dossier entrepôT macdonald La complexité en architecture Entretiens : Floris Alkemade, Nicolas Michelin et Gigon/Guyer actualités théâtre éphémère à Genève 140e année / 4 avril 2014 Bulletin technique de la Suisse romande Nous garantissons la swissness. ‹Haworth développe mondialement et produit régionalement› Mark Helfenstein, General Manager de Haworth Schweiz AG «Haworth Suisse garantit la swissness, parce que nous produisons du mobilier de bureau avec valeur ajoutée en Suisse depuis 1898. Nos clients obtiennent de nous des solutions de bureaux fiables qui se caractérisent par leur qualité supérieure, leur longévité, leurs production et matériaux écologiques, ainsi que leur force d‘innovation. 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BCS SA | Rue des Draizes 3 | 2000 Neuchâtel | +41 32 732 98 00 | bcs-facades.ch | [email protected] Simon & Membrez SA, Delémont - Voyame & Milani Architectes Casaï 86, Genève - Domus Architecture B C S Etudes et planification Façades verre & métal Tracés n o 07 / 4 avril 2014 éditorial Construire à Paris et mourir e tous les projets parisiens non réalisés par l’OMA, deux sont entrés dans l’histoire en tant qu’opportunités perdues pour la ville qui les avait rejetés. La grande bibliothèque en 1992 et la reconstruction des Halles de Paris en 2004 sont les principaux rendez-vous manqués entre Rem Koolhaas et la capitale française. La reconversion de l’entrepôt Macdonald semble à même de réparer cette injustice. Paris aura finalement son projet estampillé OMA. Par où commencer avec cet ancien entrepôt de plus de 600 mètres, situé le long du boulevard périphérique intérieur ? En collaboration avec Floris Alkemade, l’OMA a planifié sa transformation en véritable quartier mixte avec logements, bureaux, commerces, activités et infrastructure de transport. Le projet impliquant 15 bureaux d’architectes chargés de lots distincts est emblématique de la dynamique mais aussi des faiblesses du projet urbain dans les grandes villes françaises. Qui du promoteur ou de l’architecte a eu le dernier mot ? Sur ce point, l’entretien accordé par l’architecte-urbaniste Nicolas Michelin est sans concession. Il dépeint un univers où l’affairisme et l’étroitesse d’esprit des professionnels de l’immobilier va non seulement à l’encontre de ce que proposent les architectes, mais aussi de ce que souhaite le commanditaire, à savoir la Ville. L’entrepôt présentait une formidable occasion de construire selon une trame atypique des logements généreux. Au lieu de cela, le promoteur a imposé les standards les plus prohibitifs du marché. A ce conservatisme fondé sur la prétendue frilosité des acheteurs, tente de répondre un travail sur l’apparence des bâtiments. Le principe de départ d’une imbrication complexe du nouveau dans l’ancien, aura finalement été bradé pour une simple superposition agrémentée d’une variation de façades. L’entrepôt Macdonald s’annonçait comme une grande intervention à caractère structuraliste. Il ressemble de plus en plus à un collage postmoderne. Reste que le projet constitue un cas intéressant de reconversion à grande échelle d’un bâtiment industriel en lieu de travail et de vie. Reste aussi que la diversité architecturale dont témoigne le projet n’est pas sans rapport avec une des toutes premières réflexions de Rem Koolhaas : La ville du globe captif. Une collection de bâtiments posés sur des socles : la variation typologique déconstruite et érigée en principe génératif. La Ville de Paris, en trahissant l’esprit du projet, aurait-elle rendu possible une variante d’un des monuments de la critique architecturale des années 1970 ? Christophe Catsaros 5 6 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Reconversion de l’entrepôt Macdonald : contextualisation et présentation générale La reconversion de l’entrepôt Macdonald, dont la livraison est prévue en 2015, s’inscrit dans le « Grand Projet de Renouvellement Urbain » (G.P.R.U) lancé en 2002 par la Mairie de Paris en partenariat avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), la Région Ile-de-France, la Caisse des Dépôts1 et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé). Cedric van der Poel A méliorer la qualité de vie dans les quartiers par des actions urbaines, sociales et un développement économique est l’objectif premier du G.P.R.U. Onze sites d’intervention ont été identifiés dont le secteur Paris Nord-Est où se trouve l’entrepôt Macdonald2. Les partenaires donnent les grandes orientations et apportent les financements. La Mairie de Paris valide les projets et assure le pilotage général et la cohérence des différentes actions menées sur les sites. Les mairies d’arrondissement élaborent quant à elles les projets globaux qui les concernent, veillent à la mise en œuvre, gèrent l’information du public et organisent les concertations. Chaque site est coordonné par un chef de projet urbain nommé par la Ville de Paris et par un chef de projet « Politique de Ville » qui intervient dans le domaine social et le développement économique. Le secteur Paris Nord-Est Caractérisé par des infrastructures de transport, des friches urbaines, des bâtiments d’activités logistiques et un habitat social contrasté et dispersé entre trois portes – la Chapelle, Aubervilliers et la Villette –, le secteur Paris Nord-Est s’étend sur 200 hectares et concerne plus de 13 000 habitants ; ce qui en fait le plus grand secteur d’aménagement parisien (fig. 2). Pour cet ambitieux projet de restructuration de la couronne parisienne, la Ville de Paris et ses partenaires ont sollicité l’expertise de l’agence Dusapin Leclercq et le bureau de paysagisme TER. Il s’articule autour de deux objectifs : - désenclaver le secteur par le développement des transports en commun, notamment par la mise en service de la ligne de tramway T3, la création des gares RER Rosa Parks et Eole-Evangile et par le traitement des boulevards périphériques et des Maréchaux ainsi que des emprises ferroviaires ; - accueillir environ 18 000 nouveaux habitants et créer des pôles d’activités et d’emplois par la programmation mixte de l’ordre de 1.3 million de mètres carrés neufs ou réhabilités. 1 Créée en 1816, cette institution financière publique exerce pour le compte de l’Etat et des collectivités territoriales des opérations d’intérêt général et parfois des opérations concurrentielles. 2 Les Olympiades (11e) / Bédier-Porte d’Ivry (13e) / Plaisance-Porte de Vanves (14e) / Porte de Pouchet (17e) / Porte Montmartre-Porte de Clignancourt (18e) / Cité Michelet (19e) / Saint-Blaise (20e) / Porte de Montreuil (20e) / Porte de Vincennes (12e et 20e) / Porte des Lilas (20e). Données du projet Equipe de conception du masterplan Architectes : OMA – Floris Alkemade Bureau d’études techniques : Setec Paysage : Michel Desvigne Paysagiste Equipe de coordination du projet Architectes : Floris Alkemade et Xaveer de Geyter (FAA – XDGA) Programme, lots et architectes Logements sociaux Lots O1 + N1 + N6 : Christian de Portzamparc, Paris Lot S2 : Brenac&Gonzalez, Paris Lots S4 + N4 : JDS / Julien de Smedt Architects, Copenhague, Bruxelles et Shangai Lot S5 : Mia Hägg, Paris, Locarno Tracés n o 07 / 4 avril 2014 7 Lots S6 + N5 : FAA – XDGA, Bruxelles Lot S7 : Hondelatte Laporte architectes, Paris Logements en accession Lots N2 + S1 : ANMA / Agence Nicolas Michelin & Associés, Paris Lot N3 : Gigon/Guyer Architekten, Zurich Résidence étudiants et foyer jeunes travailleurs Lot E1 : AUC – Djamel Klouche, Paris Lot S3 : Stéphane Maupin & Partner’s, Paris Bureaux et activités Marc Mimram, Paris – François Leclercq, Paris Studio Odile Decq, Paris Equipement public Kengo Kuma and Associates, Tokyo et Paris 1 2 Plan de répartition des lots (Document FAA – XDGA) Carte illustrant le Grand Projet de Renouvellement Urbain (Document Agence Leclercq-Semavip) 1 2 8 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 3 4 3, 4 Répartition des programmes (Documents FAA – XDGA) Entrepôt Macdonald Par son emplacement et par sa taille, l’entrepôt Macdonald constitue un élément majeur du G.P.R.U Paris Nord-Est. Il se situe à l’articulation du boulevard des Maréchaux et d’un axe nord-sud entre la future gare Eole-Evangile et Aubervilliers et représente à lui seul environ 15 % des surfaces constructibles prévues à terme dans ce périmètre. Mis en vente en 2006, l’entrepôt est acheté par la Caisse des Dépôts, Icade Foncier développement3 et la Semavip4. Une société par actions simplifiées est fondée – la SAS ParisNordEst – qui mandate très rapidement l’agence OMA (Rem Koolhaas et Floris Alkemade) pour développer la stratégie de reconversion de l’entrepôt, halle logistique construite à la fin des années 1960 par Marcel Forest. Le programme avancé par la SAS ParisNordEst pour le masterplan peut se résumer en quatre points (fig. 3) : - réaliser la programmation établie par la Ville de Paris ; - rendre l’îlot perméable et permettre notamment le passage du tramway entre le boulevard Macdonald et la future gare Eole-Evangile ; - inscrire la reconversion dans le processus de requalification du boulevard Macdonald et de ses rives (Zone d’aménagement concerté (ZAC) Claude Bernard) ; Tracés n o 07 / 4 avril 2014 - valoriser le patrimoine architectural de l’entrepôt. Le processus de réalisation et les exigences de diversité architecturale s’inscrivent parfaitement dans cette « nouvelle » manière de faire ville, si bien décrite par Jacques Lucan5. La SAS a confié aux architectes Floris Alkemade et Xaveer de Geyter la coordination du tout. Divisé en 15 lots confiés à 15 bureaux d’architectes (fig. 1 et encadré Données du projet), le programme mixte comprend (fig. 4) : - 74 500 m2 de logement, soit plus de 1000 unités ; - 34 000 m2 de bureaux ; - 26 000 m2 de commerces ; - 14 000 m2 d’activité ; - une crèche ; - un centre social ; - 52 700 m2 de parking ; - un programme d’équipement public sur 14 600 m2. 3 Icade est une filiale de la Caisse de dépôts et consignations. Groupe immobilier français, elle est active dans différents secteurs : bureaux, parcs tertaires, centres commerciaux, santé, logements et entrepôts. 4 La Semavip est l’une des principales sociétés d’économie mixte de la Ville de Paris. Elle conduit des opérations urbaines d’envergure, principalement dans le nord et l’est de Paris ainsi que des rénovations dans le tissu urbain, notamment dans les quartiers les plus défavorisés. 5 Jacques Lucan, Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixités, Editions de la Villette, Paris, 2012 9 1 Variations sur le thème de la Complexité à grande échelle Objets hybrides de grande envergure intégrant des fonctions multiples et dont l’échelle se situe à mi-chemin entre le fragment d’une ville et celle du bâtiment : tels sont les attributs des projets complexes qui suscitent aujourd’hui de nouveaux débats sur le thème de la complexité en architecture. Regard ciblé sur le projet de reconversion de l’entrepôt Macdonald à Paris. Marta Brandão Tracés n o 07 / 4 avril 2014 1 2 3 4 2 Q ue ce soit dans les nouveaux pôles de l’économie globalisée ou dans une Europe en perte de vitesse, nous assistons aujourd’hui à la prolifération d’une multitude de bâtiments d’échelle colossale. Ces nouveaux totems, objets architecturaux de formes génériques et iconiques, occupent les colonnes de la presse spécialisée autour des sujets de la grande échelle, la Bigness et la complexité1. Il s’agit généralement de bâtiments multifonctionnels complexes – des « villes dans la ville » – dont la conception implique un processus de complexité maximale. Différentes interprétations de la complexité en architecture La notion de complexité revient aujourd’hui dans le discours architectural comme un leitmotiv, ayant déjà fait l’objet de plusieurs redéfinitions. Dans la seconde moitié du 20e siècle, la complexité fut un des concepts clés de la critique du modernisme fonctionnaliste. Elle exprimait le rejet du principe de séparation totale des fonctions – principe inhérent à l’urbanisme moderne, tel qu’il se préfigure dans la Charte d’Athènes. Le Team X a joué un rôle prépondérant dans cette définition de la complexité, stipulant clairement la nécessité d’une hybridation entre l’architecture et l’urbanisme, afin de transposer dans les bâtiments de logements (qui avaient tendance à évoluer selon une logique hygiéniste orthogonale) la complexité relationnelle des milieux urbains, et plus particulièrement de la rue2. Dans plusieurs projets et essais, « les architectes reprennent les principes de l’Unité d’habitation de Le Corbusier, 11 Vue existante de l’entrepôt Macdonald (Photo Fonds Patrick Forest) La structure existante (Photo Fonds Patrick Forest, Gérard Guillat) Vue générale du chantier depuis le côté ouest, juin 2013 (Photo Weiner) Depuis les voies ferrées, côté sud, février 2014 (Photo Mário Rebelo de Sousa) en réinterprétant le principe de la rue intérieure, un lien intrinsèque qui continue à lier les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. »3 Une autre forme de complexité, associée à la grande échelle et aux difficultés de conception qui en résultent, sera développée dans les années 1990 par Rem Koolhaas dans le célèbre manifeste sur Bigness4, publié dans l’ouvrage S, M, L, XL (voir encadré p. 16). En prenant comme point de départ la construction du projet Euralille, Koolhaas définit comme Bigness « la seule architecture qui puisse arbitrer une prolifération hétérogène d’événements à l’intérieur d’un seul contenant »5. Dans cette nouvelle configuration d’extrême densité, les fonctions – que les plans de zoning planifient à l’horizontale – se trouvent condensées à l’intérieur de contenants de dimension et de typologie exceptionnelles. La complexité inhérente à la condition de Bigness implique l’établissement d’un système logique de stratégies qui organisent simultanément l’interdépendance et l’indépendance des différents programmes, et dont la symbiose définit le fonctionnement du grand dispositif. De 1 Le numéro de la revue Architectural Record, intitulé « The Big Issue », paru en mars 2014, consacre la plupart des articles au sujet de Bigness. 2 Fayolle-Lusac B. & Papillault R., Team X et le logement collectif à grande échelle en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie, MSHA, Pessac, 2004, p. 80 3 Op. Cit., p. 217 4 Le thème de la Bigness est implicite dans le premier livre de Rem Koolhaas, New York Délire, 1978, évoquant la congestion urbaine qui le fascine en particulier dans l’univers fantaisiste de Manhattan. 5 Menu I., Vermandel F., « Entretien avec Rem Koolhaas » in Euralille, poser, s’exposer, SEM Euralille, 1995 12 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 ce fait, seule « Bigness incite le régime de la complexité qui mobilise l’intelligence complète de l’architecture et de ses domaines connexes. »6 Aujourd’hui, la nouvelle génération de très grands projets invite à repenser le thème de la complexité, notamment dans son rapport au processus. Si dans les années 1960 et 1970 les projets étaient souvent financés par le secteur public, les grands projets actuels font preuve d’une grande complexité dans les montages financiers qui les rendent possibles. Le recours systématique aux partenariats public-privé (PPP) constitue à lui seul un facteur de complexification des procédures de production et de gestion. Cela ne va pas sans affecter les conditions dans lesquelles l’architecture peut être produite. La multiplication des acteurs impliqués dans les projets complexes semble en effet induire une diminution des responsabilités de l’architecte. Souvent, ce sont les promoteurs qui définissent eux-mêmes l’avant-projet, augmentant ainsi considérablement leur pouvoir décisionnel dans la planification et la construction. Dans cette configuration, le rôle de l’architecte se limite à coordonner les différents acteurs et se charge de diffuser les intérêts des particuliers ou des sociétés. Force est de constater que, même en prenant soin de maintenir les valeurs de base et les ambitions de ce que l’architecture peut fabriquer pour le bien commun, l’émergence de cette nouvelle forme de complexité contraint radicalement le rôle de l’architecte.7 La reconversion de l’entrepôt Macdonald : un paradigme de complexité Si l’on devait dresser la liste des projets complexes de grande échelle, il serait difficile d’ignorer la reconversion de l’entrepôt Macdonald. De par ses dimensions hors normes, le contexte urbain en pleine mutation dans lequel il s’insère et sa complexité programmatique à laquelle s’ajoute la complexité technique inhérente à une reconversion, le projet parisien renferme un modèle insolite de complexités. Pour avoir fait de la grande échelle un de ses thèmes de prédilection, l’agence OMA a été retenue par la Ville de Paris en 2007 pour l’élaboration d’un plan directeur capable de définir à la fois la reconversion et la densification de cet imposant bâtiment datant du début des années 1970. Situé dans le 19e arrondissement de Paris, près de la porte de la Chapelle, l’entrepôt Macdonald est placé au cœur du grand projet de Renouvellement Urbain du secteur Paris Nord-Est. Le potentiel de cette « cité radieuse » du début du 21e siècle sera d’intégrer, dans les limites du bâti existant, un programme mixte à l’échelle d’un quartier, capable d’accueillir des logements, des bureaux, des commerces, des activités, des équipements publics et une infrastructure de transport (lire article p. 6). La ville se construit ainsi sur elle-même dans une logique de densification, rapprochant l’échelle du quartier à celle d’un bâtiment. Ce rapprochement entre les domaines de l’architecture et de l’urbanisme crée une nouvelle forme de complexité relative au statut du bâtiment ; ce dernier devient en effet un modèle complexe d’hybridité, dont il n’est pas toujours évident de comprendre le cadre réglementaire – urbanistique et juridique – dans lequel il s’inscrit. L’entrepôt Macdonald, bien qu’il s’agisse d’un projet a priori conçu à l’intérieur d’un bâtiment existant, n’échappe pas aux réglementations du plan local d’urbanisme (PLU) qui façonnent l’ensemble des opérations parisiennes. En termes de desserte, la position stratégique de l’entrepôt (à quelques dizaines de mètres de la plus récente ligne RER du réseau francilien) en faisait un candidat idéal pour un projet de densification. Compte tenu du passé industriel du terrain mais également des problèmes de dépollution qu’aurait généré la démolition intégrale du bâti existant, l’idée de conserver la quasi-totalité de l’édifice s’imposa dès le début. De plus, d’un point de vue réglementaire, une reconversion permettait de densifier davantage qu’une nouvelle opération. Il a donc été prévu par l’équipe de l’OMA que la structure existante serve de support à la construction d’un ensemble de nouveaux bâtiments. Cette densification de l’entrepôt ajoute au projet deux niveaux supplémentaires de complexité : technique d’une part, puisque les enjeux constructifs liés à la surélévation du bâti existant engendrent des défis structurel, économique et sécuritaire audacieux ; procédurale d’autre part, du fait de l’intégration d’une infrastructure de transport – passage du tramway au milieu du bâtiment et connexion à la future gare du RER E Rosa Parks – dans le programme mixte. Cette complexité procédurale génère une sophistication du montage financier de l’opération. Les financements sont en effet de sources multiples et imbriqués selon diverses cessions de droit à bâtir qui impliquent des ajustements financiers et juridiques. La Semavip et ses deux partenaires – la Caisse des Dépôts et Icade (regroupés au sein de la Société par actions simplifiées ParisNordEST) – pilotent la gestion d’une « dynamique d’enfer »8 à la hauteur de ce projet gigantesque. Gérer cette pluralité d’acteurs qui prolifère tant au niveau de la maîtrise d’ouvrage que de la maîtrise d’œuvre plurielle constitue sans aucun doute un véritable défi. Ce paquebot d’une longueur supérieure à 600 mètres (presque aussi grand que l’île Saint-Louis) incarne un objet d’une grandeur exceptionnelle de 165 000 m2 et fait à la fois écho à la grande échelle caractéristique du secteur Paris Nord-Est et à la théorie de Bigness9 qui associe « l’énormité de l’objet » à l’idée d’icône et de monumentalité. D’une apparence unitaire, marquante et identifiable, ce projet a pour vocation de constituer un pôle déterminant pour la régénération du nord-est parisien. Si, d’un côté, le concept du grand objet – contenant – est clair et s’exprime par une accumulation iconique et extraordinaire, une question de base émanant des mégastructures10 se pose : quelle sorte de système s’établit à l’intérieur de cette grandeur apparente ? 