La Douleur De - premier

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SAISON 09/10
La Douleur
Les mardi 30 et mercredi 31 mars 2010
Au Grand T
© Carole Bellaïche
Dossier Jeune Public
Sommaire
Présentation
p. 3
Le propos
p. 4
Les intentions de mise en scène
p. 5
Marguerite Duras (1914(1914-1996)
p. 6
Patrice Chéreau
Chéreau et Thierry Thieû Niang,
metteurs en scène
p. 8
Dominique Blanc, interprète
p.10
« Seule avec La Douleur »
Entretien avec Dominique Blanc
p.11
p.11
Les échos de la presse
p.13
p.13
2
La Douleur
De
Marguerite Duras
Mise en scène
Patrice
e Chéreau et Thierry Thieû Niang
Patric
Avec
Dominique Blanc
Production
Les Visiteurs du Soir
Le mardi 30 mars à 20h et le mercredi 31 à 20h30
au Grand T
Durée du spectacle : 1h30
Tarif : 9€ par élève (pour un groupe d’au moins 10 élèves) ou un pass-culture
Public : à partir de la première
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Le propos
La dernière guerre, Marguerite Duras l'a vécue tout à la fois comme femme dont le mari
avait été déporté, comme résistante, mais aussi, comme écrivain.
Lucide, étonnée, désespérée parfois, elle a, pendant ces années, tenu un journal, écrit des
textes que lui inspirait tout ce qu'elle voyait, ce qu'elle vivait, les gens qu'elle rencontrait ou
affrontait.
Ce sont ces récits et des extraits de son journal, que Marguerite Duras a réunis sous le titre
La Douleur.
La Douleur est un récit autobiographique, le journal de l’absence éprouvante, de
l’attente chargée de menaces, de la peur atroce, écrasante, du désespoir, de la honte
de vivre en attendant le retour de Robert Antelme (Robert L. dans le texte), son mari,
déporté dans un camp allemand. Elle ignore en cet avril 45, printemps de la Libération, s’il
est toujours vivant. Errante dans une ville assommée, courant de bureau en bureau,
maudissant son téléphone, ne mangeant plus, ne dormant plus, elle attend, elle guette, elle
cherche le moindre signe d’espoir. La guerre continue en elle alors qu’alentour la joie de la
Libération s’extériorise. Son groupe de résistants se réorganise pour encadrer le retour de
ceux qui en reviennent. Lui aussi en reviendra, dans un corps où la vie n’a plus de poids.
« J’ai retrouvé ce Journal dans deux cahiers des armoires bleues de Neauphlele-Château.
Je n’ai aucun souvenir de l’avoir écrit.
Je sais que je l’ai fait, que c’est moi qui l’ai écrit, je reconnais mon écriture et le
détail de ce que je raconte, je revois l’endroit, la gare d’Orsay, les trajets, mais je
ne me vois pas écrivant ce Journal.
Quand l’aurais-je écrit, en quelle année, à quelles heures du jour, dans quelle
maison ?
Je ne sais plus rien.
Ce qui est sûr, évident, c’est que ce texte-là, il ne me semble pas pensable de
l’avoir écrit pendant l’attente de Robert L.
Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et
qui m’épouvante quand je la relis ? Comment ai-je pu de même
abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne
régulièrement inondée en hiver ?
La première fois que je m’en soucie, c’est à partir d’une demande que me fait la
revue Sorcières d’un texte de jeunesse.
La Douleur est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot
« écrit » ne conviendrait pas.
Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d’une petite écriture
extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre
phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n’ai pas osé toucher et au
regard de quoi la littérature m’a fait honte. »
Extrait de La Douleur de Marguerite Duras
.
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Les intentions de mise en scène
« Envie d’abord de retravailler avec Dominique Blanc, envie de partager
quelque chose, de faire exister ce quelque chose.
