
Crise myasthénique
Une CM survient chez près de 2,5% des myasthéniques.
Elle consiste en une poussée responsable d’une IRA moti-
vant une IOT. La myasthénie est dans la majorité des cas
une maladie auto-immune secondaire à une anomalie de
la transmission neuromusculaire par fixation d’anticorps
(AC) circulant sur les récepteurs postsynaptiques de l’acé-
tylcholine (bloc postsynaptique). Ce bloc est à l’origine
d’une faiblesse, voire d’une paralysie musculaire flasque
dans les formes graves. Un facteur déclenchant doit être
systématiquement recherché. Le déficit est moteur pur,
fluctuant et évoluant par poussées plus ou moins régres-
sives ; il touche préférentiellement les muscles oculomo-
teurs et bulbaires. L’atteinte des membres est surtout
proximale et l’atteinte axiale est fréquente. L’atteinte res-
piratoire est souvent fruste et la fluctuation rapide peut ex-
pliquer une aggravation brutale des patients. La confirma-
tion diagnostique repose sur l’électroneuromyogramme
(qui met en évidence un décrément du potentiel à la sti-
mulation répétitive à basse fréquence (3Hz)) et sur la pré-
sence d’AC antirécepteurs de l’acétylcholine (85%) ou d’AC
antimusc (10%). La prise en charge repose sur l’assistance
respiratoire et les mesures de réanimation, associées à un
traitement par Ig ou par échanges plasmatiques, le réajus-
tement ou l’introduction de corticostéroïdes et d’immuno-
suppresseurs et le rééquilibrage du traitement anticholi-
nestérasique.7,11,12,16
Botulisme
Il s’agit d’une maladie infectieuse causée par la neuro-
toxine botulique secrétée par le
Clostridium botulinum
, qui
empêche la libération de l’acétylcholine dans la fente
synap tique (bloc présynaptique) de la jonction neuromus-
culaire, à l’origine d’une paralysie flasque symétrique et
descendante. Selon la source de l’infection, cinq formes
de botulisme sont décrites (la forme alimentaire est de
loin la plus fréquente). Le tableau clinique est polymorphe
associant des nausées, des vomissements et des douleurs
abdominales suivis par une dysautonomie (vision floue,
diplopie, bradycardie, hypotension), puis des signes neu-
rologiques et musculaires aboutissant dans les formes graves
à une paralysie flasque descendante. Une IRA complique
10% des cas. La confirmation du diagnostic repose sur l’iso-
lement de la toxine botulique (dans l’aliment consommé,
le sérum, les vomissements, le liquide gastrique ou les sel-
les) ou du
Clostridium botulinum
dans les selles des patients
et les aliments. Le traitement spécifique consiste à l’admi-
nistration de l’antitoxine équine ABE ou d’Ig du botulisme
humain le plus précocement possible dans les for mes ali-
mentaires et sur les antibiotiques et le débridement de la
plaie en cas de botulisme par blessure.16,17
Porphyrie aiguë intermittente (PAI)
La PAI est une maladie métabolique héréditaire auto-
somique dominante caractérisée par la mutation du gène
de la porphobilinogène déaminase (PBGD), à l’origine d’un
déficit enzymatique dans le processus de biosynthèse de
l’hème. Il en résulte une accumulation et une excrétion ac-
crues des précurseurs toxiques de l’hème : les porphyrines.
L’atteinte nerveuse est de mécanisme peu clair, très proba-
blement en rapport avec l’accumulation des précurseurs
et/ou le déficit en hème. Les crises aiguës neuroviscérales
sont le plus souvent déclenchées par des facteurs exo-
gènes ou environnementaux. En plus des urines rouges
porto, le tableau clinique est polymorphe et comporte : un
syndrome abdominal (douleurs abdominales sévères avec
nausées et vomissements) et un syndrome neuropsychi que
central (crises convulsives ou troubles psychiques) ou péri-
phérique (faiblesse musculaire isolée, voire paralysie flas-
que avec amyotrophie et troubles sensitifs subjectifs). Une
IRA peut survenir dans 9 à 14% des cas. L’élévation des taux
de porphobilinogène (PBG) et d’acide d-aminolévulinique
(ALA) dans les urines de 24 heures ainsi que la diminution
de l’activité plasmatique de la PBGD confirment le diag-
nostic. La prise en charge repose sur l’éradication d’un
éventuel facteur déclenchant, l’analgésie, la perfusion de
glucose 10% jusqu’à 3-4 l/jour, la perfusion d’hémine et la
correction des troubles hydro-électrolytiques (hyponatré-
mie et hypomagnésémie).18-20
insuffisance respiratoire aiguë
et maladies neuromusculaires
chroniques (mnmch)
Dans la majorité des cas, il s’agit d’une décompensation
d’une MNM déjà connue par un facteur déclenchant (ta-
bleau 6), dont l’identification est primordiale pour l’effica-
cité de la prise en charge.2,5,8 La surveillance est essentiel-
lement clinique et gazométrique. La mesure des paramètres
respiratoires (CV, Pmi et Pme) n’a que peu d’intérêt dans la
décision d’une IOT en période aiguë.2
Ces patients présentent une difficulté à la toux res-
ponsable d’un encombrement bronchique, pouvant être
1812 Revue Médicale Suisse
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30 septembre 2015
Facteurs prédictifs de ventilation mécanique à l’admission
en réanimation
Sans mesure de la capacité Avec mesure de la CV
vitale (CV) (risque L 85% (risque L 85% si les 3 critères
si 4 critères présents) présents)
• Début des signes avant admission • Début des signes avant admission
l 7 jours l 7 jours
• Toux inefficace • Impossibilité de relever la tête
• Impossibilité de tenir debout • CV l 60% de la théorique
• Impossibilité de soulever
les coudes
• Impossibilité de relever la tête
• Cytolyse hépatique
Facteurs prédictifs de ventilation mécanique pendant le séjour
en réanimation
• Troubles de déglutition
• CV l 20 ml/kg
Critères d’intubation
• Détresse respiratoire
• PaCO2 L 6,4 kPa (48 mmHg) ou PaO2 l 7,5 kPa (56 mmHg)
• CV l 15 ml/kg
• Pression inspiratoire maximale l -25 cmH2O
• Pression expiratoire maximale l 40 cmH2O
Tableau 5. Facteurs prédictifs de ventilation méca-
nique et critères d’intubation au cours du syndrome
de Guillain-Barré12,15
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