entrepôt macdonald

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dossier
entrepôT
macdonald
La complexité en architecture
Entretiens : Floris Alkemade,
Nicolas Michelin et Gigon/Guyer
actualités
théâtre éphémère
à Genève
140e année / 4 avril 2014
Bulletin technique de la Suisse romande
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07
Recherches de volumétries en maquette (Document FAA – XDGA)
dossier : entrepôt macdonald
6 Reconversion de l’entrepôt Macdonald : contextualisation
et présentation générale
10 Variations sur
le thème de la Complexité
à grande échelle
19 S, M, L et XL
Entretien avec Floris Alkemade
Construisez
unascenseur
qui est comme
vous – unique.
24 L’ENTREPôT MACDONALD :
UNE OCCASION MANQUée
Entretien avec Nicolas Michelin
30 DE l’AUTONOMIE DANS L’UNIFORMITé
Entretien avec Gigon/Guyer
5
34
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38
42
ÉDITOrial
le funambule
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62 Dernière image
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Tracés n o 07 / 4 avril 2014 éditorial
Construire à Paris et mourir
e tous les projets parisiens non réalisés par l’OMA, deux
sont entrés dans l’histoire en tant qu’opportunités perdues
pour la ville qui les avait rejetés. La grande bibliothèque en
1992 et la reconstruction des Halles de Paris en 2004 sont
les principaux rendez-vous manqués entre Rem Koolhaas
et la capitale française. La reconversion de l’entrepôt
Macdonald semble à même de réparer cette injustice. Paris
aura finalement son projet estampillé OMA.
Par où commencer avec cet ancien entrepôt de plus de
600 mètres, situé le long du boulevard périphérique intérieur ? En collaboration avec Floris Alkemade, l’OMA a
planifié sa transformation en véritable quartier mixte avec logements, bureaux,
commerces, activités et infrastructure de transport. Le projet impliquant 15 bureaux
d’architectes chargés de lots distincts est emblématique de la dynamique mais aussi
des faiblesses du projet urbain dans les grandes villes françaises.
Qui du promoteur ou de l’architecte a eu le dernier mot ? Sur ce point, l’entretien
accordé par l’architecte-urbaniste Nicolas Michelin est sans concession. Il dépeint un
univers où l’affairisme et l’étroitesse d’esprit des professionnels de l’immobilier va non
seulement à l’encontre de ce que proposent les architectes, mais aussi de ce que souhaite le commanditaire, à savoir la Ville.
L’entrepôt présentait une formidable occasion de construire selon une trame atypique des logements généreux. Au lieu de cela, le promoteur a imposé les standards
les plus prohibitifs du marché. A ce conservatisme fondé sur la prétendue frilosité des
acheteurs, tente de répondre un travail sur l’apparence des bâtiments.
Le principe de départ d’une imbrication complexe du nouveau dans l’ancien, aura finalement été bradé pour une simple superposition agrémentée d’une variation de façades.
L’entrepôt Macdonald s’annonçait comme une grande intervention à caractère structuraliste. Il ressemble de plus en plus à un collage postmoderne.
Reste que le projet constitue un cas intéressant de reconversion à grande échelle
d’un bâtiment industriel en lieu de travail et de vie. Reste aussi que la diversité architecturale dont témoigne le projet n’est pas sans rapport avec une des toutes premières
réflexions de Rem Koolhaas : La ville du globe captif. Une collection de bâtiments posés
sur des socles : la variation typologique déconstruite et érigée en principe génératif. La
Ville de Paris, en trahissant l’esprit du projet, aurait-elle rendu possible une variante
d’un des monuments de la critique architecturale des années 1970 ?
Christophe Catsaros
5
6
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Reconversion de l’entrepôt
Macdonald : contextualisation
et présentation générale
La reconversion de l’entrepôt Macdonald, dont
la livraison est prévue en 2015, s’inscrit dans le
« Grand Projet de Renouvellement Urbain » (G.P.R.U)
lancé en 2002 par la Mairie de Paris en partenariat
avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine
(ANRU), la Région Ile-de-France, la Caisse des
Dépôts1 et l’Agence nationale pour la cohésion sociale
et l’égalité des chances (Acsé).
Cedric van der Poel
A
méliorer la qualité de vie dans les quartiers par des
actions urbaines, sociales et un développement
économique est l’objectif premier du G.P.R.U. Onze
sites d’intervention ont été identifiés dont le secteur
Paris Nord-Est où se trouve l’entrepôt Macdonald2.
Les partenaires donnent les grandes orientations et
apportent les financements. La Mairie de Paris valide
les projets et assure le pilotage général et la cohérence
des différentes actions menées sur les sites. Les
mairies d’arrondissement élaborent quant à elles les
projets globaux qui les concernent, veillent à la mise
en œuvre, gèrent l’information du public et organisent
les concertations.
Chaque site est coordonné par un chef de projet urbain
nommé par la Ville de Paris et par un chef de projet
« Politique de Ville » qui intervient dans le domaine social
et le développement économique.
Le secteur Paris Nord-Est
Caractérisé par des infrastructures de transport, des
friches urbaines, des bâtiments d’activités logistiques et
un habitat social contrasté et dispersé entre trois portes
– la Chapelle, Aubervilliers et la Villette –, le secteur
Paris Nord-Est s’étend sur 200 hectares et concerne plus
de 13 000 habitants ; ce qui en fait le plus grand secteur
d’aménagement parisien (fig. 2). Pour cet ambitieux
projet de restructuration de la couronne parisienne, la
Ville de Paris et ses partenaires ont sollicité l’expertise
de l’agence Dusapin Leclercq et le bureau de paysagisme
TER. Il s’articule autour de deux objectifs :
- désenclaver le secteur par le développement des transports en commun, notamment par la mise en service
de la ligne de tramway T3, la création des gares RER
Rosa Parks et Eole-Evangile et par le traitement des
boulevards périphériques et des Maréchaux ainsi que
des emprises ferroviaires ;
- accueillir environ 18 000 nouveaux habitants et créer
des pôles d’activités et d’emplois par la programmation mixte de l’ordre de 1.3 million de mètres carrés
neufs ou réhabilités.
1 Créée en 1816, cette institution financière publique exerce pour le compte de
l’Etat et des collectivités territoriales des opérations d’intérêt général et parfois
des opérations concurrentielles.
2 Les Olympiades (11e) / Bédier-Porte d’Ivry (13e) / Plaisance-Porte de Vanves
(14e) / Porte de Pouchet (17e) / Porte Montmartre-Porte de Clignancourt (18e) /
Cité Michelet (19e) / Saint-Blaise (20e) / Porte de Montreuil (20e) / Porte de
Vincennes (12e et 20e) / Porte des Lilas (20e).
Données du projet
Equipe de conception du masterplan
Architectes : OMA – Floris Alkemade
Bureau d’études techniques : Setec
Paysage : Michel Desvigne Paysagiste
Equipe de coordination du projet
Architectes : Floris Alkemade et Xaveer de Geyter
(FAA – XDGA)
Programme, lots et architectes
Logements sociaux
Lots O1 + N1 + N6 : Christian de Portzamparc, Paris
Lot S2 : Brenac&Gonzalez, Paris
Lots S4 + N4 : JDS / Julien de Smedt Architects,
Copenhague, Bruxelles et Shangai
Lot S5 : Mia Hägg, Paris, Locarno
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 7
Lots S6 + N5 : FAA – XDGA, Bruxelles
Lot S7 : Hondelatte Laporte architectes, Paris
Logements en accession
Lots N2 + S1 : ANMA / Agence Nicolas Michelin
& Associés, Paris
Lot N3 : Gigon/Guyer Architekten, Zurich
Résidence étudiants et foyer jeunes travailleurs
Lot E1 : AUC – Djamel Klouche, Paris
Lot S3 : Stéphane Maupin & Partner’s, Paris
Bureaux et activités
Marc Mimram, Paris – François Leclercq, Paris
Studio Odile Decq, Paris
Equipement public
Kengo Kuma and Associates, Tokyo et Paris
1
2
Plan de répartition des lots (Document FAA – XDGA)
Carte illustrant le Grand Projet de Renouvellement
Urbain (Document Agence Leclercq-Semavip)
1
2
8
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 3
4
3, 4 Répartition des programmes
(Documents FAA – XDGA)
Entrepôt Macdonald
Par son emplacement et par sa taille, l’entrepôt
Macdonald constitue un élément majeur du G.P.R.U
Paris Nord-Est. Il se situe à l’articulation du boulevard
des Maréchaux et d’un axe nord-sud entre la future
gare Eole-Evangile et Aubervilliers et représente à lui
seul environ 15 % des surfaces constructibles prévues à
terme dans ce périmètre.
Mis en vente en 2006, l’entrepôt est acheté par la
Caisse des Dépôts, Icade Foncier développement3 et la
Semavip4. Une société par actions simplifiées est fondée
– la SAS ParisNordEst – qui mandate très rapidement
l’agence OMA (Rem Koolhaas et Floris Alkemade) pour
développer la stratégie de reconversion de l’entrepôt,
halle logistique construite à la fin des années 1960
par Marcel Forest. Le programme avancé par la SAS
ParisNordEst pour le masterplan peut se résumer en
quatre points (fig. 3) :
- réaliser la programmation établie par la Ville
de Paris ;
- rendre l’îlot perméable et permettre notamment le
passage du tramway entre le boulevard Macdonald
et la future gare Eole-Evangile ;
- inscrire la reconversion dans le processus de requalification du boulevard Macdonald et de ses rives
(Zone d’aménagement concerté (ZAC) Claude
Bernard) ;
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 - valoriser le patrimoine architectural de l’entrepôt.
Le processus de réalisation et les exigences de diversité architecturale s’inscrivent parfaitement dans cette
« nouvelle » manière de faire ville, si bien décrite par
Jacques Lucan5. La SAS a confié aux architectes Floris
Alkemade et Xaveer de Geyter la coordination du tout.
Divisé en 15 lots confiés à 15 bureaux d’architectes (fig. 1
et encadré Données du projet), le programme mixte comprend (fig. 4) :
- 74 500 m2 de logement, soit plus de 1000 unités ;
- 34 000 m2 de bureaux ;
- 26 000 m2 de commerces ;
- 14 000 m2 d’activité ;
- une crèche ;
- un centre social ;
- 52 700 m2 de parking ;
- un programme d’équipement public sur 14 600 m2.
3 Icade est une filiale de la Caisse de dépôts et consignations. Groupe immobilier
français, elle est active dans différents secteurs : bureaux, parcs tertaires, centres
commerciaux, santé, logements et entrepôts.
4 La Semavip est l’une des principales sociétés d’économie mixte de la Ville de
Paris. Elle conduit des opérations urbaines d’envergure, principalement dans le
nord et l’est de Paris ainsi que des rénovations dans le tissu urbain, notamment
dans les quartiers les plus défavorisés.
5 Jacques Lucan, Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixités, Editions
de la Villette, Paris, 2012
9
1
Variations sur le thème de la
Complexité à grande échelle
Objets hybrides de grande envergure intégrant
des fonctions multiples et dont l’échelle se
situe à mi-chemin entre le fragment d’une ville
et celle du bâtiment : tels sont les attributs des
projets complexes qui suscitent aujourd’hui de
nouveaux débats sur le thème de la complexité
en architecture. Regard ciblé sur le projet de
reconversion de l’entrepôt Macdonald à Paris.
Marta Brandão
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 1
2
3
4
2
Q
ue ce soit dans les nouveaux pôles de l’économie
globalisée ou dans une Europe en perte de
vitesse, nous assistons aujourd’hui à la prolifération
d’une multitude de bâtiments d’échelle colossale. Ces
nouveaux totems, objets architecturaux de formes
génériques et iconiques, occupent les colonnes de la
presse spécialisée autour des sujets de la grande échelle,
la Bigness et la complexité1. Il s’agit généralement de
bâtiments multifonctionnels complexes – des « villes
dans la ville » – dont la conception implique un processus
de complexité maximale.
Différentes interprétations de la complexité
en architecture
La notion de complexité revient aujourd’hui dans le
discours architectural comme un leitmotiv, ayant déjà fait
l’objet de plusieurs redéfinitions.
Dans la seconde moitié du 20e siècle, la complexité
fut un des concepts clés de la critique du modernisme
fonctionnaliste. Elle exprimait le rejet du principe de
séparation totale des fonctions – principe inhérent à
l’urbanisme moderne, tel qu’il se préfigure dans la Charte
d’Athènes. Le Team X a joué un rôle prépondérant dans
cette définition de la complexité, stipulant clairement la
nécessité d’une hybridation entre l’architecture et l’urbanisme, afin de transposer dans les bâtiments de logements (qui avaient tendance à évoluer selon une logique
hygiéniste orthogonale) la complexité relationnelle des
milieux urbains, et plus particulièrement de la rue2. Dans
plusieurs projets et essais, « les architectes reprennent
les principes de l’Unité d’habitation de Le Corbusier,
11
Vue existante de l’entrepôt Macdonald (Photo Fonds
Patrick Forest)
La structure existante (Photo Fonds Patrick Forest,
Gérard Guillat)
Vue générale du chantier depuis le côté ouest, juin 2013
(Photo Weiner)
Depuis les voies ferrées, côté sud, février 2014
(Photo Mário Rebelo de Sousa)
en réinterprétant le principe de la rue intérieure, un lien
intrinsèque qui continue à lier les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. »3
Une autre forme de complexité, associée à la grande
échelle et aux difficultés de conception qui en résultent,
sera développée dans les années 1990 par Rem Koolhaas
dans le célèbre manifeste sur Bigness4, publié dans l’ouvrage S, M, L, XL (voir encadré p. 16). En prenant comme
point de départ la construction du projet Euralille,
Koolhaas définit comme Bigness « la seule architecture
qui puisse arbitrer une prolifération hétérogène d’événements à l’intérieur d’un seul contenant »5.
Dans cette nouvelle configuration d’extrême densité,
les fonctions – que les plans de zoning planifient à l’horizontale – se trouvent condensées à l’intérieur de contenants de dimension et de typologie exceptionnelles. La
complexité inhérente à la condition de Bigness implique
l’établissement d’un système logique de stratégies qui
organisent simultanément l’interdépendance et l’indépendance des différents programmes, et dont la symbiose définit le fonctionnement du grand dispositif. De
1 Le numéro de la revue Architectural Record, intitulé « The Big Issue », paru en
mars 2014, consacre la plupart des articles au sujet de Bigness.
2 Fayolle-Lusac B. & Papillault R., Team X et le logement collectif à grande échelle
en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie, MSHA, Pessac, 2004,
p. 80
3 Op. Cit., p. 217
4 Le thème de la Bigness est implicite dans le premier livre de Rem Koolhaas, New
York Délire, 1978, évoquant la congestion urbaine qui le fascine en particulier
dans l’univers fantaisiste de Manhattan.
5 Menu I., Vermandel F., « Entretien avec Rem Koolhaas » in Euralille, poser,
s’exposer, SEM Euralille, 1995
12
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 ce fait, seule « Bigness incite le régime de la complexité
qui mobilise l’intelligence complète de l’architecture et
de ses domaines connexes. »6
Aujourd’hui, la nouvelle génération de très grands
projets invite à repenser le thème de la complexité,
notamment dans son rapport au processus. Si dans les
années 1960 et 1970 les projets étaient souvent financés par le secteur public, les grands projets actuels font
preuve d’une grande complexité dans les montages financiers qui les rendent possibles. Le recours systématique
aux partenariats public-privé (PPP) constitue à lui seul
un facteur de complexification des procédures de production et de gestion.
Cela ne va pas sans affecter les conditions dans lesquelles l’architecture peut être produite. La multiplication des acteurs impliqués dans les projets complexes
semble en effet induire une diminution des responsabilités de l’architecte. Souvent, ce sont les promoteurs qui
définissent eux-mêmes l’avant-projet, augmentant ainsi
considérablement leur pouvoir décisionnel dans la planification et la construction. Dans cette configuration, le
rôle de l’architecte se limite à coordonner les différents
acteurs et se charge de diffuser les intérêts des particuliers ou des sociétés. Force est de constater que, même
en prenant soin de maintenir les valeurs de base et les
ambitions de ce que l’architecture peut fabriquer pour
le bien commun, l’émergence de cette nouvelle forme de
complexité contraint radicalement le rôle de l’architecte.7
La reconversion de l’entrepôt Macdonald :
un paradigme de complexité Si l’on devait dresser la liste des projets complexes
de grande échelle, il serait difficile d’ignorer la reconversion de l’entrepôt Macdonald. De par ses dimensions
hors normes, le contexte urbain en pleine mutation
dans lequel il s’insère et sa complexité programmatique
à laquelle s’ajoute la complexité technique inhérente à
une reconversion, le projet parisien renferme un modèle
insolite de complexités.