Envie alors de se confronter à ce texte terrible. De se ressouvenir de
ça : la Résistance, la Libération, les camps, cette période impensable
et qu’on a oubliée. Et puis le retour incroyable de cet homme dont
Marguerite Duras s’est séparée et qu’elle aime, l’horreur de l’attente,
la splendeur de sa résurrection à lui – qui est aussi un peu son œuvre
à elle.
L’espoir fou.
Transmettre tout cela, humblement, à des spectateurs. »
Patrice Chéreau
Avec la complicité de Thierry Thieû Niang, Patrice Chéreau met en scène l’une de ses
actrices fétiches, la saisissante Dominique Blanc.
Elle interprète l’un des textes les plus troublants de la littérature d’après guerre : le journal
de Marguerite Duras, dans lequel elle consigne sa vie après la libération de Paris et l’attente
du retour de son mari, prisonnier des camps.
Dominique Blanc fait résonner, jusque dans ses silences, ses soupirs, la simplicité et
l'intensité de l’écriture durassienne.
La Douleur a été créée le 25 novembre 2008 au Théâtre de St Quentin-en-Yvelines. Le
spectacle a été accueilli au Grand T une première fois en novembre 2008.
©Ros Ribas
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Marguerite Duras (1914-1996)
Marguerite Duras est née en 1914 en Indochine, où elle passe son enfance. Venue en
France à 18 ans, elle y étudie le droit puis se consacre à l’écriture : romans, théâtre,
scénarios de films, articles.
Elle inaugure une nouvelle forme d’écriture, très personnelle, qui, par le jeu des
combinaisons narratives et l’importance accordée à la parole, rend compte de la
complexité des voix et des points de vue.
Parce que Marguerite Duras revendique la prédominance de « l’écrit » sur toutes les formes
de représentation, elle transgresse les règles traditionnelles des genres jusqu’à construire
des textes hybrides qui échappent à la taxinomie.
Ce qu’elle entend partager avec ses lecteurs et ses spectateurs, c’est le mouvement d’une
œuvre toujours à venir, qui se défait à mesure qu’elle s’invente, l’exécution d’un livre voué à
son propre effacement, à la fois l’origine et la faillite du geste de la création. La mort, le désir,
l’enfance, la perte, la mémoire, l’amour sont convoqués inlassablement par la dynamique de
l’écriture.
Marguerite Duras s’éteint à Paris en mars 1996.
Son Œuvre
Roman et récits
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Les Impudents. Plon, 1943.
La Vie tranquille. Gallimard, 1944.
Un barrage contre le Pacifique. Gallimard, 1950.
Le Marin de Gibraltar. Gallimard, 1952.
Les Petits Chevaux de Tarquinia. Gallimard, 1953.
Des journées entières dans les arbres, Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers.
Gallimard, 1954.
Le Square. Gallimard, 1955.
Moderato Cantabile. Les Éditions de Minuit, 1958.
Dix heures et demie du soir en été. Gallimard, 1960.
L'Après-midi de Monsieur Andesmas (récit). Gallimard, 1962.
Le Ravissement de Lol V. Stein. Gallimard, 1964.
Le Vice-consul. Gallimard, 1966.
L'Amante anglaise. Gallimard, 1967.
Détruire, dit-elle. Les Éditions de Minuit, 1969.
Abahn Sabana David. Gallimard, 1970.
L'Amour. Gallimard, 1971.
« Ah ! Ernesto », un conte pour enfants. éd. Hatlin Quist, 1971.
Vera Baxter ou les Plages de l'Atlantique. éd. Albatros, 1980.
L'Homme assis dans le couloir (récit). Les Éditions de Minuit, 1980.
L'Été 80. Les Éditions de Minuit, 1980.
Les Yeux verts. Éditions du Seuil, 1987.
Outside - Papiers d'un jour. Coll. "Illustrations", Albin Michel, 1981.
L'Homme atlantique. Les Éditions de Minuit, 1982.
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La Maladie de la mort (récit). Les Éditions de Minuit, 1982.
L'Amant. Les Éditions de Minuit, 1984. (Prix Goncourt en 1984 et Prix Ritz-ParisHemingway (meilleur roman publié en anglais) en 1986).
