Oui et elle est positive ! Nous étudions
cette relation depuis 1987. L’agriculture
biologique permet d’améliorer la qualité
phytosanitaire et de diminuer la teneur
en nitrates de l’eau.
Comment expliquer que l’agri-
culture biologique permette de
diminuer la teneur en nitrates de
l’eau ?
Les agriculteurs bio n’utilisent, tout au
plus, que des engrais organiques en
quantilimitée pour fertiliser leurs sols,
il n’ajoutent aucun engrais minéral azoté.
Cette pratique permet d’éviter de dépas-
ser la quantide nitrates que les végé-
taux peuvent naturellement absorber.
Il est toutefpois important de souligner
que les nitrates sont indispensables à la
vie !
Nous avons mené des recherches en si-
tuations de polyculture-élevage en Lor-
raine. Nous avons ainsi pu montrer que
la teneur en nitrates sous les parcelles
bio pouvait atteindre de très fables va-
leurs : 11 mg/l sous les parcs à vaches et
8 mg/l sous les prés de fauche.
Rappelons que le plafond est fixé à 50
mg/litre pour les eaux de boisson.
BIO
À SAVOIR...
Nettoyage
sous haute
surveillance
L’eau de lavage
et de rinçage
des installations
fait l’objet d’une
grande rigueur
en terme de pu-
reté. Depuis août
2000, la régle-
mentation bio a
défini une liste
de nettoyants et
de désinfectants
autorisés. Ces
derniers doivent
répondre tant à
des valeurs d’effi-
cacité que de non
nuisance sur l’en-
vironnement.
Transformateurs et distributeurs bio préservent
aussi l’environnement
En bio, les entreprises de transformation suivent aussi les principes de l’agriculture bio-
logique, permettant de respecter les saveurs originelles des aliments et de préserver l’en-
vironnement : seuls les procédés biologiques et physiques sont autorisés, tout produit
chimique de synthèse est exclu.
CAMPAGNE FINANCÉE
AVEC LE CONCOURS
DE L’UNION EUROPÉENNE
ET DE L’AGENCE BIO
Adocom - RP - Paris - tél : 01 48 05 19 00 - pour AGENCE BIO France - crédit photos F. Decante - V. Grémillet - So Toven - Adocom
QUESTIONS À…
Valérie Tremblay, directrice qualité chez
ProNatura, entreprise de distribution de
fruits et légumes bio, Cavaillon (84)
Quelles sont les mesures prises dans votre entreprise pour
préserver l’environnement ?
Bien évidemment, nous respectons les règles imposées par
le cahier des charges régissant notre activité bio mais nous
allons plus loin dans la logique. Par exemple, nous avons un
entrepôt Haute Qualité Environnementale dont la structure
est en bois et la couverture végétale ! Les végétaux offrent
une très bonne isolation, ce qui permet de diminuer notre
consommation d’énergie de 30% par rapport à un bâtiment
classique. A l’extérieur, les jardins sont désherbés mécanique-
ment, l’arrosage est fait avec de l’eau de récupération… etc.
Portez-vous une attention particulière aux emballages bio-
dégradables ?
Oui, nous étudions actuellement un nouveau matériau d’em-
ballage : le PLA. En Acide PolyLactique, ce conditionnement
commence à arriver sur le marché. Il est fabriqué à base
d’amidon de maïs et destiné, entre autres, à remplacer les em-
ballages PVC. Le PLA a la particularité d’être biodégradable
par compostage. C’est-à-dire que pour se dégrader, il doit être
soumis aux conditions spécifiques du compostage. Pour s’en
débarrasser, c’est simple, il suffit donc de le mélanger aux dé-
chets organiques, comme les pelures des fruits et légumes,
etc… dans le jardin, il se décompose avec le compost.
EUROPE : L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
INSTRUMENT DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
L’influence positive de la bio sur l’environnement est reconnue par l’Union européenne,
qui a mis en place un Plan d’action européen en matière d’alimentation et d’agriculture
biologiques en 2004.
Pour l’Union européenne, l’agriculture biologique est un instrument important de la straté-
gie d’intégration des critères environnementaux et de développement durable qui consti-
tuent les principes fondamentaux de réforme de la Politique agricole commune (PAC).
Considérant que les produits bio sont respectueux de l’environnement, l’Union européenne
a fait de leur promotion l’un des objectifs majeur de sa politique agricole. C’est pourquoi le
« plan d’action européen en matière d’alimentation et d’agriculture biologiques » vise à ren-
forcer l’information des consommateurs, à améliorer le système de contrôle et à intensifier
la recherche. La Commission a ainsi présenté une liste de 21 mesures concrètes à mettre en
œuvre dans les pays européens.
BIO
À SAVOIR...
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