Pour avoir fait de la grande échelle un de ses thèmes
de prédilection, l’agence OMA a été retenue par la Ville
de Paris en 2007 pour l’élaboration d’un plan directeur
capable de définir à la fois la reconversion et la densification de cet imposant bâtiment datant du début des
années 1970.
Situé dans le 19e arrondissement de Paris, près de la
porte de la Chapelle, l’entrepôt Macdonald est placé au
cœur du grand projet de Renouvellement Urbain du secteur Paris Nord-Est. Le potentiel de cette « cité radieuse »
du début du 21e siècle sera d’intégrer, dans les limites du
bâti existant, un programme mixte à l’échelle d’un quartier, capable d’accueillir des logements, des bureaux, des
commerces, des activités, des équipements publics et une
infrastructure de transport (lire article p. 6).
La ville se construit ainsi sur elle-même dans une
logique de densification, rapprochant l’échelle du quartier à celle d’un bâtiment. Ce rapprochement entre les
domaines de l’architecture et de l’urbanisme crée une nouvelle forme de complexité relative au statut du bâtiment ;
ce dernier devient en effet un modèle complexe d’hybridité, dont il n’est pas toujours évident de comprendre le
cadre réglementaire – urbanistique et juridique – dans
lequel il s’inscrit. L’entrepôt Macdonald, bien qu’il s’agisse
d’un projet a priori conçu à l’intérieur d’un bâtiment existant, n’échappe pas aux réglementations du plan local
d’urbanisme (PLU) qui façonnent l’ensemble des opérations parisiennes.
En termes de desserte, la position stratégique de l’entrepôt (à quelques dizaines de mètres de la plus récente
ligne RER du réseau francilien) en faisait un candidat
idéal pour un projet de densification. Compte tenu du
passé industriel du terrain mais également des problèmes
de dépollution qu’aurait généré la démolition intégrale
du bâti existant, l’idée de conserver la quasi-totalité de
l’édifice s’imposa dès le début. De plus, d’un point de
vue réglementaire, une reconversion permettait de densifier davantage qu’une nouvelle opération. Il a donc été
prévu par l’équipe de l’OMA que la structure existante
serve de support à la construction d’un ensemble de
nouveaux bâtiments.
Cette densification de l’entrepôt ajoute au projet deux
niveaux supplémentaires de complexité : technique d’une
part, puisque les enjeux constructifs liés à la surélévation
du bâti existant engendrent des défis structurel, économique et sécuritaire audacieux ; procédurale d’autre
part, du fait de l’intégration d’une infrastructure de
transport – passage du tramway au milieu du bâtiment
et connexion à la future gare du RER E Rosa Parks – dans
le programme mixte.
Cette complexité procédurale génère une sophistication du montage financier de l’opération. Les financements sont en effet de sources multiples et imbriqués
selon diverses cessions de droit à bâtir qui impliquent
des ajustements financiers et juridiques. La Semavip
et ses deux partenaires – la Caisse des Dépôts et Icade
(regroupés au sein de la Société par actions simplifiées
ParisNordEST) – pilotent la gestion d’une « dynamique
d’enfer »8 à la hauteur de ce projet gigantesque. Gérer
cette pluralité d’acteurs qui prolifère tant au niveau de
la maîtrise d’ouvrage que de la maîtrise d’œuvre plurielle
constitue sans aucun doute un véritable défi.
Ce paquebot d’une longueur supérieure à 600 mètres
(presque aussi grand que l’île Saint-Louis) incarne un
objet d’une grandeur exceptionnelle de 165 000 m2 et fait
à la fois écho à la grande échelle caractéristique du secteur Paris Nord-Est et à la théorie de Bigness9 qui associe
« l’énormité de l’objet » à l’idée d’icône et de monumentalité. D’une apparence unitaire, marquante et identifiable,
ce projet a pour vocation de constituer un pôle déterminant pour la régénération du nord-est parisien. Si, d’un
côté, le concept du grand objet – contenant – est clair et
s’exprime par une accumulation iconique et extraordinaire, une question de base émanant des mégastructures10
se pose : quelle sorte de système s’établit à l’intérieur de
cette grandeur apparente ?
6 Rem Koolhaas, « Bigness or the problem of Large », in Rem Koolhaas & Bruce
Mau, S, M, L, XL, Rotterdam-New York : 010 Publishers/Monacelli Press, 1995,
pp. 494-516.
7 Mackenzie A., « Batik, Biennale and the death of the skyscraper – Interview with
Rem Koolhaas », in Architectural Review, février 2014
8 Jean-Paul Baietto, client OMA, en conversation avec Rem Koolhaas à propos du
projet Euralille.
9 Rem Koolhaas, « Bigness or the problem of Large », in Rem Koolhaas, & Bruce
Mau, S, M, L, XL, Rotterdam-New York : 010 Publishers/Monacelli Press, 1995,
pp. 494-516.
10 Reyner Banham, Megastructure–Urban Futures of the Recent Past, Thames and
Hudson, London, 1976
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7
Des modèles de densification opposés :
ville verticale vs ville horizontale
Tandis que le gros-œuvre du futur projet de l’entrepôt
Macdonald touche à sa fin, un autre bâtiment signé OMA
fait sensation dans les médias et la presse spécialisée.
Situé dans une ancienne zone portuaire en plein renouvellement urbain de la ville à laquelle il doit son nom, le
projet De Rotterdam (fig. 5) semble en effet ouvrir un
nouveau débat sur la Bigness11.
Terminé peu de temps après la CCTV à Pékin et juste
avant la Stock Exchange à Shenzen, De Rotterdam semble
appartenir à cette famille de projets qui, comme l’énonce
le manifeste, produit un « nouveau type d’architecture ».
Tous trois présentent des caractéristiques communes telles
que l’échelle hors norme, la verticalité ou encore le langage
architectural générique et indépendant du contexte.
De prime abord, l’opération de l’entrepôt Macdonald
présente plusieurs attributs qui la rapprochent de ce projet néerlandais. Situées dans des métropoles européennes
de forte densité, toutes deux affichent une échelle hors
norme avoisinant les 160 000 m2, un programme mixte
et s’insèrent dans des plans de renouvellement urbain
d’anciennes zones industrielles.
Sous ces apparentes similitudes se cachent néanmoins des différences fondamentales de conception,
rendant ainsi ces deux projets distincts. Tenter de les
comparer permet de mieux cerner la lecture de l’entrepôt
Macdonald et d’interroger le caractère de son architecture dans un contexte global.
Tout d’abord, ces deux opérations représentent des
modèles de densification opposés. De Rotterdam – objet
De Rotterdam, OMA (Photo Ossip van
Duivenbode )
Flagrant Délit, 1975 (version II). Utilisée
pour la couverture du livre Delirious New York :
A Retrospective Manifesto for Manhattan de
Rem Koolhaas. (Image Madelon Vriesendorp)
La façade nord, le long du boulevard Macdonald
(Photo Grazia)
formé par quatre tours combinées s’élevant depuis un
podium – s’appuie sur le modèle de la congestion américaine et le potentiel de l’organisation en hauteur. Il
propose ainsi une « cité verticale » autonome incorporée
dans un volume qui, comme la majorité des Big Buildings,
cherche un « sentiment d’uniformité »12. Le projet de
l’entrepôt Macdonald, telle une tour couchée sur son
flanc, explore au contraire l’horizontalité en déployant
dans sa longueur une succession de tranches programmatiques (activités, bureaux et logement). Cette disposition rappelle la tour couchée caricaturée par Madelon
Vriesendorp dans le film d’animation « Flagrant Délit »
(fig. 6), cherchant une humanisation sarcastique de
l’architecture.
Par ailleurs, l’entrepôt Macdonald se démarque des
autres projets de très grande échelle du fait de son caractère social accentué. A l’importante quantité d’équipements publics s’ajoute un nombre impressionnant de
logements de typologies variées – dont une moitié de
logements sociaux (location par un bailleur public à prix
contrôlé). A l’inverse, en tant qu’ouvrage de promoteurs
privés, De Rotterdam s’organise dans un esprit plus
homogène d’appartements de standing.
Rien ne se connecte
Le concept de base du projet Macdonald élaboré par
OMA et Floris Alkemade prévoyait à la fois la préservation et la valorisation du modernisme austère et horizontal qui caractérise le bâtiment industriel préexistant, en
ajoutant un nouveau volume « simplement conçu comme
un doublement du volume existant »13. Ce concept intitulé
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 15
7
« double mac » proposait à la Ville de Paris une tentative
de réconciliation avec l’aspect formel d’un modernisme
qui avait « généré partout des difficultés, comme s’il était
l’antithèse de la ville conviviale. »14
Pourtant défendu par les concepteurs, ce projet a été
rejeté par les promoteurs et aménageurs. De toute évidence, le contexte général de la production des opérations urbaines en France semble être déterminé par le
rejet du modernisme des années 1960. En élaborant une
analyse générale du contexte de production des grandes
et récentes opérations urbaines françaises dans son livre
Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixités,
Jacques Lucan constate que « le fantôme du ‹ grand
ensemble › n’en finit pas de hanter les esprits : il apparaît aussitôt qu’un bâtiment fait plus de 30 mètres de
long, que quelques fenêtres sont régulièrement alignées,
que des balcons filants se profilent »15. Cette condition
11 Une photo du bâtiment De Rotterdam fait la couverture du numéro de mars 2014
de la revue Architectural Record, intitulé « The Big Issue ». Des revues comme
Domus, Wallpaper, Architectural Review ou même des périodiques comme The
Guardian ont publié des articles sur ce projet, mettant en question des sujets
comme l’échelle, la forme générique ou l’influence du Manhatanism sur la
conception de cette ville verticale.
12 Mackenzie A., « Batik, Biennale and the death of the skyscraper – Interview with
Rem Koolhaas », in Architectural Review, février 2014
13 Entretien avec Floris Alkemade, février 2014
14ParisNordEst, La reconversion de l’entrepôt Macdonald - Dossier de Presse,
2009, p. 41
15 Jacques L., Où va la ville aujourd’hui ? : Formes urbaines et mixités, Editions de
La Villette, Paris, 2012, p. 59
16Ibid.
17 Lootsma, B., « Blank account : De Rotterdam, by OMA in Rotterdam, Netherlands »,
in Architectural Review, février 2014
intrinsèque – en totale opposition à la « monotonie »
moderniste – paraît justifier « l’approche sculpturale de
l’architecture propre au contexte français ou parisien »
telle qu’exposée dans le – soi-disant exceptionnel –
projet de l’entrepôt Macdonald.
Afin de garantir et promouvoir cette diversité architecturale qui s’exhibe partout dans les ZAC, la Ville de
Paris a mandaté 15 bureaux d’architectes pour le projet
de l’entrepôt Macdonald. L’ensemble a donc été divisé en
tranches horizontales que chaque architecte a développées indépendamment.
Paradoxalement, l’équipe de coordination dirigée par
Floris Alkemade et Xaveer de Geyter a fait le maximum
pour résister à toutes les volontés menaçant d’éroder
la simplicité et l’uniformité de l’architecture existante.
Pour maintenir l’aspect unitaire du bâtiment, les architectes coordinateurs ont imposé aux 15 équipes un certain nombre de règles. Parmi elles, la conservation de la
façade existante, laquelle ayant finalement été déposée
puis reconstruite à l’identique est devenue un élément
purement ornemental ajouté à la nouvelle construction.
Ces efforts pourraient éventuellement rapprocher
le projet Macdonald au concept de Bigness qui préconise la scission de l’intérieur et l’extérieur en deux
éléments distincts. Dans ce schéma, l’extérieur agit
comme agent de désinformation – offrant à la ville la
stabilité apparente d’un objet – et l’intérieur relève
de l’instabilité d’une organisation dynamique avec des
résultats imprévisibles, où « tous les occupants sont
connectés de multiples façons, avec l’ascenseur comme
un catalyseur »17.
16
Cependant, rien dans l’entrepôt Macdonald ne traduit à ce schéma. Bien que les programmes soient variés
et que la mixité typologique18 permette, dans certains
cas, d’instaurer de la mixité sociale, les parties du bâtiment restent déconnectées les unes des autres. L’édifice
devient un ensemble de bâtiments indépendants juxtaposés, chacun possédant son accès individuel depuis la rue.
Les efforts des architectes pour favoriser la vie sociale et
les interactions entre les habitants sont restés vains. La
cour intérieure qui aurait pu devenir un formidable jardin
suspendu reliant les édifices distincts ne sera pas accessible. Malgré les nombreux débats, le plus intéressant des
espaces praticables de l’ensemble a été tout simplement
interdit par les opérateurs que n’y ont vu qu’un surcoût
d’entretien et une source de problèmes.
S’il demeure peu probable que De Rotterdam devienne
l’organisation sauvage et dynamique que Koolhaas prédit dans le manifeste de Bigness, l’entrepôt Macdonald
ne semble pas plus à même d’y parvenir. Ce projet qui
visait pourtant une véritable mixité de programmes, de
logique sociale et de relation de voisinage est finalement
en train de devenir un quartier similaire à une opération de macro-lot « à la française », avec une privatisation accrue des espaces partagés et dans lequel seule la
rue, à l’extérieur du projet, fonctionne comme un espace
de rencontre.
L’entrepôt Macdonald :
projet complexe ou projet compliqué ?
Si la complexité se définit comme « un tissu de constituants hétérogènes inséparablement associés »19, cette
Tracés n° 07 / 4 avril 2014 logique de connectivité et de flux ne semble pas avoir
été accomplie dans la nouvelle architecture produite à
l’intérieur de l’ancien entrepôt Macdonald.
Ce qui aurait pu devenir un bâtiment multifonctionnel
de grandeur exceptionnelle ne sera finalement pas plus
qu’une juxtaposition d’édifices conventionnels indépendants, un collage de langages architecturaux divers, liés
artificiellement par le vestige d’un passé révolu. Malgré
l’échelle globale du projet qui pourrait incarner cette
« nouvelle sorte d’architecture » définie par le manifeste
de Bigness, le conservatisme de ses promoteurs semble
capable de lui avoir enlevé les éléments qui auraient pu
en faire un catalyseur social.
Ce qui reste au final, c’est cette autre complexité qui
émane du processus de production. Même si les valeurs
de base et les ambitions de ce que l’architecture peut
faire en tant que créatrice de complexité relationnelle et
d’innovation se maintiennent, la complexité du processus
semble empêcher sa mise en œuvre, menant à des solutions simplistes. L’architecture de l’entrepôt Macdonald,
tout en aspirant à trop d’ambitions, n’arrive pas à générer
de la complexité à l’intérieur de son contenant ; elle reste
juxtaposée, hétérogène et compliquée.
Marta Brandão est assistante et doctorante au LTH2 (EPFL) et
participe au programme ComplexDesign dirigé par le LAMU.
18 Le stéréotype du grand ensemble habité par des populations homogènes et toutes
en situation précaire a motivé la récente imposition d’un mélange de programmes
et de différents types de logement au cœur de chaque nouvelle opération.
19 Morin E., Introduction à la pensée complexe, Editions du Seuil, Paris, 2005, p. 21
Rem Koolhass, Bigness, ou le problème de la grande taille, 1994 (extrait)
Initialement alimentée par l’énergie irréfléchie des humanistes est condamnée : les archidu pur quantitatif, la Bigness a été durant tectures intérieure et extérieure deviennent
près d’un siècle une condition presque sans des projets séparés, l’une traitant de l’instabilité des besoins programmatiques et
penseurs, une révolution sans programme.
New York délire en contenait une « théorie » iconographiques, l’autre – l’agent de désinformation – offrant à la ville la stabilité appalatente basée sur cinq théorèmes.
1. Au-delà d’une certaine masse critique, un rente d’un objet.
bâtiment devient un Gros Bâtiment. Une telle Alors que l’architecture révèle, la Bigness
masse ne peut plus être contrôlée par un brouille; elle transforme le résumé de certiseul geste architectural, ou même par aucune tudes qu’est la ville en accumulation de myscombinaison de gestes architecturaux. Cette tères. Ce que l’on voit n’est plus ce que l’on a.
impossibilité déclenche l’autonomie de ses 4. Par leur seule taille, ces bâtiments entrent
parties, ce qui n’est pas la même chose que la dans le domaine amoral, par-delà le bien
fragmentation : les parties restent soumises et le mal. Leur impact est indépendant de
leur qualité.
au tout.