La Douleur. POL, 1985.
Les Yeux bleus, cheveux noirs. Les Éditions de Minuit, 1986.
La Pute de la côte normande. Les Éditions de Minuit, 1986.
La Vie matérielle. POL, 1987.
Émily L. Les Éditions de Minuit, 1987.
La Pluie d'été. POL, 1990
L'Amant de la Chine du Nord. Gallimard, 1991.
Yann Andréa Steiner. POL, 1992.
Écrire. Gallimard, 1993.
Le Monde extérieur. Outside 2. POL, 1993.
C’est tout. POL, 1995.
La Mer écrite. Textes de Duras sur des photographies d'Hélène Bamberger, Éditions
Marval, 1996.
Cahiers de la guerre et autres textes. Édition établie par Olivier Corpet et Sophie
Bogaert, POL/Imec, 2006
Scénarios et dialogues
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Hiroshima mon amour. Gallimard, 1960.
Une aussi longue absence, en collaboration avec Gérard Jarlot. Gallimard, 1961.
La Musica. Gallimard, 1965.
Nathalie Granger, suivi de La Femme du Gange. Gallimard, 1973.
India Song. Gallimard, 1973.
Le Camion, suivi d’entretiens avec Michelle Porte. Les Éditions de Minuit, 1977.
Le Navire Night, suivi de Césarée, Les Mains négatives, Aurélia Steiner. Mercure de
France, 1979.
Réalisations
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1966 : La Musica, co-réalisé avec Paul Séban.
1969 : Détruire, dit-elle.
1971 : Jaune le soleil, d'après Abahn Sabana David.
1972 : Nathalie Granger.
1974 : La Femme du Gange.
1975 : India Song. (Prix de l'Association française des cinémas d'art et d'essai à
Cannes en 1975).
1976 : Des journées entières dans les arbres. (Prix Jean Cocteau).
1976 : Son nom de Venise dans Calcutta désert.
1977 : Le Camion. (Projeté hors compétition au Festival de Cannes 1977).
1977 : Baxter Vera Baxter.
1978 : Le Navire Night.
1979 : Césarée. Court-métrage avec la voix de Duras.
1979 : Les Mains négatives. Court-métrage avec la voix de Duras.
1979 : Aurélia Steiner, dit Aurélia Vancouver. Court-métrage.
1981 : Agatha et les lectures illimitées.
1981 : L'Homme atlantique. Court-métrage avec la voix de Duras.
1982 : Dialogue de Rome (Il dialogo di Roma). Documentaire.
1984 : Les Enfants, d'après Ah ! Ernesto, co-réalisé avec Jean Mascolo et Jean-Marc
Turine.
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Patrice Chéreau et Thierry Thieû
Niang, metteurs en scène
Patrice Chéreau
Né en 1944, Patrice Chéreau passe son enfance à Paris avec
deux parents peintres qui lui transmettent très jeune le goût des
arts.
En 1966, il prend la direction du Théâtre de Sartrouville à l’âge
de 22 ans, où il monte des pièces impliquées politiquement.
De 1970 à 1972, il travaille au Piccolo Teatro de Milan. En
Italie, il met en scène Neruda, Dorst, Marivaux et Wedekind,
et signe en 1969 sa première mise en scène d’opéra avec
L’Italienne à Alger au festival de Spolète.
© Ros Ribas
Codirecteur du TNP de Villeurbanne de 1972 à 1981, il aborde Marlowe, Bond, Wenzel et
Ibsen. Durant ces années, il monte Les Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Paris (1974), la
Tétralogie au festival de Bayreuth (1976) et crée la version intégrale de Lulu de Berg à
l’Opéra de Paris (1979), ces deux dernières productions en collaboration avec Pierre Boulez.
Après avoir acquis une réputation internationale, jouant les plus grands auteurs classiques, il
sort son premier long métrage, La Chair de l'orchidée en 1974.
Entre théâtralité et réalisme, ses films reflètent sa personnalité, mais aussi une intensité des
relations toujours présente.
