Direction des affaires culturelles
Villed’Herblay 5
La production artistique I.
A. Notesd’intention
1. Camille Germser – mise en scène
Falstaff, c’est du vaudeville. Ça en a le matériau, les personnages, l’intrigue et, qui plus est, la
mécaniqueestbiencelled’undivertissement.
Lorsque j’évoque cette notion de divertissement, c’est le sens étymologique de divertir qui
m’intéresse« aller dans une autre direction », je fais alors allusion à une chose qui nous sortirait un
peu de notre tête.
Lethéâtreetl’opéraontunechoseessentielleencommun :ilsfontlerécitd’unehistoire...quise
cache derrière l’œuvre. L’œuvre est une enveloppe, parfois médiatique, parfois invisible, mais
presquetoujoursenbétonquel’onatoutloisirdepeindreetrepeindre(lebéton)augoûtdujour
avec la volonté de dépoussiérer, d’actualiser, d’adapter, alors que l’histoire, en réalité souvent
négligée, ternit sous sa couche de béton.
Ilfautdoncs’employeràdésacraliserl’œuvre,auprofitdel’histoire.Larendreaccessibleetlimpide,
d’une part, et, d’autre part, la faire résonner dans notre temps et nos codes, sans forcément
déployer les grands concepts de transposition présomptueux.
Ilestdoncindispensablequelespectateurcomprennenonseulementl’histoireettouslesenjeuxde
l’intrigue,maisaussitouslesdétails,aumotprêt,etàmesurequesejouel’œuvre.Commelorsqu’on
se met devant un film, le spectateur ne devrait pas avoir à fournir un effort préalable. Je ne veux pas
solutionnerlesproblèmesdelectureduspectacleenarguantdufaitqu’unprogrammeseradistribué
en salle, que les professeurs auront préparé les élèves, ou en supposant encore une curiosité du
spectateurquil’aurapousséàs’enquérirdel’œuvreavantsasortieauthéâtre.
Le défi est de taille, même pour une intrigue de cet acabit, carlamusiquecontraintlejeu,etl’italien
est une barrière de plus après celle de la diction.
La drôlerie du vaudeville est une piste. Elle tient à des situations cocasses, des quiproquos, des
répliques, un rythme soutenu, et tous les chassé-croisé inhérents à la mécanique. Nous sommes à
l’opéra et, pour l’acteur-chanteur, tout est jalonné par la musique : le texte est contraint par la
prosodie,tandisqueletonetl’humeursontguidésparlesthèmeschantésetleursarrangements.Il
fautalorss’employeràcréerunesortedesecondrythmeauspectacle,pourdonnerl’illusionquela
musiquesuitlejeud’acteuretl’intrigue ; cadencer pour mieux raconter, vers le spectateur.
Onnedoitpasamenerlepublicverstelleoutelleœuvre,teloutelartiste,teloutelart.Ondoit
amenerl’œuvreàlui.Noussommescertesdesexécutants,d’un point de vue technique, mais nous
sommes aussi et surtout des ambassadeurs.
Lamiseenscèneestunparamètreparmid’autres.Jenepeuxpasparlerdemiseenscène,purement
et simplement. Tout est imbriqué. Je veux que la fonction du costume soit tout aussi extravagante
que les personnages, je veux que le décor soit le terrain vibrant de ce vaudeville, que la lumière
exalte et magnifie ce que la vie enscène ne sera jamais dans lavraie vie, etc… Tous les artifices
doivent être au service de tout ce quelascènepeutavoirdeglamour.L’opéranedoitpaséchapper
auglamour,l’opéradoitêtreglamour.