2. L’ascenseur – par sa capacité à établir des 5. Conjointement, toutes ces ruptures – avec
connexions mécaniques plutôt qu’architec- l’échelle, avec la composition architecturale,
turales – et la famille d’inventions qui lui avec la tradition, avec la transparence, avec
sont liées, ont annulé le répertoire classique l’éthique – impliquent la rupture finale la
de l’architecture. Les problèmes de compo- plus radicale : la Bigness n’appartient plus à
sition, d’échelle, de proportion, de détail sont aucun tissu urbain. Elle existe ; au plus, elle
désormais caducs. L’« art » de l’architecture coexiste. Son message implicite est « nique
le contexte » (Its subtext is fuck context).
est inutile dans la Bigness.
3. Dans la Bigness, la distance entre le noyau
et l’enveloppe augmente à un point tel que Rem Koolhaas & Bruce Mau, S,M,L,XL, Rotterdam-New
York, 010 Publishers/Monacelli Press, 1995
la façade ne peut plus révéler ce qui se Traduction de Françoise Fromonot parue dans le
passe au dedans. L’« honnêteté » attendue 1er numéro de la revue criticat, en janvier 2008.
8
8
Passage du tramway sous l’entrepôt (Photo Grazia)
Développer la ville et
sa propre carrière en
tant que manager
de projet immobilier?
Planifier et réaliser des projets: telle est une des voies choisies
par nos collaborateurs pour faire carrière. cff.ch/immojobs
Tracés et le Silo présentent
L’architecture à l’écran :
le logement
de la classe ouvrière
29.04.2014 à 21 h à la Cinémathèque suisse, Lausanne
30.04.2014 à 18 h aux Cinémas du Grütli, Genève
An Abbeyview film
De Luke Fowler, GB, 2008, 9 min., sonore
Une collaboration
Poor Cow
De Ken Loach, GB, 1967, 101 min., v-o s-t fr./all.
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 S, M, L et XL
Rencontre avec l’architecte en charge
du masterplan et de la coordination générale
de la reconversion de l’entrepôt Macdonald à Paris.
Floris Alkemade, propos recueillis par Aurélie Buisson
Traduit de l’anglais par Maya Haus
T
racés : Dans la mesure où l’entrepôt Macdonald
abritera plusieurs éléments hétérogènes à l’intérieur
d’un même contenant, le projet de reconversion peut-il
être intégré dans la théorie de Bigness développée par
l’OMA ? Le cas échéant, quels aspects du projet se
rattachent à cette théorie ?
Floris Alkemade : De par les dimensions hors normes
de sa structure, l’entrepôt représente sans conteste cette
autre espèce d’architecture décrite dans le manifeste
de Bigness. Le caractère hétérogène des intérieurs est
en phase avec la théorie : la Bigness ne permet plus à la
façade de révéler ce qui se passe à l’intérieur.
Appliqué à la surface du projet de l’entrepôt, le
manifeste illustre deux aspects intéressants. Primo, il
démontre qu’à l’instar des dinosaures, on a affaire à une
espèce en voie d’extinction. Trop pataude, lente, rigide et
malaisée. Secundo, il suggère en même temps un potentiel de réorganisation du contexte social selon un programme infiniment plus riche.
Dans nos études, nous avons testé et proposé de poursuivre l’échelle de l’entrepôt dans les parties ajoutées permettant l’intégration du programme requis. Ce second
volume intitulé « Double Mac », a été simplement conçu
comme un doublement de la substance existante. Si nous
étions convaincus par la simplicité du dispositif, notre
enthousiasme n’a pourtant rencontré aucun écho en
dehors de notre agence. Comme déjà mentionné, l’existant est jugé trop pataud, lent, rigide et malaisé.
Nous avons donc développé une alternative où des
adjonctions à une échelle normale mettraient en exergue
le gigantisme du bâtiment. A la fois comme démonstration du Bigness face à ce qui n’en est pas, mais encore
en guise de témoignage du changement de regard et des
aspirations entre deux générations.
Attestant le potentiel de renouvellement social, nous
avons convenu que le second aspect était une piste plus
appropriée aujourd’hui. Commerces, écoles, bureaux et
logements : les demandes programmatiques incluent de
fait une palette d’usages très diversifiée.
Sur un point toutefois, l’entrepôt semble échapper aux
critères du manifeste. Par un étrange paradoxe, il s’avère
en effet trop grand. La Bigness s’apprécie mieux dans un
contexte qui rend justice à sa taille. En d’autres termes,
vous devez pouvoir embrasser l’objet du regard pour en
reconnaître l’envergure.
Vous pouvez apprécier la grandeur des pyramides
d’Egypte en raison de la morphologie des plans inclinés qui
découpe leur présence. Il en va de même pour un gratteciel qui se déploie au-dessus de vous. Les deux extrémités
de l’entrepôt ne peuvent en revanche être vues simultanément. Cela procure l’expérience d’un bâtiment certes très,
très long, mais elle ne s’accompagne pas nécessairement de
l’impression imposante liée au Bigness en soi.
On peut ainsi considérer que l’effet hallucinatoire dû à
la répétition infinie de sa trame de façade abstraite caractérise davantage le bâtiment que tout autre concept lié
à son envergure.
Considérez-vous que l’entrepôt Macdonald est un
grand bâtiment ou plutôt une série de petits projets juxtaposés les uns à côté des autres ? Complex building ou
complex project ?
Notre ambition était d’éviter une normalisation du
bâtiment existant. C’est la scansion de sa façade de béton
qui lui confère son identité. Même si le passage du tramway coupe le bâtiment en deux, nous le reconnectons aux
étages supérieurs en créant une grande fenêtre urbaine
dans un ouvrage d’un seul tenant.
Nous avons également veillé à une expression de façade
cohérente sur toute la longueur du rez-de-chaussée.
La tâche s’est avérée ardue en raison des nombreux
éléments différents imposés par les réglementations en
vigueur. En reprenant les emprises et le rythme déjà
marqués des noyaux existants, nous avons pu organiser les entrées des différents programmes. Entre-deux,
nous avons développé une façade pliée en zigzag, à la fois
simple dans sa modénature et puissamment apte à unifier
les divers éléments du programme sur toute sa distance.
Les nouveaux volumes implantés sur l’existant
incarnent l’autre échelle, plus modeste et plus complexe.
Les deux strates devaient bien sûr répondre à toutes les
prescriptions actuelles contenues dans le Plan local d’urbanisme et autres réglementations.
Les projets exploitent le contraste entre les deux
échelles : XL au niveau de l’ouvrage existant, S/L au-dessus.
A la lecture du schéma directeur, on constate que le
plan s’organise en une succession de tranches programmatiques : équipements publics, tertiaires, logements.
Bien que ces programmes soient variés, ils ne se combinent pas entre eux. Cette répartition programmatique
par strates horizontales peut se référer à celle d’une
tour. Est-ce une volonté architecturale ou une contrainte
imposée par les investisseurs ?
19
20
Nous avons exploré diverses formules de mixité et
nous avons découvert que les données du contexte environnant imposaient une certaine logique. Là où les voies
de chemin de fer sont proches du bâtiment, il est difficile
d’envisager du logement. Pour des bureaux et des écoles,
dont l’emprise supérieure peut être déployée autour de
patios intérieurs, cela pose moins de problèmes.
De même, l’orchestration des vues vers Paris présupposait une part de raisonnement programmatique.
Bien qu’extrêmement grand, le bâtiment en tant que
tel n’est pas excessivement haut. Cette donnée a également des implications programmatiques. Mélanger des
programmes dans un même volume oblige à doubler les
noyaux de circulation. Dans la mesure où il s’agit du principal facteur de coûts, ce n’est donc possible que si l’on
peut travailler sur un volume haut avec assez d’étages
pour justifier les investissements supplémentaires.
Comme ce n’est pas le cas dans notre projet, nous ne pouvions par exemple pas envisager des bâtiments mêlant
bureaux et logements.
Pour nous, l’essentiel est la vie de quartier que la
mixité peut générer. Or, la richesse des échanges ne
dépend pas nécessairement de la juxtaposition forcée de
programmes dans un même volume.
En dehors de la mixité programmatique imposée par
le cahier des charges, avez-vous élaboré des stratégies
pour favoriser la mixité sociale au cœur de ce projet ? Il
est d’ailleurs prévu que les jardins ne soient pas accessibles. Limiter l’accessibilité aux espaces partagés n’estil pas un frein à la volonté de créer de la mixité et au
Nord
Sud
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 développement d’une vie de quartier ? Avez-vous eu le
droit de réagir voire modifier certains éléments du cahier
des charges initial ?
Nous avons effectivement planché sur diverses
stratégies pour favoriser la vie sociale et les interactions entre les habitants. Le jardin central est un élément de réponse important, mais il y a aussi plusieurs
fenêtres urbaines, ménagées dans les volumes côté
nord, qui offrent de généreuses terrasses avec des
vues magnifiques.
Ces lieux ont fait l’objet de nombreux débats, apparemment motivés par des attitudes culturelles divergentes entre Hollandais et Français. A nos yeux, il
s’agissait d’espaces importants pour accueillir différents
groupes, à des rythmes variables, pour divers usages et
offrant des qualités distinctes toutes destinées à stimuler
la détente et les échanges informels. Les investisseurs n’y
ont vu qu’une source de problèmes et de frais d’entretien imprévus, liés aux incivilités dans des espaces difficiles à contrôler. On nous a dit qu’en France, personne
n’en profiterait.
Incapables de comprendre ces réticences, nous
avons au moins pu obtenir que les espaces en question
soient rendus accessibles de sorte que, si un intérêt se
manifeste tout de même avec le temps, leur usage soit
alors possible.
Dans ce projet, mixité programmatique semble rimer
avec diversité architecturale et hétérogénéité. Il y a pourtant d’autres projets complexes (De Rotterdam (OMA),
West 57th (BIG)) qui présentent un caractère homogène
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 21
1
2
1 Vue de nuit depuis le boulevard Macdonald
(Image FAA – XDGA / Robota)
2 Schéma de principe de la façade nord
(Document OMA / Floris Alkemade)
3 Récolement des façades longitudinales nord et sud,
juillet 2013 (Document FAA – XDGA)
3
22
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 4
4
et où il n’y a qu’un seul concepteur. Pensez-vous que la
multiplication du nombre d’architectes est une spécificité de l’urbanisme français ? Est-ce une réaction possible
aux grands ensembles ?
La France traîne sans conteste un profond traumatisme lié à la grande échelle, en raison de l’héritage
problématique laissé par les grands ensembles. Le phénomène est parfaitement compréhensible et on ne saurait
le négliger. Dans notre projet, toutes les tentatives de
consolider uniquement la grande échelle en doublant le
volume ou en répartissant les programmes supplémentaires dans des bâtiments plus hauts ont été jugés indésirables quand ils n’étaient pas tout bonnement interdits.
Il n’entrait ni dans notre rôle ni dans nos intentions
de pousser le client à accepter la réintroduction d’un
schéma qui pouvait aisément être perçu comme un grand
ensemble, dans un environnement déjà difficile. La symbiose unique pouvant être obtenue en superposant des
échelles et des attitudes complètement différentes est
bien plus intéressante. La grande échelle de l’ouvrage
existant sert de « socle » à une couche contemporaine
qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit du parti adopté
par l’architecte Marcel Forest en 1968.
Ensemble, ces deux couches créent un nouvel équilibre qui met en évidence les qualités propres aux
deux extrêmes.
En quoi le projet diffère-t-il de celui de la ZAC Claude
Bernard qui lui fait face où il y a également un investisseur, une mixité programmatique, une grande diversité architecturale et plusieurs concepteurs ? Quelles
sont les ressemblances / différences avec les projets de
macro-lot ?
Ce que nous apprécions peut-être le plus dans l’entrepôt, c’est son potentiel à faire réellement exception.
Peu importe l’apparente banalité d’une trame simplement reproduite sur six cents mètres. Notre projet s’est
nourri de ce désir d’être un exemple unique comme
un héritage à préserver. Nous avons tenté de résister à
toutes les volontés menaçant d’éroder la simplicité de
l’architecture en place et elles n’ont pas manqué. Nous
y avons même ajouté la façade pliée en rez-de-chaussée
qui rehaussera encore son caractère.
Les niveaux supérieurs constitueront un nouvel horizon qui fractionne ce volume en ouvrant des fenêtres
urbaines et en révélant une variété de styles et de matériaux. En dépit de cette fragmentation en hauteur, nous
Maquette de présentation du projet global
(Photo Javier Urquijo)
avons introduit quelques règles de masterplan également
appelées à générer une cohérence sur tout le front : un
système de strates alternant les couches projetées en
avant et celles en retrait est appliqué à l’ensemble des
dispositifs architecturaux. De cette manière, la morphologie spatiale du volume entier se réfère toujours à la
grande échelle malgré sa désintégration. Pour renforcer encore cette lecture, nous y avons ajouté la subtilité
suivante : la matérialisation des couches alternées doit
aussi se conformer à l’alternance entre « minéral » et
« cristal ». Entre absorption et réflexion de la lumière
(fig. 2).
L’image du projet qui est en train de se dessiner dans
l’urbanisme parisien est-il toujours conforme au projet
initial ? S’agit-il d’un projet de reconversion ou plutôt
d’une densification parcellaire intégrant les vestiges d’un
passé révolu ?
Il s’agit autant d’une reconversion que d’une densification, les deux principes n’étant nullement contradictoires dans ce cas précis.
Lorsque nous nous sommes entretenus avec Patrick
Forest, le fils du concepteur, lui-même associé à la création de l’entrepôt, nous lui avons demandé ce que lui et
son père avaient en tête lorsqu’ils présentaient le bâtiment comme soubassement de constructions futures. Il
a admis qu’ils imaginaient en priorité une extension de
l’ouvrage dans sa fonction d’entrepôt, mais en espérant
bien davantage. Ils se sont attachés à créer une structure
suffisamment versatile et solide pour se prêter à modification, réécriture, réinterprétation et reprogrammation. Autrement dit, une entité presque non figurative
qui aurait la capacité de devenir n’importe quoi d’autre.
Le projet développé aujourd’hui est dans le droit fil
de cette ambition moderne, dont l’essence même était de
bâtir la liberté telle qu’on la concevait dans la France de
1968. Il explore la liberté offerte par l’existant en aspirant à l’exceptionnel.
L’entrepôt Macdonald est-il plutôt :
1.Un seul bâtiment XL – complex building
(cf. De Rotterdam (OMA), West 57th (BIG ))
2.Plusieurs bâtiments S/L = 1 projet XL (cf. BorneoSporenburg (West 8), le Silodam (MVRDV))
3.Une ZAC / un macro-lot « à la française »
Ni 1, ni 2, ni 3. Entrepôt Macdonald = Entrepôt
Macdonald.
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Tracés n o 07 / 4 avril 2014 L’ENTREPôT MACDONALD :
UNE OCCASION MANQUée
Responsable de la conception de deux immeubles
de logements en accession, l’architecte et urbaniste
parisien Nicolas Michelin se prête à la critique
de l’entrepôt Macdonald.
Nicolas Michelin, propos recueillis par Aurélie Buisson
duplex avec jardin en toiture
simplex traversant
avec terrasse au sud
duplex dans l’existant
avec terrasse sur jardin
jardin
commerces
1
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 25
2
1
2
T
racés : Quinze équipes d’architectes s’activent
sur le chantier de l’entrepôt Macdonald. Que
pensez-vous de cette diversité architecturale ?
Nicolas Michelin : C’est plus simple quand il n’y a
qu’un seul architecte comme dans les projets de tour.
Ca devient compliqué quand on essaye de mélanger plusieurs énergies. Mais la diversité architecturale est une
bonne chose.
La sélection des 15 équipes d’architectes est très
diverse. Ceux qui n’y sont pas diront qu’elle est mauvaise
mais je trouve que c’est plutôt un bon choix ; il y a des
étrangers, des figures comme Portzamparc, des jeunes
comme l’AUC, etc. Nous étions très contents car c’est
notre premier mandat à Paris.
Que prévoyait le cahier des charges à l’origine
du projet ?
A l’origine, le cahier des charges du projet global était
assez ambitieux. Il prévoyait un vaste programme mixte
et le passage du tramway au cœur du projet. L’entrepôt
devait être conservé de sorte que de nouvelles constructions – qui devaient reprendre la trame de 8 mètres par
8 mètres du bâti existant – puissent venir se poser dessus.