A partir de 1983, il dirige pendant huit ans le Théâtre des Amandiers à Nanterre. Il
rencontre Bernard-Marie Koltès, dont il monte plusieurs textes. Il monte également
des pièces de Genet, Marivaux, Müller, Tchékhov et Shakespeare.
En 1983, son troisième film, L’Homme blessé, pour lequel il reçoit l’année suivante le César
du meilleur scénario, le fait connaître du grand public.
En 1988, Patrice Chéreau présente Hamlet au festival d’Avignon. Il met en scène Lucio
Silla de Mozart à la Scala de Milan, au Théâtre des Amandiers et à la Monnaie de
Bruxelles.
Après son départ des Amandiers en 1990, il signe Wozzeck au Théâtre du Châtelet en 1992,
puis Don Giovanni au festival de Salzbourg en 1994, avant de se consacrer davantage au
cinéma.
C'est en 1994 avec La Reine Margot, vaste fresque théâtrale mettant en scène Isabelle
Adjani, Daniel Auteuil et Jean-Hugues Anglade, qu'il rencontre un véritable succès public et
remporte le Prix du Jury au festival de Cannes en 1994 et cinq Césars l’année suivante.
8
Il revient ensuite à des films plus intimistes, comme Ceux qui m'aiment prendront le train
(1998), Intimité (2001), Son frère - Ours d'argent à Berlin en 2003 - ou encore Gabrielle,
sélectionné au Festival de Venise en 2005 et dans lequel il dirige Isabelle Huppert. La même
année, il propose une version très personnelle du célèbre Cosi fan tutte de Mozart.
Réalisateur et metteur en scène inspiré, Patrice Chéreau signe des œuvres organiques, au
chaos parfaitement orchestré.
Thierry Thieû Niang
Thierry Thieû Niang a été instituteur et psychomotricien
en France et à l'étranger.
Formé à la danse auprès de Renate Pook, Christine
Gérard, Carolyn Carlson, Odile Duboc, Douglas Dunn et
Julyen Hamilton, il a été interprète pour les compagnies
de Hideyuki Yano, Christine Gérard et Daniel Dobbels,
Nadine Hernu, Daniel Larrieu, Héla Fattoumi et Eric
Lamoureux.
© Agnès Mellon
Au théâtre, il participe au travail de Robert Carsen et de Claude Régy, de Bruno
Meyssat, Alain Gintzburger, François Rancillac, Françoise Delrue, et Laurent Rogero
ainsi qu'au cinéma pour Philippe Fréling, Jacques Vincey, Solveig Dommartin,
Stéphane Nelet et Frédérique Ribis.
Il crée aussi des mises en espaces pour des concerts, des récitals pour musiciens et
chanteurs tels Jeff Cohen, Carol Robinson et Cathy Milligan, Luis Madureira, François
Lasserre, Fania, Damon Lee, Pierre Badaroux Bessalel, Catherine Delaunay, Bertrand
Schacre, Tatiana Mladenovitch et Klaus Janek.
Il collabore au travail de plasticiens comme Jean Charles Blais, Nguyen Cam, Pierre Coulon,
Richard Deacon, Didier Tisseyre, Jenny Holzer, Isabelle Waternaux et Mahi Grand.
A partir de 1993 il crée ses propres chorégraphies :
Le Jour d'avant, après (1993)
Càm ôn (1994)
Môt cây - un arbre (1996)
Fourbi, (1997)
Sans papiers (1997)
S'il vous plaît (1998)
What a Day ! (1999)
Ossos (1999); De But En Blanc (2000)
Wanted ou profil Bas (2001)
VI3S (2002)
APUD (2003)
Poste restante (2003/2004)
Il intervient dans le cadre d'ateliers de pratiques artistiques dans les écoles, les collèges, les
écoles d'art, les musées, les centres sociaux et de prévention auprès d'enfants et d'adultes.
Il a écrit un récit Càm on publié aux éditions Le Bord de l'Eau à Bordeaux.
