
Les troubles du comportement
Principale cause de découragement des aidants et
donc premier motif de demande d’entrée en institution,
les troubles du comportement demandent une gestion
adaptée qui conditionne la réussite du projet de vie à
domicile. Ces symptômes ne sont pas uniquement le
reflet de l’atteinte cérébrale organique. Ils peuvent être
en effet le mode d’expression psychoaffectif du sujet à
ses déficits, à son environnement matériel et familial.
Ces troubles doivent donc être bien analysés en es-
sayant le plus souvent possible de privilégier l’appro-
che non médicamenteuse. Cela implique une bonne
connaissance du patient et de son entourage et une
évaluation de la situation que le médecin traitant, dis-
posant de nombreuses informations, est à même de
mener le plus facilement. L’examen doit rechercher
une cause organique. En effet, ces troubles peuvent
être l’expression d’une rétention d’urine, d’une dou-
leur, d’une infection débutante, d’un trouble hydroélec-
trolytique ou de toute autre pathologie somatique dé-
butante. Le recours à un ECG ou à des examens
biologiques simples s’avère souvent fort utile. De
même, une analyse rigoureuse des médicaments pris
quotidiennement ou ponctuellement peut faire décou-
vrir une cause iatrogène (syndrome confusionnel lié à
la prise de sédatifs, de psychotropes, de neurolepti-
ques, ou à une hyponatrémie sous diurétiques). Il ne
faut ainsi pas hésiter à supprimer les médicaments qui
ne paraissent pas indispensables. Enfin les change-
ments d’attitude de l’entourage (abandon, sur-
stimulation), des conflits familiaux, des conjugopa-
thies, des modifications dans l’environnement du
patient peuvent être des circonstances favorisantes. Un
aidant en difficulté peut aller jusqu’à commettre des
actes de maltraitance qu’il faut savoir dépister. Des
situations de maintien à domicile forcé pour des rai-
sons financières, de promesse faite au conjoint ou de
déni sont des situations à haut risque qu’il convient de
gérer du mieux possible.
Toute prescription de psychotropes devra donc être
précédée d’une démarche d’analyse du trouble et ne
doit pas être systématique. Celle-ci doit être raisonnée
et constamment réévaluée du fait des fréquents effets
indésirables de ce type de médicaments. On est amené
à constater des prescriptions de cette nature pour sou-
lager la famille, pour compenser l’entourage défaillant
ou le manque de personne : mais est-ce toujours judi-
cieux (Encadré 1)?
Une attitude préventive incluant un environnement
adéquat, un aidant bien informé sur la maladie et son
évolution, des intervenants extérieurs formés, peuvent
éviter ou atténuer ces troubles du comportement. Cer-
taines techniques de psychothérapie centrées sur les
émotions, la production d’affects et d’événements
agréables, la réminiscence de souvenirs sont encore
applicables à des stades sévères. Les stimulations artis-
tiques, la musicothérapie, des activités corporelles dou-
ces peuvent avoir un effet préventif. Mais ce complé-
ment thérapeutique n’est réalisable que si le malade
peut fréquenter un accueil de jour [6-8].
Le suivi nutritionnel
La perte de poids est un phénomène fréquemment
observé chez les patients déments. Elle évolue vers une
dénutrition qui va entraîner toute une cascade d’événe-
ments dont il sera difficile d’arrêter la progression.
La dénutrition peut être engendrée par des troubles
praxiques et des troubles du comportement (opposi-
tion, apraxie, dyspraxie, refus alimentaire, dépression)
qui altèrent la régularité de la prise alimentaire, ou être
d’origine iatrogène (nausées, anorexie dont le patient
ne se plaint pas). Mais elle peut être inhérente à la
maladie. La menace d’une dénutrition nécessite une
prise en charge et une surveillance particulière pour
éviter de nombreuses complications et alourdir le far-
deau supporté par les familles. La surveillance régu-
lière du poids au moins une fois par mois, l’apprécia-
tion des apports alimentaires par l’interrogatoire de
l’aidant, ainsi que le dosage de certains paramètres
biologiques (albumine et CRP en cas de cause inflam-
matoire) sont de réalisation aisée à domicile. Certains
conseils donnés à l’aidant comme la correction des
apports nutrionnels, le fractionnement des prises ali-
mentaires, la modification de la texture, le choix des
aliments pour lesquels la personne manifeste une ap-
pétence, peuvent aider à résoudre certaines situations.
De même, la prescription de compléments alimentaires
qui existent sous diverses formes ou d’un régime hy-
Encadré 1
En cas d’apparition ou d’aggravation
des troubles du comportement
Adopter une attitude calme, communiquer avec le
patient.
Rechercher une modification du cadre de vie, un
traumatisme familial récent.
Dépister une pathologie organique, une douleur.
Réévaluer l’ordonnance en vérifiant les interactions
médicamenteuses et les effets indésirables.
Ne prescrire un psychotrope qu’en dernier recours.
La personne démente à domicile
Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2005 ; vol. 3 (Suppl. 1) : S14-S25 S17
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