6 Rem Koolhaas, « Bigness or the problem of Large », in Rem Koolhaas & Bruce Mau, S, M, L, XL, Rotterdam-New York : 010 Publishers/Monacelli Press, 1995, pp. 494-516. 7 Mackenzie A., « Batik, Biennale and the death of the skyscraper – Interview with Rem Koolhaas », in Architectural Review, février 2014 8 Jean-Paul Baietto, client OMA, en conversation avec Rem Koolhaas à propos du projet Euralille. 9 Rem Koolhaas, « Bigness or the problem of Large », in Rem Koolhaas, & Bruce Mau, S, M, L, XL, Rotterdam-New York : 010 Publishers/Monacelli Press, 1995, pp. 494-516. 10 Reyner Banham, Megastructure–Urban Futures of the Recent Past, Thames and Hudson, London, 1976 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 13 3 4 14 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 5 6 5 6 7 Des modèles de densification opposés : ville verticale vs ville horizontale Tandis que le gros-œuvre du futur projet de l’entrepôt Macdonald touche à sa fin, un autre bâtiment signé OMA fait sensation dans les médias et la presse spécialisée. Situé dans une ancienne zone portuaire en plein renouvellement urbain de la ville à laquelle il doit son nom, le projet De Rotterdam (fig. 5) semble en effet ouvrir un nouveau débat sur la Bigness11. Terminé peu de temps après la CCTV à Pékin et juste avant la Stock Exchange à Shenzen, De Rotterdam semble appartenir à cette famille de projets qui, comme l’énonce le manifeste, produit un « nouveau type d’architecture ». Tous trois présentent des caractéristiques communes telles que l’échelle hors norme, la verticalité ou encore le langage architectural générique et indépendant du contexte. De prime abord, l’opération de l’entrepôt Macdonald présente plusieurs attributs qui la rapprochent de ce projet néerlandais. Situées dans des métropoles européennes de forte densité, toutes deux affichent une échelle hors norme avoisinant les 160 000 m2, un programme mixte et s’insèrent dans des plans de renouvellement urbain d’anciennes zones industrielles. Sous ces apparentes similitudes se cachent néanmoins des différences fondamentales de conception, rendant ainsi ces deux projets distincts. Tenter de les comparer permet de mieux cerner la lecture de l’entrepôt Macdonald et d’interroger le caractère de son architecture dans un contexte global. Tout d’abord, ces deux opérations représentent des modèles de densification opposés. De Rotterdam – objet De Rotterdam, OMA (Photo Ossip van Duivenbode ) Flagrant Délit, 1975 (version II). Utilisée pour la couverture du livre Delirious New York : A Retrospective Manifesto for Manhattan de Rem Koolhaas. (Image Madelon Vriesendorp) La façade nord, le long du boulevard Macdonald (Photo Grazia) formé par quatre tours combinées s’élevant depuis un podium – s’appuie sur le modèle de la congestion américaine et le potentiel de l’organisation en hauteur. Il propose ainsi une « cité verticale » autonome incorporée dans un volume qui, comme la majorité des Big Buildings, cherche un « sentiment d’uniformité »12. Le projet de l’entrepôt Macdonald, telle une tour couchée sur son flanc, explore au contraire l’horizontalité en déployant dans sa longueur une succession de tranches programmatiques (activités, bureaux et logement). Cette disposition rappelle la tour couchée caricaturée par Madelon Vriesendorp dans le film d’animation « Flagrant Délit » (fig. 6), cherchant une humanisation sarcastique de l’architecture. Par ailleurs, l’entrepôt Macdonald se démarque des autres projets de très grande échelle du fait de son caractère social accentué. A l’importante quantité d’équipements publics s’ajoute un nombre impressionnant de logements de typologies variées – dont une moitié de logements sociaux (location par un bailleur public à prix contrôlé). A l’inverse, en tant qu’ouvrage de promoteurs privés, De Rotterdam s’organise dans un esprit plus homogène d’appartements de standing. Rien ne se connecte Le concept de base du projet Macdonald élaboré par OMA et Floris Alkemade prévoyait à la fois la préservation et la valorisation du modernisme austère et horizontal qui caractérise le bâtiment industriel préexistant, en ajoutant un nouveau volume « simplement conçu comme un doublement du volume existant »13. Ce concept intitulé Tracés n o 07 / 4 avril 2014 15 7 « double mac » proposait à la Ville de Paris une tentative de réconciliation avec l’aspect formel d’un modernisme qui avait « généré partout des difficultés, comme s’il était l’antithèse de la ville conviviale. »14 Pourtant défendu par les concepteurs, ce projet a été rejeté par les promoteurs et aménageurs. De toute évidence, le contexte général de la production des opérations urbaines en France semble être déterminé par le rejet du modernisme des années 1960. En élaborant une analyse générale du contexte de production des grandes et récentes opérations urbaines françaises dans son livre Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixités, Jacques Lucan constate que « le fantôme du ‹ grand ensemble › n’en finit pas de hanter les esprits : il apparaît aussitôt qu’un bâtiment fait plus de 30 mètres de long, que quelques fenêtres sont régulièrement alignées, que des balcons filants se profilent »15. Cette condition 11 Une photo du bâtiment De Rotterdam fait la couverture du numéro de mars 2014 de la revue Architectural Record, intitulé « The Big Issue ». Des revues comme Domus, Wallpaper, Architectural Review ou même des périodiques comme The Guardian ont publié des articles sur ce projet, mettant en question des sujets comme l’échelle, la forme générique ou l’influence du Manhatanism sur la conception de cette ville verticale. 12 Mackenzie A., « Batik, Biennale and the death of the skyscraper – Interview with Rem Koolhaas », in Architectural Review, février 2014 13 Entretien avec Floris Alkemade, février 2014 14ParisNordEst, La reconversion de l’entrepôt Macdonald - Dossier de Presse, 2009, p. 41 15 Jacques L., Où va la ville aujourd’hui ? : Formes urbaines et mixités, Editions de La Villette, Paris, 2012, p. 59 16Ibid. 17 Lootsma, B., « Blank account : De Rotterdam, by OMA in Rotterdam, Netherlands », in Architectural Review, février 2014 intrinsèque – en totale opposition à la « monotonie » moderniste – paraît justifier « l’approche sculpturale de l’architecture propre au contexte français ou parisien » telle qu’exposée dans le – soi-disant exceptionnel – projet de l’entrepôt Macdonald. Afin de garantir et promouvoir cette diversité architecturale qui s’exhibe partout dans les ZAC, la Ville de Paris a mandaté 15 bureaux d’architectes pour le projet de l’entrepôt Macdonald. L’ensemble a donc été divisé en tranches horizontales que chaque architecte a développées indépendamment. Paradoxalement, l’équipe de coordination dirigée par Floris Alkemade et Xaveer de Geyter a fait le maximum pour résister à toutes les volontés menaçant d’éroder la simplicité et l’uniformité de l’architecture existante. Pour maintenir l’aspect unitaire du bâtiment, les architectes coordinateurs ont imposé aux 15 équipes un certain nombre de règles. Parmi elles, la conservation de la façade existante, laquelle ayant finalement été déposée puis reconstruite à l’identique est devenue un élément purement ornemental ajouté à la nouvelle construction. Ces efforts pourraient éventuellement rapprocher le projet Macdonald au concept de Bigness qui préconise la scission de l’intérieur et l’extérieur en deux éléments distincts. Dans ce schéma, l’extérieur agit comme agent de désinformation – offrant à la ville la stabilité apparente d’un objet – et l’intérieur relève de l’instabilité d’une organisation dynamique avec des résultats imprévisibles, où « tous les occupants sont connectés de multiples façons, avec l’ascenseur comme un catalyseur »17. 16 Cependant, rien dans l’entrepôt Macdonald ne traduit à ce schéma. Bien que les programmes soient variés et que la mixité typologique18 permette, dans certains cas, d’instaurer de la mixité sociale, les parties du bâtiment restent déconnectées les unes des autres. L’édifice devient un ensemble de bâtiments indépendants juxtaposés, chacun possédant son accès individuel depuis la rue. Les efforts des architectes pour favoriser la vie sociale et les interactions entre les habitants sont restés vains. La cour intérieure qui aurait pu devenir un formidable jardin suspendu reliant les édifices distincts ne sera pas accessible. Malgré les nombreux débats, le plus intéressant des espaces praticables de l’ensemble a été tout simplement interdit par les opérateurs que n’y ont vu qu’un surcoût d’entretien et une source de problèmes. S’il demeure peu probable que De Rotterdam devienne l’organisation sauvage et dynamique que Koolhaas prédit dans le manifeste de Bigness, l’entrepôt Macdonald ne semble pas plus à même d’y parvenir. Ce projet qui visait pourtant une véritable mixité de programmes, de logique sociale et de relation de voisinage est finalement en train de devenir un quartier similaire à une opération de macro-lot « à la française », avec une privatisation accrue des espaces partagés et dans lequel seule la rue, à l’extérieur du projet, fonctionne comme un espace de rencontre. L’entrepôt Macdonald : projet complexe ou projet compliqué ? Si la complexité se définit comme « un tissu de constituants hétérogènes inséparablement associés »19, cette Tracés n° 07 / 4 avril 2014 logique de connectivité et de flux ne semble pas avoir été accomplie dans la nouvelle architecture produite à l’intérieur de l’ancien entrepôt Macdonald. Ce qui aurait pu devenir un bâtiment multifonctionnel de grandeur exceptionnelle ne sera finalement pas plus qu’une juxtaposition d’édifices conventionnels indépendants, un collage de langages architecturaux divers, liés artificiellement par le vestige d’un passé révolu. Malgré l’échelle globale du projet qui pourrait incarner cette « nouvelle sorte d’architecture » définie par le manifeste de Bigness, le conservatisme de ses promoteurs semble capable de lui avoir enlevé les éléments qui auraient pu en faire un catalyseur social. Ce qui reste au final, c’est cette autre complexité qui émane du processus de production. Même si les valeurs de base et les ambitions de ce que l’architecture peut faire en tant que créatrice de complexité relationnelle et d’innovation se maintiennent, la complexité du processus semble empêcher sa mise en œuvre, menant à des solutions simplistes. L’architecture de l’entrepôt Macdonald, tout en aspirant à trop d’ambitions, n’arrive pas à générer de la complexité à l’intérieur de son contenant ; elle reste juxtaposée, hétérogène et compliquée. Marta Brandão est assistante et doctorante au LTH2 (EPFL) et participe au programme ComplexDesign dirigé par le LAMU. 18 Le stéréotype du grand ensemble habité par des populations homogènes et toutes en situation précaire a motivé la récente imposition d’un mélange de programmes et de différents types de logement au cœur de chaque nouvelle opération. 19 Morin E., Introduction à la pensée complexe, Editions du Seuil, Paris, 2005, p. 21 Rem Koolhass, Bigness, ou le problème de la grande taille, 1994 (extrait) Initialement alimentée par l’énergie irréfléchie des humanistes est condamnée : les archidu pur quantitatif, la Bigness a été durant tectures intérieure et extérieure deviennent près d’un siècle une condition presque sans des projets séparés, l’une traitant de l’instabilité des besoins programmatiques et penseurs, une révolution sans programme. New York délire en contenait une « théorie » iconographiques, l’autre – l’agent de désinformation – offrant à la ville la stabilité appalatente basée sur cinq théorèmes. 1. Au-delà d’une certaine masse critique, un rente d’un objet. bâtiment devient un Gros Bâtiment. Une telle Alors que l’architecture révèle, la Bigness masse ne peut plus être contrôlée par un brouille; elle transforme le résumé de certiseul geste architectural, ou même par aucune tudes qu’est la ville en accumulation de myscombinaison de gestes architecturaux. Cette tères. Ce que l’on voit n’est plus ce que l’on a. impossibilité déclenche l’autonomie de ses 4. Par leur seule taille, ces bâtiments entrent parties, ce qui n’est pas la même chose que la dans le domaine amoral, par-delà le bien fragmentation : les parties restent soumises et le mal. Leur impact est indépendant de leur qualité. au tout. 2. L’ascenseur – par sa capacité à établir des 5. Conjointement, toutes ces ruptures – avec connexions mécaniques plutôt qu’architec- l’échelle, avec la composition architecturale, turales – et la famille d’inventions qui lui avec la tradition, avec la transparence, avec sont liées, ont annulé le répertoire classique l’éthique – impliquent la rupture finale la de l’architecture. Les problèmes de compo- plus radicale : la Bigness n’appartient plus à sition, d’échelle, de proportion, de détail sont aucun tissu urbain. Elle existe ; au plus, elle désormais caducs. L’« art » de l’architecture coexiste. Son message implicite est « nique le contexte » (Its subtext is fuck context). est inutile dans la Bigness. 3. Dans la Bigness, la distance entre le noyau et l’enveloppe augmente à un point tel que Rem Koolhaas & Bruce Mau, S,M,L,XL, Rotterdam-New York, 010 Publishers/Monacelli Press, 1995 la façade ne peut plus révéler ce qui se Traduction de Françoise Fromonot parue dans le passe au dedans. L’« honnêteté » attendue 1er numéro de la revue criticat, en janvier 2008. 8 8 Passage du tramway sous l’entrepôt (Photo Grazia) Développer la ville et sa propre carrière en tant que manager de projet immobilier? Planifier et réaliser des projets: telle est une des voies choisies par nos collaborateurs pour faire carrière. cff.ch/immojobs Tracés et le Silo présentent L’architecture à l’écran : le logement de la classe ouvrière 29.04.2014 à 21 h à la Cinémathèque suisse, Lausanne 30.04.2014 à 18 h aux Cinémas du Grütli, Genève An Abbeyview film De Luke Fowler, GB, 2008, 9 min., sonore Une collaboration Poor Cow De Ken Loach, GB, 1967, 101 min., v-o s-t fr./all. Tracés n o 07 / 4 avril 2014 S, M, L et XL Rencontre avec l’architecte en charge du masterplan et de la coordination générale de la reconversion de l’entrepôt Macdonald à Paris. Floris Alkemade, propos recueillis par Aurélie Buisson Traduit de l’anglais par Maya Haus T racés : Dans la mesure où l’entrepôt Macdonald abritera plusieurs éléments hétérogènes à l’intérieur d’un même contenant, le projet de reconversion peut-il être intégré dans la théorie de Bigness développée par l’OMA ? Le cas échéant, quels aspects du projet se rattachent à cette théorie ? Floris Alkemade : De par les dimensions hors normes de sa structure, l’entrepôt représente sans conteste cette autre espèce d’architecture décrite dans le manifeste de Bigness. Le caractère hétérogène des intérieurs est en phase avec la théorie : la Bigness ne permet plus à la façade de révéler ce qui se passe à l’intérieur. Appliqué à la surface du projet de l’entrepôt, le manifeste illustre deux aspects intéressants. Primo, il démontre qu’à l’instar des dinosaures, on a affaire à une espèce en voie d’extinction. Trop pataude, lente, rigide et malaisée. Secundo, il suggère en même temps un potentiel de réorganisation du contexte social selon un programme infiniment plus riche. Dans nos études, nous avons testé et proposé de poursuivre l’échelle de l’entrepôt dans les parties ajoutées permettant l’intégration du programme requis. Ce second volume intitulé « Double Mac », a été simplement conçu comme un doublement de la substance existante. Si nous étions convaincus par la simplicité du dispositif, notre enthousiasme n’a pourtant rencontré aucun écho en dehors de notre agence. Comme déjà mentionné, l’existant est jugé trop pataud, lent, rigide et malaisé. Nous avons donc développé une alternative où des adjonctions à une échelle normale mettraient en exergue le gigantisme du bâtiment. A la fois comme démonstration du Bigness face à ce qui n’en est pas, mais encore en guise de témoignage du changement de regard et des aspirations entre deux générations. Attestant le potentiel de renouvellement social, nous avons convenu que le second aspect était une piste plus appropriée aujourd’hui. Commerces, écoles, bureaux et logements : les demandes programmatiques incluent de fait une palette d’usages très diversifiée. Sur un point toutefois, l’entrepôt semble échapper aux critères du manifeste. Par un étrange paradoxe, il s’avère en effet trop grand. La Bigness s’apprécie mieux dans un contexte qui rend justice à sa taille. En d’autres termes, vous devez pouvoir embrasser l’objet du regard pour en reconnaître l’envergure. Vous pouvez apprécier la grandeur des pyramides d’Egypte en raison de la morphologie des plans inclinés qui découpe leur présence. Il en va de même pour un gratteciel qui se déploie au-dessus de vous. Les deux extrémités de l’entrepôt ne peuvent en revanche être vues simultanément. Cela procure l’expérience d’un bâtiment certes très, très long, mais elle ne s’accompagne pas nécessairement de l’impression imposante liée au Bigness en soi. On peut ainsi considérer que l’effet hallucinatoire dû à la répétition infinie de sa trame de façade abstraite caractérise davantage le bâtiment que tout autre concept lié à son envergure. Considérez-vous que l’entrepôt Macdonald est un grand bâtiment ou plutôt une série de petits projets juxtaposés les uns à côté des autres ? Complex building ou complex project ? Notre ambition était d’éviter une normalisation du bâtiment existant. C’est la scansion de sa façade de béton qui lui confère son identité. Même si le passage du tramway coupe le bâtiment en deux, nous le reconnectons aux étages supérieurs en créant une grande fenêtre urbaine dans un ouvrage d’un seul tenant. Nous avons également veillé à une expression de façade cohérente sur toute la longueur du rez-de-chaussée. La tâche s’est avérée ardue en raison des nombreux éléments différents imposés par les réglementations en vigueur. En reprenant les emprises et le rythme déjà marqués des noyaux existants, nous avons pu organiser les entrées des différents programmes. Entre-deux, nous avons développé une façade pliée en zigzag, à la fois simple dans sa modénature et puissamment apte à unifier les divers éléments du programme sur toute sa distance. Les nouveaux volumes implantés sur l’existant incarnent l’autre échelle, plus modeste et plus complexe. Les deux strates devaient bien sûr répondre à toutes les prescriptions actuelles contenues dans le Plan local d’urbanisme et autres réglementations. Les projets exploitent le contraste entre les deux échelles : XL au niveau de l’ouvrage existant, S/L au-dessus. A la lecture du schéma directeur, on constate que le plan s’organise en une succession de tranches programmatiques : équipements publics, tertiaires, logements. Bien que ces programmes soient variés, ils ne se combinent pas entre eux. Cette répartition programmatique par strates horizontales peut se référer à celle d’une tour. Est-ce une volonté architecturale ou une contrainte imposée par les investisseurs ? 