La première mouture était donc extrêmement intéressante puisqu’en conservant cette trame, on pouvait imaginer des logements atypiques (des duplex, des triplex,
des T1 très grands, etc). Ce qui n’est pas possible dans la
plupart des nouvelles opérations en France.
Plus spécifiquement, notre bureau avait en charge la
conception de deux immeubles de logements en accession ;
Coupe transversale illustrant les retraits et alignements
imposés sur la façade du bâtiment nord N2 ainsi que les
terrasses inversées côté jardin
Implantation des lots N2 et S1 sur le plan général de
l’entrepôt Macdonald
un donnant sur le boulevard Macdonald et l’autre sur les
voies ferrées du RER E (fig. 2). Le programme établi par
la société immobilière Icade stipulait aussi et surtout une
très forte densité pour des questions de prix du terrain et
de rentabilité.
Lors de la conférence publique que vous avez animée
à l’EPFL en octobre passé, vous avez dit que le projet
de l’entrepôt Macdonald était, pour vous, une occasion
manquée. Pouvez-vous expliciter ces propos ?
Pour être rentable, il faut effectivement construire
beaucoup, ce qui signifie beaucoup de logements et donc
beaucoup d’étages. Au début, le plan directeur projetait
la construction de quatre niveaux au-dessus de l’entrepôt existant. Pour parvenir à la rentabilité escomptée,
il en fallait six. Bien qu’elle soit très robuste, le poids
de ces six niveaux a commencé à poser problème à la
structure existante.
Par ailleurs, Icade demandait la construction de 50 %
de petits logements ; les petites surfaces étant celles qui
se vendent le mieux. A cela s’ajoutaient des T2 de 37 m2,
soit des surfaces tout à fait conventionnelles en France.
Néanmoins, ces surfaces n’étaient absolument pas adaptées à la trame existante de l’entrepôt.
Face à ces contraintes, il a donc été décidé qu’un plancher de transfert serait réalisé de manière à ce que les
nouveaux immeubles puissent présenter une trame de
logement habituelle, c’est-à-dire extrêmement rentable.
Toute la générosité de l’étude de faisabilité dessinée par
l’équipe OMA-Alkemade est donc passée à la trappe.
26
Y avait-il également des contraintes imposées par
Icade susceptibles de péjorer la qualité architecturale ?
Notre projet devait répondre à des critères technicoéconomiques complètement terrifiants. Par exemple, le
rapport très faible entre la surface de façade et la superficie de l’appartement. Les logements sont petits mais en
plus, le linéaire de façade est limité. Et ce n’est pas tout,
la quantité de vitrage est elle aussi limitée.
Apparemment, il y avait pas mal d’argent prévu pour
les façades, ce qui est assez révélateur. Les promoteurs
favorisent l’aspect extérieur des bâtiments – le wow effect
– plutôt que le respect d’une trame existante ou la générosité des surfaces habitables, l’usage.
Le cahier des charges d’Icade dans lequel figure toutes
ces exigences est une machine de guerre, la moulinette
des promoteurs pour faire un projet économique, mais
pas de l’architecture. C’est le même cahier des charges
que lorsqu’il s’agit d’une opération de logements neufs,
mais il n’est pas approprié à un projet de reconversion.
Les logements en accession auraient pu être construits
n’importe où, dans n’importe quelle ZAC.
N’y a-t-il pas un problème généralisé qui touche l’ensemble des opérations de logements en France ?
Je trouve effectivement que le logement en France est
en grande difficulté ; les appartements sont trop petits et
ils coûtent trop cher. Il y a un réel problème de coût de
la construction et un autre lié à la marge de promotion
du foncier. Au-delà de 55 m2, le « Français » ne peut plus
acheter, donc on fait des T3 de 57 m2 avec trois petites
fenêtres en PVC pour éviter les déperditions : une pour la
chambre des parents de 12 m2, une pour l’autre chambre
de 9 m2, une pour le séjour, la cuisine est en second jour et
la salle de bains n’est plus éclairée depuis très longtemps.
Ils se vendent parce qu’ils sont dits « basse consommation ». Mais les habitants ne peuvent pas être heureux
dans des logements si petits, si peu évolutifs, si bas de
plafond et souvent dépourvus d’espace extérieur.
Pourtant, les architectes n’ont pas d’autres choix que
de faire ça. C’est la raison pour laquelle je soutiens que les
opérations immobilières qui s’ancrent dans un bâti existant
sont des occasions rêvées de faire des logements différents.
Qu’en était-il au niveau des contraintes imposées par
le plan directeur élaboré par OMA-Alkemade ?
Il y avait des contraintes intéressantes principalement
localisées sur le côté nord de la parcelle, le long du boulevard Macdonald. Les architectes en charge de l’opération
souhaitaient conserver la façade de l’entrepôt, ce qui uniformise l’ensemble. Cette homogénéisation s’étend également dans les étages où il y a deux retraits imposés. Sur
cette façade, les matériaux doivent également respecter
certaines exigences ; une partie notamment est en cristal
et certains éléments sont encadrés. L’unité recherchée
par Alkemade sera donnée par les retraits imposés, les
encadrements et cette façade en cristal. De l’autre côté,
nous étions plus libres.
Face à cette multitude de contraintes, comment avezvous façonné votre projet ?
Nous avons fait plusieurs recherches de volumétries successives pour réussir à compacter au maximum
(fig. 6). Finalement, nous sommes parvenus à une solu-
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 tion intéressante qui propose un système de pentes inversées. Ca anime les façades et permet à chaque propriétaire de bénéficier d’un balcon orienté au sud (fig. 4 et 5).
Nous avons réussi à concevoir des appartements traversants, mais on voit bien qu’il y a des rapports entre
le linéaire de façade et la surface habitable parfois très
tendus. Souvent, les cuisines sont en second jour. Il y a
une fenêtre pour le séjour, une pour la chambre et puis
basta (fig. 3).
La conception de l’autre bâtiment était très compliquée car il y avait peu de visibilité offerte du fait de ses
dimensions ; 24 mètres de large et 27 mètres de profondeur. C’est impossible de faire quelque chose de correct
sans créer de vis-à-vis. Nous avons donc trouvé un moyen
de sculpter les façades de sorte que chaque logement
bénéficie d’une vue au sud tout en limitant au maximum
les vues directes chez les voisins (fig. 9). Cela génère des
terrasses intéressantes qui sont accessibles par la chambre
ou le séjour. Ce sont de véritables espaces à vivre.
Nous avons soigné la conception de ces deux bâtiments. Je crois que les appartements vont très bien se
vendre compte tenu de la situation et des prix à peu près
maîtrisés. Toutefois, j’ai l’impression d’avoir fait des bâtiments neufs posés sur une vieille carcasse.
Sur le plan général, on constate que la volumétrie de
votre bâtiment est très proche de celle de Gigon/Guyer,
comment expliquez-vous une telle similitude ? Y avait-il
des séances de coordination collectives ?
La morphologie était un peu suggérée dans le cahier
des charges, mais il n’y a pas eu de coordination entre les
différents architectes. Au contraire, nous avons été séparés et mis dans des petits groupes répartis de manière à ce
que les architectes en charge des bâtiments en accession
ne soient pas ensemble. Peut-être craignaient-ils l’effet
revendicatif.
C’est pourtant très intéressant d’instaurer des discussions, mais dans ce projet, on sent bien que chacun a son
propre lot.
Chaque architecte a son propre projet et chaque bâtiment a son propre programme. Les logements sont d’un
côté, les bureaux de l’autre : la mixité ne vous paraît-elle
pas timide ?
C’est vrai, il aurait pu y avoir une plus grande mixité
en intercalant, par exemple, entre les surfaces commerciales du rez-de-chaussée et les logements, un ou deux
étages de bureaux ou d’activités. Dans le cas précis, il
suffisait de mutualiser le noyau de circulation entre les
différents programmes. Mais les investisseurs trouvaient
ça compliqué et craignaient surtout de ne pouvoir vendre
les logements.
Comment expliquez-vous la réticence des investisseurs face à cette mixité ?
En France, dans les années 1970, on a construit des
monstres tels que la dalle de Beaugrenelle ou celle de
Montparnasse, c’est-à-dire des grands lots avec des galeries commerçantes et au-dessus des bâtiments sociaux
et des petits équipements. Ce sont des projets très intéressants sur le papier mais qui ont été mal gérés dans la
découpe et qui ont surtout mal vieilli. Les copropriétés
sont tellement enchevêtrées que lorsqu’il y a le moindre
28
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 7
8
7
8
9
9
problème (une fuite d’eau), on ne sait pas qui doit financer la réparation. Par exemple, un propriétaire ne pourra
pas revendre son logement s’il y a des parkings communs
avec les bureaux ou si les parties communes ne sont pas
bien entretenues. Cela génère des formes de copropriétés complexes qui font peur aux investisseurs. Depuis les
années 1990-2000, on fait donc un immeuble de bureaux,
un immeuble de logements. La division des programmes
est très claire.
Personnellement, je défends la mixité et j’essaye de me
battre pour cette complexité en prônant plusieurs points.
D’une part, l’accès aux logements et aux équipements. Il
doit se faire depuis la rue. Il est hors de question de mon-
Plan étage courant (bâtiment S1)
Vue de la façade sud du bâtiment S1
Une volumétrie de terrasses tournées vers le sud et
Paris (bâtiment S1)
Les documents illustrant cet article ont été fournis par
l’Agence Nicolas Michelin & Associés (ANMA).
ter sur la dalle ou de devoir la traverser pour arriver chez
soi. L’urbanisme de dalle c’est justement ça, la dalle qui
distribue. D’autre part, la découpe en volume doit être
extrêmement claire. Il faut éviter de trop enchevêtrer les
surfaces de différents programmes.
Je pense que les friches industrielles ou portuaires
sont des occasions extraordinaires – si on ne fait pas
de tabula rasa – pour sortir des standards. Il faut donc
se battre pour conserver ces friches de manière à générer une ville différente qui s’appuie sur cet existant. En
ce sens, l’entrepôt Macdonald est vraiment le contreexemple. Ce n’est un grand projet de reconversion, c’est
un grand projet spéculatif.
30
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 DE l’AUTONOMIE DANS L’UNIFORMITé
Le bâtiment dessiné par les architectes zurichois
Gigon/Guyer offrira au parc immobilier de Paris
84 logements sociaux supplémentaires.
Un projet timide mais autonome qui contribue
à la diversité architecturale de l’ensemble.
Gigon/Guyer, propos recueillis par Aurélie Buisson
Traduit de l’allemand par Thomas Lepelletier
T
racés : De quelle manière avez-vous été mandaté
pour ce projet ? S’agissait-il d’un concours, d’un
mandat direct ? Quel était l’objet de cette commande ?
Gigon/Guyer : Si je me souviens bien, c’était une sélection de la Ville de Paris et de la société immobilière Icade,
qui avaient une liste d’architectes sur laquelle nous figurions. Nous avons été appelés directement puis invités à
participer à un workshop au cours duquel nous avons présenté les références du bureau et les premières esquisses
du projet. La commande n’a été passée qu’ensuite.
On nous avait assigné la parcelle N3, longue de 64
mètres et sise dans la partie ouest de l’entrepôt, le long
du boulevard Macdonald. Nous devions réaliser 84 logements sociaux.
Les objectifs urbanistiques étaient clairement formulés dans les documents élaborés par l’équipe de l’OMA
en 2008. Ils ont été vérifiés et précisés plus tard par
Floris Alkemade et Xaveer de Geyter dans un processus
de planification consécutif. Tous les architectes participants travaillaient avec une large autonomie et étaient
coordonnés de manière globale par l’équipe de pilotage.
Quelle fut votre première impression à l’égard de ce
projet ? Aviez-vous déjà travaillé sur une opération de
cette échelle ?
La situation urbaine de la parcelle au nord-est de Paris
le long des voies de chemin de fer, les dimensions inhabituelles du bâtiment industriel – plus de 600 mètres
de long – et les impressionnantes structures existantes
en béton ont fait de l’entrepôt Macdonald, construit
en 1968 par l’architecte Marcel Forest, un bâtiment
pertinent sur le plan urbanistique qui a influencé tout un
quartier de ville au-delà de sa seule implantation.
Auparavant, nous avions déjà travaillé sur un projet
urbain de taille similaire : nous avons été responsables,
en tant que planificateurs urbains, du nouveau Centre
de police et justice à Zurich ; en tant qu’architectes,
nous avons conçu un immeuble d’habitation dont le
socle était occupé par un grand magasin dans le cadre du
plan d’extension du centre-ville d’Almere aux Pays-Bas
élaboré par l’agence OMA.
Quelles ont été les principales restrictions d’ordre
technique que vous avez dû affronter (liées à la structure,
à l’existant, au choix des matériaux et à la règlementation) ? En considérant ces restrictions, quelle a été votre
marge créative ? Votre projet essaye-t-il de se démarquer
de l’ensemble, ou plutôt de se fondre dans la masse ?
Il était clair pour nous dès le début qu’en considérant
tous les paramètres du projet global, nous ne pouvions
faire qu’une ébauche qui admettrait les objectifs et s’inscrirait précisément dans le projet d’ensemble. En ce sens,
notre projet est, comme tous les autres, un nouveau bâtiment posé sur l’édifice existant, avec un type d’habitations propre. Toutefois, il était aussi important que cela
reste un projet autonome, qui puisse justement apporter
une contribution différente.
Notre projet se déploie donc comme un bâtiment
autonome tenant compte des objectifs urbanistiques du
projet global et des contraintes liées au logement social.
Le plan en peigne avec les noyaux désenclavés à l’intersection du bâtiment principal et de celui à cour produit
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 31
1
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1
2
3 <
La façade nord vue depuis le boulevard Macdonald
Plan étage R+2
Coupe transversale
32
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 un grand linéaire de façade, ce qui génère des configurations judicieuses d’habitations variées avec des orientations optimales.
La façade sur cour et les balcons sont pliés de diverses
manières en fonction des différents types d’habitation.
Ceci définit la conception de la façade autour du thème
de l’imbrication de l’espace intérieur et extérieur dans le
volume principal. Les façades sont revêtues de tôles verticales, finement ondulées, brillantes, perforées au niveau
des garde-corps et opaques entre les fenêtres. Il en résulte
une structure horizontale de la façade, qui est supportée
par les balcons en saillie et la structure interne (fig. 5 et
6). La façade du boulevard est fortement influencée par
les couches « cristallines » et « minérales » de la base et de
la structure qui ont été dictées par le masterplan (fig. 1).
4
D’un point de vue plus global, percevez-vous l’entrepôt Macdonald comme un projet unitaire ou plutôt
comme une juxtaposition de projets distincts et variés ?
Respecte-t-il toujours ses aspirations initiales ?
Macdonald est un exemple remarquable : le bâtiment
existant détermine les conditions générales de la stratégie
d’extension, permettant ainsi la création d’un ensemble
extraordinaire de bâtiments qui, dans cette forme de reconception n’aurait jamais vu le jour sur un terrain vide.
La masse bâtie existante reste aussi après transformation clairement déterminante par rapport aux nouvelles
constructions. De plus, si ces dernières sont architecturalement très différentes, elles sont unifiées en une forme
urbaine unique par ce socle continu.
On peut effectivement contester les qualités du « nouveau », des architectures apposées, mais l’existant servira
de socle unificateur. L’extraordinaire expansion horizontale et la présence architectonique de l’entrepôt fixeront
la future perception publique.
5
Est-ce qu’un projet présentant de tels attributs
(dimensions hors norme, programme mixte, montage
d’opération, etc) pourrait se faire en Suisse ?
Je ne connais pas de réalisations de dimensions similaires en Suisse, hormis des projets d’infrastructures
comme des ponts, des barrages, des tunnels, des installations de chargement ou industrielles. Zurich a donné lieu,
à une moindre échelle, à des transformations similaires
telles que Löwenbräu ou Toni-Areal.
S’il devait s’agir d’une si grande infrastructure dans le
cas d’un changement d’affectation ou d’une extension,
il me semble qu’un projet analogue à celui de l’entrepôt
Macdonald serait tout à fait envisageable en Suisse.
6
4, 5 Recherches de volumétries en maquette
6 Vue depuis le jardin central
Les documents illustrant cet article ont été fournis
par le bureau Gigon/Guyer Architekten.