Thierry Thieû Niang a été lauréat de la Villa Médicis hors les Murs en 1994 pour un
séjour au Viêt-nam et lauréat de la Fondation UNESCO - Aschberg 2004 pour une
résidence de recherche à Nairobi, au Kenya, auprès d'Opiyo Okach.
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Dominique Blanc, interprète
Dominique Blanc est née à Lyon le
25 avril 1959, d’un père accoucheur
et d’une mère infirmière. Arrivée à
Paris, elle y exerce différents petits
métiers pour pouvoir payer ses
études au Cours Florent où elle est
admise, en classe libre, en 1979.
©Ros Ribas
En 1981, elle apparaît pour la première fois sur scène dans Peer Gynt, que Patrice
Chéreau met en scène au TNP de Villeurbanne. Une rencontre qui portera ses fruits
car le réalisateur/metteur en scène et la comédienne se retrouveront de nombreuses
fois par la suite.
Tout en poursuivant sa carrière sur les planches, la jeune femme se consacre un peu à la
télévision (Shanghai Skipper en 1985) et débute au cinéma dans un premier rôle où l’on
remarque immédiatement ses grands yeux tristes et sa beauté échappée d’un muet des
années 20 : elle est une très émouvante alcoolique anonyme dans La Femme de ma vie
(1986) de Régis Wargnier, qui devient son réalisateur fétiche.
En 1989, elle décroche le César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour son
interprétation d’une lesbienne libérée dans Milou en mai de Louis Malle, rôle qui la révèle
une seconde fois au grand public. Elle conte fleurette à Pierre Arditi dans Plaisir d'amour
(1990) revient dans sa campagne natale dans L'Affût (1991) incarne une chanteuse de
bastringue dans Indochine (1991) (deuxième César), une ouvrière du Nord de la France
dans Faut-il aimer Mathilde ? (1993) ou encore Henriette de Nevers dans La Reine Margot
(1993).
Elle interprète des personnages de composition souvent éloignés les uns des autres, avec
cependant une prédilection pour les femmes simples, en phase avec la réalité quotidienne.
Omniprésente sur les écrans français, on a pu la retrouver dans le rôle d’une voisine
bienveillante dans Le Lait de la tendresse humaine (2001), en épouse effacée et maternelle
de Jean-Pierre Léaud dans Le Pornographe (2001) aux côtés de Michel Piccoli.
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« Seule avec La Douleur »
Entretien avec Dominique Blanc
En 2003, Patrice Chéreau vous dirigeait dans Phèdre de Racine. Vous avez lu
ensemble La Douleur de Marguerite Duras, texte qu'il met en scène pour vous.
Vous ne vous quittez plus...
On ne s'était pas vus depuis très longtemps, j'étais dans une période de grand
questionnement sur mon parcours. Or Chéreau me connaît depuis mes débuts au Cours
Florent en 1980. Nous avons travaillé ensemble régulièrement, au théâtre comme au
cinéma, ce qui est rare. J'avais besoin de son regard, de son écoute. A la fin de notre
rencontre, il m'a dit : «Si tu veux, on peut faire des lectures à deux. On va réfléchir à un
texte.» Très vite, il m'a envoyé La Douleur. Duras écrit : «La douleur est une des choses les
plus importantes de ma vie.» Cette phrase a réveillé au plus profond de moi une chose de
l'ordre de l'émotionnel, de l'inconnu aussi. Et je suis capable de me décider à l'aventure sur
une phrase ! C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés de temps à autre pour lire La
Douleur. Un soir, je me suis mise à gamberger. J'ai pensé : Chéreau va repartir au cinéma, à
l'opéra. Je rêve d'un spectacle nomade avec lequel je pourrais aller où et quand je veux. Si
Chéreau me dit oui, après je peux vivre ma vie, non pas sans lui - il sait que je ne trahirai pas
sa mise en scène -, mais librement. Et je me voyais bien vivre, vieillir même, avec ce texte
magnifique.
Chéreau a été difficile à convaincre ?