19 20 Nous avons exploré diverses formules de mixité et nous avons découvert que les données du contexte environnant imposaient une certaine logique. Là où les voies de chemin de fer sont proches du bâtiment, il est difficile d’envisager du logement. Pour des bureaux et des écoles, dont l’emprise supérieure peut être déployée autour de patios intérieurs, cela pose moins de problèmes. De même, l’orchestration des vues vers Paris présupposait une part de raisonnement programmatique. Bien qu’extrêmement grand, le bâtiment en tant que tel n’est pas excessivement haut. Cette donnée a également des implications programmatiques. Mélanger des programmes dans un même volume oblige à doubler les noyaux de circulation. Dans la mesure où il s’agit du principal facteur de coûts, ce n’est donc possible que si l’on peut travailler sur un volume haut avec assez d’étages pour justifier les investissements supplémentaires. Comme ce n’est pas le cas dans notre projet, nous ne pouvions par exemple pas envisager des bâtiments mêlant bureaux et logements. Pour nous, l’essentiel est la vie de quartier que la mixité peut générer. Or, la richesse des échanges ne dépend pas nécessairement de la juxtaposition forcée de programmes dans un même volume. En dehors de la mixité programmatique imposée par le cahier des charges, avez-vous élaboré des stratégies pour favoriser la mixité sociale au cœur de ce projet ? Il est d’ailleurs prévu que les jardins ne soient pas accessibles. Limiter l’accessibilité aux espaces partagés n’estil pas un frein à la volonté de créer de la mixité et au Nord Sud Tracés n o 07 / 4 avril 2014 développement d’une vie de quartier ? Avez-vous eu le droit de réagir voire modifier certains éléments du cahier des charges initial ? Nous avons effectivement planché sur diverses stratégies pour favoriser la vie sociale et les interactions entre les habitants. Le jardin central est un élément de réponse important, mais il y a aussi plusieurs fenêtres urbaines, ménagées dans les volumes côté nord, qui offrent de généreuses terrasses avec des vues magnifiques. Ces lieux ont fait l’objet de nombreux débats, apparemment motivés par des attitudes culturelles divergentes entre Hollandais et Français. A nos yeux, il s’agissait d’espaces importants pour accueillir différents groupes, à des rythmes variables, pour divers usages et offrant des qualités distinctes toutes destinées à stimuler la détente et les échanges informels. Les investisseurs n’y ont vu qu’une source de problèmes et de frais d’entretien imprévus, liés aux incivilités dans des espaces difficiles à contrôler. On nous a dit qu’en France, personne n’en profiterait. Incapables de comprendre ces réticences, nous avons au moins pu obtenir que les espaces en question soient rendus accessibles de sorte que, si un intérêt se manifeste tout de même avec le temps, leur usage soit alors possible. Dans ce projet, mixité programmatique semble rimer avec diversité architecturale et hétérogénéité. Il y a pourtant d’autres projets complexes (De Rotterdam (OMA), West 57th (BIG)) qui présentent un caractère homogène Tracés n o 07 / 4 avril 2014 21 1 2 1 Vue de nuit depuis le boulevard Macdonald (Image FAA – XDGA / Robota) 2 Schéma de principe de la façade nord (Document OMA / Floris Alkemade) 3 Récolement des façades longitudinales nord et sud, juillet 2013 (Document FAA – XDGA) 3 22 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 4 4 et où il n’y a qu’un seul concepteur. Pensez-vous que la multiplication du nombre d’architectes est une spécificité de l’urbanisme français ? Est-ce une réaction possible aux grands ensembles ? La France traîne sans conteste un profond traumatisme lié à la grande échelle, en raison de l’héritage problématique laissé par les grands ensembles. Le phénomène est parfaitement compréhensible et on ne saurait le négliger. Dans notre projet, toutes les tentatives de consolider uniquement la grande échelle en doublant le volume ou en répartissant les programmes supplémentaires dans des bâtiments plus hauts ont été jugés indésirables quand ils n’étaient pas tout bonnement interdits. Il n’entrait ni dans notre rôle ni dans nos intentions de pousser le client à accepter la réintroduction d’un schéma qui pouvait aisément être perçu comme un grand ensemble, dans un environnement déjà difficile. La symbiose unique pouvant être obtenue en superposant des échelles et des attitudes complètement différentes est bien plus intéressante. La grande échelle de l’ouvrage existant sert de « socle » à une couche contemporaine qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit du parti adopté par l’architecte Marcel Forest en 1968. Ensemble, ces deux couches créent un nouvel équilibre qui met en évidence les qualités propres aux deux extrêmes. En quoi le projet diffère-t-il de celui de la ZAC Claude Bernard qui lui fait face où il y a également un investisseur, une mixité programmatique, une grande diversité architecturale et plusieurs concepteurs ? Quelles sont les ressemblances / différences avec les projets de macro-lot ? Ce que nous apprécions peut-être le plus dans l’entrepôt, c’est son potentiel à faire réellement exception. Peu importe l’apparente banalité d’une trame simplement reproduite sur six cents mètres. Notre projet s’est nourri de ce désir d’être un exemple unique comme un héritage à préserver. Nous avons tenté de résister à toutes les volontés menaçant d’éroder la simplicité de l’architecture en place et elles n’ont pas manqué. Nous y avons même ajouté la façade pliée en rez-de-chaussée qui rehaussera encore son caractère. Les niveaux supérieurs constitueront un nouvel horizon qui fractionne ce volume en ouvrant des fenêtres urbaines et en révélant une variété de styles et de matériaux. En dépit de cette fragmentation en hauteur, nous Maquette de présentation du projet global (Photo Javier Urquijo) avons introduit quelques règles de masterplan également appelées à générer une cohérence sur tout le front : un système de strates alternant les couches projetées en avant et celles en retrait est appliqué à l’ensemble des dispositifs architecturaux. De cette manière, la morphologie spatiale du volume entier se réfère toujours à la grande échelle malgré sa désintégration. Pour renforcer encore cette lecture, nous y avons ajouté la subtilité suivante : la matérialisation des couches alternées doit aussi se conformer à l’alternance entre « minéral » et « cristal ». Entre absorption et réflexion de la lumière (fig. 2). L’image du projet qui est en train de se dessiner dans l’urbanisme parisien est-il toujours conforme au projet initial ? S’agit-il d’un projet de reconversion ou plutôt d’une densification parcellaire intégrant les vestiges d’un passé révolu ? Il s’agit autant d’une reconversion que d’une densification, les deux principes n’étant nullement contradictoires dans ce cas précis. Lorsque nous nous sommes entretenus avec Patrick Forest, le fils du concepteur, lui-même associé à la création de l’entrepôt, nous lui avons demandé ce que lui et son père avaient en tête lorsqu’ils présentaient le bâtiment comme soubassement de constructions futures. Il a admis qu’ils imaginaient en priorité une extension de l’ouvrage dans sa fonction d’entrepôt, mais en espérant bien davantage. Ils se sont attachés à créer une structure suffisamment versatile et solide pour se prêter à modification, réécriture, réinterprétation et reprogrammation. Autrement dit, une entité presque non figurative qui aurait la capacité de devenir n’importe quoi d’autre. Le projet développé aujourd’hui est dans le droit fil de cette ambition moderne, dont l’essence même était de bâtir la liberté telle qu’on la concevait dans la France de 1968. Il explore la liberté offerte par l’existant en aspirant à l’exceptionnel. L’entrepôt Macdonald est-il plutôt : 1.Un seul bâtiment XL – complex building (cf. De Rotterdam (OMA), West 57th (BIG )) 2.Plusieurs bâtiments S/L = 1 projet XL (cf. BorneoSporenburg (West 8), le Silodam (MVRDV)) 3.Une ZAC / un macro-lot « à la française » Ni 1, ni 2, ni 3. Entrepôt Macdonald = Entrepôt Macdonald. Et tout autour laissez libre cours à votre créativité ! Miele Project Business pour les architectes Le design donne forme aux idées ! La qualité est la perfection dans ses moindres détails. Cet état d’esprit nous guide à tout moment lorsque nous vous assistons à titre de partenaire dans le domaine de l‘architecture de qualité et dans la réalisation de projets individuels. L’équipe spécialisée de Miele, dénommée Miele Project Business, vous accompagne tout au long du processus de planification et de réalisation. Elle mise sur la proximité avec la clientèle, le professionnalisme et la fiabilité. Discutez avec nos spécialistes de vos projets et de la manière dont nous pouvons vous aider à les concrétiser : tél. 056 417 24 30. Tous nos appareils destinés à la cuisine et à la buanderie répondent aux exigences les plus élevées : que ce soit en matière de design, de fonctionnalité et du rapport qualité prix. 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Mais la diversité architecturale est une bonne chose. La sélection des 15 équipes d’architectes est très diverse. Ceux qui n’y sont pas diront qu’elle est mauvaise mais je trouve que c’est plutôt un bon choix ; il y a des étrangers, des figures comme Portzamparc, des jeunes comme l’AUC, etc. Nous étions très contents car c’est notre premier mandat à Paris. Que prévoyait le cahier des charges à l’origine du projet ? A l’origine, le cahier des charges du projet global était assez ambitieux. Il prévoyait un vaste programme mixte et le passage du tramway au cœur du projet. L’entrepôt devait être conservé de sorte que de nouvelles constructions – qui devaient reprendre la trame de 8 mètres par 8 mètres du bâti existant – puissent venir se poser dessus. La première mouture était donc extrêmement intéressante puisqu’en conservant cette trame, on pouvait imaginer des logements atypiques (des duplex, des triplex, des T1 très grands, etc). Ce qui n’est pas possible dans la plupart des nouvelles opérations en France. Plus spécifiquement, notre bureau avait en charge la conception de deux immeubles de logements en accession ; Coupe transversale illustrant les retraits et alignements imposés sur la façade du bâtiment nord N2 ainsi que les terrasses inversées côté jardin Implantation des lots N2 et S1 sur le plan général de l’entrepôt Macdonald un donnant sur le boulevard Macdonald et l’autre sur les voies ferrées du RER E (fig. 2). Le programme établi par la société immobilière Icade stipulait aussi et surtout une très forte densité pour des questions de prix du terrain et de rentabilité. Lors de la conférence publique que vous avez animée à l’EPFL en octobre passé, vous avez dit que le projet de l’entrepôt Macdonald était, pour vous, une occasion manquée. Pouvez-vous expliciter ces propos ? Pour être rentable, il faut effectivement construire beaucoup, ce qui signifie beaucoup de logements et donc beaucoup d’étages. Au début, le plan directeur projetait la construction de quatre niveaux au-dessus de l’entrepôt existant. Pour parvenir à la rentabilité escomptée, il en fallait six. Bien qu’elle soit très robuste, le poids de ces six niveaux a commencé à poser problème à la structure existante. Par ailleurs, Icade demandait la construction de 50 % de petits logements ; les petites surfaces étant celles qui se vendent le mieux. A cela s’ajoutaient des T2 de 37 m2, soit des surfaces tout à fait conventionnelles en France. Néanmoins, ces surfaces n’étaient absolument pas adaptées à la trame existante de l’entrepôt. Face à ces contraintes, il a donc été décidé qu’un plancher de transfert serait réalisé de manière à ce que les nouveaux immeubles puissent présenter une trame de logement habituelle, c’est-à-dire extrêmement rentable. Toute la générosité de l’étude de faisabilité dessinée par l’équipe OMA-Alkemade est donc passée à la trappe. 26 Y avait-il également des contraintes imposées par Icade susceptibles de péjorer la qualité architecturale ? Notre projet devait répondre à des critères technicoéconomiques complètement terrifiants. Par exemple, le rapport très faible entre la surface de façade et la superficie de l’appartement. Les logements sont petits mais en plus, le linéaire de façade est limité. Et ce n’est pas tout, la quantité de vitrage est elle aussi limitée. Apparemment, il y avait pas mal d’argent prévu pour les façades, ce qui est assez révélateur. Les promoteurs favorisent l’aspect extérieur des bâtiments – le wow effect – plutôt que le respect d’une trame existante ou la générosité des surfaces habitables, l’usage. Le cahier des charges d’Icade dans lequel figure toutes ces exigences est une machine de guerre, la moulinette des promoteurs pour faire un projet économique, mais pas de l’architecture. C’est le même cahier des charges que lorsqu’il s’agit d’une opération de logements neufs, mais il n’est pas approprié à un projet de reconversion. Les logements en accession auraient pu être construits n’importe où, dans n’importe quelle ZAC. N’y a-t-il pas un problème généralisé qui touche l’ensemble des opérations de logements en France ? Je trouve effectivement que le logement en France est en grande difficulté ; les appartements sont trop petits et ils coûtent trop cher. Il y a un réel problème de coût de la construction et un autre lié à la marge de promotion du foncier. Au-delà de 55 m2, le « Français » ne peut plus acheter, donc on fait des T3 de 57 m2 avec trois petites fenêtres en PVC pour éviter les déperditions : une pour la chambre des parents de 12 m2, une pour l’autre chambre de 9 m2, une pour le séjour, la cuisine est en second jour et la salle de bains n’est plus éclairée depuis très longtemps. Ils se vendent parce qu’ils sont dits « basse consommation ». Mais les habitants ne peuvent pas être heureux dans des logements si petits, si peu évolutifs, si bas de plafond et souvent dépourvus d’espace extérieur. Pourtant, les architectes n’ont pas d’autres choix que de faire ça. C’est la raison pour laquelle je soutiens que les opérations immobilières qui s’ancrent dans un bâti existant sont des occasions rêvées de faire des logements différents. Qu’en était-il au niveau des contraintes imposées par le plan directeur élaboré par OMA-Alkemade ? Il y avait des contraintes intéressantes principalement localisées sur le côté nord de la parcelle, le long du boulevard Macdonald. Les architectes en charge de l’opération souhaitaient conserver la façade de l’entrepôt, ce qui uniformise l’ensemble. Cette homogénéisation s’étend également dans les étages où il y a deux retraits imposés. Sur cette façade, les matériaux doivent également respecter certaines exigences ; une partie notamment est en cristal et certains éléments sont encadrés. L’unité recherchée par Alkemade sera donnée par les retraits imposés, les encadrements et cette façade en cristal. De l’autre côté, nous étions plus libres. Face à cette multitude de contraintes, comment avezvous façonné votre projet ? Nous avons fait plusieurs recherches de volumétries successives pour réussir à compacter au maximum (fig. 6). Finalement, nous sommes parvenus à une solu- Tracés n o 07 / 4 avril 2014 tion intéressante qui propose un système de pentes inversées. Ca anime les façades et permet à chaque propriétaire de bénéficier d’un balcon orienté au sud (fig. 4 et 5). Nous avons réussi à concevoir des appartements traversants, mais on voit bien qu’il y a des rapports entre le linéaire de façade et la surface habitable parfois très tendus. Souvent, les cuisines sont en second jour. Il y a une fenêtre pour le séjour, une pour la chambre et puis basta (fig. 3). La conception de l’autre bâtiment était très compliquée