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et encore ouverte, dont l’héritage politique semble loin d’être soldé. De cette confrontation
est née l’histoire politique de la France contemporaine6.
La question de la représentation et de la mise en acte de la loi, du sommet à la base
du corps politique.
La série de paradoxes soulevés (la séquence entre la forme et le fonds, le républicain et la
république, la nation et « son » représentant, la chose publique et le principe) induit
d’autres problèmes depuis l’été 1789, déjà marqué par une forme d’esprit républicain et
plus particulièrement depuis les grandes discussions du mois de septembre qui voient le
choix d’élire une seule assemblée s’imposer7. La théorie du gouvernement se fonde
désormais sur la seule souveraineté nationale traduite dans l’exercice de la représentation
collégiale et son corrélat : la primauté stricte du pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif.
N’est ce pas le sens de tout le bouleversement de 1789 ? La souveraineté ne se délègue pas.
Les représentants de la nation acquièrent par cette construction de la primauté du législatif
un pouvoir qui confère clairement un sens nouveau à la révolution en cours8. Montlosier
un contre-révolutionnaire d’une perspicacité redoutable vient de saisir ce qui nait en
évoquant un monstre politique qu’il nomme une « démocratie royale », que Mirabeau
dénonce aussi dénonçant à son tour la création des conditions de construction d’une
dictature d’assemblée, hydre au centaine de tête, pire que la monarchie et son roi unique9.
Encore faut-il ne pas oublier que cette évidence, toute française d’ailleurs, d’une nécessité
de la supériorité du législatif sur l’exécutif, comme fondement de la liberté publique se voit
contredite par l’expérience américaine qui mise au contraire, au même moment, afin
d’assoir la stabilité de sa république, sur la théorie des freins et des contre poids entre les
trois pouvoirs10.
6
Francis Dimier, La France du XIXe 1814-1914, Paris, Points Seuil, 2000. I « l’héritage de l’épisode révolutionnaire »
p .17-64
7
. Voir J Ken Wright « les sources républicaines de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », in F. Furet et
M. Ozouf, Le siècle de l’avènement républicain, Paris, Nrf, Gallimard, 1993. p. 127-164.
8
Voir Juliette Grange, L’idée de République, Paris, Agora, Première partie, histoire de l’idée de République, p 33-162.
9
. Cf. Pierre Serna, « Comment meurt une monarchie ? » in La monarchie entre Renaissance et Révolution, 1515-1792,
Joël Cornette (dir), Paris, Seuil, réed. 2006 ( 2000). p. 406-409.
10
On comprend bien pourquoi, en fonction d’une histoire traumatique des empiètements du pouvoir exécutif dans
l’histoire contemporaine française, depuis le 19 brumaire jusqu’à la crise de mai 1958, toute une historiographie
universitaire s’est construire comme un devoir de résistance intellectuelle et républicaine à ces coup de forces, instituant
le pouvoir exécutif en une zone de méfiance absolue. Il n’est plus possible de faire l’économie d’une réflexion sur le
pouvoir exécutif, au cœur de la définition et du fonctionnement de la république. Cf. Denis Lacorne, L’invention de la
république, le modèle américain, Paris, Hachette, 1991, III/ Sauver la république … p 95-148,.