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Catégorie Sociale
Section Ecologie Sociale
Prévention – 3e Bac en Ecologie Sociale
Les agrocarburants :
une alternative aux énergies fossiles ?
Par
Sophie Deboucq
Présenté a
Pénélope Fiszman, professeur
Année scolaire 2010 - 2011
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Table des matières
1/ Redéfinir le concept
2/ Avantages
A/ Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES)
B/ Réduction de la dépendance au pétrole
C/ Amélioration de la situation des agriculteurs
3/ Inconvénients
A/ Déforestation
B/ Agriculture industrielle
C/ Sécurité alimentaire
D/ Augmentation du trafic routier
4/ Conclusion
Bibliographie
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Sachant que « les quelques 800 millions d'automobiles recensées dans le monde au début du
millénaire consomment plus de 50% de l'énergie produite »1, et qu'« en Europe, on estime
que 22% des émissions de CO
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sont dus à la voiture »2, est-ce que l'agroénergie est la solution
au défi énergétique? Y a-t-il une vraie solution à la crise énergétique derrière ce qu'on appelle
les agrocarburants ? Cette énergie « verte » sera-t-elle capable de nous sortir de la crise
climatique actuelle ? Est-ce que l'énergie provenant de culture d'huile de palme ou de canne à
sucre est si verte qu'on nous le dit ? Pourrons-nous toujours faire rouler nos voitures, et si oui
avec quoi ?
Je vais tenter de répondre à ces questions.
1/ Redéfinir le concept :
Les agrocarburants ont dans un premier temps été appelés biocarburants. Cette appellation a
été critiquée par les écologistes car « bio » fait référence à la vie, à un certain respect de
l'environnement ou encore à une certaine éthique. Pour éviter toutes connotations, tel que ; les
agrocarburants proviennent de l'agriculture biologique, ils ont préféré le préfixe « agro » dans
un soucis de neutralité. On parle aussi d'énergie « verte » ou d'agroénergie.
Ce concept, au départ pratiqué par les écologistes, a été récupéré par l'agrobusiness en vue des
profits réalisables, c'est alors que la fabrication d'agrocarburants a pris un essor phénoménal.
En effet, vu la raréfaction des ressources en énergie fossile
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, les industries concernées par ce
secteur se sont intéressées aux prochaines pistes et prennent des parts sur le marché pour avoir
de nouvelles ressources et exercer un certain contrôle sur les solutions émergentes face à la
crise énergétique et climatique.
Voici deux définitions qui permettent de bien cerner de quoi nous traitons ;
« Les agrocarburants sont des carburants produits à partir de matériaux organiques
renouvelables et non fossiles »
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.
« L'agrocarburant est un combustible utilisable dans les moteurs à explosion, issu de la
transformation de produits végétaux et obtenu au départ de trois filières : les cultures
oléagineuses permettant d'obtenir de l'huile pure (par broyage des graines de colza ou de
tournesol par exemple) et directement utilisable dans le diesel, la transformation de l'huile
végétale et la fermentation du sucre de végétaux produisant de l'alcool (éthanol) »
5
.
Il existe deux types d'agrocarburants ;
l'éthanol, substitut de l'essence, est fabriqué sur base de la fermentation du sucre des
végétaux, c'est-à-dire d'alcool. La culture de plantes alcooligènes comme par exemple
la canne à sucre, la betterave, le maïs, le blé, l'orge, la pomme de terre, le
topinambour, le sorgho sucrier est nécessaire à la production d'éthanol.
1 HOUTART, François, L'agroénergie : solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ?, page n°37,
édition couleur livres, 217 pages, 2009.
2 HOUTART, François, L'agroénergie : solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ?, page n°37,
édition couleur livres, 217 pages, 2009.
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Roches issues de la fossilisation d'êtres vivants, à partir desquels est produite de l'énergie (pétrole, gaz
naturel, charbon,...). Energie qui est non-renouvelable et limitée en quantitativement.
4
PARMENTIER, Stéphane, « Les agrocarburants, au service d'un développement durable ? », analyse
de 4 pages,
http://www.pfsa.be/
, octobre 2007.
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HOUTART, François, L'agroénergie : solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ?, 217
pages, édition couleur livres, page n°200, 2009.
4
l'EMHV (ester méthylique d'huile végétale) ou agrodiesel provenant de la
transformation d'huiles gétales en carburant, substitue le diesel. Les matières
premières utilisées sont des plantes oléifères telles que ; l'algue verte, le noyau des
amandes, l'arachide, le colza, le lin, l'olive, la palme, les pépins de raisin, le ricin, le
sésame, le tournesol, la moutarde, le soja, le palmiste, le manioc, le canola, le buriti, le
coprah, les pois protéagineux,etc. Il est possible aussi d'avoir recours à des cultures
non alimentaires comme le jatropha curcas, le coprah, le pongamia pinnata (ou
karanj), le lin, l'eucalyptus, l'arbre à beurre,etc.
A ce jour, l'utilisation d'EMHV est beaucoup moins présente que l'éthanol, étant donné qu'il
représente 10% de la production totale en éthanol
6
. « Alors que l'éthanol est essentiellement
produit et consommé au Etats-Unis et au Brésil, les agrodiesel demeurent à ce jour une
spécificité européenne. Les Etats-Unis, le Brésil, l'Europe et l'Asie assurent ainsi l'essentiel de
la production et de la consommation d'agrocarburants dans le monde »
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. « Au niveau mondial,
le Brésil, produit près de 50% des agrocarburants (15 millions de m
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en 2004) »8. C'est un
phénomène en plein essor qui se développe à une vitesse fulgurante dans le monde entier.
