PRESSE
.
L'ECHANGE
Théâtre Mouffetard (Paris) mai 2011
Comédie
dramatique de Paul Claudel, mise en scène de Xavier Lemaire, avec
Isabelle Andréani, Grégori Baquet, Gaëlle Billaut-Danno et Xavier
Lemaire. En Caroline du Sud, après la guerre de Sécession, un jeune couple, Marthe et
Louis Laine, récemment débarqués d’Europe, ont été embauchés pour garder la propriété
d'un riche propriétaire, Thomas Pollock Nageoire, homme d'affaire mal marié à une actrice,
Lechy Elbernon. Louis Laine est un rêveur, Marthe est une femme issue de la terre, Thomas
Pollock, un marchand attaché à la valeur des choses, et Lechy interprète chaque moment de
sa vie. Entre les quatre personnages, se jouera un échange amoureux après que Thomas
Pollock propose à Louis Laine d'abandonner Marthe pour Lechy contre une poignée de
dollars.Les quatre personnages de "L'échange" de Paul Claudel représentent différentes
manières d'aborder le sentiment amoureux, l'engagement, la liberté, la domination, le plaisir.
Les personnages sont complexes, comme les sentiments, chacun dans cette ronde exposant sa
face lumineuse mais découvrant une part d'ombre.
Xavier Lemaire a choisi de construire sa mise en scène autour de la cabane
où vit le couple de gardiens, prolongée par un ponton. Ce bout du monde
isole les quatre personnages du reste du monde, autour d'eux, il n'y a que la
nature ou les ténèbres. Les costumes de Virginie Houdinière renvoient à un
théâtre ancien, par exemple son costume de papillon de nuit n'est pas sans
rappeler l'actrice Clara Benhardt dans la bande dessinée "Les aventures
d'Adèle Blanc Sec". Pourtant le mise en scène est dépouillée et le geste
souvent retenu. Xavier Lemaire met l'accent sur le texte, sur les mots qui
fusent, sur les phrases qui claquent. Le rythme du texte est soutenu, parfois
jusqu'à l'ivresse.Les acteurs sont excellents. Xavier Lemaire campe
sobrement un Thomas Pollock persuadé que l'argent peut tout acheter, plus à
l'aise dans l'échange commercial que dans l'échange par les mots. Isabelle
Andréani est une Marthe toute en retenue, digne dans l'adversité. Gaëlle
Billaut-Danno surjoue habilement son rôle d'actrice hystérique. Enfin
Gregori Baquet, en demi-sauvage, amène le jeu physique qui permet
d'accentuer les affrontements entre les personnages. Malgré l'exigence du
texte, c'est une longue ovation qui a salué la performance de ce quatuor
d'acteurs qui montre la modernité de cette pièce de Paul Claudel sur l'amour.
Laurent Coudol
FROGGY’S
DELIGHT
Le site qui frappe les trois
coups
Spectacles - Théâtre
Un jeune couple, pauvre mais heureux, Marthe et Louis Laine, voit arriver les
propriétaires du domaine près duquel ils vivent. Ce couple étrange, Thomas
Pollock Nageoire et Léchy Elbernon, va proposer un échange aux deux jeunes
gens : Nageoire veut acheter Marthe à Louis pour en faire sa femme tandis que
Léchy aspire à faire de Laine son amant.
Dans ce chassé-croisé amoureux, rien de drôle, c’est un drame amer et sans
concession sur l’amour et l’argent. Les personnages se cherchent sans se
trouver, s’aiment sans se comprendre, se parlent sans s’atteindre, se déchirent
et se désespèrent dans une quête du bonheur vouée à l’échec dès le début. Le
texte est extrêmement riche, important, il submerge tout. Rares sont les
silences, pas de temps morts, des flots de paroles, des répliques poétiques,
des phrases fleuve qui nous emportent dans leur sillage. Le décor de Caroline
Mexme est heureusement admirable, très détaillé, très concret, plein de poésie
et de charme, il nous permet de mieux nous projeter dans le texte, de ne pas
nous y perdre. Nous sommes fascinés par la beauté angélique de Marthe
(Isabelle Andréani) qui a le rôle le plus difficile car elle est sur scène toute la
pièce et doit sans temps mort lutter pour défendre la pureté de son monde et
son amour fou pour son époux. Le personnage de Laine est également un tour
de force, Grégori Baquet l’incarne avec une grande audace, nous sommes
cloués de stupeur par sa prestation dès les premières minutes il est sur
scène. Il incarne beauté, sensualité et sauvagerie à la perfection.
La mise en scène de Xavier Lemaire est simple et précise, d’une efficacité sans
faille de même que son jeu de scène, il est d’une prestance remarquable, sa
seule présence sur les planches incarne le pouvoir et l’argent mais aussi le
désarroi et la bonté d’un homme qui, ayant trop d’argent, voudrait bien faire
avec mais ne sait trop comment faire. Nous avions déjà pu l’admirer dans
l’alpenage de Knobst tant sur scène qu’à la direction d’acteurs au Théâtre 14,
nous sommes une fois de plus duits par l’impression de force tranquille qui
se dégage de lui. Quand à Gaëlle Billaut-Danno, que nous avons vu récemment
particulièrement brillante dans la dernière nuit de Sand et de Musset au théâtre
du Petit Saint-Martin, elle est ici tour à tour folie, diablesse, mélancolie,
insolente, odieuse, mille personnages en un qu’elle incarne avec la même
tranquille assurance. C’est sur elle en particulier que les costumes de Virginie
Houdinière sont les mieux mis en valeur car les plus excentriques, ses tenues
n’en valorisent que plus la délicieuse simplicité de celles de Marthe, point n’est
besoin d’être excentriquement ou richement habillés pour séduire, l’argent ne
fait pas le bonheur. Cette pièce le montre une fois de plus irrévocablement.
Un chef d’œuvre des mots magnifiquement adapté.
PLACE TO BE
"Provocateur d'envies"
1 / 18 100%