car il y avait peu de visibilité offerte du fait de ses dimensions ; 24 mètres de large et 27 mètres de profondeur. C’est impossible de faire quelque chose de correct sans créer de vis-à-vis. Nous avons donc trouvé un moyen de sculpter les façades de sorte que chaque logement bénéficie d’une vue au sud tout en limitant au maximum les vues directes chez les voisins (fig. 9). Cela génère des terrasses intéressantes qui sont accessibles par la chambre ou le séjour. Ce sont de véritables espaces à vivre. Nous avons soigné la conception de ces deux bâtiments. Je crois que les appartements vont très bien se vendre compte tenu de la situation et des prix à peu près maîtrisés. Toutefois, j’ai l’impression d’avoir fait des bâtiments neufs posés sur une vieille carcasse. Sur le plan général, on constate que la volumétrie de votre bâtiment est très proche de celle de Gigon/Guyer, comment expliquez-vous une telle similitude ? Y avait-il des séances de coordination collectives ? La morphologie était un peu suggérée dans le cahier des charges, mais il n’y a pas eu de coordination entre les différents architectes. Au contraire, nous avons été séparés et mis dans des petits groupes répartis de manière à ce que les architectes en charge des bâtiments en accession ne soient pas ensemble. Peut-être craignaient-ils l’effet revendicatif. C’est pourtant très intéressant d’instaurer des discussions, mais dans ce projet, on sent bien que chacun a son propre lot. Chaque architecte a son propre projet et chaque bâtiment a son propre programme. Les logements sont d’un côté, les bureaux de l’autre : la mixité ne vous paraît-elle pas timide ? C’est vrai, il aurait pu y avoir une plus grande mixité en intercalant, par exemple, entre les surfaces commerciales du rez-de-chaussée et les logements, un ou deux étages de bureaux ou d’activités. Dans le cas précis, il suffisait de mutualiser le noyau de circulation entre les différents programmes. Mais les investisseurs trouvaient ça compliqué et craignaient surtout de ne pouvoir vendre les logements. Comment expliquez-vous la réticence des investisseurs face à cette mixité ? En France, dans les années 1970, on a construit des monstres tels que la dalle de Beaugrenelle ou celle de Montparnasse, c’est-à-dire des grands lots avec des galeries commerçantes et au-dessus des bâtiments sociaux et des petits équipements. Ce sont des projets très intéressants sur le papier mais qui ont été mal gérés dans la découpe et qui ont surtout mal vieilli. Les copropriétés sont tellement enchevêtrées que lorsqu’il y a le moindre 28 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 7 8 7 8 9 9 problème (une fuite d’eau), on ne sait pas qui doit financer la réparation. Par exemple, un propriétaire ne pourra pas revendre son logement s’il y a des parkings communs avec les bureaux ou si les parties communes ne sont pas bien entretenues. Cela génère des formes de copropriétés complexes qui font peur aux investisseurs. Depuis les années 1990-2000, on fait donc un immeuble de bureaux, un immeuble de logements. La division des programmes est très claire. Personnellement, je défends la mixité et j’essaye de me battre pour cette complexité en prônant plusieurs points. D’une part, l’accès aux logements et aux équipements. Il doit se faire depuis la rue. Il est hors de question de mon- Plan étage courant (bâtiment S1) Vue de la façade sud du bâtiment S1 Une volumétrie de terrasses tournées vers le sud et Paris (bâtiment S1) Les documents illustrant cet article ont été fournis par l’Agence Nicolas Michelin & Associés (ANMA). ter sur la dalle ou de devoir la traverser pour arriver chez soi. L’urbanisme de dalle c’est justement ça, la dalle qui distribue. D’autre part, la découpe en volume doit être extrêmement claire. Il faut éviter de trop enchevêtrer les surfaces de différents programmes. Je pense que les friches industrielles ou portuaires sont des occasions extraordinaires – si on ne fait pas de tabula rasa – pour sortir des standards. Il faut donc se battre pour conserver ces friches de manière à générer une ville différente qui s’appuie sur cet existant. En ce sens, l’entrepôt Macdonald est vraiment le contreexemple. Ce n’est un grand projet de reconversion, c’est un grand projet spéculatif. 30 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 DE l’AUTONOMIE DANS L’UNIFORMITé Le bâtiment dessiné par les architectes zurichois Gigon/Guyer offrira au parc immobilier de Paris 84 logements sociaux supplémentaires. Un projet timide mais autonome qui contribue à la diversité architecturale de l’ensemble. Gigon/Guyer, propos recueillis par Aurélie Buisson Traduit de l’allemand par Thomas Lepelletier T racés : De quelle manière avez-vous été mandaté pour ce projet ? S’agissait-il d’un concours, d’un mandat direct ? Quel était l’objet de cette commande ? Gigon/Guyer : Si je me souviens bien, c’était une sélection de la Ville de Paris et de la société immobilière Icade, qui avaient une liste d’architectes sur laquelle nous figurions. Nous avons été appelés directement puis invités à participer à un workshop au cours duquel nous avons présenté les références du bureau et les premières esquisses du projet. La commande n’a été passée qu’ensuite. On nous avait assigné la parcelle N3, longue de 64 mètres et sise dans la partie ouest de l’entrepôt, le long du boulevard Macdonald. Nous devions réaliser 84 logements sociaux. Les objectifs urbanistiques étaient clairement formulés dans les documents élaborés par l’équipe de l’OMA en 2008. Ils ont été vérifiés et précisés plus tard par Floris Alkemade et Xaveer de Geyter dans un processus de planification consécutif. Tous les architectes participants travaillaient avec une large autonomie et étaient coordonnés de manière globale par l’équipe de pilotage. Quelle fut votre première impression à l’égard de ce projet ? Aviez-vous déjà travaillé sur une opération de cette échelle ? La situation urbaine de la parcelle au nord-est de Paris le long des voies de chemin de fer, les dimensions inhabituelles du bâtiment industriel – plus de 600 mètres de long – et les impressionnantes structures existantes en béton ont fait de l’entrepôt Macdonald, construit en 1968 par l’architecte Marcel Forest, un bâtiment pertinent sur le plan urbanistique qui a influencé tout un quartier de ville au-delà de sa seule implantation. Auparavant, nous avions déjà travaillé sur un projet urbain de taille similaire : nous avons été responsables, en tant que planificateurs urbains, du nouveau Centre de police et justice à Zurich ; en tant qu’architectes, nous avons conçu un immeuble d’habitation dont le socle était occupé par un grand magasin dans le cadre du plan d’extension du centre-ville d’Almere aux Pays-Bas élaboré par l’agence OMA. Quelles ont été les principales restrictions d’ordre technique que vous avez dû affronter (liées à la structure, à l’existant, au choix des matériaux et à la règlementation) ? En considérant ces restrictions, quelle a été votre marge créative ? Votre projet essaye-t-il de se démarquer de l’ensemble, ou plutôt de se fondre dans la masse ? Il était clair pour nous dès le début qu’en considérant tous les paramètres du projet global, nous ne pouvions faire qu’une ébauche qui admettrait les objectifs et s’inscrirait précisément dans le projet d’ensemble. En ce sens, notre projet est, comme tous les autres, un nouveau bâtiment posé sur l’édifice existant, avec un type d’habitations propre. Toutefois, il était aussi important que cela reste un projet autonome, qui puisse justement apporter une contribution différente. Notre projet se déploie donc comme un bâtiment autonome tenant compte des objectifs urbanistiques du projet global et des contraintes liées au logement social. Le plan en peigne avec les noyaux désenclavés à l’intersection du bâtiment principal et de celui à cour produit Tracés n o 07 / 4 avril 2014 31 1 2 1 2 3 < La façade nord vue depuis le boulevard Macdonald Plan étage R+2 Coupe transversale 32 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 un grand linéaire de façade, ce qui génère des configurations judicieuses d’habitations variées avec des orientations optimales. La façade sur cour et les balcons sont pliés de diverses manières en fonction des différents types d’habitation. Ceci définit la conception de la façade autour du thème de l’imbrication de l’espace intérieur et extérieur dans le volume principal. Les façades sont revêtues de tôles verticales, finement ondulées, brillantes, perforées au niveau des garde-corps et opaques entre les fenêtres. Il en résulte une structure horizontale de la façade, qui est supportée par les balcons en saillie et la structure interne (fig. 5 et 6). La façade du boulevard est fortement influencée par les couches « cristallines » et « minérales » de la base et de la structure qui ont été dictées par le masterplan (fig. 1). 4 D’un point de vue plus global, percevez-vous l’entrepôt Macdonald comme un projet unitaire ou plutôt comme une juxtaposition de projets distincts et variés ? Respecte-t-il toujours ses aspirations initiales ? Macdonald est un exemple remarquable : le bâtiment existant détermine les conditions générales de la stratégie d’extension, permettant ainsi la création d’un ensemble extraordinaire de bâtiments qui, dans cette forme de reconception n’aurait jamais vu le jour sur un terrain vide. La masse bâtie existante reste aussi après transformation clairement déterminante par rapport aux nouvelles constructions. De plus, si ces dernières sont architecturalement très différentes, elles sont unifiées en une forme urbaine unique par ce socle continu. On peut effectivement contester les qualités du « nouveau », des architectures apposées, mais l’existant servira de socle unificateur. L’extraordinaire expansion horizontale et la présence architectonique de l’entrepôt fixeront la future perception publique. 5 Est-ce qu’un projet présentant de tels attributs (dimensions hors norme, programme mixte, montage d’opération, etc) pourrait se faire en Suisse ? Je ne connais pas de réalisations de dimensions similaires en Suisse, hormis des projets d’infrastructures comme des ponts, des barrages, des tunnels, des installations de chargement ou industrielles. Zurich a donné lieu, à une moindre échelle, à des transformations similaires telles que Löwenbräu ou Toni-Areal. S’il devait s’agir d’une si grande infrastructure dans le cas d’un changement d’affectation ou d’une extension, il me semble qu’un projet analogue à celui de l’entrepôt Macdonald serait tout à fait envisageable en Suisse. 6 4, 5 Recherches de volumétries en maquette 6 Vue depuis le jardin central Les documents illustrant cet article ont été fournis par le bureau Gigon/Guyer Architekten. Un panorama splendide grâce aux fenêtres PVC sur mesure Publireportage Qualité, stabilité et souplesse de la fabrication sur mesure pour tous les éléments de fenêtre: ces critères ont été décisifs pour le choix des systèmes de profilés VEKA SOFTLINE 70 MD, pour la base des fenêtres, et de VEKASLIDE, pour les portes levantes coulissantes, lors de la construction du nouveau bâtiment de formation et d’habitation de l’institut hôtelier César Ritz, au Bouveret. Le résultat est époustouflant: les locaux sont baignés de lumière et les étudiants en hôtellerie et tourisme, venus des quatre coins du monde, jouissent de points de vue imprenables sur le lac Léman. Le nouveau bâtiment de formation et d’habitation de l’école hôtelière César Ritz du Bouveret. faces lisses, dépourvues de joints et sans arêtes vives, font ici corps avec le nu du vantail, du dormant et du seuil ainsi que des joints cachés. Porte levante coulissante VEKASLIDE Les César Ritz Colleges Switzerland, dont la renommée repose sur la réussite de l’hôtelier Cäsar Ritz, pionnier dans le secteur des hôtels de luxe, forment de futurs chefs cuisiniers et gérants d’hôtels. Convivialité, espaces vastes, fonctionnalité et exigences esthétiques élevées font partie des critères qu’exigeait leur architecture. Les composants systèmes intégraux ont fait pencher la balance en faveur du système de profilés SOFTLINE 70 MD: conformément aux exigences, ils permettent en effet de fabriquer également sur mesure des fenêtres de grandes dimensions. Equipées de vitrages isolants à haute performance thermique, les fenêtres ont été complétées par un système de porte-fenêtre levante coulissante, parfaitement compatible, de la série haut de gamme VEKASLIDE. Ce système conçu spécialement pour les grands formats séduit à la fois par ses remarquables propriétés isolantes et par son design classique. Des châssis aux sur- Veka-Objektreportage-Cesar Riz-F.indd 1 Benjamin Délèze, directeur de Délèze Frères Sàrl, partenaire VEKA chargé de l’exécution, Sion: «Les façades de la salle à manger et de la salle de conférence ont été entièrement réalisées au moyen d’éléments VEKA: composants fixes, portes levantes coulissantes, éléments oscillobattants et portes pour issues de secours, tous reliés entre eux.» Partenaire VEKA: il y en a un aussi dans votre région! Professionnel jusqu’au bout des outils, le partenaire VEKA est la personne qu’il vous faut. Il satisfera avec aisance vos souhaits et vos exigences en matière de qualité, d’efficacité énergétique et d’isolation thermique pour vos fenêtres et portes. Construction nouvelle ou rénovation, avec votre partenaire VEKA, vous bénéficiez de solutions intelligentes, de compétences artisanales, d’une expérience avérée, d’une expertise technique et d’une technologie de fenêtres économe en énergie grâce à des profilés de qualité contrôlée. Quelque 35 assembleurs de fenêtres PVC locaux – des entreprises suisses spécialisées, toutes chevronnées – sont à votre disposition au sein du réseau de partenaires VEKA et vous proposent conseils, planification à long terme et service professionnel. Des questions sur les profilés VEKA ou sur le fournisseur le plus proche? Michael Kind, notre directeur des ventes en Suisse, vous permettra de profiter de la vue d’ensemble nécessaire: tél. 052 335 05 77 [email protected], www.veka.ch 17.03.14 17:15 34 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 le funambule Couloirs de la mort et autres designs mortifères Connaissez-vous Temple Grandin ? Cette professeure de l’Université du Colorado est la conceptrice d’un certain nombre de dispositifs spatiaux utilisés par des abattoirs américains dans les années 1960. C’est, selon ses dires, forte de sa perception aiguë du comportement animal qu’elle a inventé ces dispositifs. Elle répondait par ce travail au traitement cruel du bétail lors de l’acheminement à l’ultime étape de son exécution. Les constructions de Grandin consistent ainsi en une succession de couloirs aux parois opaques qui, progressivement, se rétrécissent. Ces couloirs adoptent la trajectoire supposée « naturelle » du bétail qui tend à décrire des cercles. Les caractéristiques spatiales et matérielles de ce dispositif permettent au bétail de s’acheminer sans panique ni stress vers la finalité invariable qu’incarne la fonction de l’abattoir : sa mort. Les inventions de Grandin ne sont pas sans rapport avec le rôle que l’architecture joue en tant que technologie de contrôle des corps. S’il existe une différence entre le traitement des corps animal et humain, elle ne constitue pas une limite infranchissable. Elle est plutôt de l’ordre du degré d’intensité que de l’essence des choses. La correspondance visuelle entre les dispositifs de Grandin et ceux bien connus de Richard Serra est frappante. Que fait-on dans les œuvres de Serra si ce n’est suivre docilement le tracé qu’il a imaginé pour nous ? Ce qui vaut pour l’art vaut aussi pour l’architecture : derrière le fait qu’un architecte anticipe le mouvement de certains corps, il y a souvent un intérêt idéologique à ce que ces corps se déplacent effectivement selon cette anticipation. Ce lien entre planification et conception transforme dans certains cas l’architecture en condition sine qua non du projet idéologique. La comparaison entre les inventions spatiales de Grandin et les chambres à gaz des camps d’extermination s’impose d’elle-même. Dans les deux cas, il s’agit d’industrialiser la mort, c’est-à-dire de la rendre efficace et systématique. La raison pour laquelle Grandin réussit à faire adopter son design dans certains abattoirs américains n’était pas nécessairement liée à la prévention du traitement cruel des animaux, mais plutôt un impératif de rendement. Pour les industriels, la docilité des corps à abattre rendait le processus plus efficace. Il en va de même pour les êtres humains assassinés par la machine de mort nazie. L’architecture Tracés n o 07 / 4 avril 2014 1 2 3 4 1 2 3 4 de la déportation se charge d’épuiser les corps jusqu’à ce que soit atteint le degré de docilité souhaitable. Une fois ce stade dépassé, l’ultime tromperie des chambres à gaz « déguisées » en douches peut advenir. Une autre architecture semble égaler cette cruauté vis-à-vis des corps humains : le navire négrier. Entre le 15 e et le 19 e siècle, environ 14 millions de corps africains furent embarqués de force sur ces navires pour être utilisés comme esclaves dans les Amériques. Les navires négriers transportaient plusieurs centaines de ces corps dans des conditions qu’il serait difficile de reconstituer. Selon C. L. R. James 1, chaque esclave ne pouvait occuper qu’un volume d’un mètre et demi de long sur à peine plus de soixante centimètres de hauteur, forçant les corps à adopter des positions aussi douloureuses que suffocantes. Plus de 15 % des individus capturés n’arrivaient jamais « de l’autre côté » de l’océan, morts de maladie ou d’étouffement. Leur corps étaient alors balancés par-dessus bord pour résider à jamais dans ce qu’Edouard Glissant et Patrick 1 C.L.R. James, The Black Jacobins : Toussaint L’Ouverture and the San Domingo Revolution, New York: Random House, 1989. 2 Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, L’intraitable beauté du monde : Adresse à Barack Obama, Paris : Galaade, 2009. 