Les scientifiques nous parlent aussi d'agrocarburants de deuxième nération, issus de bois
(ou lignocellulose). Il serait question de développer la culture d'arbres à croissance rapide,
mais des techniques nouvelles doivent encore être inventées. Malgré tout la production de
bois génétiquement modifié est en préparation.
En réponse au défi énergétique et climatique actuel, les industries ont trouvé comme solution
les agrocarburants. Mais quels sont leurs avantages et inconvénients ? Est-ce un projet viable
pour répondre à nos besoins dans l'avenir ?
2/ Avantages
Les défenseurs des agrocarburants en tant que solution d'avenir aux enjeux climatiques et
énergétiques distinguent différents avantages à cette pratique :
A/ Réduction des émissions de gaz à effet de serre
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(GES)
Aujourd'hui, la crise climatique s'impose comme un réel défi. L'activité humaine est mise sur
le banc des accusés. Le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) a
confirmé à 90% que notre activité sur terre est responsable de la crise climatique actuelle.
Le réchauffement climatique existe depuis de longues années, mais lorsque les GES ont
augmentés de manière croissante à la révolution industrielle, le phénomène d'effet de serre
s'est accentué et a intensifié le réchauffement climatique au péril de la survie de nombreuses
espèces dont la notre. « L'augmentation des concentrations de dioxyde de carbone de 278 ppm
6 HOUTART, François, L'agroénergie : solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ?, page
n°94, édition couleur livres, 217 pages, 2009.
7 HOUTART, François, L'agroénergie : solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ?, page
n°92, édition couleur livres, 217 pages, 2009.
8
ADRIAENS, Alain, « La planète, menacée par la famine ? », page 10, dossier pour Etopia, 14
pages, décembre 2006.
9 « L'effet de serre est un processus naturel de réchauffement du climat qui intervient dans le bilan
radiatif et thermique de la Terre. Il est dû aux gaz à effet de serre (GES) contenus dans l'atmosphère, à savoir
principalement la vapeur d'eau, le dioxyde de carbone CO
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et le méthane CH
4
. » http://www.econologie.com/
5
à 385 ppm a fait en sorte que la température mondiale moyenne a augmenté de 0,8°C par
rapport aux niveaux préindustriels »
10
.
Le CO
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est l'un des principaux GES, la combustion de carburants fossiles en rejète ainsi que la
combustion d'agrocarburants. A la différences des carburants fossiles, la plante nécessaire à la
production d'agrocarburants absorbe du CO
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lors de la photosynthèse. La différence entre le
CO
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absorbé par les plantes durant leur croissance et celui rejeté à sa combustion est nul
d'après les partisans de cette nouvelle technologie. Les agrocarburants répondraient à la
diminution de la production de GES dans le secteur de l'automobile. Mais un grand nombre
d'étape ne sont pas prises en comptes, nous y reviendront plus tard.
B/ Réduction de la dépendance au pétrole
Si une plus grande partie de notre consommation en carburant provient d'énergies « vertes » et
non d'énergies fossiles, alors nous diminuons notre consommation en énergie fossile. C'est
bénéfique pour l'environnement puisque nous les remplaçons par des énergies renouvelables,
contrairement aux énergies fossiles qui ont une production limitée.
Actuellement, nous sommes tous plus ou moins dépendant du pétrole. C'est pourquoi, le pic
pétrolier
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aura de multiples conséquences à différents niveaux de nos vies. Il est donc
primordial aujourd'hui de réduire cette dépendance au pétrole. La solution proposée pour
continuer à remplir les réservoirs de nos voitures, c'est la production d'agrocarburants. Cette
solution douce est présentée comme le développement de cultures respectueuses de
l'environnement car ce sont des ressources renouvelables.
C/ Amélioration de la situation des agriculteurs
« D'après une étude de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture), trois quarts des pauvres vivant avec moins de un dollar par jour (près de 1,2
milliard d'individus au total) sont des ruraux, et la majorité des victimes de la faim dans le
monde (environ 850 millions) sont des paysans des pays en voie de développement »
12
. Si
l'on en croit la loi de l'offre et la demande, le prix des produits de base agricoles augmente si
la demande est plus importante que l'offre. Aujourd'hui, la croissance de la demande est une
des raisons de l'augmentation des prix et par conséquent de l'augmentation des revenus des
paysans. En dopant la demande de certaines matières premières les paysans ressortent
gagnants.
Dans cette utopie verte, différentes incohérences et inconvénients d'ordre écologiques,
sociaux ou économiques ont été identifiés.
3/ Inconvénients
A/ Déforestation
10 HOPKINS, Rob, Manuel de transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale, page n° 33,
212 pages, Editions Ecosociété, 2010.
11 « le point où l'expansion de la production de pétrole devient impossible parce que les nouveaux débits
de production sont entièrement compensés par les déclins de production » HOPKINS, Rob, Manuel de transition
: de la dépendance au pétrole à la résilience locale, page n°20, chapitre 1, 212 pages, Editions Ecosociété, 2010.
12
PARMENTIER, Stéphane, « Les agrocarburants, au service d'un développement durable ? », analyse
de 4 pages,
http://www.pfsa.be/
, octobre 2007.
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