Un panorama splendide grâce aux fenêtres
PVC sur mesure
Publireportage
Qualité, stabilité et souplesse de la fabrication sur mesure pour tous les éléments
de fenêtre: ces critères ont été décisifs
pour le choix des systèmes de profilés VEKA
SOFTLINE 70 MD, pour la base des fenêtres, et de VEKASLIDE, pour les portes levantes coulissantes, lors de la construction
du nouveau bâtiment de formation et d’habitation de l’institut hôtelier César Ritz,
au Bouveret. Le résultat est époustouflant:
les locaux sont baignés de lumière et les
étudiants en hôtellerie et tourisme, venus
des quatre coins du monde, jouissent de
points de vue imprenables sur le lac Léman.
Le nouveau bâtiment de formation et d’habitation de l’école hôtelière César Ritz du Bouveret.
faces lisses, dépourvues de joints et sans arêtes
vives, font ici corps avec le nu du vantail, du dormant et du seuil ainsi que des joints cachés.
Porte levante coulissante VEKASLIDE
Les César Ritz Colleges Switzerland, dont la
renommée repose sur la réussite de l’hôtelier
Cäsar Ritz, pionnier dans le secteur des hôtels de
luxe, forment de futurs chefs cuisiniers et gérants
d’hôtels. Convivialité, espaces vastes, fonctionnalité et exigences esthétiques élevées font partie
des critères qu’exigeait leur architecture. Les
composants systèmes intégraux ont fait pencher la balance en faveur du système de profilés
SOFTLINE 70 MD: conformément aux exigences,
ils permettent en effet de fabriquer également
sur mesure des fenêtres de grandes dimensions.
Equipées de vitrages isolants à haute performance thermique, les fenêtres ont été complétées par un système de porte-fenêtre levante
coulissante, parfaitement compatible, de la série
haut de gamme VEKASLIDE. Ce système conçu
spécialement pour les grands formats séduit à
la fois par ses remarquables propriétés isolantes
et par son design classique. Des châssis aux sur-
Veka-Objektreportage-Cesar Riz-F.indd 1
Benjamin Délèze, directeur de Délèze Frères Sàrl,
partenaire VEKA chargé de l’exécution, Sion:
«Les façades de la salle à manger et de la salle
de conférence ont été entièrement réalisées
au moyen d’éléments VEKA: composants fixes,
portes levantes coulissantes, éléments oscillobattants et portes pour issues de secours, tous
reliés entre eux.»
Partenaire VEKA: il y en a un aussi
dans votre région!
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17.03.14 17:15
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Tracés n o 07 / 4 avril 2014 le funambule
Couloirs de la mort et autres designs mortifères
Connaissez-vous Temple Grandin ? Cette professeure
de l’Université du Colorado est la conceptrice d’un
certain nombre de dispositifs spatiaux utilisés par des
abattoirs américains dans les années 1960. C’est, selon
ses dires, forte de sa perception aiguë du comportement
animal qu’elle a inventé ces dispositifs. Elle répondait
par ce travail au traitement cruel du bétail lors de
l’acheminement à l’ultime étape de son exécution.
Les constructions de Grandin consistent ainsi en
une succession de couloirs aux parois opaques qui,
progressivement, se rétrécissent. Ces couloirs adoptent
la trajectoire supposée « naturelle » du bétail qui tend
à décrire des cercles. Les caractéristiques spatiales
et matérielles de ce dispositif permettent au bétail
de s’acheminer sans panique ni stress vers la finalité
invariable qu’incarne la fonction de l’abattoir : sa mort.
Les inventions de Grandin ne sont pas sans
rapport avec le rôle que l’architecture joue en tant
que technologie de contrôle des corps. S’il existe une
différence entre le traitement des corps animal et
humain, elle ne constitue pas une limite infranchissable.
Elle est plutôt de l’ordre du degré d’intensité que de
l’essence des choses. La correspondance visuelle
entre les dispositifs de Grandin et ceux bien connus
de Richard Serra est frappante. Que fait-on dans les
œuvres de Serra si ce n’est suivre docilement le tracé
qu’il a imaginé pour nous ? Ce qui vaut pour l’art
vaut aussi pour l’architecture : derrière le fait qu’un
architecte anticipe le mouvement de certains corps, il
y a souvent un intérêt idéologique à ce que ces corps
se déplacent effectivement selon cette anticipation. Ce
lien entre planification et conception transforme dans
certains cas l’architecture en condition sine qua non du
projet idéologique.
La comparaison entre les inventions spatiales
de Grandin et les chambres à gaz des camps
d’extermination s’impose d’elle-même. Dans les deux
cas, il s’agit d’industrialiser la mort, c’est-à-dire de la
rendre efficace et systématique. La raison pour laquelle
Grandin réussit à faire adopter son design dans certains
abattoirs américains n’était pas nécessairement liée à
la prévention du traitement cruel des animaux, mais
plutôt un impératif de rendement. Pour les industriels,
la docilité des corps à abattre rendait le processus
plus efficace. Il en va de même pour les êtres humains
assassinés par la machine de mort nazie. L’architecture
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 1
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4
de la déportation se charge d’épuiser les corps jusqu’à
ce que soit atteint le degré de docilité souhaitable. Une
fois ce stade dépassé, l’ultime tromperie des chambres
à gaz « déguisées » en douches peut advenir.
Une autre architecture semble égaler cette cruauté
vis-à-vis des corps humains : le navire négrier. Entre
le 15 e et le 19 e siècle, environ 14 millions de corps
africains furent embarqués de force sur ces navires
pour être utilisés comme esclaves dans les Amériques.
Les navires négriers transportaient plusieurs centaines
de ces corps dans des conditions qu’il serait difficile
de reconstituer. Selon C. L. R. James 1, chaque esclave
ne pouvait occuper qu’un volume d’un mètre et demi
de long sur à peine plus de soixante centimètres de
hauteur, forçant les corps à adopter des positions
aussi douloureuses que suffocantes. Plus de 15 % des
individus capturés n’arrivaient jamais « de l’autre
côté » de l’océan, morts de maladie ou d’étouffement.
Leur corps étaient alors balancés par-dessus bord pour
résider à jamais dans ce qu’Edouard Glissant et Patrick
1 C.L.R. James, The Black Jacobins : Toussaint L’Ouverture and the San Domingo
Revolution, New York: Random House, 1989.
2 Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, L’intraitable beauté du monde : Adresse
à Barack Obama, Paris : Galaade, 2009.
35
Plans et coupes du navire négrier Brookes en 1788
(© Bibliothèque du Congrès Américain)
Temple Grandin par Mick Jackson, 2010
Couloir d’un abattoir (© Temple Gradin)
Plan d’un aménagement d’abattoir (© Temple Gradin)
Chamoiseau appellent « le gouffre »2. La violence de ce
dispositif fut telle qu’une des stratégies réussies des
abolitionnistes fut tout simplement de diffuser les
plans de chargement de ces navires.
Léopold Lambert
36
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Ici est ailleurs
Les passeurs d’Istanbul
A
la question « quelle est la plus grande ville
d’Europe ? », il y a fort à parier que vous répondrez
« Londres, bien sûr ». Perdu ! C’est Istanbul. Seize millions
d’âmes se sont agglutinées des deux côtés du Bosphore. Et
même si la Turquie ne fait pas (encore ?) partie de l’Union
européenne, la mégapole est géographiquement située
sur le continent. Ou plutôt à moitié… Ce qui n’est pas le
moindre de ses paradoxes.
La journaliste Irène van der Linde et la photographe
Nicole Seghers, toutes deux hollandaises, ont eu l’idée
lumineuse de se donner du temps pour comprendre les
paradoxes du monstre. Quatre saisons. L’année 2007
vécue de l’intérieur.
Mais si Les passeurs d’Istanbul ne parlait que de
politique, nous n’aurions entre les mains qu’un essai
classique. Alors que la journaliste et la photographe
ne cessent de rencontrer des autochtones qui leur
ouvrent leur cœur. Bonjour Kübra, toi la jeune femme
ambitieuse qui porte le voile pour enfin être une femme !
Salut Ozgür, toi le jeune militant écolo, tu emmènes les
citadins renouer avec les sites naturels de leur propre
pays ! Grâce aux exigences de l’Union européenne en
matière d’environnement, le gouvernement turc est
enfin obligé de te prendre au sérieux. Salut Server, toi
le vieux loup de mer, tu finis ta carrière sur un ferry
du Bosphore en souriant : « J’incarne les liens entre
les deux continents », as-tu l’habitude de dire. Salut
Zeynep, toi l’employée de banque, obligée de cacher ton
homosexualité pour garder ta place. Vous parcourez
chaque jour les rues d’Istanbul et vos destins se mêlent
désormais dans les pages d’un livre géant.
Au printemps de cette année-là, lorsque les milliers
de cigognes passaient d’est en ouest au-dessus du
Bosphore pour rejoindre le continent européen, la
Turquie menaçait d’imploser encore une fois. L’armée
avait de véritables crises d’urticaire à l’idée que l’AKP
gagne les élections. En automne, lorsque les mêmes
cigognes traversèrent le détroit en sens inverse, un
changement politique radical avait eu lieu. Abdullah
Gül, un musulman modéré, ancien Ministre des
Affaires étrangères, accédait à la présidence de la
République turque. Sa femme pieuse portant le turban
déambulait désormais dans le palais d’Atatürk. Lui qui
s’était tant battu pour la laïcité ! Vision de cauchemar
pour des millions de kémalistes à travers le pays : ils ne
comprenaient pas comment l’Europe laissait faire sans
intervenir et soutenait le parti AKP.
De son côté, la photographe Nicole Seghers sait
capturer le temps comme personne : une conversation
chez le barbier sous le regard sourcilleux d’Atatürk, des
drapeaux rouges suspendus dans une ruelle flottant au
vent, un scooter qui transporte trois bombonnes d’eau
potable, des clés à molettes suspendues à leurs clous qui
dansent au rythme des vagues du Bosphore, les passagers
des ferries au regard plongé dans la rive d’en face.
Le livre est sorti en 2010 à Rotterdam. Il n’a été traduit
en français que l’année dernière, aux éditions Noir sur
Blanc. Pourtant, chers Kübra, Ozgür, Server, Zeynep, la
description de vos rêves et de vos colères m’ont mieux
expliqué l’embrasement de la place Taksim en juin 2013
que n’auraient pu le faire tous les reportages d’euronews
ou les journalistes du Monde. La foule était fatiguée
des dérives autoritaires du premier ministre Erdogan,
ancien maire d’Istanbul. Mais il s’agissait aussi de lutter
contre la destruction du parc Gezi. Ces arbres que tu
aimes tant, Ozgür : « Nous n’avons pas eu de glaciation
en Turquie, ce qui fait que nous comptons beaucoup
d’espèces qui ont disparu en Europe, expliques-tu. Il
reste par exemple une soixantaine de variétés d’arbres
feuillus chez nous. »
Irène van der Linde sonne chez les gens ; dîne avec
eux ; prend le temps de les écouter ; déambule dans
leur quartier ; visite les sites historiques ; assiste à
des manifestations de gauche ; se rend à un meeting
d’Erdogan ; découvre les réserves naturelles ; observe
aux jumelles les aigles des steppes, les busards, les
faucons hobereaux, les martinets, les hirondelles ; lit les
journaux turcs ; discute avec les capitaines de ferries, les
passagers ; accompagne les pêcheurs au travail.
On se met à rêver de ce que ces deux Hollandaises
pourraient tirer d’un séjour d’un an à Paris ou Zurich.
Elles réaliseraient l’exploit de nous expliquer nos
propres compatriotes.
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38
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 actualités
Théâtre ambulant et modulaire
© Christophe Raynaud de Lage
L’opéra de Genève a acheté à la Comédie-Française son Théâtre éphémère
Un théâtre en kit. C’est l’objet acquis
début mars par la Ville de Genève, qui a
acheté à la Comédie-Française son Théâtre
éphémère1, soit une boîte rectangulaire de
60 m sur 20 constituée de 80 panneaux
de bois KLH et coiffée d’un toit à double
pente. Voilà un an que le Département
des constructions et de l’aménagement
réfléchit à une solution pour reloger le
Grand Théâtre pendant les deux ans que
va durer sa rénovation2.
Lors de la modernisation de la machinerie
de scène dans les années 1990, l’opéra
genevois avait déménagé un an durant dans
le Bâtiment des forces motrices (BFM),
ancienne usine hydraulique sur le Rhône
reconvertie en salle de spectacles. Pourquoi
ne pas reconduire l’opération ? « Ca a été
la catastrophe du point de vue du public,
parce que le BFM a un gradin en faible
pente qui ne convient pas au spectacle
lyrique. Ce qui n’est pas le cas du Théâtre
éphémère », argue Rémy Pagani, en charge
du Département des constructions et de
l’aménagement.
L’acoustique de la salle parisienne
– construction à laquelle a contribué
le scénographe parisien Michel Fayet,
également lauréat avec les architectes du
bureau FRES du concours d’architecture
international pour la Nouvelle Comédie –
sied donc au spectacle lyrique. Malgré cette
qualité, le Théâtre éphémère, qui deviendra
à Genève le Théâtre des Nations, a été conçu
pour le théâtre, non pour l’opéra. L’architecte
Daniela Liengme, mandatée par la Ville pour
adapter la salle parisienne à Genève, a du
pain sur la planche : elle devra notamment
construire une fosse d’orchestre pouvant
accueillir 60 musiciens.
Le Théâtre éphémère a été conçu
spécifiquement pour la Comédie-Française.
Il était enclavé entre la double colonnade
de la Galerie d’Orléans et ne comportait
nulle loge, car il était relié par des corridors
souterrains au bâtiment central. Les
architectes devront aussi fendre la structure
en son centre pour augmenter la capacité de
la salle, et ainsi passer de 700 à 1150 places.
La structure sera donc agrandie de 8 m dans
la largeur et de 12 m longitudinalement (la
Participants
L’équipe des mandataires, coordonnée par le bureau
Daniela Liengme architectes, se compose des principaux spécialistes ayant participé à la conception et
au montage du Théâtre éphémère à Paris et d’ingénieurs genevois : Jacques Anglade - structure bois
EURL, ingénieur bois ; Michel Fayet - Changement
à Vue, scénographe ; François Kocher - Le Collectif
sàrl, ingénieur civil ; Martial Götz - Energestion SA,
ingénieur chauffage-ventilation ; Christian Zufferey
- Décibel Acoustique, acousticien ; Eric Dubouloz Ecoservices SA, ingénieur sécurité.
première moitié pour ajouter les rangées de
fauteuils, la seconde pour la fosse d’orchestre).
Le Théâtre éphémère, l’équivalent de
quelque 70 semi-remorques, va faire la route
jusqu’à Genève. Les pièces détachées vont
ensuite être montées sur l’emplacement
défini. A l’image d’un kit de lego, plusieurs
combinaisons seront possibles : l’espace
scénique parisien ne sera pas reconstruit
à l’identique mais va servir de base à la
construction du théâtre genevois.
1 La Salle Richelieu à Paris, théâtre à l’italienne qui sert de lieu
de représentation à la Comédie-Française depuis la fin du
18e siècle, a fait l’objet d’une importante réfection technique
de janvier 2012 au même mois de l’année suivante. Lors des
travaux, le Théâtre éphémère a accueilli la programmation de
la Comédie-Française. La salle constituée de 5000 m3 de bois
a été montée en quatre mois, sous la houlette des architectes
Alain-Charles Perrot et Florent Richard.
2 Sans compter la modernisation de sa machinerie de scène à
la fin des années 1990, le Grand Théâtre n’a pas été rénové
depuis 1962, date de sa réouverture après un incendie qui l’a
presque entièrement détruit. La salle devrait subir de grands
travaux de rénovation de juillet 2015 à août 2017 : révision des
circulations devenues obsolètes, amélioration des conditions
de travail du personnel, modernisation du système électrique
et restauration de la façade. Le coût du projet – devisé à 60
millions de francs – doit encore être validé par le Conseil
municipal de la Ville.
Si le théâtre doit être à ce point remodelé
et adapté, pourquoi ne pas avoir décidé d’en
construire un de toutes pièces ? « Nous avons
étudié cette possibilité. Cela coûterait 12
millions de francs de construire une boîte,
sans compter les équipements. Alors que
la solution que nous avons plébiscitée est
pour l’heure chiffrée à moins de 7 millions
de francs », explique le magistrat. Ce
budget comprend l’achat du théâtre, son
démontage, les frais de transport, le montage
et l’adaptation. Opter pour l’adaptation
d’un théâtre existant plutôt que pour la
construction d’une salle ex nihilo est aussi
dû à des questions de délai.