35 Plans et coupes du navire négrier Brookes en 1788 (© Bibliothèque du Congrès Américain) Temple Grandin par Mick Jackson, 2010 Couloir d’un abattoir (© Temple Gradin) Plan d’un aménagement d’abattoir (© Temple Gradin) Chamoiseau appellent « le gouffre »2. La violence de ce dispositif fut telle qu’une des stratégies réussies des abolitionnistes fut tout simplement de diffuser les plans de chargement de ces navires. Léopold Lambert 36 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Ici est ailleurs Les passeurs d’Istanbul A la question « quelle est la plus grande ville d’Europe ? », il y a fort à parier que vous répondrez « Londres, bien sûr ». Perdu ! C’est Istanbul. Seize millions d’âmes se sont agglutinées des deux côtés du Bosphore. Et même si la Turquie ne fait pas (encore ?) partie de l’Union européenne, la mégapole est géographiquement située sur le continent. Ou plutôt à moitié… Ce qui n’est pas le moindre de ses paradoxes. La journaliste Irène van der Linde et la photographe Nicole Seghers, toutes deux hollandaises, ont eu l’idée lumineuse de se donner du temps pour comprendre les paradoxes du monstre. Quatre saisons. L’année 2007 vécue de l’intérieur. Mais si Les passeurs d’Istanbul ne parlait que de politique, nous n’aurions entre les mains qu’un essai classique. Alors que la journaliste et la photographe ne cessent de rencontrer des autochtones qui leur ouvrent leur cœur. Bonjour Kübra, toi la jeune femme ambitieuse qui porte le voile pour enfin être une femme ! Salut Ozgür, toi le jeune militant écolo, tu emmènes les citadins renouer avec les sites naturels de leur propre pays ! Grâce aux exigences de l’Union européenne en matière d’environnement, le gouvernement turc est enfin obligé de te prendre au sérieux. Salut Server, toi le vieux loup de mer, tu finis ta carrière sur un ferry du Bosphore en souriant : « J’incarne les liens entre les deux continents », as-tu l’habitude de dire. Salut Zeynep, toi l’employée de banque, obligée de cacher ton homosexualité pour garder ta place. Vous parcourez chaque jour les rues d’Istanbul et vos destins se mêlent désormais dans les pages d’un livre géant. Au printemps de cette année-là, lorsque les milliers de cigognes passaient d’est en ouest au-dessus du Bosphore pour rejoindre le continent européen, la Turquie menaçait d’imploser encore une fois. L’armée avait de véritables crises d’urticaire à l’idée que l’AKP gagne les élections. En automne, lorsque les mêmes cigognes traversèrent le détroit en sens inverse, un changement politique radical avait eu lieu. Abdullah Gül, un musulman modéré, ancien Ministre des Affaires étrangères, accédait à la présidence de la République turque. Sa femme pieuse portant le turban déambulait désormais dans le palais d’Atatürk. Lui qui s’était tant battu pour la laïcité ! Vision de cauchemar pour des millions de kémalistes à travers le pays : ils ne comprenaient pas comment l’Europe laissait faire sans intervenir et soutenait le parti AKP. De son côté, la photographe Nicole Seghers sait capturer le temps comme personne : une conversation chez le barbier sous le regard sourcilleux d’Atatürk, des drapeaux rouges suspendus dans une ruelle flottant au vent, un scooter qui transporte trois bombonnes d’eau potable, des clés à molettes suspendues à leurs clous qui dansent au rythme des vagues du Bosphore, les passagers des ferries au regard plongé dans la rive d’en face. Le livre est sorti en 2010 à Rotterdam. Il n’a été traduit en français que l’année dernière, aux éditions Noir sur Blanc. Pourtant, chers Kübra, Ozgür, Server, Zeynep, la description de vos rêves et de vos colères m’ont mieux expliqué l’embrasement de la place Taksim en juin 2013 que n’auraient pu le faire tous les reportages d’euronews ou les journalistes du Monde. La foule était fatiguée des dérives autoritaires du premier ministre Erdogan, ancien maire d’Istanbul. Mais il s’agissait aussi de lutter contre la destruction du parc Gezi. Ces arbres que tu aimes tant, Ozgür : « Nous n’avons pas eu de glaciation en Turquie, ce qui fait que nous comptons beaucoup d’espèces qui ont disparu en Europe, expliques-tu. Il reste par exemple une soixantaine de variétés d’arbres feuillus chez nous. » Irène van der Linde sonne chez les gens ; dîne avec eux ; prend le temps de les écouter ; déambule dans leur quartier ; visite les sites historiques ; assiste à des manifestations de gauche ; se rend à un meeting d’Erdogan ; découvre les réserves naturelles ; observe aux jumelles les aigles des steppes, les busards, les faucons hobereaux, les martinets, les hirondelles ; lit les journaux turcs ; discute avec les capitaines de ferries, les passagers ; accompagne les pêcheurs au travail. On se met à rêver de ce que ces deux Hollandaises pourraient tirer d’un séjour d’un an à Paris ou Zurich. Elles réaliseraient l’exploit de nous expliquer nos propres compatriotes. Eugène Frais, beau, durable, résistant, coulant, fiable. Avec son réseau de concessionnaires, Presyn propose «Presyn a-plus est un véritable as des un vaste assortiment de bétons, de mortiers et de chapes fluides pour les applications les plus diverses. Laissez-vous convaincre par notre valeur ajoutée. Avec l’application Presyn pour tablettes: Apple iPad, Android et Windows. Ou sur www.presyn.ch économies: armer sans armature. Tout est inclus: rentabilité, rapidité et fibres. Les progrès dans la construction portent la couleur Pink. » Iso Mazzetta, ingénieur et fan de Presyn, qui en fait l’éloge avec assurance Presyn SA, 3006 Berne, téléphone 031 333 42 52 14PRE 278.1 Inserat_Traces_a-plus_Mazetta_F_188x62.indd 1 20.02.14 10:57 24e Prix Solaire Suisse 2014 et les meilleurs bâtiments à énergie positive®! Vous pouvez vous inscrire au Prix Solaire Suisse 2014 jusqu‘au 30 avril 2014 dans les catégories: - Personnes et institutions - Bâtiments (nouvelles constructions, rénovations, Prix Solaire pour - bâtiments à énergie positive® (BEP) et Norman Foster Solar Award) Installations (capteurs solaires thermiques, panneaux photovoltaïques, installations à biomasse et chaleur de l’environnement) Inscrivez-vous vite! Informations supplémentaires et le formulaire d‘inscription: www.solaragentur.ch Solar Agentur Schweiz Agence Solaire Suisse Swiss Solar Agency Photo: Norman Foster Solar Award 2013, BEP Viridén, Romanshorn/TG 38 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 actualités Théâtre ambulant et modulaire © Christophe Raynaud de Lage L’opéra de Genève a acheté à la Comédie-Française son Théâtre éphémère Un théâtre en kit. C’est l’objet acquis début mars par la Ville de Genève, qui a acheté à la Comédie-Française son Théâtre éphémère1, soit une boîte rectangulaire de 60 m sur 20 constituée de 80 panneaux de bois KLH et coiffée d’un toit à double pente. Voilà un an que le Département des constructions et de l’aménagement réfléchit à une solution pour reloger le Grand Théâtre pendant les deux ans que va durer sa rénovation2. Lors de la modernisation de la machinerie de scène dans les années 1990, l’opéra genevois avait déménagé un an durant dans le Bâtiment des forces motrices (BFM), ancienne usine hydraulique sur le Rhône reconvertie en salle de spectacles. Pourquoi ne pas reconduire l’opération ? « Ca a été la catastrophe du point de vue du public, parce que le BFM a un gradin en faible pente qui ne convient pas au spectacle lyrique. Ce qui n’est pas le cas du Théâtre éphémère », argue Rémy Pagani, en charge du Département des constructions et de l’aménagement. L’acoustique de la salle parisienne – construction à laquelle a contribué le scénographe parisien Michel Fayet, également lauréat avec les architectes du bureau FRES du concours d’architecture international pour la Nouvelle Comédie – sied donc au spectacle lyrique. Malgré cette qualité, le Théâtre éphémère, qui deviendra à Genève le Théâtre des Nations, a été conçu pour le théâtre, non pour l’opéra. L’architecte Daniela Liengme, mandatée par la Ville pour adapter la salle parisienne à Genève, a du pain sur la planche : elle devra notamment construire une fosse d’orchestre pouvant accueillir 60 musiciens. Le Théâtre éphémère a été conçu spécifiquement pour la Comédie-Française. Il était enclavé entre la double colonnade de la Galerie d’Orléans et ne comportait nulle loge, car il était relié par des corridors souterrains au bâtiment central. Les architectes devront aussi fendre la structure en son centre pour augmenter la capacité de la salle, et ainsi passer de 700 à 1150 places. La structure sera donc agrandie de 8 m dans la largeur et de 12 m longitudinalement (la Participants L’équipe des mandataires, coordonnée par le bureau Daniela Liengme architectes, se compose des principaux spécialistes ayant participé à la conception et au montage du Théâtre éphémère à Paris et d’ingénieurs genevois : Jacques Anglade - structure bois EURL, ingénieur bois ; Michel Fayet - Changement à Vue, scénographe ; François Kocher - Le Collectif sàrl, ingénieur civil ; Martial Götz - Energestion SA, ingénieur chauffage-ventilation ; Christian Zufferey - Décibel Acoustique, acousticien ; Eric Dubouloz Ecoservices SA, ingénieur sécurité. première moitié pour ajouter les rangées de fauteuils, la seconde pour la fosse d’orchestre). Le Théâtre éphémère, l’équivalent de quelque 70 semi-remorques, va faire la route jusqu’à Genève. Les pièces détachées vont ensuite être montées sur l’emplacement défini. A l’image d’un kit de lego, plusieurs combinaisons seront possibles : l’espace scénique parisien ne sera pas reconstruit à l’identique mais va servir de base à la construction du théâtre genevois. 1 La Salle Richelieu à Paris, théâtre à l’italienne qui sert de lieu de représentation à la Comédie-Française depuis la fin du 18e siècle, a fait l’objet d’une importante réfection technique de janvier 2012 au même mois de l’année suivante. Lors des travaux, le Théâtre éphémère a accueilli la programmation de la Comédie-Française. La salle constituée de 5000 m3 de bois a été montée en quatre mois, sous la houlette des architectes Alain-Charles Perrot et Florent Richard. 2 Sans compter la modernisation de sa machinerie de scène à la fin des années 1990, le Grand Théâtre n’a pas été rénové depuis 1962, date de sa réouverture après un incendie qui l’a presque entièrement détruit. La salle devrait subir de grands travaux de rénovation de juillet 2015 à août 2017 : révision des circulations devenues obsolètes, amélioration des conditions de travail du personnel, modernisation du système électrique et restauration de la façade. Le coût du projet – devisé à 60 millions de francs – doit encore être validé par le Conseil municipal de la Ville. Si le théâtre doit être à ce point remodelé et adapté, pourquoi ne pas avoir décidé d’en construire un de toutes pièces ? « Nous avons étudié cette possibilité. Cela coûterait 12 millions de francs de construire une boîte, sans compter les équipements. Alors que la solution que nous avons plébiscitée est pour l’heure chiffrée à moins de 7 millions de francs », explique le magistrat. Ce budget comprend l’achat du théâtre, son démontage, les frais de transport, le montage et l’adaptation. Opter pour l’adaptation d’un théâtre existant plutôt que pour la construction d’une salle ex nihilo est aussi dû à des questions de délai. Reste à définir l’emplacement de ce théâtre nomade. Les pourparlers sont en cours pour trancher entre les deux lieux choisis, la caserne des Vernets et le parc Rigot à côté des Nations, parmi sept au total qui ont été mis à l’étude – les deux emplacements précités, deux autres à la pointe de la Jonction, la Maison Baron et les parkings des Vernets et de Media Markt derrière le pavillon Sicli. La caserne des Vernets se trouve être l’emplacement le moins onéreux, car le sol de la parcelle est déjà stabilisé. Construire le Théâtre des Nations, projet actuellement à l’étude, sur ce site constituerait en outre un symbole fort du secteur Praille-Acacias-Vernets (PAV), qui va être remanié en profondeur. PR Tracés n o 07 / 4 avril 2014 39 © Christophe Raynaud de Lage Daniela Liengme architectes, constructions à Genève en lien avec le culture - Fonction : Cinéma, dans la Maison des arts du Grütli (2007-2008) - La Gravière – réaffectation partielle d’un entrepôt en espace culturel de nuit (2011) - Relogement du Moulin à Danses (Màd) – réaffectation partielle d’un bâtiment industriel en espace culturel de nuit (2013) - Mise en conformité de la sécurité incendie du Théâtre de la Parfumerie (en cours) 40 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Sacro GRA de Gianfranco Rosi Aérolande Documentaire Exposition Gra (Grande Raccordo Anulare) est le nom du périphérique de Rome : une ceinture autoroutière de 68 km comme en possèdent la plupart des grandes villes. Sacro Gra est le titre du dernier film de Gianfranco Rosi : une succession de portraits intrusifs, d’individus dont le sort semble relié par le grand axe circulaire. Il y a le botaniste à l’affût des maléfiques scarabées égyptiens qui déciment les beaux palmiers, la stripteaseuse auto entrepreneuse qui appelle travail le fait de se dandiner dans un café-bar de banlieue, le patricien déchu dans son château en carton pâte, le baba-cool sexagénaire et sa fille plus vieille que lui, l’ambulancier qui vit seul et dîne sur Skype, la paire de vieux travestis en camping car, qu’aucun maquillage ne peut restaurer dans leur splendeur déchue. Sans complaisance, Rosi filme la laideur, la misère sociale et intellectuelle d’une constellation de personnes qui ne se connaissent pas. Des individus seuls, pris dans le maelström de leurs actions quotidiennes. Son film n’a pourtant rien d’un travelling glauque sur des épaves de la vie. C’est précisément sur ce point que son travail sort des sentiers battus. Pour être filmées intelligemment, la bêtise, la laideur et la misère deviennent regardables, voire même intéressantes. Le monde de Rosi est celui d’hommes et de femmes fatigués, pratiquant des gestes insignifiants mais tenant des propos révélateurs. Leur triste condition ne les empêche pas de faire sens. Contrairement à la faune de la Grande Belleza, qui sombre avec un énorme rictus sur un visage déformé par le botox, celle de Rosi s’engouffre en parlant. Comme dans Beckett, le déclin prend la forme d’une logorrhée sans fin, d’un incessant argumentaire qui constitue les personnes et parachève leur naufrage. Par des dialogues de sourds ou des soliloques ubuesques, le film laisse raisonner des bribes de sens : des fragments détachés qui s’emboîtent, comme les autos dans un carambolage. CC Sacro GRA de Gianfranco Rosi Dès le 4 avril au Cinéma CityClub à Pully www.cityclubpully.ch A la fin des années 1960, Jean Aubert, JeanPaul Jungmann et Antoine Stinco, tous trois étudiants à l’école des beaux-arts de Paris fondent le groupe Aérolande. Leurs projets, marqués par l’emploi de techniques gonflables et de structures démontables, innovent par leur mobilité et leur modularité. Dans le contexte de la critique politique et sociale de mai 68, les membres d’Aérolande publient dans la revue Utopie et cherchent à développer une architecture légère et éphémère qui se substituerait à l’urbanisme moderniste remis en question à cette époque. Si le groupe a toujours eu une approche théorique de l’architecture, les dessins et documents récemment acquis par le musée rappellent que certains de leurs projets ont pu être produits et commercialisés. Leurs solutions offrent une grande variété d’utilisations en même temps qu’une diversité des possibilités formelles inspirées par l’habitat nomade et l’équipement forain. Ils permettent également de découvrir une vision poétique de la ville en mouvement qui imprègne et stimule la pensée architecturale de cette période. réd Jean Paul Jungmann, Dyodon, Habitation Pneumatique experimentale, 1967 Aérolande Exposition jusqu’au lundi 2 juin, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris www.citechaillot.fr La Céramique pour des espaces de vie unique ! Une fête pour les sens : carreaux en céramique et mosaïques dans une fascinante diversité de couleurs, formes, matériaux et textures. Demandez conseil aux spécialistes de ventes ! SPV_tracés_210x142_F.indd 1 C R É É AV E C PA S S I O N. P E R F E C T I O N N É À L A M A I N. Les salles de bains de Laufen et arwa attestent d’une passion infinie pour les lignes et les matériaux. Avec l’amour du détail caractéristique, il en résulte des espaces empreints de qualité de vie: LAUFEN pro S et arwa-cityplus. www.laufen.ch www.similor.ch 25.03.14 12:00 42 Tracés l in ov07r/ 4eavril s 2014 FACE AU BRAND TERRITORIAL Sur la misère symbolique des systèmes de représentation des collectivités territoriales Cet ouvrage offre une lecture critique de la manière dont le branding commercial a contaminé l’image des collectivités territoriales en transposant ses stratégies dans la communication politique actuelle, appauvrissant ainsi progressivement les discours des collectivités publiques. Dirigé par le graphiste-designer Ruedi Baur, il réunit des recherches menées conjointement au sein de différentes écoles d’art européennes. Ce livre aux nombreuses illustrations, dont la maquette et le graphisme ont été réalisés par Maria Roszowska de l’EnsadLab, retrace l’histoire de l’identité graphique des territoires, analyse la complexité et les spécificités de l’image des espaces publics et formule des propositions. Il se compose de trois essais visuels sur les systèmes de représentation de collectivités publiques en Europe soumis au regard du politologue et designer Sébastien Thiéry, du sémiologue Jean-Pierre Grunfeld, du philosophe Pierre-Damien Huygue, de l’historienne de l’art Annick Lantenois et du géographe Luc Gwiazdzinski. Véritable manifeste, l’ouvrage collectif dénonce ces pratiques dommageables pour les territoires. Ces nouvelles images légales font-elles système, et portent-elles un nouveau régime de gouvernement ? Comment y faire face, et quels chemins de résistance creuser avec les armes du design graphique notamment ? Ruedi Baur explique : « D’avoir transposé les stratégies de représentation d’entreprises vers des territoires, des villes, des nations, cela fait qu’il n’y a plus de discours politique, que l’image remplace la réalité. C’est démocratiquement et civiquement très dommageable. Il n’y a plus de transparence. Il faut reconcevoir des systèmes graphiques où apparaissent des éléments communs, mais aussi des différences ». Ainsi, il ressort de cette lecture un certain trouble, comme pour des Mythologies de Roland Barthes. Cernés par les logos, les représentations, les objets qui réduisent même les chefs d’état à des produits de masse, nous ne serions plus capables d’émettre le moindre jugement hormis un apolitique et subjectif « j’aime/je n’aime pas »1 ? L’article traitant du Drapeau comme marque est éloquent, ainsi que le dépeint Anne-Marie Fèvre dans son analyse critique parue dans Le Temps, du 27 février dernier : « En dressant l’histoire du drapeau, particulièrement celui de la Suisse, Ruedi Baur démontre comment l’environnement sémiotique d’un Suisse des années 2010 ressemble à celui d’un Chinois des années 1970-1990. Même rouge des objets, sigles, affiches. La 1 Roland Barthes par Roland Barthes, Seuil, 1975 croix blanche helvète d’un côté, les étoiles jaunes ou le portrait de Mao de l’autre. Car depuis les années 1990, le drapeau suisse s’est réduit à cette croix blanche sur fond rouge. Les entreprises helvètes, les institutions, l’église, l’armée, les fromages… ont adopté ce principe visuel, « qui est une simplification populiste et protectionniste », dénonce Ruedi Baur. C’est efficace, cohérent, mais cela met fin à la double identité – le canton et la confédération –, c’est la disparition des différences. » N’oublions pas que la signalétique, bien que permettant la créativité, est une science basée sur la sémantique des signes qui a pour objectif de nous informer et de nous guider. Et aujourd’hui, dans l’espace public, « entre les logos des entreprises et des territoires publics, il n’y a plus de différence. On vend notre territoire public comme une valeur marchande. Le branding, c’est toujours la simplification, avec un ou deux éléments dans un logo. » Julie Bousquet FACE AU BRAND TERRITORIAL Sur la misère symbolique des systèmes de représentation des collectivités territoriales Sous la direction de Ruedi Baur, Sébastien Thiéry avec la collaboration de Civic City, Head Genève, Ensad Lab (Paris), ZhdK (Zurich), Editions Lars Müller, 2013 / € 40 44 Tracés n° 07 / 4 avril 2014 Que croire là où nous sommes ? Inside cern Photographie de l’Ouest américain de Robert Adams Reportage photographique Les lieux qui sont le théâtre des découvertes scientifiques et techniques les plus importantes restent souvent à l’abri du regard du grand public. C’est par exemple le cas, à Genève, avec le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) et son gigantesque accélérateur de particules. Des scientifiques venant des quatre coins du monde y questionnent l’infiniment petit et l’infiniment grand à la recherche de découvertes qui révolutionneront peut-être notre perception de l’Univers. Andri Pol (photographie) et Peter Stamm (texte) se sont mêlés à la communauté multiculturelle des chercheurs pour observer leur travail quotidien. Il en ressort un portrait unique d’un microcosme fascinant. réd Robert Adams, Colorado Springs, Colorado, 1969 (© Robert Adams. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco et Matthew Marks Gallery, New York) « J’ai beau me défier des abstractions, je me pose souvent trois questions, que je vous livre en guise de porte d’entrée à cet ouvrage : qu’est-ce que notre géographie nous oblige à croire ? Que nous autoriset-elle à croire ? Et, le cas échéant, quelles obligations résultent de nos croyances ? » Ce court passage de l’introduction du catalogue de l’exposition L’endroit où nous vivons présentée jusqu’à mi-mai à Paris, résume à lui seul le travail du photographe américain Robert Adams. Connu pour ses photographies austères et nuancées de l’aménagement suburbain dans le Colorado de la fin des années 1960, auteur du livre The New West qui a fortement influencé la vision photographique de l’espace américain, Robert Adams a aussi participé à l’exposition New Topographics qui présenta un tournant dans la photographie documentaire et la manière de regarder les paysages urbains contemporains. Ce livre, composé par le photographe luimême, est un petit condensé des 250 tirages qui peuvent être vus à l’exposition organisée par la Yale University Art Gallery et reprise par le Jeu de Paume. Le catalogue se compose d’une courte introduction de Robert Adams, d’une postface des commissaires Joshua Chuang et Jock Reynolds et d’une centaine de photographies noir-blanc aux titres très descriptifs. Morceaux choisis des projets majeurs du photographe, ce livre offre un récit intime et cohérent de l’évolution de l’Ouest des Etats-Unis, et un regard stimulant sur la complexité et les contradictions de notre société contemporaine mondialisée. Ce petit catalogue et cette exposition consacrent un photographe dont les images ont souvent été sous-estimées. CVDP Robert Adams, L’endroit où nous vivons Exposition jusqu’au 18 mai au Jeu de Paume à Paris www.jeudepaume.org Que croire là où nous sommes ? Photographies de l’Ouest américain Robert Adams, postface par Joshua Chuang et Jock Reynolds, 2014, coédition Jeu de Paume / La Fábrica, Paris, Madrid / € 25 Inside CERN European Organization For Nuclear Research Andri Pol, Lars Müller Publishers, Zurich, 2014 / € 50 Disponible aussi en allemand mazout Chauffage refroidissement bois air Ventilation climatisation Sanitaire eau gaz solaire géothermie Depuis 1853, nous concevons et réalisons des systèmes thermiques et des réseaux d’eau dans les bâtiments répondant à toutes les attentes. De la villa à l’immeuble en passant par les commerces et les industries, notre équipe relève tous les défis. Actifs sur la partie Vaudoise de l’arc lémanique, nous vous conseillons et vous assistons très volontiers. Nous gérons tous les types d’énergies quel que soit le projet. Chez Von Auw SA, vous trouverez 75 professionnels attentifs à vos besoins de chaud, de froid ou d’installations sanitaires. bureau technique • installations • entretien 1028 PRÉVERENGES • Route de Genève 3 • Tél. 021 804 83 00 • Fax 021 804 83 01 • www.vonauw.ch 46 Tracés n o 04 / 28 février 2014 ARCHITECTURE THÉRAPEUTIQUE Histoire des sanatoriums en France (1900-1945) Les Coulisses d’une architecture L’école d’architecture de Nantes avec Lacaton et Vassal « Tout commença par une baraque en bois au fond d’un parc qui fut par la suite pétrifiée sous la forme de balcons de cure attachés aux chambres des patients, transformant l’hôtel de cure des premiers temps en un paquebot sanitaire. Ces sanatoriums [...] ont été revêtus des plus beaux atours de l’éclectisme, de l’Art nouveau ou du Mouvement moderne. Destinés ‹ aux riches malchanceux ›, ils ont été luxueux et confortables, quand d’autres, accueillant les plus démunis, ont été aussi austères que spartiates. »1 Issu d’une fouille systématique des archives départementales et complété par les dessins comparatifs de 40 projets, l’ouvrage de Philippe Grandvoinnet dresse un panorama complet des sanatoriums en France et de leur histoire, en donnant la mesure de leur présence dans le territoire et dans le paysage. Reconvertis et transformés à différentes reprises, parfois banalisés à l’extrême au détriment de leur caractère originel, la plupart des anciens sanatoriums de cure existent toujours. En plus de constituer une étude exhaustive des édifices à vocation thérapeutique, de leurs espaces de vie et de soins, de leurs audaces architecturales et de leurs destinées singulières au sein d’un horizon historique élargi, ce livre invite à une réflexion renouvelée sur la mémoire et la sauvegarde patrimoniales qui engage autant les historiens, les conservateurs, les architectes que la collectivité dans son ensemble. réd 1 Citation tirée de la préface d’Anne-Marie Châtelet, professeure d’histoire et de culture architecturales à l’ENSAS. Pour des architectes, inventer une école d’architecture est un exercice fondateur. Concevoir un tel équipement, c’est en effet proposer un bâtiment de référence, sur lequel se projetteront les imaginaires de toute une ville et prendront corps les rêves des jeunes professionnels. L’école d’architecture de Nantes (ENSAN), conçue par l’agence Lacaton et Vassal, ancrée dans le nouveau centre-ville face à la Loire porterait-elle la même ambition ? Mandatés par le Ministère de la Culture et la DRAC des Pays de la Loire, Caroline Paul et André Sauvage éclairent en partie la question : ils ont pu suivre, toutes les étapes du processus de réalisation de l’école d’architecture de Nantes, de la programmation (2000) à l’entrée de l’usager dans ses murs (2009) en passant par le concours d’architecture (2003) qui aboutit au choix du projet de l’agence Lacaton et Vassal. Pendant dix ans, ils ont pu accompagner, interroger, écouter ces acteurs et rendre compte des situations qui ont finalement convergé vers la réalisation de ce bâtiment. Ce processus fut passionnant, véritable tableau vivant présenté aujourd’hui au public. Le lecteur trouvera ici ce que l’on montre rarement d’une œuvre architecturale : le chemin total, de la définition de la commande, à l’expérience du bâtiment par les usagers, en passant par le suivi des étapes réd de réalisation. ARCHITECTURE THÉRAPEUTIQUE Histoire des sanatoriums en France (1900-1945) Philippe Grandvoinnet, Collection vuesDensemble, MētisPresses, Genève, 2014 / Fr. 42.- Les Coulisses d’une architecture. L’école d’architecture de Nantes avec Lacaton et Vassal Caroline Paul et André Sauvage, Archibooks, Paris, 2013 / € 15.90 planen & bauen planifier & batir pianificare & costruire drei Sprachen – trois langues – tre lingue drei Regionen – trois régions – tre regioni drei Kulturen – trois cultures – tre culture www.espazium.ch La CPEG, Caisse de prévoyance de l’Etat de Genève, assure plus de 70 000 membres actifs et pensionnés. Prenant la mesure des enjeux actuels de la prévoyance professionnelle et des attentes des personnes assurées, la CPEG accomplit cette mission avec l’objectif d’assurer un niveau de prestations attractif et un service de qualité. Elle œuvre de manière responsable, consciente de la position qu’elle occupe dans la vie des Genevois. Notre bureau, actif dans les domaines du géniecivil, des structures, de l’aménagement du territoire, et de l’environnement et mobilité, recherche un(e) ingénieur(e) génie civil EPF ou HES afin de compléter son département « structures ». Nous vous offrons une place de travail dans une équipe jeune et dynamique, une activité adaptée à votre formation et un environnement de travail agréable. Si vous êtes intéressé, transmettez-nous votre dossier de candidature à l’adresse suivante : BISA - Bureau d’Ingénieurs SA Avenue du Rothorn 10 Case postale 92 3960 Sierre www.bisasierre.ch Nous restons à votre disposition pour tout complément d’informations. Au sein de la division Immobilier, le service Développement et Promotion a comme mission principale de rechercher, analyser et développer les opportunités d’investissements immobiliers pour la CPEG. Si notre institution vous attire, venez nous rejoindre comme : Architecte urbaniste-chef de projet (100%) Votre activité se déploiera dans un cadre de travail agréable au sein d’une institution dynamique, qui offre les conditions salariales et les avantages sociaux d‘une entreprise de droit public. Nous vous invitons à découvrir les détails du poste sur notre site www.cpeg.ch. Si vous êtes intéressé, merci d’adresser votre dossier complet (lettre de motivation, cv, diplômes et certificats) uniquement par courriel jusqu’au 25.4.2014 à l’adresse suivante : [email protected]. Les candidatures incomplètes ne seront pas prises en considération. stellen_cepg.indd 1 “I want to make the most of my potential and get more out of my career” Nestec, Vevey, Switzerland To complete our Corporate Engineering Architecture & Construction department of our International Headquarter in Vevey (Switzerland), we are currently looking for a: Group Corporate Civil Engineer Key responsibilities • Give direction and provide technical assistance on building projects related matters to Nestlé markets, businesses and central companies worldwide (no direct work in projects) • Drive development of global building design and construction standards. Provide related technical instructions, training material and trainings • Contribute to further developing Nestlé’s capabilities for ensuring successful building projects, and to establishing the necessary internal and external functional expert networks Focus in the above responsibilities: building structures and interfaces with process equipment, external works, building physics, seismic and other occupancy risks, hygienic building design (especially also flooring), fire safety, construction safety, project workflow from building design development to construction execution Education and experience • Civil Engineer with Master or Bachelor degree from ETHZ/EPFL or University of Applied Sciences in Switzerland, or from a comparable university abroad. Minimum 5 years of practice • Competence in structural building design, construction and retrofit, in geotechnical, seismic and fire safety matters, and in managing construction sites safely • Experience as project leader/expert in design and implementation of food/pharmaceutical factory projects, preferably in industrialized as well as in developing countries • Fluent in English. Additional languages are a plus. Show us that you are a professional with authority but respectful towards other opinions and cultures, flexible, responsible and with excellent interpersonal skills. You are proactive and result-focused, providing solutions. You have interest in understanding the business environment and committed to follow Nestlé’s continuous process to excellence. Please apply in English at www.nestle.com/jobs The Nestlé Group is the World’s leading Nutrition, Health and Wellness Company with 92.2 billion Swiss francs in sales in 2013, more than 330,000 employees worldwide and 447 factories in more than 86 countries. We offer an attractive and dynamic international working environment with constant opportunities for development, reflecting our conviction that people are our most important asset. Learn more about our Group and reasons to join us on www.nestle.com 24.03.14 15:50 architect meets innovations L’ÉVÉNEMENT EXCLUSIF RÉSERVÉ AUX ARCHITECTES, ARCHITECTES D’INTÉRIEUR ET AUTRES PRESCRIPTEURS ARCHITECT @WORK SWITZERLAND Messe Zürich 7 - 8 mai 2014 2° édition - 11:00-20:00 ÉVÉNEMENT EXCLUSIF présentant plus de 400 innovations des industriels de la construction ARCHITECT @WORK BELGIUM PRODUITS SÉLECTIONNÉS par un comité technique ARCHITECT @WORK CONCEPT QUALITATIF et scénographie originale AMBIANCE FEUTRÉE ET STYLÉE pour des prises de contacts agréables THE NETHERLANDS ARCHITECT @WORK LUXEMBOURG ARCHITECT @WORK EXPOSITION RE●ARCHITECTURE, re●cycler, ré●utiliser, ré●investir, re●construire by Pavillon de l’Arsenal (Paris) FRANCE ARCHITECT @WORK GERMANY ARCHITECT @WORK UNITED KINGDOM ARCHITECT @WORK ITALY Organisation: Xpo Messe Kontakt Schweiz T +41(0)71 350 06 17 [email protected] Medienpartner Sponsoren THÈME 2014 Béton & Architecture < Exposition: Schwergewichte selected by raumPROBE < Installation by Matali Crasset < Images by Daph < Interventions PRÉ REZ GIST E E R EN VIA LE SITR U S O U P O V NET INTERE VISITE RE UN E VOT UIT 3 GRATDE: TR34 CO W W W. A R C H I T E C TAT W O R K . C H 50 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Pages d’information de la sia - Société suisse des ingénieurs et des architectes Journées SIA : faites votre programme ! Dans un mois, 300 ouvrages réalisés par des mandataires SIA ouvriront leurs portes au public, à l’occasion des Journées SIA (anciennement 15n). Du 9 au 11 mai, en Suisse romande et dans les autres régions linguistiques. Les Journées SIA de l’architecture et de l’ingénierie contemporaines sont un événement unique en leur genre. L’opportunité pour les architectes et les ingénieurs de la SIA de montrer leur travail et de communiquer avec le grand public. Et pour les visiteurs, l’occasion de partir à la découverte du bâti contemporain. Ces portes ouvertes sont magiques dans le sens où elles permettent d’appréhender l’espace. Souvent perçu comme une notion abstraite, difficile à cerner même à l’aide de plans et de maquettes, l’espace devient compréhensible lorsqu’il est vécu, ressenti. Le large succès rencontré cette année encore auprès des mandataires et des maîtres d’ouvrages – qui se prêtent au jeu des visites – témoigne de l’intérêt qu’il y a à faire visiter l’architecture. L’édition 2014 propose à la visite un large éventail de bâtiments, ouvrages d’art, aménagements urbains et paysagers. Les réaf- fectations et rénovations de bâtiments sont particulièrement bien représentées. En guise de survol, signalons, à Romont, le monastère cistercien de l’abbaye de la Fille-Dieu tout juste restauré et, du côté de Genève, à la Croix-de-Rozon, une ancienne grange du 19e siècle transformée en logements. De très nombreuses villas, dont certaines très originales, sont aussi à l’honneur, à Valeyres-sousRances, à Orsières ou encore à Corminboeuf. Les immeubles d’habitations sont également sous le feu des projecteurs, à l’instar de la Maison des Etudiants de l’IHEID à Genève et des logements du quartier de la Coupe Gordon-Bennett à Vernier. De plus, les Journées SIA invitent à la découverte de systèmes constructifs particuliers, à l’instar du concept EN=0 pour des logements zéro énergie développé dans le cadre de la construction d’une maison familiale à Delémont. Les maisons en paille sont également au programme, aux Cullayes et à Plan-les-Ouates par exemple. Parmi les autres moments forts, relevons les visites guidées du Musée Jenisch de Vevey, du Musée Olympique à Lausanne et du bâtiment Microcity à Neuchâtel. Enfin, les projets primés par la distinction Umsicht-Regards-Sguardi 2013 s’invitent dans le programme des Journées SIA. Il s’agit de l’immeuble artisanal « Nœrd » à Zurich-Oerlikon, A la découverte de nouvelles techniques : maison en paille aux Cullayes, pont 12 architectes SA du sentier aquatique « Trutg dil Flem », de la couverture des ruines archéologiques de SaintMaurice, de la maison plurigénérationnelle « Giesserei » à Winterthour et des stratégies d’interventions pour la cité du Lignon à Genève. Le programme complet est en ligne sur le site www.journees-sia.ch ou via l’application pour smartphone SIA-JTG. Une brochure gratuite est à disposition auprès des sections de la SIA. Valentin Kunik, chef de projet pour les Journées SIA [email protected] Séance 1/2014 de la commission centrale des règlements La commission centrale des règlements (ZO) a approuvé la révision des règlements concernant les prestations et les honoraires (RPH) qui doit être soumise à la prochaine assemblée des délégués. Elle a en outre démarré le projet d’inventaire des prestations dans le cadre de mandats d’études parallèles. Un volume compact installé dans la pente et revêtu de tuiles pour cette maison individuelle à Valeyres-sous-Rances, bunq architectes Lors de sa 165e séance le 27 février 2014, la