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Dans un passé proche, les efforts se sont
principalement focalisés sur la réduction des
risques infectieux en transfusion sanguine. La
transfusion est à présent sûre et sécurisée
bien que prescripteurs et patients redoutent
toujours le risque viral alors qu’il est devenu actuellement
rarissime [1] étant entendu que le « risque zéro » n’existe pas
[2]. C’est bien en fait actuellement le risque bactérien qui
reste le plus fréquent et le plus redoutable. À côté de ces
risques-là, viraux et bactériens, relativement bien connus,
deux autres risques infectieux commencent à être redoutés :
le premier est lié au nouveau variant de la maladie de
Creuzfeld-Jakob, à l’issue fatale, mais il est épidémiologique-
ment et statistiquement très faible [3] ; le second – paradoxa-
lement beaucoup plus fréquent et lui aussi potentiellement
mortel – est le risque parasitaire, qui semble encore large-
ment sous-évalué. En effet, en dehors des zones d’endémie, il
existe une fréquente méconnaissance des parasitoses trans-
missibles par le sang ; le diagnostic d’infection post-
transfusionnelle est difficile, ignoré, sous-estimé alors que le
pouvoir infestant des parasites transmis est très élevé chez
des hôtes receveurs fréquemment en état d’immunodéfi-
cience. De plus, la forme clinique post-transfusionnelle peut
être atypique, l’ensemble entraînant un retard au traitement
avec des conséquences cliniques graves.
En ce qui concerne le risque de transmission de parasites par
transfusion sanguine, le donneur peut être parasitémique
asymptomatique : soit qu’il se trouve en phase d’incubation
(paludisme, babésiose), soit qu’il se trouve en phase de
portage chronique oublié ou inconnu comme dans la mala-
die de Chagas ou l’une des formes d’expression clinique des
leishmanioses. Hors des zones d’endémie, le risque parasi-
taire partage avec le risque bactérien ce mode de portage
asymptomatique, mais il partage sa rareté avec le risque
« viral ». Des données récentes, cependant [4, 5], tendent à
faire redouter une augmentation de la fréquence des trans-
missions parasitaires transfusionnelles, rendant nécessaire
une meilleure identification des maillons faibles des disposi-
tifs de prévention en place et l’application de procédés de
réduction de pathogènes, dès que ceux-ci seront disponibles.
En revanche, en zones d’endémie palustre dans les pays en
voie de développement, le paludisme transfusionnel, par
exemple, n’est souvent même pas relevé tant sa probabilité
est grande.
Principaux parasites transmissibles
par transfusion sanguine
Pour qu’un parasite soit transmissible par transfusion san-
guine dans l’un au moins de ses stades parasitaires, il doit se
présenter soit sous forme libre dans le sang circulant, soit
sous forme liée à une cellule sanguine circulante (en situation
intracellulaire ou liée à un ligand de surface de la cellule
transporteuse). De plus pour que ce parasite déclenche une
infection parasitaire chez l’hôte receveur, il est nécessaire,
d’une part, que la forme parasitaire transmise soit viable
chez le receveur et n’aboutisse pas à une impasse parasitaire
et d’autre part, que le receveur n’ait pas développé un degré
d’immunité suffisant pour contrôler la multiplication du para-
site. Cette dernière condition est fréquemment rencontrée
pour le toxoplasme dans de nombreuses situations géogra-
phiques et pour les plasmodies chez l’adulte dans les régions
de forte endémie palustre. En termes de transmissibilité
transfusionnelle, les parasitoses sont très inégales. Une seule
parasitose est jusqu’à présent reconnue comme causant un
réel problème en Europe : celle à l’origine du paludisme.
Cela est dû, d’une part, à la fréquence des infections plasmo-
diales dans le monde, le paludisme étant la première endé-
mie infectieuse avant le sida et l’infection par le VIH ou les
maladies virales entériques, et d’autre part au fait que cette
parasitose est essentiellement véhiculée par les globules
rouges du sang circulant.
Les autres parasites transmissibles par transfusion sanguine
sont, par ordre d’importance : l’agent de la maladie de
Chagas (Trypanosoma cruzi), les babésies, les leishmanies,
le toxoplasme Toxoplasma gondii, les microfilaires et les
trypanosomes africains.
Cette revue se focalisera principalement : a) sur les deux
maladies parasitaires qui posent un problème en Europe par
rapport aux risques d’importation : le paludisme et la mala-
die de Chagas, et sur les raisons de la transmissibilité des
agents infectieux causals ; b) sur les dispositifs existants et à
venir pour prévenir ce risque de transmissibilité. Bien qu’il
s’agisse d’un sujet important, le risque transfusionnel lié aux
parasites dans les pays en voie de développement ne sera
pas abordé ici (pour une revue, voir [6]).
Parasitoses transmissibles
par voie sanguine
en dehors des infections
plasmodiales et chagasiques
Babésiose
La babésiose, appelée également piroplasmose par les vété-
rinaires, est une zoonose parasitaire due à plusieurs espèces
de babésies selon l’animal en cause (Babesia microti,
B. divergens, B. bovi, B. canis, B. equi...). Ces hématozo-
aires sont transmises aux animaux et à l’homme par piqûre
de tiques, le plus souvent entre mai et septembre ; la parasité-
mie peut persister tout en étant asymptomatique pendant
plusieurs mois après l’épisode aigu fébrile non diagnostiqué.
La transmission par transfusion sanguine ou lors de greffe
d’organe a souvent été rapportée en Amérique du Nord avec
des conséquences graves pour les receveurs présentant des
tableaux d’hémolyse aiguë et des complications rénales,
hépatiques et cardiaques [7]. L’ensemble des études euro-
péennes, cependant, s’accorde à penser que cette transmis-
sion ne pose pas de problème à l’échelle du « vieux conti-
nent », bien que le risque soit, comme pour le paludisme,
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
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