Reste à définir l’emplacement de ce théâtre
nomade. Les pourparlers sont en cours pour
trancher entre les deux lieux choisis, la
caserne des Vernets et le parc Rigot à côté des
Nations, parmi sept au total qui ont été mis à
l’étude – les deux emplacements précités, deux
autres à la pointe de la Jonction, la Maison
Baron et les parkings des Vernets et de Media
Markt derrière le pavillon Sicli. La caserne
des Vernets se trouve être l’emplacement
le moins onéreux, car le sol de la parcelle
est déjà stabilisé. Construire le Théâtre des
Nations, projet actuellement à l’étude, sur ce
site constituerait en outre un symbole fort du
secteur Praille-Acacias-Vernets (PAV), qui va
être remanié en profondeur.
PR
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 39
© Christophe Raynaud de Lage
Daniela Liengme architectes, constructions
à Genève en lien avec le culture
- Fonction : Cinéma, dans la Maison des arts
du Grütli (2007-2008)
- La Gravière – réaffectation partielle d’un entrepôt
en espace culturel de nuit (2011)
- Relogement du Moulin à Danses (Màd) –
réaffectation partielle d’un bâtiment industriel en
espace culturel de nuit (2013)
- Mise en conformité de la sécurité incendie du
Théâtre de la Parfumerie (en cours)
40
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Sacro GRA de Gianfranco Rosi
Aérolande
Documentaire
Exposition
Gra (Grande Raccordo Anulare) est le
nom du périphérique de Rome : une ceinture
autoroutière de 68 km comme en possèdent
la plupart des grandes villes. Sacro Gra est
le titre du dernier film de Gianfranco Rosi :
une succession de portraits intrusifs, d’individus dont le sort semble relié par le grand
axe circulaire. Il y a le botaniste à l’affût des
maléfiques scarabées égyptiens qui déciment les beaux palmiers, la stripteaseuse
auto entrepreneuse qui appelle travail le fait
de se dandiner dans un café-bar de banlieue,
le patricien déchu dans son château en carton pâte, le baba-cool sexagénaire et sa fille
plus vieille que lui, l’ambulancier qui vit seul
et dîne sur Skype, la paire de vieux travestis
en camping car, qu’aucun maquillage ne peut
restaurer dans leur splendeur déchue.
Sans complaisance, Rosi filme la laideur, la misère sociale et intellectuelle
d’une constellation de personnes qui ne
se connaissent pas. Des individus seuls,
pris dans le maelström de leurs actions
quotidiennes.
Son film n’a pourtant rien d’un travelling
glauque sur des épaves de la vie. C’est
précisément sur ce point que son travail
sort des sentiers battus. Pour être filmées
intelligemment, la bêtise, la laideur et
la misère deviennent regardables, voire
même intéressantes. Le monde de Rosi
est celui d’hommes et de femmes fatigués,
pratiquant des gestes insignifiants mais
tenant des propos révélateurs. Leur triste
condition ne les empêche pas de faire sens.
Contrairement à la faune de la Grande
Belleza, qui sombre avec un énorme rictus
sur un visage déformé par le botox, celle
de Rosi s’engouffre en parlant. Comme
dans Beckett, le déclin prend la forme
d’une logorrhée sans fin, d’un incessant
argumentaire qui constitue les personnes et
parachève leur naufrage. Par des dialogues
de sourds ou des soliloques ubuesques, le
film laisse raisonner des bribes de sens : des
fragments détachés qui s’emboîtent, comme
les autos dans un carambolage.
CC
Sacro GRA de Gianfranco Rosi
Dès le 4 avril au Cinéma CityClub à Pully
www.cityclubpully.ch
A la fin des années 1960, Jean Aubert, JeanPaul Jungmann et Antoine Stinco, tous trois étudiants à l’école des beaux-arts de Paris fondent
le groupe Aérolande. Leurs projets, marqués par
l’emploi de techniques gonflables et de structures démontables, innovent par leur mobilité et
leur modularité.
Dans le contexte de la critique politique et
sociale de mai 68, les membres d’Aérolande
publient dans la revue Utopie et cherchent à développer une architecture légère et éphémère qui
se substituerait à l’urbanisme moderniste remis en
question à cette époque. Si le groupe a toujours eu
une approche théorique de l’architecture, les dessins et documents récemment acquis par le musée
rappellent que certains de leurs projets ont pu
être produits et commercialisés. Leurs solutions
offrent une grande variété d’utilisations en même
temps qu’une diversité des possibilités formelles
inspirées par l’habitat nomade et l’équipement
forain. Ils permettent également de découvrir
une vision poétique de la ville en mouvement qui
imprègne et stimule la pensée architecturale de
cette période. réd
Jean Paul Jungmann, Dyodon, Habitation Pneumatique experimentale, 1967
Aérolande
Exposition jusqu’au lundi 2 juin,
à la Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris
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42
Tracés
l in ov07r/ 4eavril
s 2014 FACE AU BRAND TERRITORIAL
Sur la misère symbolique des systèmes de représentation des collectivités territoriales
Cet ouvrage offre une lecture critique de la
manière dont le branding commercial a contaminé l’image des collectivités territoriales en
transposant ses stratégies dans la communication politique actuelle, appauvrissant ainsi
progressivement les discours des collectivités
publiques. Dirigé par le graphiste-designer
Ruedi Baur, il réunit des recherches menées
conjointement au sein de différentes écoles
d’art européennes. Ce livre aux nombreuses
illustrations, dont la maquette et le graphisme ont été réalisés par Maria Roszowska
de l’EnsadLab, retrace l’histoire de l’identité graphique des territoires, analyse la
complexité et les spécificités de l’image des
espaces publics et formule des propositions.
Il se compose de trois essais visuels sur les
systèmes de représentation de collectivités
publiques en Europe soumis au regard du
politologue et designer Sébastien Thiéry, du
sémiologue Jean-Pierre Grunfeld, du philosophe Pierre-Damien Huygue, de l’historienne
de l’art Annick Lantenois et du géographe
Luc Gwiazdzinski.
Véritable manifeste, l’ouvrage collectif
dénonce ces pratiques dommageables pour
les territoires. Ces nouvelles images légales
font-elles système, et portent-elles un nouveau
régime de gouvernement ? Comment y faire face,
et quels chemins de résistance creuser avec les
armes du design graphique notamment ?
Ruedi Baur explique : « D’avoir transposé les
stratégies de représentation d’entreprises vers
des territoires, des villes, des nations, cela fait
qu’il n’y a plus de discours politique, que l’image
remplace la réalité. C’est démocratiquement et
civiquement très dommageable. Il n’y a plus de
transparence. Il faut reconcevoir des systèmes
graphiques où apparaissent des éléments communs, mais aussi des différences ».
Ainsi, il ressort de cette lecture un certain
trouble, comme pour des Mythologies de
Roland Barthes. Cernés par les logos, les représentations, les objets qui réduisent même les
chefs d’état à des produits de masse, nous ne
serions plus capables d’émettre le moindre
jugement hormis un apolitique et subjectif
« j’aime/je n’aime pas »1 ?
L’article traitant du Drapeau comme marque
est éloquent, ainsi que le dépeint Anne-Marie
Fèvre dans son analyse critique parue dans
Le Temps, du 27 février dernier :
« En dressant l’histoire du drapeau, particulièrement celui de la Suisse, Ruedi Baur
démontre comment l’environnement sémiotique d’un Suisse des années 2010 ressemble
à celui d’un Chinois des années 1970-1990.
Même rouge des objets, sigles, affiches. La
1 Roland Barthes par Roland Barthes, Seuil, 1975
croix blanche helvète d’un côté, les étoiles
jaunes ou le portrait de Mao de l’autre. Car
depuis les années 1990, le drapeau suisse s’est
réduit à cette croix blanche sur fond rouge. Les
entreprises helvètes, les institutions, l’église,
l’armée, les fromages… ont adopté ce principe
visuel, « qui est une simplification populiste
et protectionniste », dénonce Ruedi Baur.
C’est efficace, cohérent, mais cela met fin à
la double identité – le canton et la confédération –, c’est la disparition des différences. »
N’oublions pas que la signalétique, bien
que permettant la créativité, est une science
basée sur la sémantique des signes qui a pour
objectif de nous informer et de nous guider. Et
aujourd’hui, dans l’espace public, « entre les
logos des entreprises et des territoires publics,
il n’y a plus de différence. On vend notre territoire public comme une valeur marchande.
Le branding, c’est toujours la simplification,
avec un ou deux éléments dans un logo. »
Julie Bousquet
FACE AU BRAND TERRITORIAL
Sur la misère symbolique des systèmes de représentation des collectivités territoriales
Sous la direction de Ruedi Baur, Sébastien Thiéry
avec la collaboration de Civic City, Head Genève,
Ensad Lab (Paris), ZhdK (Zurich), Editions Lars
Müller, 2013 / € 40
44
Tracés n° 07 / 4 avril 2014 Que croire là où nous sommes ?
Inside cern
Photographie de l’Ouest américain de Robert Adams
Reportage photographique
Les lieux qui sont le théâtre des découvertes
scientifiques et techniques les plus importantes
restent souvent à l’abri du regard du grand public.
C’est par exemple le cas, à Genève, avec le CERN
(Organisation européenne pour la recherche
nucléaire) et son gigantesque accélérateur de
particules. Des scientifiques venant des quatre
coins du monde y questionnent l’infiniment petit
et l’infiniment grand à la recherche de découvertes
qui révolutionneront peut-être notre perception de
l’Univers.
Andri Pol (photographie) et Peter Stamm
(texte) se sont mêlés à la communauté multiculturelle des chercheurs pour observer leur travail
quotidien. Il en ressort un portrait unique d’un
microcosme fascinant. réd
Robert Adams, Colorado Springs, Colorado, 1969 (© Robert Adams. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco et Matthew Marks Gallery, New York)
« J’ai beau me défier des abstractions,
je me pose souvent trois questions, que je
vous livre en guise de porte d’entrée à cet
ouvrage : qu’est-ce que notre géographie
nous oblige à croire ? Que nous autoriset-elle à croire ? Et, le cas échéant, quelles
obligations résultent de nos croyances ? »
Ce court passage de l’introduction du
catalogue de l’exposition L’endroit où nous
vivons présentée jusqu’à mi-mai à Paris,
résume à lui seul le travail du photographe
américain Robert Adams. Connu pour ses
photographies austères et nuancées de
l’aménagement suburbain dans le Colorado
de la fin des années 1960, auteur du livre
The New West qui a fortement influencé
la vision photographique de l’espace américain, Robert Adams a aussi participé à
l’exposition New Topographics qui présenta
un tournant dans la photographie documentaire et la manière de regarder les paysages
urbains contemporains.
Ce livre, composé par le photographe luimême, est un petit condensé des 250 tirages
qui peuvent être vus à l’exposition organisée par la Yale University Art Gallery et
reprise par le Jeu de Paume. Le catalogue se
compose d’une courte introduction de
Robert Adams, d’une postface des commissaires Joshua Chuang et Jock Reynolds et
d’une centaine de photographies noir-blanc
aux titres très descriptifs. Morceaux choisis
des projets majeurs du photographe, ce livre
offre un récit intime et cohérent de l’évolution de l’Ouest des Etats-Unis, et un regard
stimulant sur la complexité et les contradictions de notre société contemporaine
mondialisée. Ce petit catalogue et cette
exposition consacrent un photographe dont
les images ont souvent été sous-estimées.
CVDP
Robert Adams, L’endroit où nous vivons
Exposition jusqu’au 18 mai au Jeu de Paume à Paris
www.jeudepaume.org
Que croire là où nous sommes ?
Photographies de l’Ouest américain
Robert Adams, postface par Joshua Chuang et Jock
Reynolds, 2014, coédition Jeu de Paume / La Fábrica,
Paris, Madrid / € 25
Inside CERN
European Organization For Nuclear Research
Andri Pol, Lars Müller Publishers, Zurich, 2014 / € 50
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46
Tracés n o 04 / 28 février 2014 ARCHITECTURE THÉRAPEUTIQUE
Histoire des sanatoriums en France (1900-1945)
Les Coulisses
d’une architecture
L’école d’architecture de Nantes
avec Lacaton et Vassal
« Tout commença par une baraque en bois
au fond d’un parc qui fut par la suite pétrifiée
sous la forme de balcons de cure attachés aux
chambres des patients, transformant l’hôtel
de cure des premiers temps en un paquebot
sanitaire. Ces sanatoriums [...] ont été revêtus des plus beaux atours de l’éclectisme, de
l’Art nouveau ou du Mouvement moderne.
Destinés ‹ aux riches malchanceux ›, ils ont
été luxueux et confortables, quand d’autres,
accueillant les plus démunis, ont été aussi
austères que spartiates. »1
Issu d’une fouille systématique des
archives départementales et complété par les
dessins comparatifs de 40 projets, l’ouvrage
de Philippe Grandvoinnet dresse un panorama complet des sanatoriums en France
et de leur histoire, en donnant la mesure de
leur présence dans le territoire et dans le
paysage. Reconvertis et transformés à différentes reprises, parfois banalisés à l’extrême
au détriment de leur caractère originel, la
plupart des anciens sanatoriums de cure
existent toujours. En plus de constituer une
étude exhaustive des édifices à vocation
thérapeutique, de leurs espaces de vie et de
soins, de leurs audaces architecturales et de
leurs destinées singulières au sein d’un horizon historique élargi, ce livre invite à une
réflexion renouvelée sur la mémoire et la sauvegarde patrimoniales qui engage autant les
historiens, les conservateurs, les architectes
que la collectivité dans son ensemble.
réd
1 Citation tirée de la préface d’Anne-Marie Châtelet, professeure
d’histoire et de culture architecturales à l’ENSAS.
Pour des architectes, inventer une école
d’architecture est un exercice fondateur. Concevoir
un tel équipement, c’est en effet proposer un bâtiment de référence, sur lequel se projetteront les imaginaires de toute une ville et prendront corps les rêves
des jeunes professionnels. L’école d’architecture de
Nantes (ENSAN), conçue par l’agence Lacaton et
Vassal, ancrée dans le nouveau centre-ville face à la
Loire porterait-elle la même ambition ?
Mandatés par le Ministère de la Culture et
la DRAC des Pays de la Loire, Caroline Paul et
André Sauvage éclairent en partie la question : ils
ont pu suivre, toutes les étapes du processus de
réalisation de l’école d’architecture de Nantes, de
la programmation (2000) à l’entrée de l’usager
dans ses murs (2009) en passant par le concours
d’architecture (2003) qui aboutit au choix du
projet de l’agence Lacaton et Vassal. Pendant dix
ans, ils ont pu accompagner, interroger, écouter
ces acteurs et rendre compte des situations qui
ont finalement convergé vers la réalisation de
ce bâtiment.
Ce processus fut passionnant, véritable tableau
vivant présenté aujourd’hui au public. Le lecteur
trouvera ici ce que l’on montre rarement d’une
œuvre architecturale : le chemin total, de la définition de la commande, à l’expérience du bâtiment
par les usagers, en passant par le suivi des étapes
réd
de réalisation. ARCHITECTURE THÉRAPEUTIQUE
Histoire des sanatoriums en France (1900-1945)
Philippe Grandvoinnet, Collection vuesDensemble,
MētisPresses, Genève, 2014 / Fr. 42.-
Les Coulisses d’une architecture.
L’école d’architecture de Nantes
avec Lacaton et Vassal
Caroline Paul et André Sauvage, Archibooks,
Paris, 2013 / € 15.90
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50
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Pages d’information de la sia - Société suisse des ingénieurs et des architectes
Journées SIA : faites
votre programme !
Dans un mois, 300 ouvrages réalisés par
des mandataires SIA ouvriront leurs portes
au public, à l’occasion des Journées SIA
(anciennement 15n). Du 9 au 11 mai, en
Suisse romande et dans les autres régions
linguistiques.
Les Journées SIA de l’architecture et de l’ingénierie contemporaines sont un événement
unique en leur genre. L’opportunité pour les
architectes et les ingénieurs de la SIA de montrer leur travail et de communiquer avec le
grand public. Et pour les visiteurs, l’occasion
de partir à la découverte du bâti contemporain.
Ces portes ouvertes sont magiques dans le
sens où elles permettent d’appréhender l’espace. Souvent perçu comme une notion abstraite, difficile à cerner même à l’aide de plans
et de maquettes, l’espace devient compréhensible lorsqu’il est vécu, ressenti. Le large succès rencontré cette année encore auprès des
mandataires et des maîtres d’ouvrages – qui se
prêtent au jeu des visites – témoigne de l’intérêt qu’il y a à faire visiter l’architecture.