ZO a adopté les révisions des RPH SIA 102 pour les architectes, SIA 103 pour les ingénieurs civils, SIA 105 pour les architectes >>> PUB 52 paysagistes et SIA 108 pour les ingénieurs mécaniciens et électriciens ainsi que les ingénieurs spécialisés dans les installations du bâtiment. Elle a également donné son imprimatur aux normes de compréhension SIA 111 Modèle ; Planification et conseil et SIA 112 Modèle ; Etude et conduite de projet. Ces six normes sont harmonisées et seront donc soumises pour approbation à l’assemblée des délégués du 23 mai 2014 en un seul paquet. La diffusion est prévue pour l’automne 2014, accompagnée de séances d’information dont le programme sera précisé ultérieurement. Un nouveau projet de la commission SIA 142/143 a encore été lancé pour l’inventaire des prestations selon SIA 143, dans une forme analogue à celle utilisée pour les concours selon SIA 142. Michel Kaeppeli, responsable département règlements, [email protected] Séance 1/2014 de la commission centrale des normes Dans sa dernière séance en date, la commission centrale des normes (ZN) a approuvé la publication de trois normes. Trois projets de révision ont en outre été lancés et la phase d’introduction s’est achevée sur un total de douze normes. Lors de sa séance du 5 mars 2014, la commission centrale des normes (ZN) a, conformément au tournus, clôturé le suivi de dix projets incluant un total de douze normes parues en 2012. Trois projets dans le domaine de l’aménagement territorial ont pour leur part été arrêtés, tandis que la SIA 723 L’énergie thermique dans le bâtiment – Dispositions contractuelles a été retirée de la collection des normes. Les trois normes qui ont reçu l’imprimatur sont SIA 343 Portes, SIA 385/2 Installations d’eau chaude sanitaire dans les bâtiments – Besoin en eau chaude, exigences globales et dimensionnement et SIA 261 Actions sur les structures porteuses. Le délai de recours auprès du comité de la SIA pour ces trois publications court jusqu’au 14 avril 2014. Trois projets de révision ont été lancés : la norme SIA 112/1 Construction durable – Bâtiment a connu un succès dépassant les prévisions, mais doit maintenant être adaptée aux connaissances les plus récentes et revue pour en simplifier l’articulation et en faciliter l’usage. Le cahier technique SIA 2040 La voie SIA vers l’efficacité énergétique sera élargi à d’autres classes d’ouvrages et prendra en compte certains usages mixtes ainsi qu’une variabilité des surfaces par personne. De même, les valeurs par défaut ainsi que l’imputation des apports en énergies renouvelables feront l’objet des révisions qui s’imposent et le Tracés n o 07 / 4 avril 2014 projet inclut l’adaptation de la documentation, ainsi que des outils de calcul correspondants. Quant à la révision du cahier technique 2039 Mobilité – Consommation énergétique des bâtiments en fonction de leur localisation, elle a donné lieu à débat en raison de la forte corrélation du facteur mobilité avec le comportement des usagers. La ZN n’en tient pas moins à développer cette problématique, même si le travail s’annonce important. On peut, en l’occurrence, tabler sur des contributions de tiers. Enfin, la proposition d’élaborer un nouveau cahier technique sur les isolations extérieures avec recouvrements collés a été acceptée, car ce type de systèmes entre toujours davantage en concurrence avec les enduits de façade traditionnels. Les normes dont s’occupait la commission dissoute des infrastructures et des travaux en souterrain (KIU) ont été redistribuées, et de nouveaux membres ont été élus respectivement à la commission sectorielle des normes du bâtiment (Madame Drazenka DragliaSalis), et à la commission pour les normes des installations et de l’énergie dans le bâtiment (Monsieur Zoran Alimpic’). Markus Gehri, responsable Normes et Règlements, [email protected] Norme révisée sur la SIA 264 construction mixte acier-béton La norme révisée SIA 264 Construction mixte acier-béton et les Spécifications complémentaires SIA 264/1 sont en vigueur depuis le 1er janvier 2014. Ce qui porte à six sur huit le nombre des normes SIA sur les structures porteuses révisées. Dans le cadre de la normalisation européenne, l’Association Suisse de Normalisation (SNV) s’est engagée à adopter la totalité des normes européennes. La SIA a fait sienne cette obligation de la SNV pour le secteur du bâtiment et a aligné ses normes relatives aux structures porteuses sur les normes européennes « Eurocodes ». Or l’élaboration de ces normes suisses parues en 2003 reposait encore sur les prénormes européennes (ENV) ainsi que sur les projets de normes européennes actuelles de produits (prEN). Une harmonisation des normes suisses sur les structures porteuses avec les Eurocodes en vigueur était par conséquent tout indiquée. Qui plus est, l’expérience acquise au fil des années dans l’application de ces normes ainsi que la publication, en janvier 2011, de la nouvelle série de normes SIA 269 et ss. Maintenance des structures porteuses imposait, de fait, une mise à jour. Principales nouveautés de la norme SIA 264 : 2014 La révision de la norme SIA 264 visait à éliminer notamment les éventuelles contradictions avec les normes SN EN 1994-1-1 Eurocode 4 : Calcul des structures mixtes acier-béton − partie 1-1 : Règles générales et règles pour le bâtiment et SN EN 1994-2 Eurocode 4 : Calcul des structures mixtes acier-béton − partie 2 : Règles générales et règles pour les ponts. Par exemple, la valeur de calcul de la résistance au cisaillement des goujons à tête doit être désormais réduite de 25 % par rapport à la valeur de calcul sous actions statiques lors du dimensionnement de l’état-limite de type 4 (fatigue), conformément à la norme SIA 264. Pour le calcul de la résistance au cisaillement longitudinal des dalles mixtes, on distingue aujourd’hui clairement entre l’apport de l’armature transversale et celui de la tôle profilée dans les notations de la valeur de calcul de l’effort rasant. Le remaniement le plus important portait cependant sur le chiffre 5.3 Poteaux mixtes et plus particulièrement sur la procédure de calcul des efforts intérieurs selon la théorie élastique de second ordre. On a pu ainsi simplifier les règles en intégrant la valeur de calcul de la rigidité pour prendre en compte les actions de longue durée, la fissuration du béton et la charge critique de flambage élastique qui en découle et l’adapter systématiquement aux règles selon le chiffre 6.7 de la norme SN EN 1994-1-1. Enfin, toutes les corrections et les renvois aux normes SIA 262 Construction en béton et SIA 263 Construction en acier, déjà révisées, ont été actualisés. Par exemple, le chiffre 4.5 Situation de projet Séisme a subi une refonte totale et a été harmonisé avec le chiffre 4.9 de la norme SIA 263. Les références >>> Validité des normes révisées sur les structures porteuses Les versions révisées des normes sur les structures porteuses paraissent, une fois achevées, en fonction du calendrier suivant : SIA 260 Bases pour l’élaboration des projets de structures porteuses, en vigueur depuis le 1.8.2013 (cf. TRACÉS 21/2013) SIA 261 Actions sur les structures porteuses, prévue à partir du milieu de l’année 2014 SIA 262 Construction en béton, en vigueur depuis le 1.1.2013 (cf. TRACÉS 09/2013) SIA 263 Construction en acier, en vigueur depuis le 1.1.2013 (cf. TRACÉS 09/2013) SIA 264 Construction mixte acier-béton, en vigueur depuis le 1.1.2014 (cf. article sur cette page) SIA 265 Construction en bois, en vigueur depuis le 1.1.2012 (cf. TRACÉS 11/2012) SIA 266 Construction en maçonnerie, prévue à partir du milieu de l’année 2014 SIA 267 Géotechnique, en vigueur depuis le 1.8.2013 (cf. TRACÉS 22/2013) RECRUTE un/une rédacteur/trice spécialisé/e en ingénierie, 40 % De formation scientifique, vous faites preuve d’un intérêt pour les questions techniques liées à la construction, tout particulièrement pour le génie civil. ST. M OR IT Z Tâches Vous êtes en charge de choisir des sujets d’ingénierie présentant de l’intérêt pour les professionnels des milieux de la construction et de trouver des personnes susceptibles d’en parler. Vous accompagnez ces dernières dans la rédaction d’articles spécialisés ou rédigez vous-mêmes des articles, des entretiens ou des actualités. Vous êtes aussi en charge de la sélection des illustrations et accompagnez de près la mise en page des articles techniques. Profil - formation en ingénierie, de préférence dans le domaine du génie civil (expérience non requise) ; - goût pour la vulgarisation scientifique : vous aimez comprendre et expliquer par écrit ; - vous êtes intéressé par l’histoire des sciences et leur évolution ; - rigueur intellectuelle et esprit critique ; - capacités rédactionnelles ; - maîtrise de l’allemand souhaitée. WWW.GEOTECHNIQUE-SUISSE.CH Veuillez adresser votre dossier de candidature jusqu’au 30 avril 2014 à : Christophe Catsaros, rédacteur en chef Revue TRACÉS, Rue de Bassenges 4, CH – 1024 Ecublens. En moyenne chaque année, les collaborateurs sont absents 6,8 jours pour raison de santé. Aucune entreprise ne représente la moyenne. C’est la raison pour laquelle nous vous proposons des solutions d’assurance taillées sur mesure qui vous protègent contre les conséquences financières d’absences dues à la maladie ou à un accident. Pour tout renseignement, téléphonez au 058 277 18 00 ou rendez-vous sur www.css.ch/entreprise. En tous points personnelle. Assurance 54 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Détail de la connexion acier-béton : pont routier sur le Rhône à Branson ; maître de l’ouvrage : canton du Valais; conception : DIC s.a. Ingénieurs, Aigle normatives ont également été adaptées aux normes européennes en vigueur. Enfin, les indications relatives au dimensionnement pour les nuances d’acier S235 à S460 ont été intégrées de manière systématique. Nouveautés de la norme SIA 264/1 : 2014 La révision de la norme SIA 264/1 a permis de mettre à jour les références normatives aux normes européennes en vigueur. Dans le même temps, des corrections et des précisions ont été apportées aux conditions d’application des différents tableaux de calcul dans le cas d’incendie de poutres et de poteaux mixtes suivant la méthode de calcul simplifiée conformément au chapitre 4 de la norme SN EN 1994-1-2 Eurocode 4 : Calcul des structures mixtes acier-béton - Partie 1-2 : Règles générales - Calcul du comportement au feu. Afin de proposer une lecture et un référencement plus simples, le texte de l’intégralité du chapitre 2 de la norme SIA 264/1 a été en conséquence réorganisé en une nouvelle numérotation. L’approche SIA des normes sur les structures porteuses L’objectif principal des Eurocodes est de mettre à disposition, à l’échelle européenne, des outils de calcul unifiés couvrant le plus grand nombre d’aspects possible afin d’harmoniser la prestation « Dimensionnement des ouvrages » dans tous les pays. D’autre part, la collection des normes SIA vise aussi à fournir des instruments de travail et de compréhension clairs et concis afin que les bureaux d’études puissent exercer leur métier. Fidèle à la démarche normative de la SIA, la série de normes SIA 260 et ss. dresse des garde-fous en restreignant le moins possible la créativité des professionnels. L’étendue et le contenu des activités inhérentes à la conception des structures porteuses doivent être, dans l’esprit des travaux normatifs suisses, fonction de l’importance de la structure porteuse, des situations de risque et de la complexité de la tâche. Cette démarche a été mise en pratique de façon systématique pour la révision des normes SIA 264 et SIA 264/1. Il n’est prévu aucun cours de formation continue sur la révision de ces deux normes. Thomas P. Lang, président de la commission de norme SIA 264, [email protected] Jürg Fischer, normes sur les structures porteuses SIA, [email protected] Acquisition des normes Les normes SIA 264 : 2014 Construction mixte acier-béton (52 pages, 189 Fr.) et SIA 264/1 : 2014 Construction mixte acier-béton – Spécifications complémentaires (16 pages, 27 Fr.) sont en vente sur le site www.shop.sia.ch. Accompagner la passation des marchés Avec la création du conseil d’experts pour la passation des marchés, le comité de la SIA a ouvert la voie à la réorientation des activités de la Société en matière d’adjudication de prestations d’études. Pour définir, piloter et mettre en œuvre ses priorités stratégiques, le comité de la SIA s’appuie sur des conseils d’experts, tel celui chargé depuis 2010 de la politique énergétique (FE) et celui qui s’occupe de l’aménagement territorial (FR). Ces conseils informent le comité sur les thématiques en question, puis veillent à ce que les options politiques retenues par celui-ci soient concrétisées de façon cohérente. La présidence de chaque conseil est assurée par un membre du comité. Parmi les priorités de la SIA, la défense d’une passation des marchés loyale et orientée vers la qualité figure aussi au premier rang. Le dossier était jusqu’ici suivi par la commission SIA 142/143 pour les concours et les mandats d’étude parallèles, soit l’instance en charge des formes d’adjudication orientées sur la recherche de solutions à un besoin. Avec la publication du nouveau Règlement SIA 144 des appels d’offres d’ingénierie et d’architecture, la réglementation SIA couvre désormais aussi l’adjudication de prestations d’étude depuis août 2013. Cet élargissement des formes de passation de marchés codifiées par la SIA a motivé le comité à revoir fondamentalement le traitement de cette problématique dans l’organisation de la Société ainsi qu’au sein du bureau. L’option retenue est la constitution d’un conseil d’experts (FV), responsable – à l’instar de ses homologues – d’orienter et de préciser la politique SIA en matière d’attribution de marchés, puis d’en assurer l’application logique et cohérente. Le nouveau conseil sera présidé par Eric Frei, membre du comité et architecte à Lausanne. Un second siège y sera occupé par Valerio Olgiati, également membre du comité et chargé des questions de propriété intellectuelle au sein de la SIA. A leurs côtés, les présidents/es des commissions SIA 142/143 et SIA 144, ceux de la commission centrale des règlements (ZO) et de la commission centrale des normes (ZN), ainsi que des personnes représentant des organisations tierces (KBOB, BKPU, …) sont aussi appelées à y siéger dans un esprit délibérément paritaire. La composition exacte du conseil et son cahier des charges détaillé doivent encore être définis dans les semaines à venir. Avec la mise sur pied du conseil Passation des marchés, le comité veut s’assurer une meilleure vue d’ensemble des procédures de passation couvertes par la réglementation de la SIA. Afin d’établir clairement les domaines de responsabilité, le comité a décidé de dissoudre en même temps son sous-comité pour les normes et règlements (NOA). sia online Thomas Müller, conseiller en communication SIA, thomas.mü[email protected] form Diagnostic développement durable de votre entreprise 30.4, 28.5. et 11.6.2014, 3 demi-journées, Lausanne Code Sanu, inscription : www.sanu.ch SIA 102, 103, 108 et 112 – les contrats SIA 6 mai 2014, Lausanne, 17h00 – 19h00 Code LHO13-14, inscription : www.sia.ch/form Nouvelle Norme SIA 312 Végétalisation de toitures 8 mai 2014, Lausanne, 14h00 – 18h00 Code DB01-14, inscription : www.sia.ch/form Etre sa propre marque. Gérer son identité numérique et sa réputation en ligne : les clés du succès 8 mai 2014, Lausanne, 17h00 – 19h00 Code PB02-14, inscription : www.sia.ch/form Marchés publics et règlements SIA 142, 143, 144 9, 16, 23.5. et 6.6.2014, Lausanne, 9h00 – 17h30 Code WB10-14, inscription : www.sia.ch/form Le raccordement câblé HD : le meilleur du divertissement dans votre immeuble Le raccordement câblé HD est l‘accès idéal à une connexion Internet ultrarapide, des services de télévision numérique divertissants et des offres de téléphonie intéressantes. Il inclut d‘office : • la TV analogique et numérique, directement à partir de la prise de raccordement – sans boîtier décodeur • de nombreuses chaînes décryptées en qualité HD garantie • la réception des chaînes dans chaque pièce munie d‘une prise de raccordement • la navigation gratuite sur Internet, avec 2 Mbit/s • l’utilisation simultanée de nos produits sans perte de qualité Service Plus – le bouquet de services pour votre immeuble Plus d‘informations au 0800 66 88 66 ou sur upc-cablecom.ch/raccordement upc-cablecom.ch/ serviceplus = Raccordement câblé HD + Digital TV + Internet Téléphonie Fondation Asile des aveugles Lausanne Au service de la santé visuelle La Fondation Asile des aveugles regroupe l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, deux établissements médico-sociaux et le Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV). Pour ce nouveau secteur regroupant logistique (intendance, restauration, nettoyages) et infrastructures (médicales, immobilières et techniques, système d’information) nous recherchons un(e) Responsable infrastructures et logistique Votre mission Principale • Développer, organiser et superviser l’ensemble des activités de tous les domaines du secteur infrastructures et logistique en assurant des prestations de qualité à tous les utilisateurs internes et externes • Assurer la conduite du secteur avec l’appui des responsables • Proposer les orientations générales correspondant à la déclinaison de la vision stratégique et à l’évolution de l’institution • Garantir le respect des directives et recommandations ainsi que la bonne marche des processus Pour les infrastructures (médicales, immobilières et techniques, systèmes d’information) • Conduire la démarche de planification stratégique et opérationnelle en analysant la faisabilité et en rédigeant des préavis et rapports (opportunités, faisabilité,…) • Etablir les besoins relatifs aux infrastructures, et planifier et piloter la réalisation des projets • Conseiller en matière administrative, technique, juridique et financière Pour la logistique (intendance, restauration, nettoyages professionnels) • Assurer la coordination avec les partenaires externes dans les domaines de la restauration et les nettoyages professionnels afin de garantir les prestations conformes à la stratégie et objectifs institutionnels Votre profil • Formation d’ingénieur en techniques du bâtiment avec expériences en techniques hospitalières (HES) ou équivalente • Connaissances approfondies en gestion des systèmes d’information (informatique et