Un soir, je lui ai avoué, en lui demandant de ne pas me répondre tout de suite :
«J'adorerais que tu me mettes en scène dans La Douleur.» Il a été un peu interloqué :
«Mais alors, sans moi ?» Quelques jours après, il était d'accord. Stupeur ! Je
n'imaginais pas du tout qu'il allait accepter. Ce qu'il a fait, je pense, parce que c'était
un nouveau pari : il n'avait jamais monté un monologue, jamais mis en scène une
femme seule, ni un texte de Duras.
Travailler souvent ensemble, c'est un atout ?
Il y a une part d'instinct, d'intuition, bien sûr. En répétition, quand je l'entends respirer, je sais
ce qu'il veut, c'est vraiment le mélange des souffles. Mais une partie de lui me reste
étrangère, mystérieuse. C'est sans doute pourquoi nous avons envie de continuer à travailler
ensemble. Se retrouver, c'est une façon de se séduire à nouveau, avec une exigence encore
plus haute. Et ce n'est pas évident ! Il m'a dit, un jour : « Soyons clair, cela fait vingt-huit
années que nous nous connaissons. » J'ai ri. Et il m'a totalement prise au dépourvu lorsqu'à
notre première séance de travail, en juin dernier, il m'a annoncé qu'il changeait de méthode,
qu'on allait improviser. On a démarré, j'ai tenté d'imaginer, pendant vingt minutes sans mots,
cette femme qui meurt, physiquement et psychiquement, persuadée que l'homme qu'elle
attend est en train de mourir, sinon déjà mort. Chéreau a pris beaucoup de photographies,
qui après lui ont permis de rêver sur notre affaire. C'était une façon de nous surprendre l'un
et l'autre. Ensuite, le chorégraphe Thierry Thieû Niang nous a rejoints. Là encore, Chéreau
avait envie de travailler différemment, et pas tout seul, je crois.
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Etre seule en scène, pour vous aussi c'est l'inconnu...
Un peu comme un peintre qui retourne dans son atelier pour refaire des esquisses, j'ai le
désir de rechercher comment tout commence : l'origine du théâtre, allons-y ! [Rires.] J'aime
cette situation très brute, pas théâtrale du tout : une femme seule attend une personne
qu'elle croit morte, et elle pense en mourir aussi. Ce qui condamne l'histoire à un néant
proche de Beckett. Et puis tout à coup, elle reprend chair, selon les moments de la journée.
Duras est chirurgienne, elle s'observe scalpel en main, gratte jusqu'à l'os, sans ménager ni
les nerfs ni les muscles. Son écriture est intense, féroce, sans apprêt. Son texte est aussi
une façon de raconter l'Histoire. Son engagement dans la Résistance, au PCF, qu'elle
quittera plus tard, est d'un courage infini. Elle était la reine de la rue Saint-Benoît, où se sont
retrouvés dans son appartement, de 1945 à 1964, de grands intellectuels engagés. Elle avait
le goût de l'aventure humaine, elle ne s'est refusé aucune passion. Mais soyons clair avec la
mode actuelle : je n'incarne pas Marguerite Duras, mais un cœur qui palpite et qui, au
contraire de celui de Phèdre, va vers la lumière, la vie.
Propos recueillis par Odile Quirot
Le Nouvel Observateur, novembre 2008
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Les échos de la presse
« Les spectateurs entrent peu à peu dans la lumière de la salle. Ils parlent, s’installent, ne
remarquant pas tout de suite l’actrice, assise dans la pénombre de la scène, de dos. Elle
attend, immobile, imperturbable, comme le personnage qu’elle incarne, prise dans ce temps
épais où le sens se déconstruit. Progressivement le silence se fait et le public la rejoint dans
cet atermoiement. Tout de suite, Dominique Blanc fait corps avec la voix de Duras.