L’édition 2014 propose à la visite un large
éventail de bâtiments, ouvrages d’art, aménagements urbains et paysagers. Les réaf-
fectations et rénovations de bâtiments sont
particulièrement bien représentées. En guise
de survol, signalons, à Romont, le monastère cistercien de l’abbaye de la Fille-Dieu
tout juste restauré et, du côté de Genève, à
la Croix-de-Rozon, une ancienne grange du
19e siècle transformée en logements. De très
nombreuses villas, dont certaines très originales, sont aussi à l’honneur, à Valeyres-sousRances, à Orsières ou encore à Corminboeuf.
Les immeubles d’habitations sont également
sous le feu des projecteurs, à l’instar de la
Maison des Etudiants de l’IHEID à Genève
et des logements du quartier de la Coupe
Gordon-Bennett à Vernier.
De plus, les Journées SIA invitent à la découverte
de systèmes constructifs particuliers, à l’instar
du concept EN=0 pour des logements zéro énergie développé dans le cadre de la construction
d’une maison familiale à Delémont. Les maisons en paille sont également au programme,
aux Cullayes et à Plan-les-Ouates par exemple.
Parmi les autres moments forts, relevons les
visites guidées du Musée Jenisch de Vevey, du
Musée Olympique à Lausanne et du bâtiment
Microcity à Neuchâtel.
Enfin, les projets primés par la distinction
Umsicht-Regards-Sguardi 2013 s’invitent dans
le programme des Journées SIA. Il s’agit de l’immeuble artisanal « Nœrd » à Zurich-Oerlikon,
A la découverte de nouvelles techniques : maison en paille aux Cullayes,
pont 12 architectes SA
du sentier aquatique « Trutg dil Flem », de la
couverture des ruines archéologiques de SaintMaurice, de la maison plurigénérationnelle
« Giesserei » à Winterthour et des stratégies
d’interventions pour la cité du Lignon à Genève.
Le programme complet est en ligne sur le site
www.journees-sia.ch ou via l’application pour
smartphone SIA-JTG. Une brochure gratuite
est à disposition auprès des sections de la SIA.
Valentin Kunik, chef de projet pour les Journées SIA
[email protected]
Séance 1/2014 de la
commission centrale
des règlements
La commission centrale des règlements
(ZO) a approuvé la révision des règlements concernant les prestations et les
honoraires (RPH) qui doit être soumise à
la prochaine assemblée des délégués. Elle
a en outre démarré le projet d’inventaire
des prestations dans le cadre de mandats
d’études parallèles.
Un volume compact installé dans la pente et revêtu de tuiles pour cette maison individuelle à Valeyres-sous-Rances, bunq architectes
Lors de sa 165e séance le 27 février 2014, la ZO
a adopté les révisions des RPH SIA 102 pour
les architectes, SIA 103 pour les ingénieurs
civils, SIA 105 pour les architectes >>>
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52
paysagistes et SIA 108 pour les ingénieurs
mécaniciens et électriciens ainsi que les ingénieurs spécialisés dans les installations du
bâtiment. Elle a également donné son imprimatur aux normes de compréhension SIA
111 Modèle ; Planification et conseil et SIA
112 Modèle ; Etude et conduite de projet. Ces
six normes sont harmonisées et seront donc
soumises pour approbation à l’assemblée des
délégués du 23 mai 2014 en un seul paquet.
La diffusion est prévue pour l’automne 2014,
accompagnée de séances d’information dont
le programme sera précisé ultérieurement. Un
nouveau projet de la commission SIA 142/143
a encore été lancé pour l’inventaire des prestations selon SIA 143, dans une forme analogue à
celle utilisée pour les concours selon SIA 142.
Michel Kaeppeli, responsable département
règlements, [email protected]
Séance 1/2014 de la
commission centrale
des normes
Dans sa dernière séance en date, la commission centrale des normes (ZN) a approuvé
la publication de trois normes. Trois projets de révision ont en outre été lancés et la
phase d’introduction s’est achevée sur un
total de douze normes.
Lors de sa séance du 5 mars 2014, la commission
centrale des normes (ZN) a, conformément au
tournus, clôturé le suivi de dix projets incluant
un total de douze normes parues en 2012. Trois
projets dans le domaine de l’aménagement territorial ont pour leur part été arrêtés, tandis que
la SIA 723 L’énergie thermique dans le bâtiment
– Dispositions contractuelles a été retirée de la
collection des normes. Les trois normes qui
ont reçu l’imprimatur sont SIA 343 Portes, SIA
385/2 Installations d’eau chaude sanitaire dans
les bâtiments – Besoin en eau chaude, exigences
globales et dimensionnement et SIA 261 Actions
sur les structures porteuses. Le délai de recours
auprès du comité de la SIA pour ces trois publications court jusqu’au 14 avril 2014.
Trois projets de révision ont été lancés : la
norme SIA 112/1 Construction durable –
Bâtiment a connu un succès dépassant les
prévisions, mais doit maintenant être adaptée
aux connaissances les plus récentes et revue
pour en simplifier l’articulation et en faciliter l’usage. Le cahier technique SIA 2040 La
voie SIA vers l’efficacité énergétique sera élargi
à d’autres classes d’ouvrages et prendra en
compte certains usages mixtes ainsi qu’une
variabilité des surfaces par personne. De
même, les valeurs par défaut ainsi que l’imputation des apports en énergies renouvelables
feront l’objet des révisions qui s’imposent et le
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 projet inclut l’adaptation de la documentation,
ainsi que des outils de calcul correspondants.
Quant à la révision du cahier technique 2039
Mobilité – Consommation énergétique des
bâtiments en fonction de leur localisation, elle
a donné lieu à débat en raison de la forte corrélation du facteur mobilité avec le comportement des usagers. La ZN n’en tient pas moins
à développer cette problématique, même si le
travail s’annonce important. On peut, en l’occurrence, tabler sur des contributions de tiers.
Enfin, la proposition d’élaborer un nouveau
cahier technique sur les isolations extérieures
avec recouvrements collés a été acceptée, car
ce type de systèmes entre toujours davantage en concurrence avec les enduits de
façade traditionnels.
Les normes dont s’occupait la commission
dissoute des infrastructures et des travaux en
souterrain (KIU) ont été redistribuées, et de
nouveaux membres ont été élus respectivement à la commission sectorielle des normes
du bâtiment (Madame Drazenka DragliaSalis), et à la commission pour les normes des
installations et de l’énergie dans le bâtiment
(Monsieur Zoran Alimpic’).
Markus Gehri, responsable Normes et Règlements,
[email protected]
Norme révisée sur la
SIA 264 construction
mixte acier-béton
La norme révisée SIA 264 Construction
mixte acier-béton et les Spécifications complémentaires SIA 264/1 sont en vigueur
depuis le 1er janvier 2014. Ce qui porte à six
sur huit le nombre des normes SIA sur les
structures porteuses révisées.
Dans le cadre de la normalisation européenne,
l’Association Suisse de Normalisation (SNV)
s’est engagée à adopter la totalité des normes
européennes. La SIA a fait sienne cette obligation de la SNV pour le secteur du bâtiment
et a aligné ses normes relatives aux structures porteuses sur les normes européennes
« Eurocodes ». Or l’élaboration de ces normes
suisses parues en 2003 reposait encore sur
les prénormes européennes (ENV) ainsi
que sur les projets de normes européennes
actuelles de produits (prEN). Une harmonisation des normes suisses sur les structures
porteuses avec les Eurocodes en vigueur
était par conséquent tout indiquée. Qui plus
est, l’expérience acquise au fil des années
dans l’application de ces normes ainsi que la
publication, en janvier 2011, de la nouvelle
série de normes SIA 269 et ss. Maintenance
des structures porteuses imposait, de fait, une
mise à jour.
Principales nouveautés de la
norme SIA 264 : 2014
La révision de la norme SIA 264 visait à éliminer notamment les éventuelles contradictions
avec les normes SN EN 1994-1-1 Eurocode
4 : Calcul des structures mixtes acier-béton
− partie 1-1 : Règles générales et règles pour le
bâtiment et SN EN 1994-2 Eurocode 4 : Calcul
des structures mixtes acier-béton − partie 2 :
Règles générales et règles pour les ponts. Par
exemple, la valeur de calcul de la résistance
au cisaillement des goujons à tête doit être
désormais réduite de 25 % par rapport à la
valeur de calcul sous actions statiques lors du
dimensionnement de l’état-limite de type 4
(fatigue), conformément à la norme SIA 264.
Pour le calcul de la résistance au cisaillement
longitudinal des dalles mixtes, on distingue
aujourd’hui clairement entre l’apport de l’armature transversale et celui de la tôle profilée dans les notations de la valeur de calcul
de l’effort rasant. Le remaniement le plus
important portait cependant sur le chiffre 5.3
Poteaux mixtes et plus particulièrement sur
la procédure de calcul des efforts intérieurs
selon la théorie élastique de second ordre. On
a pu ainsi simplifier les règles en intégrant la
valeur de calcul de la rigidité pour prendre en
compte les actions de longue durée, la fissuration du béton et la charge critique de flambage
élastique qui en découle et l’adapter systématiquement aux règles selon le chiffre 6.7 de la
norme SN EN 1994-1-1.
Enfin, toutes les corrections et les renvois
aux normes SIA 262 Construction en béton et
SIA 263 Construction en acier, déjà révisées,
ont été actualisés. Par exemple, le chiffre 4.5
Situation de projet Séisme a subi une refonte
totale et a été harmonisé avec le chiffre 4.9 de
la norme SIA 263. Les références >>>
Validité des normes révisées sur les
structures porteuses
Les versions révisées des normes sur les structures
porteuses paraissent, une fois achevées, en fonction
du calendrier suivant :
SIA 260 Bases pour l’élaboration des projets de
structures porteuses, en vigueur depuis le 1.8.2013
(cf. TRACÉS 21/2013)
SIA 261 Actions sur les structures porteuses, prévue à
partir du milieu de l’année 2014
SIA 262 Construction en béton, en vigueur depuis le
1.1.2013 (cf. TRACÉS 09/2013)
SIA 263 Construction en acier, en vigueur depuis le
1.1.2013 (cf. TRACÉS 09/2013)
SIA 264 Construction mixte acier-béton, en vigueur
depuis le 1.1.2014 (cf. article sur cette page)
SIA 265 Construction en bois, en vigueur depuis le
1.1.2012 (cf. TRACÉS 11/2012)
SIA 266 Construction en maçonnerie, prévue à partir
du milieu de l’année 2014
SIA 267 Géotechnique, en vigueur depuis le 1.8.2013
(cf. TRACÉS 22/2013)
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Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Détail de la connexion acier-béton : pont routier sur le Rhône à Branson ; maître de l’ouvrage : canton du Valais; conception : DIC s.a. Ingénieurs, Aigle
normatives ont également été adaptées aux
normes européennes en vigueur. Enfin, les
indications relatives au dimensionnement
pour les nuances d’acier S235 à S460 ont été
intégrées de manière systématique.
Nouveautés de la norme
SIA 264/1 : 2014
La révision de la norme SIA 264/1 a permis de
mettre à jour les références normatives aux
normes européennes en vigueur. Dans le même
temps, des corrections et des précisions ont été
apportées aux conditions d’application des différents tableaux de calcul dans le cas d’incendie de
poutres et de poteaux mixtes suivant la méthode
de calcul simplifiée conformément au chapitre 4
de la norme SN EN 1994-1-2 Eurocode 4 : Calcul
des structures mixtes acier-béton - Partie 1-2 :
Règles générales - Calcul du comportement au feu.
Afin de proposer une lecture et un référencement
plus simples, le texte de l’intégralité du chapitre
2 de la norme SIA 264/1 a été en conséquence
réorganisé en une nouvelle numérotation.
L’approche SIA des normes
sur les structures porteuses
L’objectif principal des Eurocodes est de mettre
à disposition, à l’échelle européenne, des outils
de calcul unifiés couvrant le plus grand nombre
d’aspects possible afin d’harmoniser la prestation « Dimensionnement des ouvrages » dans
tous les pays. D’autre part, la collection des
normes SIA vise aussi à fournir des instruments de travail et de compréhension clairs et
concis afin que les bureaux d’études puissent
exercer leur métier. Fidèle à la démarche normative de la SIA, la série de normes SIA 260
et ss. dresse des garde-fous en restreignant le
moins possible la créativité des professionnels. L’étendue et le contenu des activités
inhérentes à la conception des structures porteuses doivent être, dans l’esprit des travaux
normatifs suisses, fonction de l’importance de
la structure porteuse, des situations de risque
et de la complexité de la tâche. Cette démarche
a été mise en pratique de façon systématique
pour la révision des normes SIA 264 et SIA
264/1. Il n’est prévu aucun cours de formation
continue sur la révision de ces deux normes.
Thomas P. Lang, président de la commission de
norme SIA 264, [email protected]
Jürg Fischer, normes sur les structures porteuses SIA,
[email protected]
Acquisition des normes
Les normes SIA 264 : 2014 Construction mixte
acier-béton (52 pages, 189 Fr.) et SIA 264/1 : 2014
Construction mixte acier-béton – Spécifications
complémentaires (16 pages, 27 Fr.) sont en vente sur
le site www.shop.sia.ch.
Accompagner la
passation des marchés
Avec la création du conseil d’experts pour la
passation des marchés, le comité de la SIA a
ouvert la voie à la réorientation des activités de la Société en matière d’adjudication
de prestations d’études.
Pour définir, piloter et mettre en œuvre ses priorités stratégiques, le comité de la SIA s’appuie
sur des conseils d’experts, tel celui chargé depuis
2010 de la politique énergétique (FE) et celui
qui s’occupe de l’aménagement territorial (FR).
Ces conseils informent le comité sur les thématiques en question, puis veillent à ce que les
options politiques retenues par celui-ci soient
concrétisées de façon cohérente. La présidence
de chaque conseil est assurée par un membre du
comité. Parmi les priorités de la SIA, la défense
d’une passation des marchés loyale et orientée
vers la qualité figure aussi au premier rang. Le
dossier était jusqu’ici suivi par la commission
SIA 142/143 pour les concours et les mandats
d’étude parallèles, soit l’instance en charge des
formes d’adjudication orientées sur la recherche
de solutions à un besoin. Avec la publication du
nouveau Règlement SIA 144 des appels d’offres
d’ingénierie et d’architecture, la réglementation
SIA couvre désormais aussi l’adjudication de
prestations d’étude depuis août 2013. Cet élargissement des formes de passation de marchés
codifiées par la SIA a motivé le comité à revoir
fondamentalement le traitement de cette problématique dans l’organisation de la Société
ainsi qu’au sein du bureau. L’option retenue est la
constitution d’un conseil d’experts (FV), responsable – à l’instar de ses homologues – d’orienter
et de préciser la politique SIA en matière d’attribution de marchés, puis d’en assurer l’application logique et cohérente. Le nouveau conseil
sera présidé par Eric Frei, membre du comité et
architecte à Lausanne. Un second siège y sera
occupé par Valerio Olgiati, également membre
du comité et chargé des questions de propriété
intellectuelle au sein de la SIA. A leurs côtés, les
présidents/es des commissions SIA 142/143
et SIA 144, ceux de la commission centrale des
règlements (ZO) et de la commission centrale
des normes (ZN), ainsi que des personnes représentant des organisations tierces (KBOB, BKPU,
…) sont aussi appelées à y siéger dans un esprit
délibérément paritaire. La composition exacte
du conseil et son cahier des charges détaillé
doivent encore être définis dans les semaines à
venir. Avec la mise sur pied du conseil Passation
des marchés, le comité veut s’assurer une meilleure vue d’ensemble des procédures de passation couvertes par la réglementation de la SIA.
Afin d’établir clairement les domaines de responsabilité, le comité a décidé de dissoudre en
même temps son sous-comité pour les normes
et règlements
(NOA).