téléphonie) un atout • Expérience dans la conduite de projets complexes et très bonnes connaissances en économie • Bon manager sachant garder la proximité avec le terrain et ayant des qualités humaines tout en restant pragmatique • Esprit de décision, capacité d’analyse et de mise en œuvre Nous vous offrons Une activité enrichissante dans une bonne ambiance de travail, une formation spécifique à notre activité, des conditions salariales en rapport avec vos compétences. Taux d’activité 100% Entrée en fonction De suite Renseignements Sonia Kunz, Directrice opérationnelle Tél.: 021 626 86 48 Votre démarche Nous attendons avec grand intérêt votre offre de service accompagnée de tous les documents usuels, adressée à : [email protected] Retrouvez tous nos postes sur www.asile-aveugles.ch planen & bauen planifier & batir pianificare & costruire drei Sprachen – trois langues – tre lingue drei Regionen – trois régions – tre regioni drei Kulturen – trois cultures – tre culture www.espazium.ch HAGA AG Naturbaustoffe CH-5102 Rupperswil info @ haganatur.ch REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie Office de l’urbanisme Notre représentant en Suisse romande MEIGE matériaux CH-1318 Pompaples VD Tél. +41 (0)21 866 60 32 Fax +41 (0)21 866 62 33 info @ meige.ch Concours de projets d’architecture Bâtiments A – Halte CEVA de Chêne-Bourg Le Canton de Genève organise un concours de projets d’architecture afin de choisir un projet pour la réalisation des bâtiments A du plan localisé de quartier, Gare CEVA de ChêneBourg (PLQ no 29 683). Matériaux écologiques Le concours mis en place est un concours d’architecture SIA 142 avec une procédure de présélection. La première phase de la procédure, la phase «candidature», est sélective et n’est pas anonyme. Dans cette phase, le jury choisira, sur la base des dossiers de candidature reçus, au maximum 10 concurrents qui participeront à la phase concours. Cette deuxième phase du concours est anonyme. ■ Enduits de chaux et d’argile dans de multiples teintes tendances ■ Système minéral d’isolation thermique pour l’intérieur et l’extérieur ■ Lutte préventive contre la moisissure ■ Enduits de rénovation et de restauration ■ Isolations naturelles en lin, liège ou laine de mouton ainsi que cellulose recyclée ■ Protection électromagnétique Description sommaire du projet: Le site de la halte CEVA de Chêne-Bourg fait l’objet d’un plan localisé de quartier (no 29 683), qui prévoit des périmètres constructibles répartis dans plusieurs bâtiments. Le concours, sujet du présent cahier des charges, porte sur les bâtiments A1 et A2. L’objectif est d’obtenir diverses réponses aux prérogatives du programme et de choisir un projet pour ses qualités urbanistiques, architecturales, fonctionnelles et environnementales et dont les coûts de construction soient maîtrisés. Nos spécialistes sont à votre disposition et vous offrent des conseils avisés en magasin ou sur chantier. Toutes les informations utiles concernant la procédure sont consultables et téléchargeables sur le site www.simap.ch. à partir du 18 mars 2014. 13.03.14 08:18 Eléments pour balustrades INOX • accessoires pour tubes ronds et carrés • cols de cygne, supports de barre et plaques de base • pinces à verre et supports de barre • tubes de fond de gorge • systèmes pour tôle décorative • systèmes pour balustrades tout verre • systèmes LED 414 f Unbenannt-2 1 www.naturbaustoffe.ch HANS KOHLER AG, aciers inoxydables Case postale 2521, CH-8022 Zurich Tél. 044 207 11 11, Fax 044 207 11 10 [email protected] www.kohler.ch 58 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 concours Date reddition Sujet* Organisateur et renseignements (Date limite d’inscription) Conditions d’admission (Composition du jury – professionnels) 10 avril 2014 12 h 00 Contrôle des biens-fonds Prestations d’ingénieurs, Pully (OH, PO) Ville de Pully Direction des travaux et des services industriels Chemin de la Damataire 13 CH – 1009 Pully [email protected] Ingénieurs civils établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 15 avril 2014 11 H 00 Transformation des locaux pour l’aménagement d’un espace de vie enfantins, Fontenex 54, Genève (OH, PO) - nouveau Ville de Genève Département de l’aménagement et des constructions Rue de l’Hôtel-de-Ville 4 CH – 1211 Genève 3 Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 21 avril 2014 Mandat d’étude préliminaire en vue de la construction du nouveau palais de justice, Genève (OH, PO) - nouveau Département des finances Office des bâtiments Boulevard Saint-Georges 16 CH – 1211 Genève Architectes établis en Suisse 25 avril 2014 N01 - Upn. Bernex-Ferney, prestations d’ingénierie spécialiste Envrionnement, Phase MK-53, Genève et Vaud (OH, PO) - nouveau OFROU Filiale d’Estavayer-le-Lac Place de la Gare 7 CH – 1470 Estavayer-le-Lac Ingénieurs civils et en environnement établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 29 avril 2014 Concours de projets d’architecture Bâtiments A – Halte CEVA de Chêne-Bourg, habitat, commerce et administration, Chêne-Bourg, Genève (CP, PQ ) - nouveau Département de l’amnagement du logement et de l’énergie Office de l’urbanisme Rue David-Dufour 5 CH – 1211 Genève Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 05 mai 2014 Etude et suivi des travaux d’un projet d’environ 13 à 14 logements, lieu-dit La Croix-du-Moulin, Apples (OH, PO) - nouveau Commune d’Apples Route de Cottens 17 CH – 1143 Apples Architectes et ingéneirus civils établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 05 mai 2014 11 h 30 Remise à ciel ouvert du ruisseau du Marquet Tranche 2, Genève (OH, PO) - nouveau Service de Renaturation des Cours d’Eau Rue David-Dufour 1 CH – 1211 Genève Architectes-paysagiste et ingénieurs en environnement établis en Suisse 23 mai 2014 14 h 00 Préstation dingénieur civil pour la réalisation de deux immeubles HBM, avenue Henri-Golay 21-27, Genève (OH, PO) - nouveau Fondation HBM Emile Dupont P/a Secrétariat fondations immobilières de droit public Rue Gourgas 23b CH – 1211 Genève [email protected] Ingénieurs civils établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 09 juin 2014 16 h 00 Réalisation d’un ensemble de logements pour étudiants et une crèche sur une parcelle sise au nord de l’Ecole hôtelière de Lausanne (CP, PQ ) - nouveau SILL P/a ABA Partenaires SA Av. de Rumine 20 CH – 1005 Lausanne info@aba-partenaires. ch Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC 20 juin 2014 Résidence « Les Hirondelles » – réhabilitation d’un bâtiment industriel à Clarence - Montreux pour la réalisation d’un centre de prestations à la personne âgée (CP, PO) - nouveau Fondation Claire Magnin P/a Plarel SA Bld de Grancy 10a CH – 1006 Lausanne [email protected] Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC * CI : concours d’idées – CP : concours de projet – PO : procédure ouverte – PQ : préqualification – OH : offre d’honoraires – MEP : mandat études parallèles NOTE Cette rubrique, préparée en collaboration avec la SIA, est destinée à informer nos lecteurs des concours organisés selon le réglement SIA 142 ou UIA Les informations qu’elle contient ne font pas foi sur le plan juridique. Pour tout renseignement, prière de consulter le site www.sia.ch/concours Interphone-portier Les stations intérieures en format interrupteur CH – offrent aux maîtres d’œuvre, architectes et électriciens spécialisés des perspectives futuristes. Exécution compacte avec cadre design Koch ou à intégrer dans tous les cadres/interrupteurs aux normes CH. Une exécution plus noble est disponible en aluminium. Evidement en différents coloris. René Koch AG 8804 Au/ Wädenswil 044 782 6000 [email protected] www.kochag.ch TC40 VTC40 VTC40 / Alu renforcement deS terrainS de fondation Surélévation de bâtimentS Pour la Suisse romande 021 906 6767 TC40 / Alu StabiliSation de fondationS Soulèvement de bâtimentS fiSSureS? taSSementS? Offre gratuite: URETEK Injections simples et rapides! URETEK Schweiz AG 6052 Hergiswil Tél. 041 676 00 80 www.uretek.ch - [email protected] Une vision claire et limpide. Les parois pliantes vitrées de Schweizer. www.schweizer-metallbau.ch Traces_1_4_GFW_f.indd 1 21.03.2013 08:29:53 60 Tracés n o 07 / 4 avril 2014 agenda jusqu’au 6 avril EXPOSITION VILLE DE NEUCHÂTEL, CENTRE ET RIVES Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel www.mahn.ch 7 avril / 18:30 9 avril / 18:00 jusqu’au conférence Morphogenèse informatique. Jean-louis Giavitto, informaticien Archizoom, EPFL Lausanne http://archizoom.epfl.ch exposition BODY Avec les étudiants des options Construction et Appropriation de la HEAD LiveInYourHead, Genève http://head.hesge.ch 10 avril / 18:00 débat urbanités Bonnes intentions durables : quel outil choisir ? Forum d’architectures, Lausanne www.vd.sia.ch conférence CEVA, UN CHANTIER DANS LA VILLE Aula de l’Hepia, Genève www.hesge.ch/hepia 8 avril / 18:30 10 avril / 19:00 conférence Jonathan Woolf, architecte Londres Fri Art, Fribourg http://fri-archi.ch conférence Le logement au 20e siècle, conservation ou démolition ? Les Salons, Genève www.ge.ch/patrimoine du 8 au 13 avril jusqu’au salon –CONVERSATION PIECES, HEAD –DELIRIOUS HOME, ECAL Salon international du meuble de Milan, Milan www.cosmit.it 9 avril / 12:15 DIALOGUES & CINÉLUNCH ONE WEEK un film de Buster Keaton & Edward F. Kline, 1920, 30 min Hepia, Genève www.hesge.ch/hepia 11 avril exposition LUCIUS BURCKHARDT Département d’architecture de l’EPFZ, Zurich www.gta.arch.ethz.ch 18 avril / 18:30 conférence 5X3 lvph architectes (Laurent Vuilleumier, Paul Humbert) Forum d’architectures, Lausanne www.archi-far.ch 26 avril jusqu’au 4 mai exposition ORIENTATIONS. YOUNG SWISS ARCHITECTS S AM Schweizerisches Architekturmuseum, Bâle www.sam-basel.org Tracés et le Silo présentent L’architecture à l’écran : LA CLASSE LABORIEUSE EN GRANDE-BRETAGNE Lausanne, 29 avril / 21:00 Cinémathèque suisse Genève, 30 avril / 18:00 Cinémas du Grütli An Abbeyview film Luke Fowler, Royaume-Uni, 2008, 9 min Poor Cow Ken Loach, Royaume-Uni, 1967, 101 min 1er mai / 18:30 VERNISSAGE DE L’EXPOSITION EDUARDO SOUTO DE MOURA Pavillon SICLI, Carouge www.ma-ge.ch Kirche in Kaltenbach (D) Credits: Vécsey Schmidt Architekten 20 mai / 9:00-17:00 COLLOQUE CONSTRUCTIONS 1960-80 : PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR ? Ecole cantonale de Hardwald, Olten www.patrimoinesuisse.ch 23 mai / 18:30 conférence Sascha Zander zanderroth architekten, Berlin Palais de l’Athénée, Genève www.ma-ge.ch jusqu’au 9 juin exposition COUTURE GRAPHIQUE mudac, Lausanne www.mudac.ch Systèmes de toiture intelligents Les constructions fonctionnelles et esthétiques et matériaux de toit translucides sont d’actualité dans les systèmes de toiture modernes. Les lignes de produit Velopa ont une qualité exceptionnelle et futuriste et représentent donc la meilleure protection d’investissement possible. Leur méthode de construction modulaire permet de réaliser de façon précise pratiquement tous les souhaits des clients. Swiss made Quality Votre partenaire aux services de qualité: parquer abriter bloquer Velopa AG, CH-8957 Spreitenbach + 41 (0)56 417 94 00, [email protected] www.velopa.ch Liant sans formaldéhyde. ISOVER – vivre l’écologie. Le liant des produits ISOVER pour l’isolation intérieure ne contient pas de formaldéhyde. Ils sont ainsi certifiés «Eurofins Indoor Air Comfort Gold». Les produits en laine de verre ISOVER intègrent plus de 85% de verre recyclé. Volumes de transport reduits grâce à la compressibilité élevée de la laine de verre. www.isover.ch Isover_Traces_188x128_4C_fr_Blätter_print.indd 1 18.03.14 09:20 dernière image top of the lake Jane Campion, 2013 La série récemment écrite et réalisée par Jane Campion Top of the Lake a été tournée en NouvelleZélande. Elle comprend six épisodes qui relatent une histoire policière située à Lake Top, un village perdu entre lac et montagne. Une jeune femme flic spécialiste des crimes commis sur mineurs revient dans ce village où elle a grandi, à l’occasion d’une affaire dérangeante : une petite fille de douze ans est tombée enceinte. L’enquête cherche à établir l’identité du père alors que la petite fille disparaît. C’est à la fois autour de cette disparition, du mystère qui entoure la façon dont cette enfant a pu tomber enceinte et de la propre histoire de l’enquêtrice qu’évoluent les épisodes. Jane Campion y déploie sa vision de l’enfance, entre perte de l’innocence et noirceur sociale. Comme dans tout scénario policier, les rôles sont distribués au sein d’une série de figures qui compte, c’est la loi du genre, son lot de pervers, de repentis et de déséquilibrés. Les accents rances que prend l’enquête démentent la beauté des paysages qui lui servent de décor. Au cœur des plans comme des séquences, le lac est une force à la fois tranquille et mortifère. Si le scénario comporte de nombreuses incohérences, force est de constater que Jane Campion a soigné la mise en scène. La série repose sur sa capacité à actionner des personnages dans des espaces extrêmement qualifiés visuellement, prenant ainsi de véritables risques. Au tout début de la série, un groupe de femmes s’installe sur un terrain qu’il a acquis : Paradise. Abîmées par la vie et les expériences malheureuses, lasses du patriarcat, ces femmes ont décidé de se retirer du monde afin de vivre en communauté dans le plus grand dénuement. Leurs habitations se résument, pour chacune d’elles, à un container et un matelas. Pour le reste, elles sont venues les mains vides. Réminiscences hippies : la cuisine se fait en extérieur, quelques canapés sont posés dehors. Elles sont conduites par une sorte de gourou, incarné par Holly Hunter, qui délivre des messages cryptiques depuis un fauteuil installé dans l’un des containers où elle tient conseil. Légèrement en retrait par rapport aux intrigues développées par ailleurs, Paradise incarne le refuge : c’est là que les personnages, progressivement mis en déroute, viennent, pour un temps, s’abriter. Il s’agit de rejouer la tribu primitive sous le sceau de la fragilité. Installées dans ces containers de chantier – disposés librement comme un jeu de construction coloré – les femmes déplacent clairement l’usage courant, fonctionnel de ces objets. C’est un détournement : à la fois régressif et un peu bas de gamme, ce choix de mise en scène place les femmes du côté d’une identité sans domicile fixe. Paradise incarne, dans sa maladresse, l’espace « libre » mais aussi volontairement bancal du scénario. Si la réalisatrice frôle à chaque instant le cliché, elle en réchappe toujours : sa manière d’asséner visuellement l’improbabilité architecturale de l’espace qu’elle met en scène est d’une grande audace. Clara Schulmann, Le Silo, www.lesilo.org Régie des annonces CH romande : Kömedia AG, Rue de Bassenges 4, 1024 Ecublens, tél. 021 691 20 84 / CH allemande : Kömedia AG, Geltenwilenstrasse 8a, cp 1162, 9001 Saint-Gall, tél. 071 226 92 92, fax 071 226 92 93 Organe de la sia Société suisse des ingénieurs et des architectes www.sia.ch Association partenaires : A3, Association des diplômés de l’EPFL http://a3.epfl.ch ; ETH Alumni, Anciens élèves de l’EPFZ www.alumni.ethz.ch ; USIC, Union suisse des ingénieurs-conseils www.usic-engineers.ch ; FAS, Fédération des architectes suisses www.architekten-bsa.ch Lettrines et illustrations Bruno Souêtre Impression Stämpfli Publikationen AG, cp 8326, 3001 Berne, www.staempfli.com Paraîssent chez le même éditeur TEC21, Staffelstrasse 12, cp 1267, 8021 Zurich, www.espazium.ch ARCHI Via Cantonale 15, 6900 Lugano, www.espazium.ch. TRACÉS, ARCHI et TEC21 sont les organes officiels de la SIA. Abonnement, vente au numéro Stämpfli Publikationen AG, R. Oehrli, tél. 031 300 62 54 Vente en librairie Lausanne : f’ar, La Fontaine (EPFL) Genève : Archigraphy Tarif (TVA 2.6 % comprise – No de contribuable 249 619) Abonnement d’un an Fr. 190.– (Suisse) / Fr. 195.– (Etranger) Numéros isolés Fr. 12.– (port en sus) Changement d’adresse pour membres SIA SIA-SG, Selnaustrasse 16, cp 1884, 8027 Zurich, tél. 044 283 15 15, fax 044 283 15 16, [email protected] Tirage REMP Tirage diffusé : 3845 dont 218 gratuits (ISSN 0251-0979) Toute reproduction du texte et des illustrations n’est autorisée qu’avec l’accord de la rédaction et l’indication de la source. Tracés n o 07 / 4 avril 2014 Rédaction et édition Rédacteur en chef : Christophe Catsaros, mas. phil. Paris X, [email protected] Rédacteur en chef adjoint : Cedric van der Poel, lic. phil. UNINE, [email protected] Génie civil : Jacques Perret, dr ing. civil dipl. EPFL, [email protected] Pauline Rappaz, bac. ès lettres et mas. journalisme UNIGE, journaliste RP, [email protected] Aurélie Buisson, architecte Paris-Malaquais, [email protected] Madeleine Aktypi, mas. science des médias, Panteion, Athènes, [email protected] Mise en page / Graphisme : Valérie Bovay, designer HES en communication visuelle ECAL, [email protected] Rédaction des pages SIA : Frank Jäger, rédacteur, [email protected] Conseil éditorial Lorette Coen, essayiste, journaliste, Le Temps ; Eugen Brühwiler, dr ing. civil, prof. EPFL ; Daniel de Roulet, romancier ; Eric Frei, architecte ; Pierre Frey, historien, prof. EPFL ; Cyril Veillon, directeur d’Archizoom ; Jeffrey Huang, arch., prof. EPFL ; Pierre Veya, rédacteur en chef, Le Temps. Maquette Atelier Poisson, Av. Morges 33, 1004 Lausanne, www.atelierpoisson.ch TRAcés Bulletin technique de la Suisse romande Revue fondée en 1875, paraît tous les quinze jours. Rédaction Rue de Bassenges 4, 1024 Ecublens, tél. 021 693 20 98, CCP 80-6110-6, www.espazium.ch Editeur SEATU - SA des éditions des associations techniques universitaires / Verlags - AG der akademischen technischen Vereine, Staffelstrasse 12, 8045 Zurich, tél. 044 380 21 55 [email protected]. Walter Joos, président ; Katharina Schober, directrice ; Hedi Knöpfel, assistante 62 BARTEC® Liaisons d’armatures Liaisons testées: • pour sollicitations statiques • pour structures parasismiques • pour ouvrages soumis à la fatigue • pour armatures inoxydables • pour armatures à haute résistance (Top 700) • très faible encombrement • pas besoin de clé dynamométrique Partout près de chez vous. Infotél 0844 80 88 18 www.armature.ch Architecture Icône 06 grec byzantin ikóna: Images qui marquent et incarnent une culture. ALGORITMO design CARLOTTA DE BEVILACQUA et PAOLA DI ARIANELLO LA LUMIÈRE DANS L’ESPACE: UN SYSTÈME MODULAIRE ALGORITMO définit une dimension absolument nouvelle de l’éclairage. 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