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1°/ Une nouvelle dynamique européenne
L’Europe tout d’abord, car notre dessein est imbriqué à ce projet. Elle est, elle restera
ouverte… et pas seulement par prurit idéologique de nos partenaires adeptes de toujours ou
convertis récents à une vision libérale du monde. Aussi parce que « globalement » l’Europe –
en tout cas les plus compétitifs en son sein – trouve sa place dans l’économie mondiale : elle
est excédentaire dans ses échanges de biens agricoles et industriels, comme de services avec
le reste du monde. Mais limitée à cette ouverture, l’Europe ne peut garantir que des succès
individuels, partiels et certainement fragiles sur le moyen et long terme.
Nous l’avons vu dans les dossiers commerciaux récents – le contentieux avec la Chine sur le
photovoltaïque parmi d’autres – chacun joue sa partition à courte vue, souvent contre les
autres puisque les économies des Etats-membres sont en concurrence les unes avec les autres,
finalement au détriment de l’efficacité collective.
Nous devons proposer une vision de l’Europe : une Europe ouverte mais d’autant plus, en
contrepoint, forte et solidaire. Il faut retrouver une ambition commune, redonner un sens au
travers de projets partagés, autour du cœur franco-allemand, pour faire émerger des
champions européens dans les secteurs d’avenir prioritaires comme les énergies
renouvelables ou le numérique.
2°/ Le voisinage productif
Nos voisins sont nos premiers clients, et nos premiers partenaires pour enclencher un nouvel
élan productif, pensons aux émergents dynamiques à nos portes, par exemple –la Turquie– ,
plus largement aux pays au sud et à l’est de la Méditerranée et aussi à l’est de l’Europe, à
l’Ukraine et la Russie. Vis-à-vis d’eux, nous ne pouvons pas nous contenter de l’accord de
libre-échange standard que l’Europe multiplie à travers le monde. Ces pays
n’accepteraient pas d’être « banalisés », compte tenu de la profondeur de nos liens
économiques et humains et du potentiel qu’ils recèlent. Et nous y perdrions, alors qu’ils ne
nous promettent aucune exclusivité et tissent eux-mêmes des relations fortes avec les
nouvelles puissances économiques mondiales.
Nous devons donc proposer un autre modèle associatif à partir duquel ces pays seraient
impliqués dans les instances politiques qui discutent et décident des règles portant sur la
libre circulation des marchandises et des services au sein de l’Union. Au cas par cas, il
pourrait être associés aux discussions sur d’autres sujets (environnement, énergie…), sous une
forme à définir, proche des coopérations renforcées qui existent entre membres de l’Union
européenne sur certains sujets. Les politiques méditerranéennes de l’Europe ont été initiées
dès 1970. Mais, même rénovée, l’action extérieure de l’Europe reste encore trop floue,
handicapée par une divergence stratégique entre les Etats membres : certains plaidant pour
une relation forte avec la Méditerranée, d’autres regardant vers d’autres régions du monde.