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Thomas Müller, conseiller en communication SIA,
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Nouvelle Norme SIA 312 Végétalisation de toitures
8 mai 2014, Lausanne, 14h00 – 18h00
Code DB01-14, inscription : www.sia.ch/form
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numérique et sa réputation en ligne : les clés du
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8 mai 2014, Lausanne, 17h00 – 19h00
Code PB02-14, inscription : www.sia.ch/form
Marchés publics et règlements SIA 142, 143, 144
9, 16, 23.5. et 6.6.2014, Lausanne, 9h00 – 17h30
Code WB10-14, inscription : www.sia.ch/form
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stratégique et à l’évolution de l’institution
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marche des processus
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• Conduire la démarche de planification stratégique et opérationnelle en
analysant la faisabilité et en rédigeant des préavis et rapports (opportunités,
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• Etablir les besoins relatifs aux infrastructures, et planifier et piloter la réalisation des projets
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Office de l’urbanisme
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Tél. +41 (0)21 866 60 32
Fax +41 (0)21 866 62 33
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Concours de projets d’architecture
Bâtiments A – Halte CEVA de Chêne-Bourg
Le Canton de Genève organise un concours de projets
d’architecture afin de choisir un projet pour la réalisation des
bâtiments A du plan localisé de quartier, Gare CEVA de ChêneBourg (PLQ no 29 683).
Matériaux
écologiques
Le concours mis en place est un concours d’architecture SIA 142
avec une procédure de présélection.
La première phase de la procédure, la phase «candidature», est
sélective et n’est pas anonyme. Dans cette phase, le jury choisira,
sur la base des dossiers de candidature reçus, au maximum
10 concurrents qui participeront à la phase concours. Cette deuxième phase du concours est anonyme.
■ Enduits de chaux et d’argile dans
de multiples teintes tendances
■ Système minéral d’isolation
thermique pour l’intérieur
et l’extérieur
■ Lutte préventive contre
la moisissure
■ Enduits de rénovation
et de restauration
■ Isolations naturelles en lin,
liège ou laine de mouton ainsi
que cellulose recyclée
■ Protection électromagnétique
Description sommaire du projet:
Le site de la halte CEVA de Chêne-Bourg fait l’objet d’un plan
localisé de quartier (no 29 683), qui prévoit des périmètres
constructibles répartis dans plusieurs bâtiments.
Le concours, sujet du présent cahier des charges, porte sur les
bâtiments A1 et A2.
L’objectif est d’obtenir diverses réponses aux prérogatives du
programme et de choisir un projet pour ses qualités urbanistiques,
architecturales, fonctionnelles et environnementales et dont les
coûts de construction soient maîtrisés.
Nos spécialistes sont à votre
disposition et vous offrent
des conseils avisés en magasin
ou sur chantier.
Toutes les informations utiles concernant la procédure sont
consultables et téléchargeables sur le site www.simap.ch. à partir
du 18 mars 2014.
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Eléments pour balustrades INOX
• accessoires pour tubes ronds et carrés
• cols de cygne, supports de barre
et plaques de base
• pinces à verre et supports de barre
• tubes de fond de gorge
• systèmes pour tôle décorative
• systèmes pour balustrades
tout verre
• systèmes LED
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58
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 concours
Date reddition
Sujet*
Organisateur et renseignements
(Date limite d’inscription)
Conditions d’admission
(Composition du jury – professionnels)
10 avril 2014
12 h 00
Contrôle des biens-fonds Prestations d’ingénieurs, Pully
(OH, PO)
Ville de Pully
Direction des travaux
et des services industriels
Chemin de la Damataire 13
CH – 1009 Pully
[email protected]
Ingénieurs civils établis en Suisse
ou dans l’un des pays signataires de
l’accord OMC
15 avril 2014
11 H 00
Transformation des locaux pour l’aménagement
d’un espace de vie enfantins, Fontenex 54,
Genève
(OH, PO) - nouveau
Ville de Genève
Département de l’aménagement
et des constructions
Rue de l’Hôtel-de-Ville 4
CH – 1211 Genève 3
Architectes établis en Suisse ou dans
l’un des pays signataires de l’accord
OMC
21 avril 2014
Mandat d’étude préliminaire en vue
de la construction du nouveau palais de justice,
Genève
(OH, PO) - nouveau
Département des finances
Office des bâtiments
Boulevard Saint-Georges 16
CH – 1211 Genève
Architectes établis en Suisse
25 avril 2014
N01 - Upn. Bernex-Ferney, prestations
d’ingénierie spécialiste Envrionnement,
Phase MK-53, Genève et Vaud
(OH, PO) - nouveau
OFROU
Filiale d’Estavayer-le-Lac
Place de la Gare 7
CH – 1470 Estavayer-le-Lac
Ingénieurs civils et en environnement
établis en Suisse ou dans l’un des
pays signataires de l’accord OMC
29 avril 2014
Concours de projets d’architecture
Bâtiments A – Halte CEVA de Chêne-Bourg,
habitat, commerce et administration,
Chêne-Bourg, Genève
(CP, PQ ) - nouveau
Département de l’amnagement
du logement et de l’énergie
Office de l’urbanisme
Rue David-Dufour 5
CH – 1211 Genève
Architectes établis en Suisse ou dans
l’un des pays signataires de l’accord
OMC
05 mai 2014
Etude et suivi des travaux d’un projet d’environ
13 à 14 logements, lieu-dit La Croix-du-Moulin,
Apples
(OH, PO) - nouveau
Commune d’Apples
Route de Cottens 17
CH – 1143 Apples
Architectes et ingéneirus civils établis
en Suisse ou dans l’un des pays
signataires de l’accord OMC
05 mai 2014
11 h 30
Remise à ciel ouvert du ruisseau du Marquet Tranche 2, Genève
(OH, PO) - nouveau
Service de Renaturation
des Cours d’Eau
Rue David-Dufour 1
CH – 1211 Genève
Architectes-paysagiste et ingénieurs
en environnement établis en Suisse
23 mai 2014
14 h 00
Préstation dingénieur civil pour la réalisation
de deux immeubles HBM,
avenue Henri-Golay 21-27, Genève
(OH, PO) - nouveau
Fondation HBM Emile Dupont
P/a Secrétariat fondations immobilières
de droit public
Rue Gourgas 23b
CH – 1211 Genève
[email protected]
Ingénieurs civils établis en Suisse
ou dans l’un des pays signataires de
l’accord OMC
09 juin 2014
16 h 00
Réalisation d’un ensemble de logements pour
étudiants et une crèche sur une parcelle sise au
nord de l’Ecole hôtelière de Lausanne
(CP, PQ ) - nouveau
SILL
P/a ABA Partenaires SA
Av. de Rumine 20
CH – 1005 Lausanne
info@aba-partenaires. ch
Architectes établis en Suisse ou dans
l’un des pays signataires de l’accord
OMC
20 juin 2014
Résidence « Les Hirondelles » – réhabilitation
d’un bâtiment industriel à Clarence - Montreux
pour la réalisation d’un centre de prestations
à la personne âgée
(CP, PO) - nouveau
Fondation Claire Magnin
P/a Plarel SA
Bld de Grancy 10a
CH – 1006 Lausanne
[email protected]
Architectes établis en Suisse ou dans
l’un des pays signataires de l’accord
OMC
* CI : concours d’idées – CP : concours de projet – PO : procédure ouverte – PQ : préqualification – OH : offre d’honoraires – MEP : mandat études parallèles
NOTE Cette rubrique, préparée en collaboration avec la SIA, est destinée à informer nos lecteurs des concours organisés selon le réglement SIA 142 ou UIA
Les informations qu’elle contient ne font pas foi sur le plan juridique. Pour tout renseignement, prière de consulter le site www.sia.ch/concours
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Tracés n o 07 / 4 avril 2014 agenda
jusqu’au
6 avril
EXPOSITION
VILLE DE NEUCHÂTEL,
CENTRE ET RIVES
Musée d’art et d’histoire
de Neuchâtel
www.mahn.ch
7 avril / 18:30
9 avril / 18:00
jusqu’au
conférence
Morphogenèse
informatique.
Jean-louis Giavitto,
informaticien
Archizoom, EPFL Lausanne
http://archizoom.epfl.ch
exposition
BODY
Avec les étudiants des options
Construction et Appropriation
de la HEAD
LiveInYourHead, Genève
http://head.hesge.ch
10 avril / 18:00
débat urbanités
Bonnes intentions
durables :
quel outil choisir ?
Forum d’architectures, Lausanne
www.vd.sia.ch
conférence
CEVA, UN CHANTIER
DANS LA VILLE
Aula de l’Hepia, Genève
www.hesge.ch/hepia
8 avril / 18:30
10 avril / 19:00
conférence
Jonathan Woolf,
architecte Londres
Fri Art, Fribourg
http://fri-archi.ch
conférence
Le logement au
20e siècle, conservation
ou démolition ?
Les Salons, Genève
www.ge.ch/patrimoine
du
8 au 13 avril
jusqu’au
salon
–CONVERSATION PIECES,
HEAD
–DELIRIOUS HOME, ECAL
Salon international du meuble
de Milan, Milan
www.cosmit.it
9 avril / 12:15
DIALOGUES & CINÉLUNCH
ONE WEEK
un film de Buster Keaton &
Edward F. Kline, 1920, 30 min
Hepia, Genève
www.hesge.ch/hepia
11 avril
exposition
LUCIUS BURCKHARDT
Département d’architecture
de l’EPFZ, Zurich
www.gta.arch.ethz.ch
18 avril / 18:30
conférence 5X3
lvph architectes (Laurent
Vuilleumier, Paul Humbert)
Forum d’architectures, Lausanne
www.archi-far.ch
26 avril
jusqu’au
4 mai
exposition
ORIENTATIONS. YOUNG SWISS
ARCHITECTS
S AM Schweizerisches
Architekturmuseum, Bâle
www.sam-basel.org
Tracés et le Silo présentent
L’architecture à l’écran :
LA CLASSE LABORIEUSE
EN GRANDE-BRETAGNE
Lausanne, 29 avril / 21:00
Cinémathèque suisse
Genève, 30 avril / 18:00
Cinémas du Grütli
An Abbeyview film
Luke Fowler, Royaume-Uni, 2008,
9 min
Poor Cow
Ken Loach, Royaume-Uni, 1967,
101 min
1er mai / 18:30
VERNISSAGE DE L’EXPOSITION
EDUARDO SOUTO DE MOURA
Pavillon SICLI, Carouge
www.ma-ge.ch
Kirche in Kaltenbach (D)
Credits: Vécsey Schmidt Architekten
20 mai / 9:00-17:00
COLLOQUE
CONSTRUCTIONS 1960-80 :
PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR ?
Ecole cantonale de Hardwald,
Olten
www.patrimoinesuisse.ch
23 mai / 18:30
conférence
Sascha Zander
zanderroth architekten, Berlin
Palais de l’Athénée, Genève
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jusqu’au
9 juin
exposition
COUTURE GRAPHIQUE
mudac, Lausanne
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top of the lake
Jane Campion, 2013
La série récemment écrite et réalisée par Jane
Campion Top of the Lake a été tournée en NouvelleZélande. Elle comprend six épisodes qui relatent
une histoire policière située à Lake Top, un village
perdu entre lac et montagne. Une jeune femme flic
spécialiste des crimes commis sur mineurs revient
dans ce village où elle a grandi, à l’occasion d’une
affaire dérangeante : une petite fille de douze ans
est tombée enceinte. L’enquête cherche à établir
l’identité du père alors que la petite fille disparaît.
C’est à la fois autour de cette disparition, du mystère qui entoure la façon dont cette enfant a pu tomber enceinte et de la propre histoire de l’enquêtrice
qu’évoluent les épisodes. Jane Campion y déploie
sa vision de l’enfance, entre perte de l’innocence et
noirceur sociale. Comme dans tout scénario policier, les rôles sont distribués au sein d’une série de
figures qui compte, c’est la loi du genre, son lot de
pervers, de repentis et de déséquilibrés. Les accents
rances que prend l’enquête démentent la beauté des
paysages qui lui servent de décor. Au cœur des plans
comme des séquences, le lac est une force à la fois
tranquille et mortifère.
Si le scénario comporte de nombreuses incohérences, force est de constater que Jane Campion a
soigné la mise en scène. La série repose sur sa capacité à actionner des personnages dans des espaces
extrêmement qualifiés visuellement, prenant ainsi
de véritables risques. Au tout début de la série, un
groupe de femmes s’installe sur un terrain qu’il a
acquis : Paradise. Abîmées par la vie et les expériences malheureuses, lasses du patriarcat, ces
femmes ont décidé de se retirer du monde afin de
vivre en communauté dans le plus grand dénuement. Leurs habitations se résument, pour chacune
d’elles, à un container et un matelas. Pour le reste,
elles sont venues les mains vides. Réminiscences
hippies : la cuisine se fait en extérieur, quelques
canapés sont posés dehors. Elles sont conduites
par une sorte de gourou, incarné par Holly Hunter,
qui délivre des messages cryptiques depuis un fauteuil installé dans l’un des containers où elle tient
conseil. Légèrement en retrait par rapport aux
intrigues développées par ailleurs, Paradise incarne
le refuge : c’est là que les personnages, progressivement mis en déroute, viennent, pour un temps,
s’abriter. Il s’agit de rejouer la tribu primitive sous le
sceau de la fragilité. Installées dans ces containers
de chantier – disposés librement comme un jeu de
construction coloré – les femmes déplacent clairement l’usage courant, fonctionnel de ces objets.
C’est un détournement : à la fois régressif et un peu
bas de gamme, ce choix de mise en scène place les
femmes du côté d’une identité sans domicile fixe.
Paradise incarne, dans sa maladresse, l’espace
« libre » mais aussi volontairement bancal du scénario. Si la réalisatrice frôle à chaque instant le cliché, elle en réchappe toujours : sa manière d’asséner
visuellement l’improbabilité architecturale de l’espace qu’elle met en scène est d’une grande audace.
Clara Schulmann, Le Silo, www.lesilo.org
Régie des annonces CH romande : Kömedia AG, Rue de Bassenges 4, 1024 Ecublens, tél. 021 691 20 84 /
CH allemande : Kömedia AG, Geltenwilenstrasse 8a, cp 1162, 9001 Saint-Gall, tél. 071 226 92 92, fax 071 226 92 93
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Association partenaires : A3, Association des diplômés de l’EPFL http://a3.epfl.ch ; ETH Alumni, Anciens élèves de
l’EPFZ www.alumni.ethz.ch ; USIC, Union suisse des ingénieurs-conseils www.usic-engineers.ch ; FAS, Fédération des
architectes suisses www.architekten-bsa.ch
Lettrines et illustrations Bruno Souêtre
Impression Stämpfli Publikationen AG, cp 8326, 3001 Berne, www.staempfli.com
Paraîssent chez le même éditeur TEC21, Staffelstrasse 12, cp 1267, 8021 Zurich, www.espazium.ch
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Tirage REMP Tirage diffusé : 3845 dont 218 gratuits (ISSN 0251-0979)
Toute reproduction du texte et des illustrations n’est autorisée qu’avec l’accord de la rédaction et l’indication de la source.
Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Rédaction et édition Rédacteur en chef : Christophe Catsaros, mas. phil. Paris X, [email protected]
Rédacteur en chef adjoint : Cedric van der Poel, lic. phil. UNINE, [email protected]
Génie civil : Jacques Perret, dr ing. civil dipl. EPFL, [email protected]
Pauline Rappaz, bac. ès lettres et mas. journalisme UNIGE, journaliste RP, [email protected]
Aurélie Buisson, architecte Paris-Malaquais, [email protected]
Madeleine Aktypi, mas. science des médias, Panteion, Athènes, [email protected]
Mise en page / Graphisme : Valérie Bovay, designer HES en communication visuelle ECAL, [email protected]
Rédaction des pages SIA : Frank Jäger, rédacteur, [email protected]
Conseil éditorial Lorette Coen, essayiste, journaliste, Le Temps ; Eugen Brühwiler, dr ing. civil, prof. EPFL ;
Daniel de Roulet, romancier ; Eric Frei, architecte ; Pierre Frey, historien, prof. EPFL ; Cyril Veillon, directeur
d’Archizoom ; Jeffrey Huang, arch., prof. EPFL ; Pierre Veya, rédacteur en chef, Le Temps.
Maquette Atelier Poisson, Av. Morges 33, 1004 Lausanne, www.atelierpoisson.ch
TRAcés Bulletin technique de la Suisse romande Revue fondée en 1875, paraît tous les quinze jours.
Rédaction Rue de Bassenges 4, 1024 Ecublens, tél. 021 693 20 98, CCP 80-6110-6, www.espazium.ch
Editeur SEATU - SA des éditions des associations techniques universitaires /
Verlags - AG der akademischen technischen Vereine, Staffelstrasse 12, 8045 Zurich, tél. 044 380 21 55
[email protected]. Walter Joos, président ; Katharina Schober, directrice ; Hedi Knöpfel, assistante
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