Nerveuse, affairée, découragée, elle dit la perte d’appétit, de sommeil, cette autre qu’elle
devient comme pour se rapprocher de Robert son mari, qui reviendra des camps de
concentration. Cette expérience sans précédent ne ressemble à rien d’imaginable, et il faut
parvenir à l’écrire. La mise en scène de Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang est
totalement dépouillée. Quelques chaises pour mettre en perspective l’espace, un manteau
que l’actrice enlève ou revêt, et des regards. Toute l’attention des metteurs en scène s’est
portée à diriger Dominique Blanc ; et elle parvient sans pathos, mais avec une émotion
troublante, à dire l’impensable. Quand Robert Antelme reviendra, il sera un cadavre vivant,
un squelette impossible à reconnaître qu’il faudra encore priver de nourriture, après les SS,
pour l’empêcher de mourir. La force du texte de Duras est son absence de complaisance, sa
matérialité brute. Même au cœur de la douleur, elle parvient à simplement nommer les
choses, sans plainte, sans déguisement. L’épouvante des merdes inhumaines de Robert qui
l’éloignent davantage d’elle que sa maigreur, l’envie de tout abandonner souvent, l’amour
qu’elle commence à éprouver pour un autre. Pourtant, elle sent que la mort se fatigue
doucement, que la tête de Robert surnage. Bientôt il pourra écrire L’Espèce humaine. Les
textes littéraires dits au théâtre par un acteur seul en scène sont souvent monotones.
Dominique Blanc accompagnée de Chéreau, est après Phèdre, toujours aussi simple, juste,
investie. Profondément humaine. »
www.evene.fr
« L'actrice Dominique Blanc s'empare du roman de Marguerite Duras sur le retour de
déportation de son mari, et sublime ce texte froid mais brûlant d'amour. »
Madame Figaro, décembre 2008
« L'actrice glisse dans l'espace. On se souvient à peine de ses gestes tant son esprit
possède son corps, tant sa pensée est devenue peau, et sa voix, concrète. Pouvoir et
grâce de Patrice Chéreau ?... La connivence ici est parfaite. »
Télérama, décembre 2008
La Douleur de Duras en duo Blanc-Chéreau
« Le cœur de Robert L. cognait à coup de boutoir. Le docteur empêcha Marguerite de
proposer au revenant du clafoutis aux cerises : il ne fallait pas trop nourrir le déporté, ce
Robert L. tant attendu, méconnaissable sauf son sourire. Marguerite Duras a décrit
l'existence fragile du rescapé, ses silences. La mort rôdait : «Il fallait y aller doux avec elle,
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avec délicatesse, tact, doigté.» Longtemps après avoir ainsi transcrit par le menu ses
retrouvailles avec son mari, Marguerite Duras publia ce «journal, tenu, disait-elle, dans un
désordre phénoménal de la pensée et du sentiment». Il y a dans La Douleur, comme il y
aurait ensuite dans l'Espèce humaine, le récit que Robert L. livrera de sa déportation, une
fébrilité, et à la fois l'authenticité calme d'un cri étouffé. L'enchaînement des phrases n'est
pas littérature. Patrice Chéreau, qui a su s'emparer des affres dostoïevskiennes, aborde
cette autre immersion en duo avec l'actrice Dominique Blanc, regard brun, visage
triangulaire, diction limpide. Zéro fioriture. Deux voix, pour une traversée. »
Libération, octobre 2007
« Chéreau-Blanc, un duo poétique. C’est dans la tension entre la sobriété du dispositif
et l’extraordinaire intensité de la parole que se situe ce moment admirable. »
Le Monde, décembre 2007
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SAISON 09/10
Contacts Jeune Public
Le Grand T
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Clémence Jouin / 02 28 24 28 17
[email protected]
Dossier réalisé à partir des documents fournis par
Les Visiteurs du Soir
De nombreuses pistes de travail autour des spectacles
dans le document « Aller au théâtre… »
http://www.legrandt.fr/IMG/pdf/Aller_au_theatre.pdf
Le Grand T - BP 30111 - 44001 Nantes cedex 01 Tel 02 28 24 28 24 / Fax 02 28 24 28 38
15
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